La 5me de 1643, époque de la minorité de Louis XIV, de la régence d’Anne d’Autriche, et du gouvernement du cardinal Mazarin, à 1652, époque où finit la Fronde et où Louis XIV entra dans sa majorité.
Le dix-neuvième siècle finira par des découvertes encore mal formulées, mais aussi importantes peut-être dans le monde moral que celles de Newton ou de Laplace dans le monde sidéral : attraction des sensibilités et des volontés, solidarité des intelligences, pénétrabilité des consciences.
On pourrait, pour sauver cette faute et cette contradiction, supposer que le lièvre finit de parler après ce vers : Je suis donc un foudre de guerre !
Il ne porte aucune de nos empreintes, aucun de ces brillants tatouages des littératures en décadence, qui finissent, à force de civilisation, par les parures éclatantes de la barbarie !
Sous ce titre brutal : L’Assassinat du Pont-Rouge 22, titre de Gazette des tribunaux et de mélodrame de portière, la Critique a trouvé non seulement du talent (à force de métier on finit parfois par en avoir), mais de la pensée, mais de l’observation à une profondeur telle que, quand on observe ainsi, on peut dire qu’on a inventé.
… II Les Talons Rouges 13, de Gustave Desnoireterres, ont paru dans les derniers jours de l’année qui vient de finir.
Son travail, pour lequel en ses dernières années il finit par témoigner d’un appétit presque morbide, le soulageait, ne le guérissait point ; tel un dragon, son déplaisir dévorait avec une sombre satisfaction le tribut toujours grossissant des jours et des nuits laborieuses, mais sans que sa faim en fût assouvie. […] Dans l’œuvre de Shakespeare Mesure pour mesure occupe un rang beaucoup plus élevé que Tout est bien qui finit bien, sans appartenir toutefois à la plus glorieuse constellation shakespearienne. […] Faut-il y voir comme le voudraient certains — et ainsi que cela semble à peu près établi pour Tout est bien qui finit bien — un remaniement partiel d’un original plus ancien ? […] D’où cette atmosphère si spéciale — tendue, âcre, salubre, — comme d’une tragédie continûment en révolte contre son tragique même : un cornélianisme d’abord voulu ; puis à moitié accepté, à moitié subi ; et qui finit par mettre son courage à se dépriser. […] Une réserve pour finir, et qui vise le rôle prépondérant et pas assez différencié que l’auteur accorde au petit Antoine.
Mais c’est fini, voilà tout. […] Désespoir de Sygne, qui finit par gravir son calvaire. […] Un autre eût fini sur cette belle scène tragique et mystique. […] Folantin finirait tôt ou tard par retourner à la messe. […] Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit.
Le regne de ce nouveau genre dura plusieurs siecles ; mais il finit par des abus qui le firent supprimer. […] Chacun finit par demeurer dans son opinion, mais, du moins, elle avait été soutenue avec plus d’ordre & de lumieres. […] C’est la Vénus de Praxitelle que nul autre après lui n’entreprendra de finir. […] On y retrouve le gracieux & le fini de l’un, l’onctueux & le brillant de l’autre. […] Dorat y déploie ce coloris brillant, ce fini gracieux qui distinguent sa touche.
Mais le goût de la vie rustique a fini d’avoir son effet favorable. […] Ils finiront par se haïr à force de s’ignorer, et c’est cela qui est poignant. […] Mais nul doute qu’à vivre au milieu d’eux il ne finit par aimer les pauvres et les simples. […] « On ne finirait pas, — dit M. […] Tout est fini.
Le printemps est fini : demain l’été commence. […] Mais elle finit par être accablée par la vanité de tout. […] Mais ces rêveries finissent par lui déranger le cerveau. […] Mais la douleur a fini son œuvre. […] Elle finit par persuader son faible mari de l’y suivre.
La chanson finissait par ce refrain : Ah ! […] Le poème doit siècles primitifs et s’arrêter au nôtre, sans être fini, ce qui ajoutera encore au sens mystérieux de l’œuvre et à l’effet de grandeur. […] Le poème des Laboureurs finit froidement. […] tu finiras bien par hurler, misérable ! […] Nous avons fini par découvrir qu’ils ne suffisaient pas pour s’entendre.
En 1734, on donna de Piron, le même jour, l’Amant mystérieux, comédie, et les Courses de Tempé, pastorale, avec musique de Rameau : le public siffla la première pièce, et incontinent après il applaudit la seconde, par où le spectacle finissait ce qui faisait dire par l’auteur à ceux qui l’embrassaient en sortant : « Messieurs, baisez-moi sur cette joue et souffletez l’autre. » En 1733, pour se relever de son échec de Callisthène, il donna la tragédie de Gustave Vasa. […] Il faut bien connaître aussi cette race de critiques d’autrefois dont l’abbé Des Fontaines était le père ou l’oncle, et que nous avons vue finir : lui, Des Fontaines ; — Fréron, qu’on a voulu réhabiliter de nos jours et regalonner sur toutes les coutures (une courageuse entreprise), — Geoffroy, — Duviquet ; voilà la filiation, le gros de l’arbre ; il y en avait, à droite et à gauche, quelques rameaux perdus ; tous plus ou moins gens de collège, ayant du cuistre et de l’abbé, du gâcheux et du corsaire, du censeur et du parasite ; instruits d’ailleurs, bons humanistes, sachant leurs auteurs, aimant les Lettres, certaines Lettres, aimant à égal degré la table, le vin, les cadeaux, les femmes ou même autre chose ; — Etienne Béquet, le dernier, n’aimait que le vin ; — tout cela se passant gaîment, rondement, sans vergogne, et se pratiquant à la mode classique, au nom d’Horace et des Anciens, et en crachant force latin ; — critiques qu’on amadouait avec un déjeuner et qu’on ne tenait pas même avec des tabatières ; — professeurs et de la vieille boutique universitaire avant tout ; — et j’en ai connu de cette sorte qui étaient réellement restés professeurs, faisant la classe : ceux-là, les jours de composition, ils donnaient régulièrement les bonnes places aux élèves dont les parents ou les maîtres de pension les invitaient le plus souvent à dîner : Planche, l’auteur du Dictionnaire grec, en était et bien d’autres ; race ignoble au fond, des moins estimables, utile peut-être ; car enûn, au milieu de toute cette goinfrerie, de cette ivrognerie, de cette crasse, de cette routine, ça desservait, tant bien que mal, ce qu’on appelait le Temple du Goût ; ça vous avait du goût ou du moins du bon sens. […] On en meurt plus content. » On touche du doigt maintenant comment et pourquoi Voltaire et Piron ne purent jamais s’entendre, et comment ce dernier, qui avait commencé avec son cadet par quelques avances et par lui adresser même un compliment en vers qui s’est retrouvé, avait fini par le prendre en grippe d’une façon obstinée et très-peu digne. […] Bonhomme n’a réussi tout au plus qu’à faire de Mlle de Bar une lectrice de la marquise de Mimeure, au lieu d’une femme de chambre : on peut admettre, si l’on veut, qu’ayant commencé par être l’une, elle avait fini par devenir l’autre ; elle sera montée en grade avec les années. […] Personne n’était en état de soutenir un assaut avec lui ; il avait la repartie terrassante, prompte comme l’éclair et plus terrible que l’attaque Les gens de lettres avaient peu de liaison avec Piron ; ils craignaient son mordant… Lorsqu’il était quelque part, tout était fini pour les autres ; il n’avait point de conversation, il n’avait que des traits. » Certes, un portrait si plein de feu, auquel il faut joindre, pour le compléter, la vue de l’excellent buste de Piron par Caffieri, qui est au foyer de la Comédie-Française, ne diminue pas l’idée qu’on peut se faire à distance de ce parfait original.
Il y avait eu d’abord, aux xiie et xiiie siècles, au siècle de Philippe-Auguste et de saint Louis, le règne et la vogue des Chansons de geste, des grands romans de chevalerie, la prédominance de la poésie épique, une poésie rude, prolixe, mais forte, énergique, d’une sève généreuse, parfois d’un grand caractère, et qui, dans quelques-uns de ses brillants développements, avait fini par acquérir toute sa grâce. […] Décidément le genre allégorique succède ; c’est alors la vogue et le règne de la poésie symbolisée et moralisante, du Roman de la Rose, dont les dernières parties contiennent une espèce d’Encyclopédie de la fin du xiiie siècle, et expriment une philosophie des plus avancées ; ce Roman de la Rose, qui, en commençant, n’était qu’un Art d’aimer, finit par être un De Natura rerum. […] L’invective contre les rebelles est, dès le début, poussée à outrance : il est temps d’en finir, et, comme il le dit, de donner le dernier coup à la dernière tête de l’Hydre : Fais choir en sacrifice au Démon de la France132 Les fronts trop élevés de ces âmes d’Enfer, Et n’épargne contre eux, pour notre délivrance, Ni le feu ni le fer. […] Nous possédons là bien au net le sentiment inspirateur le plus élevé de Malherbe, poëte lyrique politique, poëte monarchique et royal, dans la partie la plus noble de son œuvre. — Il n’a pas fini. […] Sur le mariage du jeune Louis XIII avec Anne d’Autriche, il a fait des Stances (1615), qui finissent par un vœu de bon Français quelque peu gaillard, qui souhaite au plus tôt un dauphin.
Cet esprit élevé et fin, et qui a droit d’être difficile sur la qualité des autres, finit par le distinguer ; il trouvait que c’était dommage qu’ainsi doué on ne fit rien, c’est-à-dire qu’on n’écrivît pas. […] Tous, plus ou moins, nous avons ainsi en nous un premier type que nous aimons à détacher, à figurer en l’exagérant un peu, à faire poser devant nous et devant les autres ; nous y jetons nos qualités, nos défauts ; nous le caressons, nous le malmenons et finissons le plus souvent, dans notre impatience de tout ou rien , par l’immoler de désespoir et le faire mourir. […] On voit combien la philosophie est allée prenant chaque jour plus de place dans ses études ; ce qui avait été longtemps un culte secret a fini par éclater. […] C’est sur ce fatal et sincère aveu que finit ce drame, où s’agite la raison humaine. […] « De, nos jours ; disait un railleur, Jurieu aurait fini par souper à la guinguette avec Chaulieu, et Fénelon n’aurait pas manqué de filer un système humanitaire avec Ninon. » 221.
Ils ne se réveillèrent pas, et finirent ainsi de vivre. […] Vous vous montrez aujourd’hui riche et puissant à mes yeux ; je vous vois roi d’un grand peuple ; cependant, je ne dirai pas de vous ce que vous me demandez de dire, jusqu’à ce que j’apprenne que votre vie a fini heureusement. […] Il finit même par regarder comme un homme sans lumières celui qui, mettant de côté la prospérité présente, recommandait d’attendre la fin de toutes choses pour les juger. […] Quand ils eurent fini ce travail, il leur ordonna de se retrouver au même lieu le lendemain, après s’être baignés. […] Dès que l’armée péonienne apprit que les villes étaient au pouvoir de l’ennemi, elle se dispersa ; chacun se retira chez soi, et tout le pays finit par se soumettre aux Perses.
Le combat a réellement commencé à l’acte qui devait le finir : ce qui était clair à mon esprit devient douteux ; ce que j’ai abandonné avec le plus de facilité me devient cher. […] Mais c’est aussi, le plus souvent, un bourgeois riche et « bien pensant » — ce qui ne veut nullement dire un vrai chrétien C’est un avocat, un politique de métier, un jurisconsulte disputeur, plein d’orgueil et de défiance, peu fraternel aux hommes, imprégné du vilain esprit laïque des légistes de l’ancienne monarchie ; — ou bien encore un jeune homme élégant et un peu pédant, membre de la conférence Molé, d’existence luxueuse, et pour qui la foi est si peu le tout de la vie que ses mœurs ne sont pas chrétiennes, bref, quelque chose comme le Henri Mauperin des Goncourt ou enfin quelque prêtre « éclairé » et tolérant, trop soigné dans sa mise, trop attentif à plaire, qui a fini par voir dans l’Église une branche de l’administration et par se considérer lui-même comme un fonctionnaire en soutane. […] Et c’est ainsi que, dans l’amer chapitre où il nous raconte les métamorphoses de Tartufe depuis la fin du xviie siècle jusqu’à nos jours, Veuillot n’hésite pas à faire finir l’« imposteur » dans la peau d’un « catholique sincère, mais indépendant », c’est-à-dire d’un catholique libéral. […] Il faut pourtant bien que je finisse par avouer au moins une fois que, dans l’échauffement de la lutte, Veuillot eut des violences, des injustices, et des erreurs à demi volontaires sur la qualité morale des personnes contre qui il combattait. […] C’est là une idée si épouvantable… que, justement à cause de cela, on finit par se tranquilliser.
