[L’Effort (décembre 1897).]
Qu’il nous soit seulement permis d’ajouter, que, si la Religion avoit besoin de suffrages pour triompher des efforts de l’impiété, un tel homme seroit bien propre, par ses lumieres & par ses mœurs, à confondre la présomption qui l’attaque, & à faire rougir les vices qui la déshonorent.
Le nouveau drame qu’il vient de faire représenter est un effort de plus vers ce but rayonnant.
Et qui doute qu’elles ne servent souvent à faire découvrir la vérité ; qu’il ne résulte de grandes lumières du choc des sentimens sur le même sujet ; que les efforts de chaque écrivain, pour défendre son opinion & pour combattre celle de son adversaire, les raisonnemens, les preuves, les autorités, l’art, employés de part & d’autre, ne répandent un plus grand jour sur les matières.
Les efforts des incrédules contre la Religion ayant redoublé depuis quelque tems, il faut se prémunir de bonne heure.
Le tableau qu’on appelle son Clair de lune, est un effort de l’art.
(Il fait un effort et avale son bâillon.)
Comme il n’était pas un grand humaniste, il avait, pour en arriver sans grand effort à lire les auteurs des temps les plus reculés de la langue de France, adopté le procédé suivant.
Il retourne doucement à son naturel, fortifié à jamais, et pourtant un peu alangui encore de son immense effort. […] Voilà l’idéal : il consiste à réduire au minimum l’effort d’imagination demandé au spectateur. […] Jamais son activité ne faiblit, et sa belle humeur ne cède qu’à l’insuccès, jamais à l’immensité de l’effort. […] Vanité à part, c’est le trop-plein de son effort qui s’écoule. […] À quoi servent la prudence, les desseins, les efforts individuels ?
Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d’un art. […] Nous désirons croire que, grâce aux efforts d’artistes aussi intelligents que MM. […] La France aime le mythe, la morale, le rébus ; ou, pour mieux dire, pays de raisonnement, elle aime l’effort de l’esprit. […] L’enfant, comme le peuple qui assiège les Tuileries, fait un suprême effort ; enfin il l’entr’ouvre, il est le plus fort. […] Renier les efforts de la société précédente, chrétienne et philosophique, c’est se suicider, c’est refuser la force et les moyens de perfectionnement.
Il était trop replié sur soi pour s’éprendre d’autre chose : le roidissement habituel de la volonté empêche l’esprit d’être flexible ; sa force, toujours concentrée pour l’effort et tendue vers la lutte, l’enfermait dans la contemplation de lui-même, et le réduisait à ne jamais faire que l’épopée de son propre cœur. […] La tempête de ses colères et de ses efforts n’a servi qu’à le leur jeter en pâture, et il n’arrive sous leurs becs ou sous leurs mâchoires qu’avec le sentiment de ses espérances frustrées et de ses désirs inassouvis. […] Avec quel effort faut-il nous arracher à nos passions compliquées et vieillies pour comprendre la jeunesse et la simplicité divine d’un être affranchi de la réflexion et de la forme ! […] L’homme s’est trouvé roidi dans l’effort, concentré dans la résistance, attaché à l’action, et partant exclu de la spéculation pure, de la sympathie ondoyante et de l’art désintéressé. […] De quel élan et de quel effort toutes ses tendresses refoulées et écrasées bouillonnent et s’échappent à l’aspect de ces yeux bien-aimés qu’il revoit pour la dernière fois !
Il n’en pouvait être autrement, puisque ne concluait-il pas que : « la mesure du Vers est prescrite par la loi du moindre effort », et qu’il avait « lieu de penser que la technique du vers est achevée » ? […] Si j’étais de vous, je pousserais cela, dans le prochain effort, jusqu’à la pensée et au chant, sauf à reprendre mais alors maîtrisé votre jeu complexe et en effet symphonique. […] Après beaucoup d’efforts, il n’arrive qu’à la confusion et à la bizarrerie. » Voilà. […] Il s’agit de savoir où en quel point excentrique hors du passé, se trouve suprêmement tendu son effort. […] Groupe qui tentait le « maximum d’effort pour la plus grande affirmation de l’être », et voulait l’art « en rapport avec l’évolution latente des choses » (René Arcos, La Tragédie des espaces, 1906).
