Les événements qui se passent sous les yeux d’un poète, la nature des lieux qu’il habite, l’air même qu’il respire, ont une influence directe, une action puissante sur ses idées, sur ses impressions, sur son style, sur son génie enfin. […] Nous pouvons juger par nous-mêmes quelle est l’influence des sites et des événements. […] Cette manière, peut-être nouvelle, d’envisager la littérature des différents siècles et des différents pays aura pour nous cet avantage qu’elle nous permettra de juger l’influence des lettres sur les destinées des hommes et des empires.
Cependant le livre de l’Allemagne est à la fois une œuvre ingénieuse et un service rendu aux lettres ; et quoique notre siècle y ait pris, avec plus de libéralité envers le génie étranger, le goût des ombres de l’esthétique allemande, par beaucoup de pensées fécondes, par les perspectives qu’il ouvre devant l’esprit français, ce livre a été une influence, la première gloire après celle des œuvres durables. […] Dans le recueil des chansons de Béranger, nos enfants ne liront pas celles que nous avons le plus chantées, parce que nous les chantions sous l’influence des mêmes préventions qui les lui avaient inspirées. […] On y fait voir l’influence de la société sur les auteurs, des auteurs sur la société ; on y prouve que la science des lettres n’est pas la moins relevée des sciences morales143.
Aussi n’est-il pas surprenant que la littérature ait subi jusqu’en ses mœlles l’influence de cet énorme développement scientifique ? […] La philosophie, elle aussi, s’est transformée sous la même influence. […] Il semble, au premier abord, que la science n’ait sur la poésie qu’une influence désastreuse.
La musique, art postérieur, et plus constamment modifié dans ses langages, a subi moins vivement l’influence de cette loi. […] Mais voici que s’approchait à la Musique un homme si extraordinaire que ses origines intellectuelles demeureront à jamais mystérieuses : un extravagant prodige anéantissantes lois où nous nous complaisions sur l’hérédité, l’adaptation aux milieux : un compositeur dont l’influence pour la musique ultérieure fut partielle, funeste, mais qui rendit un peu superflues toutes musiques ultérieures ; un être qui, seul dans l’Art, a connu tout le domaine de l’Art ; un musicien dans l’âme duquel ont vécu, précises et réelles, toutes les émotions humaines, toutes absolument ; un Dieu donc, puisqu’il fut de tous les hommes le plus surnaturel : le claveciniste flamand Ludwig van Beethoven. […] L’œuvre de Bayreuthal (suite) Extraits de lettres anciennes à des amis 13 novembre 1871 : « Que l’affaire suive donc son cours, et que l’Allemand montre qu’il sait enfin donner l’attention nécessaire à une branche de l’art public si honteusement négligée, et même temps d’une influence illimitée, et à laquelle je voue ma vie. » 19 mai 1871 : « Avant tout je suis heureux d’obtenir ce que nous nous proposons par un accord vraiment amical, et je m’efforce pour cela d’exclure tout élément étranger, hostile ou nuisible, Personne ne sera attiré par nous qui ne conçoive pleinement ce dont il s’agit ; les faits mêmes parleront à ceux qui n’auront pas compris.
On connaît l’influence de l’école ; sauf de très rares fragments, on ignore bientôt l’œuvre personnelle de chaque disciple et presque celle du maître. […] Trois chapitres de ce livre (L’esthétique de Stéphane Mallarmé, Le symbolisme en France, Le sentimentalisme littéraire et son influence sur le siècle), seront fréquemment pillés, rarement cités — pourquoi la goujaterie des professeurs se démentirait-elle ? […] Son éthique, quand elle sera dégagée d’une influence contraire à sa nature, sera faite uniquement de tendresse, uniquement du besoin de donner et de recevoir, Et l’esprit délicieusement ressemble à l’âme.
Une langue est toujours pure quand elle s’est développée à l’abri des influences extérieures. […] L’agglutination de l’article s’est faite sous l’influence de ce dernier mot. […] Si c’est amaracana qui est l’original de marjolaine, il faut que le mot français ait subi une influence analogue à celle qui a transformé récemment olénois en à la noix et jadis galatine en galantine.
