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967. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

C’est le système démocratique dans tout l’excès où il commence à être, vers lequel il s’achemine et où il puisse parvenir. […] Il avait commencé à seize ans par faire assassiner son premier ministre. […] Toutes les querelles de cette espèce ont commencé par des gens oisifs qui étaient à leur aise. […] Il commence par mettre les crimes contre la religion au premier rang de tous les crimes : « Il y a quatre sortes de crimes. […] Les princes catholiques commencent un peu à réprimer ses entreprises ; mais au lieu de couper les têtes de l’hydre, ils se bornent à lui mordre la queue.

968. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Mais dès que l’on commence à lire, on se sent pris aux entrailles. […] Il commençait à comprendre qu’il venait d’être dupe d’un décor. […] Alors commença la série de ses voyages. […] Alors commença la troisième phase de cette intrigue romanesque. […] La misérable armée commençait à monter son calvaire.

969. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Il ne s’exprimerait pas ainsi, évidemment, s’il ne commençait par se scinder en deux personnalités, celle qu’il serait s’il se laissait aller et celle où sa volonté le hausse : le moi qui respecte n’est pas le même que le moi respecté. […] Elle mesurera d’ailleurs la peine à la gravité de l’offense, puisque, sans cela, on n’aurait aucun intérêt à s’arrêter quand on commence à mal faire ; on ne courrait pas plus de risque à aller jusqu’au bout. […] Elles portent surtout sur la matière de la justice, mais elles en modifient aussi bien la forme. — Pour commencer par celle-ci, disons que la justice est toujours apparue comme obligatoire, mais que pendant longtemps ce fut une obligation comme les autres. […] D’autre part, l’égalité ne s’obtient guère qu’aux dépens de la liberté, de sorte qu’il faudrait commencer par se demander quelle est celle des deux qui est préférable à l’autre. […] Quand les philosophes grecs attribuent une dignité éminente à la pure idée du Bien et plus généralement à la vie contemplative, ils parlent pour une élite qui se constituerait à l’intérieur de la société et qui commencerait par prendre pour accordée la vie sociale.

970. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

et, d’accord avec ma belle-famille dans laquelle je demeurais alors, où, pour mon malheur plus tard, il fut convenu aussi que le « jeune prodige » descendrait pour commencer, nous le fîmes venir. […] Notre aristarque commence sa distribution de férules par les Contemplations de Victor Hugo, qu’il appelle un « grand front vide », et Gustave Planche est dépassé ! […] Dès qu’il eut rencontré Vacquerie, qui se promenait au jardin sur la mer, il courut à lui, lui mit la main sur l’épaule et, d’un ton tragi-comique, commença la lecture d’un gros manuscrit dont il fit retentir, comme en triomphe et en ironie, le titre étonnant, l’Âne ! […] J’avais même commencé, à ce sujet, des triolets assez médiocres, je le confesse (cette littérature funambulesque que je pratiquai naguère encore assez bien m’abandonne, n’est plus dans ma plume, est-ce un mal ?) […] Un seul et dernier mot, Mesdames et Messieurs, avant de commencer cette causerie toute confraternelle, si vous le voulez bien : Bravo !

971. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Plusieurs s’écrièrent: « Arrêtez, seigneur, arrêtez. » Gîselher le jeune commença de s’irriter, mais Hagene n’écouta rien, qu’il n’eùt exécuté son projet. […] Maintenant, hommes d’Etzel, je ne m’inquiète plus de ce qui pourra en résulter pour lui. » Ces guerriers audacieux commencèrent de s’entre-regarder. […] Un tournoi commence sous les yeux du roi et de Kriemhilt ! […] Alors commença parmi ces guerriers un grand et effroyable carnage. […] Elle commença de pleurer le fort Irinc ; elle s’affligeait de ses blessures.

972. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il ne veut plus travailler pour le monde : mais un jour il commence, avec Boileau, l’opéra de Phaéton pour Mme de Montespan. […] Du jour où elle commença à écrire, elle sut qu’on se montrait ses lettres, qu’on les copiait, qu’on les collectionnait ; bref, qu’elle avait un public. […] La période positiviste de notre littérature  celle qui commença vers 1855 et que nous voyons s’achever  garde très profondément son empreinte. […] Il a commencé par être un parnassien pur, un artiste voluptueux et fier, uniquement dévot aux mystères de la forme. […] Il a commencé par aimer le type le plus contraire à celui de l’homme du monde : le type du réfractaire, de l’homme qui vit volontairement en dehors des conventions (Diogène le chien).

973. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

XVI La campagne des chansons de Béranger contre les Bourbons commença. […] il faut en convenir, les funestes amis de la Restauration, dans les Chambres de 1815 et depuis, commençaient à prêter trop d’armes au poète. […] L’enfant reprit, sous la surveillance de sa tante, les études au moins élémentaires commencées à Paris. […] Rousseau lui-même ne savait guère le latin quand il commença à écrire, et cette ignorance l’empêcha-t-elle de se faire le plus pénétrant, le plus harmonieux et le plus éloquent des styles ? […] Je lui ai dû beaucoup d’argent, et, si nous liquidions nos petites fortunes, c’est moi qui serais redevable à Judith. » Béranger ne commença pas par des chansons.

974. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

En mil six cens soixante et un, ce fut l’année où le roi Louis XIV prit lui-même les rênes du gouvernement, et où il commença son siecle ; Le Poussin avoit soixante ans, et Le Sueur étoit mort. […] La peinture encore gothique a commencé les ornemens de plusieurs édifices, dont les derniers embelissemens sont les chef-d’oeuvres de Raphaël et de ses contemporains. Le cardinal Jean De Medicis, qui ne vieillit point sous le chapeau, puisqu’il fut fait pape à trente-sept ans, renouvella la décoration de l’église de saint Pierre In Montorio, et il commença d’y faire travailler peu de temps après qu’il eut reçû la pourpre. […] On trouve des stances admirables dans les oeuvres de plusieurs poëtes françois qui ont écrit avant le temps que je marque, comme l’époque où commence la splendeur de la poësie françoise. […] Mais quand Rubens commença de rendre son école fameuse, les causes morales n’y faisoient rien d’extraordinaire en faveur des arts.

975. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

17 mai : Commencé la lecture de P. […] 13 nov. : Commencé un article sur P. […] 15 juin : Commencé à m’occuper du Prométhée de Quinet. 16 juin : commencé un article sur Prom. […] 19 juin : commencé un 2e art. id. […] Le dernier jugement commence.

976. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Scribe a commencé sa carrière, la bonne compagnie était lasse des flonflons de l’Empire et des bêtises de Montansier. […] Magnin et son filon d’originalité ne doivent pas se chercher dans cette voie ; je ne lui trouve de vocation un peu déterminée que dans son goût pour le théâtre, pour les origines et les applications scéniques sous toutes les formes : ici il est dans son élément, dans un genre qu’il a une fois effleuré comme auteur, qu’il a de tout temps cultivé et suivi comme amateur et critique, où tout l’attire et l’amuse ; son dilettantisme commence. […] Ce n’est que sur les matières de théâtre qu’il commence à devenir tout à fait lui et un maître à sa manière. […] comment a commencé et a repris le théâtre moderne ?

977. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

On assure, non sans vraisemblance, que cela commence fort à passer, et qu’on ne chante plus guère, du moins dans le sens joyeux du mot. […] Les demoiselles ont commencé par m’éplucher (madame Lavaux me l’avait prédit) ; elles m’ont d’abord fait mille questions, auxquelles j’ai répondu avec une justesse qui m’étonne quand j’y pense. […] Laujon, au tome IV de ses Œuvres, a tracé un petit aperçu des dîners chantants, à commencer par l’ancien Caveau, dont la fondation appartient à Piron, Crébillon fils et Collé, et qui remonte à 173322. […] Mais je commence à me sentir par trop incompétent au détail, et j’ai hâte de rentrer dans l’ensemble27.

978. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Gandon, dans le faubourg Saint-Jacques ; il y commença ses études, et lorsqu’il fut assez avancé, il les poursuivit au collège de Louis-le-Grand, dont l’institution de M.  […] Voici quelques vers commencés que nous trouvons dans ses papiers : Thérèse, que les Dieux firent en vain si belle, Vous que vos seuls dédains ont su trouver fidèle, Dont l’esprit s’éblouit à ses seules lueurs, Qui des combats du cœur n’aimez que la victoire, Et qui rêvez d’amour comme on rêve de gloire,  L’œil fier et non voilé de pleurs ; Vous qu’en secret jamais un nom ne vient distraire, Qui n’aimez qu’à compter, comme une reine altière, La foule des vassaux s’empressant sur vos pas ; Vous à qui leurs cent voix sont douces à comprendre, Mais qui n’eûtes jamais une âme pour entendre Des vœux qu’on murmure plus bas ; Thérèse, pour longtemps adieu ! […] Et sans le vouloir, et en se laissant aller à son cœur et à sa pensée, qui achevaient le tableau commencé devant ses yeux, sur le visage de Ghérard, au lieu de sa main, elle posa ses lèvres. […] « Elle alla s’asseoir à quelques pas de lui, et l’heureux Ghérard, pour dissiper le trouble qu’il avait causé, commença à l’entretenir de ses projets pour le lendemain, auxquels il voulait l’associer. — « Ghérard, lui dit-elle après un long silence, ces folies d’aujourd’hui, oubliez-les, je vous en prie, et n’abusez pas d’un moment… » — « Ah !

979. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

« L’amour de la liberté commença la Révolution française ; l’Europe, désavouant la politique de ses rois, nous accordait son estime et son admiration. […] Quand les quinze ou vingt auditeurs s’étaient rassemblés lentement, que la clef avait été retirée de la porte extérieure, et que les derniers coups de sonnette avaient cessé, le professeur, debout, appuyé à la cheminée, commençait presque à voix basse, et après un long silence. […] Il commençait donc à parler ; il parlait du Beau, ou du Bien moral, ou de l’immortalité de l’âme ; ces jours-là, son teint plus affaibli, sa joue légèrement creusée, le bleu plus profond de son regard, ajoutaient dans les esprits aux réminiscences idéales du Phédon. […] Le mot distingué, qui revient fréquemment dans cet article et qui s’applique si bien à la génération qu’on y représente, a commencé d’être pris dans le sens où on l’emploie aujourd’hui, à partir de la fin du xviie  siècle.

980. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Elle commence par nous montrer la place où cet événement va se passer, un site, un paysage, une ville, une maison, un palais, un temple, un champ de bataille, une assemblée publique, un peuple en ébullition ou en silence, mêlé ou attentif à un événement : puis elle nous montre un personnage qui arrive sur cette scène pour y figurer au premier plan, son visage, son attitude, sa démarche, sa physionomie calme ou convulsive, son costume même et jusqu’à l’ombre que son corps projette à côté ou derrière lui sur la place ou sur la foule au milieu de laquelle il apparaît. […] Celui de l’homme d’État commence. […] Fille de Marie-Thérèse, elle avait commencé sa vie dans les orages de la monarchie autrichienne. […] « Dans l’ombre encore, et derrière les chefs de l’Assemblée nationale, un homme presque inconnu commençait à se mouvoir, agité d’une pensée inquiète qui semblait lui interdire le silence et le repos ; il tentait en toute occasion la parole, et s’attaquait indifféremment à tous les orateurs, même à Mirabeau.

981. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Pendant ce temps les grands bœufs marchaient toujours, et les murs gris des remparts de Lucques, couronnés d’une noire rangée de gros tilleuls, commençaient à apparaître à travers la poudre de la route, au fond de l’horizon. […] non, répondit l’enfant ; ils vont revenir à la maison, et notre père, qui commence à se fatiguer de la charrue, va remettre à mon frère, à présent marié, le bétail et la culture ; il se réserve seulement les vers à soie, parce que ces petites bêtes donnent plus de revenu et moins de peine. […] J’en glissai inanimée tout de mon long sur la pierre froide, au pied de la lucarne ; le froid des dalles sur mes mains et sur mon visage, me ranima, je me relevai pour écouter encore ; mais l’attention même avec laquelle je cherchais à écouter m’ôtait l’ouïe, à force de tendre l’oreille, et je n’entendais plus qu’un bourdonnement confus semblable à un grand vent précurseur de la pluie à travers les rameaux de sapins, quand la tempête commence à se lever de loin sur la mer des Maremmes et qu’elle monte au sommet de nos montagnes. […] CLXX Quand j’eus fini, je prêtai l’oreille une seconde fois ; mais le jour commençait à glisser du haut de la tour dans la cour obscure ; des bruits de portes de fer et de sourds verrous qui s’ouvraient intimidaient sans doute le prisonnier : il fit résonner seulement, du fond de sa loge grillée, un grand tumulte de chaînes froissées à dessein les unes contre les autres, comme pour me faire comprendre, ne pouvant me le dire : « Je suis Hyeronimo, je suis là et j’y suis dans les fers. » La zampogne avait servi d’intelligence entre nous.

982. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Déjà il avait commencé à faire des vers : une tragédie romanesque esquissée au collège, une énigme en vers, deux chansons à boire, un sonnet galant, et des vers latins, tels furent les premiers essais de celui qui devait se montrer impitoyable aux poètes de cabinet, aux doucereux, aux romanesques, aux « latineurs », et à l’abbé Cotin, l’illustre inventeur de l’énigme française. […] Car le Lutrin ne fut commencé et la Première Épître corrigée que cette année-là. […] Quant à la pension, Boileau n’en remercia le roi qu’en 1675 par l’Épître VIII, et les registres des Comptes des bâtimens du roi nous apprennent qu’il ne commença à la toucher qu’en 1677. […] Tandis que, sous l’apparence de la dévotion, la cour inclinait au cynisme débraillé, et que dans les salons commençait à éclore une nouvelle sorte de préciosité, philosophique et scientifique, l’hôtel de Lamoignon continuait la tradition des anciennes maisons de magistrats, graves et décentes, où toutes les belles éruditions étaient en honneur, où le bel esprit même et la plaisanterie s’enveloppaient de doctrine.

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