Il a tout ce qui fait de l’existence un honneur, la seule félicité sur laquelle les âmes fières puissent compter ici-bas, quand Dieu leur est bon… Riche d’ailleurs, instruit, éloquent, beau, chevaleresque, artiste même (artiste !
L’existence des grandes villes est ennemie de l’art, parce qu’elle est futile, immorale, anti-naturelle. […] Son genre d’existence, exceptionnelle pour les autres, est pour lui son milieu naturel. […] Cette absence de souvenirs amoureux dans une existence si passionnée est bien surprenante. […] A qui importe mon existence, cette existence délaissée de tous et qui pèse tout entière sur elle-même ? […] Etudiées à ce moment précis de leur existence, ces deux femmes en sont-elles moins réelles et moins vraies ?
Depuis l’apparition de son premier volume, M. de Montesquiou a perdu toute existence réelle, et sa gloire mondaine persiste seule pour ceux qui se soucient de cet ordre de faits sociaux. […] Or, c’est surtout de cette existence propre qu’il doute. […] Mais il reste une puissante caricature d’un certain esprit, ou plutôt d’une certaine allure d’existence scientifique. […] Si j’avais le moyen de voyager sans être forcé de séjourner pour travailler et gagner l’existence, on ne me verrait pas deux mois à la même place. Le monde est plein de contrées magnifiques que les existences réunies de mille hommes ne suffiraient pas à visiter.
En d’autres termes il n’a pour moyens d’existence que des prélèvements sur l’amour appointé. […] D’où de naturelles péripéties qu’une manière de fatalité, qu’autrefois il appelait être « saturnien » et qu’à présent il nomme moins baudelairement le train-train de l’existence, commande. […] Il est vrai qu’il mourut encore jeune, à cinquante-deux ans, enrichi par son dur labeur, rasséréné, après avoir reconquis, malgré les désordres de son existence, sa véritable personnalité, sa dignité, toutes les vertus qui devaient infailliblement être siennes, voué qu’il était, ou destiné, à cette même gloire que François Villon, poète moins marquant peut-être, mais déjà grand, conquit après une existence encore plus désordonnée. […] La nature du génie de ces deux grands hommes, la même quant à l’essence, fut évidemment modifiée dans les deux cas par leur éducation première et l’existence qui s’en suivit. […] Merci de l’attention prêtée à la parole d’un hôte pour qui cette heure demeurera l’une des plus mémorables et honorables d’une existence toute consacrée à la cause des Lettres ».
Un autre est un protestant (le fut-il formellement, comme on le dit, à la fin de son existence ? […] Mais c’est un simple expédient de polémique : « Ces deux dogmes n’ont d’existence que par opposition l’un à l’autre ». […] C’est de la conservation du droit de propriété que dépend l’existence de la société, mais non de la conservation de la loi qui a primitivement consacré ce droit. […] Quinet n’explique pas seulement l’histoire de l’homme par l’histoire du monde ; il explique aussi l’histoire du monde par l’histoire de l’humanité, tant il croit à l’existence certaine d’une harmonie préétablie entre les deux. […] Comme tous les penseurs, il n’a pas eu assez d’une vie, pourtant assez longue, pour aboutir à une doctrine définitive, n’y ayant que ceux qui pensent peu à qui une existence suffise pour conclure.
La loi du monde est le combat pour l’existence, tu le sais encore… Donne-moi ton argent ! […] — Seigneur Dieu, aboya Zakhare, en se dirigeant encore une fois vers la chambre ; quelle existence ! […] Quelle existence ! […] Et Zakhare cracha entre ses dents rien qu’à l’idée d’une existence aussi sordide. […] Pauvre victime du devoir, qui tombait comme Bayard, et que Dieu avait créée pour la douce existence des lévites.
Je préfère l’existence vadrouillarde, mais franche, de Paul Verlaine à la fausse auréole vertueuse de Hugo. […] Les contemporains ne se lassaient pas de l’admirer, de confronter à la sienne leur conception de l’existence et de les déclarer identiques. […] Il est indubitable et essentiel comme la mort, et, comme elle, ne dure qu’un moment ; or, c’est lui qui donne son prix à toute l’existence. […] Il nous restera, il est vrai, les embêtements et deuils courants de l’existence. […] Il n’y avait plus qu’à tirer les conséquences d’une aussi irréfutable démonstration de la non existence de Dieu.