Vellini est finie. […] Il finit par la servir, comme tant d’autres, avec l’espérance, aussitôt trompée, — c’est la règle, — de l’améliorer. […] Si oui, l’artiste et le savant dont se compose le romancier ont fini leur besogne. […] Elle finira. […] Il finit dans ses rapports avec elle par se croire ce personnage, par l’être en effet, tout le temps qu’il pensait à cette femme et qu’il lui écrivait.
Tout de même elles ne sont pas entièrement adventices, ni postiches ; elles finissent par former corps avec le moi. […] Ou plutôt, je voudrais reprendre l’étude de ce contraste si étonnant, dans l’esprit de Proust, de la passion de la vérité et du scepticisme, de l’instinct réaliste et du subjectivisme, et montrer en quelle force simple il finit par se résoudre. […] C’était pourtant une chose assez peu importante pour que l’air douloureux qu’elle continuait d’avoir fini par l’étonner. […] Il procède à une sublimation, d’ordre purement intellectuel, c’est vrai, mais qui peut finir par avoir des effets moraux, de tout ce qu’il y a en lui de l’ordre du θυμος et de l’έπίθυμια, de tout ce qui occupe sa poitrine et pèse sur ses nerfs. […] Le grand malade, le grand désarmé qu’était Proust, du fond de son lit, grâce à ce doux et inflexible entêtement que je vous décrivais, a fini par remporter la plus difficile des victoires : il s’est imposé tout entier à la mort, et elle reflue intimidée devant sa forme morale intégralement conservée.
Jules Sandeau avait fini.
Est-ce que des talents aussi la gloire s’use, Et que, reverdissant en plus d’une saison, On finit, à son tour, par joncher le gazon, Par tomber de vieillesse, ou de chute plus rude, Sous les coups des neveux dans leur ingratitude ?
A Naples, elle ravit par les sons de sa harpe toute la cour, et surtout la reine, qui lui baisa la main ; elle y vit aussi des lazarroni tout nus, des ananas et des figues superbes ; et c’est ainsi que finit le voyage d’Italie.
Ainsi finirent les hommes qui les premiers protestèrent contre la Terreur, après l’avoir provoquée, et les derniers qui protestèrent par courage et pitié.
Mais quelle misère que, Napoléon devenu maître du monde, Lemercier voie toutes les amertumes empoisonner sa vie ; qu’incrédule envers l’empereur, il doive marcher de revers en revers, comme l’empereur de triomphes en triomphes ; qu’il finisse par être attaqué jusque dans les débris de sa fortune !
D’ailleurs, l’intrigue des pieces de Terence finit par un denoüement qui met le fils en état de satisfaire à la fois son devoir et son inclination.
Je n’ai fait toute ma vie que des raisonnements, je suis habitué aux abstractions ; il faut que je sorte de moi-même, que je change toutes les allures de ma pensée, que j’apprenne le style descriptif23. » La question est donc tranchée, Taine lui-même nous le dit : son évolution a été réfléchie ; il a changé volontairement sa manière : cet effort lui a coûté ; il a peiné, travaillé, persisté, et le labeur a fini par développer ses dispositions naturelles, et c’est ainsi qu’il s’est assimilé le style descriptif, où il a, d’ailleurs, excellé.
∾ Nous touchons au secret, à la grande habileté du sage : c’est parce qu’il ne veut qu’une seule chose, qu’il finit toujours par l’obtenir.
Dans les scènes qui vont suivre, on retrouvera des situations, la plupart connues, toujours faciles à combiner, et par ces moyens simples il obtiendra une attache croissante, il finira par atteindre au pathétique déchirant. […] Quant au vicaire (curate), il est admirable et touchant de vérité naïve : sa science dans les classiques grecs ; sa pauvreté, la maladie de sa femme ; ses quatre filles si belles et si pieuses, ses cinq fils qui s’affligent avec lui ; ce mémoire de marchand, entre deux feuillets, qui le vient troubler au milieu du livre grec qu’il commentait dans l’oubli de ses maux ; sa joie simple, triomphante, un matin qu’il a lu au réveil et qu’il annonce à sa famille qu’une société littéraire (il le tient de bonne source) se fonde enfin, pour publier les livres des auteurs pauvres ; toutes ces petites scènes successives composent un ensemble fini qui ne peut être que de Wilkie ou de Crabbe. […] S’il y perd quelque chose en confection, en fini, il y gagne en aisance, en largeur d’ensemble, et le petit détail, même quand il s’y livre, n’a jamais chez lui le prenez-y garde de la miniature.
Au sortir donc des gorges et des rampes étroites où nous avons gravi longtemps, où nous avons fini par triompher et nous acquérir quelque nom, nous nous trouvons, grâce à notre succès même, portés sur le plateau, dans la plaine ; il s’agit de faire bonne figure au soleil et devant tous dans cette nouvelle position, et de tenir décemment la campagne. […] Les beaux-arts et la poésie, dans toute une partie essentielle, sont et doivent être des industries singulières et par un coin secrètes, des initiations, à certains égards, d’esprits merveilleux, des savoir-faire dédaliens, où n’atteint pas le grand nombre, mais à quoi il finit par croire, sur la foi de son impression sans doute, mais de son impression dirigée et quelquefois créée par les critiques et connaisseurs. […] J’en finis avec ces chicanes qui ne portent, on le voit, que sur des détails très-secondaires dans le développement et l’œuvre si riche de M.
C’est cette même ville qui avait donné naissance à Sieyès, le grand métaphysicien de 89 ; venant après lui et sorti du même lieu, le chansonnier de l’Empire et de la Restauration semblait destiné à prouver qu’en France, même après 89, tout finit encore par des chansons. […] Pour les Bourbons, si on veut le prendre en un certain sens, tout a fini en effet par des chansons, mais ç’a été par celles de Béranger, non point par celles de Désaugiers. […] Quand il était au piano, il finissait volontiers, au bout d’un certain temps, par tomber dans la pure romance sentimentale ; mais dans l’habitude, et dès qu’il voyait des visages et des yeux humains, il souriait, il étincelait au premier choc, et la gaieté ne tarissait pas.
Voici quelques notes qui se rapportent au projet du premier chant et le caractérisent : « Il faut magnifiquement représenter la terre sous l’emblème métaphorique d’un grand animal qui vit, se meut et est sujet à des changements, des révolutions, des fièvres, des dérangements dans la circulation de son sang. » « Il faut finir le chant Ier par une magnifique description de toutes les espèces animales et végétales naissant ; et, au printemps, la terre prœgnans ; et, dans les chaleurs de l’été, toutes les espèces animales et végétales se livrant aux feux de l’amour et transmettant à leur postérité les semences de vie confiées à leurs entrailles. » Ce magnifique et fécond printemps, alors, dit-il, Que la terre est nubile et brûle d’être mère, devait être imité de celui de Virgile au livre II des Géorgiques : Tum Pater omnipotens, etc., etc., quand Jupiter De sa puissante épouse emplit les vastes flancs. […] Il disait encore dans ce même exquis sentiment de la diction poétique : « La huitième épigramme de Théocrite est belle (Épitaphe de Cléonice) ; elle finit ainsi : Malheureux Cléonice, sous le propre coucher des Pléiades, cum Pleiadibus, occidisti. […] A la fin de l’idylle intitulée la Liberté, entre le chevrier et le berger, on lit sur le manuscrit : Commencée le vendredi au soir 10, et finie le dimanche au soir 12 mars 1787.
Là finit le premier chant de ce poème pédestre. […] Cette jeune fille lui ressemblait, comme une sœur plus jeune à son frère : elle, aussi belle que lui, lui, moins éthéré qu’elle, tant ce visage était d’un enfant ; mais les yeux étaient d’un être qui a fini sa croissance. […] Finissons !
Qui est-ce qui osera dire, le doigt sur l’échelon : Ici finit le crime, là commence la vertu ; ce fourbe, au-dessous du chiffre convenu, est un fourbe ; au-dessus, c’est un Richelieu ou un Mazarin ; ce meurtrier, qui ne tue qu’un de ses semblables, est meurtrier ; ce souverain, qui a cent mille baïonnettes à sa suite et qui égorge une nation, est un honnête homme ? […] La moitié de l’humanité serait éternellement occupée à massacrer l’autre moitié ; et, ces moitiés de croyants se divisant de nouveau en sectes antipathiques, l’humanité tout entière finirait par être immolée au dernier croyant ! […] C’est ainsi que l’Europe, vaincue, attaquée, opprimée depuis Madrid jusqu’à Moscou par Napoléon, de 1806 à 1813, finit par s’allier tout entière contre la France, instrument de gloire dans la main d’un César français, par trouver son salut dans cette alliance de tous contre un, et par dicter deux fois la paix dans la capitale de la guerre.
L’air finissait et recommençait par cinq ou six petits soupirs, l’un triste, l’autre gai, de manière que cela semblait ne rien signifier du tout, et que cependant cela faisait rêver, pleurer et se taire comme à l’Adoration devant le Saint-Sacrement, le soir, après les litanies, à la chapelle de San-Stefano, dans notre montagne, quand l’orgue joue de contentement dans le vague de l’air. […] De temps en temps je m’arrêtais, l’espace d’un soupir seulement, pour écouter si l’air roulait bien entre les hautes murailles qui faisaient de la cour comme un abîme de rochers, et pour entendre si aucun autre bruit que celui de l’écho des notes ne trahissait une respiration d’homme au fond du silence ; puis, n’entendant rien que le vent de la nuit sifflant dans le gouffre, je menais l’air, de reprise en reprise, jusqu’au bout ; quand j’en fus arrivée à cette espèce de refrain en soupirs entrecoupés, gais et tristes, par quoi l’air finissait en laissant l’âme indécise entre la vie et la mort du cœur, je ralentis encore le mouvement de l’air et je jetai ces trois ou quatre soupirs de la zampogne, bien séparés par un long intervalle sous mes doigts, comme une fille à son balcon jette, une à une, tantôt une fleur blanche détachée de son bouquet, tantôt une fleur sombre, et qui se penche pour les voir descendre dans la rue et pour voir laquelle tombera la première sur la tête de son amoureux. […] CLXX Quand j’eus fini, je prêtai l’oreille une seconde fois ; mais le jour commençait à glisser du haut de la tour dans la cour obscure ; des bruits de portes de fer et de sourds verrous qui s’ouvraient intimidaient sans doute le prisonnier : il fit résonner seulement, du fond de sa loge grillée, un grand tumulte de chaînes froissées à dessein les unes contre les autres, comme pour me faire comprendre, ne pouvant me le dire : « Je suis Hyeronimo, je suis là et j’y suis dans les fers. » La zampogne avait servi d’intelligence entre nous.
Il arrive aussi que les caractères se déforment au courant de l’histoire, ou qu’un récit entamé d’enthousiasme avec une robuste allégresse se traîne péniblement après les premières étapes, sans que l’auteur, qui a marché au hasard, puisse naturellement ni continuer ni finir. […] L’art est analogue à l’observation : un art flou, souple, insinuant, enveloppant surtout, où l’expression à chaque instant diffuse ou entortillée finit par donner le sentiment des plus fines nuances. […] Par malheur le gendarme est là, et l’homme supérieur finit parfois sur l’échafaud, comme Julien Sorel, le héros de Rouge et Noir, un caractère d’une autre envergure que tous les ambitieux de Balzac, à qui il n’a manqué qu’un peu de chance pour faire agenouiller devant lui la société qui le condamne.
