Cet abîme se retrouve sous plus d’une forme chez plusieurs. […] — L…, dans le Moniteur (28 avril 1862), loue Saint-Marc Girardin de sa « forme brillante et chaleureuse. » C’est un contre-sens. […] Il y a des habitudes et des formes que M. de Vigny était plus à même que personne de connaître. […] Louons donc le talent, mais sachons ce qu’était l’homme dans sa dernière forme. […] Les quelques vers que j’avais faits étaient de sentiment tout intime, avec des inexpériences de forme et de style.
Chenavard est incapable de nier tout le bénéfice que la paresse tire du procédé qui consiste à exprimer la forme d’un objet sans la lumière diversement colorée qui s’attache à chacune de ses molécules ; seulement il prétend que ce sacrifice est glorieux et utile, et que la forme et l’idée y gagnent également. […] Mais la silhouette générale des formes est souvent ici difficile à saisir. […] La langueur de ces formes menues quoique grandes, l’élégance paradoxale de ces membres est bien le fait d’un auteur moderne. […] La première forme que la Gaule revêt dans votre esprit est celle d’une personne de grande allure, libre, puissante, de forme robuste et dégagée, la fille bien découplée des forêts, la femme sauvage et guerrière, dont la voix était écoutée dans les conseils de la patrie. […] Voulez-vous contempler encore une fois, mais sous une autre forme, le contraire de la sculpture ?
Je consens que la forme en soit souvent déclamatoire, et parfois même l’inspiration haineuse. […] L’œuvre forme un anneau de la chaîne des temps. […] L’origine, et la fin, et les formes de l’être ? […] Immobilisées de bonne heure dans des formes rigides, assez semblables à celles, nous dit encore M. […] En vérité, j’aimerais autant qu’il prétendit nous montrer dans le mariage une forme atténuée de la débauche ou de la luxure.
. — Différence entre la forme d’esprit de l’âge artistique et la forme d’esprit de l’âge classique. — Procédés de Dryden. — La diction soutenue et oratoire. […] La forme, qui n’est plus inventée ni spontanée, mais imitée et transmise, survit à l’esprit passé qui l’a faite, et contredit l’esprit présent qui la défait. […] Tel est en effet le public qui l’écoute, incertain entre deux formes de pensées, nourri de deux civilisations contraires. […] Il a les goûts et les faiblesses qui conviennent à sa forme d’intelligence. […] Les vérités générales atteignent la forme définitive qui les transmet à l’avenir et les propage dans le genre humain.
L’œil humain a-t-il jamais embrassé forme plus parfaite ? […] Lune aux mille formes ! […] Qu’elle est belle et bienfaisante sous cette noble forme ! […] C’est sous sa forme sidérale qu’elle aime Endymion. […] Elle s’en dégage d’abord sous la forme monstrueuse d’une idole.
Depuis lui, Helvétius, Volney, Cabanis, l’ont abordée, sinon expressément, du moins en diverses parties de leurs ouvrages : en de telles mains, la question s’est éclaircie ; réduite à ses véritables formes, elle a été résolue du moins dans son ensemble, et de nos jours on est d’accord sur le mode d’influence générale des climats. […] Le style est en harmonie avec les choses ; il ne manque pas d’images, mais on pourrait lui reprocher parfois des formes un peu abstraites et une allure trop métaphysique.
La forme de cette comédie élégante m’a donné beaucoup à penser sur ce que c’est que le Romantisme, et le fond m’a donné beaucoup à penser sur ce que c’est que l’Amour. […] Lisant beaucoup, connaissant tout, lettré jusqu’aux ongles, Vacquerie était, en même temps qu’un curieux d’art et un passionné de lettres, un travailleur infatigable, admirable… Toute cette existence fut un exemple… Les lettres françaises garderont, en leur histoire, une place glorieuse à ce disciple qui fut un maître, à ce poète qui, pour avoir marché dans le sillon du grand remueur de mots, de formes et de rythmes de ce siècle et de tous les siècles, n’en a pas moins fait sa gerbe, lui aussi !
