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1943. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Zerbin, par une respectueuse pitié pour le héros, élève un trophée de ces armes ; il ne veut pas que l’épée de Roland soit profanée par une main étrangère.

1944. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Elles lui seront aussi étrangères que si elles étaient nées d’un cerveau différent du sien, que si elles avaient eu un autre but que celui de le servir.

1945. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Et, pourtant, dans ce sujet d’opéra, tant de choses étaient, étrangères à la musique, incapables d’y être assimilées, que, vraiment, la grande Ouverture de Léonore nous peut, seule, clairement, faire voir comment Beethoven comprenait le drame.

1946. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

La fusion en un tout d’une multitude de plaisirs ou de peines à l’état naissant a fini par paraître étrangère au plaisir et à la peine, mais ne vous laissez pas prendre à cette apparence : toute sensation de chaleur ou de fraîcheur est du plaisir ou de la peine qui commence, c’est de l’émotion qui s’apprête et sollicite la volonté, c’est un ébranlement qui se prépare à passer de l’état moléculaire à l’état massif.

1947. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Je suis étranger à ce qui vient, à ce qui est, comme à ces boulevards nouveaux sans tournant, sans aventures de perspective, implacables de ligne droite, qui ne sentent plus le monde de Balzac, qui font penser à quelque Babylone américaine de l’avenir.

1948. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Vendredi 27 juin Ce soir, un général étranger racontait, qu’avant 1866, Bismarck lui parlant de ses projets et faisant allusion au Roi, son maître, dans une langue bien irrespectueuse, lui disait : « Je conduirai la charogne au fossé, il faudra bien qu’elle le saute ! 

1949. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Nous ne parlerions pas des Blasphèmes si on n’avait point représenté ce livre comme un « poème philosophique », et si, à l’étranger, on n’avait pas pris au sérieux les Blasphèmes comme un « signe des temps246 ».

1950. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Venues de loin, issues d’une race étrangère, datées d’un temps presque passé, elles ont fait surgir dans mille têtes de jeunes gens, de jeunes filles de France, tout un monde de singulières imaginations, de lieux noirs et étranges, de faces grimées, touchantes, grotesques, risibles, effrayantes, d’aventures compliquées à faire peur, de scènes comiques ou pathétiques.

1951. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

XXVIII « Je lisais dans mon lit, le coude appuyé sur l’oreiller, dans cette voluptueuse nonchalance de corps et d’esprit d’un homme indifférent aux bruits d’une maison étrangère, qu’aucun souci n’attend au réveil, et qui peut user les heures de la matinée sans les compter sous le marteau de l’horloge lointaine qui les sonne aux laboureurs.

1952. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Le sauvage Moncacht-Apé répondra au chef d’une nation étrangère qui lui demande : qui es-tu ?

1953. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Pour que la bonté paraisse plus désintéressée, il faut qu’elle s’épanche sur des étrangers, sur des inconnus : les affections naturelles, les sacrifices qu’on fait à des enfants ou à des parents, cela est trop facile, sans compter que cela fait tort à d’autres hommes, à qui nous nous devons aussi. […] Il faut, pour cela, qu’elle s’épanche sur des étrangers ; il faut qu’elle soit sans salaire ; il faut qu’elle souffre et que cette souffrance lui vienne de ceux à qui elle s’est dévouée, etc. […] Elle s’en veut d’avoir suivi le bel étranger aux douces paroles, l’élégant et paresseux jeune homme à la beauté de femme. […] Mais, un jour, ayant lu des livres étrangers, il reconnut la vanité de son entreprise et cessa de croire à ce qu’enseigne le Bouddha.

1954. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

L’étranger entra en faisant un grand nombre de révérences. […] * *   * Poètes recommandés aux étrangers et aux personnes qui arrivent de la province : Villemin, Dallière, Karl Daclin, Alfred Des Essarts, Siméon Pécontal, Blanchecotte — garantis par l’Académie. […] Sans entrer dans le détail de ces vers secs, qui abrègent l’idée dans le but de lui donner de la tournure ; sans faire ressortir l’habituelle supériorité des vers où il y a les mots sombre, farouche, lugubre, sur les autres, je repousse cette mère qui est irritée d’avoir un second enfant, étranger qui prend la place de l’autre, et puis cette fausse tendresse de poète qui, pour rarranger les choses, fait dire au nouvel enfant : « Mère, c’est moi, ne le dis pas » ; les figures étrusques les plus primitives sont moins maigres, moins sèches que ce père et cette mère. […] C’est là, c’est dans cet oubli des faits, c’est dans ce manque de justice que je vois que la morale qu’ils veulent défendre leur est bien plus étrangère qu’à celui qu’ils attaquent, et que j’apprends à connaître de quoi sont capables les honnêtes gens.

1955. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Je ne sais rien de mieux fait, en vérité, pour définir comme je l’entends l’espèce de sentiment auquel je m’applique ici, un sentiment étranger à la mode, épuré de toute sensualité, n’impliquant qu’une tendre, fidèle et éternelle reconnaissance pour le contemporain qui fut, à une heure décisive, le bienfaiteur de notre esprit ou de notre âme, pour un révélateur chéri : « J’ai reçu aujourd’hui, écrivait lord Byron à Thomas Mooro (5 juillet), une singulière lettre d’Angleterre, d’une fille que je n’ai jamais vue ; elle me dit qu’elle se meurt de consomption, mais qu’elle ne veut pas quitter ce monde sans me remercier des jouissances qu’elle a dues à ma poésie pendant plusieurs années, etc.

1956. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Les savants de l’Europe ont beau élever la voix pour célébrer ces anciennes nations, ils ne peuvent presque en parler que d’imagination, puisqu’ils ne les connaissent que par des étrangers qui, les ayant connues trop tard, n’en ont parlé que par occasion, et ont laissé beaucoup d’obscurités dans les fragments disparates qu’ils ont recueillis de leur histoire.

1957. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

La fille Mireille et les étrangers se saluent dans les termes de cette simple et modeste familiarité, politesse du cœur de ceux qui n’ont pas de temps à perdre en vains discours.

1958. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Que je te plains, pauvre exilé, d’en être si loin, de ne voir les tiens qu’en pensée, de ne pouvoir nous dire ni bonjour ni bonsoir, de vivre étranger, sans demeure à toi dans ce monde, ayant père, frère, sœurs, en un endroit !

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