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1135. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Tel était probablement l’art de ces orateurs ; mais pour savoir quel était ou pouvait être le genre de leur éloquence, il faut considérer tout ce qui pouvait influer sur elle.

1136. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Maintenant, si vous considérez ces éloges du côté du mérite de l’écrivain, ce mérite est connu.

1137. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

L’apparition d’un homme de génie est toujours un véritable miracle ; seulement ce miracle vient d’ordinaire si bien à temps que nous le considérons comme un fait naturel. […] Peu s’en faut qu’il ne considère ces trois forces comme fatales et qu’il ne les assimile à des lois naturelles et physiques. […] Je ne sais trop jusqu’à quel point cette opinion est fondée ; mais elle est bien en harmonie avec la tranquille assurance de cette Église qui s’est toujours considérée comme en possession de l’éternité. […] Flore et Pomone te considèrent déjà comme leur suivante, et dans peu de temps te chargeront de leurs plus doux fruits. […] — Eh bien, à considérer la chose froidement, ce crime n’est pas même une faute.

1138. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

C’est là encore un caractère qu’il faut considérer. […] En effet, quoi de plus malaisé que d’apprécier l’effort d’un écrivain sans considérer à quoi tend cet effort ? […] Veuve par la main du bourreau, elle considérait son veuvage comme sacré. […] Mais elle peut ne l’être pas, et, à tout bien considérer, il serait merveilleux qu’elle le fût. […] Ils considéraient cette langue comme le seul instrument digne d’exprimer une pensée sérieuse.

1139. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il faut considérer, d’ailleurs, que, si la France n’est pas très ferrée sur Ibsen, l’Italie et l’Espagne le sont encore moins. […] Et elle se croît généreuse et grande, et elle considère la beauté de son âme avec une complaisance ! […] Cela est vrai, si l’on considère ses premières tragédies (le Cid excepté) où, en effet, le devoir l’emporte sur la passion. […] En quoi si dangereux (à considérer, comme fait l’auteur, l’ordre entier de l’univers) ? […] Pour goûter entièrement cette comédie, il faut de toute nécessité en considérer tous les personnages du même œil et avec les mêmes sentiments que M. 

1140. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Rigal s’est attaché d’abord à établir, et ce que l’on peut considérer désormais, grâce à lui, comme acquis à l’histoire littéraire. […] Rigal, si l’on prend la peine de le lire et surtout si l’on daigne considérer en quel temps il a vécu. […] Ou n’en douterait pas, si l’habitude ne s’était accréditée parmi nous de ne considérer dans Tartufe que Tartufe lui-même ; et, quand on n’y considère que Tartufe, on n’a pas de peine à démontrer qu’effectivement il est… Tartufe. […] Considérez également la nature des sujets, et la leçon qui s’en dégage. […] Mais ce qui est certain, c’est l’influence de Montesquieu sur tous les historiens qui l’ont suivi et sur la manière même de considérer, d’étudier, et d’écrire l’histoire.

1141. (1881) Le roman expérimental

La grande et unique différence est qu’il y a, dans l’organisme des êtres vivants, à considérer un ensemble harmonique des phénomènes. […] Nous considérons avant tout comme notre véritable ami celui qui nous apprend à nous garder de ce que nous craignons le plus au monde le vague vide et l’appréciation insuffisante de nos concurrents dans le domaine matériel et intellectuel. […] Victorien Sardou, Dumas fils, Émile Augier, de dire pour quelles raisons je les considère simplement comme des ouvriers qui déblayent les voies et non comme des créateurs, des génies qui fondent un monument. […] Je ne veux pas même considérer le plus ou le moins de médiocrité qu’on pourrait se flatter d’obtenir dans ces œuvres, si l’État intervenait en les mettant au concours. […] Il dérangeait mes idées préconçues sur les inventeurs, que je considérais, je ne sais pourquoi, comme des maniaques doux et inoffensifs.

1142. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Mérimée, si admiré de Goethe dès ses productions premières, pour son Théâtre de Clara Gazul, pour sa Guzla, considéré par lui au début comme un des plus francs et des plus originaux talents de la France, certes M.  […] Pierre Leroux, intelligence supérieure, mais peu dégagée, homme de mérite, retenu à cette date au second plan dans des occupations secondaires et que l’on considérait comme la cheville ouvrière ou l’âme matérielle du Globe, M.  […] Auguste Trognon, qui renfermait et limitait ses innovations et ses hardiesses d’un moment dans le cadre de notre histoire nationale ; l’intègre et laborieux Damiron, qui n’eut de tout temps d’autre défaut que de rester un esprit disciple, trop soumis à ses aînés et à ceux qu’il considérait comme ses maîtres. […] Byron était un des antipathiques de l’illustre auteur de René, qui le considérait comme un rival, et pis que cela, presque comme un plagiaire.