Taine lui attribue finirait par être inconcevable. […] Je crois, pour ma part, à la bonne foi d’une femme qui ne craint pas de nous faire cet aveu : « Je finis par souffrir de mes espérances trompées, de mes affections déçues, des erreurs de quelques-uns de mes calculs. » Cette confession ne me semble pas d’une âme vulgaire, et j’en tire des conclusions absolument opposées à celles du prince Napoléon Mais, dira-t-on, si elle avait sur l’empereur l’opinion qu’elle nous a livrée, elle n’avait qu’à s’en aller, et même elle le devait. […] Si leur voluptueuse oisiveté finit par les lasser, c’est précisément encore parce qu’ils sont hommes, et qu’à ce titre Faustus se sent tourmenté par la curiosité.
Sous la Coupole, l’intrigue régente tout, mais du moins ouvertement, et avec une logique qui finit par désarmer. […] Ils finiront par se manger les uns les autres. Ils finiront par dégoûter le public au point que la bande mentionnant sur un livre le prix obtenu fera fuir les acheteurs.
Il y a d’ailleurs de frappantes analogies entre les deux époques de grandes choses qui finissent, la religion et la société politique dans l’empire romain, le catholicisme du moyen âge, et la féodalité dans la France du xvie siècle ; de grands bouleversements, des révolutions, le règne de la force, qui détache les esprits méditatifs d’une société où personne n’a protection, et les ramène sur eux-mêmes ; le même doute aux deux époques par des causes différentes ; dans Rome en décadence, parce que les vieilles croyances y sont éteintes et laissent l’homme en proie à lui-même ; dans la France du seizième siècle, parce qu’on est placé entre d’anciennes formes qui disparaissent et un avenir qu’on ignore. […] Ce sont de ces livres qui commencent et finissent à toutes les pages ; on le rouvrira dix fois au même feuillet sans le trouver ni moins nouveau, ni moins inattendu. Il y a des gens qui ont toujours lu Montaigne, et qui ne l’ont jamais fini.
Bientôt la composition de Tristan fut commencée ; le premier acte était fini à la fin de l’année ; le silence magique de Venise l’inspirait lors de l’achèvement du second acte, et il finissait le troisième l’été de 1859 à Lucerne, lui-même souffrant de nouveau de toutes les tristesses de la vie. […] Schiller traduisit des pièces françaises, Gœthe, comme intendant du théâtre de Weimar, se montra incapable de susciter un développement du théâtre allemand, et finit par laisser aller les choses leur vieux train.
Lamoureux, commencera le 15 avril et finira le 1er juin. […] Fini le doux exil au bon réel nouveau ; le chant d’angoisse qui l’a interrompu est seulement plus cruel. […] Il finit sa carrière en Belgique.
L’acte devrait finir par cette brûlante et chaste explosion ; la scène qui suit la refroidit gratuitement. […] Il y a au moins deux pièces dans Maître Guérin, et ces pièces ne suivent pas une ligne parallèle ; quand l’une a fini, l’autre commence ; les personnages se relayent. […] Hippolyte, ayant arrêté ses coursiers qui ont fini par reconnaître que le Monstre était en carton, viendrait galamment comprend la vertu de Phèdre.
Espinas, d’ailleurs, finit par reconnaître que l’évolution, ici, suppose un finalisme immanent ; mais, avec Spencer, il considère ce finalisme comme une simple « expression » du mécanisme, et il le rattache, en dernière analyse, à la loi de « la persistance de la force ». […] La répétition de cette opération chirurgicale pendant des siècles a fini par la fixer dans les organes, si bien que la seule perception des faces ventrales de la chenille entraîne la détente et le coup d’aiguillon. […] Grâce à notre faculté spontanée de motivation, toutes nos impulsions tendent à s’intellectualiser, à se formuler elles-mêmes en jugements, comme la chaleur qui finit par se projeter en lumière.
On cause de la malle des papiers du prince Napoléon, qui a été saisie… * * * — C’est peut-être dommage, que nous n’ayons pas pu finir notre œuvre historique, comme nous pensions le faire, par une histoire psychologique de Napoléon, par une espèce de monographie de son cerveau. […] Je serais cependant bien heureux de finir mon roman commencé… Après que la mort me prenne, quand elle voudra, j’en ai assez de la vie. […] Aujourd’hui, il ne frétille pas ce bout de nez, et répète ce que la voix morne du romancier formule sur le ton de : « Frère, il faut mourir », à propos de la vente de nos livres futurs : « Les grandes ventes… nos grandes ventes sont finies !
Chez les anciens, la pièce commençait dès le prologue : chez les Anglais, elle ne commence que quand le prologue est fini ; c’est pour cela qu’au théâtre anglais, la toile ne se lève qu’après le prologue, au lieu qu’au théâtre des anciens ; elle devait se lever auparavant. […] Dans la poésie dramatique, il signifiait, chez les anciens, ce qu’un des principaux acteurs adressait aux spectateurs lorsque la pièce était finie, et qui contenait ordinairement quelques réflexions relatives à cette même pièce et au rôle qu’y avait joué cet acteur. […] On peut compter, parmi les manières de manquer au dialogue, un usage vicieux, familier à plusieurs poètes, et surtout à Thomas Corneille : c’est de ne point finir sa phrase, sa période, et de se laisser interrompre, surtout quand le personnage qui interrompt est subalterne et manque aux bienséances en coupant la parole à son supérieur.
* * * Il y a une loi littéraire qu’il finira par être bon d’imposer. […] J’ai soif à n’y plus tenir, Mais il faut d’abord finir La soupe au fromage. […] « Il bégayait de façon à rendre son langage incompréhensible ; ce vice de parole, manifesté seulement en matière de contrats, avait fini par être traité de feinte. […] Encore une observation et je finis. […] Cependant la bataille n’est pas finie, elle n’est que commencée.
Le père Caffaro n’était pas de force à répliquer au nom de Molière, à un grand évêque tel que Bossuet, et la dispute, finit faute de combattant qui fût digne de répondre à ce rude docteur. […] que toute cette grandeur devait finir. […] Il s’en est fallu de bien peu que madame Menjaud ne tînt sa place parmi les grandes comédiennes ; mais ce peu… là, c’est l’abîme à franchir ; ce peu là, ce moins que rien qui pourrait dire où cela commence, où cela finit ? […] Il n’a imité ni l’ingénieux, ni le fini, ni le noble d’aucun auteur ancien ou moderne ; il comprenait que chaque époque a sa finesse, son génie et sa noblesse qui lui sont propres. […] Il faut cultiver, croyez-moi, ces esprits ingénieux et féconds, ils sont d’un grand profit à la critique, et bientôt elle finit par y découvrir toutes sortes d’aspects inattendus.
Les Romains ont commencé et ont fini par être alexandrins. […] Et ainsi finit la « Denise » de M. […] J’en fus pendant un an, et c’est là que commença entre Sarcey et moi une amitié qui ne devait finir… qui ne devait pas finir à sa mort. […] Mais le moment d’après c’était fini, comme si ce n’eût jamais existé. […] Il finit par être un jeu de l’esprit avec lui-même.
C’est un procédé analogue au doute méthodique de Descartes et qui finit par se résoudre en une affirmation. […] On pensait en avoir fini avec la race d’Obermann et de René. […] … » Et plus loin : « Quel bon ouf je pousserai quand ce sera fini, et que je ne suis pas près de peindre encore des bourgeois ! […] C’en est fini aussi de l’exaltation spiritualiste qui avait accompagné, en l’avivant, la ferveur poétique des jours de flamme. […] La folie homicide monte et grandit dans ce Macbeth terroriste qui finit par se donner l’horrible plaisir de contempler des exécutions d’enfants.
Le catholicisme, réduit aux pratiques extérieures et aux tracasseries cléricales, vient de finir ; le protestantisme, arrêté dans les tâtonnements ou égaré dans les sectes, n’a pas encore pris l’empire ; la religion disciplinaire est défaite, et la religion morale n’est pas encore faite ; l’homme a cessé d’écouter les prescriptions du clergé, et n’a pas encore épelé la loi de la conscience. […] L’âge imbécile qui vient de finir demeure enfoui sous le dédain avec ses radotages de versificateurs et ses manuels de cuistres, et parmi les libres opinions qui arrivent de l’antiquité, de l’Italie, de la France et de l’Espagne ; chacun peut choisir à sa guise, sans subir une contrainte ou reconnaître un ascendant. […] Une sorte de loi martiale, implantée par la conquête dans les matières civiles ; est entrée de là dans les matières ecclésiastiques21, et le régime économique lui-même a fini par s’y trouver asservi. […] Le sentiment de la nécessité écrasante et de la ruine inévitable par laquelle tout croule et finit. […] » — Puis des épées, du poison, des fusils, des cordes, des aciers envenimés — se présentent à moi pour que j’en finisse avec moi-même. — Il y a longtemps que je me serais tué — si le plaisir délicieux n’avait pas vaincu le profond désespoir. — N’ai-je pas évoqué l’aveugle Homère pour me chanter — les amours de Pâris et la mort d’Œnone ?
Elle devait finir par se rendre, mais elle ne voulait pas se rendre sans défense. […] J’achève heureusement : il me falloit finir ; Aussi bien nos auteurs commencent à venir92 . […] Il donnait une édition de ses ouvrages où toutes les lignes finissent par un mot entier, afin qu’aucune hésitation des yeux ne trouble l’attention du lecteur et ne compromette l’effet du discours. […] Deux sujets peu dignes de lui, et qui prouvent que les vraies sources de l’inspiration étaient taries et que son rôle était fini. […] Il manqua à ce sage la sagesse la plus rare, celle de savoir finir à propos.
A cette condition seulement on finit par s’accommoder au fluide dans ce qu’il a d’inconsistant. […] Mais toutes trois finiront par tirer profit de la rencontre. […] Mais, précisément parce que toutes se trouvaient placées au même rang, toutes finissaient par y être entachées de la même relativité. […] Tel, un homme qui conserverait ses forces mais les consacrerait de moins en moins à des actes, et finirait par les employer tout entières à faire respirer ses poumons et palpiter son cœur. […] Mais l’élan est fini, et il a été donné une fois pour toutes.
Mais pour que cet état d’esprit soit fécond, pour qu’il soit capable de finir par se détruire lui-même, et par se satisfaire en se détruisant, il faut qu’il soit actif. […] Le protestantisme dirigerait, inspirerait une révolution locale et finirait du reste par mettre la révolution, même triomphante, sous la main d’un pouvoir temporel local. […] En 1801 il est bien vrai que le xviiie siècle, je ne dis pas est fini, mais tourne une borne de son stade. […] Les initiateurs disparaissaient dans leur gloire et récompensés par le souvenir qu’ils laissaient dans le monde au moment juste où leur rôle était fini et leur fécondité d’initiation épuisée. […] Profondément optimiste, ce qu’il croit, en bon sens quotidien, c’est que tout finira bien par s’arranger sans qu’on ait rien de précieux ni de cher à sacrifier.
Né à Bordeaux, d’une famille illustre et opulente, d’abord célèbre comme avocat et comme poète, Paulin, durant un séjour de quelques années qu’il fit eu Espagne, arriva aux idées religieuses et y fut confirmé par les conseils de son épouse, Therasia, sainte personne avec laquelle il finit par vivre comme avec une sœur. […] Ce sont des textes tels quels, en gros, qu’ils reproduisent, qu’ils finissent par comprendre à force d’en copier, mais dans l’examen desquels ils n’apportent aucune vue philologique subtile et fine, ou supérieure. […] Dans son culte exclusif pour la langue romane du Midi, il ne put la croire sans règles et sans lois : il finit par les découvrir ; il les aurait plutôt, sans cela, inventées. […] La manière d’écrire et de composer de Fauriel lui a nui ; il cherchait toujours et il n’en finissait jamais.
Je tins la gageure, et nous voilà partis au trot de nos chevaux, moi désirant beaucoup me prouver ici encore, qu’à force d’appliquer son esprit à un sujet, on peut finir tôt ou tard par le bien connaître. […] Involontairement mes yeux suivaient leurs mouvements ; mais, croyant reconnaître en eux un profond désir de faire de moi leur confident et leur ami, je me relâchai peu à peu de ma défiance, et finis par mettre de côté tout soupçon. […] Le souper fini, le feu fut complètement éteint, et l’on plaça une petite lumière de pommes de pin dans une calebasse qu’on avait creusée. […] Voyons, faisons en gros le compte des oiseaux qui pouvaient être ainsi logés dans cet arbre : l’espace vide commençant à partir de la pile de plumes et de dépouilles pour finir à l’entrée supérieure de la cavité ne présentait pas moins de 25 pieds en hauteur sur 15 de large, en supposant à l’arbre 5 pieds de diamètre, ce qui donnerait 375 pieds carrés de surface.
