Faugère de faire cesser cet état de choses. […] Il est temps d’arriver à la question du fond, à la question capitale, à celle qu’une curiosité légitime n’a cessé de se faire durant tout ce débat, et qu’il est fâcheux sans doute d’avoir laissé s’enfler au gré de la curiosité frivole. […] On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté.
Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] C’est dans l’âge au-dessous de vingt ans que les meilleurs coups se ruent : c’est alors qu’il faut faire son emplette. » Il regrette le temps qu’il a perdu jeune à chasser les cailles et à hâter les vignerons (ce dut être pourtant un pauvre chasseur toujours et un compagnon peu rustique que Bayle, et il ne put guère jouir des champs que pendant la saison qu’il passa, affaibli de santé, aux bords de l’Ariége) ; il regrette même le temps qu’il a employé à étudier six ou sept heures par jour, parce qu’il n’observait aucun ordre, et qu’il étudiait sans cesse par anticipation. […] Cet esprit infatigable produit sans cesse, et, qualité grandement distinctive, il se montre abondant, prodigue et généreux, comme tous les génies.
Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle, ce n’est pas une loi438. » — « Il ne suffit pas que le peuple assemblé ait une fois fixé la constitution de l’État en donnant sa sanction à un corps de lois ; il faut encore qu’il y ait des assemblées fixes et périodiques que rien ne puisse abolir ni proroger, tellement qu’au jour marqué le peuple soit légitimement convoqué par la loi, sans qu’il soit besoin pour cela d’aucune autre convocation formelle… À l’instant que le peuple est ainsi assemblé, toute juridiction du gouvernement cesse, la puissance exécutive est suspendue », la société recommence, et les citoyens, rendus à leur indépendance primitive, refont à leur volonté, pour une période qu’ils fixent, le contrat provisoire qu’ils n’avaient conclu que pour une période fixée. « L’ouverture de ces assemblées qui n’ont pour objet que le maintien du traité social doit toujours se faire par deux propositions qu’on ne puisse jamais supprimer et qui passent séparément par les suffrages : la première, s’il plaît au souverain de conserver la présente forme de gouvernement ; la seconde, s’il plaît au peuple d’en laisser l’administration à ceux qui en sont actuellement chargés. […] » En d’autres termes, vous cessez d’être père, mais, en échange, vous devenez inspecteur des écoles ; l’un vaut l’autre ; de quoi vous plaignez-vous ? […] Je cesse d’être propriétaire, père, chrétien, philosophe.
Or Boileau est éminemment artiste, il faut sans cesse le redire : pour lui, l’art, sans lequel il n’y a pas de chefs-d’œuvre effectifs et complets, l’art implique et suppose tous les dons naturels qu’il met en œuvre. […] Et ainsi le plaisir même que donne la poésie, cette chose toute mobile et tout individuelle, le plaisir devient quelque chose de constant et de général : il est raisonnable, sans cesser d’être un plaisir. […] L’imitation n’est donc, en somme, pour Boileau, qu’un moyen de faire plus vrai ; et, quand il propose sans cesse les anciens pour modèles, il ne perd pas pour cela le droit d’écrire : Que la nature donc soit votre étude unique.
Abailart, Jean de Salisbury, André le Chapelain, Guillaume de Saint-Amour : ses livres de chevet, où il puise sans cesse des idées, des sujets et des cadres de développement, sont la Consolation de Boèce, le De planctu naluræ du scolastique Alain de Lille, l’Art d’aimer et les Métamorphoses d’Ovide. […] A la mort qui tend sans cesse à l’éteindre, elle oppose la génération qui tend sans cesse à l’accroître, et sa perpétuité se fonde sur l’équilibre des deux forces en conflit.
La promenade connue cesse au pénétrant, enveloppant Londres, définitif. […] Le spéculateur, qui convoque le peuple à témoigner de son industrie sur le terrain commun, cesse d’être un de tous et acquitte un droit. […] À nul égard, le génie ne peut cesser d’être exceptionnel, altitude de fronton inopinée dont dépasse l’angle ; cependant, il ne projette, comme partout ailleurs, d’espaces vagues ou à l’abandon, entretenant au contraire une ordonnance et presque un remplissage admirable d’édicules moindres, colonnades, fontaines, statues — spirituels — pour produire, dans un ensemble, quelque palais ininterrompu et ouvert à la royauté de chacun, d’où naît le goût des patries : lequel en le double cas, hésitera, avec délice, devant une rivalité d’architectures comparables et sublimes.
Rousseau et de Buffon des beautés de bon aloi ; il a marqué la limite où la peinture des choses visibles cesse d’être un art pour devenir un procédé. […] A quel âge cesse-t-on d’être « tourmenté et comme possédé par le démon de son cœur ? […] Des chrétiens comme des anciens que fit la vogue du Génie du Christianisme, plus d’un a cessé de l’être ; et je sais qu’en pareil cas ceux qui secouent le charme font plus de pas en arrière qu’ils n’en avaient fait en avant.
Des générations jeunes et vives et parfois des races nouvelles viennent sans cesse lui donner de la sève, et d’ailleurs ce mal, par sa nature même, ne saurait durer plus de quelques années comme mal social. […] Semblables aux estomacs usés qui se dégoûtent vite et pour lesquels il faut tenter sans cesse de nouvelles combinaisons culinaires, ils attachent tout leur intérêt à la succession des manières qui toutes les dix années se supplantent les unes les autres. […] « Quand il croit avoir avancé quelque chose d’exagéré, dit Gœthe en parlant d’Albert, de trop général ou de douteux, il ne cesse de limiter, de modifier, d’ajouter ou de retrancher jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de sa proposition. » Plusieurs fausseront sans doute ma pensée, parce que je n’ai pas suivi cette sotte manière-là.
Si, continuant le rôle de Législateur, je faisois afficher au coin des rues cette maxime : Un Monarque qui cesse d’être le Berger de son Peuple, en devient l’ennemi ; l’obéissance à un tel Prince est un crime de haute trahison au premier chef contre l’humanité L’Astique tolérat Pag. 105. […] Les deux Prophetes dont j’ai parlé, n’auroient-ils donc pas eu raison de dire qu’il se seroit une révolution étonnante dans les esprits ; que la folie seroit réputée raison ; qu’on appelleroit tolérance l’intolérance la plus décidée ; que les ames, pour vouloir cesser d’être chrétiennes, pratiqueroient les préceptes les plus pénibles de l’Evangile ; qu’elles répondroient aux injures par des louanges, au mépris par l’estime, à la dureté par la douceur, à la sottise par l’admiration, à l’ incompréhensibilité par une humble soumission ? […] Si je n’ai pas cédé aux clameurs de mes ennemis, qui ne défendoient que les principes & les défauts contre lesquels j’ai dû m’élever sans cesse, j’ai senti combien il étoit doux pour moi de déférer aux critiques justes & honnêtes de quelques amis, qui n’ont voulu que m’éclairer & m’encourager.
Bayle, que nos Philosophes regardent comme l’honneur de la raison humaine ; Bayle, dont les Ouvrages ont alimenté les froids raisonnemens de nos Discoureurs irréligieux ; Bayle, cet exemple si frappant de l’inconséquence humaine, par les contradictions où il se précipite sans cesse : comment appeloit-il cette raison qu’on croit humiliée par sa soumission à la Foi religieuse ? […] Oui, c’est principalement dans l’adversité que la Religion manifeste tout à la fois, & la supériorité de ses vûes, & les ressources de ses consolations ; par elle seule, les maux cessent d’être ce qu’ils sont ; par elle seule, souffrir est un moindre mal, que de goûter les douceurs de la vie au préjudice de sa conscience & de ses devoirs ; par elle seule, l’Homme, élevé au dessus de lui-même, se dérobe en quelque sorte aux mauvais traitemens, à la persécution, à l’iniquité, pour se reposer, sous ses auspices, dans un centre de bonheur & de paix, au dessus de tous les revers. […] Qu’ils cessent enfin d’être ce qu’ils sont, & la Religion qu’ils déchirent, deviendra le préservatif de leurs doutes, le spécifique de leurs erreurs, le frein de leurs passions, la matiere de leur culte, l’objet de leur amour, & la source de leur bonheur.
Le même don qui suscite en lui une vision originale et nouvelle le contraint à appliquer sans cesse cette vision unique : comme si le pouvoir d’innover, d’échapper à l’imitation des formes passées, supposait une force si excessive que, s’étant une fois manifestée chez un être, elle dût, par la suite, le dominer toujours. […] Il cesse de répondre à la fiction par la fiction et le rêve d’Emma se brise au contact de cette réalité qu’elle a imprudemment suscitée. […] Tandis que, dans La Tentation, le délire du saint évoque la cohorte des religions et des métaphysiques se réfutant les unes les autres par le seul fait de leur confrontation, l’enthousiasme intellectuel de Bouvard et de Pécuchet qui les porte à tout apprendre, à s’élancer sans cesse dans toutes les directions de l’esprit, prête à une revue encyclopédique de toutes les philosophies et de toutes les sciences.
J’avais beau déplacer ou étendre le criterium, il était toujours en retard sur l’homme universel, et courait sans cesse après le beau multiforme et versicolore, qui se meut dans les spirales infinies de la vie. Condamné sans cesse à l’humiliation d’une conversion nouvelle, j’ai pris un grand parti. […] David, il est vrai, ne cessa jamais d’être héroïque, l’inflexible David, le révélateur despote.
N’est-ce pas de quoi faire pitié, ce désir légitime de savoir qui n’est pas satisfait, ce besoin de culture populaire sans cesse renaissant et sans cesse trompé, ce champ immense et fertile où l’on ne jette que des graines folles ? […] Nos pères, enseignés par le christianisme, avaient un sens plus profond de l’égalité, dont nous parlons sans cesse, mais à laquelle nous avons tant de peine à souscrire.
Ce n’est plus ici quelque ressemblance inévitable, quelque rencontre accidentelle de génie, que nous chercherons entre le Psalmiste et le poëte de Dircé : c’est une élévation de nature à part, c’est quelque chose d’inimitable, que nous opposons d’un côté pour attester ce qui manque de l’autre : « Ma voix monte vers Dieu, et je m’écrie sans cesse. […] Et plus tard, et toujours, quand la Bible devient la principale nourriture des âmes, combien ce langage, approprié sans cesse par la passion aux hommes qui s’en servaient, n’eut-il pas de pouvoir sur l’esprit et la volonté ! […] C’est peut-être le plus beau chant de la lyre hébraïque : « Comment a cessé l’oppresseur et s’est arrêtée la main qui arrachait l’or ?
