C’était l’époque de l’empire ; c’était l’heure de l’incarnation de la philosophie matérialiste du 18e siècle dans le gouvernement et dans les mœurs. […] Rien ne peut peindre à ceux qui ne l’ont pas subi, l’orgueilleuse stérilité de cette époque. […] J’ai anéanti ainsi des volumes de cette première et vague poésie du cœur, et j’ai bien fait, car à cette époque, ils seraient éclos dans le ridicule, et morts dans le mépris de tout ce qu’on appelait la littérature. […] La poésie n’était donc pas morte dans les âmes comme on le disait dans ces années de scepticisme et d’algèbre, et puisqu’elle n’est pas morte à cette époque, elle ne meurt jamais. […] Toutes les époques primitives de l’humanité ont eu leur poésie ou leur spiritualisme chanté ; la civilisation avancée serait-elle la seule époque qui fit taire cette voix intime et consolante de l’humanité ?
Leur talent — incontestable, d’ailleurs, — est dans le sens des passions et des manies de leur époque. […] Ils écrivirent, à diverses époques : Charles Demailly, Manette Salomon, Madame Gervaisais, Renée Mauperin, Germinie Lacerteux, Sœur Philomène. […] Ils ne sont pas des moralistes exprimant largement, comme La Bruyère, toute une époque dans des Caractères, — étude humaine et grandiose ! […] Ils l’ont trouvée dans les correspondances secrètes, les papiers intimes, les mémoires, les recueils de scandale ou de mode, les journaux, les comédies, les vaudevilles, les chansons, dans toutes les plus futiles publications d’une époque passionnée et futile. […] ces jeunes gens, qu’aucun système, à cette époque, n’avait faussés, ambitionnaient encore l’aperçu qui sort des faits et qui, retombant sur eux comme une gerbe de lumière, les illumine.
Satirique de haute volée, à une époque où les satiriques de très petite pullulaient comme les vers dans la corruption, il écrivit non pas des chansons, lui, mais des odes, et la France, peu tournée cependant aux Pindares, les répéta… comme des chansons ! […] À cette époque, le mot national n’était pas encore inventé, mais provisoirement il fut classé parmi les plus grands poètes, et non pas seulement par les Prud’hommes du temps, mais par les premiers, les esprits les plus difficiles et les plus forts. […] assez encore à la charge du Régent et de son époque pour justifier la satire de La Grange-Chancel, s’il avait eu du génie, et pour résister à la critique allégeante de de Lescure, aurait-il eu, lui, dix fois plus de talent qu’il n’en a montré ! […] Moralement comme littérairement, il fut le faux Juvénal d’une époque où rien n’était vrai, pas même les vices, car elle les exagérait. […] Mais La Grange-Chancel n’eut pas même cela, et à le juger hors de son époque et de ses frémissantes contagions, il n’eut pas le talent qui sert à cacher… ce qu’on n’éprouve pas.
Or, n’en est-il pas ainsi des grands poèmes de la même époque ? […] Cette liaison existe plus ou moins à toute époque. […] Les théories dominantes d’une époque se reflètent dans ses arts plastiques comme dans sa littérature. […] Cela est sensible à l’époque du Directoire. […] La même époque nous offre un autre exemple d’une admiration littéraire aboutissant à l’adoption d’un costume spécial.
Mais il ne faut pas oublier que Corneille n’était en cela que l’organe fidèle du goût de son époque. […] Cousin est l’homme de notre époque qui a été le plus discuté. […] Rien ne peut peindre, à ceux qui ne l’ont pas subie, l’orgueilleuse stérilité de cette époque. […] Rien n’est plus injuste que de condamner les préjugés d’une époque au nom des préjugés d’une autre époque. […] L’école suivait le courant de l’époque, c’est-à-dire le courant qui retournait à sa source.
Les Époques de la nature. — Le Discours sur le style. […] Les Époques de la nature. […] Est-il donc vrai que Dieu soit absent des Époques de la nature ? […] C’est ce qui explique qu’aux époques où fleurit cette manière d’écrire, elle ait tant d’imitateurs. […] Première époque.