Après la mort de Goethe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Goethe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération, le 3 décembre 1854. […] Il y a une parenté étroite entre cet empire qu’il avait sur lui-même et la puissance de réflexion qui le maintenait toujours maître du sujet qu’il traitait en écrivant, et qui lui permettait de donner à ses œuvres ce fini dans la forme que nous admirons. […] Cependant dix heures avaient sonné, la soirée était finie, soirée pour moi on ne peut plus agréable. […] Lorsque j’eus fini de lire, Goethe revint vers moi : — Eh bien !
Le fond de ces romans, ce sont les aventures de quelque amant en quête de sa dame, que lui disputent mille difficultés et mille ennemis, et qu’il finit par retrouver après beaucoup d’incidents romanesques. […] Ici finit la part de Guillaume de Lorris. […] Charles d’Orléans est le dernier poëte de la société féodale ; Villon est le poëte de la vraie nation, laquelle commence sur les ruines de la féodalité qui finit. […] Ainsi le jeu-parti du Croisé et duDécroisé : l’un fait l’éloge, et l’autre la critique des croisades ; le premier finit par décider le second à se croiser.
On peut dire de l’oraison funèbre qu’elle commence et finit avec Bossuet. […] L’impuissance même du prédicateur à contenter notre raisonnement ajoute à cette épouvante ; voilà notre cœur touché d’une inquiétude qui ne doit pas finir, et si la foi nous manque, nous avons du moins ce doute mêlé d’humilité, qui ne s’opiniâtre point et qu’accompagne le sincère désir de croire. On n’en a pas fini avec les beautés de ces sermons, quand on a admiré la doctrine et la morale dont Bossuet élève les maximes à la hauteur des dogmes. […] Le fini donnera autre chose, mais ne remplacera pas la naïve beauté de ce premier travail.
Il perdait son rythme pour se mouler sur celui de la phrase musicale, et, comme la rime le gênait encore dans ce travail d’assimilation, il finissait par s’anéantir dans une prose chantante qui n’était plus qu’une mélodie continue. […] Si l’on voulait pousser dans le détail la comparaison, on pourrait observer que les cathédrales mettent plusieurs siècles à s’achever ; que, commencées dans un style, elles sont fréquemment finies dans un autre ; qu’elles sont de grandes œuvres collectives où ont collaboré beaucoup d’architectes inconnus ; que dans leurs statues, leurs bas-reliefs, leurs vitraux, elles sont la vivante image des croyances du temps ; mais que d’ailleurs elles laissent libre carrière à la fantaisie des artistes et admettent la satire et la parodie, fût-ce celle du clergé. […] Tel d’entre eux se continue pendant plus de cent ans et change de nature sur la route ; il commence par la gaieté, par la joie de vivre, et finit par l’amertume et la raillerie mordante. […] § 4. — Nous en aurions fini avec la liaison des phénomènes littéraires et des phénomènes artistiques, s’il n’existait des arts dits inférieurs, qui ne méritent pourtant pas d’être dédaignés, parce qu’ils contribuent, eux aussi, au charme de la vie ; j’entends ceux qui prennent à tâche de meubler et de décorer les habitations, de dessiner les jardins et les parcs, de parer la personne humaine, et à cela il convient d’ajouter les jeux, fêtes et divertissements qui aident l’homme à jouir de ses loisirs.
Nous promenant à travers ce fouillis de nature, le bohème nous mène, tout en bas du jardin, à la ligne des beaux arbres qui le finissaient dans leur grande ombre… Ici sera une guinguette, un bouchon pour les dimanches et les lundis des parties de campagne, et où la canaille, abhorrée de Gavarni, viendra sous le portique toujours vert, où il promenait sa haute rêverie, arroser de bleu des tripes à la mode de Caen, dans des berceaux qu’arrondit devant nous, un marchand de vin basque. […] — nous accorde quelques descriptions faites avec les nerfs assez bien, et finit en nous disant que la fin n’a pas d’intérêt pour lui, parce qu’il a lu Sainte Thérèse. […] Lui, il a entendu sans faiblesse la lecture de son arrêt, et, la lecture finie, il saute d’un bond sur le banc au-dessus, et de là, se retournant vers l’endroit des cris, et touchant son cœur, il envoie d’un geste violent, suprême, un dernier baiser à celle qui a crié. […] … Moi aussi, depuis quelque temps, avec les choses qui se passent en politique, je me sens dans un état nerveux… » Et la scène finit dans la douceur d’un silence ému, où se retrempe et se resserre l’amitié.
Dans l’exécution de son œuvre Tolstoï réalise, à rencontre de tous les romanciers idéalistes, l’une des principales lois de toute vitalité et de toute vivification : il a su reconnaître et montrer d’instinct qu’un être ne peut être décrit dans les limites bornées d’une série cohérente et dramatique d’incidents, d’une, action que la multiplicité des faits physiques et psychiques dont il est le centre déborde, que l’homme est du plus au moins toujours un microcosme complet, divers, désuni, d’une infinie variété ; qu’ainsi le roman, s’il veut être l’image et contenir tout l’intérêt et l’importance de la vie, doit être complexe, nombreux et diffus comme elle ; construite sur cette intuition profonde, l’œuvre perdra en fini, en concentration artificielle d’effet, en unité factice des caractères ; mais elle pourra se hausser à la variété frémissante et nuancée des vrais faits et des vraies âmes, au point de déployer la même richesse de contrastes et subtils développements, que la nature où les individus ne sont en définitive que des centres réflecteurs sous un angle défini de toutes choses, des particules essentiellement participantes. Ces angles mêmes varient et ces particules changent passant peu à peu ou subitement par de nouveaux ordres de réactions qui finissent de nouer l’enchevêtrement de chacun à tout le monde. […] Les êtres passent et repassent ; ils vivent, changent, déploient peu à peu la trajectoire de leur carrière et de leur nature ; entre le dehors et leur dedans s’établit ce jeu d’actions et de réactions d’atteintes et de résistances qu’est la vie ; le lecteur assiste à l’essor graduel et au déclin de leur nature ; et si magistral est l’art avec lequel la diversité des phases altère et ménage la permanence indélébile des individus, ils sont À chaque tournant du récit montrés autres et mêmes avec une si incontestable évidence de réalité, que ce cours de variations de carrières diverses, d’âmes changeantes de visages nouveaux, d’événements successifs, finit d’entraîner mystérieusement le lecteur dans leur muet tourbillon d’apparences et d’ombres. […] C’est en eux qu’a commencé et fini son existence utile.
L’échelle de Jacob était un beau rêve aussi, mais on n’y montait qu’endormi ; et de plus, à l’échelle de Jacob, il manquait malheureusement un échelon : c’est celui qui montait du fini à l’infini. […] IV Mais, si nous ne croyons pas le moins du monde à un progrès continu, illimité et indéfini pour une créature si précaire, si limitée et si finie que l’homme ici-bas, nous ne croyons pas davantage à ces décadences irrémédiables, à ces ténèbres croissantes, à cet épuisement organique de l’esprit humain avant le temps. […] Ce monde, qui a commencé lui-même, finira, parce qu’il a commencé ; mais personne ne connaît ni sa vieillesse dans le passé, ni sa longévité dans l’avenir, excepté celui qui compte d’avance le nombre des révolutions de soleil dans les cieux, et le nombre des pulsations du pouls dans l’artère de l’homme. […] Elle avait fini par s’évader de Rome avec la tolérance tacite du pape ; elle avait voyagé en Espagne, en France, en Allemagne.
Dans la Divine Comédie, au contraire, il n’y a, comme on voit, ni unité de personnages, ni unité d’action ; c’est une succession d’épisodes sans rapport les uns avec les autres, où l’intérêt se noue et se brise à chaque nouvelle apparition de personnages devant l’esprit, et où cet intérêt, sans cesse noué, sans cesse brisé, finit par se perdre dans la multiplicité même de personnages, et par donner au lecteur l’éblouissement d’une foule. […] » Ainsi finit, par une grotesque ascension plus digne de Gulliver que de Virgile, le poème de l’Enfer du Dante ; poème dont les conceptions sont au-dessous des Mille et une Nuits arabes, mais dont le style (aux cynismes près) est la plus robuste nudité de poésie qui ait jamais manifesté la force des muscles intellectuels sur les membres d’un Hercule de la pensée ! […] » Ainsi finit le trentième chant du Purgatoire. […] Mais déjà l’amour, qui donne le mouvement au soleil et aux étoiles, tournait mon désir et mon velle (ma volonté) comme une roue qui circule sous une impulsion universelle. » XXVI Et ainsi finit par ce dernier vers le triple poème, comme le rêve d’un théologien qui s’est endormi dans un cloître aux fumées de l’encens et aux chants du chœur, et à qui son imagination représente en songe les images incohérentes des tableaux de sacristie qu’il regardait sur les murailles en s’endormant.
Mais elle est tellement énorme que l’homme finit par se résorber dans son immensité. […] Ils ne s’apercevaient donc pas, ces hommes, que la réalité commence au point précis où finit l’artifice littéraire et qu’il faut absolument sortir de l’atmosphère factice des Cénacles si l’on veut offrir à l’art une pâture digne de lui ? […] Cette nature enfin qu’ils ont tant célébrée comme leur unique modèle, ils ont fini par nous en inspirer l’horreur et le dégoût. […] Regardons plutôt autour de nous, voyons ce que l’Anglo-Germain a fait de l’Europe depuis qu’il s’est emparé de l’hégémonie, pendant le dernier tiers du siècle qui vient de finir.
On a dit et lui-même a fini par signer Mézeray tout court. […] L’auteur se forme sensiblement à mesure qu’il les écrit : la fin du tome premier, à partir de Philippe le Bel et surtout de Charles V et Charles VI, devient fort nourrie et fort pleine ; le second volume, qui commence à Charles VII et qui finit avec Charles IX, est constamment soutenu ; le troisième, qui comprend le seul règne de Henri III et celui de Henri IV jusqu’à la paix de Vervins, est excellent.
Comme il ne croit pas que son souverain, l’empereur Joseph, soit en mesure de la commencer assez vite, il demande à être provisoirement au service de la Russie : « Après avoir fait quelques sottises dans ma vie, dit-il à ce propos, j’ai fini par faire une bêtise. » Le voilà donc sans rôle défini, en qualité de militaire à moitié diplomate, et d’officier général à demi conseiller et très peu écouté, côte à côte avec le prince Potemkine, qui le caresse et le joue : « Je suis confiant, moi, je crois toujours qu’on m’aime. » On assiège Otchakov ; Potemkine n’est rien moins que militaire, et il veut le paraître. […] Après l’avoir vengée sur les points essentiels, il finit, dans un sentiment chevaleresque et qui rappelle celui de Burke, par mettre sa royale mémoire sous la protection des jeunes militaires français qui ne l’ont point connue et qui, venus depuis, sont purs envers elle d’ingratituded : « Au moins, écrivait le prince de Ligne vers la date d’Austerlitz et d’Iéna, que ceux qui s’acquièrent tant de gloire sous les drapeaux de leur empereur, plaignent cette malheureuse princesse qu’ils auraient bien servie… » Ce sont là des alliances d’idées et de sentiments qui honorent.
D’ailleurs, nous n’avons pas toujours été riches, nous finirons comme nous avons commencé, en vivant de notre travail… » Quelques années après, ayant à parler, lors de la réception de M. […] Enfin, ce qui est inappréciable selon moi, c’est que votre sujet est complet et fini comme s’il s’agissait de l’empire des Assyriens ; qu’il n’y a rien à ajouter à votre ouvrage, et que vous avez pu le terminer par la mort de la république comme on termine une tragédie par l’assassinat ou par l’empoisonnement du héros.
