Cet homme s’élève, avec chaleur, contre l’histoire imaginaire des amours d’une femme très-aimable avec celui qu’il appelle un sçavant, dans toute l’étendue du mot, un sçavant triste, pesant, sans graces & sans usage du monde. […] Jurieu avoit réfuté l’Histoire du calvinisme par Maimbourg. […] Le malheureux Bayle perdit sa place de professeur de philosophie & d’histoire à Rotterdam, seule ressource qu’il eût pour vivre.
Cette histoire de la Grèce contemporaine ne modifiera l’opinion de personne sur la Grèce, par la très bonne raison qu’elle est l’opinion de tout le monde sur ce pays. […] Edmond About n’a donc point le mérite d’avoir dissipé un mirage d’histoire, d’avoir mis le premier la goutte de glace d’un mot vrai sur le front fiévreux des enthousiastes abusés. […] Pour donner une idée de cette indifférence à conclure, il raconte quelque part, avec une lestesse de plume et un faire de romancier moderne, l’histoire de cette femme à trois maris vivants qu’il appelle Jante, qui voyait la meilleure compagnie d’Athènes, et il ne tire pas une seule conclusion — une conclusion quelconque !
Souviens-toi, disait un philosophe à un prince, que chaque jour de ta vie est un feuillet de ton histoire. […] En parcourant l’histoire des empires et des arts, je vois partout quelques hommes sur des hauteurs, et en bas, le troupeau du genre humain qui suit de loin et à pas lents. […] Souvent nous jugerons, d’après l’histoire, les hommes qui ont été loués, afin de mieux connaître l’esprit des panégyristes et l’esprit du temps.
Il aima passionnément les lettres, écrivit l’histoire de son siècle en latin, fut admiré pour le style, peu renommé pour la vérité, plut aux uns, déplut aux autres, et fut accusé tour à tour de flatterie et de satire ; sort presque inévitable de tous ceux qui ont l’ambition et le courage d’écrire de leur vivant ce qui ne peut être écrit avec sûreté que cent ans après. Nous avons de lui, outre son histoire, sept livres d’éloges, consacrés aux hommes les plus célèbres dans le gouvernement ou dans la guerre, et un autre livre très considérable sur les gens de lettres et les savants du quatorzième, quinzième et seizième siècles. […] On peut dire qu’il avait une collection de grands hommes, comme dans d’autres temps on a fait des collections d’histoire naturelle ; il fut aidé dans cette recherche par des particuliers et des souverains.
La troisième classe fut celle d’Histoire et de Littérature anciennes. […] Depuis 1803, d’où date la création des secrétaires perpétuels, on pourrait écrire une histoire de l’Académie par chapitres inscrits à leur nom. […] Je ne fais ni la satire ni l’histoire de l’Académie, m’efforçant simplement de résumer quelques réflexions qu’elle suggère. […] Revenant tout à fait à l’esprit de son institution, elle a pu, à l’aide de ces reliquats Montyon, décerner en 1846 un prix assez considérable pour un Lexique de Molière ; en 1859, pour un Lexique de Corneille ; en 1866, pour un Lexique de madame de Sévigné : travaux tout spéciaux qui ne se seraient pas faits sans elle, autant de mémoires précis pour l’histoire de la langue. Le prix fondé par le baron Gobert, en 1833, s’élève à plus de 10,000 francs par an et doit s’appliquer, d’après les termes du testament, au morceau le plus éloquent d’Histoire de France.
Influence de Chateaubriand : le romantisme ; la poésie lyrique ; l’histoire. […] Mais, la part faite aux erreurs de goût et de logique, il reste assez de vues originales et fécondes dans ces deux parties du Génie du Christianisme, pour faire du livre une date dans l’histoire de la critique et des doctrines esthétiques. […] De celles-ci coulera tout le romantisme, histoire et poésie. […] D’une façon générale, la place que dans le roman, dans la pensée, dans l’histoire même et les ouvrages de philosophie ou d’érudition tient aujourd’hui la peinture de la nature, de Sand à Loti et de Michelet à Renan, cette place a été marquée par Chateaubriand669. […] Enfin, l’histoire, l’histoire qui est évocation et résurrection, est sortie de lui.
Il est dans l’histoire intellectuelle de notre pays certains épisodes auxquels on ne peut penser sans une impression de surprise et de tristesse. […] Dans l’épisode de Mme de La Pommeraie, quand le héros se domine assez lui-même pour pardonner le plus odieux des outrages, on oublie les souillures du livre où se rencontre une telle histoire, et un excellent critique, M. […] Restituer tout entière la société carthaginoise, quand des hommes tels que Movers et Gesenius ont confessé leur impuissance, faire revivre la grande aristocratie phénicienne, comme si l’histoire pouvait être ici le guide du romancier, voilà ce qu’a tenté M. […] Polybe, dans son Histoire générale de la république romaine, aux quatre derniers chapitres du premier livre, raconte avec sa précision accoutumée la guerre des mercenaires contre les Carthaginois. […] Flaubert a-t-il tirées de cette horrible histoire ?
Hippolyte Fortoul (aujourd’hui ministre de l’Instruction publique et l’un de nos anciens amis), et qu’il préparait, avec ces matériaux de première main, une histoire complète de Sieyès, nous lui avons demandé de nous initier à l’avance à quelque portion de ce travail. […] Mais je remarque d’abord que, dans cette masse d’études de Sieyès, il est question de tout : de métaphysique, d’économie politique, de langues, de mathématiques, de musique, — oui, de tout, hormis de l’histoire. […] Peut-être un jour se confondront-elles, et l’on saura bien alors distinguer l’histoire des sottises humaines de la science politique. […] Il y faisait une sorte de réserve pour l’histoire étudiée sans superstition. […] Sieyès ne croyait guère plus à l’histoire qu’à la théologie ou à la mythologie : Il me semble, disait-il nettement, que juger de ce qui se passe par ce qui s’est passé, c’est juger du connu par l’inconnu.
Voilà comment il se fait que, en sociologie comme en histoire, les mêmes événements sont qualifiés, suivant les sentiments personnels du savant, de salutaires ou de désastreux. […] Mais quand il s’agit des sociétés les plus élevées et les plus récentes, cette loi est inconnue par définition, puisqu’elles n’ont pas encore parcouru toute leur histoire. […] Or, s’il n’y avait pas de crimes, cette condition ne serait pas remplie ; car une telle hypothèse suppose que les sentiments collectifs seraient parvenus à un degré d’intensité sans exemple dans l’histoire. […] Or le cas de Socrate n’est pas isolé ; il se reproduit périodiquement dans l’histoire. […] Si la peine, si la responsabilité, telles qu’elles existent dans l’histoire, ne sont qu’un produit de l’ignorance et de la barbarie, à quoi bon s’attacher à les connaître pour en déterminer les formes normales ?
Edmond et Jules de Goncourt, faire une place dans l’histoire littéraire de ce siècle à ces railleurs impitoyables qui ont écrit Orphée aux enfers, La Belle Hélène et Les Brigands. […] C’est tout justement à cause de cela que l’art et la littérature sont les plus précieux entre les documents de l’histoire. […] Voici une autre histoire. […] L’autre roman est l’histoire de deux sœurs, toutes deux employées dans un atelier de brocheuses, et dont la famille demeure quelque part vers le prolongement de la rue de Sèvres. […] Quand il aura péri sous ses propres excès et n’appartiendra plus qu’à l’histoire, les critiques feront alors du récit de sa grandeur et de sa décadence un curieux chapitre des livres que lira le xxe siècle.
… et moi je ne vis que l’âme… » Je n’eus jamais un sentiment plus religieux de ma mission que dans ce cours de deux années ; jamais je ne compris mieux le sacerdoce, le pontificat de l’histoire ; je portais tout ce passé, comme j’aurais porté les cendres de mon père ou de mon fils… » Et tout cela pour dire qu’il ne méritait pas l’outrage ; non, mais il méritait le sourire. On voit que si Barante est le père de l’école descriptive en histoire, Michelet y est le fondateur de l’école illuminée.
Il avait dès lors la pensée de mettre à profit cette observation de chaque jour et de chaque heure, pour écrire une histoire complète de cette grande entreprise, dont les résultats, tout négligés qu’ils sont, ne doivent pas périr. […] Nous eussions désiré peut-être que l’auteur s’y montrât parfois moins sobre de détails personnels et des particularités épisodiques dont sa mémoire abonde, et que ceux qui l’ont entendu trouvent avec un charme infini dans sa conversation ; mais son but dans ce récit a été plus grave, plus circonscrit aux points essentiels et aux questions qui peuvent concerner l’histoire.
La Morale, la Méthaphysique, l'Histoire, la Tragédie, n'ont point effrayé sa plume, ou, pour mieux dire, il a traité tous ces genres avec les derniers excès du mauvais goût. […] Il est vrai qu'une Histoire dans le goût des nouvelles Annales de Toulouse n'eût certainement pas obtenu à son Auteur, de la part des Archontes, des Lettres de Citoyen, & le titre d'Homme de génie.
dit-il notre pari ne nous interdit pas de nous raconter quelque histoire pour rendre le temps moins long, n’est-il pas vrai, frère singe ? […] Le singe, de son côté, racontait son histoire, sans écouter le moindrement ce que disait son interlocuteur.
Il est intéressé par une histoire qu’il invente ou qu’il remanie, exactement comme un enfant par une histoire qu’il entend raconter. […] Ceux qui sont tirés de la répugnance qu’aurait eue Henriette à proposer un sujet qui était un peu son histoire, ils ne me touchent pas du tout ; parce que Bérénice n’est pas du tout son histoire et qu’elle n’a pas pu songer un instant que ce fût son histoire. […] Mais s’il n’est pas l’histoire d’Henriette, Henriette a pu le proposer, n’est-ce pas ? […] Qu’est-ce qu’il y a dans l’histoire de Bérénice ? […] Son père le destinait à « Centrale » ou à « Forestière » ; mais il a mieux aimé écrire l’histoire du Directoire, par goût pour l’histoire contemporaine.
Il y a dans Plutarque cette autre histoire. […] Cette sorte d’histoire était toute locale. […] Chaque cité avait son histoire spéciale, comme elle avait sa religion et son calendrier. […] L’histoire est sortie alors des mains des prêtres et s’est transformée. […] La lumière se fit sur toute l’ancienne histoire.
», Non, très illustre micrographe, un chant de l’Iliade ne parlera pas à l’intelligence de l’enfant, comme lui parle une histoire bêtement merveilleuse de vieille femme, de nourrice. […] ” » Lundi 18 février L’histoire est le plus grand bréviaire de découragement : on n’y rencontre que des coquins ou d’honnêtes imbéciles. […] Lundi 22 juillet Me voilà aujourd’hui libéré du travail de l’histoire, de ce travail qui prend tout votre temps, et qui au fond ne vous absorbe pas, ne vous enlève pas à vous-même. […] Et comme bouquet de la fin, il narre l’histoire d’un pessaire retiré, au bout de dix-sept ans, par son père, du ventre d’une marchande de poissons, et dont l’infection était telle, que trois internes de l’hôpital de Rouen tombaient évanouis sur le cul. […] N’est-ce pas là une histoire montrant le gamin qu’il y eut toujours chez l’homme ?
Le médiocre jeune homme dont ce livre est l’histoire est vulgaire, et tout autour de lui l’est comme lui, amis, maîtresses, société, sentiment, passion, — et de la plus navrante vulgarité. […] Le Frédéric Moreau sur qui Flaubert a eu la bonté d’écrire un roman, et un roman de deux volumes, n’a pas même d’histoire. Réellement, ce n’est pas une histoire que les misérables faits de la vie de ce galopin sans esprit et sans caractère, de cette marionnette de l’événement qui le bouscule, et qui vit, ou plutôt végète comme un chou, sous la grêle des faits de chaque jour. […] … Je me demandais ce qu’un livre intitulé, sournoisement ou hardiment, La Tentation de saint Antoine, par Gustave Flaubert, pourrait bien être, et je me disais qu’avec la volonté acharnée de l’homme qui y travaillait, depuis si longtemps il serait au moins quelque chose, quoi que ce fût : histoire ou invention, poème ou roman, étude d’analyse ou de synthèse. […] Seulement, il y a des folies qui donnent au talent d’un homme une outrance d’intensité qui peut monter jusqu’au génie, mais ce ne fut point l’histoire de la sienne.
Si quelques faits de l’histoire ancienne ou de l’histoire des autres peuples, communément défigurés par des récits fabuleux, venaient se placer à côté de ces histoires nationales, ni les auteurs ni le public ne s’inquiétaient de leur origine et de leur nature. […] Par des causes qui se lient à toute l’histoire de notre civilisation, le peuple français a toujours pris à la moquerie un extrême plaisir. […] De même l’histoire de Richard III est en entier sa propre histoire, l’œuvre de son dessein et de sa volonté, tandis que celle des autres rois dont Shakespeare a peuplé son théâtre n’est qu’une partie, et souvent la moindre partie du tableau des événements de leur temps. […] L’intervention du peuple, qui porte une si lourde part du poids de l’histoire, est assurément légitime, au moins dans les représentations historiques. […] Histoire de la poésie anglaise, par Wharton, t.
Ferrari, le subtil et savant auteur de l’Histoire de la raison d’État. […] Bien que le Vrai soit le but de l’histoire, il y a une Muse de l’histoire, pour exprimer que quelques-unes des qualités nécessaires à l’historien relèvent de la Muse. […] L’histoire de la jeunesse, sous le règne de Louis-Philippe, est une histoire de lieux de débauche et de restaurants. […] Telle est l’histoire incontestée du travail humain. […] Tout le reste pivotait autour de lui ; il avait l’air de la Vengeance expliquant l’Histoire.
Mais l’histoire, mais les Vies de Plutarque, que Shakespeare paraît avoir lues avec le plus grand soin, ne sont point une étude purement littéraire ; on peut y observer l’homme presque comme vivant. […] Les anciens habitaient un monde trop nouveau, possédaient encore trop peu d’histoires, étaient trop avides d’avenir, pour que le malheur qu’ils peignaient fût jamais aussi déchirant que dans les pièces anglaises. […] Les Anglais ont, dans leur histoire, beaucoup plus de situations tragiques que les Français ; et rien ne s’oppose à ce qu’ils exercent leur talent sur ces sujets, dont l’intérêt est national. […] Ses pièces tirées de l’histoire anglaise, telles que les deux sur Henri IV, celle sur Henri V, les trois sur Henri VI, ont beaucoup de succès en Angleterre ; mais je les crois cependant très inférieures, en général, à ses tragédies d’invention, Le Roi Lear, Macbeth, Hamlet, Roméo et Juliette.
