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1145. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Ils ont fait du style, la grande affaire pour eux.

1146. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

La brusque disparition d’un dixième peut-être de notre corps électoral jettera un trouble profond dans la direction des affaires publiques.‌

1147. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Il n’eut ni dans les factions la fierté brillante et l’esprit romanesque et imposant du cardinal de Retz, ni dans les affaires l’activité et le coup d’œil d’aigle de Richelieu, ni dans les vues économiques les principes de Sully, ni dans l’administration intérieure les détails de Colbert, ni dans les desseins politiques l’audace, et je ne sais quelle profondeur vaste du cardinal Alberoni.

1148. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Voilà comme on procéda dans l’affaire de Marillac.

1149. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Je résumerais volontiers la principale différence qui sépare ces deux critiques en disant : « La critique est à la fois affaire de science et affaire de goût ; elle se compose toujours de constatations positives et d’appréciations personnelles ; elle est en même temps objective et subjective (pardon encore une fois de ces mots barbares !). […] Brunetière attache tant de prix à la tradition qu’il voudrait qu’on n’arrivât au maniement des affaires qu’après une longue préparation… héréditaire. […] Anatole France voit-il avec un détachement presque absolu se dérouler les affaires publiques dans la région inférieure où elles sont confinées. […] La raison, le jugement, le savoir, belle affaire ! […] Je ne serais pas fort surpris que son idéal social fût une sorte d’aristocratie bourgeoise et savante, aux mains de qui seraient remises la direction des affaires politiques et les destinées des classes inférieures.

1150. (1887) George Sand

Il semble, à l’en croire, que l’amour est l’unique affaire de la vie, que la vie elle-même, c’est-à-dire l’action, sous ses formes les plus variées, n’ait pas d’autre objet ni d’autre emploi. […] Aujourd’hui, quand la vie, surmenée par le travail des affaires, est contrainte au repos, quelle ressource lui reste dans ce vaste désert des idées qui représente le monde intellectuel ou moral pour la majorité des hommes ? […] C’est affaire à la chronique d’entrer dans ce genre d’intimité, bien au-delà de ce qui est nécessaire. […] Elle jouit profondément de son succès ; elle lit l’Affaire Clémenceau avec une sollicitude maternelle ; elle lui suggère aussitôt la contre-partie, qui pourra devenir, quelque temps après, en changeant le sexe, la Princesse Georges. […] Il sent qu’il a affaire à une personne et non à un instrument. » (1er mars 1803, Correspondance inédite, citée plus haut.)

1151. (1933) De mon temps…

Si les affaires sont les affaires, la Littérature est la Littérature et Mirbeau, venu tard aux Lettres, les aimait passionnément. […] Frédéric Masson me déclara que « mon affaire était faite » et que « tout irait bien » et d’autant mieux que son suffrage m’était acquis. […] Les mœurs du temps ne l’intéressaient guère, et découper des « tranches de vie » n’était pas plus son affaire que raconter une histoire ou conduire une intrigue, mais il était doué du sens descriptif le plus aigu, d’une vive sensibilité visuelle, d’une rare aptitude à traduire verbalement ses impressions de formes, de couleurs et de nuances. […] Il y avait pris le goût de l’indépendance qui ne le quitta jamais et le fit toujours demeurer lui-même, qu’il fût le Forain cynique et gouailleur, le Forain féroce et justicier, le Forain converti et patriote, le Forain de l’Affaire Dreyfus ou le Forain de la guerre, le Forain barbu ou le Forain au menton rasé dont le masque napoléonien tenait aussi du prêtre et du comédien.

1152. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

C’est qu’en effet il n’y avait guère déplace, dans l’affaire de Ronce vaux, pour la trahison d’un Français38 ; mais l’imagination populaire veut à toute force, on le sait, expliquer la défaite par la trahison. […] Et le temps venu, s’étant mis à table et ayant soupé, revenus près du feu, cuisant des châtaignes et discourant avec grand plaisir, Giano se tourna vers ledit hôte, et lui dit : « Comment vont les affaires ?  […] Ces grandes affaires, où Giovanni montra mieux encore son omniscience, sont les affaires de Bologne. […] Il se tire d’ailleurs fort habilement d’affaire avec eux. […] On aurait dans ce cas affaire à une simple modification, relativement récente, du français normal ; le tch originaire répondant à c latin devant a y serait devenu tç ; c’est ce qui s’est produit en provençal, ou le ch de l’ancienne langue se prononce aujourd’hui, au moins dans le dialecte d’Avignon, tç.

1153. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Derrière cet homme qui fait des affaires, élève une famille, tient un rang dans la société, quelle personne morale se cache ? […] Cela vient en partie d’une méfiance maladive et qui était chez lui affaire de tempérament. […] Il n’a pas davantage eu part aux puérilités que conseillait à Flaubert sa superstition du style ni cru qu’un hiatus fût une affaire d’État. […] Et c’est encore un retour nostalgique vers ce christianisme qui a d’abord été mêlé intimement à toutes les affaires de votre vie. […] D’abord cette « relativité de nos impressions » dont on fait tant d’affaires, je me demande si on ne l’exagère pas.