C’est un approfondissement, un arrangement, une suite d’opérations, soit pour remonter aux principes, soit pour tirer les conséquences », Couper court, en finir, retrancher tout ce qui n’est pas essentiel, éviter un semblant d’exactitude éblouissante qui nuit au nécessaire par le superflu, c’est là le conseil qui revient sans cesse et qui ne s’applique pas moins aux choses de ce monde qu’à celles de Dieu. […] Abandonnez-vous donc à la simplicité et à la folie de la croix. » Les lettres de Fénelon au duc de Chevreuse finirent par être plutôt de conseil moral et d’affaires intimes que de direction ; mais, au commencement, le caractère de lettres spirituelles y est assez marqué.
m’a dit hier que l’Assemblée pourrait bien finir vers le mois de janvier. […] S’il avait vécu à Paris, sa plume élégante et qui cherchait des sujets où s’employer, eût peut-être aspiré à l’histoire, l’histoire écrite en beau style et traitée comme on l’entendait alors : « Je me serais hasardé à composer une histoire de quelqu’un de nos rois. » Mais vivant en province, loin des secours et des riches dépôts, il finit par s’accommoder très bien de cet obstacle à un plus grand travail, et sauf quelques heures d’étude facile dans le cabinet, il passa une bonne partie de sa vie à l’ombre dans son jardin, au jeu, aux agréables propos et en légères collations.
Qu’il me soit donc permis, Seigneur, de finir ici en le félicitant de votre protection divine, et en lui disant à lui-même ce qu’un de vos prophètes dit à un prince bien moins digne d’un tel souhait : « Rex, in aeternum vive ! […] Le roi l’a fait entrer chez Mme de Maintenon, où il lui a fait rendre compte du siège de Mayence ; il paraît que le roi est content du compte qu’il lui a rendu. » Le baron d’Asfeld se défend avec bien plus d’opiniâtreté et avec gloire dans Bonn, qu’il finit par rendre également.
On voit quel rôle jouait en ce temps-là l’envie, « ce vice lâche en soi, et néanmoins assez connu parmi les hommes », qui fait que « souvent on se fâche plus du bien et des honneurs que le compagnon possède que de ce qu’on n’en jouit pas soi-même », vice d’autrefois et qui semble presque supprimé aujourd’hui, tant nos beaux esprits et nos éloquents parleurs se sont fait une loi et une habitude (à laquelle ils ont peut-être fini par croire) de complimenter à outrance, d’encenser en plein nez la nature humaine. […] La ruine de ceux de la religion n’est pas si prochaine qu’elle ne donne aux mécontents loisir de former des partis… Songez que vous avez moissonné tout ce que les promesses mêlées de menaces vous pouvaient acquérir, et que ce qui reste combat pour la religion qu’il croit… Il finit en refusant de se prêter à aucune conclusion particulière et qui le sépare de l’intérêt général.
Cette dernière nouvelle et celle de la prise de Privas, avec les rigueurs qui y furent exercées sur les vaincus, commencèrent seulement à lui abaisser les cornes, dit Richelieu ; et alors, prévoyant le terme prochain de la lutte, il déploya toutes ses ressources et ses expédients, il redoubla d’activité et multiplia les belles escarmouches pour finir au moins décemment, pour être compté jusqu’au bout et obtenir le plus de garanties qu’il pourrait à la généralité du parti. […] Nous ne pourrions qu’être fastidieux en insistant longuement sur les détails de cette triste affaire, si brillamment commencée et si mal finie, et en essayant de chercher le fil de ce labyrinthe dans lequel se voyait plongé sans ressource le duc de Rohan.
On aurait bien voulu s’y persuader que, du coup, la Révolution était finie. « Je suis sûre, nous dit Mme Elliott, que si le duc d’Orléans avait supposé que la Révolution pût durer plus de six mois, il ne l’aurait jamais désirée. » Mme Elliott, vers ce temps et peu après, pendant les journées de septembre, était dans d’affreuses transes. […] et de lui avoir annoncé comment tout cela finirait.
Jamais homme ne fut plus pressé d’en finir. […] En entrant à mon tour dans la chambre d’où sortait le prélat, en m’asseyant sur la chaise de paille où l’avait fait asseoir M. de Lamennais, je m’aperçus que celui-ci était très-agité ; il ne me laissa pas même commencer : « Mon cher ami, me dit-il sans plus de préambule, il est temps que tout cela finisse ; je vous ai prié de venir.
Après l’apothéose, après les gémonies, Pour le vorace oubli marqués du même sceau, Multitudes sans voix, vains noms, races finies, Feuilles du noble chêne ou de l’humble arbrisseau ; Vous dont nul n’a connu les mornes agonies, Vous qui brûliez d’un feu sacré dès le berceau, Lâches, saints et héros, brutes, mâles génies, Ajoutés au fumier des siècles par monceau ; Ô lugubres troupeaux des morts, je vous envie, Si quand l’immense espace est en proie à la vie, Léguant votre misère à de vils héritiers, Vous goûtez à jamais, hôtes d’un noir mystère, L’irrévocable paix inconnue à la terre, Et si la grande nuit vous garde tout entiers ! […] … » L’effusion n’en finit pas là : elle se prolonge en mille suppositions, mais la note est donnée ; je m’arrête.
Ainsi finit cette scène à Pau, mais elle eut du retentissement à la Cour ; car l’ayant mandé à M. le chancelier, il en fit rire le roi ; mais en même temps il y eut un ordre expédié, portant que M. de Cazaux viendrait rendre compte.au roi de ses actions. » Nous ne pouvons que faire comme Louis XIV, et, tout en blâmant le sieur de Gazaux, rire aussi de sa facétie gasconne et de cette riposte à brûle-pourpoint au coup de pistolet à bout portant de l’évêque. […] Et voilà comment se conduisait et comment finissait gaiement cette boutade de guerre, cette visite à main armée avec ou sans violons, une algarade !
Je fais grâce de l’horrible et acharnée description, à laquelle il ne manque ni les songes et les hallucinations des affamés moribonds, ni aucun des symptômes pathologiques rigoureusement observés en pareil cas, ni, au moral, les hideuses révélations de tendresse qui se déclarent à l’heure suprême entre les Hercule et les Hylas de ces bandes dépravées : de fait, après une pareille extermination, complétée par l’irruption et le choc des éléphants numides, la guerre est finie ; on a le bouquet. […] Prud’homme, finit et se renverse, et où les instincts se gâtent et se dépravent.
Cependant vous avez eu le temps de remarquer que les chœurs mollissent et que les voix de femmes surtout manquent de vigueur dans l’attaque, qu’un trombone a émis un son d’une justesse douteuse ; et, la messe finie, vous sortez en vous demandant comment il se fait que les chœurs français soient si inférieurs à ceux de l’Allemagne et en regrettant vivement qu’une musique aussi belle ne soit pas rendue avec toute la perfection désirable. […] Les grands souvenirs d’entreprises glorieuses qui se rattachent aux époques libres où régnaient des Assemblées souveraines, tiennent aux hommes supérieurs enfantés par ces époques, et en qui le plus souvent la liberté a fini par se personnifier et quelquefois se perdre ; ceux qui l’ont concentrée et absorbée en eux sont les mêmes qui l’ont conduite.
Vous (c’est à Rousseau qu’il parlait), vous achèverez de haïr tous les hommes, et lui (Diderot), finira de les aimer. […] Le gouvernement devient odieux et finira par la tyrannie.
Il avait même fini par pousser si loin l’horreur de la prose, qu’il n’écrivait plus ses rares petits billets, toujours fort courts, à ses amis, qu’au crayon et dans un caractère à peine visible, de peur sans doute quelles lignes qu’il risquait ainsi ne vinssent à être lues un jour et à le compromettre. […] Une fois qu’elle a dit son mot, elle a fini ; elle n’a plus qu’à se taire.
Il paraît bien que Louvois pensa un moment à se retourner en faveur de la Hollande, qu’il avait tant combattue et qui avait fini par forcer son estime. […] Par mesure de prudence, les magistrats avaient eu soin de laisser sans poudre les canons du rempart, afin d’ôter aux mauvaises têtes, s’il y en avait, le moyen de commencer un jeu qui aurait mal fini pour la population tout entière.
La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné. […] Homme obscur, ignoré dans la république des lettres ; jeté, par cette force invisible qui maîtrise nos destinées, dans les agitations d’une vie errante et toujours malheureuse ; appelé, par un concours de circonstances extraordinaires, à des emplois redoutables, où le moment de la réflexion était sans cesse absorbé par la nécessité d’agir ; remplissant encore aujourd’hui des fonctions administratives, bien plus par l’amour de la justice et l’instinct du devoir que par la connaissance approfondie des principes sur lesquels nos grands maîtres ont établi l’art si difficile de l’administration publique ; demeuré, par une captivité longue et douloureuse, presque entièrement étranger aux nouveaux progrès que des savants recommandables ont fait faire à la science, mon premier devoir, Citoyens, est de faire ici l’aveu public de mon insuffisance, et de vous déclarer que tout ce que je puis offrir à cette Société respectable est l’hommage sincère, mais sans doute impuissant, de ma bonne volonté… » Et se voyant amené, par l’ordre des idées qu’il développait dans ce discours, à parler de la Révolution française, explosion et couronnement du xviiie siècle, de « cette Révolution à jamais étonnante qui, déplaçant tout, renversant tout, après des essais pénibles, souvent infructueux, quelquefois opposés, avait fini par tout remettre à sa véritable place », il s’écriait, cette fois avec le plein sentiment de son sujet et avec une véritable éloquence : « La Révolution !
Ainsi la monarchie de Louis XIV, d’abord admirée pour l’apparente et fastueuse régularité qu’y afficha le monarque et que célébra Voltaire, puis trahie dans son infirmité réelle par les Mémoires de Dangeau, de la princesse Palatine, et rapetissée à dessein par Lemontey, nous reparaît chez Saint-Simon vaste, encombrée et flottante, dans une confusion qui n’est pas sans grandeur et sans beauté, avec tous les rouages de plus en plus inutiles de l’antique constitution abolie, avec tout ce que l’habitude conserve de formes et de mouvements, même après que l’esprit et le sens des choses ont disparu ; déjà sujette au bon plaisir despotique, mais mal disciplinée encore à l’étiquette suprême qui finira par triompher. […] Il avait fini évidemment par y voir surtout un cadre commode à pensées, à sentiments, à causerie ; le petit drame qui en fait le fond n’y est plus toujours l’essentiel comme auparavant ; la moralité de quatrain y vient au bout par un reste d’habitude ; mais la fable, plus libre en son cours, tourne et dérive, tantôt à l’élégie et à l’idylle, tantôt à l’épître et au conte : c’est une anecdote, une conversation, une lecture, élevées à la poésie, un mélange d’aveux charmants, de douce philosophie et de plainte rêveuse.
C’est alors qu’un soir, après avoir assez mal dîné à Covent-Garden, dans Hood’s tavern, comme il était de trop bonne heure pour se présenter en aucune société, il se mit, au milieu du fracas, à écrire, dans une prose forte et simple, tout ce qui se passait en son âme : qu’il s’ennuyait, qu’il souffrait, et d’une souffrance pleine d’amertume et d’humiliation ; que la solitude, si chère aux malheureux, est pour eux un grand mal encore plus qu’un grand plaisir ; car ils s’y exaspèrent, ils y ruminent leur fiel, ou, s’ils finissent par se résigner, c’est découragement et faiblesse, c’est impuissance d’en appeler des injustes institutions humaines à la sainte nature primitive ; c’est, en un mot, à la façon des morts qui s’accoutument à porter la pierre de leur tombe, parce qu’ils ne peuvent la soulever ;— que cette fatale résignation rend dur, farouche, sourd aux consolations des amis, et qu’il prie le Ciel de l’en préserver. […] — puis, revenu à terre et rentré dans la vie réelle, qu’il eût buriné en traits d’une empreinte ineffaçable ces grands qui l’écrasaient et croyaient l’honorer de leurs insolentes faveurs ; et, cela fait, l’heure de sortir arrivée, qu’il eût fini par son coup d’œil d’espoir vers l’avenir, et son forsan et hæc olim ?
finiront peut-être par s’y acclimater. […] Molé, où rien n’est hors d’œuvre, me rappelle à cette séance de tout à l’heure, qui avait commencé par être des plus belles et qui a fini par être des plus intéressantes.
Après un tableau complet et très honnête de « fièvre cérébrale » il s’éternise en la description non moins étendue d’une pleurésie ; « nous promène pendant trois ou quatre septénaires, au bout desquels l’affection passe de l’état aigu à l’état chronique, et finit par conduire la malade au tombeau. […] À force de vouloir trop prouver, l’auteur finit par ne rien prouver du tout, si ce n’est sa parfaite incompétence en clinique mentale.
