/ 3414
1987. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 184

Cette figure devient ennuyeuse quand elle n’est pas dispensée à propos, & son fréquent usage en affoiblit la force, qui ne consiste que dans la vivacité & la rareté.

1988. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 12

Ce Livre est devenu classique dans la plupart de nos Ecoles & dans les Séminaires, où l’on préfere l’orthodoxie aux sentimens particuliers de quelques Théologiens entêtés.

1989. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — P.-S. »

Plus d’une circonstance accessoire put venir donner de la force chez lui à cette idée principale qui vers la fin était devenue une idée fixe.

1990. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tory, André »

Edmond Haraucourt C’est l’éternel refrain d’amour, mais qui, dans sa forme, apparaît moderne en ceci, qu’il constitue un type de cette condensation, de cette synthèse qui sont devenues le besoin moderne… Toi, c’est l’éternelle fiancée, celle qui meurt avec chacun de nos baisers, et qui revit avec chacun de nos désirs, le mirage consolant vers lequel nous marchons sans lassitude, qui fait notre désert moins nu et notre solitude presque aimée.

1991. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 357

Il enseigna la Rhétorique successivement dans les Colléges de Grasseins, de Calvi & d’Harcourt, puis devint Professeur d’Eloquence Grecque au Collége Royal.

1992. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Que pouvez-vous devenir, eussiez-vous le visage aussi froid et le cœur aussi dur que votre métal ? […] II De tous ces personnages historiques devenus aussi immortels que le nom du continent qui les a produits, Confucius est certainement celui qui personnifie en lui le plus grand nombre de siècles et la plus grande masse d’hommes ; car il a inspiré de son âme vingt-trois siècles, et il est devenu, non pas le prophète ou le demi-dieu, mais le philosophe législatif d’un peuple de quatre cents millions d’hommes ! […] L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple. […] La qualité de chef de la littérature, fût-elle une addition étrangère à la souveraineté, en devient l’appui et l’ornement : l’appui, parce qu’elle oblige les empereurs à donner à leurs enfants une éducation qui les force à l’application, leur inspire l’estime et l’amour des sciences, les accoutume à réfléchir, étend leur pénétration et remplit leur esprit d’une infinité de principes et de vues, de maximes et de faits qui leur sauvent bien des méprises. […] Un empereur de la dynastie des Tang répondit à son ministre, qui l’exhortait à se démettre de l’empire : “Vous voulez donc que je devienne un homme inutile sur la terre ?

1993. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

C’était Frédéric Mistral, le jeune poète villageois destiné à devenir, comme Burns, le laboureur écossais, l’Homère de Provence. […] Un pays est devenu un livre ; ouvrons le livre, et suivez-moi. […] « Mais quand le petit houx devient rouge (de baies), que les journées se font hivernales et longues les veillées, autour de la braise à demi éteinte, pendant qu’au loquet siffle ou miaule quelque lutin, sans lumière et sans grandes paroles, il faut attendre le sommeil, moi tout seul avec lui ! […] Comme un grain de raisin (je l’ai vu), notre jeune maîtresse est devenue vermeille dès que le nom de Vincent a été prononcé. […] Ici la scène amoureuse devient une scène des traditions superstitieuses du peuple de Provence.

1994. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Des admirations deviendront incompréhensibles. […] Un mot maladroit peut devenir une arme, que la haine empoisonnera, et qui fera du mal à ce que nous avons de plus cher. […] Notre langue nationale, devenue inexprimablement riche, apte à tout traduire, se fait l’expression supérieure de toutes ces tendances éparses. […] C’est le siècle où les élites étrangères, attirées par un tel éclat, devenaient pour nous la plus fidèle et la plus active des clientèles, faisant pénétrer et chérir le nom et l’esprit de la France, jusque dans les pays, dont l’intérêt politique était de nous exécrer. […] À quoi bon essayer de les connaître, ces splendides romantiques ou ces grands réalistes, qui peuvent devenir les excitateurs de leur sensibilité ou de leur intelligence.

