Pour ne parler que de la littérature, c’est un curieux spectacle bien digne de pitié ou de raillerie que celui des conclusions contradictoires où peuvent aboutir des écrivains de talent et de bonne foi traitant de la même époque.
On peut récuser tous les témoignages qui déplaisent ; il en est un qu’on ne récusera pas : c’est celui de Taine lui-même, dont la Correspondance n’avait pas encore été publiée à l’époque où l’on bataillait contre nous.
Son livre, qui embrassera tout le xixe siècle, ne s’ouvrira point cependant à 1800, pour s’avancer ainsi, d’année en année, jusqu’à l’époque où nous voilà parvenus.
Nous ne connaissons pas de meilleure réponse que Méry à cette affirmation des jugeurs qui mettait en furie Chateaubriand, le vieux enfant colère, quand ils lui disaient qu’un poète n’est jamais capable de rien que de poésie ; car, en dehors de ses poésies écrites et de la poésie de sa nature, il n’y eut jamais, du moins dans notre époque, d’homme capable intellectuellement de plus de choses que Méry.
Il l’avait fait d’une manière plus affectueuse encore et plus vive à l’époque où M. de Talleyrand avait donné sa démission d’ambassadeur à Londres, et s’était tout à fait retiré de la vie politique. […] Il y avait déjà quelque temps, mais à une époque qui n’était pas très éloignée, la duchesse de Dino, étant tombée malade à la campagne, avait demandé à recevoir les sacrements. […] » — Ce mot de Talleyrand nous explique jusqu’à un certain point la mode religieuse, dont est comme saisie notre époque.
D’autres idées le prirent à cette époque : il avait dû aller en Grèce avec son ami Colin ; mais ce dernier ayant été obligé par des raisons privées de retourner en France, Farcy ajourna son projet. […] Parmi le petit nombre d’articles qu’il inséra vers cette époque au Globe, le morceau sur Benjamin Constant est bien propre à faire apprécier l’étendue de ses idées politiques et la mesure de son indépendance personnelle. […] Il vit beaucoup, à cette époque, une femme connue par ses ouvrages, par l’agrément de son commerce et sa beauté78, s’imaginant qu’il en était épris, et tâchant, à force de soins, de le lui faire comprendre.
Il est à souhaiter que l’action commence dans un jour illustre ou désiré, remarquable par quelque événement qui tienne lieu d’époque ou qui puisse le devenir. […] L’exposition d’Othon est citée comme modèle : elle est naturelle, noble, bien amenée, marquée par une époque intéressante. […] Au reste, cet usage dura peu chez les Grecs, c’était dans les chœurs que les poètes portaient le plus loin la licence, et c’est sur les chœurs principalement que tombe la réforme qui sert d’époque à la comédie nouvelle.
En ces quatre volumes à peine, — par l’histoire des Révolutions d’Italie s’arrête vers le milieu du quatrième, où l’auteur nous apprend tout à coup que sa tâche est finie parce qu’il touche à l’époque de Charles-Quint, et qu’à cette époque l’ère des révolutions est fermée, — il n’y a pas moins (l’auteur s’en est assez vanté) que sept mille révolutions qu’il a mesurées « à l’équerre et au compas », nous dit-il, avec l’orgueil d’un Képler de l’Histoire, Assurément, sept mille révolutions, poussées, bousculées en quinze cents pages à peu près, font un entassement formidable, et on aurait vraiment le droit de se demander comment elles sont passées sous l’angle d’un compas si peu ouvert, pour peu qu’elles méritent le nom qu’on leur donne et qu’elles soient réellement des révolutions ! […] Il y groupe les époques comme il groupe les États.
certes, il faut que nous soyons de bien bons enfants en littérature, si nous sommes en politique de mauvais garçons ; il faut que nos besoins d’originalité ne soient pas bien grands, à nous autres éreintés de l’époque actuelle, pour que nous soyons si aisément satisfaits de la répétition des mêmes idées, des mêmes sentiments, du même langage et presque des mêmes mots, des mêmes tableaux et de la même manière de peindre, et que nous en jouissions avec autant de pâmoison de plaisir et de furie d’enthousiasme que si tout cela était inconnu, inattendu, virginal, et tombé, pour la première fois, du ciel ou du génie d’un homme. […] Il fut du triumvirat qui a donné les trois plus grands de l’époque, mais il n’en est l’Auguste que parce qu’il est celui qui a vécu le plus longtemps. […] Ils la veulent tous, sans être des Hugo et même en restant des pieds plats, les libres penseurs et les athées de ce temps, comme l’ont voulue, à toutes les époques de l’Histoire, tous les révoltés, tous les hérétiques, toute l’indomptable canaille de l’humanité.
Reybaud a donné une peinture vive, animée, variée d’une époque, et d’une époque très restreinte, puisqu’elle comprend seulement les années de la monarchie de Juillet. […] Assurément il y a dans le caractère du héros du livre certains traits qui conviennent à toutes les époques. […] Reybaud, qui décrivait les mœurs d’une époque et l’homme d’un jour, s’est hâté d’écrire et de publier son livre en quelques mois. […] Claretie, consacrés à la peinture d’une époque disparue, est fort remarquable. […] C’est sans doute un rare défaut que de se limiter dans une époque où tant de romanciers s’étendent outre mesure.
