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287. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

N’y avait-il donc pas à prendre la question dans un repli plus profond et à montrer que, malgré les différences d’idiome et les nuances de mœurs, ces toiles d’araignées dans lesquelles les petits observateurs sont arrêtés comme des insectes, il n’y a eu, à proprement parler, d’action d’une littérature sur une autre que parce qu’il y avait, au fond de toutes ces littératures, unité de génie et souche commune d’une même race d’esprits ?

288. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

J’étais convaincu, au contraire, qu’il y avait une circonstance particulière qui devait expliquer la différence du phénomène, et je cherchai à apprécier cette circonstance. […] Le goût sucré d’ailleurs d’un foie provenant d’un animal sain ou malade suffit pour établir une différence dans sa composition sucrée. […] L’auteur constate les deux résultats sans rechercher autrement d’où provient la différence, et cependant cette différence s’explique par les circonstances signalées, car il constate que chez le lapin, où le sucre a passé dans l’urine, celle-ci était claire et acide, ce qui est le caractère de l’abstinence sur les lapins. […] À quoi tient cette différence ? […] Il est évident que cette différence doit tenir à des conditions diverses dans lesquelles se trouvaient les animaux soumis à l’expérience.

289. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Je vois qu’ici et là elles sont inégales selon les individus ; mais entre les deux groupes je ne vois d’autre différence bien tranchée, sinon que le peuple ne tire rien de son émotion et que l’artiste en tire des oeuvres d’art. […] (Au fait, il n’y a guère de différence de nature entre Béline et Agrippine. ) Dès lors il n’y aura pas de tragédie ni de comédie de caractère qui ne puisse être qualifiée de romantique ; car dans toutes on trouvera à la fois du comique et du tragique, toutes puisant au même fonds, qui est la vie humaine, et n’y ayant point de vice ou de passion qui ne puisse faire tour à tour sourire et trembler. […] Néanmoins Racine connaît assez bien l’histoire, entrevoit la différence des milieux et des civilisations et comment ces différences se trahissent dans le caractère des hommes66 ; et tout cela, il cherche à le reproduire exactement ; mais, comme il étudie exclusivement le mécanisme des sentiments et des passions et élimine de parti pris presque tout le pittoresque de la vie humaine, sa « couleur locale » reste tout intérieure, toute psychologique, et est, par suite, moins saisissante : car c’est peut-être surtout par le détail des mœurs et des habitudes extérieures que se différencient les hommes des diverses époques et des divers milieux.

290. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Je ne ferai point l’objection, d’ailleurs si forte, de demander, puisque toutes les langues sont fondées sur les mêmes éléments, pourquoi, si l’homme les a inventées, il n’y a pas de différence entre elles pour leur organisation essentielle, pour leur structure grammaticale. […] Enfin il y a des langues transpositives et des langues analogues : cette différence mérite peu d’attention, quoiqu’elle soit si considérable : on sent trop bien que les inversions ne sont que facultatives, et tiennent à la même loi que les désinences. […] Enfin a-t-on assez réfléchi à cette différence de la langue écrite et de la langue parlée ? Et ici il n’est point question du chinois ; mais la différence que nous voulons signaler, aucune langue ne peut l’éviter, parce qu’il n’y a pas de signe syllabique qui soit la représentation exacte du son, même la valeur rigoureuse des signes étant donnée.

291. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Cette différence ne peut être venue que de l’éducation bestiale des uns, de l’éducation humaine des autres ; d’où l’on peut conclure que les Hébreux ont eu une autre origine que celle des Gentils. […] Elles sont l’expression des passions et des sentiments, à la différence des pensées philosophiques qui sont le produit de la réflexion et du raisonnement. […] Le même axiome établit la différence qui existe entre le droit naturel des Hébreux, celui des Gentils, et celui des philosophes. […] Ces trois différences, inaperçues jusqu’ici, renversent les trois systèmes de Grotius, de Selden et de Pufendorf33.

292. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

La différence profonde qui, dans le sentiment de Rancé et d’après l’institution rigoureuse de l’Église, devait distinguer les moines proprement dits d’avec le corps du clergé séculier, s’effaçait de plus en plus dans les esprits et n’était plus parfaitement comprise, même des estimables Sainte-Marthe, même des vénérables Mabillon. […] Toute la différence des points de vue est là250.

293. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Des dieux que nous servons connais la différence II Et de quoi nous accusent ces écrivains ? […] IV Cependant, qu’ils me permettent une seule observation sur la différence des temps et des procédés entre la Némésis et leur diatribe.

294. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Ses Recherches de la France et ses Lettres malgré la différence des titres sont bien des ouvrages de même nature : des collections des dissertations sur tous sujets d’érudition. […] En parlant de lui, ce Gascon nous peint l’homme, comme Montaigne, autre Gascon : avec toute la différence qui doit séparer un magistrat érudit d’un rude aventurier, il y a entre eux quelque parenté d’imagination et de style.

295. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Or, il n’en est pas ainsi dans la Nature, et c’est précisément ce que le principe de Carnot nous enseigne, la chaleur peut passer du corps chaud sur le corps froid, et il est impossible ensuite de lui faire reprendre le chemin inverse et de rétablir des différences de température qui se sont effacées. […] Ainsi se trouvent compensées les dernières petites différences.

296. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Il nous reste maintenant à rechercher les différences propres à la dernière45. […] Quant « à l’anticipation de l’avenir, elle consiste dans la même série d’associations, avec cette différence que, dans la mémoire, l’association des états de conscience qui convertit l’idée en mémoire va du conséquent à l’antécédent, c’est-à-dire à reculons ; tandis que dans le cas d’anticipation, l’association va de l’antécédent au conséquent, c’est-à-dire en avant46. » Quand une sensation agréable est conçue comme future, mais sans qu’on en soit certain, cet état de conscience s’appelle espoir ; si l’on en est certain, il s’appelle joie.

297. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Entre un poète et un savant, il ne convient pas de faire différence. […] Existe-t-il une différence entre une strophe de certains poètes et un cantique de certains saints ?

298. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Appréciez mieux les inconvénients et les différences. […] Le plus sûr pourtant, c’est, là où il y a une différence profonde et sentie, comme entre la liberté absolue du théâtre et celle de la presse, de ne pas abolir toute garantie, tout contrôle, et d’être persuadé que l’esprit français, dans le dramatique, ne s’en trouverait pas plus mal à l’aise pour se sentir un peu contenu.

299. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Écartons aussi du débat actuel (car il ne faut pas mêler toutes les questions) la grande hypothèse suivant laquelle toutes les pensées ou tous les mouvements de l’univers ne sont que les modes d’une même substance d’un substratum universel, qui absorbe toutes les différences dans son indivisible unité. […] Aussi l’ancienne philosophie, suivant sur ce point la doctrine d’Aristote, enseignait-elle que l’entendement n’est lié à aucun organe, à la différence des sens76.

300. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

N’oublions pas qu’il était de robe, et que M. de Bonald était d’épée ; ce qui peut expliquer en partie la différence de leurs vues. […] Toutes ces différences cachaient une dissidence capitale.

301. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Et après s’être lavé le visage, il revint, et, se faisant violence, dit à ses serviteurs : Servez à manger116. » Voilà les larmes de Joseph en opposition à celles d’Ulysse ; voilà des beautés semblables, et cependant quelle différence de pathétique ! […] « Isaac fit entrer Rébecca dans la tente de Sara, sa mère, et il la prit pour épouse ; et il eut tant de joie en elle, que la douleur qu’il avait ressentie de la mort de sa mère fut tempérée121. » Nous terminerons ce parallèle et notre poétique chrétienne par un essai qui fera comprendre dans un instant la différence qui existe entre le style de la Bible et celui d’Homère ; nous prendrons un morceau de la première pour la peindre des couleurs du second.

302. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

C’est donc qu’il n’y a entre eux que des différences dans le degré de consolidation qu’ils présentent. […] Mais il est permis de croire que les inductions de la première de ces sciences sur ce sujet sont applicables à l’autre et que, dans les organismes comme dans les sociétés, il n’y a entre ces deux ordres de faits que des différences de degré.

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