Laissez-nous prendre comme lui le chemin des écoliers et des philosophes, raisonner à son endroit comme il faisait à l’endroit de ses bêtes, alléguer l’histoire et le reste. […] Il est grivois et malin, se plaît aux bons tours et aux histoires lestes. […] Un mot glissé montre seul le sourire imperceptible ; c’est l’âne, par exemple, qu’on appelle l’archiprêtre, à cause de son air grave et de sa soutane feutrée, et qui, gravement, se met à « orguenner. » Au bout de l’histoire, le fin sentiment du comique vous a pénétré sans que vous sachiez par où il est entré en vous. […] l’Histoire de la Bretagne au moyen âge.)
C’est bien de romans qu’il s’agit, et il est admirable qu’on attribue à Maurice Barrès des erreurs d’histoire du socialisme qui, en équité, sont imputables à son personnage, André Maltère. […] La première page de ses livres me confond : la liste des ouvrages du même auteur, parus ou à paraître, toute une bibliothèque, avec les ouvrages de fond, les grands romans valeureux des pleines reliures, Être, l’Essence de soleil, Soi et les plus rapides histoires, que tous les trois mois édite Paul Adam, comme une terre bénie d’où, par an, quatre récoltes éclosent. Elles sont ingénues et audacieuses, ces histoires, dégingandées et précieuses, avec des récitatifs faciles, d’anecdote et de chronique, ascendant à des pages culminantes, à des morceaux d’un imprévu nécessaire. […] L’histoire est conclue : elle conclut bien, parce qu’elle finit mal, douloureusement, piteusement.
C’est ainsi que, prenant un à un les différents sentiments, les différentes passions qui peuvent servir de ressorts au drame, il nous en fait l’histoire chez les Grecs, chez les Latins, chez les modernes, avant et après le christianisme : « Chaque sentiment, dit-il, a son histoire, et cette histoire est curieuse, parce qu’elle est, pour ainsi dire, un abrégé de l’histoire de l’humanité. » M. de Chateaubriand avait, le premier chez nous, donné l’exemple de cette forme de critique ; dans son Génie du Christianisme, qui est si loin d’être un bon ouvrage, mais qui a ouvert tant de vues, il choisit les sentiments principaux du cœur humain, les caractères de père, de mère, d’époux et d’épouse, et il en suit l’expression chez les anciens et chez les modernes, en s’attachant à démontrer la qualité morale supérieure que le christianisme y a introduite, et qui doit profiter, selon lui, à la poésie.
« Voilà mon histoire de la Révolution qui passe », disait un historien, en voyant de sa fenêtre défiler une de ces parodies révolutionnaires. […] Ordinairement la littérature et le théâtre s’emparaient des grands événements historiques pour les célébrer, pour les exprimer : ici c’est l’histoire vivante qui s’est mise à imiter la littérature. En un mot, on sent que bien des choses ne se sont faites que parce que le peuple de Paris a vu le dimanche, au boulevard, tel drame, et a entendu lire à haute voix dans les ateliers telle histoire. […] Étienne, dans son Histoire du Théâtre-Français pendant la Révolution, a dit : « L’expérience a montré que les comédiens ne s’administrent bien que par eux-mêmes : c’est la seule république du monde où la puissance soit mal exercée par un chef. » Le mot est piquant.
Pour peu qu’il vive à l’une des époques décisives de la civilisation, l’âme de ce qu’on appelle le poëte est nécessairement mêlée à tout, au naturalisme, à l’histoire, à la philosophie, aux hommes et aux événements, et doit toujours être prête à aborder les questions pratiques comme les autres. […] Elles se classent, avec le moine de Saint-Gall, avec le bourgeois de Paris sous Philippe-Auguste, avec Jean de Troyes, parmi les matériaux utiles à consulter ; et, comme document honnête et sérieux, ont parfois plus tard l’honneur d’aider la philosophie et l’histoire à caractériser l’esprit d’une époque et d’une nation à un moment donné. […] Dans ces excursions silencieuses, il emporte deux vieux livres, ou, si on lui permet de citer sa propre expression, il emmène deux vieux amis, Virgile et Tacite ; Virgile, c’est-à-dire toute la poésie qui sort de la nature ; Tacite, c’est-à-dire toute la pensée qui sort de l’histoire. […] Il commence comme un ruisseau ; traverse un ravin près d’un groupe de chaumières, sous un petit pont d’une arche ; côtoie l’auberge dans le village, le troupeau dans le pré, la poule dans le buisson, le paysan dans le sentier ; puis il s’éloigne ; il touche un champ de bataille, une plaine illustre, une grande ville ; il se développe, il s’enfonce dans les brumes de l’horizon, reflète des cathédrales, visite des capitales, franchit des frontières, et, après avoir réfléchi les arbres, les champs, les étoiles, les églises, les ruines, les habitations, les barques et les voiles, les hommes et les idées, les ponts qui joignent deux villages et les ponts qui joignent deux nations, il rencontre enfin, comme le but de sa course et le terme de son élargissement, le double et profond océan du présent et du passé, la politique et l’histoire.
Un phénomène si nouveau dans l’histoire des langues sera expliqué plus tard. […] Ayez vécu au milieu de ces mœurs si différentes des nôtres, et assisté à ces festins de rois, d’écuyers et d’athlètes, soyez-vous enfin rendu familière l’histoire domestique de ces temps : alors toutes les allusions seront vivantes, et vous saurez que Pindare n’est pas seulement le chantre de la gloire, mais le chantre de l’ivresse même de la gloire. […] Nous n’arrêterons nos regards que sur les Oraisons funèbres et sur l’Histoire universelle. […] Mais je demande si le Discours sur l’Histoire universelle est maintenant autre chose, pour un grand nombre, qu’une magnifique conception littéraire, une sorte d’épopée qui embrasse tous les temps et tous les lieux, et dont la fable, prise dans de vastes croyances, est une des plus belles données de l’esprit humain.
Henri de Lacretelle a suspendu une histoire apologétique de la République de 1848 et de ceux-là, ses amis, morts ou vivants encore, — c’est comme s’ils étaient morts ! […] — non l’homme d’action, qui ne le serait pas pour l’Histoire, si on l’entendait quand il s’agit d’un si grand poète, et si sa voix pouvait rivaliser avec cette grande voix ! Les reproches que l’Histoire fera à Lamartine seront, pour la postérité, — oublieuse des fautes politiques parce que la politique est chose de passage, — noyés dans le sentiment de ses œuvres, qui donneront toujours à ceux qui les liront un bonheur qu’aucune forme de gouvernement ne peut donner, et elles ne feront pas plus de bruit, à quelques siècles de distance, que les gouttelettes d’eau des avirons soulevés quand la barque touche au rivage ! […] Mais les biographies, le Temps les entraîne, et en les entraînant les efface de la mémoire des hommes ; elles n’existent alors que pour les chiffonniers de l’histoire.
Tête que j’oserai appeler antihistorique, cervelle rechercheuse d’abstractions, M. l’abbé Mitraud n’a ni le sens de l’histoire, ni le sens de la nature humaine. […] Il a vu, à la vérité, passer à travers l’histoire des masses d’hommes, sous la lance de leurs conducteurs. […] Au lieu d’une théorie, n’aurait-il pas fait une histoire, l’histoire de la constitution catholique qui n’est au fond que le jeu harmonieux des constellations de la famille dans le zodiaque de l’ordre et qu’il aurait opposée, comme une suprême réponse, à tous ces essais de société mécanique, rêvés par les philosophes du dix-neuvième siècle, en dehors du sociisme humain ?
Il a parlé à Michelet avec autorité, en homme que la calomnie n’a pas épargné et qui ne s’en étonne plus ; il a parlé de Quinet convenablement, et le jugement qu’il a porté des jésuites est, je crois, celui que l’histoire enregistrera. […] Je ne sais si, en écrivant leur histoire, il y lira, pour moralité, le sort qui attend tout homme éloquent, généreux, naïf, qui se croit plus fin que les violents et qui s’expose à l’occasion à être croqué par eux.
Flourens vient de recueillir ses articles du Journal des savants sur Buffon : Histoire de ses travaux et de ses idées. […] — L'auteur du recueil des Chants populaires de la Grèce moderne et de l’histoire de la Gaule méridionale, Fauriel, vient de mourir.
. — Histoire du quarante et unième fauteuil de l’Académie française (1845). — Romans, contes et voyages (1846). — Les Trois Sœurs (1847). — La Pantoufle de Cendrillon ; le Voyage à ma fenêtre (1851). — La Comédie à la fenêtre, un acte (1852). — Sous la Régence et sous la Terreur (1852). — Le Repentir de Marion (1854). — Poèmes antiques (1855). — Le Violon de Franjolé (1856). — Le Duel à la Tour (1856). — Le Roi Voltaire (1856). — La Symphonie de vingt ans (1867). — Le Chien perdu et la Femme fusillée (1872). — Cent et un sonnets (1873). — Roméo et Juliette, comédie (1873). — Lucie, histoire d’une fille perdue (1873). — Tragique aventure de bal masqué (1873). — La Belle Rafaela (1875). — Les Mille et Une Nuits parisiennes (1876). — Les Confessions.
[Histoire de la poésie à l’époque impériale (1844).] […] Pour mesurer le vide de cette poésie officielle, le faux goût de ces oripeaux mythologiques du Style Empire, qu’on aille méditer cette chute d’une strophe du temps, en face du bas-relief de l’Arc-de-Triomphe où Napoléon est si lourdement couronné : Et qui pourra prêter, pour tracer ton histoire, Une plume à Clio ?
On a encore de cet Auteur plusieurs Ouvrages de Géométrie, de Philosophie, de Morale, de Politique, d’Histoire, de Critique, de Grammaire, de Poésie Grecque & Latine, dont la plupart sont estimés. Son Histoire du Commerce & de la Navigation des Anciens, est dans la maniere de l’Auteur, c’est-à-dire qu’on y trouve une érudition sage & éclairée par un jugement exquis.
Cet important ouvrage est précédé d’une histoire du droit canonique fort savante. […] On fera bien d’orner sa Bibliothèque de l’Histoire de la Jurisprudence Romaine, par Mr.
Un tableau d’histoire aussi bien peint qu’un corps de garde de Teniers nous attacheroit bien plus que ce corps de garde. […] Par exemple, on voit avec plus de plaisir une fête de village de Teniers qu’un de ses tableaux d’histoire, mais cela ne prouve rien.
George Sand, Histoire de ma vie, I, 78. […] — George Sand, Histoire de ma vie. […] Histoire de Troyes pendant la Révolution, par Albert Babeau, I, 46. […] Montgaillard (témoin oculaire), Histoire de France. […] Julien, Histoire du théâtre de Mme de Pompadour.
Ils disparaissent, dès ce moment, de la grande histoire, toute vertu s’est retirée d’eux : ces renégats de la Grèce sont désormais excommuniés de sa vie sublime. […] L’histoire les a justement retranchés de cette défense immortelle, elle n’a compté que les héros de la tragédie, sans s’inquiéter des comparses : soustraction qui est une justice. […] Si on ne lisait l’histoire de Sophane dans un chapitre d’Hérodote, on la croirait tirée d’un poème de l’Edda. […] L’Histoire, créée par la Grèce, et encore à naître, n’aurait apparu peut-être qu’après de longs siècles. […] La gloire seule pouvait l’inspirer : Clio, la muse de l’histoire, sonne d’un clairon de triomphe, et se couronne de lauriers.
Les anecdotes trop peu connues l’effarouchent, les documents vierges l’effrayent : une histoire, comme nous la comprenons du xviiie siècle, développée à travers une longue série de lettres autographes et de pièces inédites servant à mettre en montre tous les côtés du siècle : une histoire, neuve, originale, sortant de la forme générale des histoires ordinaires, ne nous rapportera pas le vingtième d’une grosse compilation, où nous aurons à patauger des pages entières dans du connu et du ressassé. […] Les deux gros volumes in-octavo de l’Histoire de la société française pendant la Révolution ET le Directoire furent ceci dans notre pensée au premier jour : « l’Histoire du plaisir sous la Terreur », un petit volume in-32, à 50 centimes. […] D’autre part, l’idéal anecdotier et de l’histoire en vaudeville, dont la trouvaille sublime est de composer un tableau, à l’instar de Molière lisant Le Misanthrope chez Ninon de Lenclos. […] Ô Providence, si tu existes, tes ironies sont d’un joli calibre… Dire que ça nous est infligé, à nous qui avons fait l’Histoire de la société pendant la Révolution ! […] Le bon Soulié, qui nous guide, nous dit combien cette Marie-Antoinette, cette ombre charmante et dramatique de l’histoire, est l’occupation de la pensée de l’étranger.
La bourgeoisie industrielle et commerciale n’aurait pas attendu sa mort pour ranger Victor Hugo, parmi les plus grands hommes de son histoire, si elle avait connu les sacrifices héroïques qu’il s’imposa et les tortures mentales qu’il supporta pour acquérir ces deux pensions. […] Les traîtres n’y opposèrent qu’un rire moqueur. » Son père, le général Hugo, était parmi ces traîtres. — Charles X exilé, Abel décoré par Louis-Philippe pour « services rendus par la plume », écrivit l’Histoire populaire de Napoléon (1853), elle lui valut les chauds compliments du prince Napoléon. […] L’histoire ne raconte pas si le poète reçut des gratifications des Majestés-Unies d’Europe. […] On y dégage, sous des charretées de fatras romantique, des vers acérés comme des poignards et brûlants comme des fers rouges ; des vers que répétera l’histoire. […] La presse honnête et modérée racontait sur les insurgés des histoires épouvantables : — Maisons pillées, mobiles sciés entre deux planches, crânes qu’on emplissait de vin et qu’on vidait en chantant des obscénités… Hugo savait que si les insurgés envahissaient les maisons, ils ne les pillaient pas ; il les avait vus se battre en héros.
