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539. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Peut-être Ernest Hello l’avait-il d’abord simplement écrit ? […] il écrit Ève et Marie, le Gâteau des Rois, la Recherche, etc… Je parlais plus haut d’arabesques ; mais Ernest Hello est lui-même une arabesque ! […] Et ce n’est pas pour nous que nous écrivons cela ! […] Il escorte, il accompagne, il commente, il résume mes pensées et mes écrits… » Ernest Hello reste donc dans la stricte unité de sa pensée et de sa vie. […] Jamais, avant le Séraphitus de Balzac, on n’avait écrit de ces pages entraînantes dans l’enthousiasme sacré, et depuis, on n’en avait pas écrit non plus… C’est bien ici (disons le mot) que le génie de Hello ne procède plus par pointes, mais par épanouissement… Cet épanouissement, du reste, on le trouve encore ailleurs.

540. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Pour lui, pour Maurice de Guérin, — et celui qui écrit ces lignes a été profondément mêlé à sa vie, — l’émotion désintéressée que donne le génie et la perfection de son langage étaient bien au-dessus de tous les profits, toujours grossiers et vains, de la renommée ! […] Déjà une fois on a tenté une exhumation de sa personne et de quelques-uns de ses écrits. […] Au lieu d’écrire, eux qui l’avaient connu, sous l’empire des souvenirs personnels et émus qu’il leur avait laissés, ils ont mieux aimé s’adresser à un écrivain qui ne l’avait jamais vu, pour dire au monde ce qu’il était et lui attacher le second grelot de sa gloire, puisque le premier n’avait pas assez retenti ! […] Tous les deux écrivirent également en prose et en vers ; mais l’un (André Chénier), le poète du fini, parla mieux la langue des vers, qui est le langage du fini, et l’autre (Maurice de Guérin), le poète de l’infini, parla mieux la langue de la prose, dans laquelle la nature et la pensée semblent avoir plus d’espace pour s’étendre et tenir tout entières. […] Dans les derniers jours de sa vie, Barbey d’Aurevilly se promettait encore de l’écrire.

541. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

. — Ses écrits sur Louis XII et François Ier. — L’hôtel Rambouillet et Mme de Maintenon, etc. […] À la prochaine séance du Conseil privé, au lieu de lui dire selon son usage : « Citoyen Roederer, écrivez », le premier consul s’adressa à Regnault de Saint-Jean-d’Angély, et lui dit : « Écrivez ». […] Ces gens-là veulent écrire et n’ont pas fait les premières études de littérature. […] Roederer a portées dans ses derniers écrits, ce qui en fait l’intérêt et le lien. […] Quand on relit aujourd’hui ce petit écrit, on y trouve des idées justes, des vérités et des prévisions en partie justifiées.

542. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

J’ai retrouvé dans une boîte un morceau de papier resté là depuis bien des années et sur lequel ma mère avait écrit : These pins for my lambs and for tkeir mamma (Épingles pour mes chères petites et pour leur maman). […] Je n’ai donc personne qui puisse me seconder dans mon travail ; il me faut tout lire, tout chercher, tout écrire et tout recopier. […] Victor écrit d’excellentes choses sur l’agriculture. […] Mme de Tracy a écrit une notice pleine d’intérêt sur son illustre beau-père, le rigoureux idéologue. […] On aura pourtant deviné les mérites et le caractère de celle qui les a écrites.

543. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Mais il fallait encore un prétexte pour une telle lettre, et il n’eut pas été prudent au signataire de l’écrire et de l’envoyer de Marseille, où la Révolution avait un ardent foyer. […] Dans un écrit, — malheureusement inachevé, — intitulé : Détails sur mon dernier exil ; causes probables, Malouet nous met dans le secret de ses relations avec M.  […] Quand il en fut à l’atelier de la mâture, construit malgré ses ordres : — « Vous avez bien fait, me dit-il, cela était indispensable. » — « Pourquoi donc, lui répondis-je, m’avez-vous écrit si rudement ? Sa réplique fut : — « Quand je vous écris des lettres de ce ton-là, f ….. […] Il est inutile qu’il m’écrive, mais il est indispensable qu’il s’éloigne de Paris.

544. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Combien de fois Taine n’a-t-il pas écrit que la forme sociale dans laquelle un peuple peut entrer et durer ne dépend pas de sa volonté, mais lui est imposée par son caractère et son passé. […] Rien de plus visible que ce va-et-vient dans ce qui s’est écrit en notre siècle à propos de la peine de mort. […] Bref, la plupart des écrits suscités par les crises du mariage sont alors des plaidoyers directs ou indirects en faveur du divorce. […] Plus que le livre, la feuille périodique (journal, revue) ou encore l’écrit de peu de pages (brochure, pamphlet) a subi des restrictions sévères et durables. […] Il y a de tout cela une ample moisson de renseignements à recueillir pour qui voudra écrire le chapitre de sociologie dont nous avons tracé les linéaments.

545. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

— Je pense qu’il ne faut pas écrire, là ! […] Ils ont dû à cette contrainte d’écrire leurs pages les plus sobres et les plus « classiques ». […] MM. de Goncourt, au moins dans leurs peintures, écrivent uniquement pour les yeux. […] Sœur Philomène, Renée Mauperin, Germinie Lacerteux sont écrits purement. […] Edmond de Goncourt a écrits tout seul.

546. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Quelques journaux annoncèrent cette lecture, et, quelques jours après, nous écrivions à M.  […] Harmand, nous écrivions à M.  […] Nous, auxquels le ministère de la police d’alors donnait l’avertissement de ne plus écrire dans les journaux ! […] Nous ne sommes pas de ceux qui écrivent pour tel ou tel théâtre ; nous écrivons pour le public que peut intéresser, sur n’importe quelle scène, une pièce qui a au moins la conscience d’être une œuvre d’art. […] Nous allions chercher, au Palais-Royal, l’adresse de Sainville, nous lui écrivions ; il nous accordait un rendez-vous.

547. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Parmi les écrits modernes qui m’ont aidé dans ce travail, je dois citer l’Histoire de la société française pendant la Révolution et le Directoire, de Ed. et J.  […] « Il faut se ressouvenir, écrit-il, que partout on honore l’habit et non l’homme. […] « L’esprit qui se fait en France, écrivait un anonyme, ne pouvant suppléer à la consommation du pays, j’ai fondé un assez joli commerce sur l’importation de l’esprit du Nord. […] Sainte-Beuve remarque que René est un des prénoms de Chateaubriand : afin d’achever le portrait de René Chateaubriand, j’ai puisé dans ses autres écrits. […] Chateaubriand, dans ce premier ouvrage, se révèle plus naïvement que dans aucun autre de ses écrits.

548. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Mais, comme perfection d’éloquence écrite, rien n’est égal dans aucune langue. […] C’est un cours complet de littérature parlée ou écrite. […] Ces écrits sur l’art de penser et d’écrire sont les commentaires du parfait orateur et du parfait écrivain. […] Pourquoi, vous qui écrivez sur tant de sujets, ne traitez-vous pas celui-là, puisque vous y excellez ?  […] Il écrit le code de la raison humaine ; Platon n’en écrit que le poème.

549. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Que ce Lamartine, en prose surtout, écrivait bien, et écrivait mal ! […] Quand Balzac écrit mieux qu’à son ordinaire, il écrit quelques lignes que Flaubert biffe comme étant de mauvais goût. […] Il n’écrivait que pour les peindre. […] Il écrivit trop tôt. […] France l’écrit très naturellement.

550. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Je vous demande en grâce, mon cher et grand philosophe, écrivait Voltaire à d’Alembert (13 février 1758), de me dire pourquoi Duclos en a mal usé avec vous. […] Voltaire avait beau lui écrire, toujours en cette même année 1760 : « Vous êtes ferme et actif, vous aimez le bien public ; vous êtes mon homme, et je vous aime de tout mon cœur. L’Académie n’a jamais eu un secrétaire tel que vous » ; il avait beau ajouter : « Parlez, agissez, écrivez hardiment ; le temps est venu… » Duclos ne répondit à ces exhortations qu’à demi et ne marcha que son pas. […] Duclos en avait écrit pour lui une relation, qui n’a paru qu’en 1791. […] En revenant en France, la douleur dans l’âme, il écrivait à l’un de ses amis : « Croiriez-vous, ce qui est fort en pensant à une personne centenaire, que l’espoir de la revoir, après l’erreur où j’ai été, ne s’efface que successivement de mon esprit ? 

551. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon écrit : « Le roi (de Saxe), dont la loyauté devait être un jour si cruellement punie, avait résisté à toutes les insinuations de nos adversaires ; on n’avait séduit que son ministre. […] L’Empereur estima « qu’une Adresse faite à Posen par un vieux Polonais, écrite en mauvais style, mais en style évidemment polonais, aurait été meilleure. » M. de Bassano le manda en propres termes, et sous sa dictée, à l’abbé de Pradt. […] Mais il n’est pas moins vrai que l’abbé prit au rebours toute sa mission, tant qu’elle fut possible et réalisable ; l’écrit apologétique et agressif qu’il publia, en 1815, sous le titre d’Histoire de l’Ambassade dans le Grand-Duché de Varsovie, prouve et dépose contre son auteur même. Cet écrit, d’ailleurs très piquant, un vrai pamphlet des plus spirituels, où la satire est allée chercher tant de fois ses armes, réunit et cumule toutes les inconvenances. […] Il trouve moyen de médire, dans cet écrit publié en pleine réaction et dicté par un ardent dépit, de tous ceux avec qui il était précédemment en rapports officiels et en relations déférentes, mais qui sont tous les vaincus, les déchus du jour, et quelques-uns même proscrits.

552. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Mardi 12 janvier 1869 Écrire la vie de M. de Talleyrand n’est guère chose possible, et je ne crois pas que la publication de ses Mémoires tant désirés et tant ajournés, si elle se fait jamais, y aide beaucoup. Acteur consommé, M. de Talleyrand, plus encore qu’aucun autre auteur de Mémoires, aura écrit pour colorer sa vie, non pour la révéler ; s’il avait l’à-propos en tout et savait ce qu’il faut dire, il savait encore mieux ce qu’il faut taire. […] Ce maître accompli en l’art de séduire et de plaire aura certes bien su ce qu’il faisait en triomphant de sa paresse pour écrire. […] Il écrivit à cette date à lord Grenville une lettre justificative, où il protestait de l’innocence de ses intentions et de ses démarches : « Je suis venu en Angleterre, disait-il, jouir de la paix et de la sûreté personnelle à l’abri d’une Constitution protectrice de la liberté et de la propriété. […] — Comment M. de Talleyrand avait-il pu écrire des mémoires à Danton et cependant être venu en Angleterre, simplement dans le dessein d’y chercher le repos ?

553. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

« Mais ce n’est pas, écrivais-je dernièrement (en mai 1810) à M. […] Si jadis j’avais pu croire ne faire guère que ce que j’ai fait (comme cela devient à craindre), je n’aurais jamais écrit. […] « Je sens que mes écrits auraient pu être utiles, si je les avais fait connaître davantage ; mais faire beaucoup de pas pour le succès me paraît peu digne des arts mêmes, à plus forte raison de l’art par excellence, celui d’écrire pour le bonheur des hommes. […] « Je pense que ce reproche tombera et que c’est précisément par cette sorte de tendance que peut-être mes écrits devancent les temps. […] « Mes écrits paraîtront sombres, et l’on ne manquera pas d’y voir un effet du malheur qui m’a poursuivi.

554. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Mais de quelque utilité que cette personne d’esprit ait pu être dans un autre temps à l’abbé de Chaulieu plus que septuagénaire, ce n’est pas sur ce genre d’aveu que je fais porter le plus ou moins de sincérité d’un auteur femme dans les Mémoires qu’elle, écrit. […] Elle poussa même l’amitié, dans une violente crise de passion qui le bouleversa, jusqu’à l’assister à titre de médecin-moraliste , je ne trouve pas de terme plus approprié : les lettres qu’elle lui écrit tiennent à la fois du directeur et du médecin. […] que cela lui donnait bien le droit de dire, comme plus tard, et revenue des orages, elle l’écrivait dans une lettre à M. de Silly : « N’en déplaise à Mme de…, qui traite l’amour si méthodiquement, chacun y est pour soi, et le fait à sa guise. […] Cela est écrit avec une élégance agréable, mais cela ne valoit guère la peine d’être écrit. » Trublet lui répondait que toutes les femmes étaient de cet avis, mais que tous les hommes n’en étaient pas. […] Des lecteurs du Journal des Débats dans lequel écrit M. 

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