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695. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Je suis le descendant des pages chevelus Qui, sveltes, se levaient après les vidrecomes, À la fin des repas — poètes gentilshommes Dont la couronne avait des baisers pour fleurons, Et qui, l’épée au flanc, coupe en main, fleurs aux fronts, Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines, Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines… — Et quoique le fil des beaux siècles soit rompu, J’ai gardé de leur race autant que je l’ai pu3.

696. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

Les grands Parnassiens, Coppée, Dierx, Heredia, Mallarmé, Mendès, n’ont gardé d’offrir de pareils scandales.

697. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Votre façon d’écrire est fort jolie ; Mais gardez-vous de faire de folie, Ou je saurai, ma foi, vous châtier        Comme un galant.

698. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Au reste, il faut bien se garder de confondre l’ordre avec la régularité.

699. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Il avoit jusques-là gardé l’incognito d’auteur ; mais alors il leva le masque, & publia que l’Histoire des flagellans étoit de lui, & la traduisit en françois.

700. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

Chassé du toit paternel, il garda toujours le souvenir de sa Mantoue ; mais ce n’était plus le Romain de la république, aimant son pays à la manière dure et âpre des Brutus : c’était le Romain de la monarchie d’Auguste, le rival d’Homère, et le nourrisson des Muses.

701. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

S’il n’avait le ton dur qu’avec ceux à qui il peut adresser l’injure impunément, ce serait une lâcheté dont je le crois incapable ; s’il le gardait indistinctement avec tout le monde, il ne tarderait pas à en éprouver des suites fâcheuses.

702. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

Les pères de familles desquels devaient sortir les nations païennes, ayant passé de la vie bestiale à la vie humaine, gardèrent dans l’état de nature, où il n’existait encore d’autre gouvernement que celui des dieux, leur caractère originaire de férocité et de barbarie ; et conservèrent à la formation des premières aristocraties le souverain empire qu’ils avaient eu sur leurs femmes et leurs enfants dans l’état de nature.

703. (1922) Gustave Flaubert

Les seuls rapports que les Flaubert gardent alors avec la branche champenoise, ce sont les longs séjours à Croisset de l’horloger de Nogent, Parain, qui a épousé la sœur du chirurgien. […] Flaubert gardera toujours la hantise de la matière décomposée, du glissement vers la destruction. […] Il est assez curieux qu’il ait toujours gardé cette considération pour Boileau en ayant Racine pour bête noire. […] Mais il semble que Flaubert veuille lui garder une certaine figure correcte. […] Flaubert pourtant, sentant que ce n’était pas encore l’œuvre qu’il rêvait, garda le manuscrit corrigé à côté du brouillon et passa à Salammbô.

704. (1886) Le roman russe pp. -351

Celui qui nous abaisse et mutile nos espérances peut assurément nous amuser une heure ; il ne nous gardera pas longtemps. […] Gardons-nous des jugements sommaires. […] Tout lui réussit, ses folies mêmes le gardent. […] Elle a subi le Turc, et d’un long contact avec lui elle a gardé bien des traits orientaux. […] Il ne reçoit pas les impressions pour les garder, comme les autres hommes.

705. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il a retenu de leurs dialogues ce qu’il en pouvait décemment garder, et cela me suffit. […] Elle n’avait qu’à se garder. […] Ils gardent des préjugés tout en vivant comme s’ils n’en avaient pas. […] Même, quand il offre à Théodora de lui rendre ses lettres, elle répond : « Tu peux les garder !  […] Mais il n’a pas songé à tout : il a gardé sa canne et sa bague.

706. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Mais en même temps gardons-nous bien de « chercher le symbole », puisque M.  […] Elle prétend garder son fils pour ce qu’elle appelle le « relèvement ». […] Je vais garder ma femme. […] Labiche gardait beaucoup du burlesque de Duvert et Lausanne, excluait à peu près la femme, ne sortait guère, quoi qu’on ait dit, de la farce. […] Ils se gardent même de ce paradoxe facile, que la misère est un bon stimulant du travail et de l’inspiration.

707. (1897) Aspects pp. -215

Il faut le garder sous les verrous. » Plus tard il s’informe si le prisonnier ne demande aucune grâce. […] Rodenbach, poète grisâtre et visqueux ; ses vers coaguleraient les méninges les plus résistantes si l’on ne se gardait soigneusement de les lire, M.  […] que je serais volontiers flétri, méprisé, condamné à un exil infamant, et traître et lâche pour avoir gardé la tête haute, refusé d’accepter l’humiliation !  […] Je me garderai bien de disséquer l’Hiver en méditation. […] Bien entendu, je me gardais bien d’y mettre l’ombre d’une idée.

708. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Figurez-vous, dans cet air brumeux, parmi ces frimas et ces tempêtes, dans ces marécages et ces forêts, des sauvages demi-nus, sortes de bêtes de proie, pêcheurs et chasseurs, mais surtout chasseurs d’hommes ; ce sont eux, Saxons, Angles, Jutes, Frisons aussi13, et plus tard Danois, qui au cinquième et au neuvième siècle, avec leurs épées et leurs grandes haches, prirent et gardèrent l’île de Bretagne.Pays rude et brumeux, semblable au leur, sauf pour la profondeur de sa mer et la commodité de ses côtes, qui plus tard appellera les vraies flottes et les grands navires : la verte Angleterre, ce mot ici vient d’abord aux lèvres, et dit tout. […] Ils croient qu’il y a dans les femmes « quelque chose de saint », n’en épousent qu’une, et lui gardent leur foi. […] » Si peu nombreux que soient les chants qui nous restent, ils reviennent sur ce sujet : l’homme exilé pense en rêve à son seigneur47 ; « il lui semble dans son esprit — qu’il le baise et l’embrasse,  — et qu’il pose sur ses genoux — ses mains et sa tête,  — comme jadis parfois,  — dans les anciens jours,  — lorsqu’il jouissait de ses dons. —  Alors il se réveille,  — le mortel sans amis. —  Il voit devant lui — les routes désertes,  — les oiseaux de la mer qui se baignent,  — étendant leurs ailes,  — le givre et la neige qui descendent, mêlés de grêle. —  Alors sont plus pesantes — les blessures de son cœur. »  — « Bien souvent, dit un autre, nous étions convenus tous deux — que rien ne nous séparerait,  — sauf la mort seule. —  Maintenant ceci est changé,  — et notre amitié est — comme si elle n’avait jamais été. —  Il faut que j’habite ici — bien loin de mon ami bien-aimé,  — que j’endure des inimitiés. —  On me contraint à demeurer — sous les feuillages de la forêt,  — sous le chêne, dans cette caverne souterraine. —  Froide est cette maison de terre. —  J’en suis tout lassé. —  Obscurs sont les vallons — et hautes les collines,  — triste enceinte de rameaux — couverte de ronces,  — séjour sans joie… —  Mes amis sont dans la terre. —  Ceux que j’aimais dans leur, vie,  — le tombeau les garde. —  Et moi ici avant l’aube,  — je marche seul — sous le chêne,  — parmi ces caves souterraines… —  Bien souvent ici le départ de mon seigneur — m’a accablé d’une lourde peine. » Parmi les mœurs périlleuses et le perpétuel recours aux armes, il n’y a pas ici de sentiment plus vif que l’amitié, ni de vertu plus efficace que la loyauté.Ainsi appuyée sur l’affection puissante et sur la foi gardée, toute société est saine. […] Une fois qu’il gardait l’étable pendant la nuit, il s’endormit ; un étranger lui apparut, qui lui demanda de chanter quelque chose ; et les paroles suivantes lui vinrent dans l’esprit : « À présent, nous louerons — le gardien du royaume céleste,  — et les conseils de son esprit,  — le père glorieux des hommes !  […] La puissante imagination germanique, où les visions éclatantes et obscures affluent subitement et débordent par saccades, faisait contraste avec l’esprit raisonneur dont les idées ne se rangent et ne se développent qu’en files régulières, en sorte que si le barbare, dans ses essais classiques, gardait quelque portion de ses instincts primitifs, il ne parvenait qu’à produire une sorte de monstre grotesque et affreux.

709. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Gardons-nous de le supposer ; il n’a point dissimulé les défauts de son modèle. […] Le temps était beau quoiqu’on fût déjà en plein automne ; un ciel pâle, mais limpide se montrait gaiement à travers les branches d’une rangée de tilleuls entièrement dépouillés de verdure, qui avaient encore gardé ça et là quelques dernières feuilles d’un jaune vif que le vent agitait par moment. […] … Je me gardai bien de lui apprendre une triste nouvelle… Et pourquoi lui aurais-je dit, en effet, que sa Dacha était maintenant ronde comme une boule, qu’elle vivait avec des marchands, les frères Kondatchkoff, qu’elle était couverte de fard, qu’elle criait et se disputait du matin au soir ? […] Chante comme Dieu te l’accordera. — Et il reprit l’attitude attentive qu’il avait gardée en écoutant l’entrepreneur. Après avoir gardé le silence pendant quelques instants, Iakof regarda autour de lui et se couvrit la figure avec la main.

710. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils ne sauraient garder de l’argent, et quelque fortune qui leur arrive, ils dépensent tout en très-peu de temps. […] Sa forteresse était bien gardée par des Soüanes, que son vizir y avait envoyés, et qui en étaient plus maîtres que lui-même. […] Zampi que le jour précédent, de nuit, on avait enfoncé la porte de son église, pris ce qui y était, ouvert le sépulcre qui était dedans et emporté tout ce qu’un père théatin, demeuré au logis pour le garder, comme on a dit, avait enfermé dans ce tombeau ; qu’on avait fouillé partout, et qu’il ne restait rien d’entier que la muraille. […] Entre les chevaux et le balustre, on voyait quatre fontaines hautes de trois pieds et grosses à proportion, tout comme celles dont on se sert à Paris à garder l’eau dans les maisons. […] J’en demandai le sujet à un seigneur qui était là présent. « C’est par grandeur, me répondit-il, et pour garder davantage le respect de la majesté royale ; et puis, ajouta-t-il en riant, on se souvient de ce qu’un de ses compatriotes fit à une célèbre audience qu’il eut du feu roi. » Je demandai aussitôt ce que c’était.

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