L’espèce est donc autre chose que la somme des individus ; elle est nécessaire, et ils sont accidentels ; elle est une cause, ils sont des effets. […] Il est la force qui les produit : on peut donc dire qu’il est leur cause. […] « L’immensité ou l’unité de l’espace, l’éternité ou l’unité du temps, l’unité des nombres, l’unité de la perfection, l’idéal de toute beauté, l’infini, la substance, l’être en soi, l’absolu, c’est une cause aussi ; non pas une cause relative, contingente, finie, mais une cause absolue. Or, étant une cause absolue, l’unité, la substance ne peut pas ne pas passer à l’acte, elle ne peut pas ne pas se développer… L’absolu est la cause absolue, qui absolument crée, absolument se manifeste, et qui en se développant tombe dans la condition de tout développement, entre dans la variété, dans le fini, dans l’imparfait, et produit tout ce que vous voyez autour de vous36. » 2° Préface, p. 66. […] On la reconnaît en ce qu’elle est « l’alliée naturelle de toutes les bonnes causes.
Que l’obstacle à la multiplication s’allège ou que les causes de destruction diminuent, si peu que ce soit, et l’espèce s’accroîtra presque instantanément en nombre, sans limites nécessaires déterminables. […] — Les causes qui mettent obstacle à la tendance naturelle des espèces à se multiplier sont fort obscures. […] Il semble généralement que ce soient les œufs ou les petits des animaux qui doivent souffrir le plus des causes diverses de destruction : cette règle n’est pas sans exception. […] Il y a donc ici une cause de limitation indépendante de la concurrence vitale. […] En quelques cas on peut prouver que dans des districts différents ce sont de très différentes causes qui mettent obstacle à l’existence d’une même espèce.
Les Grecs & les Romains, qui ont été nos maîtres presque en tout, en poësie aussi-bien qu’en histoire, sont cause que nous avons été longtemps égarés dans ce genre d’éloquence. […] Point d’entassement, point de figures, point de pathos, point d’émotion empruntée, disoit-il ; ou, si l’on y a recours, c’est se rendre indigne de sa profession, c’est gâter sa propre cause & supposer les juges malhonnêtes gens. […] Le fond de la cause la plus claire disparoissoit sous cet entassement ridicule de compilations de toute espèce*. […] Tel avocat, qui n’avoit jamais lu Tertulien ni saint Augustin, les citoit continuellement, & les appelloit au secours de sa cause. […] J’ai perdu tant de bonnes causes, & j’en ai gagné tant de mauvaises, qu’aujourd’hui je me charge de toutes.
. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. À cette première cause de l’infériorité de nos historiens, tirée du fond même des sujets, il en faut joindre une seconde, qui tient à la manière dont les anciens ont écrit l’histoire ; ils ont épuisé toutes les couleurs ; et si le christianisme n’avait pas fourni un caractère nouveau de réflexions et de pensées, l’histoire demeurerait à jamais fermée aux modernes. […] Les causes des événements qu’Hérodote avait cherchées chez les Dieux, Thucydide, dans les constitutions politiques, Xénophon, dans la morale, Tite-Live, dans ces diverses causes réunies, Tacite les vit dans la méchanceté du cœur humain. […] Ils ne pouvaient qu’imiter ; et, dans ces imitations, plusieurs causes les empêchaient d’atteindre à la hauteur de leurs modèles. […] Laissons donc ce style à ces génies immortels, qui, par diverses causes, se sont créé un genre à part ; genre qu’eux seuls pouvaient soutenir, et qu’il est périlleux d’imiter.
De plus nous admettons encore qu’il y a un rapport nécessaire entre les actes et leur cause ; mais quelle est cette cause ? […] Pour le mécanicien la force est le rapport d’un mouvement à sa cause. […] Mais la cause première qui fait tomber ces corps est absolument inconnue. […] La cause nécessaire de la formation de l’eau est la combinaison de deux volumes d’hydrogène et d’un volume d’oxygène ; c’est la cause unique qui doit toujours déterminer le phénomène. […] Alors, si l’on connaît exactement la cause de la guérison et la cause de la mort, on aura toujours la guérison dans un cas déterminé.
