Daunou, qui a composé sur La Harpe un morceau excellent, mais au point de vue strictement classique, se rabat à citer de lui, comme chef d’œuvre dans le genre lyrique, une petite romance fort connue de nos mères : Ô ma tendre musette ! […] Ses articles nous semblent assez froids aujourd’hui ; mais les plaignants et les blessés appelaient cela des satires pleines de fiel, et si on le lui reprochait, comme l’honnête Dorat le fit un jour, il répondait naïvement : « Je ne puis m’en empêcher, cela est plus fort que moi. » Voilà le critique, celui à qui Voltaire n’avait pas besoin de crier Macte animo , comme il fit tant de fois, celui dont il a eu tort de dire que « son courage était égal à son génie », mais égal, et même supérieur à son goût, c’est ce qu’il eût fallu dire. […] Sur l’Antiquité, il ne fait que courir sans doute, il est léger ; pour un homme aussi instruit et dont c’est le métier de l’être, il a des ignorances singulières et des oublis ; il n’en a pas de moins fortes et de moins frappantes à nos yeux sur les époques intermédiaires qu’il franchit rapidement, et où son auditoire ne lui demandait du reste que des esquisses, très suffisantes alors.
Il dit du mal de la Cour et nous en déduit le fort et le faible, mais il a la bonne foi d’en avouer tout l’attrait : Il faut cependant avouer qu’il est difficile de quitter ce pays-là quand on y a passé une partie de la vie ; et, malgré tous les vices et les défauts que j’y ai remarqués, il y a un petit nombre d’hommes et de femmes avec qui on peut passer agréablement sa vie, et mieux qu’ailleurs, par la difficulté de les assembler. […] Mais le naturel est plus fort : d’Antin n’en tire qu’un motif de plus de s’attacher, s’il se peut, davantage au roi par une assiduité dont on ne citerait « que peu d’exemples ». […] On l’a fort accusé d’avoir fait ses affaires dans les opérations de Law.
Disons vite que l’intention du gouvernement d’alors ne paraît jamais avoir été que l’arrêt de mort fût exécuté : le baron de Damas, devenu à ce moment ministre de la Guerre, croyait pouvoir répondre de la grâce et de la clémence du roi ; mais c’était une grâce, et Carrel, fort de la capitulation et des paroles données, croyait pouvoir réclamer pour lui et pour ses compagnons de fortune un droit. […] Cette sérénité trop passagère, cette liberté d’allure, dont il fit preuve quelque temps au milieu des luttes de chaque jour, s’altéra de nouveau en lui vers la fin, quand les difficultés de la situation devinrent plus fortes et que les gênes de toutes parts recommencèrent. […] Je veux m’expliquer plus clairement : si un véritable homme de lettres, bien simple, bien modeste, bien consciencieux, mais étranger à l’action, mais ne sachant ni payer de sa personne, ni représenter en Cour des pairs ou en cour d’assises, ni tenir tête aux assaillants de tout genre et de tout bord, ni dessiner sa poitrine avec cette noblesse dans le danger, avait écrit du fond de son cabinet la plupart des choses excellentes que Carrel a écrites (j’entends excellentes, littérairement parlant), il ne passerait, selon moi, que pour un bon, un estimable, un ferme, un habile et véhément écrivain ; mais il n’eût jamais excité les transports et les ardeurs qui accueillirent les articles de Carrel : c’est qu’avec lui, en lisant et en jugeant l’écrivain, on songeait toujours à l’homme qu’on avait là en présence ou en espérance, à cette individualité forte, tenace, concentrée, courageuse, de laquelle on attendait beaucoup.
Ayant été amenée un jour à les montrer à un père Ferrier33 de Chambéry, ce docte personnage fort versé aux choses de l’esprit en fut très frappé, et pressa l’évêque de Genève de les publier. […] Dégageons donc les gentillesses et les fleurs pour arriver jusqu’à cette âme si doucement ardente et forte, et à ce caractère si ferme, bien que revêtu de suavité. […] Ceux qui ont pu se permettre quelque vaine et froide raillerie sur la liaison du saint évêque et de cette forte et vertueuse femme, n’avaient pas lu, j’aime à le croire, cette pièce qui est la 121e des Lettres de Mme de Chantal35.
Toute peine est la tension forte d’une représentation plus contrariée que favorisée ; tout plaisir est la tension douce d’une représentation plus favorisée que contrariée. […] Il n’en résulte pas qu’à l’origine le plaisir et la douleur n’aient pas été antérieurs à tout le système télégraphique, fort compliqué, qui produit aujourd’hui ces sensations rapides ; le caractère affectif de ces sensations ne se révèle qu’ensuite, par leur retentissement général et leurs conséquences finales. […] Richet, « la douleur est la perception d’une excitation forte », elle est « une fonction intellectuelle », parce qu’elle est d’autant plus développée que l’intelligence elle-même est plus développée.
. — « Il n’est personne au monde qui ne trouve plus fort que soi » (Hâbleurs bambara et divers analogues signalés plus haut) […] Les deux intimes), du lionceau tuant sa mère pour venger celle de son ami, de Bassirou oubliant qu’Ismaïla a tué le fils d’un ami par rage de voir la mère de celui-ci résister à sa convoitise (Bassirou et Ismaïla), de ce peuhl qui, pour sauver son ami mourant de désir, lui cède sa propre femme120, tout cela montre que la fraternité d’élection inspire des sentiments aussi forts pour le moins que la fraternité du sang. […] Certains captifs ont cependant une très forte affection pour leurs maîtres puisqu’ils mettent le souci de l’honneur de ceux-ci au-dessus du désir de leur plaire.