. — Leurs tendances à nommer finissent par coïncider avec les nôtres. — Acquisition du langage. — Différence de l’intelligence humaine et de l’intelligence animale. […] Cela signifie simplement qu’une certaine tendance correspondante à ces deux caractères, et à ces deux caractères seulement, a fini par se dégager en moi et dominer seule.
Et dehors, dans les jardins, des jeunes filles vêtues de mousseline chantent des choeurs, comme dans l’île d’Utopie ou dans les Atlantides ; puis les danses commencent, lascives, furieuses, qui finissent vers l’aube par la fête universelle de la chair… Mettez toutes ces impressions ensemble, et d’autres encore, indéfinissables, que j’oublie, et vous comprendrez qu’il n’y a rien de plus sensuel, de plus languissant, de plus mélancolique que le Mariage de Loti. […] Une nuit de calme sur la mer équatoriale lui donne cette impression qu’aux premiers âges, « avant que le jour fût séparé des ténèbres, les choses devaient avoir de ces tranquillités d’attente ; les repos entre les créations devaient avoir de ces immobilités inexprimables. » La mer d’Islande a pour lui « des aspects de non-vie, de monde fini ou pas encore créé ».
Tandis que la plupart des hommes supérieurs, soit fatigue, soit défiance mélancolique dans les vues de l’esprit si souvent démenties, finissent par le détail, le fait, et s’éteignent dans les timides plaisirs de l’érudition, c’est le temps pour Buffon de l’invention, des affirmations hardies, de la foi dans l’esprit, de la passion pour cette recherche des causes où Virgile rêvait le bonheur du sage. […] Substituez au mot écrire le mot agir, et voilà l’explication de bien des conduites embarrassées, d’actions qui finissent mal pour avoir été commencées sans décision.
Et jamais les écoliers n’avaient fait montre de scrupules si précoces, ni de telles susceptibilités maladives : Ô la leçon qui n’est pas sue, Le devoir qui n’est pas fini, Une réprimande reçue ! […] Lebègue, sorte de mystagogue, nourri à l’école de Plotin, qui nous entraînait, éperdus à sa suite, au milieu d’un vol d’anges, dans son ascension au septième ciel et nous la finissions avec Gabriel Séailles, positiviste, qui nous reculbutait sur terre et nous montrait le bonheur dans l’édification de la Salente socialiste.
Au-delà, il est vrai, était le monde des anges avec ses éternelles splendeurs ; mais, là encore, quelles étroites limites, quelles conceptions finies ! […] Il faut bien se figurer que ce qui est surpasse infiniment en beauté tout ce qu’on peut concevoir, que l’utopiste qui se met à créer de fantaisie le meilleur monde n’imagine qu’enfantillage auprès de la réalité, que, quand la science positive semble ne révéler que petitesse et fini, c’est qu’elle n’est pas arrivée à son résultat définitif.
L’évolution est finie, et l’inquiétude. […] Suzanne déjà, par sa perversité naïve et par la conversion finale, est un livre deux fois catholique : une diabolique qui finit bien.
Ainsi, deux personnes que l’on a la barbarie de joindre malgré la disproportion de leur âge ou de leur penchant, ne, sont jamais véritablement unies, et il s’établit entre elles un combat qui ne finit qu’avec leurs jours. […] Mais ce qu’il savait être surtout dans ces leçons, c’était un improvisateur animé, intéressant, pittoresque, anatomiste avec feu devant les gens du monde, décrivant les appareils des sens d’une manière visible, les développant de l’expression et du geste, poursuivant du doigt dans l’espace les moindres filets nerveux, les fibres les plus ténues, déroulant à n’en pas finir des considérations peu précises, peu concluantes, mais ingénieuses souvent et déliées comme leurs objets.
Dès que le charme est fini, que devient l’opéra d’Armide, qu’un débris de palais détruit, une triste senteur de lampes qui s’éteignent ? […] Quant à son caractère, on peut lui appliquer ce qu’il a dit de l’un de ceux qu’il juge : « Il était, comme la plupart des autres hommes, composé de qualités contraires : paresseux, voluptueux, nonchalant et ami du repos, mais sensé, courageux, ferme et capable d’agir quand il le fallait. » Pourtant, avec un esprit de première qualité, un sens excellent et un brillant courage, la paresse finit par prendre chez lui le dessus et par l’emporter absolument.
Cette consultation finie, la reine avait fait son choix ; il ne s’agissait plus que de s’assurer du cardinal. […] Il était temps qu’il finît, pour le roi comme pour la reine.
La Convention expirante, et tout à la veille de finir (car elle finit le 4 brumaire), avait lancé in extremis un décret de moribond en colère, un de ces codicilles testamentaires ab irato que les Assemblées conventionnelles finissantes ne sont pas fâchées de léguer à leurs héritiers pour les entraver et les empêcher de vivre, de se développer plus librement qu’elles n’ont pu faire elles-mêmes.
Qu’on lise les huit articles qu’il a publiés dans le Journal des savants (août 1851-avril 1852), et qui ne sont pas finis ; les deux articles qu’il a publiés dans la Revue des deux mondes (1er août 1851 et 15 mai 1852) : c’est une peinture toujours nouvelle, toujours recommençante, et ne craignant pas même de se recopier (il n’y a pas de redites en amour)16, de cette personne « aux grâces immortelles », et à qui il ne reconnaît plus de défauts. […] Villemain, voulant critiquer les traductions des candidats par son exemple, s’avisa de donner des échantillons de la vraie manière, selon lui, de traduire le grand lyrique grec ; on assure que ces échantillons, en se multipliant, ont fini par se rejoindre, et que Pindare est traduit désormais.
Plus d’une fois il s’élève ; le sentiment de la réalité et la vivacité de son affection humaine lui suggèrent une sorte de poésie : Je dois bientôt quitter celle scène, écrivait-il à Washington (5 mars 1780) ; mais vous pouvez vivre assez pour voir notre pays fleurir, comme il ne manquera pas de le faire d’une manière étonnante et rapide lorsqu’une fois la guerre sera finie : semblable à un champ de jeune blé de Turquie qu’un beau temps trop prolongé et trop de soleil avaient desséché et décoloré, et qui dans ce faible état, assailli d’un ouragan tout chargé de pluie, de grêle et de tonnerre, semblait menacé d’une entière destruction ; cependant, l’orage venant à passer, il recouvre sa fraîche verdure, se relève avec une vigueur nouvelle, et réjouit les yeux, non seulement de son possesseur, mais de tout voyageur qui le regarde en passant. […] En envoyant ce portrait à ses amis d’Amérique, il faisait remarquer, par manière d’excuse, ce caractère propre à la nation française, de pousser l’éloge à l’extrême, tellement que la louange ordinaire, toute simple, devient presque une censure, et que la louange extrême finit, à son tour, par devenir insignifiante.
c’est La Fontaine », cette postérité y réfléchit un moment, et elle finit par répondre : C’est vrai. […] Ce Phèdre que d’habiles gens ne veulent nullement reconnaître pour être du siècle d’Auguste, mais qui est classique du moins par son exacte pratique du genre conçu dans toute sa simplicité et son élégance, est un auteur qu’il est permis de ne pas rouvrir quand on a une fois fini sa quatrième.
Si cette passion finit par s’exprimer comme la haine, en ses derniers jours, c’est que la haine n’était que la fureur de l’amour de toute sa vie méprisé. […] Et voilà le vice, car c’est plus qu’un défaut On aurait dû, en effet, finir la publication des Œuvres complètes par les Mémoires.
De même, dans Grandeur et servitude militaires, on sent bien qu’il y a là quelque part, sous l’œuvre magnifique et touchante et déchirante, et qui finit par être si divinement résignée, oui ! […] Je suis résigné à tous les maux et je vous bénis à la fin de chaque jour lorsqu’il s’est passé sans malheur. — Je n’espère rien de ce monde et je vous rends grâce de m’avoir donné la puissance du travail, qui fait que je puis oublier entièrement en lui mon ignorance éternelle. » IX Le cri est-il assez aigu d’abord, et finit-il par s’étouffer assez sous la pression d’étau de l’implacable cavalier de marbre ?
… Est-il possible que tout cela soit fini, et que vous soyez mort ? […] Moi qui suis le plus vieux, j’ai du mal à mourir… Voilà, voilà… À présent, c’est fini… Je suis heureux que ce soit fini, car j’avais tout le monde sur le cœur. […] Ils aiment, depuis la première page jusqu’à la dernière, et lorsqu’ils ont fini d’aimer dans un livre, ils recommencent dans un autre. […] Aujourd’hui les critiques ont fini de lutter. […] C’est ainsi que finissent, en général, les grandes passions publiques.
Veux-tu être mère pour remplir le monde, comme si sans toi il dût finir ? […] Il oublie d’abord qu’il est très difficile de dire où commence et où finit la littérature. […] Ce n’est pas que… Mais il faut bien en finir, n’est-ce pas ? […] Xantippe se fâche et finit par l’accabler d’injures : — Vagabond ! […] nous n’avions pas fini de nous attendrir sur ce petit Fortunio, qui est un bien autre amoureux !
Il va d’un primitif qui n’a jamais commencé à un définitif qui ne finira jamais. […] Cette servitude ne finira jamais. […] Gustave Le Bon contre l’Université, qu’il connaît assez mal, finit bien un peu par agacer. […] Cette théorie finit par s’imposer. […] Mais on finit par être fatigué de la promenade à pied.
Fini le doux exil au bon réel du rêve. […] On l’a dit souvent, et peut-être lui-même a-t-il fini par le croire. […] Mais je n’en finirais pas, si je voulais énumérer les incidents de la vie de M. […] Et, de fait, il semble bien qu’on en ait fini avec l’excentricité. […] » On m’avait dit cela si souvent que j’avais fini par le croire.
« Ils couraient après la clientèle. » Aussi les étudiants finirent-ils par se fâcher. […] Il leur faut finir leur leçon au gré des étudiants. […] On ne peut dire où finit l’imitation, où commence l’originalité ; ce qu’il y a de sûr, c’est que dans l’imitation éclot l’originalité. […] Le théâtre du moyen âge finit, et le théâtre moderne commence : il ne passe rien du premier dans le second. […] Lenient commence à Regnard et finit aux vaudevilles qui célèbrent le 18 brumaire : où est l’unité là-dedans ?
Au seizième siècle, l’élément gaulois, prêt à disparaître, s’en donnait avant d’en finir ; le joyeux cynisme de ce temps-là précédait l’hypocrisie de la période suivante. […] On finit pourtant par être forcé d’y reconnaître un vrai sérieux. […] Ou, pour me servir, si l’on veut, d’une image plus classique, ces vêtements d’emprunt ne finissent-ils pas comme la tunique du centaure ? […] Il s’était bien promis de finir de la sorte ; nous avons vu comment il avait fait son compte de mourir chrétien. […] L’on vit assez pour finir, à leur égard, par la compassion.
Nous ne finirons pas sans recommander la jolie édition in-18, ornée de gravures et de cartes géographiques, que publie en ce moment le libraire Gosselin.
Il a fini par faire avec le leur un contraste absolu.
Nous désirons conserver une alliance qui est encore populaire chez nous, — et qui finira sans doute par nous rapporter quelque chose.
XIX Il se pourrait que la publicité, après avoir longtemps nourri le journal, finît par le dévorer.
La ligue des bons esprits de la terre entière contre le fanatisme et la superstition est en apparence le fait d’une imperceptible minorité ; au fond, c’est la seule ligue durable, car elle repose sur la vérité, et elle finira par l’emporter, après que les fables rivales se seront épuisées en des séries séculaires d’impuissantes convulsions.
On leur prête libéralement des initiatives dont ils n’eurent pas le mérite ; on finit même par se les figurer comme planant dans le vide.
Il y a des larmes, des chagrins naturels, des gaîtés affectées, des bouderies ; enfin, ma chère, tout finit.
Il n’est pas de ces poètes privilégiés qui peuvent mourir ou s’interrompre avant d’avoir fini, sans péril pour leur mémoire ; il n’est pas de ceux qui restent grands, même sans avoir complété leur ouvrage, heureux hommes dont on peut dire ce que Virgile disait de Carthage ébauchée : Pendent opera interupta, minæque Murorum ingentes !