Partout et toujours la force des choses est la vraie cause des grands événements. […] Au lieu de volontés individuelles, ce sont des volontés générales qui occupent la scène ; l’historien n’a pas plus qu’Hérodote l’idée de remonter jusqu’aux causes plus profondes, naturelles ou économiques, qui expliquent les causes politiques elles-mêmes des faits racontés. […] Pourquoi Rome a-t-elle conquis le monde, pourquoi l’empire a-t-il succédé à la république, quelles sont les vraies causes, les causes premières de la grandeur et de la décadence romaines ? […] Derrière les acteurs apparaissent les causes. […] Il y a là évidemment un concours de causes supérieures à la volonté des bourreaux et des victimes.
Cause immédiate d’une œuvre littéraire. […] C’est celui-ci : Il n’y pas de fait sans cause. […] La géologie, la botanique, la minéralogie travaillent à élucider ce mystère, à trouver les causes qui ont ainsi façonné celle masse colossale et complexe. […] Elle nous introduit au milieu de ces causes et de ces effets que l’histoire a pour tâche de débrouiller. […] Mais elle suggère toujours à qui sait regarder les faits des conjectures utiles sur leurs causes probables.
IV Après avoir écarté la conception d’une vérité objective assignant un but fixe à l’évolution de la vie, on a situé précédemment la cause de la production du réel, dont on vient de déterminer quelques modes, dans un désir de connaissance de soi-même, attribué à l’être métaphysique. À considérer les choses d’un point de vue plus positif, il semble possible de situer cette cause productrice de la réalité phénoménale dans un désir du sujet. […] La douleur et le plaisir déterminent ici et fixent le sujet qui disperse hors de lui, parmi les perspectives de l’espace et du temps, les causes de ses douleurs et de son plaisir. […] Il semblerait permis, d’après les uns et les autres, de supposer qu’une conception du réel, différente du tout au tout de celle que nous avons formée, fût possible, fondée sur une conception différente du temps, de l’espace ou de la cause, ou inventée peut-être avec d’autres artifices, d’autres points de repère, d’autres conventions arbitraires, d’autres moyens de connaissance. […] Elle consiste à tenir pour une conséquence inévitable et métaphysique de la distinction de l’être en objet et en sujet l’intervention de ces notions de temps, d’espace et de cause.
C’est une faculté naturelle à tous les hommes, à laquelle les indifférents n’échappent pas plus que les curieux, d’aspirer en tout sujet à connaître les causes, et de s’y complaire lorsqu’elles sont saisies. […] Ce système, à tout prendre, eût bien valu l’autre ; mais ce n’est pas là justifier l’histoire, et si jamais la passion des causes et des explications ne s’en était emparée à meilleure fin, il y aurait une raison de plus pour l’y proscrire. […] Mais ni l’une ni l’autre n’ont dépendu nécessairement des causes qui ont amené la Révolution, et des passions qu’elle a employées ou soulevées, parce que ni l’une ni l’autre n’en ont dépendu uniquement. Pendant que ces causes et ces passions avaient leurs effets et leur cours, les forces naturelles, physiques, physiologiques, n’étaient pas suspendues ; la pierre continuait de peser, et le sang de circuler. […] Son seul tort est d’avoir exclusivement rattaché à cet ordre unique de causes, des résultats auxquels ont concouru, pour une part indéterminée et peut-être immense, d’autres causes obscures et inappréciables, comme s’il en avait trop coûté à son esprit rigoureux d’admettre de la réalité ailleurs que là où il découvrait de l’ordre et des lois.
L’amélioration précédente est une cause de l’amélioration future ; cette chaîne peut être interrompue par des événements accidentels qui contrarient les progrès à venir, mais qui ne sont point la conséquence des progrès antérieurs. […] C’est ce genre de progression qui se fait sentir dans les écrivains de la dernière époque de la littérature latine, malgré les causes locales qui luttaient alors contre la marche naturelle de l’esprit humain. […] En étudiant les sublimes réflexions de Montesquieu sur les causes de la décadence des Romains, on voit évidemment que la plupart de ces causes n’existent plus de nos jours. […] Les crimes inouïs dont l’empire romain a été le théâtre, sont l’une des principales causes de sa décadence. […] La civilisation de l’Europe, l’établissement de la religion chrétienne, les découvertes des sciences, la publicité des lumières ont posé de nouvelles barrières à la dépravation, et détruit d’anciennes causes de barbarie.