Mais, quelles que soient les causes qui transportent d’une région à l’autre la royauté intellectuelle, il résulte de là que l’esprit d’une époque peut avoir une teinte gasconne, ou normande ou parisienne. […] Mais ce qui est plus difficile et plus intéressant à savoir, c’est la conception que telle époque s’est faite de la nature, c’est l’espèce de sentiments qu’elle a éprouvés pour elle. […] Cela est bien visible à l’époque romantique. […] Chaque époque a son ou ses pays de prédilection. […] La révolution n’est pas loin. » — Il n’en faut pas davantage pour donner une nuance différente à la littérature de deux époques voisines.
A l’époque de l’Esprit des Lois, l’esprit de censure ne s’était pas encore déchaîné, comme il l’a fait à la fin du siècle. […] Ce sentiment ne se rencontre guère aux époques réglées, il a peu de place aux époques de dissolution et de désordre. […] Soyez l’interprète, l’avocat de cette grande époque, et réveillez dans ma conscience le goût de ces sortes de vérités que j’oublie trop, j’y donne les mains ; mais, pour me toucher, il faut que vous partagiez ma passion, car vouloir que je sois un contemporain de Bossuet qui accorde quelque chose à Voltaire et à Montesquieu, voilà qui est impossible : ce n’est pas là la réalité. […] Sans doute il y a des époques plus ou moins favorables au beau ; mais, à toutes les époques, c’est en recherchant le beau sous des formes nouvelles, inspirées par le génie du temps, que l’on peut n’être pas tout à fait indigne des grandes époques de l’art. […] J’accorde donc qu’il y a de grandes époques littéraires, que le goût a ses révolutions et, ses décadences, que les époques politiques, scientifiques, industrielles, sont peu favorables à la beauté pure, que les langues se gâtent avec le temps, et qu’en général il n’y a qu’un temps où se rencontre une parfaite harmonie entre la forme et le fond, que ce sont ces époques que l’on appelle classiques, et que les autres s’approchent d’autant plus de la beauté qu’elles s’approchent de cet idéal.
En ce xviiie siècle qu’on ne donne pas d’ordinaire pour une époque de grande pureté morale (tant s’en faut !) […] C’était une époque de partis, soit ; mais les partis y nourrissaient des doctrines ardentes, fécondes, et à beaucoup d’égards généreuses. […] Par exemple, n’en est-il pas aujourd’hui de certaines époques historiques comme du parc de Maisons ? […] On traite ces époques comme des terrains vides où la spéculation se porte et où l’on bâtit. […] L’époque a l’air de se trancher par son milieu ; on peut embrasser la marche de la première moitié avec quelque certitude.
Le génie de Buffon participe du poète autant que du philosophe ; il confond et réunit les deux caractères en lui, comme cela s’était vu aux époques primitives. […] Depuis ce moment, les tomes de cette Histoire monumentale continuèrent de se publier régulièrement et successivement au nombre de trente-six, jusqu’à l’époque de la mort de Buffon (1749-1788). […] Celui qui contient Les Époques de la nature, publié en 1778, est considéré comme le chef-d’œuvre de Buffon. […] Ici, dans les Époques, il raconte et décrit en sept tableaux les révolutions du globe terrestre, depuis le moment où il le suppose fluide jusqu’à celui où l’homme y apparaît pour régner. […] On pourrait lui appliquer le même éloge pour les Époques de la nature ; il sait et voit ces choses d’avant l’homme pour les avoir regardées de près.
À la même époque, un ministre écrivait à M. […] Tout est remarquable dans ce document, qui fait apparaître la physionomie de l’époque. […] On conserve encore au Puech une Somme de saint Thomas, annotée à cette époque par M. […] Une époque vient de finir, une autre commence. […] Il faut remarquer que trois de ces poëtes commençaient avec l’époque.