Une pareille existence est un chef-d’œuvre auquel il n’y a rien à comparer. […] C’est alors que les hommes de lettres organisèrent toute leur existence en vue de la production littéraire. […] Il est inconcevable qu’un homme ait suivi, sans les brouiller, les fils de tant d’existences. […] Qu’y a-t-il d’absurde à supposer leur existence ? […] Veuillez m’en faire un abrégé mieux proportionné à la brièveté de l’existence humaine.
Son existence fut aussi courte qu’intense et brillante. […] Tout Paris connaît l’existence bourgeoise et méthodique de Zola, tout entier à sa famille, et si ce n’était toujours commettre une indiscrétion que de découvrir les choses intimes du foyer, si innocentes soient-elles, j’ajouterais sur ce point, au nom du romancier français, celui de quelques écrivains espagnols fort connus2. […] Ennemi des romantiques, Zola se proposa de vivre d’une façon toute différente et de mener une existence rangée, prosaïque pour ainsi dire. […] Avant que Zola niât le libre arbitre et proclamât le pessimisme, le vide et le néant de l’existence, Schopenhauer et Hartmann lièrent la volonté humaine à la roue de fer de la fatalité et déclarèrent que le monde est un rêve creux, ou plutôt un ennui. […] Sans m’arrêter à la question du déterminisme, déjà suffisamment élucidée, je ne veux pas négliger de dire que si les accusateurs routiniers du Naturalisme abondent, il ne manque pas non plus de gens pour nier son existence et affirmer que, tout bien considéré, c’est la même chose que l’Idéalisme.
Aux louanges faciles, aux triomphes mérités, aux transports d’enthousiasme et d’allégresse qu’avait rencontrés partout la jeune fille, succédaient pour la jeune femme les embarras et les orages d’une existence compliquée. […] reprendra-t-il son existence de Lovelace, ou entrera-t-il à la Trappe ? […] Feuillet est très jeune ; c’est, je crois, en novembre 1845 que son nom parut, pour la première fois, dans une de ces innombrables réouvertures qui ont signalé l’orageuse existence de l’Odéon. […] Denis de son existence plate, ennuyeuse et monotone ; bref, le notaire, exaspéré par les récits et les railleries de Tom Rouvière, se révolte contre son bonheur, et signifie à sa femme qu’il va voyager pendant deux ans avec son ami. […] Je me trompe, un dernier succès, un dédommagement posthume est parfois réservé à ces existences spirituellement et noblement inutiles.
Toute la suite de l’existence du poëte en fut entravée et resta sujette à la gêne. […] Il regrettait cette vie publique de l’agora et cette existence expansive en face d’une nature généreuse. […] Ç’a été par suite de ce même courage, qu’étant amené par mes recherches à une philosophie désespérante, je n’ai pas hésité à l’embrasser tout entière, tandis que, de l’autre côté, ce n’a été que par effet de la lâcheté des hommes, qui ont besoin d’être persuadés du mérite de l’existence, que l’on a voulu considérer mes opinions philosophiques comme le résultat de mes souffrances particulières, et que l’on s’obstine à attribuer à mes circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement. […] Ce recueil littéraire, le meilleur de l’Italie, fut supprimé par un décret du grand-duc au commencement de 1833, après douze années environ d’existence.
Il paraissait sentir qu’un vide irréparable s’était creusé dans son existence. […] Et ce passage d’une existence qui nous est connue dans une autre dont nous ne savons absolument rien est quelque chose de si violent, que ceux qui restent ne peuvent s’empêcher de ressentir malgré eux le plus profond ébranlement. » XII Nous approchions de la révolution de 1830 ; les amis français de Goethe, les écrivains du Globe, allaient triompher. […] En conséquence, il ne se demande pas si tel livre de la Bible peut jeter de la lumière dans l’esprit, s’il renferme de hautes leçons de moralité, s’il offre des exemples d’une noble existence : l’important pour lui, c’est dans les livres de Moïse l’histoire de la chute, qui rend nécessaire le Sauveur ; dans les prophètes, les allusions qui sont faites au Désiré ; dans les évangiles, le récit de son apparition sur cette terre, et de sa mort sur la croix, qui expie nos péchés. […] “Il m’est chaque année plus impossible de recevoir tous ces bienveillants hommages, écrit-il à Zelter ; les hommes se plaisent à considérer et à célébrer ma vie comme un ensemble harmonieux ; pour moi, au contraire, plus je vieillis, plus je trouve mon existence pleine de lacunes.”