1154. (1925) Comment on devient écrivain

» Ne croirait-on pas entendre quelque Félix Potin raillant le petit chiffre d’affaires d’un épicier concurrent ? […] L’imagination, cette fois, s’interdit d’inventer : elle a assez affaire d’évoquer, de reconstituer, de donner au passé la vie du présent. […] On croit généralement que l’érudition est une affaire de mémoire. […] La belle affaire ! […] Mais ceci est une autre affaire.‌

1155. (1898) La cité antique

Pour les protéger, il continuait à prendre part aux affaires humaines ; il y jouait fréquemment son rôle. […] » Mais le législateur répond à cet homme : « Toi qui ne peux te promettre plus d’un jour, toi qui ne fais que passer ici-bas, est-ce bien à toi de décider de telles affaires ? […] C’est pour cela qu’elle fut obligée, au moins pendant plusieurs siècles, de respecter l’indépendance religieuse et civile des tribus, des curies et des familles, et qu’elle n’eut pas d’abord le droit d’intervenir dans les affaires particulières de chacun de ces petits corps. […] Épaminondas, qui avait affaire à des hommes superstitieux, crut devoir mettre en circulation un oracle prédisant à ce peuple le retour dans son ancienne patrie. […] Or c’est, pour l’historien qui cherche à percer l’obscurité de ces vieux temps, un puissant motif de confiance, que de savoir que, s’il a affaire à des erreurs, il n’a pas affaire à l’imposture.

1156. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Faites-en donc, monsieur ; et voyons cette affaire. […] mettez en pratique le précepte d’Horace, autrefois si recommandé dans un autre sens, il est vrai ; gardez neuf ans votre ouvrage, et vous aurez affaire à un ministère qui cherchera à ridiculiser celui d’aujourd’hui, peut-être à le bafouer. […] L’Académie a manqué de tact dans toute cette affaire, elle s’est crue un ministère. […] Savez-vous, monsieur, que je ne trouve pas dans mes souvenirs que depuis bien des années il me soit arrivé d’écrire en un jour quatre lettres pour la même affaire.

1157. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

C’est pour le bonheur des sciences & des lettres, que ces Corps ont subsisté : jamais des Particuliers, dissipés par les affaires domestiques, détournés par celles du dehors, n’auroient pu se livrer à un travail si long & si pénible ; & c’est un des grands avantages qu’on ait tiré de ces laborieux & savans Solitaires, qui, du fond de leur retraite, éclairoient le monde qu’ils avoient quitté. […] Notre langue devoit à la fin s’épurer, mais c’étoit l’affaire du temps ; il falloit commencer par éclairer l’esprit, parce que l’art de s’exprimer n’a jamais précédé, mais a toujours suivi l’art de penser. […] C’étoit même une affaire d’amour-propre & de vanité, qui tournoit entièrement au profit des Sciences & des Lettres, par l’émulation qu’elle inspiroit. […] Occupé des plus vastes projets au milieu de l’administration la plus orageuse, chargé seul de tout le poids des affaires, sans cesse en butte au ressentiment des Grands qu’il avoit abaissés, impatiemment supporté par son Maître, il trouvoit encore des momens à donner aux Muses.

1158. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Et maudite dans ce qu’elle entreprenait de sage, de raisonnable, comme mère de famille, perdant dans de malheureuses affaires, les placements qu’elle faisait en vue de l’avenir de ses enfants : placements faits à force d’économies et de retranchement sur elle-même. […] Et un retour sur Saint-Just et les hommes de la Révolution fait dire, que les désastres de 1870 et 1871, viennent du remploi des hommes de 1848, au lieu de la mise aux affaires et aux armées, de jeunes hommes. […] Ce soir, une femme du monde, m’attaque gentiment sur l’horreur, professée dans mon Journal, pour le progrès dans les choses, me parlant de la vie magique, surnaturelle, que lui a faite le téléphone : « Tenez, il y a une heure, je causais à Londres avec un Anglais, pour une affaire que j’ai là-bas ; quand vous êtes entré, je m’entretenais avec ma sœur, à Marseille, lui disant que je vous attendais ; dans la journée, j’avais arrangé un mariage et un divorce… Hier j’étais fatiguée, je m’étais couchée de bonne heure, mais ne dormant pas, je me suis mise à causer avec un monsieur, dont j’aime l’esprit… mais un monsieur, que les convenances m’empêchent de recevoir fréquemment… N’est-ce pas, dit-elle, en riant, c’est singulier pour une femme, dans son lit, de causer avec un monsieur, qui est peut-être dans le même cas… Et vous savez, si le mari arrive, on jette le machin sous le lit, et il n’y voit que du feu. […] Dimanche 16 octobre Ce matin, je reçois par la poste, un gros paquet de lettres d’affaires, et que je rejette loin de moi, sans ouvrir l’enveloppe, en m’écriant : « Est-ce assez embêtant… encore un manuscrit, qu’un inconnu m’envoie pour le lire ! 

1159. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

A l’instant où il allait recevoir le coup fatal, on s’aperçut que le couteau n’avait pas été remonté ; il fallut disposer l’instrument : il employa ce temps à proférer encore quelques paroles ; il assurait que « nul ne mourait plus dévoué à son pays, plus attaché à son bonheur et à sa liberté. »Depuis le désastre de prairial, le jacobinisme perdit le rang de parti, et retomba à l’état de secte, jusqu’à l’affaire de Gracchus Babeuf, où il acheva de se dissoudre.

1160. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

C’est timidité ; c’est aussi manque d’argent (l’argent donnant en ces affaires une grande assurance) ; c’est surtout qu’il s’applique trop, combine trop, se regarde trop faire.

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