Ils étaient déjà connus depuis longtemps ailleurs, loin de Paris, hors de France ; et en France, et à Paris qui est toute la France (au moins en littérature), on ne fait attention qu’à ce qui revient sans cesse sous les yeux, à ce qui résonne de près aux oreilles. […] Le parti pris est au point de départ et remplace, chez lui, le foyer de l’inspiration ; l’avocat revient et perce sans cesse, et prime tout.
Du moment que Dieu n’est plus conçu comme un être à part et hors du monde, du moment qu’il est inséparable de la nature et de l’humanité, et qu’il se manifeste uniquement en elles et par elles, du moment enfin que le mal cesse d’être un principe positif ennemi du bien, dès lors l’homme n’a plus peur de Satan, de même qu’il n’a plus besoin de médiateur pour entrer en rapport avec Dieu ; la communication est directe, immédiate ; il sent l’influence divine dans chacune de ses relations avec les hommes et avec les choses ; il ne s’imagine aucunement devoir recourir à des envoyés mystérieux, à des anges ; et les anges, les envoyés mystérieux, les démons ne lui viennent pas. […] Vous supposez dès le début que l’homme est condamné à chercher ici-bas la vérité, seul, par lui-même, à la sueur de son front ; et tout cet effort infatigable de l’humanité pendant des siècles, ce sang, ces larmes répandues à travers ses diverses servitudes, ces joies quand elle se repose et se développe harmonieusement, ces religions qui fondent, ces philosophies qui préparent ou détruisent, cette loi de perfectibilité infinie et d’association croissante, tout cela n’aura abouti pour vous qu’à la conception mélancolique et glacée d’un ensemble d’êtres rationnels avant tout, destinés à s’observer, à se connaître, s’ils en ont la capacité et le loisir, à chercher concurremment ce qu’aucun ne sait, ce qu’aucun ne saura ; honnêtes gens tristes et solitaires, sortis d’un christianisme philosophique d’où la foi et la vie ont disparu, ayant besoin d’espérer, s’essayant à croire, oubliant et rapprenant la psychologie tous les ans, pour s’assurer qu’ils ne se sont pas trompés, et pour vérifier sans cesse les résultats probables de leur observation personnelle.
. — « Les défaillances de son estomac ne lui permettaient plus d’absorber des mets variés et lourds. » Les douleurs « allaient au ventre ballonné, dur, aux entrailles traversées d’un fer rouge, aux efforts inutiles et pressants… enfin l’appétit cessa, des aigreurs gazeuses et chaudes, des feux secs lui parcoururent l’estomac, il gonflait, étouffait, ne pouvait plus, après chaque tentative de repas, supporter une culotte boutonnée, un gilet serré ». […] « Le Horla, l’être fantastique, l’invisible puissance dont on subit d’abord le voisinage mystérieux, le Horla intangible mais réel, qui possède les âmes et abolit les volontés, tue le courage ; “ce rôdeur d’une race surnaturelle”, n’est-ce pas la folie qui rôde sans cesse autour du lettré, le guette, prête à fondre sur lui pour en faire sa chose, un dément qu’on enfermera vivant dans une cellule qui s’ouvre sur une tombe ?
Cette manière de voir étant adoptée par les hommes éclairés, influe sur la teinte générale des idées, mais ne triomphe pas des affections ; elle ne parvient à détruire ni l’amour, ni l’ambition, ni aucun de ces intérêts instantanés dont l’imagination des hommes ne cesse point de s’occuper, alors même que leur raison en est détrompée : mais cette philosophie purement méditative jette dans la peinture des passions un caractère de mélancolie qui donne à leur langage un nouveau degré de profondeur et d’éloquence. […] Frappé de tous les abus qu’on a faits de la parole depuis la révolution, l’on déclame contre l’éloquence ; l’on veut nous prémunir contre ce danger qui, certes, n’est pas encore imminent ; et comme si la nation française était condamnée à parcourir sans cesse tout le cercle des idées fausses, parce que des hommes ont soutenu violemment et souvent même grossièrement de très injustes causes, on ne veut plus que des esprits droits appellent les sentiments au secours des idées justes.
Sitôt que M. de Harlay se fut chargé de son fils, il cessa de s’en inquiéter. […] Celui-ci s’est donné sans cesse le concert que ses vers nous offrent encore.
Charles Baudelaire Gautier, c’est l’amour exclusif du Beau, avec toutes ses subdivisions, exprimé dans le langage le mieux approprié… Or, par son amour du Beau, amour immense, fécond, sans cesse rajeuni (mettez, par exemple, en parallèle les derniers feuilletons sur Pétersbourg et la Néva avec Italia ou Tra les montes), Théophile Gautier est un écrivain d’un mérite à la fois nouveau et unique. […] Si l’on réfléchit qu’à cette merveilleuse faculté Gautier unit une immense intelligence innée de la correspondance et du symbolisme universel, ce répertoire de toute métaphore, on comprendra qu’il puisse sans cesse, sans fatigue comme sans faute, définir l’attitude mystérieuse que les objets de la création tiennent devant le regard de l’homme… Il y a, dans le style de Théophile Gautier, une justesse qui ravit, qui étonne, et qui fait songer à ces miracles produits dans le jeu par une profonde science mathématique… Nos voisins disent : Shakespeare et Goethe !
À cause que je ne voyais au monde aucune chose qui demeurât toujours en même état, j’eusse pensé commettre une grande faute contre le bon sens si, pour ce que j’approuvais alors quelque chose, je me fusse obligé de la prendre pour bonne encore après, lorsqu’elle aurait peut-être cessé de l’être ou que j’aurais cessé de l’estimer telle. » (Discours de la méthode, 3e partie.)
» qui ouvre et ferme l’Apocalypse, cet appel sans cesse répété : « Que celui qui a des oreilles entende 786 ! […] Il répétait sans cesse que ce serait une surprise comme du temps de Noé et de Lot ; qu’il fallait se tenir sur ses gardes, toujours prêt à partir ; que chacun devait veiller et tenir sa lampe allumée comme pour un cortège de noces, qui arrive à l’improviste 793 ; que le Fils de l’homme viendrait de la même façon qu’un voleur, à l’heure où l’on ne s’y attendrait pas 794 ; qu’il apparaîtrait comme un éclair, courant d’un bout à l’autre de l’horizon 795.
Oreste, Electre, le Chœur ne cessent de converser avec lui, comme on parle du dehors, à travers la porte, à un homme enfermé dans sa maison close. […] Mieux vaut avoir tous les hommes pour ennemis plutôt que les dieux. » — C’en est fait, le doute a cessé : Oreste, redevenu le bourreau d’un dieu, n’a plus rien d’humain.
Mais ces accusations parurent, dans la suite, très-injustes, malgré tout ce qui déposoit contr’eux ; malgré des lettres interceptées, où le langage de l’amour étoit traité de la manière la plus tendre & la plus vive ; malgré l’exposition d’une morale qui présente sans cesse à l’imagination des images indécentes, des idées de lubricité. […] Retiré dans son diocèse, il y vêcut occupé de la composition de différens ouvrages ; faisant les délices de quelques amis intimes & tendres ; consulté des grands, & particulièrement du duc d’Orléans, depuis régent ; toujours regretté vivement, mais inutilement, par le duc de Bourgogne ; adoré des curés, des soldats, des pauvres de son diocèse, qui tous l’appelloient leur père ; ayant enfin trouvé, ce semble, le bonheur véritable, &, malgré cela, parlant sans cesse de la cour & la regrettant.
Quand un grand homme a cessé de vivre, quand il est sorti de la phase historique qu’il a marquée de la double empreinte de son esprit et de son caractère, il laisse souvent après lui, et dans l’histoire même, quelques gouttes de son sang : — une famille, que la curiosité aime à étudier pour y retrouver les influences de sa gloire et de son génie ; car ceux qui croient le plus à la personnalité du mérite posent, malgré eux, la question de race à propos de tout, comme si c’était une fatalité ! […] Amédée Renée nous retrace admirablement le jeune roi, ivre de carrousels, et quand le carrousel cessait, presque aussi ennuyé que son père, et Marie de Mancini s’emparant par l’amour de son esprit et de son âme, apprenant l’italien à son Sargine couronné, lui faisant lire ses poètes, même contre son oncle, le poussant enfin à être roi !
Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité — ce sentiment qu’il raille sans cesse — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser Lord Byron parce que Lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle. […] Mais lorsque la creuse vague humaine aura cessé de jeter le peu de bruit et d’écume qu’elle jette toujours sur l’écueil d’une tombe quand un homme vient tout récemment d’y descendre, la gloire de Stendhal ne sera guères saluée dans l’avenir que par les esprits plus ou moins analogues au sien par la force.
Enfin, toujours, toujours, elle approchait la grâce si près de la vertu, que son ami Mathieu de Montmorency, qui était un saint, lui, ne cessait de lui répéter : « Ah ! […] Tout cela est horriblement ennuyeux… et très peu Récamier, de la Récamier qu’on rêve comme une poésie perdue, et qui cesse même d’être Récamier du tout, car, à moitié du volume, voilà que cela devient Jean-Jacques Ampère, — un autre ami de cette ribambelle d’amis que Madame Lenormant nous donne comme des prolongements de Madame Récamier.
Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate, comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité, — ce sentiment qu’il raille sans cesse, — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser lord Byron, parce que lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle. […] Mais, lorsque la creuse vague humaine aura cessé de jeter le peu de bruit et d’écume qu’elle jette toujours sur l’écueil d’une tombe, quand un homme vient tout récemment d’y descendre, la gloire de Stendhal ne sera guère saluée dans l’avenir que par les esprits plus ou moins analogues au sien par la force.
Ces deux instants, soulignés par les deux horloges marquant la même heure, cessent par définition d’être simultanés, puisque les deux lignes de lumière sont rendues inégales, d’égales qu’elles étaient d’abord. […] Voici que, sans cesser de regarder, percevant donc toujours cette même durée, il voit, en imagination, les lignes doubles de lumière se dissocier en s’allongeant, la double ligne de lumière longitudinale se scinder en deux lignes de longueur inégale, l’inégalité croître avec la vitesse.
C’est parmi tant de vicissitudes que le poëte de Lesbos ne cessa d’écrire. […] Dans une telle vie cependant, toute aux arts, mais à des arts faits pour entretenir la passion, le seul intérêt touchant, la seule dignité qui pût ennoblir les transports d’une âme agitée sans cesse par la musique et la poésie, c’était la piété maternelle, la tendresse pour une fille, cette Cléis que le philosophe Maxime de Tyr avait nommée, et dont quelques vers retrouvés de Sapho nous parlent aujourd’hui : « J’ai, dit-elle, une belle jeune fille semblable, dans sa forme élégante, aux fleurs dorées, Cléis, ma chère Cléis.
Le journal de Didier, l’État, a cessé brusquement de paraître après quelques numéros, on ne sait ce que cela veut dire.