Dans aucun temps, dans aucun pays, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, jamais la liberté de penser n’a été plus grande qu’en France au temps de sa monarchie. […] Le Français n’a jamais ployé servilement sous le joug ; il s’est toujours dédommagé, par l’indépendance de son opinion, de la contrainte que les formes monarchiques lui imposaient.
Cet homme est admirable, pour nous avoir présenté, sous vingt-cinq formes, une même méthode de raisonner et de comprendre. […] Et nous le remercions, parce qu’il nous a appris, grâce à cette méthode et grâce à son enthousiasme contagieux, à aimer toutes les formes de l’intelligence humaine.
Pour élucider ce point, une courte digression sur la perception externe est nécessaire : Les faits ou états de conscience forment une succession continue ; leur totalité, c’est nous-même ; ce qui est hors de la conscience étant comme s’il n’était pas, je suis la totalité des choses ; elle forme une série successive qui ne se distingue pas de la série de mes états, et elle est par là soumise, sans exception et avant tout, à la forme du temps. […] Les états ainsi reliés sont les états purement successifs ou ceux qui, comme les images visuelles du souvenir, tout en avant la forme de l’espace, reçoivent expressément du jugement de reconnaissance la forme du temps [§ 9]. […] Le mot intérieur est pourtant, dans le groupe qu’il forme avec l’idée, l’élément le plus fort et le plus distinct [ch. […] Nous aurons plus d’une fois l’occasion de revenir sur ces deux formes et ces deux effets de l’habitude ; [voir surtout, ch. […] [Quant à la forme littéraire, cette réflexion sur la présence éventuelle de « formules de paix » à usage personnel dans la parole intérieure peut se prolonger par exemple, dans le leitmotiv shakespearien qui traverse le roman de V.
Je l’aime d’abord à cause de sa pieuse sympathie pour les déshérités et parce qu’il fut l’apôtre de la liberté sous toutes ses formes. […] Nul n’eut dans sa forme plus de couleur, dans sa pensée plus de délicatesse et dans sa vie, si prématurément fauchée, plus d’heureuse harmonie. […] Poète sincère et spontané, inventeur d’une forme exquise, en des vers musicaux, nuancés et fluides, il dit sa foi ingénue, son amour inquiet, sa saignante douleur. […] L’enseignement de Baudelaire persiste, par une continuelle répercussion de sa pensée et la puissance de la forme stricte qui l’impose aux méditations. […] — La forme de votre question est peut-être un peu absolue.
Au lieu de signaler dans Lélia la véritable donnée génératrice, la pensée mi-partie saint-simonienne et mi-partie byronienne, au lieu d’y relever le côté original et senti, d’y blâmer le côté rebattu et déclamatoire, au lieu de saisir la filiation étroite de cette œuvre avec les précédentes de l’auteur, et d’apprécier cette Lélia au sein de marbre comme une sorte d’héroïne vengeresse de la pauvre Indiana, on a chicané sur une question de forme et d’école, on a reproché à l’écrivain l’abus du genre intime, comme s’il y avait le moindre rapport entre le genre intime et le ton presque partout dithyrambique, grandiose, symbolique ainsi qu’on l’a dit, et même par moments apocalyptique de ce poëme. […] Comme la donnée première de Lélia est tout à fait réelle et a ses analogues dans la société où nous vivons, j’ai eu peine à ne pas regretter, malgré l’éclat prestigieux de cette forme nouvelle, que l’auteur ne se fût pas renfermé dans les limites du roman vraisemblable. […] J’irai même jusqu’à reprocher à ce style ses formes trop savantes, trop arrêtées, qui n’ont jamais de défaillances gracieuses, de négligences irrégulières, comme Jean-Jacques ne se les permettait pas, comme Mme de Sévigné et tant d’écrivains du grand siècle en offrent délicieusement.
