L’autorité, établie d’elle-même par l’habitude et par le respect, avait à peine besoin du commandement pour être obéie.
XIII Un des attributs du génie, mais du génie absolu comme l’avait Shakespeare, est la variété dans les chefs-d’œuvre, et c’est aussi l’embarras qu’ils causent, quand il s’agit d’établir entre eux non une préférence de sentiment, toujours facile, mais une hiérarchie de raison.
Pourvu qu’on affuble de noms historiques même les personnages les plus fantaisistes, le public peu cultivé croira à leur réalité, puisque souvent il croit même à celle de personnages totalement obscurs ; inversement le public cultivé sera toujours plus sensible à la vraisemblance psychologique qu’à l’authenticité bien établie d’un fait invraisemblable ; Corneille a beau déployer son érudition, Rodogune nous laisse froids. — Que signifie cette obligation que, de nos jours encore, on prétend imposer aux poètes, de respecter la vérité historique ?
il a bien raison, le proverbe : Ne crains pas la mort, mais crains le péché. » Et ce n’est pas. » Mme Jourdain ni Chrysale qui ajouteraient : « Mon seul souci à présent, c’est d’établir Angélique (ou Henriette) comme il convient. […] Je n’ai aucun moyen de contrôler la vraisemblance du personnage, ni, son aventure étant donnée, d’établir dans quelle mesure elle est responsable et, par suite, digne d’estime ou de mépris. […] J’ai tenté, tout à l’heure, d’établir l’équivalence de leur situation morale. […] Je vois aussi que l’action est conduite par un gibier de bagne et par une coquine qui ne sont sans doute que des figures de fantaisie, et que l’auteur nous donne comme telles, mais qu’il a trop multipliées dans son théâtre pour ne pas aimer du moins ce qu’elles représentent au fond : la vie hors la loi, la révolte contre les règles établies. […] Tandis que les autres peuples croient volontiers que le plus grand homme de chez eux est aussi le plus grand homme du monde, il a été établi chez nous, et, je dois le dire, par quelques-unes de nos plus fortes têtes, qu’il y a, outre les grands poètes « nationaux », des génies européens, « hors concours », et que, par exemple, Shakespeare et Gœthe en sont, mais que Corneille, Racine et Molière n’en sont pas.
Elle doit partir de la désarticulation du réel qui a été opérée par le langage, et qui est peut-être toute relative aux besoins de la cité : trop souvent elle oublie cette origine, et procède comme ferait le géographe qui, pour délimiter les diverses régions du globe et marquer les relations physiques qu’elles ont entre elles, s’en rapporterait aux frontières établies par les traités. […] Il sera donc bien établi que le mot circonscrit cette fois une réalité.
Léon Séché, dans une note que je lis à la page 359 de son édition de la Correspondance de Sainte-Beuve avec M. et Mme Juste Olivier, nous dit que Vinet « retrancha la lettre quand il fut établi qu’elle était l’œuvre d’un mystificateur » ? […] Un esprit perspicace aurait pu voir dès ce moment-là, que Sainte-Beuve, nonobstant sa leçon d’ouverture, qui est presque une profession de foi chrétienne, n’en était pas à sa dernière, mais seulement à son avant-dernière métamorphose, et que le temps allait venir où il établirait sa tente sur le vieux sol gaulois que Montaigne avait élu pour y planter la sienne. […] Toute lutte (sociale), quelle que soit l’idée en cause, se complique toujours à peu près des mêmes termes : d’une part, les générations pures faisant irruption avec la férocité d’une vertu païenne et bientôt se corrompant, de l’autre les générations mûres, si c’est là le mot toutefois, fatiguées, vicieuses, générations qui ont été pures en commençant, et qui règnent désormais, déjouant les survenantes avec l’aisance d’une corruption établie et déguisée.
Les premiers jours en sont heureux ; Bernard a établi sa maison à Paris, et la provinciale et charmante Aliette se trouve jetée dans un monde qu’elle ignorait et redoutait inconsciemment : Elle voyait avec une secrète stupeur cette foule mondaine uniquement occupée de mouvement et de plaisir et comme en proie à une sorte de danse de Saint-Guy qui l’entraînait du berceau à la tombe dans un tourbillon épileptique.
Il est vrai qu’une dame romaine établit, vers l’an 400, à ses dépens, un hôpital, un hospice, une infirmerie, où elle rassemblait les malades, et les servait de ses propres mains ; mais cet utile refuge, auquel elle n’avait point assuré de fonds, ne se soutint que jusqu’à sa mort.
Le professeur a besoin d’une vie domestique établie.
Quel concert de vues et d’hommes peut-on établir entre les chefs, tous antipathiques les uns aux autres, de cette incroyable agglomération d’assaillants qui, en vous donnant l’assaut, ont tous un but et un drapeau différents ?
L’amitié qu’elle implore, et en qui elle veut établir sa demeure, ne saurait être trop pure et trop pieuse, trop empreinte d’immortalité, trop mêlée à l’invisible et à ce qui ne change pas ; vestibule transparent, incorruptible, au seuil du Sanctuaire éternel ; degré vivant, qui marche et monte avec nous, et nous élève au pied du saint Trône.
Les personnages secondaires autour d’Athalie et de Joad sont engagés dans l’événement par des causes proportionnées à leurs rôles : Mathan, par sa jalousie contre Joad et la mauvaise conscience d’un apostat ; Abner, par sa muette fidélité au sang de ses rois, à laquelle se mêle l’esprit d’obéissance militaire aux puissances établies ; Josabeth, par une tendresse mêlée de crainte, qui lui fait préférer pour son enfant adoptif la sécurité à la gloire ; Zacharie, son fils, par l’âge, qui le rapproche de Joas, et par la communauté de leurs pieux amusements dans le saint lieu ; Salomith, cette charmante sœur de Zacharie, par les soins qu’elle a donnés, de moitié avec sa mère, au mystérieux enfant, qu’elle aime sans le connaître.
Il est bien établi, dès à présent, que M.
Flaubert s’éjouit et se gaudit à la peinture de toutes les canailles européennes, grecques, italiennes, juives, qu’il ferait graviter autour de son héros, et il s’étend sur les curieux contrastes que présenterait, çà et là, l’Oriental se civilisant, et l’Européen retournant à l’état sauvage, ainsi que ce chimiste français qui, établi sur les confins de la Libye, n’a plus rien gardé des mœurs et des habitudes de sa patrie.
Je voudrais qu’on établît un album qui montrerait ce qu’était Paris, non pas dans les siècles lointains, mais seulement de 1820 à 1830, à la naissance du romantisme.
Ainsi s’établissent des centres intérieurs de perspective esthétique.