Pégase dompté sera maintenu dans l’abîme de la géhenne, jusqu’à ce que toute douleur ait cessé ; de son poitrail éblouissant, il écartera les bourreaux et les monstres, et alors seulement, libre enfin, il bondira vers le ciel, salué dans son assomption par le cri des foules délivrées.
Mais elle ne cessera point, dans les âges futurs, de retenir les hommes, charmés au crépuscule par son émouvante beauté, et qui pleureront avec elle que son chant, chaque soir, s’achève en un sanglot de deuil.
Pierre Quillard s’évade de ce musée aux blanches figures antiques dont il étudie et retrace sans cesse les immobilités, il faut convenir qu’il a le don du vers condensé et de l’image évocatrice, mais évocatrice du passé.
Le monde commence et finit sans cesse ».
Il faut donc de toute nécessité qu’il se conçoive autre qu’il n’est : lui, l’unique, le voici dispersé sur la ligne du temps en mille représentations diverses, et ces représentations n’existent que pour un sujet qui, lui-même, se modifie insensiblement et sans cesse, c’est-à-dire pour des sujets multiples, entre lesquels n’existe qu’une présomption d’identité que la fiction conventionnelle d’une unité.
A la fin, la pauvreté contraignit Homère de cesser sa vengeance & ses voyages, de se fixer à Chio, & d’y lever une école.
Sans cesse ils répétoient qu’on eût à se garer de lui* : Fuyez ce frénétique.
Ce n’est pas par bonds, par intervalles, et en ligne droite, que coulent les grands fleuves (si nous pouvons employer cette image) : ils amènent longuement de leur source un flot qui grossit sans cesse ; leurs détours sont larges dans les plaines ; ils embrassent de leurs orbes immenses les cités et les forêts, et portent à l’Océan agrandi des eaux capables de combler ses gouffres.
Qu’entendait-on par cette liberté dont on parlait sans cesse ? […] Il n’avait qu’en dépôt le culte et la propriété ; son droit sur eux cessait avec sa vie. […] Il cessa d’être le dieu et descendit au rang d’autel du dieu, d’instrument pour le sacrifice. […] On se fatigue de cette épithète de pieux qui revient sans cesse. […] N’ayant plus de culte, il n’avait plus de famille ; il cessait d’être époux et père.
Y aurait-il moyen de faire cesser le contraste, de réconcilier les lettres non seulement avec cette moyenne un peu vague que l’on comprend sous la dénomination complaisante d’honnêtes gens, mais avec les lecteurs chrétiens ? […] un grammairien scrupuleux et délicat : tous vous diront que le déclin des auteurs dont je parle a daté du jour où ils ont cessé d’être fidèles à leurs premières croyances. […] Nous respectons trop les œuvres de la pensée et de l’intelligence pour ne pas les rattacher sans cesse à un ordre supérieur, immortel, divin, où le doute n’est pas possible, où l’indifférence est funeste, où la neutralité est coupable. […] Évidemment, s’il avait été, comme on le dit, l’inépuisable créateur de drames, de personnages et de caractères, il n’aurait pas eu besoin de reproduire sans cesse les mêmes rôles s’agitant sur les mêmes planches. […] Hugo s’y déroule en de telles spirales, qu’on est sans cesse suspendu entre le vertige et le cauchemar, et qu’on se frotte les yeux, de temps à autre, pour savoir si l’on est bien éveillé.
À mesure que la vie humaine s’est éloignée de la simple nature, l’art et la poésie sont devenus plus réfléchis en participant au grand mouvement qui n’a cessé, depuis l’origine des temps historiques, de porter l’esprit humain de la synthèse, vers l’analyse. […] Il n’entre pas dans notre plan de les énumérer tous : aussi bien la critique artistique ne cesse de nous en signaler de nouveaux65. […] Mais ensuite ils cessèrent, les uns plus tôt, les antres plus tard, de s’en tenir à cette contemplation pure. […] Si sévère que soit Diderot pour les artistes qui ne recourent pas sans cesse au modèle vivant, il est plus impitoyable encore pour ceux qui n’imitent pas assez le coloris de la nature. […] Ceux-ci recourent sans cesse à la constatation mathématiquement rigoureuse et à l’investigation méthodique et constamment active.
Il la faut sans cesse renouveler ; il faut sans cesse imaginer une autre poésie. […] Les clichés sont des modes d’expression en désuétude, qui, ayant trop servi, ont cessé d’être expressifs. […] Il avait constaté que les choses, à être longtemps vues toujours les mêmes, cessent d’être perceptibles parce que s’use notre impression. […] Le poète est libre ; il n’a pas d’autre règle à suivre que son goût et, n’ayant plus à sa disposition de recettes catégoriques, il devra sans cesse élaborer des rythmes nouveaux. […] Or, il est arrivé que, de ces deux choses, la première a cessé de l’intéresser beaucoup plus tôt que la seconde.
Clarisse est sans cesse en appétit de jouissances sensuelles. […] Quand cesserons-nous d’avoir ces allures d’étourneaux en délire qui amusent un peu l’Europe littéraire ? […] Gérard la revoyait toujours avec plaisir, et pour se donner ce plaisir plus souvent, il la quittait sans cesse. […] Je ne cesserai jamais de recommander, de demander humblement à M. […] Bourget cessaient brusquement d’agir, et quand c’était lui qui prenait la parole, on ne les sent plus du tout.
je ne cesse de le continuer. […] Il me lit son poème, il le lit à plusieurs autres qu’il va trouver également et qu’il embrasse avec tendresse : il n’a pas cessé d’habiter dans son idée. […] Planchese répétait sans cesse, il y avait nécessairement déjà un grand nombre des phrases du nouvel article qui étaient toutes composées. […] Chez Mme Du Deffand, c’était la crainte de l’ennui qui était son abîme à elle, et contre ce vide son imagination cherchait sans cesse des préservatifs et comme des parapets dans la présence de ceux qui pouvaient lui être agréables. — Manzoni craint également et a son abîme ; il craint d’être seul et a besoin d’avoir toujours quelqu’un auprès de lui : c’est chez lui peur de se trouver mal, anxiété nerveuse insupportable […] Guizot va se louant dans son passé et se congratulant sans cesse lui-même avec une confiance et une sérénité croissantes, on demandait à Mme de Boigne ce qu’elle en pensait : « Que voulez-vous ?
Boileau a sans cesse revendiqué cette grandeur pour l’esprit français et pour notre langue ; voilà ce qui le rend et le rendra toujours populaire. […] Mais il arrive que ces idées, qui sont si claires, ou sont obscurcies par des préjugés, ou cessent de nous être présentes. […] Si la postérité l’a jugé comme son époque, il le doit à ce que cet à-propos se renouvelle sans cesse, l’esprit humain, comme un vaisseau qui chasse sur ses ancres, s’agitant incessamment sur ces points d’appui, dont il ne s’arrache un moment que pour revenir s’y fixer de nouveau. […] Ils cessèrent de se voir sans cesser de se rendre justice. […] La raison, nous dit-il, lui ayant ouvert les yeux, il n’avait pas eu de cesse qu’il ne fît un petit écrit pour se venger d’avoir donné dans ce travers136.
Le vertueux Démétrius est sans cesse avec moi ; je le mène partout. […] Est-ce que la nature a cessé d’en produire ? […] Lorsqu’il cessa d’être l’instituteur du souverain, il en devint le ministre. […] Ce cri cesse-t-il de retentir un moment au fond du cœur de tout être vivant ? […] Seigneur, reprenez vos bienfaits, ces bruits cesseront, et je serai mieux connu.
Jamais je n’ai cessé de vous aimer… — Toi, l’héritier, le fils, pourquoi t’être évadé de la Maison Parce que la Maison m’enfermait. […] Geneviève de Baraglioul n’a pas cessé de l’adorer depuis son exploit de sauveteur : elle l’aime toujours malgré son forfait : elle se donne à lui. […] C’est-à-dire qu’il se débarrasse de ceux dont les auteurs, après avoir été ses amis, ont cessé de l’être. […] Car son renoncement n’ira point à cesser d’écrire : ce serait un désastre : un tel écrivain doit compte au public du talent qui lui a été confié, comme dit à peu près l’Evangile. […] Mais parce qu’on se plaît un peu moins dans l’intimité d’un auteur, et parce qu’on a cessé de lui demander ses livres de chevet, faut-il le renier et abjurer l’ancienne admiration ?
L’air y est humide et froid, l’horizon chargé de brouillards ; les ruisseaux ne roulent qu’une eau trouble et jaunâtre, les arbres achèvent de se dépouiller, et l’on entend sans cesse siffler les vents et bruire la mer qui ronge ses rivages. […] Pour lui, sans cesse en action, il bêchait le jardin avec Domingue, ou, une petite hache à la main, il le suivait dans les bois ; et si, dans ces courses, une belle fleur, un bon fruit ou un nid d’oiseau se présentaient à lui, eussent-ils été au haut d’un arbre, il l’escaladait pour les apporter à sa sœur. […] Depuis le moment où le Saint-Géran aperçut que nous étions à portée de le secourir, il ne cessa de tirer du canon de trois minutes en trois minutes. […] Il s’en détachait sans cesse des nuages d’une forme horrible, qui traversaient le zénith avec la vitesse des oiseaux, tandis que d’autres y paraissaient immobiles comme de grands rochers. […] Mais quand son corps fut arrivé au pied de cette montagne, à la vue de ces mêmes cabanes dont elle avait fait si longtemps le bonheur, et que sa mort remplissait maintenant de désespoir, toute la pompe funèbre fut dérangée ; les hymnes et les chants cessèrent ; on n’entendit plus dans la plaine que des soupirs et des sanglots.
L’émotion m’a empoigné au dîner du médecin, quand il rentre chez lui, et elle n’a cessé. — Mais vous avez du TALENT, mon camarade ! […] Les chants cessèrent. […] Peut-être cessa-t-il d’y croire, peut-être cet illuminé devint-il sceptique ; son intelligence ne pouvait survivre à une telle transformation. […] les monts, la mer farouche, Les vents faisaient silence et cessaient leur clameur. […] Elle ne me poursuivait pas comme une chose funeste qui empoisonne les amusements et les occupations ordinaires : elle m’obsédait comme une illusion qui doit cesser.
En outre, maints mouchards ne cessaient de lui renifler aux talons. […] Énergiques, volontaires, exagérés dans le sens de l’action, ils voient présent sans cesse aux yeux de leur esprit l’idéal de beauté qu’ils conçurent. […] En voici une qui revient sans cesse et qui, pour ma part, m’agace singulièrement : « Ah ! […] C’est le catholicisme qui a sans cesse reculé devant elle et qui sera forcé de reculer sans cesse. […] J’insiste sur ce point puisque ses défenseurs ne cessent de vanter, avec une persistance presque désobligeante pour lui, son extrême courtoisie.