Il a repris ses travaux de prédilection, avant même d’en avoir tout-à-fait fini avec les petits adversaires politiques qui sont venus le distraire il y a deux mois.
Ce qui surprendra davantage, c’est que, dans un endroit où il se déchaîne le plus contre les jésuites, il finit par dire : Moi Gaspard Scioppius, déjà sur le bord de ma tombe, & prêt à paroître devant le tribunal de Jésus-Christ, pour lui rendre compte de mes œuvres, ai écrit tout cela.
D’où l’on voit que la loi de tout finir a quelque restriction.
On lui donne de l’esprit ; rien ne le presse de finir un ouvrage.
Je ne parle pas de celle qui dit son rosaire, qui fait de sa cour un couvent, et qui n’est pourtant pas une petite femme ; mais de celle qui donne des lois à son pays qui n’en avait point ; qui appelle autour d’elle les sciences et les arts, qui fonde les établissemens les plus utiles, qui a su se faire considérer dans toutes les cours de l’Europe, contenir les unes, dominer les autres, qui finira par amener le polonais fanatique à la tolérance ; qui aurait pu ouvrir la porte de son empire à cinquante mille polonais, et qui a mieux aimé avoir cinquante mille sujets en Pologne ; car vous le savez tout aussi bien que moi, mon ami, ces dissidens persécutés deviendront persécuteurs, lorsqu’ils seront les plus forts, et n’en seront pas moins alors protégés par les russes.
C’est, sans nous attrister réellement, que la piece de Racine fait couler des larmes de nos yeux : l’affliction n’est, pour ainsi dire, que sur la superficie de notre coeur, et nous sentons bien que nos pleurs finiront avec la répresentation de la fiction ingenieuse qui les fait couler.
Je finis le sujet de Ronsard en faisant une remarque.
Eh bien, est-ce fini ?
Il a fini par la folie ; il la sentait venir, il l’a décrite horriblement ; il en a goûté par avance la nausée et la lie ; il la portait sur son visage tragique, dans ses yeux terribles et hagards. […] — Non madame, c’est une vue trop triste, — et puis il est engagé demain soir. — Milady Club trouverait mauvais — s’il manquait à son quadrille. — Il aimait le doyen (j’ouvre les cœurs), — mais les meilleurs amis, comme on dit, doivent se séparer. — Son heure était venue, il avait fini sa carrière, — j’espère qu’il est dans un monde meilleur… » — Le pauvre Pope sera triste un mois, et Gay — une semaine, et Arbuthnot un jour996 Tel est l’inventaire des amitiés humaines. […] Chez les uns la sensualité effrénée, chez les autres la gaieté malicieuse sont des excuses ; on éprouve du scandale, mais non du dégoût ; on n’aime point à voir dans un homme une fureur de taureau ou une polissonnerie de singe, mais le taureau est si ardent et si fort, le singe si spirituel et si leste, que l’on finit par regarder ou s’égayer. […] Ses frères, traités en valets, finissent par s’enfuir ; ils rouvrent le testament, et recommencent à comprendre la volonté de leur père ; Martin, l’anglican, pour réduire son habit à la simplicité primitive, découd point par point les galons ajustés dans les temps d’erreur, et garde même quelques broderies par bon sens, plutôt que de déchirer l’étoffe. […] Et il finit par cette ironie de cannibale : Je déclare dans la sincérité de mon cœur que je n’ai pas le moindre intérêt personnel à l’accomplissement de cette œuvre salutaire, n’ayant d’autre motif que le bien public de mon pays.
S’il s’agit d’êtres, comme dans les propositions de choses, tout son effort est de joindre un fait à un fait, pour rapprocher la somme finie des propriétés connues de la somme infinie des propriétés à connaître. […] J’en sais autant en le commençant qu’après l’avoir fini. […] Il y a dans votre idée de la connaissance une lacune qui, incessamment ajoutée à elle-même, finit par creuser ce gouffre de hasard du fond duquel, selon lui, les choses naissent, et ce gouffre d’ignorance au bord duquel, selon lui, notre science doit s’arrêter. […] Mill l’a confondue avec les expériences ; il n’a pas distingué la preuve et les matériaux de la preuve, la loi abstraite et le nombre fini ou indéfini de ses applications. […] J’expulse des deux groupes qui les contiennent toutes les circonstances adjacentes ; je démêle le couple dans l’entourage qui l’offusque ; je détache, par une série de comparaisons et d’expériences, tous les accidents parasites qui se sont collés à lui, et je finis ainsi par le mettre à nu.
Les humanités polythéistes et mythologues, ayant, même dans l’ordre de la divinité, excellemment, éminemment le sens du parfait, du fini, de la limite, l’avaient en particulier dans l’ordre de l’humanité ; a jouter ai-je que ces humanités étaient généralement intelligentes, et qu’elles ne vivaient point sur des contrariétés intérieures sans les avoir enregistrées ; dans ces humanités l’homme était reconnu limité aux limites humaines ; et l’historien demeurait un homme. […] Les humanités déistes et particulièrement chrétiennes, ces singulières humanités, qui ne nous paraissent ordinaires et communes que parce que nous y sommes habitués, ces singulières humanités, où l’homme occupe envers Dieu une si singulière situation de grandeur et de misère, si audacieuse au fond, et si surhumaine, — l’homme fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, — et Dieu fait homme, — avaient séparément le sens du parfait et de l’imparfait, du fini et de l’infini, du relatif et de l’absolu ; elles connaissaient donc les limitations de l’humanité ; ajouterai-je que généralement ces humanités étaient à la fois intelligentes et profondes, et que la constatation même des contrariétés intérieures, de la grandeur et de la misère, faisait peut-être le principal objet de leurs méditations ; dans ces humanités l’homme était reconnu créature et limité aux limites humaines ; l’historien demeurait un homme. […] Il ne faut pas trop se hasarder en conjectures, mais enfin c’est parce qu’il y a une France, ce me semble, qu’il y a eu un La Fontaine et des Français. » Mon Dieu oui ; seulement il y a une France pour tout le monde, la France luit pour tout le monde, et tous les Français, s’ils seront toujours français, ne sont pas La Fontaine ; je n’insiste pas sur toutes ces difficultés, sur toutes ces contrariétés ; je m’en tiens pour aujourd’hui à la forme même du connaissement ; la méthode ne se révèle pas dans toutes les œuvres modernes partout avec une aussi haute audace ; elle ne fait pas dans toutes les œuvres modernes partout l’objet d’une aussi manifeste déclaration que dans cet éminent La Fontaine ; elle est ailleurs plus ou moins dissimulée, plus ou moins implicite ; mais c’est essentiellement, éminemment, la méthode historique moderne, obtenue par le transport, par le transfert direct, en bloc, des méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire ; l’auteur, en bon compagnon, commence par faire son tour de France ; il ferait son tour du monde, s’il était meilleur compagnon ; et quand il a fini son tour du pays, il commence l’autre tour, afin de ne point tomber par mégarde au cœur de son sujet, il commence le tour le plus cher à tout historien bien né, le tour des livres et des bibliothèques ; avec ce tour commencera le paragraphe deux. […] « Quelle opposition entre notre littérature du douzième siècle et celle des nations voisines. » J’arrête ici pour aujourd’hui la citation ; la méthode est bien ce que nous avons dit ; elle est doublement ce que nous avons dit ; quand par malheur l’historien parvient enfin aux frontières de son sujet, à peine réchappé de l’indéfinité, de l’infinité du circuit antérieur, il se hâte, pour parer ce coup du sort, de se jeter dans une autre indéfinité, dans une autre infinité, celle du sujet même ; à peine réchappé d’avoir absorbé une première indéfinité, une première infinité, celle du circuit, celle du parcours, et de tous ces travaux d’approche, qui avaient pour principal objet de n’approcher point, il invente, il imagine, il trouve, il feint une indéfinité nouvelle, une infinité nouvelle, celle du sujet même ; il analyse, il découpe son sujet même en autant de tranches, en autant de parcelles que faire se pourra ; il y aura des coupes, des tranches longitudinales, des tranches latérales, des tranches verticales, des tranches horizontales, des tranches obliques ; il y en aurait davantage ; mais notre espace n’a malheureusement que trois dimensions ; et comme nos images de littérature sont calquées sur nos figures de géométrie, le nombre des combinaisons est assez restreint ; tout restreint qu’il soit, nous obtenons déjà d’assez beaux résultats ; nous étudierons séparément l’homme, l’artiste, le penseur, le rêveur, le géomètre, l’écrivain, le styliste, et j’en passe, dans la même personne, dans le même auteur ; cela fera autant de chapitres ; nous nous garderons surtout de nous occuper dans le même chapitre de l’art et de l’artiste ; cela ferait un chapitre de perdu ; et si d’aventure, de male aventure nous parvenons à parcourir toutes les indéfinités, toutes les infinités de détail de tous ces chapitres, de toutes ces sections, il nous reste une ressource suprême, un dernier moyen de nous rattraper ; ayant étudié séparément l’homme, l’écrivain, l’artiste, et ainsi de suite, nous étudierons les relations de l’homme et de l’écrivain, puis de l’artiste et de l’art, et du styliste, et ainsi de suite, d’abord deux par deux, puis trois par trois, et ainsi de suite ; étant données un certain nombre de sections, formant unités, les mêmes mathématiques nous apportent les formules, et nous savons combien de combinaisons de relation peuvent s’établir ; cela fera autant de chapitres nouveaux ; et quand nous aurons fini, si jamais nous finissons, le diable soit du bonhomme s’il peut seulement ramasser ses morceaux ; que de les rassembler, il ne faut point qu’il y songe ; l’auteur a fait un jeu de patience où nulle patience ne se retrouverait. […] La raison et le langage ne s’appliquent qu’au fini.
Pareillement Théagène et Chariclée, que Racine avait fini par savoir par cœur. […] Cet individu, qui vient d’en finir avec la vie, se nommait Beyle, sans avoir rien de commun que le nom avec le critique. […] Il finit par faire des livres. […] Ce lent suicide — elle finit par en mourir — est noté page par page, ligne par ligne. […] Elle roule, elle vagabonde, — et finit par échouer dans une maison de tolérance !
Et le conte finit par les noces de Norette. […] Le jeu finit quelquefois plus tragiquement. […] C’est fini, elle ne reviendra plus. […] Celle-ci ne comprend l’infini que comme la négation du fini. […] Car être c’est finir, et tout est mouvement, tout s’écoule et passe.
Paul Adam critique, finissent par m’accorder avec lui. […] L’invention du poète, dirait M. de la Palisse, commence où son imitation finit. Pareillement la critique de goût, la critique créatrice commencent où l’érudition finit. […] monsieur, observa doucement Villiers, si tout le monde faisait des marrons glacés, l’humanité finirait aussi ! […] Mais, dans la génération qui suit Sainte-Beuve, le roquet a fini par s’habituer au dogue.
Sans cesse il revient sur ce sujet, si bien qu’en son esprit l’art finit par s’identifier à la vie, par aspirer tout le réel. […] Le temps de la lumière blanche est fini. […] Or, l’œuvre d’art commence où les chiffres finissent. […] Les anciens avaient le sentiment du fini et rythmaient leurs temples selon les lois de l’harmonie. […] Le vers chez lui fait des pieds de nez au lecteur et, tout en se moquant de la rime, Verlaine finit par rejoindre Banville.
Nul sans doute ne peut dire ce qui sera, mais tout homme sensé peut être sûr au moins que ce qui est encore inconnu finira par se trouver acceptable. […] Le siècle d’Auguste ne fut qu’une continuation de celui de Périclès : l’art passant du service des dieux à celui des conquérants, commença de décliner, non pas quant au fini de l’exécution, mais quant à la conception de la beauté. […] Prenez ensuite les esquisses des dix élèves quand ils auront fini. […] À force d’exagérations burlesques, de rodomontades effrontées, il finira bien par attirer sur lui les regards, et de là à être célèbre, il n’y a qu’un pas. […] Les contes d’Hoffmann commencent ou finissent toujours un peu dans les nuages, ceux de M.
