nous ne possédons pas l’organe intellectuel, nous n’avons même pas apparemment le rudiment de cet organe, qui nous permettrait de passer par le raisonnement d’un phénomène à l’autre.
Béranger, surtout l’Aristocratie intellectuelle, 1895, in-18.
Weiss s’est donné celle de traiter l’École normale de prison. « … Pour intellectuelle que soit une prison, c’est toujours une prison… La plus belle, la plus féconde, la plus riante de nos facultés, l’imagination s’y attriste… » Il ne nous paraît pas que la sienne se soit fort attristée à l’Ecole, ni que cette prison l’ait comprimée plus qu’il ne fallait.
Le doute intellectuel s’accommode mal avec l’entraînement sentimental altruiste.
La coutume juive exigeait que l’homme voué aux travaux intellectuels apprît un état.
Il était de ceux qui, soit paresse d’esprit, soit faiblesse intellectuelle, soit orgueil, et je crois qu’il y avait quelque chose de tout cela dans le cas d’Émile Zola, n’aiment que leur métier proprement dit et n’aiment rien de ce qui y prépare et y rend propre ; n’aiment qu’à peindre, qu’à sculpter où à écrire, et n’aiment ni à regarder longtemps avant de peindre, ni à étudier l’anatomie avant de sculpter, ni à penser avant d’écrire.
Mais tandis que le premier changement s’opère sous des conditions purement physiques, que l’intervention des autres hommes et du milieu ne peut modifier que d’une façon insensible, la croissance intellectuelle et morale semble déterminée en grande partie par cette intervention, par l’exemple immédiat des paroles et des actes, par la notion qui est le legs des exemples et des efforts passés.
Vous pouvez peser l’homme physique et le comparer avec les poids des autres choses matérielles, vous pouvez mesurer l’espace qu’il occupe, vous pouvez mesurer sa durée, vous pouvez sinon mesurer, du moins évaluer le mérite intellectuel ou moral des différents hommes ; mais, si vous pénétrez plus avant encore, si vous plongez jusqu’à l’être même, que trouverez-vous ?
Or il s’en faut que la sociologie en soit arrivée à ce degré de maturité intellectuelle.
Ces despotes intellectuels ne peuvent supporter qu’on se passe d’eux pour enseigner quelque chose.
Ainsi le système de l’égalité est venu s’appliquer au monde intellectuel : il semblerait qu’on veut y substituer aussi la division indéfinie des propriétés au droit d’aînesse.
Elle ne semble intelligible que si, par une inconsciente prestidigitation intellectuelle, on passe instantanément du réalisme à l’idéalisme et de l’idéalisme au réalisme, apparaissant dans l’un au moment précis où l’on va être pris en flagrant délit de contradiction dans l’autre.
Le modèle est saisi, désormais imposé à notre souvenir, dans la plénitude et la beauté de sa vie intellectuelle. […] Je ne crois pas au poignard dans la main de ceux qui manient l’arme intellectuelle. […] Mais il est évident que le niveau intellectuel de nos assemblées délibérantes baisse, à mesure que s’enhardit la cohue démocratique. […] Nos admirations donnent ordinairement la mesure de notre valeur morale et intellectuelle. […] Ils ont étendu leur enquête jusqu’aux romans et poèmes où se marque l’activité intellectuelle de nos voisins.
Ce qui constituait une curiosité intellectuelle n’est plus désormais qu’un calcul pratique. […] La diffusion de l’instruction et l’élévation du niveau intellectuel ne sont pas les seules causes de cette épidémie. […] Paris est le cerveau de la France ; toute l’activité intellectuelle s’est concentrée là et c’est pourquoi la France risque de mourir hydrocéphale. […] Il y en a qu’il faut directement attribuer à notre relâchement intellectuel et à notre décadence esthétique. […] Avoir du talent, c’est comprendre que l’on peut faire mieux et c’est avoir les moyens intellectuels de réaliser la perfection que l’on rêve.
comme il méritait, ce petit ouvrier, qu’au lendemain de la tourmente deux autres braves cœurs, le docteur Chanard et le docteur Poujade, assurassent son avenir intellectuel, en obtenant pour lui l’admission au lycée d’Avignon avec bourse entière et trousseau ! […] L’image que nous offre cette page étudiée, dont l’intérêt n’a pas échappé aux lecteurs, est celle de la Suède intellectuelle. […] « L’histoire intellectuelle et morale de chacun d’eux », c’est-à-dire un reflet diversement coloré, répandant plus ou moins d’éclat, de la « pensée profonde de leur temps ». […] Bourget et quelques autres voudraient s’enorgueillir, mais dont la misère ne saurait être déguisée par cette formule à effet : « l’émigré intellectuel », M. […] À l’orgueil intellectuel de la vingtième année, à l’ivresse de l’affranchissement, succède, chez Taine, une crise, non pas religieuse, mais philosophique.
Chercher autour des livres le mouvement de la vie sociale qui les fait éclore, et qu’à leur tour ils pourront modifier, apercevoir, dans les résultats de l’enquête instituée par les écrivains, quelques indications sur l’état intellectuel et moral de notre pays, associer à l’analyse des œuvres l’observation des événements, faire de l’histoire littéraire une contribution à la connaissance de la société contemporaine, voilà un programme attrayant, sans doute téméraire, nullement chimérique. […] Il ne se payait pas de mots et de vagues théories ; il voulait contribuer, de toutes ses forces, à la victoire intellectuelle, morale, industrielle de notre pays, non par l’effet d’une vanité irraisonnée, mais parce qu’il voyait partout, à mesure qu’il avançait dans les pays barbares, combien les idées françaises avaient été utiles au progrès de la justice et de la pitié. […] Tous les lettrés se rappellent avec délices la « théorie de la décadence » qu’il a exposée dans sa fameuse étude sur Baudelaire ; il expliquait, avec une délicatesse savante, pour quelles raisons il fallait préférer notre impuissance morbide aux prospérités vulgaires, et sacrifier nos appétits de gloire à notre besoin de plaisir intellectuel. […] Bourget de renoncer, de plus en plus, à ses anciennes amitiés intellectuelles : André Mareuil, Claude Larcher, Casal, Choderlos de Laclos, et autres « liaisons dangereuses ». […] L’histoire littéraire prouve que presque tous les livres dont le succès fut soudain et décisif ont dû leur réussite moins encore à l’habileté technique de leurs auteurs qu’à la sensation de soulagement intellectuel et moral qu’ils procurèrent au public.