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1310. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Les seconds qui entrèrent dans la société y furent contraints par la nécessité de sauver leur vie.

1311. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

« La déesse elle-même a dit à ses nymphes d’entrer dans le bois sacré de myrtes.

1312. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Mais on est moins en retard que jamais pour venir parler d’un homme avec qui la vogue, la popularité ou l’esprit de parti n’ont plus rien à faire, et qui est entré tout entier dans le domaine historique, ainsi que l’époque qu’il représente et qui est de même accomplie. […] Avec eux, historiens dogmatiques, dès qu’ils prennent la parole en leur propre nom, on se sent entrer dans un cycle tout nouveau. […] Au lieu de viser, comme les simples et fidèles gentilshommes, à la bonne opinion de ses pairs, il visa à la bonne opinion de tout le monde, de ce qu’on appelait le peuple, c’est-à-dire de ses pairs aussi ; il y avait, certes, de la nouveauté et de la grandeur d’âme dans cette ambition, dût-il y entrer quelque méprise. […] Politiquement, cette manière de faire ne saurait entrer dans l’esprit de ceux qui ne la sentent pas déjà par le cœur. […] Terminer la Révolution à l’avantage de l’humanité, influer sur des mesures utiles à mes contemporains et à la postérité, rétablir la doctrine de la liberté, consacrer mes regrets, fermer des « blessures, rendre hommage aux martyrs de la bonne cause, seraient pour moi des jouissances qui dilateraient encore mon cœur ; mais je suis plus dégoûté que jamais, je le suis invinciblement de prendre racine dans les affaires publiques ; je n’y entrerais que pour un coup de collier, comme on dit, et rien, rien au monde, je vous le jure sur mon honneur, par ma tendresse pour vous et par les mânes de ce que nous pleurons, ne me persuadera de renoncer au plan de retraite que je me suis formé et dans lequel nous passerons tranquillement le reste de notre vie. » Mais s’il est loin de les avoir tenues à la lettre, il semble s’être toujours souvenu de ces paroles et ne s’être jamais trop départi du sentiment qu’il y exprime.

1313. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Pour ce qui est public aujourd’hui, il me semble inutile de le rappeler ; chacun sait qu’il eut pour père un philanthrope abolitionniste, qu’il fit les plus brillantes et les plus complètes études classiques, qu’à vingt-cinq ans son essai sur Milton le rendit célèbre, qu’à trente ans il entra au Parlement, et y marqua entre les premiers orateurs, qu’il alla dans l’Inde réformer la loi, et qu’au retour il fut nommé à de grandes places, qu’un jour, ses opinions libérales en matière de religion lui ôtèrent les voix de ses électeurs, qu’il fut réélu aux applaudissements universels, qu’il demeura le publiciste le plus célèbre et l’écrivain le plus accompli du parti whig, et qu’à ce titre, à la fin de sa vie, la reconnaissance de son parti et l’admiration publique le firent lord et pair d’Angleterre. —  Ce sera une belle vie à raconter, honorée et heureuse, dévouée à de nobles idées et occupée par des entreprises viriles, littéraire par excellence, mais assez remplie d’action et assez mêlée aux affaires pour fournir la substance et la solidité à l’éloquence et au style, pour former l’observateur à côté de l’artiste, et le penseur à côté de l’écrivain. […] Une explosion de vapeurs délétères a tué plusieurs de ceux qui étaient à l’ouvrage, et les survivants n’osent entrer dans la caverne. […] Les subtils raisonnements des Grecs deviennent unis et aisés ; les difficiles problèmes de la providence, de l’immortalité, du souverain bien, entrent dans le domaine public. […] Les grands romanciers entrent dans l’âme de leurs personnages, prennent leurs sentiments, leurs idées, leur langage ; il semble que Balzac ait été commis-voyageur, portière, courtisane, vieille fille, poëte, et qu’il ait employé sa vie à être chacun de ces personnages : son être est multiple et son nom est légion. […] Chez nos voisins, pour entrer dans l’histoire, il n’a qu’à descendre de la chaire et du journal.

1314. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Et on ne saura jamais, et sans doute lui-même n’a jamais su pour quelle part y entrait le désir de se distinguer et le désir d’être meilleur. […] Plus tard il fera entrer tout l’univers dans ce complot. […] Sur cela seul Rousseau pourrait le condamner, mais il lui plaît d’entrer dans le détail. […] La maréchale avait cinquante et un ans quand Rousseau entra dans sa quasi-intimité. […] Entrons maintenant dans l’analyse de l’Émile.

