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1909. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

D’abord, celui de prendre part à une action importante qui se passe la prémiere fois sous nos yeux, d’être agité de crainte et d’espérance, pour les personnages à qui l’on s’intéresse le plus ; et enfin de partager leur bonheur ou leur infortune, selon qu’ils triomphent ou qu’ils succombent. […] Il comparoit tout haut les vers d’Homere avec les miens, en me félicitant du bonheur de ma traduction, tandis que sans nier, ni sans décéler mon ignorance sur le grec, je m’applaudissois en secret d’avoir rencontré assez juste pour lui paroître le sçavoir.

1910. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Mais, par bonheur, nous avons un second aide, l’atlas visuel qui chez nous s’ajoute à l’atlas musculaire et tactile.

1911. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Egger parle de « sonnet bouddhiste » et d’aspiration au « nirvana » : voir en effet le premier quatrain (« Dans la sphère du nombre et de la différence,/ Enchaînés à la vie, il faut que nous montions,/Par l’échelle sans fin des transmigrations, / Tous les degrés de l’être et de l’intelligence »), puis les deux tercets qui commencent par le vers cité (« Le silence, l’oubli, le néant qui délivre,/ Voilà ce qu’il me faut ; je voudrais m’affranchir /Du mouvement, du lieu, du temps, du devenir ; // Je suis las, rien ne vaut la fatigue de vivre, / Et pas un paradis n’a de bonheur pareil, / Nuit calme, nuit bénie, à ton divin sommeil »).

1912. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Quel air de fête dans la nature, et comme ces bonnes gens, emportés par le tourbillon de la danse et tombant au milieu des éclats de rire, expriment bien leur bonheur de vivre !

1913. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

N’arrêtons pas par des mesquineries sa chevauchée, sa rêverie, sa révolte, sa ferveur, ses visions de bonheur universel.

1914. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Car ils sont fort rares, par bonheur peut-être, les écrivains français qui aient su le grec. […] C’était d’ailleurs un sot, comme il prit soin de le démontrer longuement, par la suite, avec ses ports creusés par Dieu en vue des bateaux futurs, ses melons côtelés par la Providence pour le bonheur des familles, et toutes les finalités qu’imagine son optimisme pieux et grossier dans les Etudes et dans les Harmonies.

1915. (1903) Le problème de l’avenir latin

Et, à bien voir, les cardinaux dilettantes de la Renaissance, en décernant l’épithète de « barbares » à des peuples auxquels le bonheur d’être vaincus et civilisés par Rome n’était pas échu, n’avaient pas tort : à la seule condition d’interpréter cette qualification et d’y voir tout autre chose qu’un terme de mépris. […] Et lorsque l’événement fatal se produira, il est probable que personne parmi nous ne fera ce simple raisonnement : si, lorsqu’une nation — la France, par exemple — prend pied sur un territoire, c’est le congréganiste, le militaire et le fonctionnaire — éléments nuisibles ou neutres — qu’elle installe, tandis qu’une autre nation — mettons l’Angleterre — y verse des agriculteurs, des industriels, des trafiquants — éléments actifs — il est clair qu’au point de vue de la civilisation mondiale, du bonheur, de la justice et de la santé de l’ensemble, la diminution de la sphère d’influence de la première est un bien.

1916. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Ce que Voltaire n’a pas pu faire, d’autres s’y essayent à leur tour, mais avec moins de succès ou de bonheur encore, Marmontel, Laharpe, Ducis ; et — phénomène bien digne d’attention, qu’il nous faudra regarder de très près — la tragédie périt pour avoir en quelque manière laissé rentrer dans sa définition tout ce que l’on en avait exclu pour la conduire elle-même à sa perfection. […] Celui-ci, La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes, est un grand seigneur, à qui rien ne semble avoir manqué de ce qui compose le bonheur des hommes ; cet autre.

1917. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

. —  Mon amour a quitté toutes les autres femmes — et s’est posé sur Alison. »  — « Avec ton amour, dit un autre, ma douce bien-aimée, tu ferais mon bonheur,  — un doux baiser de ta bouche serait ma guérison119. » N’est-ce point là la vive et chaude imagination du Midi ?

1918. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il est injuste, disons-le encore, de rejeter toutes ces fautes sur le compte du dernier régime, et un des tours les plus dangereux que pourrait prendre l’amour-propre national serait de s’imaginer que nos malheurs n’ont eu pour cause que les fautes de Napoléon III, si bien que, Napoléon III une fois écarté, la victoire et le bonheur devraient nous revenir.

1919. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Par bonheur tout ce zèle s’est rallenti peu à peu, tellement qu’il n’est plus question aujourd’hui de ces disputes. […] Il avoit cet air de héros, ce courage, cette confiance, cet esprit fertile en ressources, ce bonheur soutenu, ce concours rare de qualités qui font imaginer & réussir les grandes entreprises.