Même à notre époque soi-disant démocratique, la situation n’est peut-être pas aussi complètement retournée que vous semblez le croire. […] J’ajoute qu’il en va de même de l’authenticité d’une écriture quelconque, datant de l’époque néolithique. […] Salomon Reinach ne s’en étonne pas, et ramène cette époque jusque vers 5.000 ans avant notre ère. […] J’ai pourtant connu l’époque où Gaston Deschamps le traitait d’anarchiste.
Vers le milieu de décembre, époque à laquelle nous partîmes ensemble pour Paris, je me trouvai avoir versifié l’Agis, la Sophonisbe et la Myrrha, développé les deux Brutus et composé la première de mes Satires. […] Seulement, ami de quelques philosophes de seconde ligne, il écrit, pour complaire à l’époque, une ode sur la prise de la Bastille. […] Ce n’est pas une révolution à la manière française qui l’a restaurée, c’est le sens dessus dessous si caractéristique de notre époque. […] Je conçus et jetai sur le papier le plan de six comédies à la fois. » XVI À quarante-neuf ans il semble revenir à une seconde enfance, se sentant vieilli à l’époque où les hommes d’action se sentent jeunes.
On aurait cru en le voyant qu’on avait changé d’époque et qu’on était introduit dans la société d’un de ces deux ou trois hommes naturellement immortels, dont Louis XIV était le centre, et qui se trouvaient chez lui comme chez eux, à son niveau, quoique sans s’élever ou sans s’abaisser du leur : — La Bruyère, — Boileau, — La Rochefoucauld, — Racine, — et surtout Molière ; — il portait son génie si simplement qu’il ne le sentait pas. […] Mais ce sculpteur, à cette seconde époque, avait confondu dans ses œuvres la matière avec l’âme. […] XI « Mon frère était fort occupé à cette époque, dit Mme de Surville, car, indépendamment de son cours de droit et des travaux dont le chargeaient ses patrons, il avait encore à se préparer pour ses examens successifs ; mais son activité, sa mémoire, sa facilité, étaient telles qu’il trouvait encore le temps d’achever ses soirées à la table de boston ou de whist de ma grand-mère, où cette douce et aimable femme lui faisait gagner, à force d’imprudences ou de distractions volontaires, l’argent qu’il consacrait à l’acquisition de ses livres. […] XXI C’est peu de temps avant cette époque que la beauté, l’amour, l’esprit et la fortune parurent d’un seul coup vouloir dépasser par la réalité tous les rêves de son passé.
On utilisait, à l’époque, la mère de toutes les façons ; elle était déjà la grande ficelle dramatique : c’était le souvenir de la mère qui au théâtre paralysait le bras de l’assassin prêt à frapper ; c’était la croix de la mère, qui exhibée au moment psychologique, prévenait le viol, l’inceste et sauvait l’héroïne ; c’était la mort de sa mère, qui du Chateaubriand sceptique et disciple de Jean-Jacques de 1797, tira le Chateaubriand mystagogique d’Atala et du Génie du Christianisme de 1800. […] La révolution de 1848 lança dans la langue honnête et modérée un peuple nouveau de mots ; depuis la réaction littéraire commencée sous le consulat, ils dormaient dans les discours, les pamphlets, les journaux et les proclamations de la grande époque révolutionnaire et ne s’aventuraient en plein jour que timidement, dans le langage populaire. […] Tout écrivain que consacre l’engouement du public, quels que soient ses mérites et démérites littéraires, acquiert par ce seul fait une haute valeur historique et devient ce que Emerson nommait un type représentatif d’une classe, d’une époque. — Il s’agit de rechercher comment Hugo parvint à conquérir l’admiration de la bourgeoisie. […] Les journaux, les pamphlets, les discours étaient la littérature de l’époque, tout le monde parlait et écrivait et sans nulle gêne piétinait sur les règles du goût et de la grammaire.
Niel n’a pas voulu traiter encore les questions délicates d’art et d’école que cet ordre de dessins soulève : il n’a fait que les indiquer dans son avant-propos, réservant ce sujet pour une époque plus avancée de sa publication, lorsque les pièces seront rassemblées en grand nombre et qu’il en ressortira plus de lumière. […] Niel la suppose née vers 1571 ou 1572, ce qui lui donnerait vingt-huit ans à l’époque de sa mort.
À toutes les époques cependant et dès avant la mort de Monsieur, elle sut s’y faire une retraite et une sorte de solitude. […] Sans sortir des observations générales, quoi de plus juste et de plus sensé que cette réflexion de Madame, écrite peu de mois avant sa mort (16 avril 1722) : Les jeunes gens, à l’époque où nous sommes, n’ont que deux objets en vue, la débauche et l’intérêt ; la préoccupation qu’ils ont toujours de se procurer de l’argent, n’importe par quel moyen, les rend pensifs et désagréables : pour être aimable, il faut avoir l’esprit débarrassé de soucis, et il faut avoir la volonté de se livrer à l’amusement dans d’honnêtes compagnies ; mais ce sont des choses dont on est bien éloigné aujourd’hui.