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1469. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Toutes ces positions académiques, contraintes, apprêtées, arrangées, toutes ces actions froidement et gauchement exprimées par un pauvre diable et toujours par le même pauvre diable gagé pour venir trois fois la semaine se déshabiller et se faire mannequiner par un professeur, qu’ont-elles de commun avec les positions et les actions de la nature ?

1470. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Les grands acteurs n’auroient pas voulu prononcer un mot le matin avant que d’avoir, pour s’exprimer ainsi, developé méthodiquement leur voix en la faisant sortir peu à peu, et en lui donnant l’effort comme par dégrez, afin de ne pas offenser ses organes en les déploïant précipitamment et avec violence.

1471. (1762) Réflexions sur l’ode

Un sentiment confus semble nous dire, qu’il ne faut pas mettre à exprimer les choses plus de peine et de soin qu’elles ne valent ; et que ce qui paraîtrait commun en prose, ne mérite pas l’appareil de la versification.

1472. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Tête de gouvernement, esprit historique, il a, à plus d’une place, exprimé le plus hautain mépris pour elles.

1473. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Il ne s’agit plus d’idéal en présence d’une réalité qui parle aussi haut que l’Idéal lui-même, d’une réalité qu’il faudrait étreindre pour l’exprimer, tâche difficile, tant Napoléon est immense !

1474. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

il est bien évident que de telles manières de s’exprimer et d’écrire impliquent des manières de regarder et de voir entièrement à l’envers du temps qu’on veut peindre.

1475. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Mais la passion d’une religieuse pour un homme, si elle est possible, doit être quelque chose de terrible, d’inouï, de tragique à faire pâlir Phèdre, et le livre qui l’exprime, s’il est éloquent comme vous le prétendez, doit porter un caractère de désordre, de fatalité, de folie, de douleur à la fois abjecte et sublime, auquel, dans l’histoire des littératures, il n’y a rien à comparer.

1476. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Il y a dans ces deux esprits des sympathies d’idéologues, et ce n’est pas l’amour des choses dramatiques qui les avait fait travailler au même drame, c’était l’amour de l’idée que le drame exprimait, c’était l’éducation du public, c’était la commune ambition de moraliste et de législateur.

1477. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

cette admirable figure de Don Quichotte, d’où sort tant de mélancolie qui se répand dans tout le livre et pénètre jusqu’aux endroits où il semble être le plus gai, cette figure et ce sentiment, supérieurs dans l’œuvre de Cervantes à tous les personnages qui y vivent et à tous les sentiments qui s’y expriment, voilà précisément ce qui manque à l’œuvre de son continuateur.

1478. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Dans ce livre de vers qu’il a appelés Les Hirondelles, pour exprimer la fidélité au retour de la même pensée, il a été positivement le Voyant d’une patrie qui n’est plus, et, en pleine Allemagne du xixe  siècle, il a repris le chant, interrompu par plusieurs milliers d’années, des Hébreux exilés sur les bords des fleuves de Babylone ; seulement les exilés, à Babylone, avaient connu ce qu’ils chantaient et pressé sur leur cœur ce qu’on n’emporte point à la semelle de ses souliers ; tandis que lui, Wihl, l’exilé séculaire, à distance, dans le temps et dans l’espace, de cette patrie tuée et dont il n’a pas même vu le cadavre, a ajouté à la nostalgie fiévreuse de l’exil ce qui l’aurait diminuée s’il avait été moins poète : — l’envenimement de dix-huit siècles.

1479. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Nous eussions aimé voir à l’exposition Bonne-Nouvelle quelques compositions de Girodet, qui eussent bien exprimé le côté essentiellement poétique de son talent.

1480. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Nous trouvons cependant un historien à Rome, qui a prodigué, avec la plus grande pompe, les plus lâches éloges à Tibère : c’est Velleius Paterculus, auteur qui a de la rapidité et de la force, qui quelquefois pense et s’exprime comme Montesquieu, et peint les grands hommes par de grands traits, mais qui n’en a pas moins gâté son ouvrage, par le ton qui y règne.

1481. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il s’exprima souvent comme eût fait l’un d’entre eux : il n’en était pourtant que par le cœur et la sympathie ; il défendait la cause la plus faible, celle des persécutés, en citoyen équitable et juste. […] On a souvent posé cette question et exprimé ce regret : pourquoi le premier consul n’est-il pas resté consul ? […] « Comment vous exprimer, mon ami, l’enthousiasme que m’a fait éprouver votre traduction de Klopstock ? […] Je lui ai exprimé le plus vif désir de voir Mme Camille. […] Cette émotion qu’on éprouve quand on exprime ce qu’on a dans l’âme est une impulsion à laquelle il faut céder et qui nous vient d’une céleste source. — Je resterai encore trois mois.

1482. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Une douce mélancolie répandue sur ses traits exprimait la beauté de son âme ; elle semblait plaindre tous les malheureux et leur annoncer un consolateur. […] Il est impossible d’exprimer l’âpreté de l’air et du froid. […] Son air brusque, ses traits courts et ramassés, la rudesse de ses mouvements produisaient au premier abord une impression désagréable ; mais, à mesure qu’il parlait, sa figure prenait une teinte plus douce ; elle semblait s’embellir de je ne sais quoi d’aimable et de bienveillant, et l’on voyait peu à peu cette physionomie sombre s’éclairer, si l’on peut s’exprimer ainsi, d’un sourire de bonté qui attirait à lui. […] Enfin, le code de cette nouvelle Atlantide s’exprimera en termes clairs et précis. […] Il s’exprima en peu de mots, mais avec indignation, contre sa tante dénaturée ; et s’approchant de Paul, il lui dit tout ce qu’il crut propre à le consoler. « Je désirais, lui dit-il, votre bonheur et celui de votre famille: Dieu m’en est témoin.

1483. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Cherchons, pour user l’ennui, les effets d’une pareille machine, et comptons les divers goûts, partant les divers publics, par lesquels un tel état d’esprit peut s’exprimer. […] Pour exprimer le rôle de la colonnade qui enserre la cella, l’auteur a trouvé des réussites d’expressions tout à fait neuves et vraiment supérieures. […] D’autres imaginent et expriment par des équations un espace qui, au lieu d’avoir trois dimensions comme le nôtre, en a quatre, cinq, six, ou un plus grand nombre. […] Quand ce thème philosophique rencontre un personnage capable de le porter jusqu’au bout et de l’exprimer tout entier, le roman est de premier ordre ; c’est ainsi que M.  […] Avec le naturel inné, la figure idéale exprime aussi la culture acquise.

1484. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

« Voilà, sans contredit, la plus faible des tragédies de Racine qui sont restées au théâtre ; ce n’est pas même une tragédie. » Ainsi s’exprime Voltaire au terme de l’examen qu’il a fait de Bérénice. […] J’exprimerai mon étonnement que ni l’abbé Fuzet, dans sa réfutation de Sainte-Beuve, ni M.  […] Au premier sens, le mot de caractère exprime donc ce qu’il y a de plus général dans la peinture de l’avarice ou de l’hypocrisie ; et dans le second sens, il exprime au contraire ce qu’il y a de plus particulier dons la peinture de Clarisse ou de Lovelace. […] Le marivaudage n’est quelquefois qu’une façon de s’exprimer ; il est souvent, et plus souvent peut-être, une façon de sentir ; seulement, il y a deux points dont Marivaux ne tient pas assez de compte. […] Ce qui ne se peut exprimer qu’aux dépens de la clarté du discours, du bon usage de la langue, et de la manière générale de parler, vaut-il vraiment la peine d’être exprime ?

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