Ne l’oublions pas, toutefois : si l’Italie elle-même avait alors porté ses pensées plus haut, Pétrarque était digne de lui servir d’interprète. […] La Renaissance, ne visait pas si haut ; son poëte n’était qu’un artiste ému qui plaisait à l’imagination, sans exalter les courages. […] La flotte chrétienne longea, du nord au sud, la côte d’Albanie, marchant à l’ennemi précédée de six galéasses vénitiennes, ou grands vaisseaux, dont les hauts bords et les feux étaient irrésistibles. […] N’est-ce pas elle, en effet, qui, toute ravie d’amour divin, s’écrie dans un cantique : « Je vis, sans vivre en moi-même ; j’aspire à une vie si haute, je la sens si proche, que je meurs de ne pas mourir ! […] Il n’avait pas assez d’enthousiasme naturel pour une œuvre si haute, ni l’art français d’alors assez de maturité savante pour bien rendre sous sa main.
Le parti catholique et légitimiste, ennemi de la Révolution et du mouvement social, semblait avoir en ce temps-là, aux yeux de plusieurs, le privilège des hauts esprits et des hautes doctrines. […] En dehors de la direction économique et industrielle, il donna à plus d’un qui en manquait l’idée d’une religion et le respect de cette forme sociale, la plus haute de toutes. […] Un critique de haute valeur sur les traces duquel je marche en ce moment dans cette appréciation des mérites de M. […] « J’aime qu’on me fasse venir de haut », disait une grande dame (la duchesse Charles de Damas) à propos des théories spiritualistes surnaturelles de M. de Bonald, qu’elle croyait justifier par ce seul mot. On doit être digne, mais il ne faut pas toujours prétendre venir de trop haut.
La figure de ce livre, on l’a dit plus haut, c’est l’homme. […] Qu’on ne conclue pas de cette dernière ligne ― disons-le en passant ― qu’il puisse entrer dans la pensée de l’auteur d’amoindrir la haute valeur de l’enseignement historique. […] L’auteur, du reste, pour compléter ce qu’il a dit plus haut, ne voit aucune difficulté à faire entrevoir dès à présent qu’il a esquissé dans la solitude une sorte de poëme d’une certaine étendue où se réverbère le problème unique, l’Être, sous sa triple face : l’Humanité, le Mal, l’Infini ; le progressif, le relatif, l’absolu ; en ce qu’on pourrait appeler trois chants, la Légende des Siècles, la Fin de Satan, Dieu. […] L’épanouissement du genre humain de siècle en siècle, l’homme montant des ténèbres à l’idéal, la transfiguration paradisiaque de l’enfer terrestre, l’éclosion lente et suprême de la liberté, droit pour cette vie, responsabilité pour l’autre ; une espèce d’hymne religieux à mille strophes, ayant dans ses entrailles une foi profonde et sur son sommet une haute prière ; le drame de la création éclairé par le visage du créateur, voilà ce que sera, terminé, ce poëme dans son ensemble ; si Dieu, maître des existences humaines, y consent.
Et, chose extraordinaire, en même temps qu’elle conserve au plus haut degré l’empreinte d’une race particulière et séparée, elle est, par la force et la vérité des mouvements, par l’abondance de la passion, le langage qui parle le mieux au plus grand nombre des âmes humaines. […] Dans quel coin de l’univers agrandi par nos découvertes, dans quelles forêts défrichées de l’Amérique, sur quels plateaux de la haute Asie, cet hymne impérissable ne sera-t-il pas répété quelque jour ? […] Alors, ce semble, apparut l’enthousiasme lyrique dans sa plus haute expression : élévation du sujet, immensité du chœur, sublimité du langage. […] Les soins et les bonheurs apparents de la vie, les émotions même de la charité, se perdaient pour elle dans une pensée plus haute de contemplation divine. […] Ceux qui t’avaient vu se pencheront vers toi, te regarderont de haut : Est-ce là cet homme qui troublait la terre et secouait les empires, qui rendait le globe désert, qui détruisit les villes et n’ouvrit pas à ses captifs la porte de leur prison ?