Qu’ils se suivent les uns les autres d’une manière particulière, l’existence même de l’intelligence en est un témoignage. […] Il est toujours présent, en ce sens que tout animal, ou au moins tout animal terrestre, y est sujet durant toute son existence. […] 1° Relativement faibles ; 2° Postérieurs dans le temps (ou copies) ; 3° Qualités modifiables par la volonté ; 4° Ordre simultané modifiable par la volonté ; 5° Ordre successif modifiable par la volonté ; 6° Font partie d’un agrégat faible qui peut être rompu ; 7° Qui est partiellement indépendant de l’agrégat vif ; 8° Et qui a ses lois en partie dérivées de l’autre et en partie particulières à lui-même ; 9° Leurs antécédents peuvent toujours être indiqués ; 10° Appartiennent à un tout restreint à ce que nous appelons mémoire La différenciation complète du sujet et de l’objet aboutit à l’affirmation de l’existence objective. « Il y a une cohésion indissoluble (et par conséquent vérifiée par le critérium) entre chacun des états de conscience vifs et définis connus comme sensation et la représentation indéterminée d’un mode d’existence en dehors de la sensation et distinct d’elle. » Mais le réalisme auquel nous aboutissons ainsi, qu’est-il ?
Pauvres diables au passé louche, qui font marché avec la dure existence, la ficelle, la mort, mercenaires aux grands yeux bleus, qui n’ayant plus d’intérêt dans l’existence, se prennent de tendresse comme pour une maîtresse, se prennent de tendresse pour leur élégant capitaine, caracolant sur son petit cheval, une rose à la bouche. […] Mercredi 4 juin Lavisse répétait devant moi, ce soir, une phrase à peu près dite ainsi par Bismarck à quelqu’un de sa connaissance : « J’ai cru que j’en étais arrivé à l’âge, où l’existence de gentilhomme campagnard remplit notre vie… Non, non, je m’aperçois que j’ai encore des idées, que je voudrais émettre… je ne ferai pas d’opposition… seulement si on m’attaque, je me défendrai… parce que lorsque l’on me bat, il me faut battre ceux qui me battent… ou sans ça, je ne peux pas dormir, et j’ai besoin de dormir. » Jeudi 5 juin Déjeuner chez le père La Thuile qu’a choisi Antoine, pour la lecture de La Fille Élisa, pièce faite entièrement par Ajalbert, d’après mon roman. […] En votre Normandie, Messieurs, au fond de ces antiques armoires, qui sont la resserre du linge, et de ce qu’a de précieux le pauvre monde de chez vous, quelquefois vos pêcheurs, vos paysans, sur les panneaux intérieurs de ces armoires, d’une maladroite écriture tracée par des doigts gourds, mentionnent un naufrage, une grêle, une mort d’enfant, enfin une vingtaine de grands et de petits événements : l’histoire de toute une misérable existence.
Toutefois les conditions de la paix d’Alais, signée en 1629, prouvent que Richelieu fut assez clairvoyant et indépendant du « parti dévot » toujours avide de sang protestant, pour laisser aux Réformés l’exercice de leur culte et un certain droit à l’existence. […] Si nous examinons de près leur existence, nous y découvrirons des merveilles. […] Par-delà les deux siècles qui nous séparent de leur existence, de leurs angoisses et de leurs espoirs, nous comprenons clairement tout ce qu’ils pouvaient engendrer de robuste et de sain dans la nation qui les écrasait. […] Pendant les premières années de persécutions, ils ne cessèrent d’envoyer au Roi des suppliques empreintes de la plus touchante modération, l’assurant de leur fidélité loyale à sa personne, lui faisant part des misères qu’ils enduraient, et invoquant ce droit à l’existence qui leur avait été conféré par ses prédécesseurs, cette assurance de vie solennellement garantie par Henri IV et par Richelieu, confirmée par Louis XIV lui-même au début de son règne.
Où sera le monument de l’existence de cet homme si célèbre pour douze de ses confrères ? […] Il a confessé ce sentiment avec une vive énergie ; c’est au moment où, ses études de droit terminées, et se sentant homme déjà, il rentre dans sa famille et s’y retrouve traité un peu en enfant : Sans existence propre, dit-il, je vis que, quelle que fût la tendresse de mon père pour moi, je ne paraîtrais jamais, ou du moins de longtemps, dans les sociétés qui pouvaient un peu fixer mon ambition, que sous l’ombre de ce même père qui m’y présentait.