Je m’attendais — et cela eût été permis même à quelqu’un de sa force morale — à le revoir un peu découragé de l’inutilité de tant de beaux et vaillants efforts. […] … Voyons, monsieur, avez-vous réfléchi, une minute, au persistant et terrible effort de X… vers la renommée et le succès ? […] Elles naissent, à chaque page, sous sa plume, tout naturellement et sans efforts. […] Malgré les préoccupations invincibles de ce tragique moment, et par un effort, par un prodige d’avoir pu m’abstraire de leurs hantises, j’ai pu lire trois livres, ce qui, depuis des mois et des mois, ne m’était arrivé. […] Il offre à la nature, non comme un sacrifice, mais comme une joie, l’effort de son âme et de son corps, vit, crée, agit enfin, en beauté et en simplesse… Et c’est l’ensemencement de la terre et de la femme ; c’est la récolte.
Quand le pauvre Chênedollé insiste et tente un dernier effort, Lucile ne lui répond plus. […] Lorsque la religion étouffe la voix de la nature, qui tend à sa conservation et à son bien-être, cette œuvre ne s’accomplit pas sans efforts et sans sacrifices ; ici l’effort serait en sens contraire ; pour Mme de Caud le sacrifice serait de consentir à être heureuse ! […] Sa volonté se soulève un instant, puis retombe, épuisée de son effort. […] Renonçant à tout effort comme à toute espérance, et sans s’arrêter aux conseils du devoir, à la pensée du désespoir inévitable d’une mère, il se décide à mourir. […] Il a fallu de longs et persévérants efforts, une lutte infatigable de l’homme contre sa conscience et sa raison, pour parvenir enfin à cette brutale insouciance.
Je lis dans un témoin oculaire qu’après la confection de cette machine arithmétique si bien montée et qui lui coûta tant d’application et d’efforts, Pascal eut lui-même la tête presque démontée pendant trois ans. […] Le premier effort que fit M. […] Il y a chez lui un grand effort de tout dire à la fois, un embarras de choisir et comme un bégayement entre des pensées qui sont toutes pour lui coexistantes et contemporaines, ou plutôt qui ne sont qu’une seule et indivisible pensée. […] Ballanche ; mais cet effort lui plaît, ce vêtement lui est naturel.
Il avait fait les plus grands efforts pour que les négociations avec le Saint-Siège fussent terminées en temps utile, et que les cérémonies religieuses vinssent se mêler aux fêtes populaires. […] Ici le général Bonaparte n’a point d’effort illégitime à faire pour franchir ces degrés successifs qui mènent d’une magistrature républicaine à vie au pouvoir suprême ; il n’a qu’à se laisser glisser sur la mobilité et sur la versatilité de la France, pliée d’avance à tous ses désirs. […] Dans cet effort d’esprit la raison faiblit comme la langue, et il tombe, pour cacher l’inconséquence, dans des subtilités de définitions qui rappellent les subtilités des sophistes grecs ou des sophistes de l’École dans le moyen âge. […] XXIII Le vingt et unième livre est une accumulation d’intérêt historique pressé dans l’espace d’une demi-année par les événements comme sous la plume de l’écrivain : création du royaume d’Italie, second couronnement à Milan ; coalition européenne contre l’ambition du nouveau César ; négociation entre la Russie, l’Angleterre et l’Autriche ; anxiété de Napoléon attendant en vain la concentration de ses flottes sous l’amiral Villeneuve ; sa fureur quand il voit tous ses plans déjoués par Villeneuve, qui a fait voile pour Cadix au lieu de se diriger sur la Manche ; le renversement subit de toutes les pensées et de tous les efforts de volonté de Napoléon, au moment de l’exécution si longtemps et si laborieusement préparée ; l’improvisation non moins subite de son plan d’invasion en Allemagne ; la marche de son armée en six colonnes, des bords de l’Océan aux sources du Danube, marche sans parallèle dans l’histoire par l’ordre, la précision, l’arrivée au but marqué à heure fixe ; l’investissement de l’armée autrichienne dans Ulm ; la reddition de toute l’armée du général Mack ; quatre-vingt mille ennemis anéantis en vingt jours ; pendant ce triomphe sur le continent, le plus grand revers maritime dont le monde moderne ait été témoin dans la bataille navale de Trafalgar ; toutes les pensées d’invasion de l’Angleterre par Napoléon englouties avec nos vaisseaux sous le canon de Nelson ; description vivante de ce combat naval ; mort de Nelson, qui paye de sa vie tant de gloire ; marche sur Vienne entre le Danube et les Alpes ; bataille d’Austerlitz livrée aux Russes ; aptitude unique de l’historien pour exposer homme à homme l’organisation des armées, et pour suivre pas à pas les plans et les marches d’une campagne ; feu de l’âme du général transvasé dans l’âme de l’écrivain ; scènes pittoresques du champ de bataille décrit sans autre éclat que la topographie exacte et que l’éclat sévère des armes sur la terre ou sur la neige des plaines ou des coteaux.