Le secret de la ruine ou de la grandeur d’un peuple ne tient pas dans les causes matérielles, si graves, si compliquées et si larges qu’elles puissent être. Les économistes oublient trop une pensée de Bonald, qu’il est peut-être bon de leur rappeler : « Les révolutions, comme les grandeurs des peuples, ont des causes matérielles et prochaines qui frappent les yeux les moins attentifs, mais ces causes ne sont, à proprement parler, que des occasions ; les véritables causes, les causes profondes et efficaces, sont toujours des causes morales, que les petits esprits et les hommes corrompus méconnaissent. » 1.
Ainsi toute nation, eût-elle échappé aux causes extérieures de destruction, est condamnée à mourir tôt ou tard de sa belle mort. […] Or nécessité exclut liberté, et les faits de l’histoire sont les produits d’une cause libre. […] C’est aux penseurs d’Ionie que l’on doit les premières spéculations méthodiques sur les causes et les conditions de la vie. […] Ce sont là les causes qui déterminent la génération des êtres vivans. […] Ces causes, d’ailleurs, Aristote ne les a pas entièrement ignorées.
Pendant les siècles, déchirés par les querelles religieuses, on a vu des hommes obscurs, sans aucune idée de gloire, sans aucun espoir d’être connus, employer tous les moyens, braver tous les dangers, pour servir la cause qu’ils avaient adoptée. […] Il faut que les moyens soient de la nature de la cause, parce que cette cause paraissant la vérité même, doit triompher seulement par l’évidence et la force. […] L’intégrité du dogme importe davantage encore que les succès de la cause. […] Je me sers de l’expression temporel, parce que l’esprit de parti déifie la cause qu’il adopte, en espérant de son triomphe des effets au-dessus de la nature des choses. […] Tout homme extrême dans son parti n’est jamais propre à gouverner, les affaires de ce parti, lorsqu’il cesse d’être en guerre ; et la haine que les opposants portaient à la cause, prend la forme du mépris pour ses plus criminels défenseurs.
Nous pourrions, posant au début deux ou trois causes essentielles, former ensuite un tissu serré de causes et d’effets qui ne laisserait rien en dehors de ses mailles. […] Nous savons, par conséquent, que toutes les causes des phénomènes littéraires se rangent en trois grandes catégories, sans plus : milieu psycho-physiologique (hérédité, race, tempérament, etc […] Les lois sont beaucoup plus faciles à constater que les causes. […] Elles n’empêchent point, d’ailleurs, de rechercher, chemin faisant, les causes et les effets dès maintenant accessibles ; elles relèguent seulement cette recherche au second plan.
Dans d’autres cas, on ne trouve rien, et on croit que la cause de la mort est insaisissable. […] De cause en cause il arrive finalement, suivant l’expression de Bacon, à une cause sourde qui n’entend plus nos questions et ne répond plus. […] En effet, la vie pour le physiologiste ne saurait être autre chose que la cause première créatrice de l’organisme qui nous échappera toujours, comme toutes les causes premières. […] L’esprit de l’homme ne peut concevoir un effet sans cause, la vue d’un phénomène éveille toujours en lui une idée de causalité, et toute la science humaine consiste à remonter des effets observés à leur cause ; mais de tout temps les philosophes et les savants ont distingué deux ordres de causes, — les causes premières et les causes secondes ou prochaines. […] Les causes premières nous échappent partout, et partout également nous ne pouvons atteindre que les causes immédiates des phénomènes.
Des erreurs de Montesquieu et de leur cause principale. […] En ce qui regarde la grandeur romaine, il semble que Montesquieu en ait mieux vu les causes politiques, Bossuet les causes morales. […] Ce peuple a en lui la première cause de toute grandeur humaine, le dévouement. […] Ces deux causes ont été si actives et si puissantes, que Montesquieu leur donne leur vrai nom en les appelant des causes de destruction. […] Des erreurs de l’Esprit des lois et de leur cause principale.