« Notre prose, dit Lemontey, s’arrêta au point où, n’étant ni hachée ni périodique, elle devint l’instrument de la pensée le plus souple et le plus élégant. » On peut assurément préférer, comme amateur, d’autres époques de prose à celle-là ; il ne serait pas difficile d’indiquer des moments où cette prose a paru revêtir plus de grandeur ou d’ampleur, et réfléchir plus d’éclat ; mais, pour l’usage habituel et général, je ne sais rien de plus parfait, rien de plus commode ni d’un meilleur commerce que la langue de cette date.
D’ailleurs, dans son état de grandeur & de considération, elle n’eut pas été flattée en se mettant à la tête d’une espèce de parti.
Ne faudrait-il pas tenir compte, dans cette comparaison, de la taille et de la grandeur des animaux ?
pourquoi tant de misère, pourquoi tant de grandeur ?
Grâce à Raphael, au Guide, au Baroche, au Titien et à quelques autres peintres italiens, lorsque quelque femme nous offre ce caractère de noblesse, de grandeur, d’innocence et de simplicité qu’ils ont donné à leurs vierges, voyez ce qui se passe alors dans l’âme ; si le sentiment qui nous affecte n’a pas quelque chose de romanesque qui tient de l’admiration, de la tendresse et du respect, et si le respect ne dure pas encore, lors même que nous savons à n’en pouvoir douter que cette vierge est consacrée par état au culte de la Vénus publique qui se célèbre tous les soirs aux environs du Palais Royal ?
Si un homme de la hauteur de Goethe, en se faisant païen comme il le devint sur ses derniers jours, a, pour tous ceux qui ne mesurent pas la grandeur du génie à son ombre, diminué la portée comme la chaleur de ses rayons, on peut s’interroger sur ce que peut produire un système d’idées comme le matérialisme de Stendhal sur des facultés moins nombreuses, moins enflammées et moins opulentes !
Comme femme, elle a régné, de même qu’il a régné comme homme, mais lui, l’Empereur, sa grandeur et sa beauté sont arrêtées, précises, positives comme son génie ; tandis qu’elle, Madame Récamier, c’est tout ce qui est puissant aussi, mais ce qu’il est impossible d’arrêter et de préciser.
Si un homme de la hauteur de Gœthe, en se faisant païen, comme il le devint sur ses derniers jours, a, pour tous ceux qui ne mesurent pas la grandeur du génie à son ombre, diminué la portée comme la chaleur de ses rayons, on peut s’interroger sur ce que doit produire un système d’idées, comme le matérialisme de Stendhal, sur des facultés moins nombreuses, moins enflammées et moins opulentes !
Son caractère ardent est souvent inégal ; souvent il voit le but, l’atteint et le passe ; enfin, il eut dans ses idées plus d’impétuosité que de règle, et, dans plusieurs de ses sentiments, plus de grandeur que de sagesse.
Les arts du fondeur et du sculpteur restèrent chez eux dans l’enfance ; et quant à la magnificence de leurs pyramides, on peut dire que la grandeur n’est point inconciliable avec la barbarie.
Voici d’abord quelle était la disposition de l’atelier des élèves : placé immédiatement sous celui des Horaces , dont il avait les mêmes dimensions, il ne présentait de différence en grandeur que par le dessous de l’escalier en bois si bruyant, sous lequel se tenaient les plus jeunes élèves, dessinant d’après la bosse, et parmi lesquels Étienne se trouva compris. […] Mais il supportait toutes les privations qu’il s’était imposées avec un courage, une grandeur d’âme propres à faire naître des regrets chez tous ceux qui connaissaient son inaptitude aux arts. […] » demanda David, en souriant, à un gros garçon d’une jolie figure qui avait entrepris une étude de grandeur naturelle. […] Il tranchait la difficulté relativement à la composition, en disant qu’elle est théâtrale ; pour le dessin il le trouvait petit, mesquin (ce sont ses expressions), rendant les détails anatomiques avec recherche ; et enfin il condamnait le coloris, comme procédant par échantillons de couleur, et détruisant la beauté et la grandeur du ton local. […] Il était resté complétement étranger à l’ironie, si commune de son temps, et plus d’une fois, en parlant des peintures sacrées des maîtres antérieurs à Raphaël, il lui est arrivé de reconnaître que ces premiers artistes devaient aux sujets qu’ils ont traités une bonne partie de la grandeur et de la majesté qu’ils ont imprimée à leurs ouvrages.
