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559. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

J’attends avec impatience les ordres de Votre Majesté. » L’officier d’ordonnance porteur de cette lettre la remit au moment où le roi allait à la messe ; elle ne fut ouverte qu’au retour de la chapelle, et resta sur un tabouret de la galerie pendant tout ce temps. […] Le roi la lut, lui adressa quelques questions, et lui dit d’aller attendre la réponse. Comme cette réponse ne venait point, et que l’aide de camp sentait le prix des instants, il insista pour qu’on rappelât au roi qu’il attendait.

560. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Le public, sur la foi des récits de société, s’était attendu à tant de rire et de folie qu’il n’en trouva pas assez d’abord. […] Attendez ! […] Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants.

561. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Que les maîtres se consolent par l’importance du service qu’ils rendent à la patrie, et que les élèves soient encouragés par l’espoir de la récompense qui les attend : la considération publique. […] Sans cesse averti du sort qui l’attend s’il ne profite pas du temps et des maîtres, une menace réitérée l’aiguillonne. […] Si le plan général est au-dessus des ressources du moment, attendre d’un avenir plus favorable son entière et parfaite exécution, mais ne rien abandonner au caprice de l’avenir ; en user avec une maison d’éducation publique comme en use un architecte intelligent avec un propriétaire borné dans ses moyens ; si celui-ci n’a point de quoi fournir subitement aux frais de tout l’édifice, l’autre creuse des fondements, pose les premières pierres, élève une aile, et cette aile est celle qu’il fallait d’abord élever ; et lorsqu’il est forcé de suspendre son travail, il laissé à la partie construite des pierres d’attente qui se remarquent, et entre les mains du propriétaire un plan général auquel, à la reprise du bâtiment, on se conformera sous peine de ne retirer de la dépense qu’on a faite et de celle qu’on fera qu’un amas confus de pièces belles ou laides, mais contradictoires entre elles et ne formant qu’un mauvais ensemble.

562. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Trelawney, attendait encore son traducteur, français, mais, s’il n’avait pas été traduit à Paris, il y était interprété et discuté, et ceux qui s’occupent de choses littéraires parlaient de cette singulière publication faite sur deux grands poètes par un corsaire retiré. […] … Byron a attendu trente ans dans sa tombe un biographe qui dévoilât au monde une misère de corps qui n’exista pas. […] Trelawney sera mort, attendra-t-il aussi longtemps un biographe intime qui dévoile à son tour cette misère de cœur que l’on appelle l’ingratitude, et qui aura peut-être existé ?

563. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Je comparerais à ces âmes détachées les souvenirs qui attendent au fond de l’inconscient. […] Je suis dans la rue ; j’attends le tramway ; il ne saurait me toucher puisque je me tiens sur le trottoir : si, au moment où il me frôle, l’idée d’un danger possible me traverse l’esprit — que dis-je ? […] Je ne doute pas que de belles découvertes ne l’y attendent, aussi importantes peut-être que l’ont été, dans les siècles précédents, celles des sciences physiques et naturelles.

564. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

A présent je la regrette : je n’attends plus rien d’elle. […] — Qu’attendons-nous ? […] Ils attendent le sou de bon cœur de l’homme pieux. […] Vos amis vous attendent. […] Vos amis vous attendent.

565. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

J'attends vainement : pas une pauvre petite nouvelle, pas un seul petit brin de mousse ou de vermisseau.

566. (1874) Premiers lundis. Tome II « De l’expédition d’Afrique en 1830. Par M. E. d’Ault-Dumesnil, ex-officier d’ordonnance de M. de Bourmont. »

Les événements qui survinrent au retour, le jour faux et l’obscurcissement injuste où fut rejetée cette expédition glorieuse, les préjugés, parfois calomnieux, qui la dénaturaient, engagèrent M. d’Ault à ne pas attendre ; et, tout en ajournant son premier projet plus vaste, il inséra dans l’Avenir une série d’articles remarquables, où, avec une bonne foi et une indépendance pleine de mesure, il chercha à replacer à leur vrai point de vue les faits et les hommes.

567. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

On s’attend à s’épancher : on se trouve à sec, si l’on ne veut nourrir ses causeries et ses lettres de commérages et de niaiseries, ou remplir son journal du détail extérieur et insignifiant de sa vie.