Saint-Maur eut cette originalité des plus rares que, parmi les poètes de notre époque, ces féroces et sonores amoureux du bruit, il ne se pressa pas avec la renommée. […] Il a trop aimé la poésie de son époque, et en cela il a fait tort à la sienne. […] C’est, de tempérament, un gai, que Saint-Maur, et c’est par là qu’il se sépare de son époque, qui est triste et où la comédie de bon sens et d’observation si française, présentement n’existe plus. Quoique appartenant par les dates à la première période du Romantisme, l’auteur du Dernier Chant est d’une constitution trop saine pour avoir gardé les morbidités et les désespérances de cette époque lacrymatoire. […] , mais il n’a jamais eu les tristesses voulues d’une époque aussi artificielle dans ce qu’elle appelait son inspiration que violente à froid dans ses procédés littéraires, et qui fit art jusque des larmes.
En quoi consiste réellement la littérature française de l’époque actuelle ? […] La grande poésie française de notre époque (toujours abstraction faite du théâtre) nous semble donc représentée par MM. […] Elle tombe à faux en ce que les grandes époques littéraires ne sont quelque chose que par les points où elles ne se touchent pas ; et véritablement il y a peu de justice et de générosité à opposer tous les grands écrivains morts que les temps ont lentement produits, aux écrivains d’une seule époque qui est à peine au quart de son période. […] M. de Chateaubriand et madame de Staël ont été les premiers poètes de l’époque. […] Il y a une poésie comme une législation pour chaque grande époque.
C’est dans le premier genre, c’est par la description animée des objets extérieurs que les Grecs ont excellé dans la plus ancienne époque de leur littérature. […] En examinant les trois différentes époques de la littérature des Grecs, on y aperçoit très distinctement la marche naturelle de l’esprit humain. […] Mais, à l’époque d’Homère et d’Hésiode, et quelque temps encore après, lorsque dans l’âge le plus remarquable par les chefs-d’œuvre de la poésie, Pindare a composé ses odes, les idées de morale étaient très incertaines. […] Hérodote, qui vivait presque à la même époque, raconte le juste et l’injuste, comme les présages et les oracles ; le crime lui paraît de mauvais augure, mais ce n’est jamais par sa conscience qu’il en décide. […] J’aurai souvent l’occasion de faire remarquer les changements qui se sont opérés dans la littérature, à l’époque où les femmes ont commencé à faire partie de la vie morale de l’homme.
L’anthropologie a démontré que dès la plus lointaine époque, les races sont mêlées et de types divers. […] Taine essaye de faire dépendre les arts ou les littératures, des sociétés dans lesquelles ils ont pris naissance : le principe des sélections et des éliminations qu’opèrent dans l’ensemble des artistes d’une époque ou d’un lieu, les circonstances, la condition sociale de cette époque et de ce lieu. […] Mais ces mêmes milieux et ces mêmes époques n’ont-ils pas produit Rembrandt en Hollande, Pascal et Saint-Simon à Paris ? […] Il est inutile de multiplier ces exemples des variations de la gloire, c’est-à-dire de la compréhension d’un artiste à travers les pays et les époques. […] Le milieu, au point de vue littéraire, à Rome, à l’époque, mettons, du sac de Corinthe, était formé par une élite d’aristocrates et de parvenus.
Il faut donc encore étudier les rapports que chaque époque a pu avoir soit avec le dehors, soit avec le passé et ces rapports, comme tous ceux que nous avons à relever, sont de trois sortes. Entre les œuvres d’une époque et les œuvres antérieures ou étrangères, on peut trouver ou bien un développement parallèle, par suite des causes semblables, ou un rapport d’effet à cause, ou un rapport de cause à effet. […] Tantôt on reconnaîtra une action exercée sur la nation qu’on étudie par quelqu’une des époques de sa propre histoire ou bien par les sociétés se trouvant en contact avec elle ; ainsi en France, par une espèce d’atavisme, le moyen âge, le seizième siècle, le commencement du dix-septième ont obtenu, sous le premier Empire et lors de la Restauration, un regain de popularité qui est sensible dans le développement de notre école romantique ; ainsi encore on sait quelle déviation la résurrection de l’antiquité grecque et latine fit subir au génie français, lors de la Renaissance, ou à quel point nos écrivains du siècle dernier furent les disciples de l’Angleterre. […] Quand nous aurons passé en revue tous ces facteurs sociaux de l’évolution littéraire, nous aurons enfin rassemblé tous les éléments qui nous permettront d’esquisser la formule d’une époque donnée.