1315. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Son père ne lui permet pas d’aller à Paris et le fait entrer dans l’administration des douanes. […] Dans ces conditions, Abel de Sauvenas a bien raison d’obéir à une vocation évidente et d’entrer au grand séminaire de Rodez. […] Il faut que chacun fasse son examen de conscience et sache exactement qui il est et quel est son bien, avant d’entrer avec les autres dans le nouveau siècle. […] De telles questions n’entrent pas dans le programme d’une biographie anglaise. […] Je ne puis entrer ici dans l’examen de la brochure de M. 

1316. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Loin que les idées lui entrent uniquement par les sens, il semble au contraire que les sens n’aient qu’un rôle mineur dans leur élaboration. […] Il agrandit un horizon que le clergé d’aujourd’hui a réduit aux dimensions d’un panorama, et, comme les mystiques catholiques de race grecque, il fait entrer dans sa religion la philosophie de son temps. […] Il s’en est écarté et il est entré en lui-même, seule demeure digne d’une âme délicate. […] On est entré dans un génie vaste où les pas résonnent sur les dalles d’écho en écho : la multiplicité des sons pourrait empêcher qu’on ait bien entendu ce que des voix disent tout bas derrière les piliers. […] D’autres, après de brèves périodes d’action, entrent en sommeil ; ou bien, le jeu de leur imagination est si lent qu’il faut des années de moulin pour que la farine pleuve autour du blutoir.

1317. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

C’est ainsi qu’il ne nous dit pas à quelle époque l’idée de bonheur entra, chez les Grecs, dans l’idée de vie future. […] J’ai peur qu’en ce moment nous ne soyons entrés dans la jonglerie. […] Le malade, un beau jour, se met à jouer, comme il entrerait en convulsions, et il joue tant que dure son excitation maniaque. […] Cependant, les deux trains entrent l’un dans l’autre, et il s’élève des cris, des flammes et de la fumée. […] Le goût des longs voyages, par exemple, est peu à peu entré dans l’idée que certains se font de la vie bienheureuse.

1318. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

On sait qu’il entra, vers quatorze ans, dans une institution dont les élèves suivaient les cours du lycée Bourbon, aujourd’hui Condorcet. […] La destinée voulut que le futur membre de la Commune entrât comme élève dans la pension dont M.  […] Il pense à entrer dans les ordres, mais comment ? […] Jeune ou vieux, il faut avoir connu de ces découragements et de ces révoltes solitaires pour sortir de la rhétorique et entrer dans la virilité du style. […] Bonnement, simplement il avait laissé la vie, sa vie entrer dans sa sensibilité, et, de là, passer dans son œuvre.

1319. (1903) Propos de théâtre. Première série

Voltaire n’avait qu’à paraître et il élargissait d’un seul coup la brèche de telle manière que Shakspeare entrait dans la place bannières déployées. […] Ce sont des mélodrames obscurs, où Corneille a fait entrer des parties de psychologie très claires. […] Si Voltaire avait trouvé le moyen de faire entrer dans ses mélodrames de belles parties de psychologie, ces parties auraient subsisté et sauveraient le reste. […] Cela, néanmoins, doit entrer en compte. […] Il a fait entrer dans son dessein poétique : Dieu, la famille, et l’art grec.

1320. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Buffon enfin a fait entrer une si belle littérature dans la science, qu’il a fait entrer la science dans la littérature, et que, désormais, il est comme interdit d’être un grand naturaliste sans savoir exposer avec clarté, gravité et belle ordonnance. […] Il se croit sage ; mais dans cette sagesse la nécessité entrait pour beaucoup, sans qu’il s’en doutât. […] Que ne sait-on aussi spirituellement piller la maison pour mériter l’applaudissement du maître et entrer en faveur ! […] Jamais l’idée de la liberté de penser contre lui n’a pu entrer dans son esprit. […] Il y entrait peu, et ne la goûtait pas.

1321. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Si l’on a le loisir pourtant d’examiner de plus près et d’entrer dans le golfe même, si l’on s’approche, pour le mieux étudier, de ce qu’on admire, si l’on compare avec les monuments les plus connus et les mieux situés ceux qu’ils nous masquaient trop aisément, les œuvres plus reculées et de moindre renom dont les dernières venues ont profité jusqu’à les faire oublier, et dont il semble qu’elles dispensent, mille réflexions naissent ; les dernières œuvres qui se trouvent pour nous autres Modernes les premières en vue, et qui restent les plus apparentes, n’y perdent pas toujours dans notre esprit ; mais on le comprend mieux dans leur formation et leur mérite propre. […] Les Argonautes donc, au commencement du chant iii, après une longue navigation, après toutes sortes d’aventures déjà et de périls, viennent d’entrer dans l’embouchure du Phase et d’aborder en Colchide. […] Nous entrons ici avec Médée dans le dédale des contradictions charmantes que Virgile a si bien décrites chez sa Didon ; nous allons y marcher de plus en plus, et, pour qui sait par cœur son quatrième livre de l’Énéide, les réminiscences jailliront à chaque pas.

