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2482. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Vous n’ignorez pas ma répulsion pour les Sociétés et leurs honneurs, et vous devez vous rappeler, que je n’ai accepté que sur vos instances, cette présidence qui m’a causé mille ennuis, et mis en contradiction avec moi-même, et ma profession de foi sur la statuomanie, à propos de la statue de Balzac.

2483. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

La littérature parut se faire immorale en ce qu’elle exalta les actes et les conduites où la raison et les convenances cédaient aux inspirations de la sensibilité, en ce qu’elle plaça le mérite non plus dans la condition sociale acquise ou maintenue, dans le tact, dans l’honnêteté, dans l’honneur commercial ou mondain, mais dans la pureté et la noblesse du cœur, en ce qu’elle revendiqua pour les simples, pour les pauvres, pour les souillés la gloire de pouvoir être grands, bons dévoués, ardents et purs.

2484. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Au moment de commencer sa carrière de gloire, le héros est ravi en songe en un lieu élevé du ciel, où son aïeul l’Africain, lui découvrant les honneurs, les périls et les devoirs qui l’attendent, le prépare à cette destinée par le spectacle de l’économie divine qui soutient l’univers, police les sociétés et dispose souverainement des hommes.

2485. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

La fumée d’un réchaud, la pointe d’un stylet, la goutte d’opium délayée dans un verre de vin de Champagne sont des issues plus faciles pour sortir d’embarras avec le sort, qu’un effort généreux pour reconquérir l’innocence et l’honneur, et qu’une vie d’honnête homme pour racheter une jeunesse de débauches.

2486. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Le premier monument qu’élève la piété italienne à son premier deuil, c’est une peinture murale en l’honneur ou au soulagement des âmes du Purgatoire ; les rochers mêmes de ses Alpes, de ses Apennins ou de ses Abruzzes, en sont sanctifiés.

2487. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Il est vrai que je n’ai pas l’honneur d’être le fils d’un patriarche.

2488. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

disait-il, il faut tâcher de lui faire honneur. […] Un monsieur B…, dont la Tatitata était la femme, ou la parente, car elle demeurait avec lui, donnait un dîner intime, chaque mois, je crois, en l’honneur de Théophile Gautier, et l’on m’amenait de Montrouge, pour le voir et qu’il me vît. […] Il en voulait probablement à saint Labre et tenait en suspicion les couvents, lui, à qui j’entendis redire, plus tard, bien souvent, qu’il ne pouvait comprendre les religieux… « qui se réunissent pour puer de compagnie, en l’honneur d’un Dieu qui a créé dix mille espèces de parfums… » La mère Marie-Jésus était là, derrière le grillage ; elle chuchotait, de sa voix mielleuse et, à cause de la présence d’un homme, son voile baissé ne laissait voir que son menton fin et pointu et un peu de sa bouche mince.

2489. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

On lit dans une ode de Ronsard : Et le bel esmail qui varie L’honneur gommé d’une prairie M.  […] Je me souviens de ceci, sur une fille qui se laisse courtiser, puis rompt brusquement l’entretien : « Vous me faites souvenir, Philis, de ces chèvres qui, après avoir rempli le vase de leur lait, donnent du pied contre et le cassent », L’Astrée a fourni des lieux communs, bien plutôt que des clichés ; c’est également, pour un livre, un grand honneur. […] Les premiers tomes des Oiseaux sont de Guéneau en grande partie, et c’est à Bexon qu’il faut faire l’honneur des tomes six à neuf.

2490. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Je n’entends ici égoïsme qu’au sens profond, celui de l’amour dans sa source et dans son essence : on sait, au contraire, avec quelle délicatesse et quel honneur Baudelaire se sacrifia pour la misérable Jeanne, et certains des pharisiens qui l’ont censuré si âprement auraient pu prendre auprès de lui de très précises leçons. […] Il reçut une première médaille et la Légion d’honneur. […] « Vous n’avez pas d’amour, dit Ellénore à Adolphe, vous n’avez que de la pitié. » Que la pitié seule désormais les réunisse, cela brise leur vie à tous deux, mais cela aussi recompose de ces morceaux une autre vie que leur conscience n’aura pas à regretter, et qui participe au triste et fier honneur d’une vraie destinée humaine.

2491. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Mais il y a un juste milieu entre cet excès d’honneur et cette indignité. […] De mauvais livres d’érudition historique étaient publiés impunément et procuraient même parfois à ceux qui les avaient faits des honneurs illégitimes. […] Or l’auteur peut avoir eu de son intérêt ou de son honneur une toute autre idée que nous168 ; ou bien il peut avoir voulu calomnier des compatriotes d’un autre parti ou des coreligionnaires d’une autre secte que lui.

2492. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Un sourd et obscur gémissement la trahit à peine, et ce gémissement fait comme une basse profonde à l’hymne extatique entonné en l’honneur de la science. […] Nous avons acquis à travers le moyen âge deux notions qui vivent en nous, indestructibles, inaliénables : l’une, que nous devons au Christianisme, est la conscience ; l’autre, que nous devons à la Féodalité, est l’honneur. […] Elles sont un fait désormais ineffaçable, et grâce à elles, nous nous sentons incapables de nous donner entièrement à l’Etat, puisque nous ne saurions nous engager à jamais agir contre la conscience et contre l’honneur. […] V) revendique pour le romancier l’honneur d’avoir porté le long manteau blanc et le casque aux longs crins noirs, comme les soldats que Julien voit à leur retour d’Italie attacher leurs chevaux contre la fenêtre grillée de la maison de son père.

2493. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il la nomme « la Vierge aux beaux seins d’albâtre59 » ; il lui rappelle qu’en son honneur il a planté son jardin d’ifs, de buis et de cyprès ; selon sa propre expression « il lui fait la cour », pour qu’elle daigne l’épargner. […] Paul Bourget en affirmait l’influence décisive297, et il n’hésitait pas à y reconnaître la base de ce qui constitue la psychologie du maître, aussi bien celle de l’écrivain que celle de l’homme ; il le proclamait — et à juste titre — un des derniers combattants de cette pléiade, qui, il y a un peu plus d’un demi-siècle, avait si victorieusement renversé les vieilles formules classiques ; il le montrait — et avec raison — continuant les traditions alors en honneur, les conservant pieusement jusque dans leurs puérilités, jusque dans les habitudes du langage et de l’habillement ; et, grâce à une série d’exemples, il établissait ainsi une thèse incontestable en soi, mais sans se rendre compte qu’il ne l’appuyait guère que sur des preuves incomplètes et superficielles. […] Dans ces circonstances, ce serait une hypothèse invraisemblable qu’il n’eût pas relevé du premier coup d’œil les observations et les formules citées plus haut, et dont ensuite il a recueilli l’honneur, comme s’il les avait inventées, lui qui n’a fait que s’en servir.

2494. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

C’est un jeune homme, dont la conduite est si morale et si honorable, qu’il a eu l’honneur, à trente ans, de parler avec l’empereur.

2495. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

« Fils de mon fils, dit le roi, Oscar, l’honneur du jeune âge, j’ai vu briller ton épée, et je me suis enorgueilli de ma race : suis la trace glorieuse de nos aïeux, et sois ce que furent Trenmor, le premier des hommes, et Trathal, le père des héros.

2496. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

à toi qui as transmis leurs honneurs aux Éphémères, à toi larron du Feu !

2497. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Dire que nous imposons nos farines à l’Univers n’avance à rien, car rien n’oblige la matière de l’Univers à se mouler si docilement sui nos formes, ni le soleil à s’éclipser pour faire honneur aux formes de notre sensibilité, ni notre corps à mourir et à se décomposer selon les prévisions de la science, uniquement pour se conformer à notre intuition du temps. » Voir notre Introduction à la Genèse de l’idée de temps, p. 11 et suiv.

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