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1850. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Qu’il puisse y avoir beaucoup de vrai dans ces prescriptions d’analyse, Joseph de Maistre n’a pas assez d’éclats de voix ni de sifflets pour le nier ; nous dirons simplement que l’erreur est d’y mettre tout, de croire que la méthode crée l’esprit et que le mot garantit l’idée, de passer le niveau sur les facultés humaines et d’en supprimer le jet naturel, de méconnaître, non pas seulement ce que le génie, mais ce que le bon sens apporte volontiers de libre et de vif avec lui.

1851. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Philosophe contre toute philosophie, il a créé l’épopée réaliste, parodie grave, déduite comme une géométrie, absurde comme un rêve, croyable comme un procès-verbal, attrayante comme un conte, avilissante comme un torchon posé en guise de couronne sur la tête d’un dieu.

1852. (1904) Zangwill pp. 7-90

Une fabrique d’Ases, un Asgaard, pourra être reconstitué au centre de l’Asie, et, si l’on répugne à ces sortes de mythes, que l’on veuille bien remarquer le procédé qu’emploient les fourmis et les abeilles pour déterminer la fonction à laquelle chaque individu doit être appliqué ; que l’on réfléchisse surtout au moyen qu’emploient les botanistes pour créer leurs singularités.

1853. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Quelques-uns sont même parvenus à se créer une sorte de personnalité, entre autres la servante-modèle de M.  […] Après un succès de surprise, qu’elle avait eu le tort d’exagérer, la critique dut combattre cette réaction. — Mais il était trop tard déjà : une école était créée, et, par camaraderie plutôt que par instinct, M.

1854. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Dans ce rôle évidemment créé par elle, eût-elle été précédée de cent artistes, madame Sarah Bernhardt n’est même plus une actrice. […] Son spiritualisme est si impatient et si forcené qu’il semble que toutes les choses créées doivent crier le Saint Nom quand il les chante dans ses vers et il est en même temps si religieux et si tendre, que les plus farouches clameurs qu’il ait poussées, ne sont jamais autre chose que les convulsions d’une âme affreusement solitaire et saturée de l’épouvante de la mort.

1855. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Deschanel a, pour ainsi dire, créé ou recréé à son usage un genre littéraire qui, depuis la publication de ses Conférences de Belgique, a rapidement évolué dans le sens indiqué par lui. […] L’institution du suffrage universel n’a donc pas créé les maux dont nous souffrons. […] Le député porte à la tribune des propositions de loi qui enflent le budget, ou il vote des dégrèvements qui contribuent d’une autre façon à créer des déficits ; il assiège les ministres pour obtenir une place pour celui-ci, une remise d’amende pour celui-là ; mais il ne faut pas supposer que ses discours parlementaires ou ses séances dans les antichambres ministérielles acquittent la dette qu’il a contractée envers ses électeurs le jour où il a brigué leur confiance.

1856. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Il n’invente pas, il observe ; il ne crée pas, il transcrit.

1857. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il se trouve plus à l’aise dans ce monde qu’il s’est créé ; là il est chez lui, là il peut croire encore à sa force et à son importance.

1858. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Les gens se pressaient en foule quand les jeunes guerriers furent créés chevaliers, d’après la coutume de la chevalerie, avec de si grands honneurs qu’on n’en vit plus de semblables depuis.

1859. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Ils ont donc ainsi créé ce roman, psychologique à la fois et lyrique, dont les effusions ne sont en quelque manière que le trop-plein d’une âme qui se déborde, et en se débordant, se révèle. […] De l’humanité, « Épilogue », 1840], Ce sont là les doctrines que l’on a d’abord enveloppées sous le nom de « socialisme », et aussi bien la tradition fait-elle honneur à Pierre Leroux d’avoir créé le mot.

1860. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

… Tout immobiles que sont leurs pics, ils créent sous eux et autour d’eux une agitation éternelle, des courants violents, contradictoires, qui se battent entre eux, si furieux parfois qu’il faut attendre. « Que je passe plus bas, les torrents qui hurlent dans l’ombre avec un fracas de noyades, ont des trombes qui m’entraîneront.

1861. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Sophocle Comédie-Française : Œdipe roi, tragédie de Sophocle, traduction de Jules Lacroix. 23 juillet 1888. La Comédie-Française a repris Œdipe roi. Remercions-la de nous donner de ces fêtes. Le spectacle est magnifique et l’interprétation, dans son ensemble, tout à fait digne de notre première scène.

1862. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Un auteur de dictionnaire ne doit, sans doute, jamais créer de mots nouveaux, parce qu’il est l’historien et non le réformateur de la langue ; cependant il est bon qu’il observe la nécessité dont il serait qu’on en fit plusieurs, pour désigner certaines idées qui ne peuvent être rendues qu’imparfaitement par des périphrases ; peut-être même pourrait-il se permettre d’en hasarder quelques-uns, avec retenue, et en avertissant de l’innovation ; il doit surtout réclamer les mots qu’on a laissé mal à propos vieillir, et dont la proscription a énervé et appauvri la langue au lieu de la polir.

1863. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Au vingt-deuxième verset du troisième chapitre, la Genèse nous enseigne qu’il a dit : « L’homme est devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal. » Craignant que l’homme ne fût semblable aux Dieux, ainsi que le serpent l’avait promis, l’Éternel créa la vigne afin qu’il devînt semblable aux bêtes. […] L’auteur conclut en disant très justement de la Russie que si Pierre Ier l’a créée de toutes pièces, Catherine, elle, lui a donné la conscience de sa force, de son génie et de son rôle historique.

1864. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Peu s’en est fallu que, du moins, il ne créât un snobisme. […] Les foules n’ont jamais rien créé, que le désordre ; et la conscience populaire d’une époque demeure stérile, si un individu bien doué ne la vivifie.

1865. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Je ne parle pas de la philosophie : Descartes en avait créé la langue, et Bossuet n’a fait que la soutenir, mais à sa manière, en la rendant plus vive, plus pressante et plus colorée.

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