— et ils passent devant tout ce frémissement de vie sans rien voir que les débris du passé, que le clinquant d’une fausse couleur locale, la survivance de ce qui n’est plus, le déchet de l’archéologie et de l’histoire. […] Taine est le premier qui ait défini nettement l’importance de la race, non seulement en littérature, mais dans tous les domaines de la sociologie et de l’histoire. Malheureusement, l’admirable leçon qui se dégageait de son Histoire de la littérature anglaise n’a pas été comprise chez nous. […] La nation nous apparaît ici dans le développement majestueux de son histoire, depuis les monuments de ses vertus héroïques jusqu’aux vestiges de ses égarements révolutionnaires. […] Ils se persuaderont que la source en est toujours féconde et que l’enseignement de ton histoire peut être encore une discipline pour les peuples.
L’Immaculée Conception a un peu plus d’importance dans l’histoire des croyances religieuses qu’une erreur judiciaire, plus à sa place dans l’histoire politique ou dans les procès célèbres. […] Que d’histoires très sérieuses sont écrites avec des éléments aussi peu sérieux ! […] — Oui, sire, de l’Arsenal. — Continuateur de l’Histoire de l’Empire Ottoman ? […] L’histoire, qui bavarde souvent si mal à propos, est muette sur cette question capitale. […] L’utile est devenu le jeu : et c’est toute l’histoire de la civilisation.
Nous maintenons à la philosophie, à la morale et à l’histoire leur suprématie. […] Walter Scott avait placé ses héros d’imagination dans le cadre de l’histoire. Dumas a jugé plus commode de faire tenir l’histoire dans le cadre de ses romans. […] Il ne prend aux personnages de l’histoire que leur nom. […] L’histoire est une science exacte parce qu’elle repose sur des faits certains.
Une histoire de la vie et des ouvrages de Massillon nous manque : ce serait un sujet heureux. […] Heureux, non celui dont l’histoire va immortaliser le règne et les actions dans le souvenir des hommes, mais celui dont les larmes auront effacé l’histoire de ses péchés du souvenir de Dieu même, etc., etc. […] Ses portraits historiques pèchent par la fermeté : il entend les mœurs mieux que l’histoire. […] [NdA] Le père Bougerel, dans son exacte notice sur Massillon (Mémoires pour servir à l’histoire de plusieurs hommes illustres de Provence), ne parle que du Carême de 1704 prêché à la Cour par Massillon et ne dit rien du Carême de 1701.
Ramond en appelait volontiers de Buffon jugeant des glaciers à Montbard, à Buffon s’il avait lui-même vu les montagnes ; mais là où il s’écartait de ses idées, il le définissait encore avec respect « ce grand homme par qui, tous tant que nous sommes, nous raisonnons bien ou mal d’histoire naturelle et de géologie ». […] Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière. […] Nommé associé de l’Institut en 1796 et professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de Tarbes, il eut quelques années favorables durant lesquelles il fut tout à la science et aux contrées de sa prédilection. […] Les séances de l’Institut le partageaient également ; il les animait de ses vifs récits et de sa parole pittoresque ; il fut nommé membre résident (section d’histoire naturelle et de minéralogie) en 1802. […] Je ne suis occupé qu’à me défaire de ce que j’ai de trop ; je diminue ma bibliothèque et mes petites collections, ne garde que le nécessaire pour moi et mon fils, et lui garde surtout mon herbier, parce qu’il est l’histoire d’un demi-siècle de ma vie.
Doué d’une harmonie pleine et d’un vaste pinceau, en possession d’une sorte de sérénité et d’impassibilité native ou acquise, désoccupé ou guéri de passions pour lui-même, il voyage à travers le monde de l’histoire et les diverses contrées, il revêt indifféremment et presque également bien les formes les plus diverses ; il exprime avec vigueur et relief les manifestations les plus variées de l’histoire, de la nature et de la vie. […] Jean-Jacques, notre grand aïeul, a dit : « Quand le cœur s’ouvre aux passions, il s’ouvre à l’ennui de la vie. » Ç’a été notre histoire à tous, c’est l’épigraphe à mettre à tous les Werther, à tous les René et à ceux qui en descendent. […] Sur les restes fanés de nos douces histoires, Sur notre rêve éteint, dans l’ombre enseveli, Sur nos vœux moissonnés par les heures fatales, Un jour on voit grandir les fleurs aux noirs pétales, Les roses sans parfums, les roses de l’oubli. […] Léda ne les voit pas ; elle est toute à son mal… Le poëte cherche, vers la fin, à spiritualiser ou du moins à naturaliser cette histoire de Léda, dans laquelle, comme dans celle de Psyché, il ne veut voir qu’un symbole : c’est plus difficile.
. — Études d’histoire religieuse, — Cantique des Cantiques. — Le livre de Job. — De l’origine du langage. — Histoire générale des langues sémitiques. — Averroës , etc. […] Il lui est échappé un jour de dire à M. de Sacy, au risque de scandaliser ce fidèle et religieux admirateur des belles œuvres d’autrefois, que s’il lui était permis par faveur singulière de choisir entre les notes que Tite-Live avait eues à sa disposition, et l’histoire elle-même de Tite-Live, il donnerait toute cette magnifique composition et cette prose des Décades pour les simples notes. […] Renan, il n’entrât quelque chose d’hostile dans son Histoire du christianisme, peuvent se rassurer. […] Non, l’Histoire de Jésus, quel que soit le degré, quels que soient la nuance et le sens de l’adoration (car il accepte le mot), n’est pas en de mauvaises mains.
Weiss sur l’Histoire de la Littérature française de M. […] Weiss a assez rendu justice en toutes ses parties à l’ouvrage du savant académicien ; je ne sais si moi-même autrefois, dans le Moniteur, j’ai dit au sujet de l’Histoire de M. […] C’est un point sur lequel on ne peut lâcher pied sans que l’économie même de notre histoire moderne française soit bouleversée, et la vraie notion du progrès confondue. […] Saint-Évremond, l’épicurien à l’âme ferme, avait appris à ce jeu où il semble n’être entré que pour mieux voir, à connaître de près le caractère des grands personnages de l’histoire et à deviner, presque en homme pratique, le génie des anciens peuples. […] La Révolution n’a donc pas produit de moralistes proprement dits, écrivant en dehors des considérations de l’histoire.
Ce n’est pas un reproche qu’on fait à Boileau, lequel n’était pas obligé de savoir l’histoire littéraire mieux qu’on ne la connaissait de son temps : Chez nos dévots aïeux le théâtre abhorré Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré. […] Il put y avoir de, la sorte, entre les anciens histrions et les modernes jongleurs, ou farceurs, une espèce de filiation non interrompue, de carrefour en carrefour, de taverne en taverne : « Ces rudiments du drame n’ont pas d’histoire publique et n’en pouvaient avoir aucune, leurs archives consistant surtout dans les prohibitions de l’autorité ecclésiastique. » Laissons ces choses de bas lieu dans leur poussière et dans leur fange, et attachons-nous, à ce qui compte véritablement, à ce qui recommence. […] Dans le volume intitulé : Études sur quelques points d’Archéologie et d’Histoire littéraire (Paris, librairie Franck, 1862). […] Voir, dans l’Histoire générale de la Musique religieuse, par M. […] — Les travaux du Père Cahour peuvent se lire dans les Études de Théologie, de Philosophie et d’Histoire, recueil publié par les Pères Daniel et Gagarin, septembre 1859, mars et juin 1860. — Mais, avant tout, il faut se reporter à la source et au puits d’érudition, aux Origines latines du Drame moderne, par M.
Mais l’auteur, en poussant si fort ce siège, avait encore un autre dessein que celui de montrer l’attaque dans toute sa science ; comme il avait en perspective pour son avant-dernier chapitre la scène de famine indiquée par l’histoire, quand l’armée des Mercenaires enfermée entre deux défilés se verra réduite à se dévorer elle-même, il voulait, pour pendant, montrer d’avance les Carthaginois réduits, eux aussi, aux dernières extrémités, mais subissant par contraste le supplice de la soif : soif contre faim, description contre description. […] Flaubert met complètement de côté et considère comme non avenu le célèbre chapitre de Montesquieu dans l’Esprit des Lois : « Le plus beau traité de paix dont l’histoire ait parlé, est, je crois, celui que Gélon fit avec les Carthaginois. […] le côté politique, le caractère des personnages, le génie du peuple, les aspects par lesquels l’histoire particulière de ce peuple navigateur, et civilisateur à sa manière, regarde l’histoire générale et intéresse le grand courant de la civilisation, sont sacrifiés ici ou entièrement subordonnés au côté descriptif exorbitant, à un dilettantisme qui, ne trouvant à s’appliquer qu’à de rares débris, est forcé de les exagérer. […] L’amour de la vieille Carthage, puisqu’amour il y avait, y aurait trouvé son compte : on en aurait refait l’histoire, en indiquant les lacunes, en restituant, à l’aide des fragments et du parti raisonnable qu’on en peut tirer, la religion, la politique, le caractère, les mœurs.
Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. […] En histoire, nous avons eu un travail analogue à faire pour en venir à une large et juste idée de Napoléon. […] Ce que je fais en ce moment n’est pas de la politique, c’est de l’histoire morale et littéraire. […] Armand Lefebvre, et qui n’a pas été assez remarqué dans l’histoire de cette fameuse lutte, c’est que la paix qui a suivi les victoires de Marengo et de Hohenlinden a été pour la France et pour ses ennemis un moment décisif. […] Édouard Lefebvre de Béhaine ne saurait être mieux placé qu’à Berlin pour étudier et approfondir cette histoire de la coalition des forces morales sous lesquelles nous avons succombé en 1814 et ; 1815 : les millions de l’Angleterre, le froid même de la Russie, auraient été impuissants peut-être à nous détruire, s’ils n’avaient eu pour auxiliaires des caractères comme ceux de Stein, de Gneisenau, de Scharnhorst, toute une génération enfin de politiques, de militaires, de diplomates, légistes, poëtes, qui sortirent comme de terre sur tous les points de l’Allemagne après Austerlitz et Iéna, surtout après Moscou.
Cette édition, publiée sous les auspices de la Société de l’histoire de France, n’est pas seulement meilleure que celle qu’on possédait jusqu’ici, elle est la seule tout à fait bonne, digne d’être réputée classique et pour le texte que l’éditeur a restitué d’après une comparaison attentive des manuscrits, et pour les noms propres dont un grand nombre avaient été défigurés et qu’il a fallu rétablir, et pour les notes exactes et sobres qui éclaircissent les endroits essentiels, enfin pour la biographie de Commynes lui-même, laquelle se trouve pour la première fois complétée et éclaircie dans ses points les plus importants. […] Quoi qu’il en soit, son récit, d’autant moins ambitieux qu’il ne le donnait qu’à titre de matériaux, est resté l’histoire définitive de ce temps, un monument de naïveté, de vérité et de finesse ; l’histoire politique en France date de là. […] Il dut avoir plus d’une fois à se plaindre de lui ; on raconte l’histoire d’une botte armée d’éperon dont le duc lui donna un jour à travers le visage, sans doute en remercîment de quelque bon conseil. […] Ces incomparables détails, donnés par Commynes, témoin assidu, et qui ne quittait pas sa chambre, font de cette partie de son histoire le plus éloquent tableau de misère royale et humaine.
Je dirai donc quelque chose de l’éducation de Louis-Philippe et de la nouvelle de Mademoiselle de Clermont, c’est-à-dire de ce que Mme de Genlis a fait de mieux comme page d’histoire et comme page de roman. […] Un Polonais, dessinateur habile, avait peint pour eux l’histoire sainte, l’histoire ancienne, celle de la Chine et du Japon : tous ces tableaux d’histoire composaient une lanterne magique amusante autant qu’instructive. Ne pouvant se priver de son goût pour le théâtre, elle imagina de mettre en action et de leur faire jouer dans le jardin, où les décorations artificielles se combinaient avec la nature, les principales scènes de l’Histoire des voyages de l’abbé Prévost, abrégée par La Harpe, et en général toutes sortes de sujets historiques ou mythologiques.
En poésie, Lamartine avait donné le signal du renouvellement ; d’autres le donnaient dans l’ordre de l’histoire, d’autres dans l’ordre de la philosophie : c’était par toute la jeunesse une émulation unanime et comme un recommencement universel. […] Par cette seule vue d’un christianisme antérieur et disséminé à travers le monde, par cette espèce de voyage à la recherche des vérités catholiques flottantes par tout l’univers, l’enseignement de la théologie se serait trouvé singulièrement agrandi et élargi ; l’histoire des idées philosophiques s’y introduisait nécessairement. […] Il aimait à citer entre autres un beau passage de Vincent de Lérins qui disait : « Que, grâce à vos lumières, la postérité se félicite de concevoir ce qu’auparavant l’Antiquité croyait avec respect sans en avoir l’intelligence ; mais cependant enseignez les mêmes choses qui vous ont été transmises, de telle manière qu’en les présentant sous un nouveau jour, vous n’inventiez pas des dogmes nouveaux. » Ainsi, en maintenant l’immutabilité sur le fond, il se plaisait à remarquer que l’ordre d’explication scientifique, malgré les déviations passagères, avait suivi une loi de progrès dans l’Église et s’était développé successivement ; et il le démontrait par l’histoire même du christianisme. […] Dans ces volumes de l’abbé Gerbet, les introductions, les dissertations sur la symbolique chrétienne et sur l’histoire de l’Église, conduisent à des observations pleines de grâce ou de grandeur, à de beaux et touchants tableaux. […] Voilà la fin de l’histoire de l’homme en ce monde.
Distinguons d’abord deux choses dans le xviiie siècle : la littérature proprement dite, et la philosophie, c’est-à-dire par là j’entends la prose sérieuse (histoire, science, politique). […] Eh bien, si je regarde autour de nous, et si je considère les principaux événements de l’histoire du monde depuis le Contrat social, il me semble que le principe de la souveraineté sort de plus en plus de l’utopie pour entrer dans la réalité des faits. […] Enfin, dans une histoire littéraire, je ne voudrais pas oublier qu’il est en quelque sorte l’auteur du renouvellement littéraire de notre pays. […] L’abus du détail dans les descriptions, les sentiments trop particuliers et trop raffinés, les paradoxes de l’utopie, le spécial introduit dans l’histoire, enfin la disproportion de l’imagination et de la raison, c’est-à-dire la prépondérance de la forme sur le fond, et quelquefois le contraire, — tels sont les défauts qui ne permettent pas à la littérature contemporaine de se considérer comme classique. […] De quelle tradition Augustin Thierry est-il parti pour renouveler l’histoire de France ?