568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Samain, Albert (1858-1900) »

Un fort, parce que, pouvant acquérir de bonne heure, en publiant plusieurs milliers de très beaux vers qu’il cache, la réputation d’un bon poète, il a eu le courage de les rejeter de son œuvre et d’attendre qu’il se fût dégagé des influences directes… Âme extraordinairement vibrante, exquise voyageuse qui s’envole, frêle et rapide, vers les solitudes de l’éther, et, parvenue aux confins dont elle a l’éternelle nostalgie, défaillante à mourir devant l’atmosphère si rare, se grise et se pâme à ouïr des chants et des musiques que nul n’entendit.

569. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

Moliere ne se seroit pas attendu à se voir remplacer sur notre Théatre par des Successeurs plaintifs, qui viendroient nous faire pleurer où nos aïeux avoient trouvé tant de plaisir à rire.

570. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Un tel enthousiasme ne prouve-t-il pas que le mauvais goût & les mauvaises Pieces ont souvent des partisans & des couronnes qui les attendent ; comme les bons Ouvrages & le bon goût ont des Adversaires à craindre & des persécutions à éprouver ?

571. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Je viens de l’éprouver beaucoup plus que je ne m’y attendais. […] Ses ombres viennent généralement trop, surtout à la rime, trop quand on les attend. […] Et comme on s’y attendait ça sonne tout de même un peu mieux. […] La rime non attendue, ou enfin attendue à force de n’être pas attendue, la rime attendue doublement inattendue ; nullement cette rime paresseuse attendue, cette rime toute allante qui fait rimer le nom avec le nom, l’adjectif avec l’adjectif, le verbe avec le verbe, l’adverbe avec l’adverbe. […] Ils nous attendent, ils nous guettent eux-mêmes.

572. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Une jeune actrice, un soir où l’on n’attendait rien, s’est trouvée dire à merveille des vers que depuis longtemps on ne récitait plus à la scène d’une façon tolérable. […] Au commencement du troisième acte, Ulysse inconnu, et qui se donne pour un simple compagnon du héros, y parle ainsi indirectement de lui-même à son fils : Il se peignait souvent ces rivages chéris, Où l’attendaient en vain Pénélope et son fils. […] on attend l’énormité. […] C’est tout… Et puis encor peut-être Ce petit bois plein de gazon Qui se berce sous ma fenêtre, Et semble m’attendre pour maître, Caché derrière ma maison.

573. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

« Plains-toi à Jéhovah et il te relèvera », ajoute-t-il avec le désordre d’une pensée qui succède à l’autre sans attendre qu’elle soit achevée dans l’esprit. […] « Mon âme t’attend, mon Dieu, plus impatiemment que les gardes de nuit, aux portes de la ville, n’attendent le matin ! […] C’est sur quelques-uns de ces rochers surpendus près de l’eau courante ; c’est dans quelques-unes de ces grottes sonores, rafraîchies par l’haleine et par le murmure des eaux ; c’est au pied de quelques-uns de ces térébinthes, aïeux du térébinthe qui me couvre, que le poète sacré venait sans doute attendre le souffle qui l’inspirait si mélodieusement.

574. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Effacez le sang, il reste la vérité. » VII La jeunesse qui lira ces axiomes, dont la plus grande partie est véritablement évangélique, doit en effacer avec précaution trois choses destructives de toutes vraies notions sociales : 1º Les droits naturels et imprescriptibles, qui ne sont en réalité ni naturels ni imprescriptibles, attendu que les droits sociaux ne peuvent exister avant la société qui les confère et qui les garantit. […] La France ne lui reprochait ni le 14 juillet, ni le Jeu de Paume, ni même le 10 août, où Paris avait conquis pour elle, sans la consulter et sans l’attendre, la Révolution et la république. […] Un membre du tribunal étant venu lui demander s’il avait des révélations à faire dans l’intérêt de la république : « Si j’avais su quelque chose contre la sûreté de la patrie, répondit-il, je n’aurais pas attendu jusqu’à cette heure pour le dire. […] Voilà comment me la dépeignait un des rares témoins de ses derniers moments : XXVI « Deux prêtres, l’abbé Lambert et l’abbé Lothringer, les mêmes qui avaient entretenu les Girondins pendant la dernière nuit, attendaient au coin du feu, dans le grand cachot, en causant avec les porte-clefs et les gendarmes, l’heure où les accusés redescendraient du tribunal.

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