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781. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle aurait voulu tout arrêter en avril. […] Bernard, était dans les postes et royaliste ; il fut compromis sous le Consulat, arrêté et mis au secret.

782. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

En un mot. puissante pour réaliser le mouvement, l’idée est impuissante pour réaliser les sensations ; elle produit donc à la fois : 1° un sentiment vif de puissance pour la réalisation des mouvements, 2° un sentiment vif d’impuissance pour la réalisation des sensations : il en résulte une puissance arrêtée, contrariée, donc effort et peine. […] Ce mouvement sera arrêté du coup.

783. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Par une vision particulière pareille en son effet, à ces fusils photographiques, qui décomposent le vol d’une chauve-souris et le saut d’un gymnaste, M. de Goncourt arrête le portrait de la sœur de la Faustin, au sortir d’une, crise hystérique, dans sa promenade nerveuse par une salle de fin de dîner  décrit Chérie montant un escalier et, « balançant sous vos yeux l’ondulante et molle ascension de son souple, torse ». […] Il sait goûter la malice d’une vieille pantomime italienne et en inventer de poétiques pour ses clowns, rendre la douceur de gestes et de caractère d’un soldat, ancien berger, la grâce native d’une actrice naturellement fine, s’arrêter aux idylliques visions enfantines qui fleurissent la folie d’une vieille idiote.

784. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Les regards de la postérité passeront rapidement sur ses premières satyres, & s’arrêteront à ses belles épîtres, à son Lutrin, & sur-tout à son Art poëtique ; ouvrages admirables, où la poësie est portée à son plus haut point de perfection. […] Boileau para le coup, fit arrêter la pièce, & défendre aux comédiens de la jouer.

785. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Elles arrêtent l’essor du talent, si elles ne l’étouffent même. […] Leur importance m’y a fait arrêter plus qu’aux autres.

786. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Un second fait non moins curieux, c’est que dans les races inférieures les sutures antérieures du crâne se ferment avant les postérieures, d’où il suit que le développement des lobes antérieurs du cerveau s’arrête plus tôt, fait très favorable à l’hypothèse qui place l’intelligence dans la partie frontale du cerveau ; mais ceci touche à la question des localisations, que nous ne voulons pas entamer dans cette étude. […] Le développement du cerveau est un phénomène tout dynamique et le signe d’une vitalité plus grande : une petite tête dont le cerveau s’accroît encore est dans une. condition meilleure pour l’éducation de l’intelligence qu’une tète plus grande dont le développement est arrêté.

787. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Notre langue n’a rien à perdre pour se sentir plus arrêtée dans ses contours, plus dégagée dans ses allures, plus ferme dans sa marche, en allant droit devant elle, comme vers un but, à l’expression définitive de la pensée, sans s’attarder en mille détours comme la langue allemande, embarrassée d’incises, d’inversions et de toute sorte d’ambages. […] Il faudrait encore bien rechercher si la sonorité de l’espagnol ne produit pas un cliquetis de mots parfois vide et vain, si la douceur italienne ne dégénère pas aisément en mollesse banale et ne fait point penser à ce « latin bâtard » dont parle Byron, si ces deux idiomes arrêtent et retiennent suffisamment l’idée, si dans ces deux langues la facilité toute spontanée de la musique ne se dérobe pas aux nuances psychologiques du sentiment, aux profondes analyses de la pensée, à la dialectique soutenue, à cette harmonieuse alliance de la philosophie morale et de l’art, qui recommandent la prose et la poésie française depuis leurs origines jusqu’aux chefs-d’œuvre contemporains.

788. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Je ne m’arrête pas beaucoup au grief de la noblesse ; peut-être se réduit-il à dire qu’un paysan qui sait lire et écrire est plus malaisé à opprimer qu’un autre. […] Il ne restait à celui-ci, pour arrêter les progrès de cette tour, qui s’élevait à vue d’œil, et qui allait percer jusque dans son boudoir, que la ressource de la confusion des langues.

789. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Ce torrent de panégyriques s’arrêta pourtant, et fut suspendu pendant la guerre de la succession d’Espagne. […] Il leur manquait je ne sais quoi de calme qui arrêtât leurs forces et qui les rassemblât, qui les rendît utiles en les dirigeant.

790. (1886) Le naturalisme

Le Romantisme ne s’arrêtait pas à la littérature : il s’élevait jusqu’aux mœurs. […] Il ne lui était pas permis de s’arrêter à des détails. […] Là où la ressemblance s’arrête entre Zola et le bœuf, c’est à la douceur. […] Si audacieuse que soit une plume, pour tant qu’elle veuille copier la réalité nue, il y a toujours un point auquel elle s’arrête. […] Tout consiste à savoir s’arrêter à temps, aux limites du terrain défendu par la morale de l’art.

791. (1864) Études sur Shakespeare

Mais, en tournant ses idées vers le théâtre, est-il vraisemblable que Shakespeare les eût arrêtées à la porte ? […] Mais Shakespeare alors ne l’eut pas retracée : il y a des douleurs devant lesquelles il s’arrête ; il prend pitié de lui-même et repousse des impressions trop difficiles à soutenir. […] Pourquoi donc sommes-nous quelquefois péniblement contraints de nous arrêter en le suivant ? […] Dans Shakespeare surtout, cette excessive complaisance pour lui-même arrête et interrompt quelquefois, d’une manière fatale à l’effet dramatique, l’ébranlement qu’a reçu le spectateur. […] Il s’arrête, il regarde ; sa disposition naturelle, ses souvenirs, ses pensées viennent se grouper autour de l’idée principale qui s’offre à ses yeux, et développent en lui par degrés l’émotion toujours croissante qui va bientôt le dominer.

792. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Arrêtons-nous aux souffrances du présent. […] partout votre raison demeure arrêtée ? […] M. de Malesherbes est supplié de donner des ordres, comme dessus, pour arrêter l’édition et défendre le débit. […] Comment peut-il dire que cette brochure périodique paraît avec ma protection, puisque je ne l’arrête pas ? […] ………………………………………………… Je m’arrêterai là.

793. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Je m’étais prêté volontiers à La Mennais, je ne m’étais point donné, et quand il outre-passa la ligne, d’ailleurs assez élastique et mobile, jusqu’où je croyais pouvoir l’accompagner et le suivre, je m’arrêtai et je ne craignis pas de le marquer nettement.

794. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire.

795. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Ses progrès rapides promettaient un artiste de talent, lorsqu’une ophthalmie cruelle vint l’arrêter au plus fort de son travail, au plus beau de son rêve.

796. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

Le livre de la vie est un livre suprême, Que l’on ne peut fermer ni rouvrir à son choix, Où le feuillet fatal se tourne de lui-même ; Le passage attachant ne s’y lit qu’une fois : On voudrait s’arrêter à la page où l’on aime, Et la page où l’on meurt est déjà sous les doigts.

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