Catholique et païen, voilà deux mots que l’on devra cesser d’opposer l’un à l’autre. […] Le primate, au contraire, se rouille dès qu’il cesse de remuer. […] Du côté de la terre, on peut avancer sans cesse, on n’est jamais arrivé. […] Une lettre cesse de se prononcer, on cesse de l’écrire, mais elle garde sa valeur et une existence virtuelle qui se fait sentir en certains mots dérivés. […] De plus, la prononciation évoluant sans cesse, il faudrait constamment réviser le système.
La seconde partie de la carrière de Casimir Delavigne, dans laquelle le poëte n’avait cessé de transiger, est franchement séparée de la première, où du moins il était un disciple original des maîtres.
. — la revue de paris cesse de paraitre. — création de l’artiste. — m. arsène houssaye. — la revue des deux mondes reste aux mains de m. buloz. — les bretons, de brizeux. — poésies de théophile gautier. — orgueil de la vie.
., etc. » Et maintenant, quand on publiera les lettres d’amour de Benjamin Constant à Mme Récamier, quand on relira la biographie flatteuse qu’il a tracée d’elle pour lui plaire et la charmer, quand on le verra prodiguer les larmes, les soupirs, faire jouer les feux follets de l’imagination et même les légères vapeurs du mysticisme (car tout est bon pour s’insinuer), on aura le revers ; on saura ce qu’il était avant et après ; avant, tant qu’il eut le désir, et après, quand il eut cessé d’espérer.
Mais dans notre état social, qui est un état de conquête sur la nature, l’homme tâche de s’affranchir du climat : il fait mieux encore ; par des moyens indirects, tels que la culture, les plantations, l’écoulement des eaux, il le change et le perfectionne sans cesse ; et celui-ci modifié réagit incessamment sur l’homme.
Madame de Montesson fut donc louée de toutes les bouches ; sa harpe, sa voix, ses petits vers, sonnaient sans cesse dans la conversation aux oreilles du prince, et l’enivraient d’une tendresse pleine d’estime.
. — Les Bottines, Miserere de l’Amour, le Rouge-Gorge, Trois jours de vendanges, les Cerisiers, les Prunes, Dernière amoureuse, tous ces sourires de dessins si divers, tous ces cris où il y a du roucoulement et de la violence, évoquent une physionomie personnelle d’écrivain curieux de sentiments, épris de la musique des mots, habile à faire tenir une longue et complète vision dans une phrase brève, sensuelle, dont la raillerie confine sans cesse à l’émotion.
Je le vis à leurs regards, en écoutant les conversations qui suivirent et à la joyeuse fraternité qui ne cessa depuis d’emplir notre chambrée.
Il quitte Baïf, revient à Mme Swetchine, se repose avec Théophile Gautier, caresse l’antiquité, coquette avec la nouveauté, effleure tout, illumine tout, ne se contredit jamais, se modifie sans cesse, fait étinceler les points saillants, arrive aux profondeurs, ne s’y attarde pas, et ne s’arrête que si un scrupule de millésime ou une erreur de nom propre le met en désarroi.
Vous faites des choses si belles, Si justes & si naturelles, Que votre style est sans égal ; Sans cesse je vous étudie : Qui peut être votre Copie, Passe pour être Original.
Les Philosophes ont bien pu tenter de le décrier dans le Public, parce qu’il a dédaigné leurs suffrages & s’est élevé contre leur cabale ; ils ont pu, au mépris de la tolérance & de l’honnêteté qu’ils ne cessent de recommander, l’accabler de leurs Brochures ; M. de Voltaire, entre autres, a pu venir à bout, par ses Diatribes quelquefois plaisantes & souvent abjectes, d en imposer aux Beaux-Esprits de Province & aux petits Esprits de la Capitale ; il n’en sera pas moins vrai que M. de Pompignan est un de ces hommes qui font le plus d’honneur à notre Littérature, par leurs talens & par leurs mœurs.
Comme on voit quelquefois dans l'Ardenne fameuse, Et dans les prés herbus où le Rhin joint la Meuse, Deux furieux taureaux par l'amour courroucés, Se heurter fiérement de leurs fronts abaissés : Le troupeau plein d'effroi regarde avec silence ; Le nombre des Pasteurs cede à leur violence : Les deux vaillans rivaux se pressant rudement Des cornes l'un sur l'autre appuyés fortement, Redoublent, sans cesser leurs cruelles atteintes ; De longs ruisseaux de sang leurs épaules sont teintes ; Ils mugissent des coups d'un cri retentissant, Et toute la forêt répond en mugissant…… Ajoutons encore ce morceau sur la briéveté de la vie, & nous ne serons point étonnés que l'Auteur du Lutrin & celui de la Henriade n'aient pas dédaigné de s'approprier plusieurs traits de ce Poëte, injustement oublié.
Il faut enfin que, dans ces temps livrés à la lutte furieuse des opinions, au milieu des attractions violentes que sa raison devra subir sans dévier, il ait sans cesse présent à l’esprit ce but sévère : être de tous les partis par leur côté généreux, n’être d’aucun par leur côté mauvais.
Les anges ne chantent-ils plus sur Golgotha, et le torrent de Cédron a-t-il cessé de gémir ?
Rapportant tout à l’action des dieux, ils se tenaient pour fils de Jupiter ; c’est-à-dire pour engendrés sous les auspices de Jupiter, et ce n’était pas sans raison, qu’ils se regardaient comme supérieurs par cette noblesse naturelle à ceux qui pour échapper aux querelles sans cesse renouvelées par la promiscuité infâme de l’état bestial se réfugiaient dans leurs asiles, et qui, arrivant sans religion, sans dieux, étaient regardés par les héros comme de vils animaux.
Sous le poids de la douleur et des privations, sans cesse préoccupée du mari, et de l’enfant que, pour le retrouver, elle avait quitté, son corps et son esprit se brisèrent. […] Près d’Irkutsk, elle se remit, parla sans cesse de son cher mari, que bientôt elle espérait revoir. […] Les délices permanentes sur lesquelles avait compté ce maudit ne cesseront pas, en effet, et ta misère non plus n’aura pas de fin. […] Reinach… C’est un vieux cheval aveugle… et qui tourne, tourne sans cesse en rond… et qui, toujours, toujours, repasse devant les mêmes choses, les mêmes bûchers… les mêmes révolutions ! […] Il y avait en lui une source sans cesse jaillissante d’inspiration.
N’avez-vous point remarqué, que dans Hernani, les personnages ne cessent d’être surpris, durant cinq actes, de leur qualité d’Espagnols ? […] Pendant les dernières années de sa vie, Chateaubriand ne cessa de remanier. […] Les présents que tu offres aux mortels n’envahissent plus tes corbeilles et les cris joyeux de la vendange ont cessé de retentir autour de la cuve. […] Quant à nos promenades, elles cessèrent après la publication de mes Cantilènes et mes juvéniles luttes d’alors. […] Cet honnête homme ne cesse de nous combler de bienfaits.
Le dernier est particulièrement intéressant en ce qu’il nous montre à la fois le lien étroit de la chanson avec les faits historiques, et les altérations qu’elle a, en se renouvelant sans cesse, fait subir à la réalité. […] Le chevalier prit le terme des neuf jours, mais ensuite il le prorogea au trentième, et ensuite au trois cent trentième, « car les plaisirs qu’il avait sans cesse étaient tels qu’un jour ne lui semblait pas une heure ». […] Pendant ce temps, l’écuyer « ne cessait jour et nuit de regretter les grands biens qu’il avait laissés », et s’efforçait de décider son maître à retourner au « paradis » perdu. […] « Cesse donc de courir ! […] « Cessez de porter (des feuilles) !
Sa renommée s’étendit bientôt ; et il ne cessa point de multiplier l’objet de son expérience, d’élargir sa méthode. […] Seulement, à la différence de quelques autres parnassiens, il ne cesse pas d’être l’esclave de sa pensée. […] Mais la récente révolution française ne cessa point de le hanter. […] Seulement, les bibliothèques de Rome ne sont pas ouvertes sans cesse : au plus menu prétexte, — E chiuso, signor. […] Ils ont presque cessé de te nuire ; ils font partie d’un paysage innocent qui ne t’offense plus.
— Si les caractères dits de théâtre doivent se montrer à nous, se dérouler, se développer devant nous en action, dira-t-on que Phocas se tient sur la scène immobile, quand l’indécision le porte sans cesse de droite à gauche et réciproquement, quand les incidents du dehors l’abordent au plus tendre de l’âme, le font sans cesse dévier, réagir, et subir ? […] Par ce seul mot, la fable d’Hérodote33 va cesser d’être fable, et conservant son charme prendre sa vraie valeur. […] Il croit en Dieu : il croit en sa femme, et la tue dès qu’il cesse d’y croire ; il a l’honnêteté de celui qui possède ; sous l’humilité dort l’instinct. […] De quelle logique ingéniosité, de quelles nécessaires trouvailles, il déborde sans cesse. […] Il nous prouve sans cesse que composition peut égaler création.
Elle ne cesse pas de remarquer cette ressemblance, et m’en a parlé les deux fois que je l’ai vue. » On était alors, en Angleterre, dans la première vivacité de renaissance gothique, dans ce goût du Château d’Otrante qui, depuis, s’est perfectionné, mais n’a pas cessé : « Mars 1767. — Rien ne m’avait étonnée à Londres ; mais j’ai vu plusieurs campagnes depuis quinze jours qui m’ont étonnée et charmée : même au commencement de mars, cela me paraît cent fois plus agréable que tout ce que j’ai admiré ailleurs dans la plus embellissante saison. […] Il y a deux ou trois noms que j’entends prononcer sans cesse. […] On cesse d’être soi-même. — Quoi ? […] Elle cessa de respirer le 27 décembre 1805, à trois heures du matin : depuis plusieurs jours, elle n’avait pas donné d’autre signe de vie.
Le bruit s’apaisa ; le fracas cessa. […] » Il reprit: « Cessez vos menaces et éloignez-vous de moi, ou je rendrai encore la cuirasse de plus d’un humide de sang. […] Amis et parents du pays burgonde, cessez le combat ; laissez-moi voir et écouter ce que mes hommes ont fait ici à ce guerrier. » Le roi Gunther priant et commandant, ils arrêtèrent leurs épées au fort de la mêlée. […] Le bruit cessa, car nul ne combattait plus. […] Le noble et brave guerrier parla ainsi devant ses parents: « Cessez vos plaintes, ô très-illustre femme ; à quoi peuvent servir vos pleurs ?