1995. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Si ces projets de famille avaient été réalisés, que fût devenu Audin, l’historien et le biographe ? […] Les lettres aussi l’entraînaient… Seulement, où qu’il allât dorénavant et quoi qu’il devînt, l’Église lui avait mis la main sur le front, et jamais cette main ne se pose sur une tête humaine sans y laisser quelque chose de supérieur à l’homme. […] Même dans le mal, s’ils deviennent pervers, elle les fait grands. […] Les catholiques menacés, qui n’avaient pas l’Inquisition pour les sauver, comme elle avait sauvé l’Espagne, regardaient l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre devenus protestants, et se croyaient perdus. […] Jamais on ne vit rien de si différent et de si semblable, et, comme l’Erreur, en se faisant homme, se rame toujours de la même manière dans le tempérament de l’humanité, nous avons vu, quand, de religieux, le principe protestant est devenu politique, se reproduire le même phénomène d’identité dans le mal et d’antagonisme dans les facultés.

1996. (1903) La renaissance classique pp. -

La littérature devenait une simple affaire de style. […] quoi, ils n’avaient donc rien vu, ces hommes qui arrivaient de leurs provinces, encore mal décrassés de leurs origines rustiques ou bourgeoises, et qui, devenus Parisiens d’adoption, avaient le bonheur de vivre dans une des villes les plus agissantes du monde ? […] Si tel est l’objet de notre art, il devient évident que nous devons avant tout nous préoccuper des exemplaires les plus parfaits de la vie, puisqu’ils épuisent en quelque façon toute la force de notre principe. […] Le jour où nous croyons comprendre la pensée d’un Goethe, ce n’est pas que nous soyons devenus plus intelligents au sens métaphysique du mot, mais c’est que nous sommes parvenus à un point de notre développement intellectuel qui offre quelque analogie avec celui du grand poète. […] En un temps où sévit la « littérature comparée », où des musées d’art voisinent avec des musées d’archéologie ou d’anthropologie préhistorique, le goût hébété défaille et dégénère, l’imagination devient servile et compilatrice.

1997. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray était le second de trois fils ; son plus jeune frère, appelé d’Houay, de la ferme de ce nom, devint habile chirurgien et accoucheur à Argentan ; il y fut nommé échevin et y soutint en cette qualité la prérogative municipale. […] L’auteur se forme sensiblement à mesure qu’il les écrit : la fin du tome premier, à partir de Philippe le Bel et surtout de Charles V et Charles VI, devient fort nourrie et fort pleine ; le second volume, qui commence à Charles VII et qui finit avec Charles IX, est constamment soutenu ; le troisième, qui comprend le seul règne de Henri III et celui de Henri IV jusqu’à la paix de Vervins, est excellent. […] Indépendamment de la narration qui devient pleine, variée et nourrie, et qui est d’un mouvement facile et continu, Mézeray est un grand peintre de portraits dans les résumés qu’il donne à la fin de chaque règne et où il retrace en abrégé le caractère, les mérites ou les défauts du roi dont on a lu l’histoire Un sentiment non seulement équitable, mais humain et, autant qu’il se peut, loyal et fidèle, domine dans ces jugements et en tempère la rigueur ; s’il y a quelque circonstance atténuante ou touchante pour les monarques même les plus désastreux et les plus funestes, Mézeray ne l’omet pas.

1998. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Mais ceux qui le cherchaient avec tant d’empressement, qui voulaient le voir, l’entendre, le consulter, ces hommes frivoles et dissolus, c’étaient des insensés qui souhaitaient de devenir impies… Le bruit courait en effet qu’on avait autrefois mandé Spinoza en consultation à Paris. […] Mais ce qui n’était d’abord qu’une simple plaisanterie, qu’une conjecture maligne, va devenir bientôt une affaire sérieuse, un décri formel et public, le sujet de tous les entretiens : C’est un scandale qui vous survivra, s’écrie Massillon ; les histoires scandaleuses des cours ne meurent jamais avec leurs héros : des écrivains lascifs ont fait passer jusqu’à nous les satires, les dérèglements des cours qui nous ont précédés ; et il se trouvera parmi nous des auteurs licencieux qui instruiront les âges à venir des bruits publics, des événements scandaleux et des vices de la nôtre. […] Et quelle peinture plus frappante et plus reconnaissable que cette image d’une âme finalement vouée à l’ennui capricieux né des plaisirs : Vos passions ayant essayé de tout et tout usé, il ne vous reste plus qu’à vous dévorer vous-même : vos bizarreries deviennent l’unique ressource de votre ennui et de votre satiété.

