Elle y est représentée les yeux en l’air, pâmés sous un front sans sourcils, la bouche ouverte (chantant probablement), et il est impossible d’être moins que dans ce portrait la Sophie Arnould que l’imagination se figure. L’imagination a peut-être tort… Les cheveux soulevés sont retenus dans le cercle d’un ruban ; le visage est long et maigre.
Et de fait, les annales de la décadence (non pas seulement celles de Tacite) ont les proportions d’une fable énorme, arrangée par l’imagination antique pour terrifier, en l’instruisant, l’univers. […] Gustave d’Alaux a de la force dans la raison, et il l’a bien prouvé en peignant sobrement le monde noir, ce monde que l’imagination conçoit seule, et qui emporterait, le mors aux dents, tout écrivain de quelque pente vers la fantaisie.
ce n’est pas qu’il soit une imagination sans richesse ni une sensibilité sans accent ; mais il appartient par des amitiés, plus élevées que la camaraderie, je le sais, à ce milieu d’esprits qui ne mettent entre eux que l’amour du beau dans l’indépendance, et ce n’est point avec cela qu’on trouve (tout de suite, du moins,) sa manière, quand on n’est pas né avec elle. […] Théodore de Banville et Leconte de Lisle sont les poètes de ce paganisme, et il a reçu en pleine imagination leur influence.
Telle est la moralité, inattendue, involontaire peut-être, mais certaine, qui sortira de ce livre, cruel et osé, dont l’idée a saisi l’imagination d’un artiste ! […] Elle n’a pas le merveilleux épique qui enlève si haut l’imagination et calme ses terreurs dans la sérénité dont les génies, tout à fait exceptionnels, savent revêtir leurs œuvres les plus passionnées.
Virgile est depuis deux mille ans sur son socle, couronné de laurier par la sculpture de tous les temps qui ont suivi le sien, et Lamartine n’est que d’hier, et moi, qui écris ce chapitre, je l’ai vu dans le prosaïsme de nos plates mœurs et de nos tristes costumes, avec le chapeau blanc de Louis-Philippe et des épiciers endimanchés sur sa noble tête… Rapprochement de plus d’influence qu’on ne croit sur l’imagination déconcertée et qui compare deux poètes immortels ! Seulement, la Critique, plus forte que l’Imagination, ne doit voir, elle, que l’essence même de la poésie qui est en eux.
On conçoit presque l’humeur qu’elles prenaient dans le service de sa cécité sourcilleuse, et qu’elles durent plus d’une fois, ces filles d’aveugle, quand elles lui faisaient des lectures dans des livres sans lumière pour elles, envier le guide mendiant de celui du village, sous la haie d’aubépine, au soleil… Sombrement dévoué à Cromwell, l’homme de plume de la république, Milton n’eut, dans sa vie de devoirs et de fonctions arides, pour toute ressource d’imagination, que sa Bible et son orgue ; car il était musicien, ce poète si profondément, si absolument poète que la prose de ses jours ne tua pas la poésie de sa pensée, qu’elle aurait dû dix fois étouffer ! […] Cette vie accablante et terrible, à ce qui semble, pour l’imagination d’un poète, il ne se révolta jamais contre elle ; il y a plus : il l’aima et l’étreignit sur son cœur stoïque, qui n’avait besoin ni de se résigner, ni de se consoler.
D’artiste devenu homme de parti, il attaqua l’Église, les gouvernements, les législations, toute la vieille société dont il ne gardait que les vices, et il publia successivement tous ces livres qui ont le plus mordu, vitriol terrible, sur les imaginations de ce temps. […] La question, pour ce Laurent le Magnifique de la littérature socialiste qui donnait à boire et à manger aux imaginations phalanstériennes, c’était l’applaudissement des convives.
C’était, de nature, un vrai poëte, une incontestable supériorité d’imagination, faite pour aller ravir l’inspiration aux plus grandes sources ; mais il n’est pas bon que l’homme soit seul, a dit le saint Livre, et Poe, ce Byron-Bohême, vécut seul toute sa vie et mourut comme il avait vécu, — ivre et seul ! […] Tout cela, — des contes d’ogre pour des enfants qui se croient des hommes, — n’a qu’une prise d’un moment sur l’imagination du lecteur, et manque, comme impression d’art, de profondeur et de vraie beauté.
Henry Bérenger En dehors et au-dessus des modes esthétiques actuelles, son imagination métaphysique, qui l’apparente à Shelley, lui suggéra des poèmes lyriques d’une noble et ferme tenue.
Intrépide en Philosophie, comme il avoit été à la guerre, on reconnoît dans tout ce qu’il a écrit, une vivacité d’imagination, qui approcheroit du génie, si elle eût été réglée par le jugement.
Cette remarque doit faire sentir que les Productions d’imagination sont rarement du ressort des Erudits.
La vivacité, l’esprit, l’imagination, & le goût, qui aiguisent ces petits Pamflets, donnent une idée avantageuse du talent de ce jeune Auteur, & laissent entrevoir qu’avec plus de suite dans le travail, il seroit en état d’entreprendre & de bien traiter des Ouvrages considérables.
Sanlecque, des Vers heureux, de la légéreté, de la finesse, des saillies d’imagination, & des traits de bonne plaisanterie ; mais son sel n’est pas toujours attique, il est souvent fade, ce qu’on ne pardonne jamais à quiconque veut s’égayer aux dépens des autres.
La vivacité de son esprit & la force de son imagination rendoient son style pittoresque.
J’ai été souvent choqué d’un manque de proportion entre l’imagination et la pensée du poète. […] De là peut-être ces angoisses, ces troubles mortels à l’idée de la destruction, ces noires imaginations, ces frissons sur le trépied sacré. […] Il me semble possible, sinon facile, de plonger dans cette âme qui se livre à vous dans ce qui la résume le mieux, dans son œuvre, dans le résultat de son imagination. […] Julie. — Relativement à nous, j’admets cette explication ; mais mon imagination va plus loin et demande davantage. […] En vain notre imagination peuple ces solitudes de rêves enchantés : les anges du ciel ne descendent pas à notre voix.
Homère, en véritable poète, ne se contente pas de raconter ; il décrit tous ces apprêts et présente à l’imagination tous ces détails pittoresques du sacrifice, du feu, du repas, détails qui sont la vie des tableaux ; puis, quand les matelots se rembarquent avec Ulysse, il peint cette autre scène de mer des mêmes couleurs que la scène du débarquement. […] Chacun de ces portraits laisse une empreinte vivante dans l’imagination. […] Pandarus, pour tendre avec plus de force cet arc, l’appuie par un bout en inclinant l’autre sur la terre, etc. » Quelle imagination résisterait à des tableaux si achevés et si ciselés de vérité ! […] Il décrit toutes les choses matérielles les plus vulgaires par le côté où elles touchent à l’imagination la plus pittoresque ou au sentiment le plus pathétique. […] N’est-ce pas en vingt-quatre chants l’univers sous tous ses aspects, reproduit tantôt en larmes, tantôt en sang, mais toujours dans une musique de paroles ravissantes à l’imagination des hommes ?