D’immenses chaudières suspendues aux chaînes d’airain des crémaillères fumaient en bouillonnant sur la flamme, sans cesse nourrie de bois vert, du foyer. […] C’est pourquoi il avait fait d’abord l’épopée héroïque dans l’Iliade, puis l’épopée intime, privée, domestique, dans l’Odyssée, et c’est pourquoi (car plus l’homme se rapproche du cœur, plus il est pathétique et intéressant), c’est pourquoi cette seconde épopée d’Homère, l’Odyssée, est mille fois plus pénétrante au cœur que l’Iliade ; c’est pourquoi on lit une fois l’Iliade et on relit sans cesse l’Odyssée. […] Les fruits de ces arbres ne cessent pas de se succéder pendant toute l’année ; ils ne manquent à l’homme ni l’été, ni l’hiver ; sans cesse le vent tiède, en soufflant, fait éclore les uns et mûrir les autres. […] N’ai-je pas assez de chagrin et d’amertume sans cela, moi qui gémis sans cesse et qui pleure mon malheureux maître, et qui engraisse avec soin ses troupeaux pour qu’ils soient mangés par des étrangers ?
Elles reviennent sans cesse les mêmes, mais sous des aspects et des noms différents. […] Il y revient sans cesse ; c’est le sujet où, de préférence, il abonde. […] Il fallait chercher les limites de la raison, indiquer le point où elle possède une valeur, et celui où elle cesse d’en avoir une. […] En physique, en médecine, en philosophie, on invoquait sans cesse l’opinion de ceux qui avaient vécu auparavant. […] Si chacune à part peut être vraie, l’ensemble cesse de reproduire la vérité complète.
Dans le même temps on m’en tendit un d’une espèce plus dangereuse, auquel j’échappai, mais qui lui fit sentir que les dangers qui me menaçaient sans cesse rendaient nécessaires tous les préservatifs qu’elle y pouvait apporter. […] Ainsi que l’avenir, l’éloignement fait naître en moi le sentiment de l’espérance, mon cœur opprimé croit qu’il existe peut-être une terre bien éloignée, où, à une époque de l’avenir, je pourrai goûter enfin ce bonheur pour lequel je soupire, et qu’un instinct secret me présente sans cesse comme possible. […] Je revois sans cesse les mêmes objets, et c’est une sensation d’horreur qui surpasse tous mes autres maux. […] Sans paraître s’occuper de moi, elle veillait sans cesse à ce qui pouvait me faire plaisir.
Mais la pensée qui lui a donné naissance et l’esprit de ses premiers travaux la rendent digne d’avoir une place parmi les choses qui durent ; cette pensée et cet esprit ont compté parmi les forces de l’esprit français à cette époque, et même en cessant de le servir, ils n’ont pas cessé de lui être conformes. […] Tel autre aspire sans cesse au repos, préfère à la guerre ses paisibles études, conseille la paix, regrette la patrie dans l’exil. […] Tout en combattant pour la cause commune, il parlait sans cesse de paix, de repos. […] S’il s’agit de ces vérités par lesquelles les sociétés subsistent, mais qui, sans cesse oubliées ou éludées, veulent être exprimées dans un langage qui les rende toujours sensibles et présentes, la langue générale n’y suffit pas.
S’il y a pour nous une notion dépassée, c’est celle des nations se succédant l’une à l’autre, parcourant les mêmes périodes pour mourir à leur tour, puis revivre sous d’autres noms, et recommencer ainsi sans cesse le même rêve. […] L’individualisme apparaît partout ; le genre et l’espèce se fondent presque sous l’analyse du naturaliste ; chaque fait se montre comme sui generis ; le plus simple phénomène apparaît comme irréductible ; l’ordre des choses réelles n’est plus qu’un vaste balancement de tendances produisant par leurs combinaisons infiniment variées des apparitions sans cesse diverses. […] La variété des cas déjoue sans cesse toutes les prévisions. […] Mais elles vivent comme l’homme et l’humanité qui les parlent ; elles se décomposent et se recomposent sans cesse ; c’est une vraie végétation intérieure, une circulation incessante du dedans au dehors et du dehors au dedans, un fieri continuel.
Son équilibre, sans cesse troublé, sans cesse rétabli, donne à mon âme une certaine sérénité gaie sur un fond triste. […] Demandez-le au matelot qui creuse d’un bout de l’Océan à l’autre éternellement les mêmes vagues, et qui passe sa vie à orienter sans cesse la même toile et à poursuivre le même vent pour rapporter, au prix de son éternelle absence, à sa famille, une pincée d’or convertie en quelques bouchées de pain ! […] Dieu le savait bien, quand, en emprisonnant l’homme dans ce petit navire de quelques pauvres mille pas d’étendue de la poupe à la proue, il lui a donné du moins pour horizon cet espace sans fond du firmament, qui provoque sans cesse la pensée à se plonger dans cet espace, et qui fait monter son âme à l’éternelle poursuite de l’infini, d’astres en astres, de voie lactée en voie lactée, comme par les degrés éclatants et successifs de son incommensurabilité.
Dans quelques-unes des couches les plus récentes, bien que sans nul doute fort anciennes, si on mesure leur âge par années, une ou deux espèces seulement cessent de se montrer : et de même une ou deux espèces seulement sont nouvelles, c’est-à-dire apparaissent pour la première fois, soit dans la contrée, soit, autant que nous pouvons le préjuger, à la surface de la terre. […] Rien n’est plus malaisé que d’avoir sans cesse présent à l’esprit, que la multiplication de chaque forme vivante est constamment limitée par des circonstances nuisibles inconnues ; et que ces mêmes circonstances, quelque invisibles qu’elles soient pour nous, sont cependant très suffisantes pour causer d’abord la rareté d’une espèce et finalement son extinction. […] Si nous oublions un moment que chaque espèce tend à se multiplier à l’infini, mais que quelque obstacle, souvent caché, entrave sans cesse son accroissement, toute l’économie de la nature est incompréhensible. […] La succession des mêmes types d’organisation dans les mêmes régions pendant les dernières périodes géologiques cesse aussi d’être un mystère, et s’explique tout simplement par les lois de l’hérédité.
On ne se défie pas d’un médecin, il a ses entrées à toute heure ; les notes, les avis passaient sans cesse par le canal de Vicq d’Azyr et allaient de la reine à ses amis ou de ceux-ci à la reine. […] Dans le transport de la fièvre, il ne cessait de parler du Tribunal révolutionnaire ; il croyait voir Bailly, Lavoisier, tous ses amis immolés l’appeler sur l’échafaud : « Ce délire d’un mourant, a dit éloquemment Lémontey, montra au jour ce qu’était alors en France le sommeil des gens de bien. » Vicq d’Azyr est trop oublié, ou du moins, si son nom reste connu, ses ouvrages le sont trop peu.
Il est homme de lettres aussi, celui que le feu de son imagination porte sans cesse vers des sujets nouveaux ; qui, doué de verve et de fécondité naturelle, n’a pas plus tôt fini d’une œuvre qu’il en recommence une autre ; qui se sent jeune encore pour la production à soixante ans comme à trente, qui veut jouir tant qu’il le peut de cette noble sensation créatrice et mener la vie active de l’intelligence dans toutes les saisons. […] Il y a bien des couches dans la profondeur d’un vrai talent ; la première couche peut être riche : qui nous dit que la seconde ou la troisième ne le serait pas davantage, si le chercheur d’or, stimulé par un maître sévère, creusait sans cesse et allait plus à fond ?
Thiers a commencé d’élever il y a quinze ans, qu’il n’a cessé d’édifier depuis avec ardeur et constance, à travers les vicissitudes de sa vie publique, comme dans sa retraite si noblement remplie, peut être considéré comme terminé. […] Un jugement de détail, avec les discussions qu’il introduirait, ne saurait être porté ici, par nous du moins ; mais il nous est possible, et il nous est particulièrement précieux, à nous qui, depuis 1827, n’avons cessé d’aimer et d’honorer en M.
L’homme, il faut le savoir, peut s’élever très haut par la culture, par l’effet continu et sans cesse agissant de la civilisation ; mais, en fait, le point de départ, dans quelque doctrine qu’on se place, et que l’on se reporte au dogme mystérieux de la Chute, ou que l’on se tienne à l’observation naturelle directe, le point de départ a été très bas et infime. […] Quoique cette note lamentable revienne sans cesse et domine, son talent, dans ses lettres des dernières années, me paraît s’être sensiblement assoupli.
Le jeune général, même après ses victoires et son élévation, ne cessa jamais, en écrivant à son père, de signer : « Votre très soumis fils. » Dès l’âge de seize ans, étant en rhétorique et quoique bon élève, Joubert avait trahi ses instincts belliqueux en s’échappant du collège pour s’engager dans l’artillerie. […] Nos fatigues et nos victoires ne cessent point.
On fit applaudir sous la coupole de l’Institut les vers que voici, et dans lesquels le poète de plus en plus sage faisait comme abjuration de cette bien innocente erreur, de son culte un peu druidique pour le chêne et pour les forêts : Fais tes adieux à la folle jeunesse ; Cesse, ô rêveur abusé trop souvent, De souhaiter que la feuille renaisse Sur tes rameaux desséchés par le vent. […] Ce qu’on appelle naïveté dans l’art a cessé de bien bonne heure et avant les beaux siècles.
Il commence ce pèlerinage, qui asurtout pour objet la Suisse catholique, par une diatribe violente contre Genève, où l’on célébrait, quand il ypassa, l’inauguration de la statue de Jean-Jacques, un sujet tout trouvé d’anathème : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, s’écrie l’auteur, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence… » Je laisserais ce passage et le mettrais sur le compte de la jeunesse, si les mêmes sentiments d’exécration ne revenaient sans cesse sous la plume de l’auteur ; si, dans ces volumes de Çà et Là où il y a de charmants paysages et de beaux vers pleins de sensibilité, je ne voyais, lors d’une nouvelle visite à Genève (chapitre Du Mariage et de Chamounix), la même répétition d’injures contre la statue et les mêmes invectives contre les Genevois en masse. […] Il ne cesse d’être ambitieux qu’après s’être montré trop maladroit.
Puycerda, évacué par les troupes ennemies, reçoit avec joie les Français : « Pour reconnaître ce bon accueil, pour discréditer, autant que possible, les calomnies que les moines espagnols ne cessaient d’exhaler contre nous, et donner en même temps aux Catalans un gage de notre respect pour le culte catholique, le premier soin du représentant fut d’aller, accompagné du général d’Arbonneau, à l’église principale, rendre grâces à Dieu du succès de nos armes. » Honneur à ce représentant Cassanyes pour cet acte de civilisation et de bon sens ! […] » Arrivé à l’armée des Pyrénées, il parlait sans cesse de son commandant d’artillerie de Toulon, et imprimait de lui la plus haute idée dans l’esprit des généraux et officiers qui, depuis, passèrent de l’armée d’Espagne à celle d’Italie ; « de Perpignan, il lui envoyait des courriers à Nice lorsqu’il remportait des succès.