L’axiome fataliste se réduit à un fait d’histoire politique et à un groupe d’habitudes morales ; on l’entend, et dès lors on peut le discuter, le vérifier, le prouver, le réfuter et le limiter. […] Dans l’examen de Rabelais comme dans l’histoire de la digestion, nos faits multipliés ont complété notre traduction et composé notre analyse. […] Chaque fait en histoire traîne après soi une semblable compagnie. […] Le dehors exprime le dedans, l’histoire manifeste la psychologie, le visage révèle l’âme. […] Demandez à un physicien s’il se contente de préciser les idées vagues de son auditoire, et si, dans l’histoire de la chaleur, il ne fait que développer la notion vulgaire de la chaleur.
. — Histoire de l’Absolu. — Théorie de la tragédie. — III. […] C’est pour ressaisir l’idéal, en échappant à l’histoire. […] Le moment où l’Esprit universel, dans son développement qui constitue l’histoire absolue, entre en harmonie avec, lui-même, est marqué par l’apparition de Dieu sur la terre. […] Ainsi, bien loin d’être de simples apparences purement illusoires, les formes de l’art renferment plus de réalité et de vérité que les existences phénoménales du monde réel, te monde de l’art est plus vrai que celui de la nature et de l’histoire , t. […] Aristote a dit aussi dans l’endroit le plus profond de sa Poétique : La poésie est quelque chose à la fois de plus philosophique et de plus sérieux que l’histoire, puisque la poésie s’occupe davantage de l’universel, et que l’histoire s’occupe davantage du particulier (ch.
L’histoire tout entière en témoigne. […] L’histoire nous apprend que ces motifs ont été très variés. […] On a souvent parlé des alternances de flux et de reflux qui s’observent en histoire. […] Nous ne croyons pas à la fatalité en histoire. […] Déjà l’histoire des idées en témoigne.
Et telle est l’histoire de ce livre. […] … — C’est impossible, m’écriai-je… L’esprit de l’histoire… — L’histoire n’a pas d’esprit, interrompit M. […] » Éternelle histoire, si tristement émouvante, de la prostituée à qui, son dur travail fini, il faut du bleu… de l’au-delà… de la pureté… des petites hirondelles… et de belles histoires morales qui font pleurer ! […] Son action se déroule sur un repli de l’histoire… Elle a l’ampleur, la tenue sévère, la solidarité, la clarté des tragédies classiques. […] Elle fut prise du désir vague, informulé, d’écrire un jour, elle aussi, des histoires.
C’est un moment solennel dans l’histoire de l’humanité. […] Tanner sur l’histoire de l’astronomie. […] Or, cette notion n’a rien à faire en histoire naturelle. […] joue décidément un grand rôle dans toutes ces histoires. […] Voir le tableau chronologique de l’histoire de la terre, dans L. de Launay, Histoire de la terre, 1906.
l’histoire, elle ne commence qu’à l’histoire : c’est-à-dire à l’humanité qui s’est fait de la publicité ! […] L’histoire s’écrira encore longtemps comme ça. […] Au lieu de nous confesser, il nous raconte son histoire. […] La mère de Napoléon n’est dans l’histoire que le ventre qui l’a porté. […] Au milieu de la conversation, une femme de dire : « J’ai une bien jolie histoire là dessus.
. — Lord Hyland, histoire véritable (1895). […] Lui-même ne considère-t-il pas un peu comme des distractions et des haltes légères les histoires d’amour où il s’est un instant complu et les jolis Contes dorés d’où nous tirons des vers d’une forme si précise et d’une fermeté d’acier.
Renan poursuivait la délicieuse Histoire des origines du christianisme, M. […] J’y trouve une vive intelligence de l’histoire, une sympathie abondante, une forme digne d’André Chénier ; et je doute qu’on ait jamais mieux exprimé la sécurité enfantine des âmes éprises de vie terrestre et qui se sentent à l’aise dans la nature divinisée, ni, d’autre part, l’inquiétude mystique d’où est née la religion nouvelle.
Villemain n’eut pas de plus constante pensée que de faire rendre aux couvents grecs les chefs-d’œuvre qu’ils pouvaient receler encore, et, si cette investigation, conçue et dirigée par lui, prouva que les chefs-d’œuvre inédits sont devenus bien rares, elle rendit au moins à la science des textes de première importance pour l’histoire de l’esprit humain. […] Rien n’était en dehors de sa large et intelligente critique : il était aussi maître de son sujet quand il retraçait l’histoire de la poésie lyrique des Grecs que quand il expliquait Dante et la poésie du moyen âge.
J’ai voulu seulement (je le rappelle une dernière fois) préciser la méthode qui peut conduire à trouver des réponses justes et nettes à ces multiples interrogations, et montrer ce que doit devenir l’histoire d’une littérature. […] Le sociologue, lui, dans l’histoire bien faite d’une littérature trouvera des lois démontrées, qui, lorsqu’un travail analogue aura été opéré sur d’autres littératures nationales, lui seront des éléments précieux pour une philosophie de l’évolution littéraire et même, comme les diverses parties d’une civilisation sont solidaires, de toute l’évolution sociale.
La multitude de connoissances historiques que ces Mémoires supposent, l’art avec lequel l’Auteur les a mises en œuvre, l’ordre & la sagacité qui regnent dans ses discussions, font regretter qu’il n’ait pas entrepris d’écrire l’Histoire de la Lorraine. Outre le mérite de l’exactitude, elle auroit eu l’intérêt du style, qui manque à presque toutes les Histoires particulieres de nos Provinces.
Les histoires de l’Ancien Testament ont rempli nos temples de pareils tableaux, et l’on sait combien les mœurs patriarcales, les costumes de l’Orient, la grande nature des animaux et des solitudes de l’Asie, sont favorables au pinceau. […] Notre religion à nous, c’est notre histoire : c’est pour nous que tant de spectacles tragiques ont été donnés au monde : nous sommes parties dans les scènes que le pinceau nous étale, et les accords les plus moraux et les plus touchants se reproduisent dans les sujets chrétiens.
C’est l’histoire d’un jeune élève des Jésuites à qui sa sagesse exemplaire commence à peser lourdement. […] L’histoire du bonheur commence par les divins enfantillages. […] On est d’autant plus en retard sur leur histoire qu’on en est plus éloigné. […] » Même histoire ! […] Nos histoires de Paris ne sont plus que l’histoire du passé, et celui qui a lu Dulaure ne peut avoir aucune idée de ce qu’est devenue la capitale depuis que les travaux résultant du passage de M.
L’histoire de Camille, c’est celle d’un être presque inconscient, proche de la nature, point méchant au fond, transformé, par sa chute même et par l’affreux mensonge où cette chute l’a contraint, en une créature aimante et capable désormais de vivre d’une vie morale. […] Et Laurence, prise de compassion, ne se fâche point, mais lui demande son histoire. […] C’est donc, sous une forme plus concrète, dans des conditions qui rendent la leçon autrement émouvante et démonstrative, la même histoire que nous a contée dans le Sens de la vie M.
Il a fait de mauvais vers, des traductions médiocres & des histoires qu’on ne lit point. […] Quoique Sémiramis, Rome sauvée, l’Orphelin de la Chine, Tancrède, l’Essai sur l’Histoire générale, le Siècle de Louis XIV & la Pucelle, poëme dans le goût de l’Arioste pour l’invention & pour la singularité, n’eussent point encore paru du vivant de l’abbé Desfontaines, il avoit cependant assez vu de productions de ce génie brillant & fécond, pour avoir remarqué qu’il étoit aussi créateur. […] On vit le moment où l’histoire des Couplets de Rousseau alloit se renouveller.
. — Femme, tu enfanteras avec douleur. » Voilà l’histoire du genre humain en quelques mots. […] Nous sommes persuadé que les grands écrivains ont mis leur histoire dans leurs ouvrages. […] Milton s’est emparé, avec beaucoup d’art, de ce premier mystère des Écritures ; il a mêlé partout l’histoire d’un Dieu qui, dès le commencement des siècles, se dévoue à la mort pour racheter l’homme de la mort.
L’histoire s’est sentie chez les grecs pendant plusieurs siecles de son origine. […] Je ne me souviens point d’avoir lû dans l’histoire grecque ou romaine rien qui ressemble aux duels gothiques, hors un incident arrivé aux jeux funebres que Scipion l’afriquain donna sous les murs de la nouvelle Carthage en l’honneur de son pere et de son oncle. […] Les rélations des païs orientaux sont remplies de semblables histoires.
L’histoire romaine est encore remplie de faits qui prouvent la passion démesurée du peuple pour les spectacles, et que les princes et les particuliers faisoient des frais immenses pour la contenter. […] On lit dans l’histoire de Pline, que le comédien Roscius, l’ami de Ciceron, avoit par an plus de cens mille francs de gages. […] Pline indique dans differens endroits de son histoire une vingtaine de plantes, de spécifiques, ou de receptes propres à fortifier la voix.
Hégésippe Moreau, le Villon solitaire de cette époque impie, ce truand qui est quelquefois délicat comme une jouvencelle, ne serait point compté dans l’histoire littéraire, s’il ne s’était pas affranchi de la politique et de l’imitation de Béranger, qui furent sa double balbutie, par quelques pièces, éternelles et humaines, d’un accent profond comme la misère, la convoitise et la faim ! […] On en fait de nobles exemples pour les générations qui suivent et de grands souvenirs pour l’histoire. L’histoire, qui conserve ce sang, trempe là-dedans les courages et les baptise pour l’héroïsme.
Ses histoires, d’ailleurs, sont des contes en l’air. […] Avec trop de raison leur histoire est écrite ; Ils suivent de trop près Tite-Live et Tacite. […] On en fit des sermons et des réquisitoires ; On en fit des romans, on en fit des histoires ; Et la gauche et la droite, adoptant ce jargon, En font à la tribune au nez de Cicéron.
Même en fait de fiction, ses renseignements sont aussi précis qu’en fait d’histoire. […] Aussi bien il y aspirait. « L’éditeur », disent les vieilles éditions de Robinson, « croit que ce livre est une vraie histoire de faits. […] En effet, la conscience est une lumière ; un moraliste est un psychologue ; la casuistique chrétienne est une sorte d’histoire naturelle de l’âme. […] Un Français a peine à supporter l’histoire de Roderick Random ou plutôt celle de Smollett quand il est sur le vaisseau de guerre. […] Alors tout bas, avec précaution, on questionnait Garrick ou Boswell sur l’histoire et les habitudes de cet ogre grotesque.
Mais l’histoire est encore plus comique que je ne pensais. […] L’histoire a donc rempli la moitié de sa carrière. […] Ne dites pas que ce qu’il y a d’attrayant dans l’histoire, ce sont les hommes. […] L’esprit cède la place à l’action, la philosophie à l’histoire. […] Tout est complexe dans l’histoire des lettres et des idées.
C’est un moment original d’une non moins originale histoire. […] Il n’a pas d’histoire. […] Comprendrait-on, autrement, qu’il traversât des phases bien réglées, qu’il changeât d’âge, enfin qu’il eût une histoire ? […] Ce qu’il y a d’irréductible et d’irréversible dans les moments successifs d’une histoire lui échappe. […] Ce qui se présente aux sens comme une histoire continue se décomposerait, nous dira-t-on, en états successifs.
Si l’histoire ne prouvait pas que le chant Grégorien est le reste de cette musique antique dont on raconte tant de miracles, il suffirait d’examiner son échelle pour se convaincre de sa haute origine. […] Bonnet, Histoire de la Musique et de ses effets.
Le fonds du livre est une histoire allégorique du Catholicisme, du Luthéranisme & du Calvinisme, mêlée de cent autres choses qui n’y ont aucun rapport. […] On peut faire le même reproche à Dom Argonne, savant Chartreux, qui nous a donné des Mélanges d’histoire & de littérature, en trois vol.
À chaque page, à chaque mot, on sent que c’est une histoire et pas un conte. […] Les enfants tiennent une grande place dans cette histoire. […] À quoi bon publier une histoire qu’il faudra recommencer immédiatement ? […] ne faites donc jamais les Mécène, cela rappelle trop l’histoire de ces marrons qu’on tire du feu. […] Ainsi après l’hymne vient le cours d’histoire et de mythologie.
Aussi n’est-ce point son histoire que je donne aujourd’hui mais des notes pour servir à l’histoire de ses commencements. Elles seront à l’histoire littéraire de notre époque ce que sont les Mémoires du temps à l’histoire sociale et politique. […] Mais il me tarde de rentrer dans l’histoire générale du symbolisme. […] Elles servent plus tard singulièrement à clarifier l’histoire littéraire. […] Cette histoire à titre de document.
Son histoire n’était pas bien connue. […] Or, il arriva qu’un des élèves, en racontant une histoire bouffonne, y mêla à plusieurs reprises le nom de Jésus-Christ. […] Cette histoire de la famille Horace lui plaisait. […] Tout le reste est perdu pour l’histoire. […] Ils excitèrent d’abord la curiosité, puis un intérêt très-vif, chez quelques hommes qui s’occupaient d’art, d’antiquité et d’histoire, et à l’époque du consulat et dans les premières années de l’empire, ce musée rassemblait déjà un certain nombre d’hommes qui firent une étude sérieuse des mœurs et de l’histoire de notre pays.
L’éclectisme est à nos yeux la vraie méthode historique, et il a pour nous toute l’importance de l’histoire de la philosophie ; mais il y a quelque chose que nous mettons encore au-dessus de l’histoire de la philosophie et par conséquent de l’éclectisme : c’est la philosophie elle-même. L’histoire de la philosophie ne porte pas sa clarté avec elle, et elle n’est point son propre but. […] Enfin l’histoire de la philosophie n’est qu’une branche ou plutôt un instrument de la science philosophique. […] Ainsi la philosophie est à la fois l’objet suprême et le flambeau de l’histoire de la philosophie. […] Il en faut dire autant de l’histoire et de la philosophie.
C’est à cette preuve vivante que je voudrais convier tous ceux que je n’aurais pu convaincre de ma thèse favorite : la science de l’esprit humain doit surtout être l’histoire de l’esprit humain, et cette histoire n’est possible que par l’étude patiente et philologique des œuvres qu’il a produites à ses différents âges.
En histoire littéraire comme en histoire politique, les influences sont tout.