Mais un article du Quarlerly Review, reproduit par la Revue britannique avec une certaine emphase et des réserves qui sont un peu là pour la forme (car elle-même a souvent exprimé pour son compte des opinions analogues), intente contre toute notre littérature actuelle un procès criminel dans de tels termes, qu’il est impossible aux gens d’humble sens et de goût, dont notre pays n’a pas jusqu’ici manqué, de taire l’impression qu’ils reçoivent de semblables diatribes importées de l’étranger, lorsque toutes les distinctions à faire, toutes les proportions à noter entre les talents et les œuvres, sont bouleversées et confondues dans un flot d’injures que l’encre du traducteur épaissit encore. […] Or, depuis qu’il y a des sociétés civilisées, des littératures polies, ces littératures, soit sur le théâtre, soit dans les poésies lyriques, soit dans les autres genres d’imagination, ont vécu sur des exceptions pathétiques, passionnées, criminelles souvent, sur des amours, des séductions, des faiblesses, et les œuvres qu’on admire le plus parmi les hommes sont celles qui ont triomphé dans la forme et l’expression, dans un certain charme qui y respire, dans une certaine moralité qui résulte autant de la beauté de la production que de la conclusion expresse, ou qui même est quelquefois en sens contraire de cette conclusion littérale qu’on y pourrait voir. […] Au reste, un seul ouvrage où un sentiment vrai, une situation touchante, une idée digne d’être méditée, apparaîtraient sous des formes qui auraient attrait et fraîcheur, servirait plus la cause du goût et de la morale délicate que toutes ces discussions et récriminations stériles que, pour cette raison, nous nous hâtons de clore.
Si cette forme de l’art s’est uniquement produite en Italie, c’est que les Italiens ont porté plus loin que tout autre peuple le talent du mime et de l’acteur. […] En résumé, la commedia dell’arte se retrouve partout sous sa forme première ; comme tous les arts, elle a sa période instinctive. […] Il nous paraît bien représenter le type dans son caractère général : il a dans son vêtement l’ampleur que Pierrot a conservée jusqu’à nos jours ; il porte le sabre de bois qui resta propre à Arlequin ; il est coiffé du chapeau souple, susceptible de revêtir les formes les plus étranges, rendu célèbre notamment par le fameux pitre Tabarin.
Pourquoi donc envelopper d’une désignation vague et collective ces créations, qui, pour être toutes animées de la même âme, la vérité, n’en sont pas moins dissemblables et souvent contraires dans leurs formes, dans leurs éléments et dans leurs natures ? […] Le goût, qui n’est autre chose que l’autorité en littérature, leur a enseigné que leurs ouvrages, vrais pour le fond, devaient être également vrais dans la forme ; sous ce rapport, ils ont fait faire un pas à la poésie. […] Ils auraient pu sans doute se borner à étudier les formes pures des divinités grecques, sans leur emprunter leurs attributs païens.
Ce professeur passerait ensuite à l’éclaircissement des faits les plus importants de l’Église, s’occupant particulièrement de celle des premiers siècles, et faisant remarquer à ses auditeurs la perpétuité de la foi, la chaîne de la tradition et du ministère, la forme ancienne du gouvernement ecclésiastique, ses vicissitudes, sa forme actuelle, la naissance des hérésies, l’origine des abus, le relâchement de la discipline, etc. […] C’est à l’archevêque Platon à revoir toute cette partie de l’éducation publique, c’est à lui à en concilier la forme et l’objet avec les usages, les lois, les mœurs et les besoins de l’empire de Russie, et c’est à Sa Majesté Impériale à rectifier ce qu’un zèle de profession, qui domine secrètement les hommes les plus instruits et les mieux intentionnés, pourrait suggérer de dangereux ou d’irrégulier à l’archevêque Platon.