Il entrevit ces principes étouffés tour à tour par l’ignorance et par l’orgueil, qu’il n’y a ni législation, ni politique sans lumières ; que ceux qui éclairent l’humanité, sont les bienfaiteurs des rois comme des peuples ; que l’autorité de ceux qui commandent n’est jamais plus forte que lorsqu’elle est unie à l’autorité de ceux qui pensent ; que le défaut de lumière, en obscurcissant tout, a quelquefois rendu tous les droits douteux, et même les plus sacrés, ceux des souverains ; qu’un peuple ignorant devient nécessairement ou un peuple vil et sans ressort, destiné à être la proie du premier qui daignera le vaincre ; ou un peuple inquiet et d’une activité féroce ; que des esclaves qui servent un bandeau sur les yeux, en sont bien plus terribles, si leur main vient à s’armer, et frappe au hasard ; qu’enfin, tous les princes qui avant lui avaient obtenu l’estime de leur siècle et les regards de la postérité, depuis Alexandre jusqu’à Charlemagne, depuis Auguste jusqu’à Tamerlan, né Tartare et fondateur d’une académie à Samarcande, tous dédaignant une gloire vile et distribuée par des esclaves ignorants, avaient voulu avoir pour témoins de leurs actions des hommes de génie, et relever partout la gloire du trône par celle des arts. […] L’esclave même veut donner de la dignité à ses fers ; à plus forte raison le sujet libre, et qui obéit aux lois sous un monarque. […] On connaît de lui ce mot employé dans une de nos plus belles tragédies : « Ta religion t’a ordonné de m’assassiner ; la mienne m’ordonne de te pardonner et de te plaindre. » Ce mot, dont on se souvient, est fort au-dessus d’une oraison funèbre qu’on oublie.
Là même, vous le savez, une émotion poétique, plus forte que son abstraite doctrine, le ramène aux crédulités du culte national. […] Ce qui manquait si fort, nous le voyons, au premier grand poëte de Rome, ce qui glaçait pour lui l’enthousiasme lyrique, pouvons-nous le trouver dans d’autres génies du même temps, nourris au milieu des mêmes corruptions, et n’ayant pas peut-être cette mélancolie mêlée de pitié qui rend si éloquent même le scepticisme de Lucrèce ? […] Ici, soit que l’hommage s’adresse à Manlius et à Julia, ou à d’autres grands noms de la noblesse romaine, on entend aussitôt la voix du chœur de jeunes hommes, auquel répond un chœur de jeunes filles : « L’étoile du soir approche, ô jeunes gens ; l’étoile du soir, dans l’Olympe, achève à peine de montrer sa lumière si fort attendue.
Quel est le mauvais auteur d’un mauvais livre ou d’un mauvais drame qui ne se place fort au-dessus de son critique ? […] Selon lui, le glaive brisera le glaive et l’amour sera plus fort que la guerre. […] Mais la routine est si forte que le moindre détail familièrement moderne, qu’on accepte très bien en prose, choque en poésie. […] En résumé, c’est une intelligence assez forte pour n’être pas dupe de son cœur. […] À leur suite, et sans ordre de rangs, Ponsard doué de l’heureux privilège d’arriver toujours à propos dans les moments de crise littéraire, fort de la probité de son travail, fort de son inspiration qui lui vient de lui-même, sans trouble et sans hésitation comme M.
Son génie impérieux et fort voudra intervenir dans ses pensées et nous livrer ses confidences à travers les aveux de Chactas, d’Eudore, de René. […] C’est un agrandissement de proportions, mais qui est permis au poète à plus forte raison, puisque l’humanité ne fait pas autre chose. […] Il semble à plus forte raison que l’Évangile se dérobe à l’émulation du poète, car il la défie par son inimitable simplicité. […] Un enthousiasme sincère les possède ils trouvent des lumières soudaines au plus fort de la mêlée. […] Nous devons mettre à part une fort belle pièce, l’Occident, qui sort entièrement de la manière de Lamartine.
Je les aime, arrêtées mélancoliques au bord des flots, dans des marines tristes, puis rebondissant dans des marines gaies, mais sans explication, surtout, sans préface trop savante, car moins une femme s’explique et plus elle est vraiment forte.
Esther, macérée dans les aromates, lui est plus proche qu’Hélène, fille de Léda et du cygne, et l’implacable soleil, le Baal dévorateur, plutôt qu’Apollon ou le pâle Galiléen, recevra son hommage orgueilleux, en versets d’une belle et forte langue.
Édouard Fournier Quand parurent dans les recueils, dans les keepsakes de 1827 à 1829, des vers d’une fort belle allure et d’un grand sentiment, signés Jean Polonius , le monde des poètes fut assez vivement surpris.
Cet exemple nous prouve encore que Poésie et Poétique sont deux objets fort différents.
On ne lit plus ses Tragédies, ni ses Comédies, ni ses Tragi-Comédies, ni ses Romans : on se souvient seulement que l’agrément de son esprit l’introduisit fort avant dans la familiarité du Cardinal de Richelieu.
Il étoit fort lié avec Voiture, Scarron, Sarrasin, avec la fameuse Ninon, & quelques autres, d’une société pleine de gaieté & d’agrémens, ce qui ne contribue pas peu à animer un esprit naturellement agréable & facile.