Ce trait manque dans Esope, et ce défaut rend son histoire invraisemblable. […] L’un donne l’abrégé d’un conte, l’autre fait l’histoire de l’âme. […] Elle ne nous apprend rien de son caractère ni de son histoire. […] Ce loup est le premier qui le fasse, et elle nous montre son histoire avec son portrait. […] La poésie et la prose n’ont qu’un sujet, l’histoire du coeur.
Avant de nous engager dans la contemplation de la théologie primitive de l’Inde, qu’on nous permette de confesser nous-même et du même droit que ces philosophes, du droit de nos conjectures et du droit de l’histoire, une philosophie tout opposée. […] Quel témoignage vivant l’histoire nous donne-t-elle donc de cette permanence et de cet accroissement indéfini de lumière, de vertu, de civilisation, de félicité sur la terre, dans les races qui nous ont précédés ici-bas ? […] Le progrès indéfini et continu est une chimère démentie partout par l’histoire comme par la nature ; mais le perfectionnement relatif, local, temporaire, est attesté comme une vérité. […] Cela ne résiste ni au raisonnement, ni à l’expérience, ni à l’histoire, ni à la nature. […] Ses poèmes sont tout à la fois son histoire en poésie et sa théologie en actions.
Notre méthode de discours consistera simplement à diviser notre travail en tableaux d’histoire et portraits — tableaux de genre et paysages — sculpture — gravure et dessins, et à ranger les artistes suivant l’ordre et le grade que leur a assignés l’estime publique. […] Tableaux d’histoire Delacroix M. […] Boulanger peint convenablement (voyez ses portraits) ; mais où diable a-t-il pris son brevet de peintre d’histoire et d’artiste inspiré ? […] C’est une vraie bataille. — Nous voyons dans cette œuvre toutes sortes d’excellentes choses ; — une belle couleur, la recherche sincère de la vérité, et la facilité hardie de composition qui fait les peintres d’histoire. […] Decamps — c’est pour cela que nous le classons dans les peintres d’histoire ; il ne s’agit pas ici de la matière avec laquelle on fait, mais de la manière dont on fait.
C’est l’anecdote, l’histoire contemporaine, le détail, le pamphlet, la personnalité, l’insolence ; l’insolence pour le voisin et non pour soi. […] Il se trompait sur l’homme et sur son histoire. […] ce principe, qui fut aussi celui de Hégel, ne sauvera point Proudhon devant la Critique et devant l’Histoire. […] Il burine avec la même rage de burin, mais il est bien plus acceptable que Juvénal par l’Histoire, qui l’accepte pourtant. […] Les niaiseries d’innocence ne sont pas possibles devant les leçons de l’Histoire.
L’enthousiasme littéraire, le seul que nous remarquons d’abord en lui, cette espèce de religion du beau, qui de plus en plus, en avançant, se fondera sur l’histoire, sur la comparaison des littératures, sur l’expérience des hommes et de la politique, ce premier enthousiasme eut quelques inconvénients, quelques superstitions, comme tous les cultes. […] Guizot pour l’histoire moderne et avait professé sur le xve siècle. […] Le titre de sa chaire fut tout d’abord justifié par lui ; il introduisit dans la critique la vivacité, l’imagination, la biographie, l’histoire ; plus ses études s’élargirent et ses idées se fortifièrent, plus son élégante et vive parole, toujours passionnée du culte de l’esprit, grandit véritablement à l’éloquence. […] L’histoire, chez lui, prête sa lumière à l’imagination, le précepte se fond dans la peinture. […] Il nous en a donné un extrait précieux dans d’éloquentes pages sur les Pères du Christianisme ; mais en ne cessant de les relire et de les étudier, il y découvrait chaque jour davantage, et peut-être une histoire des premières sociétes chrétiennes en pourra plus tard sortir.
Ici l’ambitieux usurpateur du trône change tout à coup de rôle, d’esprit, de langage, par une de ces révolutions d’esprit qui déconcertent souvent l’histoire. […] « On lui éleva un tombeau modeste, pour qu’il fût durable. » Quelle vertu, non, jamais assez contemplée par l’histoire ! […] Ici, l’histoire de Tacite prend tour à tour l’accent de l’élégie sacrée et celui de l’imprécation : « Et quelle cause nous armait ? […] LXIII S’il y avait par siècle un Tacite, l’histoire suffirait pour faire la leçon, l’exemple, la justice au genre humain. […] Je commencerai l’année 1862 par trois Entretiens critiqués, et même injuriés par anticipation dans le journal la Presse ; ils sont intitulés : Critique de l’histoire des Girondins, par l’auteur des Girondins, à vingt-cinq ans de distance.
Les sentiments élevés, les hautes vertus que la poésie, l’éloquence et l’histoire se plaisent à mettre sous nos yeux, ne peuvent pas être pour nous un vain spectacle. […] Dans l’histoire, il ne nous suffit pas de savoir qu’une bataille est gagnée, nous voulons encore connaître le vainqueur ; dans les arts, après avoir admiré l’œuvre, nous cherchons le nom de l’artiste. […] MILLET, professeur d’histoire à l’École militaire de Saint-Cyr. […] ACHILLE COMTE, professeur d’histoire naturelle au Collège royal de Charlemagne. […] Histoire et sciences naturelles.
Quant à la Tétralogie l’Anneau du Nibelung, on n’y peut trouver nul fait d’histoire, nulle marque d’une époque tant soit peu déterminée : une seule notion géographique, celle du Rhin. […] Wagner intitulé Lohengrin, « dont le sujet est emprunté à l’histoire de Belgique », a reçu un accueil très flatteur au théâtre de Weimar et qui, à cette occasion les artistes de l’orchestre ont fait hommage à Frans Liszt, leur chef, d’un bâton de mesure en argent. […] Dans un Avant-Propos, l’auteur explique qu’il a voulu faire un livre d’histoire, non un livre de combat. […] Beethoven et Wagner sont les deux grands-prêtres de la nouvelle religion. — Toutes les religions et toutes les philosophies de l’histoire nous annoncent une troisième époque pour l’humanité, celle de la paix et de la bonne volonté entre les hommes, dont Kant même a rêvé. […] Appuyé sur les documents que fournissent l’histoire de l’église, la littérature de l’époque et les arts plastiques, M.
Nous passons aujourd’hui chez le vieux Barrière, si paternel pour nous à l’occasion de l’Histoire de la société française pendant la Révolution. […] Six heures pendant lesquelles ils se sont raconté ce qu’ils savaient déjà, l’un contant à l’autre sa propre histoire ; tout cela scandé à tout moment par : « Tu te souviens bien ? […] Ces immobilités paralysées, ce geste refroidi, cette fixité, ce silence du regard, cette tournure pétrifiée, ces mains pendues au bout des bras, ces tignasses noires et ballantes, ces cheveux d’ivrognes, dépeignés sur le front des hommes, ces cils de crin enfermant l’œil des femmes, ce blanc morbide et azuré des chairs, ce quelque chose de mort et de vivant, de pâle et de fardé, qu’ont ces déterrés de l’histoire dans ces oripeaux raides, tout cela trouble et inquiète comme une résurrection macabre. […] Ce sera l’Histoire même, et ses grandes scènes et ses hauts faits figés, immortalisés à la fois dans la forme et dans la couleur. […] Tout est souvenir historique en cet endroit : la maison de Lireux et les dîners du dimanche, la maison de Odilon Barrot et le kiosque aux rêveries constitutionnelles, la maison blanche bâtie par Charpentier où est mort Pradier, la maison de Pelletan, et un tas de maisons qui vous racontent de grandes passions et des histoires dramatiques de femmes connues.
Il transporta la conversation dans les lettres et dans l’histoire, et il en chassa l’ennui, ce fléau des livres. […] Il a été bien surpassé depuis en vérité descriptive, en pittoresque, et surtout en sentiment dans la langue de la science, par deux étrangers de nos jours, Herschell en astronomie et Audubon en histoire naturelle. […] Nous-même, on nous a accusé de cette molle complaisance dans l’Histoire des Girondins : Il va nous dorer la guillotine, disait M. de Chateaubriand à l’apparition de ce livre. […] Les proscriptions de Rome sous les Marius et sous les Sylla sont atroces, mais ces proscriptions mêmes font partie de l’histoire de Rome et défient la mémoire d’oublier le nom de cette tragédienne du vieux monde. […] L’histoire finira peut-être par apprendre aux hommes d’État ce simple axiome qui les fait sourire de pitié aujourd’hui.
avec ses habitudes d’histoire, il ne s’est pas rappelé que les nationalités s’écroulent en proportion de leurs atteintes au mariage. […] Il a oublié que partout où le sentiment baisse, le paganisme, qui n’est pas de l’histoire et de l’archéologie, mais bel et bien de la nature humaine éternelle, le paganisme remontait ! […] Le malheureux qui raconte son histoire semble croire qu’elle n’est pas finie. […] Et c’est ici que la faute d’une histoire sans début s’aggrave encore. […] L’histoire de ce Lara par mariage n’est nullement compliquée, mais il faut avoir un fier génie pour se permettre une telle simplicité.
Il dédie son livre à la mémoire de l’abbé Séguin, vieux prêtre, son directeur, mort l’année dernière à l’âge de quatre-vingt-quinze ans : « C’est pour obéir aux ordres du directeur de ma vie que j’ai écrit l’histoire de l’abbé de Rancé. […] Le critique, quand il s’agit de M. de Chateaubriand, n’en est plus un ; il se borne à rassembler les fleurs du chemin et à en remplir sa corbeille ; c’était l’office, dans les fêtes antiques, de ce qu’on appelait le canéphore ; et même en cette histoire de cloître, si l’on nous passe l’image, c’est ainsi que nous ferons. […] C’est sur ces entrefaites que la mort de madame de Montbazon (1657) vint lui porter un coup dont on a tant parlé, que l’imagination publique s’est plu à commenter, à charger d’une légende romanesque, comme pour l’histoire d’Abélard et d’Héloïse, et sur lequel lui-même il est demeuré plus muet que la tombe. […] L’histoire de la Trappe, dans les années suivantes, serait celle des progrès insensibles, silencieux, et cachés ; le bruit qui en arrive au dehors en fait la moindre partie et souvent la moins digne d’être sue. […] Si l’histoire du saint personnage n’est écrite de main habile et par une tête qui soit au-dessus de toutes vues humaines, autant que le ciel est au-dessus de la terre, tout ira mal.
Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] Néanmoins ils doivent se ranimer en observant, dans l’histoire de l’esprit humain, qu’il n’a existé ni une pensée utile, ni une vérité profonde qui n’ait trouvé son siècle et ses admirateurs. […] César n’est si fameux dans l’histoire que parce qu’il a décidé du destin de Rome, et que dans Rome étaient Cicéron, Salluste, Caton, tant de talents et tant de vertus que subjuguait l’épée d’un seul homme. […] Il faut d’ailleurs une étude constante de l’histoire et de la philosophie, pour approfondir et pour répandre la connaissance des droits et des devoirs des peuples et de leurs magistrats. […] Dans le calme, dans le bonheur, la vie est un travail facile ; mais on ne sait pas combien, dans l’infortune, de certaines pensées, de certains sentiments qui ont ébranlé votre cœur, font époque dans l’histoire de vos impressions solitaires.
Désormais il y aura deux histoires425, l’une celle du passé, l’autre celle de l’avenir, auparavant l’histoire de l’homme encore dépourvu de raison, maintenant l’histoire de l’homme raisonnable. […] Installée dans des cerveaux étroits et qui ne peuvent contenir deux idées ensemble, elle va devenir une monomanie froide ou furieuse, acharnée à l’anéantissement du passé qu’elle maudit et à l’établissement du millénium qu’elle poursuit ; tout cela au nom d’un contrat imaginaire, à la fois anarchique et despotique, qui déchaîne l’insurrection et justifie la dictature ; tout cela pour aboutir à un ordre social contradictoire qui ressemble tantôt à une bacchanale d’énergumènes et tantôt à un couvent spartiate ; tout cela pour substituer à l’homme vivant, durable et formé lentement par l’histoire, un automate improvisé qui s’écroulera de lui-même, sitôt que la force extérieure et mécanique par laquelle il était dressé ne le soutiendra plus. […] Point du jour, nº 1 (15 juin 1789). « Vous êtes appelés à recommencer l’histoire. » 426. […] Histoire de France par Estampes, 1789 (au Cabinet des Estampes). […] Buchez et Roux, Histoire parlementaire, IV, 322, adresse du 11 février 1790. « Touchante et sublime adresse », dit un député.
Mais quand la matière de l’œuvre d’art est l’âme humaine, on ne peut plus faire abstraction de l’histoire. […] Ce qui échappe à l’histoire tombe sous l’empire de la mode. […] Il fut bien de son temps par le mépris et l’ignorance de l’histoire ; et la plupart des défaillances de son jugement et des erreurs de sa théorie ne procèdent pas d’une autre cause. […] La méthode est bonne, mais il eût fallu le sens et la connaissance de l’histoire pour l’appliquer toujours avec succès. […] Il ne s’avise pas que Virgile et Homère ont mis des dieux dans leurs poèmes parce que c’étaient leurs dieux, les dieux nationaux et populaires : un coup d’œil jeté à côté du livre, sur la réalité que l’histoire représente, l’eût averti de son erreur.
C’étaient des enfants, et qui n’aimaient qu’à entendre des histoires. […] Des infiltrations, en quelque sorte, se produisirent de la littérature savante dans la littérature populaire, et l’on commença de mettre en français dès le xiie siècle toute sorte d’ouvrages didactiques, ouvrages d’histoire naturelle, de physique, de médecine, de philosophie, de morale, livres de cuisine ou de simple civilité. […] Ainsi, dès que les clercs écrivent en langue vulgaire, dès le Poème de la Passion, ils y transportent l’allégorie : de leurs physiologues, où l’histoire naturelle est tournée en allégories, sortent les bestiaires. […] Et voici l’histoire qu’il avait entrepris de conter, tournée en langage moderne : l’amant, en son jeune âge, suivant la pente de sa vie oisive et libre, rencontre la dame jeune et belle, dont il s’éprend. […] C’est le geste, le mot, l’accent, qui caractérisent un caractère, un état d’esprit : c’est l’expressionindividuelle de l’universelle humanité, ou d’un des larges groupes qui la composent, d’une des éternelles situations dont est faite son histoire morale.
