On ne peut s’empêcher de se rappeler, en approchant, les noms de tous les grands poètes et de tous les grands peintres qui sont venus avant nous frissonner d’horreur et d’admiration à ce même site, depuis Horace et Claude Lorrain, jusqu’à lord Byron. […] Au bord de tes yeux bleus tremblaient deux larmes pures : La pervenche à ses fleurs ainsi voit s’étancher Deux perles de la nuit, que les feuilles obscures Empêchent de sécher. […] On ne pouvait s’empêcher de penser, en contemplant et en écoutant Delphine, à cette Vittoria Colonna, qui fut la noble et chaste Aspasie de Rome moderne, la passion platonique de Michel-Ange, le modèle des Vierges de Raphaël, pendant qu’elle était, par ses propres poésies, la rivale heureuse de Pétrarque !
[Article de Jules Barbey d’Aurevilly] « Mon cher Baudelaire, « Je vous envoie l’article que vous m’avez demandé et qu’une convenance, facile à comprendre, a empêché le Pays de faire paraître, puisque vous étiez en cause. […] Charles Baudelaire, il y en aurait certainement assez pour fixer l’attention de la Critique et captiver les connaisseurs ; mais dans ce livre difficile à caractériser tout d’abord, et sur lequel notre devoir est d’empêcher toute confusion et toute méprise, il y a bien autre chose que du talent pour remuer les esprits et les passionner… M. […] Ce qui empêchera le désastre de ce poison, servi dans cette coupe, c’est sa force !
Cependant, vu qu’il convient de fixer une époque pour empêcher la divagation des idées, j’indiquerai celle du grand mouvement imprimé à l’esprit humain, il y a deux siècles, par l’action combinée des préceptes de Bacon, des conceptions de Descartes, et des découvertes de Galilée, comme le moment où l’esprit de la philosophie positive a commencé à se prononcer dans le monde en opposition évidente avec l’esprit théologique et métaphysique. […] Une classe distincte, incessamment contrôlée par toutes les autres, ayant pour fonction propre et permanente de lier chaque nouvelle découverte particulière au système général, on n’aura plus à craindre qu’une trop grande attention donnée aux détails empêche jamais d’apercevoir l’ensemble. […] C’est la coexistence de ces trois philosophies opposées qui empêche absolument de s’entendre sur aucun point essentiel.
Ce quelque chose qu’ils concevaient au-delà les empêchait de s’abandonner et de se rendre à l’impression saine et forte de Bourdaloue. […] Ce fut le 10 décembre 1683, dans la maison professe des Jésuites, que Bourdaloue prononça cette première oraison funèbre : il y parlait de l’hérésie, contre laquelle on n’avait pas pris encore les dernières mesures violentes, avec modération et avec une charité réelle : À Dieu ne plaise que j’aie la pensée de faire ici aucun reproche à ceux que l’erreur ni le schisme ne m’empêchent point de regarder comme mes frères, et pour le salut desquels je voudrais, au sens de saint Paul, être moi-même anathème !
Certes le physicien de Philadelphie, même en n’ayant pas raison sur tous les points, aurait eu beau jeu à triompher en public de celui que toutes ses nobles études n’empêchèrent pas d’assister aux convulsions et de croire aux miracles du cimetière de Saint-Médard. […] Mais les gants devinrent de mode, et les larges parements se trouvèrent inutiles : ce qui n’empêcha point qu’on ne les conservât.
J’aurais dû gémir de voir le souverain pouvoir entre les mains de M. de Maurepas, et la France livrée à un tel homme ; mais la chose me parut si ridicule, que je ne pus m’empêcher de rire aussi. […] Par les réformes utiles qu’il avait introduites dans les régiments suisses, il avait excité l’émulation des troupes françaises, mais on ne l’avait pas consulté sur les moyens : « Je ne pouvais, dit-il, m’empêcher parfois de rire en moi-même, lorsque j’étais sur la frontière, de voir avec quelle confiance les inspecteurs et les colonels français me faisaient voir les troupes qu’ils avaient sous leurs ordres ; je me divertissais des louanges dont je les accablais, et de leurs réponses à mes questions sur les moyens qu’ils employaient. » Il le fait et il s’en vante. — Dans l’affaire du duel entre le comte d’Artois et le duc de Bourbon, et dont la duchesse avait été cause (1778), Besenval, qui avait conseillé et dirigé le comte d’Artois, crut devoir, dans la soirée, faire une visite au palais Bourbon.
A peine le prince de Condé se fut aperçu de l’absence de son fils et de celle du duc de Longueville, qu’oubliant pour ainsi dire, si l’on ose parler ainsi du plus grand homme du monde, son caractère de général, et s’abandonnant tout entier aux mouvements du sang et de l’amitié tendre qu’il portait à son fils et à son neveu, accourut ou pour les empêcher de s’engager légèrement, ou pour les retirer du mauvais pas où leur courage et leur peu d’expérience auraient pu les embarquer ; il les trouva avec tous les volontaires aux mains avec les ennemis, qui, se voyant pressés et profitant du terrain qui leur était favorable, avaient tourné brusquement… « Cette action fut fort vive et fort glorieuse ; mais la blessure du prince de Condé au poignet, la mort du duc de Longueville et les blessures des ducs de La Rochefoucauld, de Coislin et de Vivonne, du jeune La Salle, de Brouilly, aide-major de mes gardes du corps, etc., et de plusieurs autres gens de qualité, en diminuèrent fort le prix et me donnèrent une grande mortification, particulièrement la blessure de M. le Prince, tant à cause de sa naissance et de son mérite singulier que de la faiblesse de son tempérament, exténué par la goutte, que j’appréhendais ne pouvoir pas résister à la violence du mal. […] Et je ne saurais m’empêcher d’estimer et de louer le zèle et la fermeté de ceux qui rompirent la négociation d’Amsterdam, quoique leur avis, si salutaire pour leur patrie, ait porté un grand préjudice à mon service. » Que dites-vous de cette élévation de sentiments ?