1143. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais, comme il s’imagine avoir fondé la critique littéraire sur quelque chose en la fondant sur le goût, avant d’exposer mes nouveaux principes, j’ai à suivre l’exemple qu’il m’a donné lui-même : moi aussi, je dois lui dire pourquoi je considère sa méthode comme chimérique. […] Je ne sais pas pourquoi l’on est convenu de considérer comme parfaite une certaine beauté négative, où l’on a évité toutes sortes de fautes ; c’est par une illusion d’optique que l’on croit avoir évité toutes sortes de fautes, et que l’on s’imagine voir dans l’harmonie et la mesure plus de perfection que dans la fougue désordonnée. […] Ils ont l’air de considérer l’homme dans la nature comme un empire dans un autre empire, et l’empire même de la nature comme le jeu des secrets caprices du Destin. […] Diminuer la considération des sociétés graves, railler l’amour platonique, c’était flatter agréablement l’oreille du roi, et l’on ne peut douter de l’intention qu’eut Molière d’être bon courtisan, quand on considère l’insultant mépris avec lequel Clitandre, homme de cour, traite les gens de lettres, ces « gredins qui, pour être imprimés et reliés en veau, se croient d’importantes personnes dans l’État ».

1144. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Puis il conclut en doublant l’insulte : Ayant maintenant considéré les plus fortes objections contre le christianisme et les principaux avantages qu’on espère obtenir en l’abolissant, je vais, avec non moins de déférence et de soumission pour de plus sages jugements, mentionner quelques inconvénients qui pourraient naître de la destruction de l’Évangile, et que les inventeurs n’ont peut-être pas suffisamment examinés. D’abord je sens très-vivement combien les personnes d’esprit et de plaisir doivent être choquées et murmurer à la vue de tant de prêtres crottés qui se rencontrent sur leur chemin et offensent leurs yeux ; mais en même temps ces sages réformateurs ne considèrent pas quel avantage et quelle félicité c’est pour de grands esprits d’avoir toujours sous la main des objets de mépris et de dégoût pour exercer et accroître leurs talents, et pour empêcher leur mauvaise humeur de retomber sur eux-mêmes ou sur leurs pareils, —  particulièrement quand tout cela peut être fait sans le moindre danger imaginable pour leurs personnes. […] Ce profond traité contient tout le secret de la métempsychose, et développe l’histoire de l’âme à travers tous ses états. —  Whittington et son chat est une œuvre de ce mystérieux Rabbi Jehuda Hannasi, contenant une défense de la Gémara de la Misna Hiérosolymitaine, et les raisons qui doivent la faire préférer à celle de Babylone, contrairement à l’opinion reçue. » Lui-même avertit qu’il va publier « une histoire générale des oreilles, un panégyrique du nombre trois, une humble défense des procédés de la canaille dans tous les siècles, un essai critique sur l’art de brailler cagotement, considéré aux points de vue philosophique, physique et musical », et il engage les lecteurs à lui arracher par les sollicitations ces inestimables traités qui vont changer la face du monde ; puis, se tournant contre les savants et les critiques éplucheurs de textes, il leur prouve à leur façon que les anciens ont parlé d’eux. […] Je prie donc humblement le public de considérer que des cent vingt mille enfants on en pourrait réserver vingt mille pour la reproduction de l’espèce, desquels un quart serait des mâles, et que les cent mille autres pourraient, à l’âge d’un an, être offerts en vente aux personnes de qualité et de fortune dans tout le royaume, la mère étant toujours avertie de les faire téter abondamment le dernier mois, de façon à les rendre charnus et gras pour les bonnes tables.

1145. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

« Chacun regarde devant soi, moi je regarde dedans moi, je n’ai affaire qu’à moi, je me considère, je me contrôle, je me goûte, … Les autres vont toujours ailleurs… Nemo in se tentat descendere ; moi, je me roule en moi-même. » Et par la comparaison que je fais des autres et de moi, pourrait-il ajouter, je ne me connais pas seulement moi-même, je connais aussi les autres, je me fais quelque image de cette générale et commune humanité dont je suis avec eux ou dont ils sont comme moi. […] Si elle n’a pas réussi davantage, c’est qu’elle a commis trois erreurs capitales : — 1º Elle s’est trompée sur le choix des modèles, qu’elle a toujours confondus, pourvu qu’ils fussent anciens, dans la même admiration ; — 2º Elle s’est trompée sur les conditions des genres, qu’elle a cru que l’on pouvait créer à volonté, sans égard au temps, aux lieux, aux lois de l’esprit humain. — Théorie de l’Épopée, considérée comme expression d’un conflit de races ; — Théorie du Lyrisme, considéré comme expression de la personnalité du poète ; — Théorie du Drame, considéré comme une rencontre de la force des choses et de la volonté humaine. — Enfin, et 3º, la Pléiade s’est trompée sur ses forces réelles, en ne connaissant pas assez ce qui lui manquait du côté de l’expérience de la vie et de l’observation de l’homme.