L’année 1660, où Louis XIV prend en main le gouvernement, marque aussi le point de partage de l’histoire littéraire du siècle. […] Retz fausse l’histoire, non la psychologie. […] Dans ce grand nombre de correspondances, je choisirai celles qui, n’émanant pas des écrivains, éclairent le mieux l’histoire littéraire, ou l’enrichissent le plus. […] Mais n’eussent-ils pas écrit de lettres, il n’en faudrait pas moins indiquer ici qu’ils vécurent et travaillèrent : car leur œuvre, étrangère à la littérature, et même souvent à la langue française, a préparé le merveilleux développement de la critique, de l’histoire, de l’archéologie, de toutes ces sciences où la littérature de notre siècle a trouvé quelques-uns de ses plus certains chefs-d’œuvre. […] Roger de Rabutin, comte de Bussy (1618-1693), était lieutenant général et mestre de camp général de la cavalerie, quand son Histoire amoureuse des Gaules brisa sa fortune.
Il ne doit rien à la mythologie grecque, ni à l’histoire ancienne ou moderne, ni à Boileau, ni aux noms propres de M. […] « Ces visions enchantées, (ainsi écrivais-je dans la Wallonie), elles sont de l’ordre le plus noble ; elles passent dans le soleil parmi des cristaux, des lacs aux forêts captives, des femmes qui sont reines ou fées bien loin dans nulle histoire. […] Cette histoire est l’histoire de plusieurs poètes, celle de M. […] Non seulement pour l’action du drame et le cadre où elle se meut ; mais tels détails comme le sang du dragon qui fait entendre les oiseaux, l’histoire de la Peur, etc… Siegfried lui-même est enfant du génie populaire et peut s’affronter avec Tiehl Uylenspiegel par exemple. […] Je ne dis rien de drames comme le Roi s’amuse ; il s’agit de légende et non d’histoire.
Cela revient à rechercher la conception que les différents groupes sociaux se font de l’amour et du mariage ; et il est à peine besoin de faire remarquer quel rôle immense cette conception changeante joue dans l’histoire littéraire de la France. […] L’histoire des mœurs en notre siècle rencontre bien des cas où des personnages réels ont emprunté des traits à des personnages fictifs, où la vie a imité cette imitation de la vie qu’est en partie la littérature ! […] Sans vouloir dérouler la longue histoire des façons, diverses dont l’amour a été compris par les différentes époques, il est permis de choisir quelques exemples pour montrer les phases extrêmes par où ont passé ce sentiment et son expression. […] On retrouve ce contraste dans toute l’histoire de la France. […] Et les héroïnes de roman ne le cèdent pas sur ce point à celles de l’histoire.
* * * — Un des caractères particuliers de nos romans, ce sera d’être les romans les plus historiques de ce temps-ci, les romans qui fourniront le plus de faits et de vérités vraies à l’histoire morale de ce siècle. […] Dimanche 17 mars Flaubert nous disait aujourd’hui : « L’histoire, l’aventure d’un roman : ça m’est bien égal. […] Tout le temps, il éclate en images inattendues, qui peignent tantôt poétiquement, tantôt brutalement, à votre pensée, les hommes et les choses par l’antithèse ou le rapprochement : des images multiples et variées, jaillissant d’une mémoire nourrie d’une immense lecture, et non enfermée en un temps et une branche de sciences, mais qui a grappillé au fond de tous les livres de moelle, de toutes les curiosités de l’histoire, de tous les traités de théogonie et de psychologie. […] * * * — Il est permis en France de scandaliser en histoire. […] * * * — L’histoire est un roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être.
J’ai commencé l’histoire de France, mais je ne m’en suis servi que comme d’un canevas sur lequel je pouvais broder tous les objets dont la connaissance est nécessaire dans le cours ordinaire de la vie. Excepté l’histoire des derniers temps, je ne lui ai présenté que les faits importants, surtout ceux qui font époque dans l’histoire de nos mœurs et de notre Gouvernement. […] Il se rapporte à l’année 1776 : nous en donnerons les parties principales ; de telles esquisses d’après nature dispensent de bien des imaginations et des songes plus conformes à la poésie qu’à la réalité, et elles viennent à propos pour rompre de temps en temps la légende toujours prête à empiéter sur l’histoire : « La reine est très-bien de figure, et quoiqu’elle ait pris assez d’embonpoint, il n’y a néanmoins pas encore d’excès. […] Les conditions modernes de l’histoire sont à ce prix.
Cette tragédie, si je ne me trompe, est au cinquième acte : le dénouement va paraître. » Il ne se serait point ouvert à lui, comme à un confident, sur le misérable caractère de cette royale famille espagnole, de ce brave homme ou benêt de roi, du prince des Asturies, de la reine, de ce méprisable et inséparable prince de la Paix qui, disait-il, avait l’air d’un taureau : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant, très-ennemi de la France… La reine a son cœur et son histoire sur sa physionomie, c’est vous en dire assez. » Il ne lui eût pas confié ces princes en personne et ne les lui eût pas donnés tout d’abord pour hôtes à Valençay pour « les bien traiter et leur faire passer agréablement le temps », tout en lui recommandant de les isoler et « de faire surveiller autour d’eux. » Notez bien que cette année 1808, celle de la fourberie de Bayonne, ne fut point du tout une année de disgrâce pour Talleyrand. […] Toute cette histoire anecdote et secrète finira par sortir. […] Ici deux points de vue, deux façons de sentir, qui avaient l’une et l’autre leur raison d’être et leur légitimité, sont en présence, et l’histoire ne peut que les constater sans trancher le différend : il y avait la manière héroïque et patriotiquement guerrière d’entendre la défense du sol, la résistance nationale ; de faire un appel aux armes comme aux premiers jours de la Révolution, et, ainsi que Napoléon l’écrivait à Augereau, de « reprendre ses bottes et sa résolution de 93 » ; mais il y avait aussi chez la plupart, et chez les hommes de guerre tout les premiers, fatigue, épuisement, rassasiement comme après excès ; il y avait partout découragement et dégoût, besoin de repos, et, dans le pays tout entier, un immense désir de paix, de travail régulier, de retour à la vie de famille, aux transactions libres, et, après tant de sang versé, une soif de réparation salutaire et bienfaisante. […] Voyez, monsieur, quelle chute dans l’histoire ! […] Comme ce n’est point de l’histoire sévère que j’écris en ce moment, et que je ne vise qu’à mettre en lumière quelques traits essentiels d’un haut et curieux personnage, je veux marquer encore par un contraste sensible ce qu’il avait de supérieur en son genre et en quoi, par exemple, il l’emportait incomparablement pour la tenue, pour le secret, l’esprit de conduite et une dignité naturelle sur des acolytes, gens de beaucoup d’esprit, mais légers, intempérants, et qui ne venaient que bien loin à sa suite dans l’ordre de la politique et de l’intrigue.
Ce que les races lointaines ont fait dans les temps qui précèdent l’histoire, V. […] Le recueil, complété par deux publications postérieures, forme comme une revue de l’histoire de l’humanité, saisie en ses principales (ou soi-disant telles) époques ; c’est une suite de larges tableaux ou de drames pathétiques, où s’expriment les croyances morales du poète. […] Il demande à l’érudition la matière de sa poésie : ses poèmes sont une histoire des religions. […] Et la philosophie qu’il présente, tout imprégnée de science, attentive aux découvertes, aux hypothèses de l’histoire naturelle, de la physique, est bien une philosophie d’aujourd’hui. […] Leconte de Lisle, la poésie fuit vers l’archéologie et l’histoire : avec : M.
Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. […] Cette Histoire qui est à la seconde édition, et dont l’auteur, M. […] Il ne le place qu’après l’étude de l’histoire, après celle de la jurisprudence et de la religion ; il lui a fallu quelque courage, on le sent, pour ajourner le moment de parler de cette étude pour lui la plus attrayante et la plus chère : Il me semble, dit-il, qu’en passant à cette matière je me sens touché du même sentiment qu’un voyageur qui après s’être rassasié pendant longtemps de la vue de divers pays, où souvent même il a trouvé de plus belles choses, et plus dignes de sa curiosité, que dans le lieu de sa naissance, goûte néanmoins un secret plaisir en arrivant dans sa patrie, et s’estime heureux de pouvoir respirer enfin son air natal. […] Il se reproche en un endroit assez vivement de n’avoir pas étudié, comme il aurait dû, l’histoire ; malgré les emplois importants dont il fut de bonne heure chargé, il aurait certes pu le faire encore : « Mais, d’un côté, les charmes des belles-lettres qui ont été pour moi, dit-il, une espèce de débauche d’esprit, et, de l’autre, le goût de la philosophie et des sciences de raisonnement, ont souvent usurpé chez moi une préférence injuste… » Pourtant, il s’en fallut de peu, nous raconte-t-il agréablement, qu’il ne se ruinât tout à fait dans l’esprit du père Malebranche, qui avait conçu une bonne opinion de lui par quelques entretiens sur la métaphysique ; mais ce père le surprit un jour un Thucydide en main, non sans une espèce de scandale philosophique. « Évitez, mon cher fils, s’écrie d’Aguesseau, de tomber dans le même inconvénient (la négligence de l’histoire), et fuyez comme le chant des sirènes les discours séducteurs de ces philosophes abstraits, etc., etc… » On voit déjà, à ce ton, quel est le goût littéraire fleuri et cicéronien de d’Aguesseau.
On boit beaucoup de vins de toutes sortes, et la soirée se passe à conter de grasses histoires, qui font éclater Flaubert, en ces rires qui ont le pouffant des rires de l’enfance. […] * * * — Dans Gavarni et L’Art du dix-huitième siècle, j’ai écrit l’histoire du grand art que je sentais. Dans La Maison d’un artiste au dix-neuvième siècle, j’écris l’histoire de l’art industriel de l’Occident et de l’Orient, et l’on ne se doute pas, à côté de moi, que je prends la direction d’un des grands mouvements du goût d’aujourd’hui et de demain. […] * * * — Quelqu’un m’entretenait du goût d’art de Richard Wallace, achetant le cor de chasse de Saint-Hubert, non pour l’intérêt de l’objet, mais pour l’histoire qui s’y rapporte, et qu’il pourra raconter au prince de Galles, la première fois qu’il le lui montrera. […] Et, de l’anecdote concernant Mme du Barry, il passe à l’histoire de ses papiers de famille, qu’on lui a volés, pendant la Commune, et qu’on vient de lui offrir à vendre.
Ces découvertes qui nous ont fait connoître l’Amerique et tant d’autres païs inconnus, enrichissent la botanique, l’astronomie, la médecine, l’histoire des animaux, en un mot, toutes les sciences naturelles. […] Or, on peut avancer que c’est à l’aide de ces instrumens qu’ont été faites les observations qui ont enrichi l’astronomie et l’histoire naturelle, et qui ont rendu ces sciences supérieures aujourd’hui à ce qu’elles étoient autrefois. […] En verité le sens, la pénetration et l’étenduë d’esprit que les anciens montrent dans leurs loix, dans leurs histoires, et même dans les questions de philosophie, où par une foiblesse si naturelle à l’homme qu’on y tombe encore tous les jours, ils n’ont pas donné leurs rêveries pour les veritez dont ils ne pouvoient point avoir connoissance de leur temps, parce que le hazard qui nous les a revelées n’étoit pas encore arrivé, tout cela, dis-je, nous oblige à penser que leur raison étoit capable de faire l’usage que nous avons fait des grandes veritez que l’expérience a manifestées depuis deux siecles. […] En effet, et c’est ma seconde réponse à l’objection tirée de la perfection de l’art de penser, nous ne raisonnons pas mieux que les anciens en histoire, en politique et dans la morale civile. Pour parler des écrivains moins éloignez, Commines, Machiavel, Mariana, Fra-Paolo, Monsieur De Thou, d’Avila et Guichardin, qui sont venus quand la logique n’étoit pas plus parfaite qu’elle l’étoit du temps des anciens, n’ont-ils pas écrit l’histoire aussi méthodiquement et aussi sensément que tous les historiens qui ont mis la main à la plume depuis soixante ans ?
Baudelaire a trop d’esprit pour être, quand il sera moraliste, d’une autre morale que de la morale chrétienne ; mais, quoique ses conclusions contre ces drogues, aliénatrices de la liberté et de l’intelligence humaines, mais dont il nous fait un peu trop poétiquement l’histoire, soient des conclusions que le Christianisme peut avouer, ce n’est pas, voyons ! […] Or, cet Edgar Poe, il faut bien l’avouer, tout en convenant de son génie, n’est au fond qu’un puffiste sublime, qui méprise son public et le lui prouve, sans le lui dire, en lui construisant une littérature à le dompter, ce public américain qui aime les tours de force, et à le tenir les yeux dilatés dans la terreur des extraordinaires histoires qu’il lui raconte. […] Peintre à froid d’horreurs à froid, mais peintre très habile, qui, dans ses Fleurs du mal, se fait poétiquement un Héliogabale artificiel, comme, dans ses Paradis artificiels, il se fait le Satan qui tente et épouvante et qui se moque après avoir tenté et épouvanté, Baudelaire, qui est de son temps, a trouvé gentil et drolatique de nous raconter une Histoire extraordinaire, digne de Poe et oubliée par lui, et de nous la raconter de manière à nous donner envie de prendre de l’opium, tout en nous disant de n’en rien faire, sous peine de destruction de soi, de déshonneur moral et d’indignité. […] Voilà toute la morale de sa pièce, ou plutôt de son Histoire ! […] Comme tout est ironique en ces diaboliques histoires, Quincey vécut soixante-quinze ans de ce qui aurait dû le tuer soixante-quinze fois.
* * * Mais ce n’est pas assez d’observer que ce sentiment dédaigneux du Parisien pour la province est général : il faut ajouter qu’il est ancien, chez nous, et qu’il a une histoire. […] La chose est aisée, car cette classe, à peu près disparue, avait survécu, diminuée, à la Révolution, et, en cherchant bien on trouverait encore, dans les bourgs éloignés des chemins de fer, quelques exemplaires de ce provincial renforcé, demi-paysan, demi-citadin, qui eut jadis son influence, son rôle humble et considérable dans l’histoire sociale de la France. […] Cet aïeul du réalisme étudiait donc la province principalement dans sa très riche imagination et dans les histoires qu’on lui racontait. […] Il n’y a guère de jeune mère qui n’entre en huitième avec son fils aîné, qui ne sache « rosa, la rose », qui ne s’intéresse à l’alphabet grec pour faire réciter les leçons du collégien, qui ne s’applique surtout à corriger et même à rédiger les « rédactions » de mademoiselle Henriette, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Marthe qui suit des cours de littérature, de sciences, d’histoire, d’économie, — non domestique, mais politique, — et qui doit être la première, puisqu’elle lutte contre mademoiselle Marie, c’est-à-dire contre la mère de mademoiselle Marie, laquelle a toujours passé pour moins intelligente que la mère de mademoiselle Marthe, ou de mademoiselle Geneviève, ou de mademoiselle Henriette. […] Elles deviennent négligeables, tant à cause de ce que j’appellerai l’usure littéraire d’un pareil moyen, que pour cette autre raison qu’il est tiré de l’histoire ancienne plus que de la réalité présente.
