La langue que l’Académie avait achevé de faire est la langue de l’intelligence pure, du raisonnement, de l’abstraction : c’est celle qui servira bientôt à Voltaire, à Condillac, une langue d’analyseurs et d’idéologues.
d’acquérir la réputation du plus grand poète français, non point par intrigue, comme Voltaire, mais en la méritant véritablement ; pour cela, savoir le grec, l’italien, l’anglais.
C’est la perfection de Voltaire.
C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï.
Ce dialogue fut fait dans le temps où le conte de Voltaire, sur l’éducation d’un prince, venait de paraître.
La Duchâtelet traduisait et commentait Newton, et Voltaire, tout spirituel qu’il fût, l’admirait comme un benêt.
On entend parfois dans ses historiettes les petits éclats de ce rire sec dont Joubert disait, avec son appréciation ferme et exquise : « Tout ricanement déplacé vient d’une petitesse de tête », et, malgré la gaucherie des formes qui révèlent le cuistre, il y a parfois, çà et là, de ces légèretés d’assassin qui font pressentir Voltaire, cet autre bourgeois, mais étincelant de génie, et qui, frotté aux grands seigneurs, avait contracté la grâce pestiférée de leurs vices.
Il a cité le docte Bayle, qui, pour diffamer Grégoire et la comtesse, invente un jésuite au douzième siècle, lequel affirme, dans un style de cuistre de tous les siècles, les trop grandes privautés de la comtesse et de Grégoire et la captation des biens de cette dévote par ce directeur… Il a cité le docte Voltaire, qui conclut la thèse de Bayle par cette incomparable impertinence, que « Grégoire aurait été un imbécile s’il n’avait pas employé le profane et le sacré pour dominer la comtesse Mathilde ».
Sans elles, Voiture, oublié maintenant, d’enjouement et d’esprit aurait valu Voltaire.
Nous n’aurions eu que la grisaille sans profondeur de Voltaire, mais la clef de ces hiéroglyphes d’étiquette, de ce monde olympien de Versailles, nous ne l’aurions point eue sans Saint-Simon, et ce monde, incompréhensible à l’esprit moderne, fût resté éternellement une lettre morte pour nos descendants !
Elle n’avait ni les engouements, ni les dégoûts, ni les besoins mendiants de société de cette femme d’un esprit qui tenait tête à Voltaire et qui périssait dans la solitude, tout en se croyant la fière philosophie de Diogène parce qu’elle avait donné à son fauteuil du coin du feu la forme étrange d’un tonneau.
Si Voltaire, comme il s’en vantait au Roi de Prusse, ce diable d’homme !
Matter, — pas plus que Kant lui-même, cette autorité, qui tantôt riait de Swedenborg et qui tantôt n’en riait pas, — pas plus que Voltaire, l’éclat de rire fait homme, qui se tut toute sa vie sur Swedenborg, — pas plus que les Universités de France et d’Espagne, qui n’en parlèrent pas davantage ; — M.
Il n’y a pas que ce sale Voltaire de coupable !
Il l’est jusque dans les titres qu’il donne à ses poésies ; car je ne crois pointé leur modestie… Je ne crois point à la modestie d’un homme de talent qui a conscience de son talent, et qui, après tout, ne peut pas se croire un sot, comme dit Voltaire en parlant de lui-même… La modestie est une petite hypocrisie sans vigueur et dérivée de la grande.
Lucien n’est qu’un Voltaire d’avant le Christianisme, et Platon, c’est le génie grec dans sa calme et majestueuse idéalité.