L’idée nous viendra de fabriquer un briquet de fortune. […] Les oiseaux, à qui manquent les matériaux ordinaires de leurs nids, se servent de matériaux de fortune, leur instinct de nidification n’est aucunement aveugle.
Qu’on se figure un vieillard dont l’esprit avait embrassé tant de choses, et presque toujours avec succès, jouissant tranquillement de toute sa renommée ; revenu des idées imprudentes de sa jeunesse ; rappelant une nouvelle génération au bon goût et au sentiment de l’ordre et des convenances, dont il avait vu les derniers restes ; maître d’une grande fortune acquise sans cupidité, et consacrée par des bienfaits environné des hommages de l’Europe, dont l’élite venait visiter sa retraite : voilà le rôle que Voltaire aurait pu jouer. […] La théorie de cette circulation de la fortune publique et particulière fut ingénieusement et clairement établie ; elle obtint un succès extraordinaire.
L’on a vu qu’il aimait les voyages ; et puis le séjour américain ne lui était plus agréable ; enfin, il comptait, chemin faisant, réaliser une fortune qui suffît à l’arriéré, voire à l’avenir. […] On sait comment cette fortune singulière lui advint.
En un mot, on jouissait, sans en voir les ressorts, de l’habile ménagement d’une grande fortune.
Je fuirai sans avoir, sur les monts de la lune, Cherché parmi les rocs des coquillages morts, Et, poursuivant son vol pesant et sa fortune, L’astre s’éloignera jaloux de ses trésors.
Le vrai loisir ne doit manquer habituellement que dans la classe qui s’en croit spécialement douée ; car, à raison même de sa fortune et de sa position, elle reste communément préoccupée d’actives inquiétudes, qui ne comportent presque jamais un véritable calme, intellectuel et moral.
« Il faut donc ajuster ces paroles complexes, comme des blocs irréguliers, spéculant sur les chances et les surprises que les arrangements de cette sorte nous réservent, et donner le nom de poètes à ceux que la fortune favorise dans ce travail. » Le poète, dont la fonction est de créer, et, d’une façon générale, tout artiste, tout, inventeur n’ont pas à s’occuper de ce qui est, puisque ce qui est n’est plus à faire, et que leur fonction consiste à faire.
Cette idée de Leibniz a fait fortune. […] Depuis lui, cette doctrine a fait fortune.
Une intrigue politique fait perdre au père du héros du roman ses dignités et sa fortune, tandis que la même aventure arrive à la famille de la princesse, et les deux fiancés se perdent de vue. […] Le Japon est le pays où le masque d’Okamé, la déesse de la grosse joie, figure dans le vestibule de toutes les habitations : où le proverbe : « Le sourire est la source du bonheur et de la fortune » est à l’état d’axiome ; où l’on n’entend jamais pleurer un enfant ; où la femme est la seule femme de l’Orient qui ait une nature rieuse ; où la bataille de la vie n’est pas âpre ; où, dans ce pays de gais paysages et de ciel bleu, la mélancolie ne semble pas exister ; enfin où les atteintes prolongées de chagrins chez les peuples septentrionaux ne sont que momentanées.
En effet, à toutes les époques de l’histoire de l’art, voyez, c’est cette même lutte, avec des fortunes diverses, entre ces deux mêmes esthétiques rivales, la naturaliste et l’idéiste, l’une, professant que l’extériorité des choses est, en elle-même, intéressante et suffisante à l’œuvre d’art ; l’autre, l’idéiste, niant, au contraire, cela et ne voulant considérer les formes matérielles que comme les lettres d’un mystérieux alphabet naturel servant à écrire les idées, seules importantes, puisque l’art n’est qu’une matérialisation spontanée et harmonieuse des idées… Le dix-neuvième siècle, lui, a vu le persistant triomphe de la première de ces deux conceptions d’art : il a été presque exclusivement réaliste, si l’on entend par réalisme : la constante préoccupation de la forme matérielle et l’insouci des idées.
Par testament, il lègue sa fortune, assez jolie, au premier prêtre qui, pour l’avoir, se défroquera. […] Il rencontre une fille et, pour l’amour de cette fille, perd son temps, sa fortune, sa dignité, tombe dans la pire abjection.
Veux-tu l’aimer, la soutenir, l’honorer, la garder dans la maladie et dans la santé… dans la bonne et la mauvaise fortune, dans la richesse et dans la pauvreté… et renonçant à toute autre, te garder à elle seule aussi longtemps que vous vivrez tous les deux352 ?
Mais à sa médiocre fortune une place de professeur apportait le complément et l’assiette nécessaire.
Résolu et viril, tu as tenté de dompter ton peuple injuste ; puis, chassé du beau bercail, tu as mendié ta vie morceau à morceau, exposé aux coups de la fortune par les quatre points cardinaux, et ta valeur s’est accrue par ton infortune, et ton vers a pu mieux décrire, de la cime aux fondements, l’univers entier. […] Le père d’Ernest est mort depuis quelques mois, et la plus grande partie de sa fortune passe entre les mains du frère aîné d’Ernest ; mais notre héros, grâce au testament d’un parent éloigné, possède cent mille livres de rente. […] C’est un riche parti, toute la ville de Lyon connaît sa fortune ; mais il n’a plus de blason, et Pauline, fidèle aux leçons de sa mère, a résolu de n’épouser qu’un homme revêtu d’un titre éclatant.
On exploite contre lui le spirituel et célèbre mot : « Je suivrai le bon parti jusques au feu, mais exclusivement si je puis. » Le docteur Armaingaud remarque d’abord qu’on a coutume d’oublier le si je puis, et ce qui suit : « Que Montaigne s’engouffre quant et la ruine publique, si besoin est ; mais s’il n’est pas besoin, je saurai bon gré à la fortune qu’il se sauve. » D’où résulte, malgré le ton badin, qu’il sacrifierait sa maison pour son pays s’il le fallait : peut-on lui en vouloir de souhaiter que ce ne soit pas nécessaire ? […] Soudain Frédéric, qui s’était cru perdu, rétablit sa fortune par le coup d’éclat de Rosbach.
Ce fut l’unique occasion où j’eus la fortune de rencontrer un homme très remarquable dont l’influence sur la vie du grand poète anglais s’exerça plus en profondeur que celle de n’importe quel homme de lettres, mais dont l’œuvre et même le nom étaient à peine connus dans notre pays ». […] Et, à la place de tout ce qu’il rejette, dans Le Désert de l’amour Mauriac instaure comme une nouvelle catégorie de la profondeur, la profondeur en pleine course : vérités englouties, par fortune oubliées, et qu’une lame de fond ramène ; de ces vérités incurables au même titre que des maladies, et qui d’un bout à l’autre du livre — comme au corps défendant de l’auteur, et parfois sur un mode si pathétiquement interrogatif, — telles des suppliantes abîmées dans leur déploration — soulèvent un moment leurs voiles94.