Il y a manière de classer Montesquieu et Bernardin de Saint-Pierre, puisqu’on peut se rappeler les Provinciales à propos des Lettres persanes ; la Suite des Empires à propos de la Grandeur et de la décadence des Romains ; le Traité de l’existence de Dieu à propos des Études de la nature, et voir, par conséquent, ce qu’on perd et ce qu’on gagne. […] Ou plutôt, par un contraste bien digne de réflexion, cette idylle trouble fait penser involontairement à une autre auberge du Lion d’or, illustrée, il y a une soixantaine d’années, par le poète allemand, toute remplie, celle-là, de grandeur, de bonhomie, d’innocence, de pureté idéale, de sentiments harmonieux, où chaque incident poétique était tiré, comme ici, de la stricte réalité, et où venaient aussi se placer, à côté des figures principales, un apothicaire et un juge de petite ville, avec leurs pacifiques disputes. […] Flaubert, qui bâtit les gens d’une seule pièce et qui ne relève si soigneusement les défauts de la tenue, la graisse, le tabac, les macules jaunes, que pour savourer le contraste ironique de la réalité ainsi accommodée avec la grandeur idéale des fonctions. […] Ceux qui ont lu Doit et avoir n’ont pas oublié la jolie scène où Antoine se trouve, pour la première fois, en face de Léonore, dans le parc de Rothsattel, ni quelles émotions éveille en lui cette soudaine révélation des élégances du monde et des faciles grandeurs de la vie opulente. […] La richesse, voilà la grandeur morale, voilà le roman qui lui manquait !
Comme Descartes, il introduit dans la philosophie la notion mathématique de l’infini, et l’univers lui révèle son double, son obscur et formidable gouffre : l’infini de la grandeur d’une part, de l’autre l’infini de la petitesse. […] Cette poésie de la guerre n’était pas seulement dans les discours que le futur écrivain de Servitude et Grandeur, à peine aussi haut qu’un mousqueton, écoutait de toutes ses oreilles et de tout son esprit. […] Il en supportait les servitudes, il en devina les grandeurs, — servitudes et grandeurs qui se résolurent en une sorte de stoïcisme très personnel, très particulier, et précisément, c’est par ce stoïcisme que Vigny se trouve être un représentant admirable de ceux qui comme lui, pour des raisons de tous ordres, ont eu à souffrir de la solitude de l’âme. […] Ce gémissement du prophète que sa grandeur sépare des autres hommes, c’est le gémissement aussi de tout être emprisonné dans un incommunicable Idéal « Ah ! […] Précisément, cette grandeur et cette noblesse préservent le poète de tomber dans ce que l’on a flétri du terme moderne de « cabotinage ».
D’abord la grandeur, la richesse et la nouveauté. […] Comment contredire l’usage presque universel de toutes les littératures et mettre l’intérêt et la grandeur à l’endroit précis où elles ont ramassé le ridicule et l’odieux ? […] Leurs personnages sont des spectacles, non des modèles ; la grandeur est toujours belle, même dans le malheur et dans le crime. […] Cette abondance de pensées fait leur grandeur ; presque toujours leurs paroles valent la peine d’être méditées. […] C’est le cœur et c’est aussi la grandeur de Virgile.
la vertu est aimable. » CXXVII Il peut se faire de grandes choses de nos jours, de grandes découvertes par exemple, de grandes entreprises ; mais cela ne donne pas à notre époque de la grandeur. La grandeur est surtout dans le point de départ, dans le mobile, dans la pensée. En 89 on faisait tout pour la patrie et pour l’humanité ; sous l’Empire, on faisait tout pour la gloire : c’étaient là des sources de grandeur. […] Voici cet article du Globe, cet en-tête qui est de moi : La poésie s’est montrée empressée de célébrer la grandeur des derniers événements ; ils étaient faits pour inspirer tous ceux qui ont un cœur et une voix.
Cette règle marque la grandeur de l’esprit français ; car n’est-ce pas dans l’intérêt du genre humain qu’il s’en est imposé les difficultés redoutables, et qu’il s’y soumet ? […] Boileau a sans cesse revendiqué cette grandeur pour l’esprit français et pour notre langue ; voilà ce qui le rend et le rendra toujours populaire. […] Ni la subtilité d’Aristote, ni cette philosophie de l’art, où ce grand homme semble vouloir donner la raison de la raison, n’eussent été de mise là où il suffisait de quelques principes simples, éternels, ou plutôt de quelques-uns de ces mots qui contiennent en eux tout un ordre de vérités, raison, vrai, langue, perfection ; mots de ralliement pour l’esprit humain, aux époques où il oublie ses propres lois et perd l’idée de sa grandeur. […] Il faut qu’on sente, à un certain air de sérieux et de grandeur, que l’homme qui les a conçues a en besoin de quelque langage plus grand que l’humain.