Mais revenons à la première déjà remplacée par la Convention, et voyons son influence sur la littérature française. […] Quelle influence pouvait-elle avoir sur la langue et sur la littérature française ? L’influence du cinquième acte d’une tragédie à flots de sang sur un auditoire sans haleine, la pitié, l’horreur, les vociférations du chœur sanguinaire, les rugissements des bourreaux, le cri prolongé et renaissant des victimes ; elle eut tout cela, mais ce n’était plus de la langue : c’était des hoquets et des sanglotements d’agonie, Vox faucibus hæret !
La vérité est que la forme des gouvernements n’a pas d’influence directe sur le cerveau de l’artiste. […] On comprend fort bien l’influence morale qu’exerce l’apparition d’une flotte de guerre chez des peuples à demi primitifs. […] Des faits journaliers nous montrent encore cette influence destructive de la raison sur l’instinct. […] C’est un fait que, sous l’influence des sentiments puissants, nos gestes tendent à prendre une allure rythmée. […] Déjà, dans le protoplasma, des réactions se produisent sous l’influence de la lumière.
Elle exerce une influence néfaste. […] Mais le dictateur et ses quelques séides veulent ainsi se constituer une influence, exercer une action, se faire solliciter par les éditeurs et les auteurs, dont certains sont puissants, bref se pousser dans le monde, eux écrivains de profession, ou soi-disant tels, sans se donner le mal d’écrire une page. […] Celui-ci perd bientôt à ce jeu sa réputation et son influence même, si bien qu’en fin de compte les écrivains et les amphitryonnes pour qui il s’est déconsidéré le déclarent usé, vidé, et ne font plus attention à lui. […] Pierre Bourget objecte que les lettres et les mémoires sont souvent faussés par l’influence du correspondant ou de l’interlocuteur, à qui l’on s’adapte pour lui plaire ou s’en faire entendre ; que les épistoliers et les mémorialistes forcent la note ou l’altèrent, suivant l’humeur du moment ou parce que leurs souvenirs ne sont pas sûrs, etc… M.
Non, les jugements du premier coup sont des impressions et non des jugements ; autrement il faudrait convenir que l’existence, la réflexion, l’expérience des hommes, sont de vains mots qui n’ont aucune influence, aucun amendement, aucun progrès à nous apporter, et que Dieu, en nous accordant le temps, ce grand révélateur de la vérité en tout genre, ne nous a donné qu’une déception dont nous n’avions aucun besoin pour être plus éclairés et plus sages qu’à notre premier mot dans la vie. […] Mais il ne faisait vraiment cas, en fait de génies, que de ceux de la grande race, de ceux qui durent, dont l’influence vraiment féconde se prolonge, se perpétue au-delà, de génération en génération, et continue de créer après eux. […] La présence de Humboldt et sa conversation semblent avoir exercé sur lui une influence favorable. […] J’ai connu ces troubles dans ma jeunesse par moi-même, et je ne les dois ni à l’influence générale de mon temps, ni à la lecture de quelques écrivains anglais.
C’est pourquoi la littérature française peut imposer son prestige et son influence à l’élite universelle. […] Qui nous dira ce que le militarisme consulaire ou le bellicisme démocratique d’un Hugo ou d’un Béranger ont pu avoir d’influence sur les folles tentatives bonapartistes qui ont fait de nous, par la suite, et pour un temps X, les jouets de la guerre ? […] On loue ou blâme leurs opinions, leurs tendances, leurs mœurs, leur doctrine, leur influence, ne négligeant que leurs œuvres. […] Le xixe siècle est vraiment trop voisin du nôtre, et nous sommes encore sous son influence trop exclusive pour essayer de le juger dans son ensemble.