1920. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Rousseau, 1788 ; — son écrit : De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, 1796 ; — De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, 1800 ; — De l’Allemagne, 1810, mis au pilon par la police impériale, et réédité à Londres en 1813, à Paris en 1814 ; — et des Réflexions sur le suicide, 1812. […] Odes et Ballades : Mon enfance ; — Les Rayons et les Ombres : Ce qui se passait aux Feuillantines vers 1813 ; Les Contemplations : Aux Feuillantines] ; — et que les lacunes de cette éducation ambulante s’apercevront dans l’œuvre du poète. — Débuts littéraires de Victor Hugo ; — ses succès de concours : à l’Académie française, 1817, 1819 ; — et aux Jeux Floraux, 1819, 1820. — Caractères de ces premières pièces ; — et que, si Le Bonheur de l’étude et les Avantages de l’enseignement mutuel ressemblent beaucoup à du Delille

1921. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Daniel de Foë termine son Robinson par cette phrase ; « Je suis en train de me préparer pour un plus long voyage que tous ceux-ci, ayant passé soixante-douze ans d’une vie d’une variété infime, ayant appris suffisamment à connaître le prix de la retraite, le bonheur qu’il y a de finir ses jours en paix. » C’est le thème que Gœthe devait développer dans son Faust : le salut par l’action. […] Celui-là s’est imprégné des théories nouvelles sur le droit de chacun au bonheur : « Son risque lui est personnel », dit-il en parlant de son cousin. « La solidarité de la famille n’entraîne plus la déchéance de tous par la faute d’un seul… Nul n’est tenu des dettes d’autrui quand ce serait son père, son frère ou son fils.

1922. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Les discours et les dialogues ne sont point traités avec le même bonheur, car ils ont une tendance maladroite à tourner en mauvais vers blancs. […] Shakespeare m’a donné une rose anglaise, et Spenser du chèvrefeuille aussi doux que la rosée, on bien je vous aurais apporté de cette retraite rêveuse la fleur de la passion de Keats, ou le bleu mystique de la fleur étoilée, le chant de Shelley, ou j’aurais fait tomber l’or des lis de la Damoiselle Bénie ou dérobé du feu dans les plis écarlates des pavots de Swinburne… Cependant, maintenant qu’il a joué son prélude avec tant de sensibilité et de grâce, nous ne doutons point qu’il n’aborde des thèmes plus vastes et des sujets plus nobles, et ne réalise l’espoir qu’il exprime dans cette strophe de six vers  : Car si par bonheur je venais à posséder quelque mélodie, j’en lancerais au loin les notes comme une mer irritée, pour balayer les édifices de la tyrannie, pour donner la liberté à l’amour, délivrer la foi de tout dogme, oh !

1923. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Pendant dix pages, l’idée déborde en une seule phrase continue du même tour, sans crainte de l’entassement et de la monotonie, en dépit de toutes les règles, tant le cœur et l’imagination sont comblés et contents d’apporter et d’amasser toute la nature comme une seule offrande « devant celui qui, par ses nobles fins et sa façon obligeante de donner, surpasse ses dons eux-mêmes et les augmente de beaucoup ; qui, sans être contraint par aucune nécessité, ni tenu par aucune loi ou par aucun contrat préalable, ni conduit par des raisons extérieures, ni engagé par nos mérites, ni fatigué par nos importunités, ni poussé par les passions importunes de la pitié, de la honte et de la crainte, comme nous avons coutume de l’être ; ni flatté par des promesses de récompense, ni séduit par l’attente de quelque avantage qui pourrait lui revenir ; mais étant maître absolu de ses propres actions, seul législateur et conseiller de lui-même, se suffisant, et incapable de recevoir un accroissement quelconque de son parfait bonheur, tout volontairement et librement, par pure bonté et générosité, se fait notre ami et notre bienfaiteur ; prévient non-seulement nos désirs, mais encore nos idées, surpasse non-seulement nos mérites, mais nos désirs et même nos imaginations, par un épanchement de bienfaits que nul prix ne peut égaler, que nulle reconnaissance ne peut payer ; n’ayant d’autre objet en nous les conférant que notre bien effectif et notre félicité, notre profit et notre avantage, notre plaisir et notre contentement833. » La force du zèle et le manque de goût : tels sont les traits communs à toute cette éloquence.

1924. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

En voulant n’être rempli que de la grandeur de Dieu et du Créateur, l’on néglige souvent de réfléchir sur le néant de la créature, sur sa faiblesse et son impuissance, sur le besoin qu’elle a d’être animée et soutenue par l’idée même de son bonheur, pour éviter le désespoir de sa propre destruction144. » La pièce la plus piquante du recueil, c’est une paraphrase du Pater noster qu’on prête aux quiétistes.

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