Magnier, qui se fait facilement des dieux, qui croit ingénument à M.
Les Hébreux croyaient en un Dieu tout esprit, qui scrute le cœur des hommes ; les gentils croyaient leurs dieux composés d’âme et de corps, et par conséquent incapables de pénétrer dans les cœurs.
Quel sang épargne-t-on, ignoble ou glorieux, Quand on croit le verser pour la gloire des dieux ? Alors tout est permis, tout semble légitime ; Du nom de piété l’on couronne le crime ; Et, comme on pense faire un sacrifice aux dieux, Qui verse plus de sang paraît le plus pieux. […] On lui adressa les vers suivants : Les Grecs, Agamemnon, Chalcas et les dieux même, Ne sauraient m’effrayer pour ses jours précieux. Les efforts d’Achille amoureux, Pour se conserver ce qu’il aime, Ne sont point mon espoir, et je le fonde mieux Sur l’attendrissement des dieux. […] Rousseau prenait la plume pour lui dire : Au nom des dieux, Pradon, pourquoi ce grand courroux, Qui, contre Despréaux, exhale tant d’injures ?
Les dieux veillent d’ailleurs sur le pauvre mari qui, un matin, voit rapporter mourante son étrange compagne. […] Tu vois tomber tes fils, ta patrie et tes Dieux. […] Au vingt-deuxième verset du troisième chapitre, la Genèse nous enseigne qu’il a dit : « L’homme est devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal. » Craignant que l’homme ne fût semblable aux Dieux, ainsi que le serpent l’avait promis, l’Éternel créa la vigne afin qu’il devînt semblable aux bêtes. […] Sur quoi ces honnêtes Chinois en firent un roi, peut-être un dieu. […] Rien n’est petit, rien n’est grand dans l’économie divine. » Voici la seconde : « Les hommes sont des dieux mortels, et les dieux sont des hommes immortels. » Les chapitres consacrés à Moïse, Orphée, Pythagore, ne sont pas moins curieux à consulter ; mais le charme du livre est surtout pour moi dans l’étude sur la vie et la mission de Platon, dont le fond de l’âme était l’Amour et l’Harmonie : Cette âme était aussi douce, aussi limpide, aussi ouverte que la voûte du ciel au-dessus de l’Acropole.
André Bellessort se répétait tout bas le mot du poète Tegnér : « Les dieux y cheminent encore. » Toute la Suède lui est apparue à lui-même comme un être vivant, pénétré d’un étrange attrait : « La séduction de ce pays est dans sa rudesse mystique, dans ses lignes grandes et tristes, mais parfois aussi fines que les traits d’un visage. » C’est d’une foule d’impressions particulières, et, en quelque sorte, localisées, qu’est faite cette vue d’ensemble. […] Il est bien plutôt, en effet, l’homo unius libri, l’autodidacte étonnamment doué, d’autant plus sûr de préserver son tour d’esprit original, qu’il s’est borné à la lecture d’un seul ouvrage ou de deux tout au plus : enfant, il a sucé le lait biblique ; jeune homme, son esprit reçut le coup de fouet du dieu du romantisme. […] Ni à l’heure, déjà surprenante, de ses débuts, ni au moment, presque miraculeux, de sa maturité, ni dans le crépuscule louche et affligeant de sa caducité précoce, Verlaine n’a été ce rustique inspiré, que son irrésistible instinct pousse aux vulgarités, aux images obscènes, mais par moments transporte, transfigure et fait rayonner comme un dieu. […] Musique et poésie, vous n’avez qu’un seul dieu : « one god is god of hoth ». […] Il prononça devant lui le mot des païens d’autrefois, lorsque la grâce, illuminant leurs yeux ardents, pénétrait tout leur cœur d’une allégresse aiguë et agissante : « Je suis chrétien. » Et, une fois de plus, l’inspiration du dieu, comme disait déjà la Sibylle virgilienne interprétant le dogme de Platon, emplit une âme de poète et s’épancha des lèvres en chants brûlants.
Plébéiens et patriciens n’avaient pas les mêmes dieux, n’avaient pas de dieux communs. […] Le prêtre, le patricien sacerdotal antique ne communique pas son dieu à la foule, il le lui montre. Il n’adore pas son dieu avec la foule, il le lui fait adorer. […] Trois cultes sont nés, ont grandi dans le désert… Jéhovah, le Christ, Allah, trois dieux sans corps, sans simulacres, sans idoles, sans figures palpables. […] Il se sentait plus que prêtre, il se sentait un peu fondateur de religion, tant il était bon et spécieux interprète des dieux, sacer interprosque deorum.
Comme les Dieux au ciel, sur la terre les Rois Établissent aussi des souveraines lois : À la grandeur des Dieux leur grandeur se figure Comme au vouloir des Dieux leur vouloir se mesure. […] … De toute la vertu sur la terre épandue Tout le prix à vos Dieux, toute la gloire est due ! […] et grâces aux dieux, ce n’était pas ainsi qu’ils en étaient aimés ! […] pouvons-nous voir en elle une « victime des dieux » ? […] Va, ce n’est pas à nous que les Dieux ont remis Le pouvoir de punir de si chers ennemis.
C’est par elle que l’homme a détrôné ses dieux. […] Imbéciles et béats comme des dieux, la laideur d’autrui les réjouit, leur propre laideur les ravit en extase. […] Fonction splendide, conquête inaliénable de l’artiste sincère, affirmation de l’idéal humain qui fait de nous des dieux ! […] Et les dieux, ces groins, et les maîtres, ces fouines, s’enfuient en glapissant, en répondant le sang et le pus qu’il fait jaillir de leurs larges ulcères. […] À peu d’exception près, ils semblent ignorer l’indépendance aussi bien que la solidarité. — Incapables, dirait-on, de fierté, les uns passent leur vie à genoux, occupés à chanter l’immaculée-conception du dieu qu’ils élurent.
Plût aux dieux, en effet, que je me fusse retiré au fond des antres de Samothrace ou des sanctuaires de l’Inde, comme on l’a prétendu, en affirmant que nul ne me suivrait dans mon temple ou dans ma pagode. […] Enfin, pour le compte de l’époque contemporaine, j’affirme qu’il y a aussi loin de Prométhée à Mercadet, que de la lutte contre les dieux aux débats de la police correctionnelle. […] Il est mort plein de jours, en possession d’une immense sympathie publique, et je ne veux, certes, contester aucune de ses vertus domestiques ; mais je nie radicalement le poète aux divers points de vue de la puissance intellectuelle, du sentiment de la nature, de la langue, du style et de l’entente spéciale du vers, dons précieux, nécessaires, que lui avaient refusés tous les dieux, y compris le dieu des bonnes gens qui, du reste, n’est qu’une divinité de cabaret philanthropique.
Cette émigration fut pour la littérature de la France quelque chose comme la captivité de Babylone qui sema le dieu, le livre et la langue des Hébreux jusqu’aux extrémités de l’Asie. […] Il y avait de tout, depuis les classiques jusqu’aux Pères de l’Église, et depuis les sermonnaires jusqu’aux philosophes du dernier siècle et jusqu’aux poètes fardés, fades et méphitiques de l’école de Dorat et de Parny, qui nous paraissaient des dieux inconnus découverts sous cette poussière. […] Je ne parlerai point de ses œuvres de peur d’offenser mes dieux d’enfance ou de blesser les siens. […] … qu’on le jette à la voirie… qu’il soit déchiré… l’ennemi des dieux, l’ennemi du sénat, aux égouts !
C’est un dieu d’Épicure, baptisé d’un nom d’Ossian et descendu assez mal à propos sur la terre.
Critiquer un auteur, voilà que c’est à la fois comme si l’on cassait les vitres à la boutique d’un industriel, et comme si l’on frappait avec insulte la grotte de cristal d’un dieu !
Le poète Maurice du Plessys aurait-il raison de blasphémer les dieux et de dire qu’Apollon persécute les siens à la mesure de leur amour ?
En suivant une autre carriere, il a rappelé la Poésie à son objet primitif : les premiers Vers furent consacrés, chez tous les Peuples, à chanter les Dieux, à célébrer les Mysteres de la Religion.
« Ô dieux, dit-il en gémissant, quelle fidélité !
Cette fable pouvait avoir plus d’intérêt et plus de vraisemblance chez les anciens, qui attribuaient à différens dieux différens départemens.