1146. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’en ai surtout quand je considère avec quelle aisance Flaubert écrivait à ses amis, en une matinée, des lettres de vingt pages, qui sont déjà vraiment d’un style très poussé. […] Je suis sûr qu’il y a des gens que je considère comme des imbéciles, précisément parce qu’ils ont en littérature les goûts que j’ai en musique. […] Vous laisserez faire ces petits fous… Et, vos deux pensions de retraite réglées, vous vieillirez, dignes et gras, chargés d’honneurs, opulents et considérés, dans votre petit hôtel de l’avenue de Villiers. […] L’homme considéra la fillette et dit : — Oh ! […] Ernest Lavisse considère comme un excellent morceau de psychologie historique.

1147. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Oui, sans doute, en pardonnant il n’agit pas selon son intérêt bien entendu ; mais il obéit à un sentiment qui, au premier aspect, semble exclusivement généreux, et qui, cependant, n’est pas tout à fait exempt d’égoïsme : car il y a dans le pardon deux points à considérer. […] Le roman de Notre-Dame, écrit à l’âge de vingt-neuf ans, peut être considéré, sinon comme le dernier mot de l’auteur, du moins comme l’expression d’une volonté longtemps discutée, soumise à toutes les épreuves de la réflexion. […] Quant à don Carlos, qui, dans la seconde moitié de la pièce, s’appelle Charles-Quint, il est permis de le considérer comme formé de la réunion de Saverny et de Laffemas. […] Excellent, loyal, mais d’une nature peu expansive, il considère l’empressement et la flatterie comme des enfantillages dignes de pitié, et il croirait insulter sa femme en cherchant à deviner ses caprices. […] Pourtant, malgré toutes les réserves que je viens de faire, et dont le sens, je l’espère du moins, ne peut demeurer obscur pour personne, je suis loin de considérer Agnès de Méranie comme une œuvre sans importance.

1148. (1894) Études littéraires : seizième siècle

C’était la liberté de penser, d’abord, et c’était de plus le goût, le soin, le souci, la passion, l’habitude considérée comme un devoir, de penser chacun par soi-même et pour soi-même, de se faire chacun à soi-même sa doctrine, son dogme et son credo. […] Moins qu’elle et moins que Montaigne il connaît l’homme, moins qu’elle et moins que Montaigne il considère, même sans vouloir en décider, les destinées probables ou possibles de l’humanité. […] Non seulement les auditeurs ont le pouvoir et le droit d’apprécier l’orthodoxie de ce qui leur est enseigné, mais encore ils y sont formellement obligés, sous peine de perdre leur âme. » Le chrétien même, isolé, peut et doit se considérer comme une église. […] C’est toujours comme un homme que vous considérez Dieu. […] Il ne la rompait, il ne la considérait, avec douleur, comme ayant été rompue, que pour un temps relativement court.

1149. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Considère, ami Rodolphe, que je suis un communard converti au catholicisme. […] Quand Dieu me jugera, je lui dirai : Seigneur, je suis plein de péché, mais considérez que j’ai supporté Nicolardot et prenez mon âme en pitié. » Il l’appela un jour une « punaise-Nabuchodonosor ». […] En suivant cette belle image, les comédiens doivent-ils être considérés comme bourreaux ou comme martyrs ? […] Le célèbre fantaisiste du Gil Blas est actuellement l’un des écrivains les plus considérés de cette portion du public français qui se pique d’un semblant de littérature. […] Il s’agenouille devant cette mélancolique image verte de l’espérance, non pour l’adorer, mais pour lui dire de considérer combien il est pauvre, combien il est nu et combien il souffre.

1150. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il n’a considéré sa médaille que comme un encouragement. […] Mais la critique et le public accueillaient avec froideur ses tentatives de renouvellement : plus tard les Centauresses furent considérées comme une erreur, et ses Venise parurent ternes et plombées. […] Des professionnels de la critique d’art considérèrent ce peintre comme un intrus dangereux et sa compétence technique comme un précédent pernicieux. […] Quel que soit l’art qu’on envisage, cette idée du mouvement, considéré en lui-même, dans son moment et son acte, est une de celles qui vont le plus loin en critique comme en philosophie. […] Mais, d’autre part, il fallait qu’Amiel vît dans le Journal la figure même de sa destinée, et, qu’il le considérât non seulement comme une moraine à rejeter, mais comme une coquille à sécréter, épousant la forme de son organisme, et qui lui survécût.

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