Aux années où il prêchait devant la Cour, il disait à quelqu’un qui lui parlait de ses sermons : « Quand on approche de cette avenue de Versailles, on sent un air amollissant. » Cet air avait fini par agir sur son éloquence même, et, prélat, il en avait aussi emporté quelque chose.
Lemercier a fini par la lecture d’une ode contre la dégradation de la morale publique et des beaux-arts.
Mais René ne s’en tient pas là ; il recommence précisément où Voltaire finit : il fait mentir l’observation morale positive : lui, il désirera surtout ce qu’il ignore.
L’avenir inquiète tellement les avares, qu’ils aiment à sacrifier le présent comme pourrait le faire la vertu la plus relevée : la personnalité de tels hommes va si loin, que l’avare finit par immoler lui à lui-même ; il s’aime tant demain, qu’il se prive de tout chaque jour pour embellir le jour suivant.
Le xviiie siècle, faussement classique, obéit à la lettre, méconnaissant l’esprit de la loi ; il outra la pruderie, et finit par soupçonner de trivialité tout ce qui gardait de la vérité.
c’est peut-être bien fini de rire sauf par ci par là, et dans des fêtes innocentes et confiantes comme celle-ci.
Et c’est pourquoi, non seulement certains hommes ne sont éloquents que parce qu’ils sont révolutionnaires ; mais on en cite qui, peut-être à leur insu, ne sont devenus révolutionnaires que parce qu’ils étaient nés éloquents ; qui, partis du criticisme un peu timide du centre gauche, ne se sont arrêtés que là où ils trouvaient l’emploi total de leur éloquence magnifique, violente et vague, et qui, menés par leur langue, dupes de leur propre séduction, ont sans doute fini par croire qu’ils remplissaient une mission, quand ils ne faisaient qu’accomplir une fonction naturelle et fatale.
La vie de Jésus, pour l’historien, finit avec son dernier soupir.
Rien n’endurcit comme le métier de criminaliste et de tortionnaire ; la cruauté du châtiment finit par entrer dans l’âme de l’exécuteur.
Venant de finir une ode, il courut la lire à Racan, excellent juge en cette matière, & d’ailleurs son ami.
À force de déclamer contre la superstition, on finira par ouvrir la voie à tous les crimes.
Puis, les moins perspicaces avaient fini par s’apercevoir du ridicule de cette soi-disant « Histoire Naturelle et Sociale d’une famille sous le Second Empire », de la fragilité du fil héréditaire, de l’enfantillage du fameux arbre généalogique, de l’ignorance médicale et scientifique profonde du Maître.
Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens.
Évidemment aussi cependant, il n’y a rien d’impossible à réaliser dans cette majestueuse et si simple utopie de l’histoire, et l’État moderne qui l’essayerait, même en laissant le flot méprisé de la libre histoire battre le pied de son monument, aurait du moins mis sous la garde d’une fonction, dont on descendrait en déméritant, le trésor de renseignements et de faits qu’il faut toujours remettre pur aux générations qui nous suivent, et arracherait la Nationalité, cette chose sacrée, aux mains humanitaires et cosmopolites des historiens de la Libre Pensée, qui si on les laisse faire, en auront fini avec cette chose sacrée, demain !
Sous les trois Césars qui suivent, les Romains d’abord indifférents pour la république, finissent par ignorer même ses intérêts, comme s’ils y étaient étrangers, incuriâ et ignorantiâ reipublicæ, tanquam alienæ .
Un jour viendra où nous serons tous bibliothécaires, et ce sera fini. […] Et il aura raison, car la vie finirait bientôt s’il dépendait de l’intelligence de la semer sur la terre. […] Benjamin, après dix mois de rugissements, finit en agneau. […] Il est vrai qu’il répond qu’ayant commencé comme finit M. Zola, il compte bien finir comme M.
La révolution de 1830 finissait ; un large pan du passé venait de crouler. […] Le drame fini, on a des souvenirs de témoin oculaire, une courbature de vie forcenée. […] Il finit la vieille histoire et inaugure la moderne. […] Il les aima pour elles-mêmes et finit par n’aimer qu’elles. […] En somme, et pour en finir, qu’est-ce que l’obscurité ?
La réflexion marche vers un but ; elle s’impatiente des retards et des détours ; elle veut arriver ; elle a hâte d’en finir. […] Ainsi nous avons passé de l’exercice actif de la pensée à une contemplation rêveuse, dans laquelle nous avons fini par perdre conscience de la réalité. […] Il y a d’ailleurs des degrés à l’infini dans l’abstraction ; on ne saurait dire exactement où elle commence et où elle finit. […] Il est malaisé de jouer parfaitement la comédie ; le plus habile simulateur finit toujours par laisser percer l’artifice. […] Ce qui achève de le prouver c’est que la pièce n’aboutit à aucune conclusion ; après quelques strophes de mise en train, elle atteint rapidement son maximum d’effet, et finit par épuisement.
Finit-il par s’en rapporter à Horace, qui le voulait simplement galant homme, plutôt qu’aux bavards intéressés qui le proclamaient un sage ? […] Quand le harangueur eut fini : — Qu’y a-t-il donc dans ce discours, dis-je à M. […] Je quitte donc la lice, pour ne pas finir, comme le vieux cheval d’Horace, par une chute qui donne à rire. […] Claude Bernard ne m’a donné aucune raison ni d’affirmer, ni de ne pas espérer qu’il finirait comme Descartes. […] La lecture finie, chacun tire de sa poche son porte-cigares et sa boîte d’allumettes.
Aussi bien Bossuet n’a pas peur de s’y méprendre, ni d’être dupe de toute cette grandeur : le chrétien sait que la chute n’est pas loin du triomphe ; il sait qu’il n’a qu’un moment à s’intéresser à l’histoire sitôt finie de ces sociétés, dont la vie ne paraît être qu’une course brillante vers la mort ; il sait que leur gloire même est pleine des causes de leur déclin et de leur ruine. […] Il fallait pourtant en finir. […] Mais Bossuet finit par entraîner tout. […] Louis XIV avait demandé à Rome l’examen des Maximes des saints ; il finit par en exiger la condamnation. […] Et pour en finir avec Bossuet, je cherche qui nous a fourni plus de lumières pour connaître le sens des grands changements qui devaient lui donner un démenti, et pour comprendre la forme nouvelle qu’il a plu à Dieu d’imprimer, après dix-huit siècles, à l’édifice de la société chrétienne.
En vivant ainsi et en parlant avec l’un ou avec l’autre, quelque âme charitable finira bien par me dire ce qui est advenu de Hyeronimo. Un malheur comme le sien (un guaï), cela doit faire bien du bruit dans le pays ; quand je saurai où on l’a jeté, soit dans les cachots, soit même dans les galères de Serra-Vezza, je finirai bien, par la grâce de Dieu, par me faire voir ou par me faire entendre de lui. […] Cet air coulait des lèvres et du hautbois comme l’eau coulait en cadence et en glouglous mélodieux de la source cachée au fond de la voûte de l’antre ; puis il s’épanchait, comme l’eau prisonnière, en murmures de paix et de contentement entre les roseaux ; puis il imitait, en finissant par cinq ou six petites notes décousues et argentines, le tintement des gouttes de rosée qui tombent par instants des feuilles mouillées par la cascatelle dans le bassin, et qui la font chanter aussi, on ne sait pas si c’est pour pleurer, on ne sait pas si c’est pour rire ; en sorte que, quand le couplet était fini, on entendait comme un écho moqueur ce petit refrain de notes insignifiantes, mais jolies à l’oreille ; elles avaient l’air de se moquer, ou du moins de badiner avec le motif tendre et religieux du couplet de la zampogne : c’étaient des Tyroliens passant en pèlerinage, pour aller à San Stefano des Camaldules, qui nous avaient donné, avec leurs ritournelles à perte de voix, l’idée de ce refrain vague et fou à la fin de notre air d’amour et de dévotion, près des cascades.
On voit, dans la suite de la vie de Michel-Ange, que ce tombeau, conçu, commencé, interrompu, repris, abandonné, presque achevé, jamais fini, fut l’œuvre capitale et favorite du grand artiste, le rêve, le réveil, l’espoir et le désespoir de sa vie, poëme de marbre dont les vicissitudes du sort déchiraient les pages à mesure qu’il les avait composées et qu’il s’efforçait de les réunir. […] On commence par le trouble, on arrive à l’enthousiasme, on finit par l’anéantissement. […] Il est temps que mon âme, arrivée au bord de l’autre rivage, saigne des blessures d’un autre amour et se consume d’un feu plus éternel. » Le vieillard, toujours entier de génie à quatre-vingt-dix ans, restait comme un débris vénéré des règnes des quatre Médicis à Florence et de sept règnes de pontifes à Rome, comme pour surveiller la construction de l’édifice de Saint-Pierre, qu’il était seul capable parmi les hommes d’avoir conçu et de voir finir.
Si « l’indifférence mystique » où l’on nous dit que Bézouchof et Tolstoï lui-même (pour un temps) finissent par se réfugier, présuppose la douleur et la compassion, l’ataraxie philosophique où aspire Flaubert les implique tout justement au même titre. […] Cela finit par former, autour de chacun de ses drames, une atmosphère qui lui est propre, et dont l’air de vérité des personnages est augmenté. […] On peut craindre que la caractéristique de nos esprits ne finisse par s’atténuer ; qu’à force d’être européen, notre génie ne devienne enfin moins français.
La connaissance, c’est l’infini versé dans un moule fini. […] Cet élément peut s’effacer dans les faits vulgaires de l’intelligence ; mais, comme il se trouve indubitablement dans les faits de l’âme exaltée, c’est une raison pour conclure qu’il se trouve en tous ses actes ; car ce qui est à un degré est à tous les autres ; et, d’ailleurs, l’infini se manifeste bien plus énergiquement dans les faits de l’humanité primitive, dans cette vie vague et sans conscience, dans cet état spontané, dans cet enthousiasme natif, dans ces temples et ces pyramides, que dans notre âge de réflexion finie et de vue analytique. […] L’humanité a toujours cru à quelque chose qui dépasse le fini ; ce quelque chose, il est convenable de l’appeler Dieu.
En admettant la thèse fondamentale du traité de la vraie Religion, le champ de bataille est restreint ; mais la bataille est loin d’être finie. […] Il trouvait tant de difficultés à les justifier, lui si exact en fait de citations, qu’il avait fini par admettre en principe que les deux Testaments, chacun de leur côté, sont infaillibles, mais que le Nouveau n’est pas infaillible quand il cite l’Ancien. […] L’œuvre de la logique était finie ; l’œuvre de l’honnêteté commençait.
Le monde finit à ses hautes murailles où les archers veillent sur les plates-formes. […] Quand l’armée eut fini ses actions de grâces, elle traversa cette voie glacée ; et ceux des nôtres qui purent passer, avant que le dieu lançât ses rayons, eurent la vie sauve. […] Après avoir dégradé Xerxès, bafoué sa démence, marqué sa lâcheté, exposé son âme, Eschyle finit par le noyer dans ses pleurs.
Il n’a le temps de rien finir de ce qu’il ose entreprendre, et c’est ce qui le plonge si souvent dans le découragement et la tristesse, parce qu’il est trop souvent porté à douter des vues de la Providence à son égard. […] Le Pymandre, livre assez peu intelligible, attribué à Mercure, mais qui paraît avoir été composé dans les premiers siècles de l’Église, c’est-à-dire à une époque où une foule de traditions graduellement défigurées et affaiblies finissaient, et où l’on cherchait à les faire revivre en les rattachant au christianisme ; ce livre, qui contient, quoi qu’il en soit, les éléments de la philosophie hermétique, fait de la pensée et de la parole une émanation directe de Dieu. […] Il aurait fini par rencontrer la vérité sur cette route s’il n’avait pas été abusé par une première erreur, qui a été le fondement des autres, l’erreur de croire à un état de nature qui aurait précédé la société.
Les livres qu’on publiait alors sont encore là pour l’attester, ainsi que les réputations bâties sur ce grossier pilotis qui finira par s’écrouler et se fondre au souffle du temps. […] Ce n’est pas même l’éclat d’un coloris et le fini d’une peinture qui rappelle les plus grands maîtres sur toiles de la Renaissance, et fait de ce livre quelque chose de plastique qui se sent aux yeux comme dans la pensée. […] L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur.