Le lit d’angle se décorait de rideaux fripés d’andrinople, noirs, semés de fleurs rouges. […] Sur les murs, des estampes et des lithographies : un portrait du poète enfant ; celui de sa mère en jupe à volants, dans l’épanouissement de la trentaine ; un Christ, peint par Germain Nouveau, d’après l’original de l’église de Saint-Géry d’Arras et, dans l’alcôve, une image ancienne, épave du luxe d’antan : une jeune fille de Greuze, pressant une tourterelle sur son sein nu ; mais ni ces enjolivures ni les fleurs en pots de la fenêtre n’arrivaient à masquer la détresse du logis.
Et enfin, comment nos aînés voici quinze ou vingt ans reçurent-ils des mains des derniers Parnassiens, le vers encore si plein naguère, si puissant et si varié de la grande Légende, des Poèmes Barbares, des Fleurs du Mal, en quel état ? […] Empiriste d’abord, le roman des Goncourt qui fut, qui plus qu’il ne fut encore, voulut être une notation successive d’instants, une sorte de cinématographe littéraire, et dont le souci d’art réel resta extérieur, à fleur de peau, tout pittoresque.
Toutes ces inventions de ragoût pour rendre plus piquant un récit de voyage, pour augmenter l’établissement du lecteur, cette large fleur bête de la flatterie étonnée que les voyageurs aiment à cueillir à leur retour, toutes ces misères de l’esprit ou de l’amour-propre, qu’elles soient des duperies ou qu’elles soient des combinaisons, ne se rencontrent point dans cette relation colorée et nuancée comme la vie, mais pas davantage ! […] on en conviendra, jamais serre chaude de civilisation avancée n’a produit de fleurs d’un parfum plus concentré et plus pénétrant.
Malgré plusieurs détails naturels et primesautiers de ce roman, qui sont comme les points pourpres de la rose future, la fleur d’un génie en bouton encore, Werther est un livre faux et platement bourgeois. […] Il la perdit avant la jeunesse : fleur d’onze heures, à midi passée !
Triste fleur d’hiver, elle avorta, ne s’épanouit jamais. — (Ne reconnaissez-vous pas Michelet, même dans le tour de la phrase ?) […] De partout, elle effaça ses armes, les fleurs de lys de sa maison.
L’œil à fleur de tête de l’auteur du Demi-Monde voit mieux son sujet que l’œil trouble de cet ivrogne de Planche, infiltré de madère. […] C’est elle-même, cette fleur de dix-sept ans et du mal, dirait Baudelaire, qui, dans cette auberge pleine, descend le matin, tire les verrous et se jette à Desgrieux qui l’enlève !
On assiégeait le pavillon des fleurs. […] Elle mettait à vendre ses fleurs tant de sérieux, d’à-propos et de séduction naturelle, qu’il paraissait à chacun qu’en obtenant d’elle une fleur, il obtenait une faveur particulière. […] Elle leur souriait pour les retenir ; mais elle s’aperçut tout à coup que les fleurs manquaient. […] C’est à qui aura de ces fleurs. […] On se ruine autour d’elle à payer ces fleurs encore tièdes et un peu fanées.
Ce sont, à coup sûr, les plus belles horreurs littéraires qu’on ait écrites depuis les Fleurs du mal de Baudelaire.
Stuart Merrill Des Pæans et des Thrènes aux Chevaleries sentimentales, la route est longue et bellement bordée des plus rares fleurs de la poésie.
Si le caprice le prend de modeler en biscuit ou en porcelaine de Saxe un berger et une bergère rococo enguirlandés de fleurs, certes il ne se gêne pas.
C’est bien le recueil d’un ramageur de ballades à la cour des Papes en Avignon, ou d’un ménestrel du royaume d’Arles, au temps de la comtesse de Die : cela chante, chatoie, frissonne et flamboie comme une étoffe de soie moirée de jadis, avec des cliquetis de joaillerie et une belle envolée d’oriflammes ; cela jase comme un jet d’eau, babille comme une mandoline et embaume comme une fleur : marjolaine et pimprenelle ; c’est à la fois sauvage, élégant et précieux, et c’est bien en mai neigeux d’amandiers ou en juin de flamme qu’il faut feuilleter, à l’heure de la sieste, avec la mer ensoleillée apparue entre les lamelles des persiennes closes, ces jolis lais et virelais qui fleurent la ruine, le thym, le passé et la brise du large… [Le Journal (8 juin 1897).]
Là, commencent à paraître les mousses, les plantes grimpantes, et les fleurs saxatiles.
On ne regarde pas aussi long-tems un panier de fleurs de Baptiste, ni une fête de village de Teniers, qu’un des sept sacremens du Poussin, ou une autre composition historique, executée avec autant d’habileté, que Baptiste et Teniers en font voir dans leur execution.
« Lorsque je ferme les yeux, dit-il, et que je baisse un peu la tête, je fais apparaître une fleur au milieu du champ de la vision ; cette fleur ne conserve pas sa première forme, elle s’ouvre, et de son intérieur sortent de nouvelles fleurs, formées de feuilles colorées et quelquefois vertes. Ces fleurs ne sont pas naturelles, mais fantastiques, quoique symétriques comme des rosettes de sculpteur. Je ne puis fixer une forme, mais le développement de nouvelles fleurs continue aussi longtemps que je le désire, sans variation dans la rapidité des changements.
Dix étalons superbes, magnifiquement caparaçonnés, la fleur des plaines Nizéennes, précédaient le char d’Ormuzd, traîné par huit chevaux blancs. […] Leurs types se résument dans ce roi de Ninive qu’une fresque assyrienne nous montre respirant longuement, les paupières closes, une fleur de lotus, tandis qu’un scribe accroupi numérote des têtes coupées au seuil de son trône. — Plus tard Xerxès, dans une vallée de la Grèce, devint amoureux d’un platane à l’ombre duquel il avait dormi. […] Trois cents hoplites, fleur guerrière de Lacédémone, formaient l’avant-garde, trois mille confédérés les suivaient, la plupart suspects ou irrésolus. […] Il y a toujours une fleur à cueillir sur un champ de bataille grec. […] La Grèce, se sentant à la fleur de l’âge, pleine de sève et de vie, prenait pour patronne l’immortelle Jeunesse.
22 avril Exposition aux commissaires-priseurs d’une collection d’habits du xviiie siècle : habits pluie de roses, fleur de soufre, gorge de pigeon, et couleur désespoir d’opale et ventre de puce en fièvre de lait ; tous ces habits avec un tas de reflets agréables à l’œil, chantants, coquets, égrillards. […] L’énorme bouquet d’arbres où, à chaque instant, la brise fait courir de longs frissons, est tout albescent de petites fleurs d’un blanc jaunâtre, d’où descend la fine, moelleuse et pénétrante senteur d’un arome sucré et tiède. […] Un salon de dentiste décoré de papier grenat à fleurs, de divans de velours de coton rouge, de glaces aux cadres sculptés à la serpe par des Quinze-Vingts, d’une pendule représentant un jeune berger donnant à manger à une chèvre, en zinc imitant le bronze, d’un plafond peint où l’on voit, comme sur le couvercle d’une boîte de dragées de la rue des Lombards, deux Amours dans une couronne de fleurs. […] Pas un palais, des fleurs, des eaux chantantes, un entour féerique, des peintures, des femmes nuagées de gaze : ce qui invitait, et qui conviait et qui allumait les sens de l’antiquité, tout cet art magnifique enfin, ouvrant la porte du lupanar romain.