Il y a des talents qui participent de plusieurs groupes à la fois et qui en cessent de voyager à travers des milieux successifs, en se perfectionnant, en se transformant ou en se déformant. […] Jeune ou vieux, il n’a cessé de se peindre, et, ce qui vaut mieux, de se montrer, de se laisser voir, et, en posant solennellement d’un côté, de se livrer nonchalamment de l’autre, à son insu et avec une sorte de distraction.
Il ne faut pas renverser, il faut bâtir ; élevons des édifices où l’humanité viendra goûter des joies pures. » Ce sont là de bien nobles querelles faites à Byron, et que j’oserai dire magnanimes ; et.si les admirateurs du grand barde n’en sont pas satisfaits, que peuvent-ils demander de plus que de voir Gœthe revenir sans cesse sur son jugement et le modifier ? […] Ce sont, hommes et femmes, des marionnettes incapables de vivre ; elles ont des proportions habilement conçues, mais, sur leur charpente de bois ou d’acier, ces poupées n’ont absolument que du rembourrage ; l’auteur les fait manœuvrer sans pitié, les tourne et les disloque dans les positions les plus bizarres, les torture, les fustige, déchire leur âme et leur corps, et met sans pitié en pièces et en morceaux ce qui, il est vrai, n’a aucune chair véritable : — et tout cela est l’œuvre d’un homme qui montre de grandes qualités d’historien éloquent, et auquel on ne peut refuser une vive puissance d’imagination, sans laquelle il lui serait impossible de produire de pareilles abominations. » — Vous qui parlez sans cesse de liberté, qui la voulez dans l’art et en tout, soyez conséquents ; sachez admettre et supporter les manières de sentir, même les plus opposées à la vôtre, quand elles sont sincères.
Beaucoup d’écrivains se croient alors le droit d’inventer sans cesse des mots nouveaux ; et ce qui semble de l’abondance, amène la confusion. […] Pour que les événements inventés vous captivent, il faut qu’ils se succèdent avec une rapidité dramatique ; pour que les raisonnements amènent la conviction, il faut qu’ils soient suivis et conséquents ; et quand vous coupez l’intérêt par la discussion, et la discussion par l’intérêt, loin de reposer les bons esprits, vous fatiguez leur attention ; il faudrait beaucoup moins d’efforts pour suivre le fil d’une idée aussi loin que la réflexion peut la conduire, que pour reprendre et quitter sans cesse des raisonnements interrompus et des impressions brisées.
Le lyrisme qui nous prend, est celui où transparaît sans cesse l’universel : il trouve au fond des tristesses et des désirs de l’individu, il aperçoit à travers les formes multiples de la nature, il pose et poursuit partout les problèmes de l’être et de la destinée. […] La religion, jadis, drainait, canalisait dans la vie individuelle et dans le domaine littéraire, l’émotion et la pensée métaphysiques : quand, par le progrès de la philosophie, elle a cessé de faire son office pour les classes supérieures de la nation, alors tous les sentiments qu’elle enfermait dans certains actes de la vie et certains genres de littérature, ont inondé toute la vie et toute la littérature.
L’empire est tombé au son de cette crécelle et, depuis, elle n’a pas cessé de grincer un seul jour. Sur le drame ou la comédie des vingt dernières années, cette face pâle de mime n’a cessé de pencher sa grimace immuable, et qui paraît automatique, comme ces masques que l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches.
Dans le canevas de La Figlia disubediente (la Fille désobéissante)49, Arlequin ne faisait que passer sur le théâtre, en soldat qui revient de l’armée, et répéter sans cesse : « Donnez par charité quelque chose à un soldat de Porto-Longone ! […] Je joue déjà assez bien le rôle de l’Ermite ; et d’ailleurs ce serait un vrai moyen de me délivrer de l’importunité de mes créanciers, qui ne cessent de me persécuter. » Les quelques lignes de la fameuse préface que nous venons de rappeler suffisent à nous avertir que les chefs-d’œuvre de la comédie française, L’École des femmes, Le Misanthrope, Le Tartuffe, L’Avare, se succédaient sur le même théâtre où Scaramouche et Dominique faisaient à qui mieux mieux leurs culbutes « et autres singeries agréables, comme dit Gherardi, qui sont du jeu italien ».
En cessant de croire à Dieu, tous n’ont pas cessé de croire au diable. […] On y rencontre tous les fidèles de la gnose : Saint-Yves d’Alveydre, Jules Lermina, le Dr Encausse, l’abbé Rocca, Joséphin Péladan, Lady Caithness, en qui s’était réincarné l’esprit de Marie Stuart et qui, dit Laurent Tailhade, « ne cessait de fulminer contre sa sœur Élisabeth et débobinait, à qui voulait l’entendre, son exécution, l’échafaud de Fotheringay ».
Sénèque, si excellent à citer et si fatigant à lire de suite, qui tourne sans cesse avec une rapidité brillante autour du même objet, différent en cela de Cicéron, qui avance toujours vers son but, mais avec lenteur ; Lucain, le Sénèque des poètes, si plein de beautés mâles et vraies, mais trop déclamateur, trop monotone, trop plein de maximes et trop dénué d’images ? […] On peut juger un ouvrage libre, en se bornant à exposer dans une critique raisonnée les défauts qu’on y aperçoit ; parce que l’auteur était le maître de son plan, de ce qu’il devait dire, et de la manière de le dire : mais le traducteur est dans un état forcé sur tous ces points, obligé de marcher sans cesse dans un chemin étroit et glissant qui n’est pas de son choix, et quelquefois de se jeter à côté pour éviter le précipice.
« Dieu n’étant donné qu’en tant que cause absolue, à ce titre, selon moi, il ne peut pas ne pas produire, de sorte que la création cesse d’être inintelligible, et qu’il n’y a pas plus de Dieu sans le monde, que de monde sans Dieu. » 1re Préface, p. 34. […] Un instinct intérieur et invincible pousse l’araignée à fabriquer éternellement des toiles ; une conformation d’esprit indestructible et toute-puissante contraint le philosophe à éclaircir et prouver sans cesse l’idée qu’il s’est faite de la science et de l’univers.
Le but essentiel de ceux qui s’aiment est de créer et de connaître ensemble, par la conjonction physique et charnelle, l’élan vers la mort, vers la dépersonnalisation intense : et comme leurs forces physiques leur défendent la constance de cet élan vers lequel ils tendent sans cesse, leurs existences ne sont que des conversations reliant quelques instants de vertige suprême. " le caractère tragique de Don Juan implique une grande puissance de cristallisation instantanée jointe à une impuissance à cristalliser dans le temps. […] L’amour parfait arrive à noyer les instants de la possession charnelle dans une telle constance et une telle habitude de possession générale qu’ils cessent presque d’être des instants privilégiés, et ne participent plus qu’à ce privilège général d’une vie nombreuse, élastique et tendue, qu’ils relient ces « conversations » tout autant que ces conversations les relient.
Notre siècle est généralement tourné vers l’esprit de discussion ; et ce genre d’esprit, occupé sans cesse à comparer des idées, doit nuire un peu à la vivacité des sentiments. […] C’est aux vivants qu’il faut parler ; c’est dans leur âme qu’il faut aller remuer le germe de l’honneur et de la gloire : ils veulent être aimables, faites-les grands ; présentez-leur sans cesse l’image des héros et des hommes utiles ; que cette idée les réveille.
157 touche du pied le seuil et cesse de frapper. […] Quant à Pollion, que Virgile comparait à Sophocle, nous ne connaissons de ses drames que le conseil d’Horace lui disant : « Laisse quelque temps la Muse sévère de la tragédie manquer au théâtre171. » Et rien, dans les monuments trop rares de cette époque, ne nous apprend que cette interruption ait cessé.
Mais, quand il se vit seul maître survivant, sans complice ni rival, il cessa des violences dont il eut porté seul le blâme ; et ses cruautés anciennes s’oublièrent, sous l’allégement du joug et l’abaissement continu des âmes. […] Il ne lui suffit pas, en effet, pour flatter Auguste, de redire sans cesse la paix de l’Italie, le temple de Janus fermé, et le repos du laboureur sous la garde toute-puissante de César : le poëte aspire plus haut.
Des hommes maigres, au teint jaune, marmottent des malédictions et tentent de les faire tomber dans des trous qu’ils creusent sans cesse. […] Grymalkin ne cesse d’agiter sa baguette ; peu à peu, tous ces fantômes se dissipent. […] Il supporte patiemment mes sautes d’humeur et mes découragements et il ne cesse de sucrer pour moi le lait amer de la science. […] … Il me semble que la chose n’est pas nouvelle : depuis la mésaventure d’Adam et d’Ève, vous n’avez cessé de leur prouver ce mécontentement. […] Les mots « pour cent » reviennent sans cesse dans son discours.
Si le bruit cesse, il s’en aperçoit, preuve qu’il percevait le bruit sans en avoir conscience. […] On cesse d’y songer. […] L’opération est analogue à celle qui permet de constater que c’est la pesanteur de l’air qui fait monter le mercure dans le tube barométrique : mis sous la machine pneumatique, la pression de l’air cesse et le phénomène cesse. […] Si donc la pensée disparaît, la conscience disparaît, le moi cesse d’agir, cesse d’être. […] C’est grâce à elle que nous pouvons aller en avant sans avoir besoin de revenir sans cesse en arrière.
Duplessis n’avait cessé de cultiver les lettres dans le sens le plus étendu, et selon un esprit et une méthode qui ne sont plus de ce temps-ci.
Votre livre alors eût offert comme une Tentation de saint Antoine, au moment où l’aube approche et où l’on sent qu’elle va cesser.
Villemain a quitté l’hôtel du ministère de l’instruction publique, et il s’est logé dans une petite maison à Chaillot, espèce de village à l’intérieur de Paris ; il se promène tous les jours en voiture et reçoit avec plaisir les nombreuses visites qui ne cessent pas et auxquelles il suffit avec sa grâce accoutumée.
Il nous faut du grand, diront-ils, mais ce grand à quoi ils rêvent sans cesse, ils ne sauraient le trouver eux-mêmes ni l’inventer ; ils sont en peine des voies et moyens, et resteraient bien empêchés tous seuls à le réaliser ; il faut qu’on le leur prépare, qu’on le leur présente tout fait, et alors ils l’acceptent, sans trop de discernement toutefois, sans distinguer toujours le fond de l’apparence et le simulacre d’avec la réalité.
Mes sœurs, tout cela dans l’immensité des prairies et des bois naissait, vivait, mourait, se renouvelait sans cesse, tout cela se touchait et s’enchaînait sans se le dire, et par une sorte d’harmonie qui se suffisait à elle-même.