1999. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Il y a cinquante-deux ans que le dimanche 28 germinal an X (18 avril 1802), jour de Pâques, Le Moniteur publiait à la fois l’annonce de la ratification du traité de paix signé entre la France et l’Angleterre, la proclamation du Premier consul déclarant l’heureuse conclusion du Concordat devenu loi de l’État ; et, ce même jour où l’église de Notre-Dame se rouvrait à la solennité du culte par un Te Deum d’action de grâces, Le Moniteur insérait un article de Fontanes sur le Génie du christianisme qui venait de paraître et qui inaugurait sous de si brillants auspices la littérature du xixe  siècle. […] Ginguené surtout, qui était Breton comme Chateaubriand ; qui avait fort connu sa sœur Mme de Farcy et toute sa famille ; qui savait des particularités intimes sur les premières erreurs du poète, sur les fautes dont s’était affligée sa mère, et qui s’en était entretenu avec lui depuis même son retour d’Angleterre ; Ginguené, honnête homme, mais roide et peu traitable, devenait un adversaire dangereux. […] Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à ta mort m’ont frappé : je suis devenu chrétien.

2000. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Mlle de Joyeuse devint la marquise de Brosses, et Maucroix, soit à Paris où il était allé se distraire, soit de retour à Reims où il retrouva l’objet de son mal, gardait un beau reste d’attache et de sentiment. […] Je deviens bossu à force de faire des révérences. […] Le nom de Maucroix est devenu inséparable de celui de cet ami ; il l’est surtout maintenant qu’on a la plupart de ses vers et les lettres charmantes qui valent mieux.

2001. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

C’est un grondeur et un mécontent par humeur que d’Aubigné ; il était inapplicable en grand et n’aurait su devenir tout à fait homme d’État ni principal capitaine ; il était né ce que nous appelons de nos jours un homme d’opposition : pourtant, dès qu’on le presse et qu’on lui met la main au cœur, comme il est fier de son Henri IV, du « grand roi que Dieu lui avait donné pour maître », dont les pieds lui ont servi si souvent de chevet ! […] D’Aubigné voyait dans ce dévouement et cette vaillance une preuve du bon droit : « Il arrive peu souvent, pensait-il, que l’injustice ait les meilleures épées de son côté, parce que c’est la conscience qui émeut la noblesse et la porte aux extraordinaires dépenses, labeurs et hasards. » D’Aubigné, si on l’avait pressé, eût peut-être été dans l’embarras de fixer ce beau temps où l’épée de la noblesse était toujours pour le parti le plus juste ; dans les souvenirs de la fin de sa vie, il confond involontairement ce temps idéal avec celui de sa jeunesse, le bel âge pour tous : quand il devint vieux, il ne fut pas des derniers à crier à la décadence. […] Là, ils deviennent mercenaires : ici, ils n’ont d’autres loyers que la juste passion ; là, ils goûtent les délices : ici, ils observent une milice sans repos.

2002. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

On ne saisit pas bien l’instant précis où il s’arrêta dans sa confiance en la Révolution, car il ne faisait point partie de l’Assemblée constituante : lorsqu’il entra dans la seconde législature et qu’il devint membre de l’Assemblée législative, il était déjà dans la résistance, dans la ligne constitutionnelle, voulant y rester et s’y tenir. […] ce ne fut qu’une sorte d’apparition gigantesque et formidable : le soleil ne brillait pas, une brume dérobait le sommet principal, et l’autre cime moindre, qu’on nomme le Cylindre, cette figure de tour tronquée, plus sombre que le nuage, plus menaçante que le Mont-Perdu lui-même, en usurpait l’apparence et devenait l’objet le plus extraordinaire du tableau. […] Je vis maintenant avec mon herbier et les souvenirs qui l’accompagnent : hors de là, tout m’est devenu superflu.

/ 3414