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794. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Stace, Silius, et ces mille et un 163 auteurs et poëtes de Rome dont on peut demander les noms à Juvénal, se nourrissaient de lectures, de réunions, et les tièdes atmosphères des soirées d’alors, qui soutenaient quelques talents timides en danger de mourir, en faisaient pulluler un bon nombre de médiocres qui n’aurait pas dû naître. […] et le lendemain, au réveil, demandez-vous ce que vous avez fait de votre chasteté d’émotion et de vos plus doux mystères. […] C’est un faible en ce monde que la poésie ; c’est souvent une plaie secrète qui demande une main légère : le goût, on le sent, consiste quelquefois à se taire sur l’expression et à laisser passer.

795. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Depuis un an environ que les journaux répètent de mois en mois la fastueuse annonce, chacun se demande avec défiance quels documents officiels, quels personnages instruits, Walter Scott a consultés, quelles communications particulières il a reçues. […] Quand sir Walter Scott en viendra à la campagne d’Italie et à la correspondance de Bonaparte avec Joséphine, il comparera le style étincelant de ces lettres au langage d’un berger arcadien, et il ajoutera ces singulières paroles qu’on croirait entendre sortir des lèvres froncées d’une milady autour d’une table à thé : « Nous ne pouvons nous dispenser de dire que dans certains passages, qu’assurément nous ne citerons pas, cette correspondance offre un ton d’indélicatesse (indelicacy) que, malgré l’intimité du lien conjugal, un mari anglais n’emploierait pas, et qu’une femme anglaise ne regarderait pas comme l’expression convenable de l’affection conjugale. » Risum teneatis… Maintenat que nous avons un échantillon du XVIIIe selon sir Walter Scott, prenons une idée du tableau qu’il trace de la révolution francaise : « La définition du tiers état par Sieyes fit fortune, au point que les notables demandèrent que les députés du tiers fussent égaux en nombre aux députés de la  noblesse et du clergé réunis, et formassent ainsi la moitié numérique des délégués aux États généraux. » Mais on sait que l’Assemblée des notables se prononça contre le doublement du tiers, et que le bureau présidé par Monsieur fut le seul qui vota pour cette mesure. […] Lorsqu’il fut sorti de la caverne après avoir crevé l’œil unique du cyclope, celui-ci répondait à ceux qui, accourus à ses cris, lui demandaient de qui il avait tant à se plaindre, — de Oύτις ; (de Personne).

796. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Mais le souci de perfection et le besoin de beauté qui hantaient les Parnassiens devaient, au moins dans les commencements (car toute école nouvelle est intransigeante), les conduire à préférer la poésie impersonnelle, presque uniquement descriptive et plastique, celle qui demande ses tableaux à l’histoire et à la légende ou qui reproduit les symboles par lesquels l’humanité passée s’est représenté l’univers. […] car cela est à la portée de tout le monde et je me demanderai si c’est à la beauté de ses vers que je suis sensible, ou à la beauté de son âme. […] Je ne lui demande qu’une chose : Qu’il continue de feuilleter le soir, avant de s’endormir, des catalogues d’épées, d’armures et de meubles anciens, rien de mieux ; mais qu’il s’accoude plus souvent sur la roche moussue où rêve Sabinula.

797. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Au dix-septième siècle, sauf dans le petit cercle de Bouhours, on demandait aux auteurs le vrai, la raison par laquelle nous le discernons du faux. […] Quand on lit, dans ce même Lamotte, le « suisse d’un jardin » pour une haie, le « voyage sédentaire » pour l’étude de la géographie, « l’hôte de la flatterie » pour un prince flatté, on se croit encore au bon temps où le miroir était « le conseiller des grâces », les statues « des muets illustres » ; où Cathos veut qu’au lieu de : « Voilà un laquais qui demande si vous êtes au logis », on dise : « Voilà un nécessaire qui demande si vous êtes en commodité d’être visible. » Il semble même qu’en cet art puéril de ne rien dire comme les autres, les beaux esprits du dix-huitième siècle aient renchéri sur ceux du dix-septième.

798. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

La famille germanique, par exemple, selon la théorie que j’expose, a le droit de reprendre les membres épars du germanisme, même quand ces membres ne demandent pas à se rejoindre. […] Est-il certain que les Allemands, qui ont élevé si haut le drapeau de l’ethnographie, ne verront pas les Slaves venir analyser, à leur tour, les noms des villages de la Saxe et de la Lusace, rechercher les traces des Wiltzes ou des Obotrites, et demander compte des massacres et des ventes en masse que les Othons firent de leurs aïeux ? […] Elle a mieux à faire : demandons-lui tout simplement la vérité.

799. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Cependant, le 25 mai 1674, madame Scarron écrivait de la cour à Gobelin une lettre qui demande un peu d’attention pour être entendue99. […] « Je ne sais si vous êtes content de cet établissement » (de cette dot pour mon établissement) ; « pour moi je le suis, et je changerai bien de sentiment si jamais je leur demande un sou. […] Mais le roi a entendu parler de ce que, vous demandez pour votre compagnie de cavalerie.

800. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Lorsqu’un bras séparé du corps est disséqué par l’anatomiste, si on voyait les doigts saisir le scalpel, le repousser, ou le pouce essuyer l’acide irritant, pourquoi demande Lewes, refuserait-on d’admettre que les centres du bras sentent, quoique ie cerveau et l’homme ne sentent pas ? […] Au moment où on lui demande de penser un nombre, elle en a déjà pensé un très vaguement. […] Binet demande à la personne quel est son âge ; au moment où elle répond : dix-huit ans, « et même quelques secondes avant qu’elle réponde », la plume qu’on a eu soin de glisser entre l’index et le pouce de sa main anesthésique fait la même réponse écrite.

801. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

* * * — Mlle X… qui avait demandé l’autre jour à son entreteneur de venir la réveiller à quatre heures pour aller voir ensemble guillotiner Pianori, refusée par lui, y a été menée par une amie, au sortir d’un souper tête à tête. […] » J’entends le tailleur Armand dire cela à Baschet, qui s’était permis, sur un trottoir, de lui demander où en était une jaquette commandée depuis une quinzaine de jours. […] » Mais j’étais déjà dégrisé, j’avais peur qu’elle ne me demandât, le lendemain matin, un petit ouistiti que j’avais acheté au Havre, dans la journée.

802. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

En vérité, c’est à se demander si Rigault s’entend lui-même lorsque, dans sa notice, il fait précisément honneur à Horace de ce dont on doit lui faire honte, lorsqu’il le glorifie de ce qui le déshonore, non seulement comme homme, comme tempérament d’homme, mais comme poète. […] « C’était un sceptique qui admettait des dieux pour être tranquille. » Je ne vous demandais pas le motif, monsieur ! […] Et ce que l’on trouve est bien peu de chose en comparaison de tout ce que l’on a donné à ce favori de la gloire : car la gloire est la seule courtisane qui ne l’ait pas trompé et maltraité, et probablement parce qu’à celle-là il ne demanda jamais rien !

803. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Comment croire qu’il n’eût pas montré que ces institutions ayant seules rendu l’ordre à une société qui le demandait à toutes les formes de l’élection depuis dix ans, le triomphe du Consulat était précisément, et devait être, de placer le pouvoir exécutif en dehors de l’élection et de ses erreurs ? […] Maintenant, un seul mot de conseil : Que ceux-là qui, depuis un siècle, troublent la France, la nouvelle Europe romaine, d’utopies demandées à l’antiquité grecque, lisent l’œuvre de Lerminier. Et que les conservateurs actuels, qui, malheureusement, ne savent pas toujours ce qu’ils ont à conserver, après avoir lu le livre de Champagny et appris ce que furent pour Rome la nationalité et la famille, osent enfin demander la force de notre pays à cette centralisation qui est le souvenir de l’ancienne unité romaine, et qui pourrait nous rapporter la même gloire !

804. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Le xviiie  siècle a préparé et il a fini par accomplir la Révolution française et quand nous n’aurions pas d’autre raison que ce beau chef-d’œuvre, cette raison suffirait pour nous faire mépriser ce siècle vil, malgré l’éclat de ses talents et de ses vices, et dont on peut demander s’il fut plus criminel que lâche, ou plus lâche encore que criminel. […] L’oubli de son personnage de roi, la délivrance de lui-même, toutes choses que ne lui donnait pas la reine, voilà ce que Louis XV demandait à l’adultère, voilà ce que, toute sa vie, il devait y chercher… » Tel il est, ce portrait que je n’ai pas voulu abréger et que je trouve, presque à ma surprise, dans cette histoire de Madame de Châteauroux, dans le récit des amours de madame de Mailly, de ce premier de tous les adultères qui vont suivre ! […] Le Roi, ce Jupiter qui brûlait toutes les Sémélés du temps, qui ne demandaient qu’à être brûlées, ne tiédit même pas cette incombustible, qui, avant d’être maîtresse en titre, exigea avec une inflexibilité moqueusement féroce qu’on la fît duchesse de Châteauroux et qui le fut, et qui aurait été on ne sait plus quoi si elle avait vécu, tant son ambition — une ambition à profondeurs infinies ! 

805. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

I Lorsque le flageolet de la réclame annonça que Μ. de Girardin, le trop célèbre rédacteur de La Presse et l’auteur de La Politique universelle, venait de terminer une comédie, on put se demander si le journalisme, exercé pendant longtemps, avait l’heureuse propriété de donner à un homme, sur le tard de sa vie, des facultés que personne ni lui-même n’avaient jusque-là soupçonnées. […] De toutes les œuvres de l’esprit humain, une comédie n’est pas la moins grande, et elle demande surtout, pour parler le langage des sociétés avancées dont elle retrace les mœurs ou les caractères, une intelligence profondément cultivée et littéraire, qui n’est pas précisément, comme on le sait, le genre d’intelligence de Μ. de Girardin. […] Lui qui, dans sa Politique universelle demande l’abolition légale de la paternité, et, dans ce qui fut son journal, l’abolition de l’orthographe, — c’est-à-dire, du même coup, la suppression de la famille dans la société et dans le langage, — Μ. de Girardin se pique trop de logique pour réclamer contre nous.

806. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Je lui demande bien pardon du jeu de mots auquel il fait penser : il a bâillonné son sujet. […] Le poète, chez Byron, était plus fort que le dandy, tandis que dans les lettres de Walpole rien n’est plus fort que le dandysme, et on se demande ce qu’elles seraient, ces lettres, sans cet accent dandy qui y vibre et qui y circule ! […] Crébillon le fils est démodé. » Lui encore, qui avait appris ce qu’il savait de français dans les adorables Mémoires du comte de Grammont, édités d’admiration par lui, il se demande où, dans l’empâtement philosophique universel, s’en était allée la délicieuse et ancienne vivacité française, cette furie qui gagnait les batailles de l’esprit comme les autres !

807. (1881) Le roman expérimental

On ne vous demande pas d’écrire d’une certaine façon, de copier tel maître ; on vous demande de chercher et de classer votre part de documents humains, de découvrir votre coin de vérité, grâce à la méthode. […] L’argument décisif est qu’il ne faut pas demander ces choses au théâtre. […] Ce n’est pas seulement son pain de tous les jours que Balzac demande à ses livres ; il leur demande de combler les pertes faites par lui dans l’industrie. […] Cela ne demande pas même de l’intelligence ; il suffit de constater des faits. […] Puisqu’on nous demande de l’imagination, en voici.

808. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

On se demande ce que c’est : vais-je tirer une baguette, suis-je un sorcier ? […] Ma mère demande grâce. […] demanda un homme encore jeune, le monocle à l’œil, qui, dans ces couloirs, semblait littéralement chez lui. […] demanda Vaudrey à demi sérieusement. […] c’est vous, mon cher ami, je ne vous reconnaissais pas ; vous savez, j’ai la vue si basse… Vous me demandiez ?

809. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Et il m’écrivait pour me demander d’en être désormais. […] Demanda-t-il avec presque de l’anxiété. […] demande-t-il. […] » se demandait de Cottens. […] Je ne demande pas mieux que de les aider, moi.

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