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455. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Les chrétiens, à peine échappés au péril, ayant témérairement publié que l’épée de saint Paul avait mis en fuite le roi des Huns dont la colère les épargna, Genséric ne garda pas la même modération, et sa vengeance brûla les murs de Rome peu de temps après. […] Son imagination assiste à l’origine des dieux et des âges ; elle plane sur la liquide étendue d’où s’échappèrent Deucalion et Pyrrha ; elle vous transporte au radieux palais du soleil, et redescend se jouer parmi les nymphes des bocages et des fontaines. […] « Et de quel feu divin cette prose animée « S’échappe en vers nombreux tout à coup transformée ? […] Bientôt l’harmonie des consonances leur échappera, cessera d’être accentuée avec justesse ; et, dans les deux cas, fléchira sous les impressions d’un goût arbitraire. […] « Nisus vole et s’échappe enfin sur la colline, « Qui de Rome au berceau vit la noble origine, « Riche domaine alors du monarque ennemi.

456. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le curé ne se bornait pas aux impressions morales, il y ajoutait souvent les duretés physiques ; et le pauvre enfant, poussé à bout, s’échappait, un jour, pour s’aller faire mousse à La Rochelle : on le rattrapa. […] J’ai trop vu disparaître Dans quelques vains plaisirs aussitôt échappés Des jours que le travail aurait mieux occupés. […] Je promets d’être constant, Et du nœud qui me rengage Je m’échappe au même instant ! […] » — Et, dès qu’il le put, il partit en poste pour échapper plus sûrement au danger du voisinage. […] Il faut que la faiblesse qui a précipité les Valois du trône, et celle des Bourbons qui ont laissé échapper de leurs mains les rênes du gouvernement, excitent les mêmes sentiments.

457. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Pour ce qui est d’Hannon (le lait de chienne, soit dit en passant, n’est point une plaisanterie, mais il était et est encore un remède contre la lèpre : voyez le Dictionnaire des sciences médicales, article Lèpre ; mauvais article d’ailleurs et dont j’ai rectifié les données d’après mes propres observations faites à Damas et en Nubie), — Hannon, dis-je, s’échappe, parce que les Mercenaires le laissent volontairement s’échapper. […] Mal informé, j’ai laissé échapper une note sur son compte (au tome V d’une réimpression des Causeries du Lundi) ; mieux instruit, je retire aujourd’hui et j’efface entièrement cette note, dont j’ai reconnu la sévérité injuste.

458. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Desportes et Bertaut ont eu peur du vol de leur maître ; ils ne l’ont pas suivi dans l’ode, n’étant pas aussi assurés que lui d’échapper au sort dont Horace a menacé les émules du Pindare thébain. […] Par vices, je n’entends pas ces violents excès, ces fautes grossières qui sautent aux yeux de tous, comme il en échappe tant à Ronsard parmi beaucoup de choses d’une franche verve et de bon aloi. […] Il n’en laissa rien échapper.

459. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

La fable, du moins, aurait dû échapper aux théories. […] Il est vrai qu’il ne loue nulle part la fidélité, et que plus d’un trait lui est échappé contre les enfants : Mais un fripon d’enfant (cet âge est sans pitié)…71 Tout ce qui d’ailleurs est bon à savoir et à pratiquer en morale domestique, l’indifférence pour les faux biens, l’attachement modéré aux vrais, rien de trop72, la discrétion, l’indulgence, le prix des vrais amis, la bienfaisance, toutes ces choses sont rendues aimables dans ses fables. […] Son admiration pour les anciens lui échappe d’une façon piquante dans une de ces petites traductions.

460. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Quoique philosophiquement elle ne fasse encore là que se juxtaposer, la Musique (je somme qu’on insinue d’où elle poind, son sens premier et sa fatalité,) pénètre et enveloppe le Drame de par l’éblouissante volonté du jongleur inclus dans le mage ; de fait, on peut dire qu’elle s’y allie : pas d’ingénuité ou de profondeur qu’avec un éveil enthousiaste il ne prodigue dans ce dessein, sauf que le principe même de la présence de la Musique échappe. […] Ce fut déjà une impression nouvelle et délicieuse, une première morsure au fruit défendu, une vraie échappée hors des mœurs philistines dont on a toujours quelque peine à se délivrer lorsqu’on échappe à peine aux régularités de l’existence familiale. […] Or, le but avoué de Wagner a été de donner à son pays un art national, qui soit pour l’Allemagne ce que la tragédie a été pour la Grèce ; jugeant qu’un tel but ne pouvait être atteint avec les médiocres ressources que les théâtres existants lui offraient, il a construit le théâtre-modèle de Bayreuth, et toute la hauteur et la vraie nature de son ambition se révèle dans les paroles qui lui échappèrent dans l’ivresse du triomphe qui suivit à la fin de la première représentation de la tétralogie : jetzt, meine Herren, haet Ihr eine Kunst : — À présent, messieurs, vous avez un art ! 

461. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Il y a un imbécile qui est perché sur un arbre, ayant un fromage en sa possession, et il y a un être quelconque qui ne peut pas monter sur cet arbre et arracher la proie à celui qui la détient, et qui le flatte pour l’avoir, et qui le fait chanter pour que le fromage lui échappe. […] Mais vous allez voir qu’il laisse échapper ce que je crois être la vérité sur ce point. Il laisse échapper l’aveu que précisément les animaux sont capables de progrès.

462. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

S’il y a çà et là, ici, quelques idées qui échappent à la fausseté de l’ensemble, quelques clartés qui n’ont pas péri sous la préoccupation inouïe de l’auteur, c’est un fait de hasard ou d’inconséquence qui ne prouve rien en faveur de ses facultés et de leur retour à l’ordre et au vrai. […] Il s’échappe et ne se change pas. […] Il est, pour la pensée, la fatalité providentielle à laquelle il est impossible d’échapper.

463. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Comment auroit-il été un vrai connoisseur dans la partie du pathétique, lui à qui il n’est jamais échappé un trait de sentiment dans tout ce qu’il a pû produire ? […] Si le fil qui conduit au denouement échappe à la vûe, on se plaint qu’il est trop foible ; s’il se laisse appercevoir, on se plaint qu’il est trop grossier. […] Celui-ci demande : Quel est ce malheureux échappé du naufrage ? […] Le coeur plein de son amour, elle en laisse échapper quelques marques. […] La finesse ne peut suivre la pénétration, mais quelquefois aussi elle lui échappe.

464. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Ce vague, d’ailleurs, cette impersonnalité des lieux, si je puis ainsi parler, est une fatalité à laquelle n’échappe aucune tragédie. […] Et tous les trois, Lyse, Isabelle et Clindor, s’échappent, à la faveur d’une nuit épaisse, de cette ville trop dangereuse désormais. […] Un touriste voit, mais ne sent pas profondément, ne pénètre pas, l’âme du paysage lui échappe ; et il reste par conséquent un descriptif très incomplet. […] Il nous fuit et nous échappe sans cesse. […] La « Grande Lyre » a pour cordes des ficelles qui n’échappent à personne.

465. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Oui, tout ce qui échappe au vulgaire niveau, tout ce qui ne reste point asservi à la coutume banale est ici sévèrement jugé. […] L’inclination de Boris n’échappe pas à Pierre. […] Les secrètes souffrances de Viéra ne pouvaient non plus échapper au regard de Pierre. […] Il voulait lui donner un nom, et il savait comme tous les muets qu’il attirait l’attention par les sons inarticulés qui s’échappaient de ses lèvres. […] Un long cri de joie s’échappe des lèvres de Guérassime.

466. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il avait échappé ainsi à mille critiques. […] C’est le secret du poète, et qui m’échappe. […] Ils se plaignaient qu’on ne pût le saisir et qu’il échappât toujours comme Protée. […] Il faut reconnaître d’ailleurs que certains mots qui échappent çà et là à M.  […] Un instant les deux victimes songent à échapper à tant de douleurs par le suicide : c’est encore M. 

467. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

Les bizarreries qui nous déconcertent leur échappent.

468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

Karr n’échappent pas à l’épigraphe de

469. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Émile Zola Laforgue, mort jeune, si inconnu, si peu formulé, n’ayant laissé que des indications si peu précises, qu’il échappe lui à tout classement, une ombre de maître, l’ombre qui s’efface, qui ne fait que passer en laissant la place aux autres.

470. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Nous ajouterons seulement quelques réflexions qui ont paru leur échapper.

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