Sa Muse, à qui voudroit s’en former une idée, offriroit assez l’image d’une femme plus jolie qu’intéressante, sans cesse occupée à plaire, & plaisant en effet à ceux qui préferent l’Art à la Nature, l’esprit à la sensibilité, le ton pétillant & cavalier à la modestie & à la pudeur ; ou, pour se la peindre plus exactement, elle annonce le caractere & les manéges d’une Coquette, qui, au milieu de son changement perpétuel d’ajustemens, de fantaisies, de conversation & de cercle, a toujours la même façon de s’habiller, la même démarche, les mêmes manieres, le même jargon.
Quoiqu’on n’ait cessé de lui dire qu’il ne sauroit trop respecter ces hommes qui honorent notre Nation par leur Littérature, autant que par leurs lumieres & leurs vertus ; il n’a pas craint de les qualifier d’Ecrivains bizarres, de les accuser d’être vindicatifs, intolérans, orgueilleux, égoïstes, pleins de morgue.
C’est qu’au fond les plus grands événements de la terre sont petits en eux-mêmes : notre âme, qui sent ce vice des affaires humaines, et qui tend sans cesse à l’immensité, tâche de ne les voir que dans le vague, pour les agrandir.
C’est encore au christianisme que l’on doit ce sentiment perfectionné ; c’est lui qui, tendant sans cesse à épurer le cœur, est parvenu à jeter de la spiritualité jusque dans le penchant qui en paraissait le moins susceptible.
Je n’ai cessé de t’adorer, depuis le jour que tu vins avec ma mère ravir les jeunes hyacinthes à la montagne : c’était moi qui te traçais le chemin.
Nous nous voyons sans cesse assiégés de témoins, Et les plus malheureux osent pleurer le moins.
C’est que celui-ci ne s’est jamais occupé de l’imitation rigoureuse de la nature ; c’est qu’il a l’habitude d’exagérer, d’affaiblir, de corriger son modèle ; c’est qu’il a la tête pleine de règles qui l’assujettissent et qui dirigent son pinceau, sans qu’il s’en apperçoive ; c’est qu’il a toujours altéré les formes d’après ces règles de goût et qu’il continue toujours de les altérer ; c’est qu’il fond, avec les traits qu’il a sous les yeux et qu’il s’efforce en vain de copier rigoureusement, des traits empruntés des antiques qu’il a étudiés, des tableaux qu’il a vus et admirés et de ceux qu’il a faits ; c’est qu’il est savant, c’est qu’il est libre, et qu’il ne peut se réduire à la condition de l’esclave et de l’ignorant ; c’est qu’il a son faire, son tic, sa couleur auxquels il revient sans cesse ; c’est qu’il exécute une caricature en beau, et que le barbouilleur, au contraire, exécute une caricature en laid.
Des maladies inconnuës naissent en certains siecles, et elles cessent pour toujours après s’être renouvellées deux ou trois fois durant un certain nombre d’années.
Il arrive sans cesse qu’une chose, tout en étant nuisible par certaines de ses conséquences, soit, par d’autres, utile ou même nécessaire à la vie ; or, si les mauvais effets qu’elle a sont régulièrement neutralisés par une influence contraire, il se trouve en fait qu’elle sert sans nuire, et cependant elle est toujours haïssable, car elle ne laisse pas de constituer par elle-même un danger éventuel qui n’est conjuré que par l’action d’une force antagoniste.
Peintre de mœurs dans un cadre étroit et qu’il n’a pas dépassé, il a créé des types auprès desquels les types de la comédie en qui nous croyons le plus, les Chrysale, les Dandin, les Vadius, les Jourdain, les Chicaneau, ne sont que de véritables maigreurs dramatiques ; car le drame ne permet pas de faire le tour d’un type comme le roman, dans lequel un personnage plus grand que nature ne cesse pas pour cela d’être nature.
Elle n’a pas toujours entièrement tort, il faut l’avouer : mais elle passe ordinairement les bornes, & c’est ce qui fait qu’elle cesse d’être si redoutable. […] Ce plan vaste une fois arrêté, l’admiration pour les Grecs (juste d’ailleurs) eût cessé d’être servile & superstitieuse. […] Je ne cesserai de le répéter en gémissant : hélas ! […] Il est un paralèle bien monotone, qui revient sans cesse dans les conversations & qui m’ennuie étrangement. […] L’unité du lieu contraint ensuite l’Auteur a faire mouvoir ses personnages comme des marionnettes, en les faisant revenir sans cesse d’une maniere bisarre & puérile dans une galerie du Palais.
Pour cesser « d’élargir la question », revenons au duc. […] Ce La Rochefoucauld n’a pas cessé d’être romanesque. […] Il s’atténue par l’accoutumance, sans cesser d’exister, sans disparaître. […] Pour réussir à l’un sans échouer à l’autre, pour être exact sans cesser d’être clair et pour rester clair sans laisser d’être exact, il faut une grâce particulière. […] Brunetière dès ses débuts, et qui faisaient de lui, à l’époque où la critique romantique régnait encore, ou du moins ne cessait point d’être en faveur, un critique original et plein, tout d’abord, d’autorité.
Il a, pour parler à peu près le langage de l’école d’alors, il a « l’idée forte », et il semble s’appliquer à la prouver par le « discours faible ». — Avez-vous remarqué que, même quand il met en présence les Sophistes et Socrate, ce sont les Sophistes qui vont plus droit au but et qui ont plus de loyauté dans la discussion ; et que c’est Socrate qui louvoie sans cesse et qui a sans cesse les démarches tournantes et les mouvements obliques ? […] Il faudrait l’appeler une souffrance qui cesse. Nous ne nions point qu’une souffrance qui cesse soit agréable ; nous disons seulement qu’on ne peut pas prendre comme vrai bien et comme but de la vie une souffrance qui cesse. […] La science ne remplit pas l’âme et elle la déçoit sans cesse. […] Je voudrais, moi, être sans cesse en communication et communion avec l’âme même de ce peuple et sans cesse lui donner de braves et généreuses inspirations et sans cesse aussi, remarque bien cette parole, en recevoir de lui.
« Je médite, dit-il, sur l’ordre de l’univers, pour l’admirer sans cesse, pour adorer le sage auteur qui s’y fait sentir. […] — Elle voudrait croire parfois qu’il n’y a que le néant ; mais, mal assurée dans cette espérance même, elle retombe sans cesse dans ses anxiétés et entasse les sophismes pour s’encourager au suicide. […] La liberté est une arme pesante : quand le bras fatigué commence à s’engourdir, pourquoi ne pas faire cesser le combat en la jetant à terre ? […] « Qu’est-ce que la vertu dont ils parlent sans cesse ? […] Si le mariage n’existe que par l’amour, du jour où l’amour ne sera plus, le mariage devra cesser d’être.
Il est temps enfin de faire cesser les reproches très-fondés des autres nations jalouses de la gloire de la nôtre. » Accoutumés depuis longtemps à votre bienveillance, nous ne cesserons jamais de vous donner des preuves de notre empressement à vous offrir des productions dignes de vos suffrages. […] Les personnages de ses tragédies parlent beaucoup en héros de romans ; ils ont sans cesse à la bouche des pointes, des phrases à effet et à sentiment exagéré. […] Un abbé était au sermon, faisant d’épouvantables contorsions et répétant sans cesse ces mots : « Ô Racine ! […] Ces trois tragédies sont dans le genre de Sophocle et Euripide, que l’auteur connaissait à fond et étudiait sans cesse. […] Du reste, le poëte parut dans de favorables circonstances, Racine avait cessé de travailler, Campistron venait de se retirer, et Crébillon était encore inconnu.
Du Camp s’y pose en arrière-petit-fils de Werther, et, sans fin ni cesse, il caresse la mort. […] Le sentiment du devoir perce sans cesse au fond de ses pages malicieuses. […] Champfleury, lui, met un lorgnon à son observation myope, qui va s’accrochant sans cesse aux angles de la réalité. […] On reconnaît à peu près unanimement que tous ces siècles-là ne sont décidément pas notre siècle, et une fois si bien lancé sur le terrain de la logique, on n’hésite même pas trop à déclarer que la littérature de 1830 a aussi complètement cessé d’être la littérature vivante de notre époque, que les manches à gigots d’alors ont cessé de faire la parure de nos dames. […] Qu’il est aussi puéril à l’homme de rougir de ses imperfections, que coupable à lui de ne pas aspirer à s’améliorer sans cesse.
Mme Valmore, née dans la classe du peuple, était restée une âme plébéienne ; mais elle l’était sans prévention, sans parti pris, sans mettre sans cesse en avant ce qui divise et ce qui sépare. […] Mme Valmore, qui, en dehors de toute question politique, ne voyait en lui qu’un bienfaiteur du peuple et un martyr humanitaire, ne cessa de le suivre de sa pensée et de ses vœux dans l’exil et le bannissement. […] Elle eut sans cesse à défaire son nid et à le refaire.
Si l’on demeure à ce point de vue stérile, il n’est aucune raison pour se remuer davantage, et l’on cesse toute action confiante et suivie à l’âge même où le génie déploie la sienne. […] Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s’empare de notre tombe et s’étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l’isolement. […] Gesril, à la nage, s’approche des vaisseaux, crie aux Anglais de cesser le feu, leur annonçant le malheur et la capitulation.
Les autres, qui n’adoptent pas ces formules et qui, dans la voie démocratique ouverte en 89, avaient conçu des espérances plus modérées, plus réalisables, ce semble, voyant les difficultés, les échecs, les désappointements à chaque pas après quarante-six ans comme au premier jour, sont tentés enfin de regarder le programme d’alors comme étant, pour une bonne moitié du moins, une grande et généreuse illusion de nos pères, comme un héritage promis, mais embrouillé, qui, reculant sans cesse, s’est déjà aux trois quarts dispersé dans l’intervalle. […] Durant les mois qui précédèrent le 10 août, l’activité politique de notre héroïne n’avait pas cessé, mais l’expérience avait porté fruit ; elle commençait à moins pousser au mouvement tel quel, et à enrayer un peu. […] Ils se seraient radoucis pour le fond des principes de 89 ; leur antipathie contre les hommes de cette période aurait cessé, ou du moins l’estime aurait fait taire à jamais une guerre injurieuse.
Interrompez-vous ; attendez que le bruit ait cessé ; nous désirons vous entendre. […] Il serait trop singulier que le vers de Boileau cessât d’être vrai en France : On sera ridicule, et je n’oserai rire ! […] Je demande si elle a jamais manqué de rendre justice à aucun de ceux des hommes constitués en autorité qui, sous ce régime préventif qui va cesser, ont usé envers elle de bons procédés, de douceur, d’urbanité et d’indulgence, et qui ont corrigé l’arbitraire, ne fût-ce que par le sourire.