É. de Barthélémy est si inoffensif, si indulgent même pour ses devanciers et pour ceux qu’il croit devoir contredire à l’occasion, qu’on hésite à venir troubler son contentement en disant ce qu’on pense de son travail, surtout quand il nous apporte quelques parcelles inédites d’un grand esprit : et pourtant il est sujet à parler à tout instant d’un excellent écrivain dans une si singulière langue, il apprécie un moraliste profond d’une manière si superficielle et si peu logique, qu’on ne peut s’empêcher vraiment de se demander à quoi bon toutes ces poursuites et ces religions du XVIIe siècle, avec toutes les belles lectures qu’elles supposent, si elles ne servent à vous former ni le jugement, ni la langue, ni le goût. […] Les palmes d’éditeur l’empêchent de dormir : M.
Il recourut à la mère du prince, Madame la Duchesse, pour l’empêcher de faire ce pas de clerc qu’il lui épargna en effet ; mais il y perdit la faveur, et un soir qu’il rentrait chez son prince, le suisse lui apprit que l’hôtel lui était dorénavant fermé. […] Cela n’empêchait pas les pandours de faire toutes leurs horreurs, et le pauvre peuple d’être affreusement pressuré et pillé par amis et ennemis.
Ce chant est rempli de la peinture légère de la double vie poétique et amoureuse aussi qui le partage, et qui cependant ne l’empêche bientôt pas d’ouvrir son petit salon, pour son compte, sur la belle promenade du Gravier, et de prospérer, d’abord doucement, par la frisure. […] Ainsi, en lisant celte énergique et gracieuse peinture de sa Marguerite, je ne puis m’empêcher de me reporter à la Simétha de Théocrite, lorsque, racontant le jour où le beau Delphis vint la visiter pour la première fois, elle s’écrie : « Dès que je le vis franchissant le seuil de la porte d’un pied léger, je devins tout entière plus froide que la neige, et la sueur me découlait du front à l’égal des humides rosées ; je ne pouvais rien articuler, pas même de ces petits cris que les enfants poussent en songe vers leur mère ; mais tout mon beau corps resta figé, pareil à une image de cire.
je sors bien vite de cette barrière pour empêcher qu’on n’y pénètre ; si par hasard on s’avance vers mon asile, j’ai peine à contenir ma mauvaise humeur ; je voudrais qu’on s’en allât. » Mme de Flahaut, en sa chambre du Louvre, dut se faire une retraite assez semblable à celle de Mme de Candale, d’autant plus qu’elle avait dans son isolement une intimité toute trouvée. […] C’est le cri du cœur de bien des mères sous l’Empire, que Mme de Souza, par un retour sur elle-même et sur son fils, n’a pu s’empêcher d’exhaler.
Je crus que j’allais mourir de honte en me voyant ainsi demi-nue devant cette bande de soldats étonnés ; ils restaient suspendus comme devant un miracle, car mes mains liées derrière le dos m’empêchaient de recouvrir ma poitrine et mon visage. […] Un silence de stupeur empêchait de respirer toute la foule.
» Ce qui n’a pas empêché, d’autre part, M. […] Le sentiment du ridicule est un excellent contrepoids à la passion, l’empêche d’envahir le cœur tout entier.
Ou bien alors, je demande comment il se fait que cette femme si avisée et qui a tant de pouvoir sur son mari ne l’ait pas empêché, à tout prix et par tous les moyens, d’intenter le risible procès où doit sombrer une considération dont elle a sa part. […] (Je ne puis m’empêcher, à ce propos, de vous dire combien la Vie parisienne m’a affligé dernièrement par son commentaire grammatical de l’Immortel, jugeant cette prose d’après la syntaxe du dix-huitième siècle et les principes de l’abbé le Batteux… Savez-vous les phrases que la Vie parisienne aurait dû relever ?
Et on a bien le sentiment au fond que toute cette croyance n’est pas bien sincère ni bien sûre d’elle-même : ce qui n’empêche pas de l’affirmer, de l’afficher et de la proclamer comme sûre et indubitable. […] Le fait d’être déterminé par un ensemble de conditions naturelles et nécessaires n’empêche pas ce mensonge d’être un mensonge et celui à qui on ment a raison de se défier du menteur. — Il en est de même pour le mensonge de groupe.
Marie continue de s’occuper de petit Pierre, elle le rassure dans ses terreurs, elle l’amuse, et Germain ne peut s’empêcher de remarquer : « Il n’y a personne comme toi pour parler aux enfants, et pour leur faire entendre raison. » Au milieu de cela il reparle toujours de sa première femme, de sa pauvre défunte, et maudit ce voyage entrepris pour la remplacer. […] Une fois le mariage de Germain et de Marie décidé, le peintre les oublie un peu pour nous décrire la cérémonie des noces, les rites et coutumes du pays qui ont cessé en partie à l’heure qu’il est, et qu’on ne peut s’empêcher de regretter : « Car, hélas !