Il ne faut qu’ouvrir l’histoire, pour connaître la difficulté de maintenir les succès de l’ambition ; ils ont pour ennemis la majorité des intérêts particuliers, qui tous demandent un nouveau tirage, n’ayant point eu de lots dans le résultat actuel du sort. […] Je ne parle ici que des succès réels de l’ambition ; il y en a beaucoup d’apparents ; et c’est par eux qu’on devrait commencer l’histoire de ses revers. […] L’égoïsme, dans le cours naturel de l’histoire de l’âme, est le défaut de la vieillesse, parce que c’est celui dont on ne peut jamais se corriger. […] Mais l’ambitieux, privé du pouvoir, ne vit plus qu’à ses propres yeux : il a joué, il a perdu ; telle est l’histoire de sa vie.
L’histoire démontre, au contraire, que le mouvement, la guerre, les alarmes sont le vrai milieu où l’humanité se développe, que le génie ne végète puissamment que sous l’orage, et que toutes les grandes créations de la pensée sont apparues dans des situa-tions troublées. […] On se passionna pour les figures caractérisées que présente l’histoire, et on fut impitoyable pour ceux des contemporains que l’avenir envisagera avec le même intérêt. Ainsi un régime qui réalisa l’idéal de l’éclectisme passera, dans l’histoire de l’esprit humain, pour une période assez inféconde. […] Mais rien de ce qui contribue à donner l’éveil à l’humanité n’est perdu pour le progrès véritable de l’esprit ; jamais la pensée philosophique n’est plus libre qu’aux grands jours de l’histoire.
En 1670, son histoire et celle de la bonne compagnie se confondent avec l’histoire des mœurs de la cour et celle du roi lui-même. […] L’histoire de madame de Maintenon comprend celle de sa société. […] Pour avoir une idée juste de madame de Maintenon, j’ai commencé par mettre en oubli tout ce que j’avais lu ou entendu sur son compte, les histoires de La Beaumelle, de Laus de Boissy, de madame de Genlis, de madame Suard, d’Auger, de Voltaire même, et jusqu’à la biographie écrite par le biographe le plus exact que je connaisse, M.
Voilà un court récit, très simple, très intéressant, qui n’a nullement la prétention d’être une histoire de l’expédition de Russie, de cette expédition éloquemment présentée par M. de Ségur, sévèrement discutée par M. de Chambray, et que d’autres écrivains embrasseront encore dans son ensemble. […] « Ils se demandaient non seulement ce que deviendrait cette armée si elle était battue, mais même comment elle supporterait les pertes qu’allaient causer de nouvelles marches et des combats plus sérieux. » Toutefois ces prévisions sombres, qui ont été trop éclairées par l’événement, pouvaient encore alors se perdre et se dissiper dans quelqu’une de ces solutions imprévues et glorieuses dont l’histoire des guerres est remplie. […] Depuis lors son récit n’est plus que l’histoire de ce régiment et du 3e corps, dont il fait partie. […] Rien dans l’histoire des peuples civilisés ne saurait se comparer à ce désastre de 1812.
Vers ce même temps, et non plus dans l’ordre de l’action, mais dans celui du sentiment, de la méditation et du rêve, il y avait deux génies, alors naissants, et longuement depuis combattus et refoulés, admirateurs à la fois et adversaires de ce développement gigantesque qu’ils avaient sous les yeux ; sentant aussi en eux l’infini, mais par des aspects tout différents du premier, le sentant dans la poésie, dans l’histoire, dans les beautés des arts ou de la nature, dans le culte ressuscité du passé, dans les aspirations sympathiques vers l’avenir ; nobles et vagues puissances, lumineux précurseurs, représentants des idées, des enthousiasmes, des réminiscences illusoires ou des espérances prophétiques qui devaient triompher de l’Empire et régner durant les quinze années qui succédèrent ; il y avait Corinne et René, Mais, vers ce temps, il y eut aussi, sans qu’on le sût, ni durant tout l’Empire, ni durant les quinze années suivantes, il y eut un autre type, non moins profond, non moins admirable et sacré, de la sensation de l’infini en nous, de l’infinienvisagé et senti hors de l’action, hors de l’histoire, hors des religions du passé ou des vues progressives, de l’infini en lui-même face à face avec nous-même. […] Oberman est bien le livre de la majorité souffrante des âmes ; c’en est l’histoire désolante, le poëme mystérieux et inachevé.
Vues sur l’histoire contemporaine88. […] Quand il veut apprécier le talent ou la portée des journalistes, ou orateurs libéraux, les expressions de vulgaire, de médiocre, et autres duretés rapetissantes, tombent volontiers sur des noms qui, rencontrés en leur lieu, méritent plutôt des témoignages d’estime, et les recherches délicates de la louange vont particulièrement chercher des hommes ou des ouvrages d’une portée assez contestable, comme lorsque M. de Carné vante beaucoup trop, selon nous, cette Histoire de l’Expédition d’Espagne, par M. de Martignac. […] M. de Villèle se trouve personnellement traité par l’auteur avec une indulgence qu’expliquent jusqu’à un certain point l’ineptie, les frénésies ou les fourberies de ses successeurs avant et après Juillet ; mais M. de Carné, n’étant pas de ceux qui suppriment la morale et le témoignage de la conscience publique en histoire, n’a pu parler que par une étrange inadvertance de cette page honorable qui serait réservée dans les annales de ce temps au ministre le plus effrontément madré et le plus corrupteur.
La pièce suivante est de celles qui appartiennent au genre de Suétone, de Dangeau et de Burchard ; c’est un feuillet des historiens de l’Histoire Auguste, une page de Procope ou de Lampride, page précieuse, bien qu’elle soit incomplète et à moitié déchirée. […] Varin, conservateur à la bibliothèque de l’Arsenal, et nous y reviendrons peut-être quelque jour ; mais aujourd’hui il nous a paru utile de présenter isolément, et sans correctif, le spectacle d’une mort beaucoup moins belle, et qui, dans ses détails les plus domestiques (c’est le lot des monarchies absolues), appartient de droit à l’histoire. […] Ce que j’ai lu de plus favorable à Louis XV est dans un petit écrit intitulé : Portraits historiques de Louis XV et de Mme de Pompadour, faisant partie des Œuvres posthumes de Charles-Georges Leroy, pour servir à l’histoire du siècle de Louis XV ; Paris, chez Valade, imprimeur, rue Coquillière, au X (1802).
Horstius, professeur en médecine dans l’Université de Helmstad, écrivit en 1595 l’histoire de cette dent, et prétendit qu’elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu’elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. […] En la même année, afin que cette dent d’or ne manquât pas d’historiens, Rullandus en écrivit encore l’histoire. […] Une autre fois, voulant réfuter l’objection que les astres ne changent pas, parce que de mémoire d’homme on ne les a vus changer, Fontenelle proposait l’analogie que voici : Si les roses qui ne durent qu’un jour faisaient des histoires et se laissaient des mémoires les unes aux autres, les premières auraient fait le portrait de leur jardinier d’une certaine façon, et de plus de quinze mille âges de roses, les autres qui l’auraient encore laissé à celles qui les devaient suivre, n’y auraient rien changé.
Le livre débute par l’histoire d’un amour brutal, sorte de mélo psychologique. […] Le Sceptre, c’est, en un dialogue peut-être spirituel, l’histoire d’un archiduc qui, sur le point d’hériter un empire, recule devant la vie exceptionnelle, se fait passer pour mort et s’efforce de s’organiser une bonne petite existence bourgeoise. […] Henri de Régnier ramasse dans l’histoire ou ailleurs n’importe quelle anecdote comme, sur le trottoir ou dans un café, une fille qui a besoin d’argent raccroche n’importe quel michet.
Voilà l’histoire de la honte de l’académie française, et voici l’histoire de la honte de l’académie de peinture. […] N’allez pas inférer de cette histoire que, si la vénalité des charges est mauvaise, le concours ne vaut guère mieux, et que tout est bien comme il est.
Les uns voyaient dans l’œuvre du poète florentin encore plus l’Histoire que la Poésie ; les autres y voyaient encore plus la Philosophie que l’Histoire. […] Orgueilleux, mobile, fantasque et farouche, qui de bonne heure avait porté au pouvoir, pour lequel il n’était pas fait, une instabilité d’opinion qui était comme la nostalgie de son génie même, ce prieur de Florence qui ne devait être que le poète de Florence, ce Guelfe devenu Gibelin sans motif que puisse articuler l’Histoire, ce sombre déserteur qui passa à l’ennemi et mérita bien l’exil contre lequel il a rugi comme il aurait rugi contre toute autre chose, ce lion inévitable, s’il n’avait pas été exilé, enfin ce majestueux Dante, idéalisé par son poème, était au fond une assez insupportable réalité.
Quand le génie de l’invention s’éteint, le génie de l’histoire s’éveille, et c’est ce génie de l’histoire qui devra, dans un temps donné, ramener avec respect les yeux des philosophes officiels sur les idées et les systèmes honorés le plus longtemps de leur mépris. […] Pour être le docteur des docteurs, la lumière et la loi des esprits, l’autorité irréfragable, il faut à saint Thomas d’Aquin, le second Aristote, l’Église, la révélation et l’histoire, c’est-à-dire, tout ce que M.
L’histoire même, avec lui, n’est plus qu’une montagne : Visitez avec eux l’histoire et ses sommets ! … Tu peux sans sortir du réel Dépasser ces sommets du globe et de l’histoire.
Tout cela est encore histoire des lettres, et le serait strictement resté malgré les incursions médicales les plus avancées6, si les nouveaux savants, fiers du titre arrogé, n’en avaient immédiatement tiré les conclusions suivantes : « Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’histoire morale contemporaine, aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises » 7, et treize ans plus tard, Edmond de Goncourt insistait encore : « Ces libertés et ces franchises, je viens seul, et une dernière fois peut-être, les réclamer hautement et bravement pour ce nouveau livre écrit dans le même sentiment de curiosité intellectuelle et de commisération pour, les misères humaines » 8.
. — Une histoire sans nom (1882). — Ce qui ne meurt pas (1884). — Les Vieilles Actrices, le Musée des Antiques (1884). — Les Ridicules du temps (1884). — Les Critiques ou les Juges jugés (1885). — Sensations d’art (1886). — Memoranda (1887). — Les Philosophes et les Écrivains religieux (1887). — Les Œuvres et les Hommes, seconde édition (1889 et années suivantes). […] C’est une des intelligences les plus profondes, les plus complètes et les plus complexes de ce temps-ci, que cet homme qui aurait pu être, à son gré, un condottiere comme Carmagnola, un politique comme César Borgia, un rêveur à la Machiavel, un corsaire comme Lara, et qui s’est contenté d’être un solitaire, écrivant des histoires pour lui-même et pour ses amis, faisant bon marché de l’argent et de la gloire, et, prodigue éperdu, semant à tous les vents assez de génie pour laisser croire qu’il en a le mépris… En M.
Semblable à ces femmes qui faisoient profession de pleurer aux funérailles des Anciens, & qui regrettoient avec de grands cris ceux même qu'elles n'avoient jamais vus, l'Eloquence gémit indistinctement sur toute sorte de tombeaux, &, confondant le Génie dans la médiocrité, veut quelquefois consacrer à celle-ci des monumens dont on a privé jusqu'à ce jour la cendre des Corneille & des Racine, &c. » * Au reste, l'Histoire de Pologne passe pour le meilleur Ouvrage de M. de Solignac, & seroit une excellente Histoire aux yeux de tout le monde, si le naturel, la simplicité & la correction étoient les seules qualités qu'on dût exiger d'un Historien ; mais ces qualités, pour être précieuses, ne sont pas les seules nécessaires, & malheureusement M.
Il est même curieux de remarquer que, dans ce siècle incrédule, les poètes et les romanciers, par un retour naturel vers les mœurs de nos aïeux, se plaisent à introduire dans leurs fictions, des souterrains, des fantômes, des châteaux, des temples gothiques : tant ont de charmes les souvenirs qui se lient à la religion et à l’histoire de la patrie ! […] C’est que tout cela est essentiellement lié à nos mœurs ; c’est qu’un monument n’est vénérable qu’autant qu’une longue histoire du passé est pour ainsi dire empreinte sous ses voûtes toutes noires de siècles.
; faites de la politique, mais par l’histoire. […] Vous trouverez dans son livre l’histoire de Musset et du rhinocéros du Jardin des Plantes qui est très drôle, et l’histoire du chien du candidat qui est bien plus bouffonne encore. […] Cette histoire est bien jolie. […] Le premier est histoire des rapports entre la France et la Savoie, 1690 environ à 1715 environ ; et le second est l’histoire intérieure de Versailles entre les mêmes dates. […] C’est leur histoire, entre autres choses, que raconte M.
Une sorte de reconnaissance délicate s’unit à une curiosité digne d’éloge, pour nous intéresser à l’histoire privée de ceux dont nous admirons les ouvrages. […] Toutes les histoires, tous les poëmes sont pleins de ces sortes de maximes. » Et Sénèque accuse en cet endroit tous les historiens de manquer de génie ? […] L’histoire, l’expérience ne nous apprennent-elles point à distinguer différentes époques dans la vie des rois ? […] Le sujet était compliqué : il s’agissait de philosophie, d’histoire, de morale et de goût. […] L’histoire des temps de calamités ne s’écrit point comme l’histoire des règnes heureux.
Il faut donc connaître son esprit comme son cœur ; c’est là la morale de l’histoire des deux Quintius. […] Sur l’homme politique, les jugements de l’histoire seront divers. […] Quand on fera l’histoire de notre maison, il conviendra d’y donner une place considérable à l’enseignement de M. […] Non, l’histoire ne fera pas Napoléon III ni si démesurément criminel, ni si épouvantablement inepte. […] S’ilétaitmort après la campagne de Crimée il aurait eu un des plus grands règnes de notre histoire.