Il est permis, à l’heure qu’il est, de dire son avis sur tout, franchement, vertement, d’inscrire ses restrictions incisives au piédestal de certaines idoles, de siffler des vers fescennins autour de chaque petit ou grand triomphateur ; cela est permis sans soulever contre soi dans la haute compagnie intellectuelle des amas de scandale et d’anathèmes. Il n’y a plus de haute compagnie intellectuelle ; je ne nie pas qu’il ne résulte de cette dispersion quelques désavantages. Mais, dans l’ordre de l’esprit, chacun en France est chez soi ; des choses et des oracles d’en deçà et d’au-delà du Rhin, on peut parler haut, à son aise ; qu’on parle bien, avec verve et mordant, avec vivacité toujours, avec équité s’il se peut, on est écouté ; sans être cru sur parole, on est pris en considération. […] Heine est plutôt celui d’un poète que celui de tout le monde ; il n’a pas seulement de ces traits inattendus, saisissants, courts, de ces rapports neufs et piquants qu’un mot exprime et enfonce dans la mémoire ; il a, à un haut degré, l’imagination de l’esprit, le don des comparaisons singulières, frappantes, mais prolongées, mille gerbes, à tout instant, de réminiscences colorées, d’analogies brillantes et de symboles. […] Lui et Musset sont poussés très haut.
S’il n’en était ainsi, l’homme, en s’éloignant toujours de son origine, serait devenu une sorte de monstre ; mais, par une loi de la Providence, plus il se civilise, plus il se rapproche de son premier état : il advient que la science au plus haut degré est l’ignorance, et que les arts parfaits sont la nature. […] Du haut de la tour bâtie au milieu de ces couvents, on découvre des landes de sable, d’où s’élèvent les têtes grisâtres des pyramides, ou des bornes qui marquent le chemin au voyageur. […] Mais quel lugubre son, du haut de cette tour, Descend et fait frémir les dortoirs d’alentour ? […] L’astre touchant des nuits verse du haut des cieux, Sur les tombes du cloître un jour mystérieux, Et semble y réfléchir cette douce lumière Qui des morts bienheureux doit charmer la paupière. […] Et vous, qu’un roi charmoit de ses divins accords, Cèdres du haut Liban, sur votre cime altière, Vous portiez jusqu’au ciel leur ardente prière !
Le célèbre charlatan qui se faisait appeler le comte de Cagliostro était arrivé à Strasbourg en septembre 1780, précédé d’une réputation extraordinaire pour les sciences occultes et pour les cures miraculeuses ; toute la haute société, la noblesse d’Alsace, donna le signal en sa faveur, et le cardinal de Rohan, avant de l’avoir vu, était déjà séduit. […] J’avais déjà épuisé le peu de force que se trouve l’homme qui veut contempler la nature dans son immensité, lorsque je considérai mon étroite station ; lorsque je vis que sur cet âpre rocher tout n’est pas débris, et que les feuillets hérissés du dur schiste qui le composent protègent de la verdure et des fleurs contre la froidure et les ouragans de cette haute région. […] Le coup d’œil qu’il a jeté du haut du pic du Midi sur les divers étages et les groupes des montagnes centrales, jusque-là mal démêlées dans leurs proportions respectives, a indiqué à Ramond les sommets inexplorés où il doit tendre, et c’est droit au Marboré d’abord qu’il va se diriger. […] Les vaches marchaient après les brebis, non, comme dans les Alpes, la tête haute et l’œil menaçant, mais l’air inquiet et effarouchées de tous les objets nouveaux. […] L’ouvrage de Ramond où elles se trouvent, ces Observations sur les Pyrénées parurent en 1789, c’est-à-dire au moment de la Révolution, et n’eurent pas le temps d’avoir leur succès ; venues quelques années plus tôt, elles auraient sans doute obtenu la vogue, elles auraient peut-être même déterminé un courant de l’opinion et entraîné des flots d’élégants visiteurs par-delà Campan et Bagnères, du côté des hautes vallées des Pyrénées, comme cela s’était vu dans les vallées de la Suisse et des Alpes.
Sa réputation, la haute estime qu’il inspirait, lui attirèrent l’alliance d’un certain chef numide nommé Naravase, qui était d’abord avec les révoltés, mais qui, faisant subitement défection, vint s’offrir à lui avec ses cavaliers. […] Des soldats l’avaient aperçue la nuit, sur le haut de son palais, à genoux devant les étoiles, entre les tourbillons des cassolettes allumées. […] Du haut d’une des terrasses élevées du palais, Spendius et Mâtho (mais celui-ci trop absorbé déjà pour être attentif à autre chose qu’à l’idée fixe de son amour) voient tout à coup l’aube blanchir à l’horizon, et bientôt le soleil émerger et se lever sur Carthage. […] Puis, à mesure que le ciel rose allait s’élargissant, les hautes maisons inclinées sur les pentes du terrain se haussaient, se tassaient, telles qu’un troupeau de chèvres noires qui descend des montagnes. […] On entendait dans le bois de Tanit le tambourin des courtisanes sacrées ; et, à la pointe des Mappales, les fourneaux pour cuire les cercueils d’argile commençaient à fumer. » J’admire la conscience et le pinceau du paysagiste : mais de même que Salammbô m’a rappelé Velléda, je me rappelle inévitablement ici tant de belles descriptions de l’Itinéraire, et particulièrement Athènes contemplée du haut de la citadelle au lever du soleil : « J’ai vu du haut de l’Acropolis le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette… » Le panorama de Carthage vue de la terrasse d’Hamilcar est un paysage historique de la même école, et qui accuse le même procédé ; ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pris également sur nature, du moins en ce qui est des lignes principales.
