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183. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Il falloit que l’élévation de leur discours répondît à la dignité du sujet : aussi leur éloquence est-elle véhémente & passionnée. […] Les seules occasions où l’on peut s’élever, c’est dans les discours d’apparat, tels que ceux des avocats généraux à l’ouverture des audiences, ou dans les grandes affaires. […] Les discours de l’illustre d’Aguesseau annoncent un orateur formé sur les meilleurs modèles & un génie du siècle passé.

184. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Il me semblerait donc premièrement que la manière, soit dans les mœurs, soit dans le discours, soit dans les arts, est un vice de société policée. à l’origine des sociétés, on trouve les arts bruts, le discours barbare, les mœurs agrestes ; mais ces choses tendent d’un même pas à la perfection, jusqu’à ce que le grand goût naisse ; mais ce grand goût est comme le tranchant d’un rasoir, sur lequel il est difficile de se tenir. Bientôt les mœurs se dépravent ; l’empire de la raison s’étend ; le discours devient épigrammatique, ingénieux, laconique, sentencieux ; les arts se corrompent par le raffinement.

185. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXV » pp. 144-146

Lorsque Dupin fit le discours à l’Académie française le jour de la réception de M. Molé, un plaisant disait en sortant que ce discours pouvait se définir en trois mots : Sacoche, basoche, taloche.

186. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 198-200

Balzac fut le premier qui s’appliqua à donner du nombre, de la cadence & de la grace au discours, par le choix & l’arrangement des mots, par la disposition des phrases & le mélange des sons. […] Les sujets proposés de son vivant, & long-temps après sa mort, tendoient à l’honneur de la Religion, autant qu’aux progrès des talens : il avoit même exigé que les Discours feroient terminés par une priere.

187. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 400-402

D’ailleurs la perfection du discours exige de la liaison dans les idées, de la variété dans les tours, de l’harmonie dans le style ; & si on eût été convaincu de cette vérité, nous n’aurions pas tant de Penseurs, dont les plus longs Ouvrages peuvent se réduire en morceaux détachés, qu’il est facile de transposer à son gré, sans rien déranger de l’économie du discours, précisément parce qu’il n’y a aucune économie.

188. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

Buffier, Restaut, la Touche, Wailli, & quelques autres, ont composé des Grammaires qui se réduisent à l’exposition des regles du discours : celui-ci, moins occupé du mécanisme des Langues, que de leur génie particulier, en a fait, pour ainsi dire, l’anatomie ; & c’est en les décomposant, qu’il en a expliqué les premiers principes. […] Son Traité des Tropes, Ouvrage resté trop long-temps inconnu, offre tout à la fois & le Didactique grammatical, & la Métaphysique du discours.

189. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 42-44

Ils consistent dans une Histoire de la Vie & des Ouvrages de Fénélon ; Histoire qui ne se borne pas, comme les autres, à raconter des faits particuliers, mais où la sagacité, l’art de l’analyse, l’heureuse faculté de tout voir & de tout saisir, le talent de penser & celui d’écrire avec solidité, ne permettent pas de méconnoître le Littérateur éclairé, l’habile Observateur, & le bon Juge : dans un Discours sur le Poëme épique, qui n’a pu être que le fruit de la lecture la plus réfléchie des Ouvrages des Anciens, & d’une connoissance raisonnée des regles de la Poésie héroïque : dans un Discours sur la Mythologie, où il seroit impossible de réunir plus de raison, plus de goût, & plus d’élégance.

190. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Dans deux discours de lui, prononcés en séance publique au nom des autres professeurs, on trouve déjà l’exemple de cette manière qui lui est propre, comme orateur, de savoir insinuer ses opinions sous le couvert solennel. […] Ce noble discours remplit-il toutes les intentions du Consul ? […] C’est une consolation pour ceux qui jugent les éloges de ses discours exagérés, de les retrouver dans ses poésies, où ils ont certes deux caractères parfaitement nobles, la conviction et le secret. […] Ceux qui avaient toujours présent le discours de 1808 au Corps législatif, ceux qui, en dernier lieu, partageaient les sentiments de résistance exprimés concurremment par M.  […] Lors du fameux discours de réception que M. de Chateaubriand ne put prononcer à l’Académie, la contenance de Fontanes fut d’un ami ferme et fidèle.

191. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Des allusions fort peu voilées firent justice du Clovis ressuscité pour mourir encore, et des théories du Discours au roi. […] Ils semblaient comme préposés à la garde du temple que Lamotte avait violé deux fois, la première fois par sa traduction abrégée, la seconde par son Discours sur Homère. […] Le Discours de Lamotte sur Homère n’est que l’apologie de sa traduction. […] La violence de Mme Dacier4 répondant au Discours sur Homère fit valoir cette modération. […] Ce qu’est le spécieux, Lamotte va nous l’apprendre. « Le vrai mérite, dit-il dans son Discours sur Homère, consiste à reconnaître les défauts partout où ils sont.

192. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Avec de tels discours, vous moquez-vous de moi ? […] Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur-le-champ vous quitter la partie. […] Tout ce discours est supérieurement écrit. […] En écoutant ce discours, on rit également et de l’abus qu’Arnolphe fait de son esprit et du peu d’effet qu’il produit. […] Enfin, le discours de la coquette est, d’un bout à l’autre, calqué sur celui de la prude avec une fidélité tout à fait piquante.

193. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LII » pp. 203-205

Au reste le talent qui s’est déployé dans cette discussion et qui continue de s’y déployer est grand, et le discours de M. […] M. de Montalembert continue par ses excès oratoires de compromettre une cause qui avait été habilement et vertement reprise en main par le comte Arthur Beugnot dans un discours plein de talent et tout politique.

194. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 277-279

Ce n’est pas qu’il en ignore les préceptes : les Réflexions qu’il a publiées à la tête de ses Discours choisis, prouvent qu’il les connoît & qu’il en sent la nécessité ; mais les Discours qui les suivent & les Sermons que nous lui avons entendu prêcher, ne prouvent pas qu’il possede les qualités & qu’il ait rempli les devoirs d’un Orateur Chrétien véritablement éloquent.

195. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Avis du traducteur » pp. -

Mais on a indiqué dans l’appendice du discours préliminaire les passages de quelque importance qui ont été abrégés ou retranchés. […]   On trouvera dans le discours et dans l’appendice qui le suit une vie complète de Vico.

196. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Que n’ai-je donc pas à craindre aujourd’hui que je m’engage dans un autre genre d’écrire, où le peuple, sur lequel je comptais pour le succès de mes discours, ne peut m’être bon à rien ? […] Pensez-vous que, l’affaire étant jugée et absolument finie, quand il m’arrive de mettre mon discours par écrit, je sois en courroux, la plume à la main ? […] Mais, si tu veux porter tes regards en haut, et les fixer sur ton séjour naturel et ton éternelle patrie, ne donne aucun empire sur toi aux discours du vulgaire. […] Je m’étonnais auparavant (car dans ces lieux je ne m’imaginais que rochers et montagnes, trompé par vos discours et par vos vers), je m’étonnais que ce séjour vous plût si fort. […] Mirabeau a ses éclairs ; mais il n’a ni sa lumière permanente, ni sa sensibilité, ni sa philosophie dans le discours.

197. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

J’ai sous les yeux un certain nombre de discours qui ont été successivement prononcés. […] Je n’ai point à analyser ces discours qui d’ailleurs ne sentent point du tout le panégyrique, et qui se recommandent par une étude consciencieuse de l’écrivain célèbre qui en était l’occasion et le sujet. […] Quoique je ne prétende point donner un récit complet de la fête, j’indiquerai encore, après les discours, une cantate qui fut exécutée par cent musiciens de la ville. […] Après ces discours et ces chants, il était cinq heures environ, le défilé de la garde nationale, ou plus exactement des sapeurs-pompiers, termina le tout. […] Duchange, adopter l’opinion commune et la tradition sur la mort de l’abbé Prévost, attribuée à la promptitude d’un chirurgien ignorant ; d’autre part, dans le discours qu’il a prononcé, M. le docteur Danvin a dit : Il existe, sur la fin de l’abbé Prévost, une histoire lugubre que l’on rencontre reproduite partout : on rapporte que, trouvé sur un grand chemin dans un état de mort apparente, il aurait été, de son vivant, soumis à l’autopsie, et aurait pu rouvrir les yeux pour voir le misérable état où il était.

198. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Lorsque Fénelon, jeune, entendait les prédicateurs les plus célèbres de son temps, et Bourdaloue tout le premier, il n’était point entièrement satisfait ; il eût voulu en maint cas une manière de prêcher plus vive, plus courte, plus familière, plus nuancée ; il eût voulu qu’on ne pût en rien soupçonner que le discours qu’on écoutait était un discours écrit à l’avance, appris et retenu, mais qu’à de certaines inflexions, à de certaines marques involontaires et même à des négligences, on crût sentir que cela était dit de source et d’abondance de cœur, et que cette éloquence coulait de génie. […] La Bruyère, dans son discours de réception à l’Académie, parlant de Fénelon, qui était le dernier académicien reçu et qui, trois mois avant lui, avait fait un charmant discours, disait : … Après ce que vous avez entendu, comment osé-je parler, comment daignez-vous m’entendre ? Avouons-le : on sent la force et l’ascendant de ce rare esprit, soit qu’il prêche de génie et sans préparation, soit qu’il prononce un discours étudié et oratoire, soit qu’il explique ses pensées dans la conversation.

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