Et l’un et l’autre, ils enseignent, celui-ci l’histoire d’Angleterre à la cour d’Élisabeth, celui-là la gaîté française aux provinces reculées. […] En un mot, l’histoire de M. Argan ressemble trop à notre histoire courante de chaque jour, pour qu’elle puisse beaucoup nous plaire. […] s’il y en a un seul, non pas au théâtre, non pas dans l’histoire, mais dans vos annales secrètes, dans les histoires particulières de chacun de nous, dans ces pages de l’âme que nous tenons en réserve pour nous en souvenir, quand nous sommes bien malheureux, dites-le-moi par charité. […] Entendez-vous Molière faisant l’histoire du franc scélérat qui l’opprime ?
L’incompréhension du législateur pour la pensée reste constante dans l’histoire. […] En histoire particulièrement, elles changeraient l’aspect des événements. […] Mais s’il y a de l’inédit, il appartient à l’histoire et à la littérature. […] On n’aura qu’à raconter leurs petites histoires. […] Pierre-Quint signale, entre autres, la sortie de l’Histoire de Mussolini par L.
» Notre histoire, ou plutôt nos mémoires historiques, car nous n’avons pas d’histoire, sont remplis de ces mots naïfs et charmants, et la tragédie romantique seule peut nous les rendre10. […] Depuis deux mille ans que nous savons l’histoire du monde, une révolution aussi brusque dans les habitudes, les idées, les croyances, n’est peut-être jamais arrivée. […] Cette vérité est prouvée par l’histoire de la littérature anglaise ; et remarquez que l’état où nous sommes dure en Angleterre depuis la restauration de 1660. […] Notre politique de 1811 n’est plus que de l’histoire en 1824. […] Voyez la préface de l’histoire des ducs de Bourgogne.
le jeune Léon Daudet m’apprend qu’au collège Louis-le-Grand, l’histoire de la Révolution, s’apprend dans notre Histoire de la société française pendant la Révolution et le Directoire. […] L’histoire que Daudet fait de ses livres me fait penser qu’il y aura, un jour, pour un amoureux de notre mémoire, une jolie et révélatrice histoire de nos romans, depuis la première idée jusqu’à l’apparition du livre, en cueillant dans notre Journal, tout ce qui est relatif au travail et à la composition de chacun de nos bouquins. […] L’Histoire avec ses personnages défunts, ne vous donne pas cette illusion, cette hallucination, si vous voulez. […] « À ce propos, fait Daudet, il y a une histoire de femme en omnibus, que je raconte, et qui semble tout à fait se rapporter au théâtre. C’est une femme en noir qui monte dans un omnibus, et dont le deuil, la tenue, la mine, forcent son voisin à lui demander l’histoire de ses malheurs.
. — histoire du consulat et de l’empire. […] — L'Histoire du Consulat de M.
Les trois pièces, l’Accusé, la Morte, Celles-là, réunies sous le nom d’Histoires tristes, nous révèlent en M. […] La série intitulée : Histoires tristes, annonce déjà les Humbles de M.
La Peine de l’esprit, c’est notre histoire à tous, l’histoire de l’homme entre les séductions de l’idéal et les attractions de la réalité.
. — Les Miettes de l’histoire (1863). — Le Fils, comédie en quatre actes (1866). — Mes premières années de Paris (1872). — Tragaldabas (1874). — Aujourd’hui et demain (1876). — Le Théâtre d’Auguste Vacquerie (1879). — Formosa, drame en quatre actes et en vers (1888). — Jalousie, drame en quatre actes (1888) […] Lisant beaucoup, connaissant tout, lettré jusqu’aux ongles, Vacquerie était, en même temps qu’un curieux d’art et un passionné de lettres, un travailleur infatigable, admirable… Toute cette existence fut un exemple… Les lettres françaises garderont, en leur histoire, une place glorieuse à ce disciple qui fut un maître, à ce poète qui, pour avoir marché dans le sillon du grand remueur de mots, de formes et de rythmes de ce siècle et de tous les siècles, n’en a pas moins fait sa gerbe, lui aussi !
Les meilleurs Ouvrages en Prose de Sarasin, sont l'Histoire du Siége de Dunkerque, & celle de la Conspiration de Walstein, toutes deux écrites avec une noblesse & une simplicité qui sont des modeles du genre historique. […] On est fâché que cette Histoire ne soit qu'un Fragment, & que la paresse de l'Auteur ne lui ait pas permis de la finir en entier.
Il faut, pour cela, qu’il jette sur ses contemporains ce tranquille regard que l’histoire jette sur le passé ; il faut que, sans se laisser tromper aux illusions d’optique, aux mirages menteurs, aux voisinages momentanés, il mette dès à présent tout en perspective, diminuant ceci, grandissant cela. […] Ce résultat, quoique l’auteur de ce livre soit bien peu de chose pour une fonction si haute, il continuera d’y tendre par toutes les voies ouvertes à sa pensée, par le théâtre comme par le livre, par le roman comme par le drame, par l’histoire comme par la poésie.
Redites-nous cette histoire, chère au ciel, l’histoire de Joseph et de ses frères.
On raconte un grand nombre d’histoires d’animaux, d’enfans, et même d’hommes faits qui s’en sont laissé imposer par des tableaux, au point de les avoir pris pour les objets dont ils n’étoient qu’une imitation. […] Tout le monde sçait l’histoire du portrait de la servante de Rembrandt.
L’une veut que le poète n’emprunte à l’histoire ou à la légende que des cadres plus intéressants en eux-mêmes, où il développera les passions et les espérances de son temps. […] On sait l’histoire mystique conçue par le poète. […] L’histoire de la Poésie répond à celle des phases sociales, des événements politiques et des idées religieuses ; elle en exprime le fonds mystérieux et la vie supérieure ; elle est, à vrai dire, l’histoire sacrée de la pensée humaine dans son épanouissement de lumière et d’harmonie. […] N’a-t-il pas été toujours permis aux poètes tragiques d’emprunter à l’histoire de larges cadres où leur inspiration personnelle pût se déployer librement ? […] Un immense succès accueillit ce livre puissant, sorte d’encyclopédie où les questions sociales, la psychologie, l’histoire, la politique, concourent au développement de la fable romanesque et s’y mêlent en l’interrompant par de fréquentes digressions et de formidables évocations.
Il est plus sage de s’en tenir à la monarchie française, de lire notre histoire, d’admettre sincèrement l’autorité des faits ; et alors on conviendra que notre ancienne monarchie a toujours porté en elle deux inconvénients si graves qu’ils en balançaient tous les avantages : la vieillesse des rois et leur minorité. […] Si cette minorité était arrivée d’une manière naturelle, peut-être aurait-elle été favorable au développement de nos libertés ; mais à travers deux abdications, toujours et nécessairement conditionnelles, avec le besoin cruel de séparer un enfant de ses parents-exilés, de ne pouvoir former sa raison sans lui apprendre à les juger au moins aussi sévèrement que l’histoire le fera, avec le danger de les voir un jour se rapprocher de lui, il n’aurait été qu’une cause de soupçons, d’agitation, que l’étendard d’un parti qui n’a que trop prouvé ses fureurs et son incapacité. […] L’histoire de l’avenir n’est-elle pas écrite dans notre passé ?
Aristote est dans l’ignorance la plus complète sur toutes les questions générales que l’histoire de son temps n’a point éclaircies ; il ne suppose pas l’existence du droit naturel pour les esclaves. […] Ils ont toutes les qualités nécessaires pour exciter le développement de l’esprit humain ; mais on n’éprouve point, en les voyant disparaître de l’histoire, la même douleur qu’inspire la perte du nom et du caractère des Romains. […] Tous ses tableaux sont pleins d’imagination ; et ses harangues sont, comme celles de Tite-Live, de la plus belle éloquence : lorsqu’il raconte les malheurs attachés aux troubles civils, il jette de grandes lumières sur les passions politiques, et doit paraître supérieur aux écrivains modernes qui n’ont que l’histoire des guerres et des rois à raconter.
L’enseignement de la théologie peut se renfermer dans la division qui suit : la science de l’Écriture sainte, la théologie dogmatique, la théologie morale et l’histoire ecclésiastique. […] De l’Histoire ecclésiastique. Enfin le professeur d’histoire ecclésiastique se proposerait de montrer l’origine et les progrès successifs de la hiérarchie ecclésiastique, je ne dirai pas l’origine et les progrès successifs, mais au moins le développement de ses dogmes, tâche difficile, mais consommée dans le profond ouvrage de Bingham108, ministre anglican.
On se rappellera qu’elle le fut, et l’Histoire littéraire ajoutera que sa fille fut son meilleur ouvrage. […] Je ne serai pas plus dur que l’histoire qui l’atteste, en affirmant qu’il ne faut rien moins que du génie pour qu’une femme se fonde une réputation durable, en écrivant. […] Et encore si ces physionomies étaient enlevées avec la verve d’un esprit caustique et comique, puisqu’elle tient plus à la comédie du ridicule qu’à son histoire, si le talent du peintre était mordant comme son idée !
Le ramasseur d’oubliés et de dédaignés, ensevelis pêle-mêle dans l’ombre des vieux murs en ruines de l’Histoire, et qui les prend dans son tombereau, a bien senti qu’il ne pouvait traiter le Génie et la Gloire comme l’infortune des petits talents malheureux. Digne par la proportion de son modèle, le portrait de Chateaubriand a donc été une toile à l’huile parmi les aquarelles de Monselet, et si vous ôtez quelques taches de goût, grandes comme des mouchetures sur une glace limpide13, vous avez là une pure et lumineuse peinture d’histoire littéraire dans laquelle le Monselet du xviiie siècle n’a eu absolument rien à faire ni rien à voir… On sait si le génie de Chateaubriand, à part même son christianisme, fut antipathique au xviiie siècle, et aujourd’hui que le xviiie siècle, mal mort, voudrait recommencer de vivre, Chateaubriand, moqué par Morellet et Chénier, a retrouvé dernièrement un nouveau Morellet dans Stendhal. […] C’est l’histoire des rapports de Balzac et de Lassailly.
Ces volumes, en effet, sont suffisants pour fixer sur Camille Desmoulins l’opinion, que les grandes histoires de la Révolution laissaient indécise quand elles le plaçaient dans un lointain qui lui donnait, comme aux bâtons flottants, de la grandeur. […] … Eh bien, toute l’histoire du journalisme est dans cet : « Immortel Chapelier ! […] Nulle femme, que je sache, n’a pleuré dans l’histoire, dans le peu de temps qu’il la traverse, autant que Camille Desmoulins.
Elles montrent l’homme dans une vérité plus sincère, et l’Histoire y gagne, si l’homme y perd, — ce qui vaut mieux ! […] Et pour tous ceux qui savent s’élever au-dessus des rubriques des partis et de leurs hypocrites langages, la vraie et la seule grandeur n’est-elle pas ici du côté de la vérité de l’Histoire ? […] Les uns l’ont donnée pour cruelle parce que, comme tous les gouvernements qui veulent vivre, elle a privé de leur liberté les gens qui s’en servaient contre elle ; les autres l’ont appelée généreuse et se sont même servi de l’histoire de Silvio Pellico pour le prouver ; mais quelle discussion est maintenant possible devant des aveux aussi calmes, aussi pourpensés, aussi nuancés que ceux-ci ?
Doit-elle définitivement céder la place, l’influence et l’empire au catholicisme, qui nous ramènera au moyen âge, ou au panthéisme, qui nous amènera un âge comme l’histoire n’en a pas encore vu ? […] … Le livre d’aujourd’hui est divisé en deux parties : la première est l’histoire discursive et critique des philosophes antérieurs et contemporains et de leurs systèmes, Descartes, Mallebranche, Spinosa, Newton, Leibnitz, Kant, Fichte, Schelling et Hegel, et dans un temps où la philosophie n’est plus que l’histoire de la philosophie, cette partie du livre, dans laquelle il y a l’habitude des matières traitées qui singe assez bien le talent, se recommande par l’intérêt d’une discussion menée grand train et avec aisance ; mais d’importance de sujet, elle est bien inférieure à cette seconde partie où l’esprit s’attend à trouver contre toutes les erreurs et les extravagances signalées par l’auteur dans toutes les philosophies, un boulevard doctrinal solide, et s’achoppe assez tristement contre ces infiniment petits philosophiques : — le déisme de la psychologie et ses conséquences inductives et probables, ce déisme dont Bossuet disait, avec la péremptoire autorité de sa parole, « qu’il n’est qu’un athéisme déguisé !
Il a le regain d’imagination, qui fut suffisant pour produire cette ineffable plaisanterie du druidisme, guy d’un ridicule fabuleux, que la Critique doit couper, avec une serpette d’or, sur les chênes de son histoire. […] Saisset, passé toute sa vie à citer des textes et à commenter des doctrines, tombées en désuétude et dans le mépris de l’histoire, si l’histoire n’était pas une pédante, quand elle est écrite par des professeurs !
Elles montrent l’homme dans une vérité plus sincère, et l’histoire y gagne, si l’homme y perd — ce qui vaut mieux ! […] Et pour tous ceux qui savent s’élever au-dessus des rubriques des partis et de leurs hypocrites langages, la vraie et la seule grandeur n’est-elle pas ici du côté de la vérité de l’histoire ? […] On a bien discuté l’Autriche : les uns l’ont donnée pour cruelle parce que, comme tous les gouvernements qui veulent vivre, elle a privé de leur liberté les gens qui s’en servaient contre elle ; les autres l’ont appelée généreuse et se sont même servi de l’histoire de Silvio Pellico pour le prouver, mais quelle discussion est maintenant possible devant des aveux aussi calmes, aussi pourpensés, aussi nuancés que ceux-ci ?
de diplomatie et d’histoire. […] Dans cette dédicace qui sert de préface à son livre, Feuillet nous a fait l’histoire de ces récits qu’il reprend en sous-œuvre aujourd’hui. […] Mais La Fontaine n’est pas le seul écrivain qui ait laissé ses influences sur Feuillet, sur cet étonnant caméléon intellectuel qui écrit des contes aujourd’hui et qui demain peut-être nous écrira quelque livre d’art ou d’histoire.