Étienne dans la haute comédie, M. […] Il faut remonter plus haut. […] Pindarum quisquis studet æmulari, murmurait tout haut le plus vieil habitué de l’orchestre. […] Repoussé de la haute scène, mais sans perte, M. […] Mais, ainsi qu’on l’a dit plus haut, il suffit que l’épingle soit bien placée et bien portée.
Il l’a comme sauvé au milieu des orages politiques de la vie active, à travers les luttes les plus vives qui aient mis un homme d’État en contradiction apparente avec son passé, tant il a laissé à tous, même à ses adversaires, le sentiment de sa droiture, de son haut désintéressement et de sa parfaite sincérité d’homme de bien ! […] — Mais nous trouverions surtout de ces exemples d’ironie prolongée et prenant l’accent d’un haut dédain, dans les discours prononcés par M. de Broglie quand il fut au pouvoir après 1830, et surtout dans les luttes de 1835. […] S’adressant aux amis du genre classique et à ceux du genre romantique, il posait avec un grand sens et avec une haute impartialité l’antagonisme et la concurrence légitime des deux genres ; il en présentait en quelque sorte la Charte, — hélas ! […] Il était arrivé à ce jour où l’on reconnaît, bon gré, mal gré (et dût-on le lendemain tâcher de l’oublier encore), que la morale humaine n’est pas ce que les sages et les nobles esprits se la font dans les spéculations de l’étude et du loisir, au haut du cap Sunium ou dans les jardins de l’Académie. […] Une haute ironie règne dans bien des passages des discours que M. de Broglie prononça à cette occasion devant la Chambre des députés.
L’Angleterre en politique a Cromwell, en philosophie Bacon, en science Newton ; trois hauts génies. […] En outre, il est plus haut comme génie. […] Le monument de la seconde ne doit pas être moins haut que le monument de la première. […] Comment vous y prendrez-vous pour faire une tour aussi haute que ce nom : Shakespeare ? […] La haute tête d’un grand homme est une clarté.
C’était l’heure de midi, l’heure où le Muézin épie le soleil sur la plus haute galerie du minaret, et chante l’heure et la prière à toutes les heures. […] C’était un dimanche ; à deux cents pas de moi, derrière les murailles épaisses et hautes de Jérusalem, j’entendais sortir par bouffées de la noire coupole du couvent grec les échos éloignés et affaiblis de l’office des vêpres. […] Je ne les décrirai point ici, mais au retour de cette journée mémorable pour un voyageur, nous nous égarâmes dans les sinuosités de rochers et dans les nombreuses et hautes vallées dont ce groupe du Liban est déchiré de toutes parts, et nous nous trouvâmes tout à coup sur le bord à pic d’une immense muraille de rochers de quelques mille pieds de profondeur, qui cernent la Vallée des Saints. […] Mais nous ne sommes pas à ces temps : le monde est jeune, car la pensée mesure encore une distance incommensurable entre l’état actuel de l’humanité et le but qu’elle peut atteindre ; la poésie aura d’ici là de nouvelles, de hautes destinées à remplir. […] La pensée politique et sociale qui travaille le monde intellectuel et qui m’a toujours fortement travaillé moi-même, m’arrache pour deux ou trois ans tout au plus aux pensées poétiques et philosophiques que j’estime à bien plus haut prix que la politique.
