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440. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Ce livre est d’un médiocre intérêt : c’est la peinture grossière et monotone du vice dans toute sa laideur. […] Il faut même reconnaître que l’intérêt romanesque se soutient assez bien ; mais les caractères manquent de réalité. […] Sans doute il eût été possible de jeter dans la fable, qui, à vrai dire, n’est pas très solidement nouée, un intérêt dramatique ; mais alors cet intérêt aurait dû planer sur les principaux acteurs. […] Est-ce à dire que le journal de M. de Lamartine est absolument dépourvu d’intérêt ? […] Cette liaison, prenez-y garde, bien qu’elle manque d’élévation et de poésie, n’est pas inutile à l’intérêt du récit.

441. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ils craignirent de porter trop d’atteinte à la majesté des temps et à l’intérêt des souvenirs4. […] Elles participent à l’intérêt éternel de ses passions et de ses sentiments, qui ont le même caractère dans tous les âges. […] La science des mœurs et des lois est fondée sur les premiers besoins de l’homme, sur ses affections les plus constantes, et sur ses intérêts les plus évidents. […] On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l’autorité des ancêtres et les traditions des âges. […] Mais d’où naît cet intérêt et cette majesté douloureuse qui remplit l’éloge de Marc-Aurèle, et qu’on loue si justement ?

442. (1890) Dramaturges et romanciers

L’intérêt poétique de l’œuvre est absorbé par l’intérêt scientifique qu’elle éveille. […] Le Cheveu blanc ne vaut pas mieux comme analyse morale que le Pour et le Contre ; mais il est très supérieur comme art, et même comme intérêt dramatique, si tant est qu’on puisse chercher un intérêt dramatique dans des œuvres aussi délicates. […] L’intérêt du lecteur suit ardemment le héros dans son voyage à ce vieux château de Bretagne où l’attendent de nouvelles luttes. […] Enfin l’héroïne de Gustave Flaubert est très supérieure en intérêt à l’héroïne de Daudet. […] Encore une fois ce n’est qu’une nuance, mais elle déteint sur tout le caractère de Dora et lui enlève une partie de son intérêt.

443. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Ce n’était pas un intérêt personnel qui me faisait répugner à ce trône de 1830 ; au contraire, j’aurais pu m’y faire de fête, comme on dit en langage vulgaire. […] Je ne puis donc à aucun prix me rallier à votre gouvernement autrement qu’en votant et en parlant à la Chambre dans l’intérêt impartial de mon pays. […] Dès que j’eus besoin d’un consolateur il me prodigua sa présence, son intérêt, sa tendresse. […] « M. de Talleyrand, que j’ai beaucoup connu, qu’on a fait bien pire qu’il n’était, et à qui vous avez rendu justice, était un très profond politique sous son apparente nonchalance, un politique inné, un politique d’instinct, ce qui veut dire un politique de génie, car on ne sait bien que ce qu’on n’a pas appris ; mais, dans sa politique, il avait principalement pour but son intérêt propre ; quant à moi, je n’ai jamais eu dans ma politique d’autre intérêt que ce que j’ai cru l’intérêt du peuple. […] Il ne fallait pas être grand prophète pour prophétiser la ruine d’une assemblée souveraine qui portait tous les jours des défis sans force à des armes hors du fourreau et à des intérêts sans sécurité.

444. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il y a un admirable moment où l’élite, sinon l’ensemble d’une société, demeurant capable de participer encore à l’œuvre de la poésie, mais seulement par l’intérêt commun qu’elle y apporte, cette œuvre tout accomplie, tout élaborée, lui est offerte par d’illustres individus privilégiés qui seuls ont acquis et mûri l’art de charmer avec profondeur, d’enseigner avec enchantement. […] Cinq-Mars, par son intérêt dramatique, par la grandeur ou la grâce des personnages, par ses vives et curieuses couleurs, eut un beau succès, contre lequel les critiques minutieuses ne purent rien. […] Eh bien, le capitaine Renaud nous dit, par exemple, qu’il n’a pas mangé depuis vingt-quatre heures et que cela éclaircit les idées pour un récit, ce qui est difficile à admettre ; une obscurité absolue règne, nous dit-on, dans les rues, sur les boulevards, et tout d’un coup, à un moment où, dans l’intérêt du récit, on a besoin de lire une lettre, il se trouve qu’un café est éclairé à propos et que cette lettre peut se lire : le capitaine Renaud aurait bien pu, ce me semble, prendre dans ce café quelque chose. […] Cette assertion serait inexplicable, si je ne me rappelais que De Vigny était l’homme qui avait le moins conscience de la réalité et des choses existantes ; dès qu’il avait le moins du monde intérêt, — un intérêt d’amour-propre ou d’imagination, — à ne pas voir un fait, il ne le voyait pas. […] ou quelque chose de ce genre… » Et moi, en songeant que ceci s’adressait à moi-même et à un livre de critique assez neuf sur un point, mais d’un intérêt très-circonscrit, je suis tenté de m’écrier à mon tour : Assez !

445. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Sauf les interpolations que la flatterie et l’intérêt peuvent introduire dans la rédaction des poèmes, les derniers événements dont le souvenir y soit élaboré en récits légendaires sont de cette époque. […] C’est là même le grand problème qui donne de l’intérêt à l’immense fatras qu’on appelle à tort l’épopée française. […] Nul esprit d’aventures, nulle folie de l’honneur, nul calcul de l’intérêt ne dégradent encore la brute grandeur des âmes : nulle galanterie non plus, ni fadeur ou grossièreté d’amour. […] On pourrait dire même que Bertolai (si jamais Bertolai a vécu et mis le poème en sa première forme), on pourrait dire que Bertolai avait l’instinct du développement épique, au meilleur sens du mot : il savait faire rendre à une situation ce qu’elle contenait d’émotion et d’intérêt. […] Le public voulait du nouveau : quoi de plus simple, pour exciter son intérêt, et pour utiliser encore une part de ses émotions antérieures, que de lui présenter les pères ou les fils des héros qu’il aimait ?

446. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

En bon diplomate, il fait des sacrifices ; il prête six mille ducats sans intérêt ; il donne une grosse galéasse avec son artillerie, pour l’expédition d’Italie qui tient tant au cœur du jeune roi. […] Il évalue la pression des réalités brutes, des faits, sur les hommes, la réaction des volontés et des intérêts humains, et le poids qu’ils jettent dans la balance à un moment donné. […] Il y a des intérêts généraux et des sentiments publics, des intérêts privés et des passions personnelles : voilà les réalités qu’il aimait et sur lesquelles il opère. […] Le préjugé qu’il a, et que n’avait pas Louis XI — dont Commynes se dépitait parfois, — c’est la jalousie, le préjugé du diplomate de carrière, du professionnel contre les aventuriers intrigants, bourgeois, et autres négociateurs d’occasion qui ont la prétention de traiter des intérêts des États. […] Il serait curieux de donner des preuves de sa délirante insipidité, si la place dans cet ouvrage ne devait être mesurée à l’action historique ou à l’intérêt intrinsèque des œuvres140.

447. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Cette fable, a pour intérêt de bien nous montrer, une fois de plus, le caractère même de La Fontaine, qui s’est soucié comme vous le savez des avantages de la fortune et de ses préférences, et qui a été celui qui a toujours attendu la fortune dans son lit. […] Songez-y bien, tous les autres amours, toutes les autres affections ont un mélange d’intérêt, ont un mélange « d’amour-propre » dans le sens que La Rochefoucauld donne à ce mot, ont un mélange d’esprit de retour sur soi-même, à commencer par l’amour proprement dit. […] Remarquez ceci : c’est un commerce (c’est-à-dire un concert de relations suivies avec quelqu’un) où l’on se propose quelque chose, non pas tout gagner, où l’on met du sien, mais où, certainement, on veut du retour  Je passerais en revue tous les sentiments altruistes et je trouverais que tous ont un mélange d’intérêt. Mais quand il s’agit d’aimer les animaux  et j’ajoute les vieillards… les vieillards pauvres  je voudrais bien savoir quelle pensée d’esprit de retour on peut avoir et si ce n’est pas l’amour pour l’amour, l’amour désintéressé, l’amour pur, qui fait que nous nous penchons avec intérêt vers notre inférieur. […] Je ne dis pas que ce soit d’un intérêt énorme de savoir s’il faut dire de La Fontaine : il a été classique, ou réaliste ou romantique.

448. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Écrivant à ce dernier, l’exhortant à ne pas chercher à susciter derechef un État dans l’État et une Ligue sous forme nouvelle, il disait (1597) : « Recevez, je vous prie, de bonne part les conseils que je vous donne, puisque j’en suis par vous requis et par une bonne conscience, loyale à sa patrie. » Il confondait alors tous les intérêts de la patrie dans l’autorité pure et simple, dans le droit divin et humain de Henri IV, et il ne paraît jamais s’être beaucoup soucié des tempéraments ou restrictions qu’y pouvaient apporter les corps, parlements, assemblées de notables. […] Dans cette masse indigeste et presque insupportable d’ensemble, il y a toujours des détails fort beaux, des chapitres du premier ordre pour l’intérêt et la réalité historique. […] Or, combien que j’y reconnaisse une partie de ses défauts, et que je sois contraint de lui tenir quelquefois la main haute quand je suis en mauvaise humeur, qu’il me lâche ou qu’il s’échappe en ses fantaisies, néanmoins je ne laisse pas de l’aimer, d’en endurer, de l’estimer et de m’en bien et utilement servir, pource que d’ailleurs je reconnais que véritablement il aime ma personne, qu’il a intérêt que je vive, et désire avec passion la gloire, l’honneur et la grandeur de moi et de mon royaume ; aussi qu’il n’a rien de malin dans le cœur, a l’esprit fort industrieux et fertile en expédients, est grand ménager de mon bien ; homme fort laborieux et diligent, qui essaye de ne rien ignorer et de se rendre capable de toutes sortes d’affaires, de paix et de guerre ; qui écrit et parle assez bien, d’un style qui me plaît, pource qu’il sent son soldat et son homme d’État : bref, il faut que je vous confesse que, nonobstant toutes ses bizarreries et promptitudes, je ne trouve personne qui me console si puissamment que lui en tous mes chagrins, ennuis et fâcheries. […] Comme tous les hommes qui ont manié les grandes affaires et pris part à une belle et mémorable époque, il la proclamait incomparable ; il était indigné quand il voyait des écrivains inexacts, légers, mercenaires, parler inconsidérément de ces choses et de ces hommes au gré des intérêts divers et nouveaux.

449. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Le temps seul peut confirmer et louer dignement des réformes de ce genre : je ne veux que reconnaître et signaler l’etïort, l’attention ingénieuse et vigilante, la compréhension étendue et flexible, la sollicitude patiente qui témoigne d’une véritable piété pour toute connaissance humaine et divine, et d’un intérêt affectueux pour la jeunesse. […] Muni de tous ces éléments sûrs d’appréciation et les coordonnant dans un esprit d’unité, avec intérêt et lumière, M.  […] Le monde a changé de tour et de manière de voir ; il est devenu positif, comme on dit : je le répète sans idée de blâme : car, si par positif on entend disposé à tenir compte avant tout des faits, y compris même les intérêts, — disposé à ne pas donner à la théorie le pas sur l’expérience, — disposé à l’étude patiente avant la généralisation empressée et brillante, — disposé au travail et même à la discipline plutôt que tourné à la fougue sonore et au rêve ; si par positif on entend toutes ces choses et d’autres qui peuvent devenir d’essentielles qualités, au milieu de tout ce que laisserait de regrettable l’espèce des qualités et des défauts contraires, il y aurait encore de quoi se raffermir et se consoler. […] … Si, en sortant du lycée, les jeunes gens ont conservé une notion précise et durable de la nature et des propriétés de quelques corps d’un intérêt universel, comme l’air, l’eau, les métaux usuels, les acides, les alcalis et les sels les plus communs ; si les phénomènes de la combustion, ceux de la respiration et de la nutrition des plantes, ceux de la respiration et de la nutrition des animaux, ont été soigneusement étudiés devant eux, l’enseignement de la chimie aura atteint son but.

450. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Joseph Bernard, aux intérêts de l’humanité : c’est la politique des bonnes gens comme nous, et la seule vraie. » — « Quant à ma philosophie, disait-il encore à M.  […] Mais je pense à vous, à votre position, mon noble apôtre, et je crois qu’après avoir écouté votre amitié pour moi, il faut, dans l’intérêt de la cause où vous avez pris un rôle si élevé, que vous fassiez la restriction que je vous demande… » Il est piquant que ce soit le chansonnier qui se mette à la place du sublime inconséquent pour l’avertir : il adu tact pour deux. — C’est bien le même, au reste, qui répondit une fois à l’archevêque M.  […] Ce dont il convient de le louer résolument, c’est d’avoir mis toujours l’intérêt de la France au-dessus de son opinion individuelle : « J’ai, disait-il à Lamennais, une conscience méticuleuse qui m’empêche d’être homme de parti, comme il faut l’être ; je ne suis qu’homme d’opinion. Encore même, sur ce point, y a-t-il à redire, car le patriotisme, sentiment qui ne vieillit pas en moi, me barre le chemin toutes les fois que je puis craindre que l’application de mes principes ne compromette les intérêts du pays.

451. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Pour l’histoire de France, le grand réveil du patriotisme que la Révolution provoqua lui donna un intérêt qui attira de ce côté auteurs et lecteurs. […] L’Histoire de la Révolution d’Angleterre 827, l’Histoire de la Civilisation en Europe, l’Histoire de la Civilisation en France, ces grandes œuvres froides et fortes, sont la démonstration, impartiale et scientifique eu apparence, systématique et passionnée au fond, de ces deux vérités : qu’une royauté même légitime n’a pas de droits contre les représentants de la nation ; et que le gouvernement doit appartenir aux classes moyennes qui ont la richesse et les lumières, qui, par intérêt et par capacité, assureront la prospérité du corps social. […] Mais les orléanistes faisaient servir leur vue de l’histoire aux intérêts d’un parti : Tocqueville, plus philosophe en restant strictement historien, se contente d’établir la continuité du développement de nos institutions et de nos mœurs : la Révolution s’est faite en 1789, parce qu’elle était déjà à demi faite, et que, depuis des siècles, tout tendait à l’égalité et à la centralisation ; les dernières entraves des droits féodaux et de la royauté absolue parurent plus gênantes, parce qu’elles étaient les dernières. […] Dans tous ces petits faits, dans les plus mesquines avanies, il prenait « la forte teinte de réalité » qui devait faire l’intérêt de son ouvrage.

452. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Jeanne présente de l’intérêt, un intérêt élevé, mais qui se complique de roman. […] Comme il ne s’agit point ici d’un mariage d’amour, mais d’un arrangement entre personnes mûres et sérieuses, une entrevue, selon le père Maurice, suffira pour tout éclaircir : « C’est demain samedi, dit-il à Germain ; tu feras ta journée de labour un peu courte, tu partiras vers les deux heures après-dîner, tu seras là-bas à la nuit ; la lune est grande dans ce moment-ci, les chemins sont bons, et il n’y a pas plus de trois lieues de pays. » Tout l’intérêt et toute l’action du roman se passent dans ce voyage. […] Le roman est d’un intérêt plus pathétique, mais d’une étude moins savante et moins curieuse que La Petite Fadette, et c’est pourquoi j’ai insisté sur cette dernière.

453. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce nouveau volume réunit des écrits qui ne sont pas sans intérêt, quelques lettres d’affaires et d’administration, quelques autres spirituelles et de direction, et surtout de charmantes lettres amicales et familières : c’est assez déjà pour retrouver tout Fénelon. […] Il n’y a qu’un très petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur. […] Cette rareté de bonnes gens, qui lui paraît être la honte du genre humain le ramenait d’autant plus à aimer les amis choisis qu’il s’était faits : « La comparaison ne fait que trop sentir le prix des personnes vraies, douces, sûres, raisonnables, sensibles à l’amitié, et au-dessus de tout intérêt. » Une seule fois, on lui surprend encore une curiosité d’esprit, c’est pour le prince Eugène, en qui il a cru apercevoir un vrai grand homme. […] C’est assez indiquer l’intérêt de ces lettres nouvelles.

454. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Je restreindrai encore le point de vue, ou plutôt je le simplifierai en disant qu’il me paraît difficile que ces lettres aient aujourd’hui aucun effet de piété et de dévotion ; la spiritualité en est trop subtile, trop particulière, trop compliquée de style métaphorique, de fleurs surannées, et trop mêlée à des questions ou à des intérêts de circonstance. […] Les lettres de la mère Agnès tirent une bonne partie de leur intérêt des personnes à qui elle les adresse. […] Les lettres à Mlle Pascal, la sœur du grand écrivain et qui se fit religieuse à Port-Royal, ont plus d’intérêt.

455. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Quelques lettres éloquentes d’un Voyageur, lettres signées d’un nom qui a le pouvoir déjà de répandre de la célébrité sur tout ce qui s’y associe, avaient ajouté à l’intérêt qui s’attache naturellement aux productions de M. de Musset. De beaux vers, la Nuit de Mai, où la plainte est comme étouffée, la Nuit de Décembre, où elle éclate, et de laquelle je ne voudrais retrancher que le dernier paragraphe (Ami, je suis la Solitude), avaient entretenu cet intérêt à la fois littéraire et romanesque, que la Confession d’un Enfant du siècle, fort vivement attendue, semble devoir combler. […] Avec des êtres arrivés à un certain degré d’expérience, de versatilité, de sophisme à la fois et d’imagination dans la passion, on est sur les sables mouvants ; il n’y a pas de raison pour qu’un résultat sorte plutôt que l’autre, pas de base où asseoir un intérêt moral, une conclusion à l’usage de tous.

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