Plus profonde serait l’influence de la littérature sur l’architecture, s’il fallait en croire une prophétie sibylline que Victor Hugo, rapprochant la cathédrale de Paris du premier livre imprimé, a condensée dans une formule de style lapidaire : Ceci tuera cela. […] L’influence des deux arts l’un sur l’autre n’a donc pas été nulle, mais il sont trop différents pour qu’elle ait été considérable. […] Ne dirait-on pas des figures détachées de l’Arc de triompher Cette influence des arts qui s’adressent à la vue s’est fait sentir non seulement à l’imagination des auteurs, mais à la langue littéraire elle-même. […] Ce sont, par exemple, des noms de vêtements qui rappellent que telle influence étrangère s’exerçait au moment où ils ont reçu droit de cité : le haubert, le heaume nous reportent à l’époque guerrière où les Francs imposaient leur domination et quelques-uns de leurs mots à la Gaule vaincue, tout comme, de nos jours, redingote, raglan, mac-farlane, etc., montrent l’action de l’Angleterre sur nos mœurs nationales.
— Nous allons voir que ce lien existe en effet, et qu’il existe avant l’influence extérieure de la sélection naturelle. […] Nous avons vu, en effet, qu’une loi de la nature fait disparaître peu à peu tout ce qui est inutile à l’accomplissement d’une fonction : si une fonction qui exigeait d’abord des alternatives marquées de plaisir et de peine trouve un mécanisme de mieux en mieux approprié qui l’exécute automatiquement, la nature fait l’économie des stimulants du plaisir ou de la douleur, par cette raison simple que le cerveau n’est plus le siège de changements notables sous l’influence des mouvements accomplis par l’organisme. […] Aussi les diverses formes de la vie sont-elles déjà capables d’évoluer et d’avancer leur organisation en dehors de l’influence, d’ailleurs considérable, qu’exerce la sélection naturelle. […] Le plaisir, pour Stephen Leslie, étant un état d’équilibre, est par cela même « un état de satisfaction dans lequel il y a une tendance à persister ». — « Le plaisir, dit à son tour Rolph, est un état que nous cherchons à prolonger ; il ne peut donc jamais être la cause d’un changement d’état. » Objecte-t-on à Rolph que l’homme, par exemple sous l’influence de l’amour, peut chercher un plus grand plaisir à la place de celui qui est présent et qu’alors la fin de l’action, consciente ou inconsciente, est bien le plaisir : — Oui, répond Rolph, mais le mobile actuel est un sentiment de non-satisfaction, c’est-à-dire de peine.
Cet état dure jusqu’à ce que la bonne et saine vie, prenant le dessus, réagisse contre les influences stérilisantes ; de vrais poètes se produisent, entraînant avec eux toute leur génération. […] La critique de notre temps a subi l’influence de cette maladie littéraire. […] Il est difficile de nier l’influence déprimante et démoralisante que Baudelaire a exercée sur la littérature de son époque. Mais Baudelaire répond déjà beaucoup mieux à son temps qu’au nôtre ; il n’est plus à proprement parler un modèle : son influence est tout indirecte.
V Ce court préambule était nécessaire pour arriver à l’inexplicable influence de Boileau sur les lettres françaises. […] Et comme si son tombeau avait dû être encore après lui une pierre d’achoppement et de division entre les écrivains et entre les écoles littéraires, la dispute éternelle sur l’utilité ou sur le malheur de son influence commençait sur cette tombe et se perpétuait jusqu’à nos jours. […] Comme critique, il eut deux influences diverses : l’une, selon nous, très nuisible ; l’autre très salutaire au génie spécial de son pays. […] XXVI Mais, cela dit, il serait souverainement injuste de méconnaître l’influence régulatrice et directrice que cet excellent esprit devait avoir sur l’esprit littéraire de sa patrie.
Il est dans toutes ses influences. […] C’est ainsi qu’Audin éteignit ou du moins modéra dans son Henri VIII, pour obéir à certaines influences, le feu de polémique qui brûlait dans son Calvin et dans son Luther, et qu’il affaiblit à dessein un des caractères de son talent, essentiellement militant. […] Audin croit à l’heureuse influence du mouvement intellectuel provoqué par Léon X comme il croit à sa grandeur. […] Beuchot, et biographe comme Boswell, — un Boswell à distance de trois siècles, — curieux comme Plutarque et Suétone, — plus spirituel et plus artiste que Moore, — plus animé et plus vivant que Walckenaër, — aussi courageux que qui que ce soit, quand l’imagination ne l’entraîne pas vers ces choses de l’art et de la littérature qui furent toujours les Sirènes de sa pensée, — critique d’influences aussi ingénieux que M.