Tous les mois Rosny fait sa visite à l’armée à la tête de son convoi : il fait voiturer avec lui cent cinquante mille écus pour la montre ou solde ; cette vue réjouit les cœurs, « tous les capitaines et soldats criant tout haut qu’il paraissait bien maintenant que le roi avait mis en ses finances un gentilhomme d’illustre maison, qui était bon Français, bon soldat et en avait toujours fait le métier, puisqu’il servait si bien le roi et la France… ». […] Henri IV, à ce mot, l’arrête et lui dit une vérité : Ce n’est pas là où il vous tient, car je sais que vous ne manquez pas de bonne opinion de vous-même, pour aspirer encore plus haut. […] À l’occasion de ce second voyage, le roi songea à le créer duc et pair ; mais Rosny refusa alors cet honneur, « comme n’ayant pas assez de biens pour soutenir une si haute dignité en sa maison ». […] Un jour (1607), Henri IV, étant venu lui parler à l’Arsenal de quelque projet nouveau et s’étant vu désapprouver, sortit en grondant : « Voilà un homme que je ne saurais plus souffrir, dit-il tout haut ; il ne fait jamais que me contredire et trouver mauvais tout ce que je veux ; mais, par Dieu ! […] N’oublions pas qu’il y avait trente ans que Sully était sur la scène, et vingt ans qu’il figurait dans les hauts emplois : il n’est pas donné aux hommes de se renouveler à volonté et de s’éterniser. « Le temps des rois est passé, et celui des grands et princes est revenu », c’était le cri universel dans les cabales du Louvre : Sully ne pouvait en être, et il n’était pas en mesure d’en triompher.
L’opinion publique, celle du monde à la Cour et à la ville, dans la classe parlementaire, dans l’Université et dans la haute bourgeoisie, était très partagée, mais en général favorable à ceux qui avaient été frappés, et qui reparaissaient au jour. […] Le premier point s’appliquait à plus d’une personne parmi celles qui faisaient alors les sévères et qui se déclaraient le plus haut contre la morale relâchée. […] Ne le mettez pas à un si haut prix qu’ils n’aient pas de quoi l’acheter. » Bourdaloue, étudié dans le détail, offrirait le plus bel exemple de la parole chrétienne édifiante et convaincante, appliquée à tous les usages et distribuée comme le pain de chaque jour, depuis les sermons prêchés à la Cour ou sous les voûtes de Notre-Dame jusqu’aux simples exhortations pour les assemblées de charité. […] Mais il avait une trop haute idée de la parole chrétienne pour ne pas la préparer toujours à l’avance, sachant combien les termes en doivent être mesurés : il n’improvisait pas, il aimait mieux redire ses sermons, en y adaptant des portions nouvelles pour les circonstances particulières. […] Les Anglais n’ont pas cessé d’estimer Bourdaloue ; dans ce pays où l’art oratoire est sérieusement étudié et où tout est dirigé dans le sens pratique, on fait à son genre d’éloquence une place très haute, et on lui décerne, à lui en particulier, et par rapport à d’autres noms de grands orateurs, une supériorité dont nos idées françaises seraient elles-mêmes étonnées71.
Celui qui souffrait injustement ne souffre plus et il n’est pas assez haut pour qu’on parvienne à faire un drapeau avec « cette pauvre loque humaine ». […] Tu t’écries : « Je ne connais pas de pages plus hautes, plus éloquentes. […] Personne encore n’est « monté plus haut dans le respect et dans l’amour des hommes ». […] Vous condamnez de très haut toute notre société fondée sur « le mauvais principe de la subordination ». […] Il regarde de haut dans les juges qui le condamnèrent des « bourreaux mal appointés ».
Voici les pièces qui m’ont le plus frappé : le sonnet XVIII, la Beauté ; c’est pour moi une œuvre de la plus haute valeur, et puis les pièces suivantes : l’Idéal, la Géante (que je connaissais déjà) ; la pièce XXV : Avec ses vêtements ondoyants et nacrés…. […] Théophile Gautier Ce poète, que l’on cherche à faire passer pour une nature satanique, éprise du mal et de la dépravation (littérairement, bien entendu), avait l’amour et l’admiration au plus haut degré. […] Assurément, il l’eût mieux dit lui-même, avec plus de pleurs dans la voix, et je ne sais quoi de plus navré, de plus abandonné, de plus démissionnaire dans toute sa personne ; mais enfin, si ce serait un scandale, ou plutôt une espèce d’obscénité, que de voir un Baudelaire en bronze, du haut de son piédestal, continuer de mystifier les collégiens, il faut bien que quelqu’un le dise. […] … toute la Gloire eût-elle pris ton deuil, La Muse eût-elle dit ton haut panégyrique. […] Dirai-je le haut silence de tes méditations, Les soleils de septembre réchauffant ta pauvre âme, La merveille des parfums emplissant ta narine Et de vagues musiques gonflant ta poitrine Comme le vent les plis glorieux des oriflammes ?