1322. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les historiens, les philosophes, les érudits, les linguistes, les spéciaux, tous tant qu’ils sont, encaissés dans leur rainure (en laquelle une fois entrés, notez-le bien, ils arrivent le plus souvent à l’autre bout par la force des choses, comme sur un chemin de fer les wagons), tous ces esprits justement établis sont d’abord assez de l’avis des parents, et professent eux-mêmes une sorte de dédain pour le littérateur, tel que je le laisse flotter, et pour ce peu de carrière régulièrement tracée, pour cette école buissonnière prolongée à travers toutes sortes de sujets et de livres ; jusqu’à ce qu’enfin ce littérateur errant, par la multitude de ces excursions, l’amas de ses notions accessoires, la flexibilité de sa plume, la richesse et la fertilité de ses miscellanées, se fasse un nom, une position, je ne dis pas plus utile, mais plus considérable que celle des trois quarts des spéciaux ; et alors il est une puissance à son tour, il a cours et crédit devant tous, il est reconnu. […] Il entra dans la rédaction des Débats, alors Journal de l’Empire, et que dirigeait encore M.  […] Au moment où cette réimpression (1844) s’achève, la mort, qui se hâte, nous permet d’y faire entrer ces pages, qui ne sont plus consacrées à un vivant : inter Divos habitus. — (Seulement, pour éviter la disproportion entre les volumes, on a mis à la fin du tome premier ce que l’ordre naturel eût fait placer à la fin du second.)

1323. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Il a l’imprudence, à travers mille aventures, d’entrer dans le palais d’Alcine pour y tenter la délivrance d’Astolphe. […] Léna et sa fille entrèrent dans une enfilade d’appartements, dont on apercevait à peine le fond à travers une longue avenue de portes en drap vert, toutes ouvertes. […] Les armes et l’écu de Roland pesaient à ses membres brûlants ; il entra pour se délasser un moment dans la grotte.

1324. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« Moi, qui ne suis jamais entré dans aucune des conspirations ou des cabales si fréquentes dans la République, me trouvant véritablement trop honnête homme pour ne pas me dégrader en me mêlant à tout cela ! […] « En disant ces mots, il se leva et passa dans la salle du bain ; nous l’attendîmes, tantôt en nous entretenant de tout ce qu’il avait dit, tantôt parlant de l’affreux malheur qui allait nous frapper, nous regardant véritablement comme des enfants privés de leur père, et condamnés à passer le reste de notre vie comme des orphelins. » XXVI « Après qu’il fut sorti du bain, on lui apporta ses enfants, car il en avait trois, deux en bas âge et un qui était déjà assez grand, et on fit entrer les femmes de sa famille. […] « Et déjà le coucher du soleil approchait, car il était resté longtemps enfermé avec les femmes et les enfants ; en rentrant, il s’assit sur son lit, et il n’eut pas le temps de nous parler beaucoup, car le geôlier entra presque en même temps, et, s’approchant de lui : « — Socrate, dit-il, j’espère que je n’aurai pas à te faire le même reproche qu’aux autres : dès que je viens les avertir, par ordre des magistrats, qu’il faut boire le poison, ils s’emportent contre moi et ils me maudissent ; mais pour toi, depuis que tu es ici, je t’ai toujours trouvé le plus courageux, le plus doux et le meilleur de ceux qui sont jamais venus dans cette prison, et en ce moment je suis bien sûr que tu n’es pas fâché contre moi, mais contre ceux qui sont cause de ton malheur… » Et en même temps il fondit en larmes en détournant son visage, et il se retira. » Socrate, le regardant, lui dit : « — Et toi aussi, reçois mes adieux ; je ferai comme tu as dit.

1325. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Dans la grande nature ils entraient éblouis, Avec ferveur, sans choix, sans art ; leur premier songé Errait émerveillé, comme la main qui plonge Dans les trésors confus par l’avare enfouis ! […] Là, que de joies et que de douleurs avec lesquelles le poète, comme le philosophe, peut entrer en sympathie ! […] Hugo, dans son enthousiasme, était allé jusqu’à dire : Et je traînerais la comète Par les cheveux, nous allons voir comment l’apôtre du matérialisme, lui, va traiter étoiles et comètes : Aux cavernes les plus obscures Une torche en main j’entrerai, Et je forcerai les serrures Du mystère le mieux muré.

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