Mais la sensation s’émousse ; il faut la renouveler sans cesse. […] Il avait cessé de l’être récemment : pour qu’il le redevînt, il y avait plutôt à ranimer qu’à démontrer la foi. […] C’est la formule même de son tempérament que fournit Chateaubriand dans cette étonnante lettre de René à Céluta, qui, du point de vue objectif, est bien de la plus extravagante inconvenance : imaginez une jeune sauvage, puérile et tendre, écoutant ces confidences : « Depuis le commencement de ma vie, je n’ai cessé de nourrir des chagrins : j’en portais le germe en moi, comme l’arbre porte le germe de son fruit.
C’est une critique contemporaine qui n’a pas cessé d’être juste163. […] et qui peut se flatter dans une vie d’homme d’avoir assez appris, pour cesser de douter ? […] et quel sujet peut l’en éloigner pour plus d’un moment, ou ne l’y ramène pas sans cesse ?
Celui qui se suicide veut la vie, il se plaint seulement des conditions spéciales qui l’entourent… C’est parce qu’il ne peut cesser de vouloir qu’il cesse de vivre… (I, 471, et dans presque tous les écrits de Schopenhauer). […] De même que pour l’art il ne cessait d’enseigner que c’est par les sens qu’elle doit être perçue, sans l’intermédiaire de la réflexion, de même qu’il était l’adversaire de tout art purement littéraire, qu’il datait la décadence humaine de l’invention de la machine à imprimer (X, 176), et qu’il regrettait le temps où l’on ne connaissait les poèmes qu’en les entendant réciter à haute voix, et les drames qu’en les voyant jouer sur la scène (III, 127), de même toute abstraction spéculative lui répugnait et lui semblait inutile.
Mais ce qui était bien de lui et ce qu’il ne cessa de revendiquer comme un titre en pleine époque révolutionnaire, ce fut la petite comédie en un acte et en prose, Le Marchand de Smyrne, bagatelle qui amusa et réussit (janvier 1770), et dans laquelle on voit, disait Chamfort faisant son apologie en 93, « les nobles et aristocrates de toute robe mis en vente au rabais et finalement donnés pour rien ». […] Mais la reine ne cessa d’y prendre le plus vif intérêt ; c’était sa tragédie d’adoption. […] C’est ce qui doit arriver chez un peuple neuf, qui, pendant trois années, a parlé sans cesse de sa sublime Constitution, mais qui va la détruire, et, dans le vrai, n’a su organiser encore que l’insurrection.
Par exemple, tant qu’un objet nous fait jouir, agit sur nous, la sensation subsiste avec une vivacité continue ; à chaque moment, l’image du plaisir déjà éprouvé et le plaisir nouveau coïncident ; quand, au contraire, l’objet cesse d’agir, il ne reste plus qu’une représentation et appétition de plaisir qui, par l’intensité, demeure au-dessous de notre attente ; le senti ne coïncide plus avec l’imaginé ni avec le désiré. […] La conscience, loin d’avoir la forme linéaire et toute successive que l’école anglaise lui attribue, saisit donc sans cesse des simultanéités, des harmonies. […] Les courants nerveux se répandent sans cesse d’une fibre à l’autre comme les remous d’un torrent.
Tel fut, dans la guerre de trente ans, ce comte de Mansfeld, moins célèbre encore par quelques victoires, que par l’habileté qu’il déploya sans cesse dans les revers. […] L’individualité disparaît dans l’homme, en raison de ce qu’il cesse d’être un but, et de ce qu’il devient un moyen. […] Il ne peut conduire à des actions coupables, il ne peut descendre au crime, ni même à la ruse, car il démentirait sa nature, et cesserait d’être lui.
Il a pris ses affections pour celles du monde, et il a écrit d’une main assurée, à la première ligne de son ouvrage : « Virgile est un poète qui n’a pas cessé d’être en France dans l’usage et l’affection de tous. » Ceci n’est pas exact. […] « Virgile n’a voulu faire — nous dit-il — ni une Théséide, ni une Thébaïde, ni une Iliade purement grecque, en beau style latin ; il n’a pas voulu purement et simplement faire un poème à la Pharsale, tout latin, en l’honneur de César, où il célébrerait avec plus d’éloquence que de poésie la victoire d’Actium et ce qui a précédé chronologiquement et suivi ; il est trop poète par l’imagination pour revenir aux chroniques métriques d’Ennius et de Nævius, mais il a fait un poème qui est l’union et la fusion savante et vivante de l’une et de l’autre manière, une Odyssée pour les six premiers livres et une Iliade pour les six autres… une Iliade julienne et romaine… » Ainsi, on le voit, le critique revient sans cesse à cette idée de fusion qui calomnie Virgile et qu’il a eue déjà en voulant caractériser son génie, mais il nous est impossible, à nous, d’admettre un tel procédé dans le poète, il nous est impossible de croire à cette ingénieuse, trop ingénieuse fusion des deux poèmes d’Homère en un seul. […] Quoiqu’il fût de la race de ces esprits sensuels, égoïstes, mais faciles et qui recouvraient de formes aimables leur égoïsme et leur absence de sens moral ; quoiqu’il fût bien de la lignée des Saint-Évremond, des Fontenelle, des Prieur de Vendôme, des Chaulieu, etc., il n’avait pas leur rondeur ou la grâce de leur négligence, à ces égoïstes spirituels ; il restait pointu et à l’affût, toujours rat, toujours un brin féroce… Voluptueux qui ne lâchait jamais sa ceinture, mais qui, au contraire, la rebouclait sans cesse pour l’article, vous n’étiez jamais pour lui que l’intérêt d’un renseignement à deux pattes.
Révolutionnaire en ceci qu’elle n’était pas assez chrétienne, cette maison qui devait, comme toute famille royale, parmi les peuples chrétiens, représenter l’essence de la société, c’est-à-dire la famille, la tua au contraire, la famille, et par Henri IV, et par Louis XIV, et par Monsieur le Régent, et par Louis XV ; et, par le massacre sans cesse renouvelé de l’adultère et des bâtardises, elle créa le monstre de l’individualisme dans l’État, comme le Protestantisme avait créé le monstre de l’individualisme dans les doctrines. […] En la peignant comme Boucher l’aurait peinte, il a cessé d’être grave ; il a été passionné, tendre, approbateur, courtisan, justaucorps bleu ; il a trouvé tout exquis ou à peu près… Et quand (ce qui est rare) le vieux instinct de l’écrivain politique ou du moraliste chrétien s’est réveillé, et qu’il a fallu, sous peine de se renier soi-même, blâmer quelque chose dans cette société qui, après tout, a quelquefois de de grisantes odeurs de cloaque et d’effroyables réalités, il n’a pas appuyé, il a glissé, un mot a suffi, et il est retourné vite au bonheur de ses admirations. […] C’est ainsi, par exemple, qu’il nous parle, à deux reprises, de ce projet qu’on eut dans les dernières années du règne de Louis XV de faire cesser par un mariage le scandale public que le roi donnait à ses peuples.
Le livre, au contraire, ce livre de la Femme, ne cesse pas une minute de rabâcher le livre de l’Amour. […] … Et, cependant, Michelet était relativement pur en ce moment, et nous l’avons vu cesser de l’être ! […] Dès que l’enfant pourra agir, répète-t-il sans cesse, mettez-lui dans ses petites mains de la matière qu’il puisse pétrir, de petits morceaux de bois qu’il puisse assembler.
Après quelque temps, la connaissance de l’atelier, le souvenir de conversations nombreuses, et de nombreuses lettres, me firent apercevoir jusqu’à l’évidence, parmi d’autres choses, l’obstacle au mariage, que les jeunes filles de la mode rencontrent dans leur profession même ; comment celle-ci les affine et les déclasse ; comment elles sont d’un monde par leur naissance et d’un autre par leurs rêves, partagées entre le luxe du dehors et la misère de chez elles, jetées de l’un à l’autre par le travail qui reprend ou le travail qui cesse, également impuissantes à oublier la richesse qu’elles côtoient et à faire oublier la condition d’où elles sortent. […] Enfin, comme l’héroïne principale, entourée de compagnes moins élégantes et moins affinées, n’en serait que plus exceptionnelle, comme il fallait rappeler constamment et cruellement son origine, sa parenté, son monde d’où sans cesse elle s’évade en esprit, elle a un frère, l’ouvrier dont l’exemplaire vit sous nos yeux, l’homme que les mots corrompent autant que les passions, et qui se venge, par la haine universelle, de l’offense qu’il a reçue d’un seul. […] Ils ne cessent point d’agir parce que l’attention du moment s’est détournée d’eux.
Comme poète, il comprend Dieu, même quand il a cessé d’y croire. […] Un mariage obscur se consomme sans cesse entre l’ombre et le jour. […] Il ne rencontre la poésie vraie qu’au moment où il redevient homme, où il cesse d’être Dieu. […] Va-t-il cesser d’être un grand poète parce qu’il y a des mécontents ? […] Cette liberté, dont le nom revient sans cesse, comme une amorce de popularité, dans leurs écrits, qu’est-elle, si l’on en presse le sens ?
Ce sont les caractères sans véritable chaleur, qui parlent sans cesse des avantages des passions, du besoin de les éprouver ; les âmes ardentes les craignent ; les âmes ardentes accueilleront tous les moyens de se préserver de la douleur, c’est à ceux qui savent la craindre que ces dernières réflexions sont dédiées ; c’est surtout à ceux qui souffrent, qu’elles peuvent apporter quelque consolation.
Rodenbach nous satisfait par ses condensations de mots lorsqu’il dépeint, par exemple, des eaux : Une eau candide où le matin se clarifie Comme si l’Univers cessait au fil de l’âme, ou définit des yeux : Reliquaires du sang de tous les soirs tombants ou bien Sites où chaque automne a légué de ses brumes.
Et les voilà dans la plaine, résolus à l’action, les voilà en marche, sentant bien qu’il ne suffît plus d’attendre, mais qu’il faut avancer sans cesse, si l’on veut aller par-delà les horizons, jusqu’à l’infini.
On ne peut donc que le plaindre d’avoir eu le courage de paroître Philosophe, avec tant de risques ; & la foiblesse de n’oser cesser de l’être, avec tant de moyens d’assurer sa gloire par d’autres bons Ouvrages qu’il étoit capable de donner.
Car, remarquons-le en passant, il a été donné à Shakspeare, et c’est ce qui fait la souveraineté de son génie, de concilier, d’unir, d’amalgamer sans cesse dans son œuvre ces deux qualités, la vérité et la grandeur, qualités presque opposées, ou tout au moins tellement distinctes, que le défaut de chacune d’elles constitue le contraire de l’autre.
La Fontaine se plaît toujours à développer le caractère du renard, et il le fait sans cesse d’une manière gaie et comique.
La nature cessa de se faire entendre par l’organe mensonger des idoles ; on connut ses fins, on sut qu’elle avait été faite premièrement pour Dieu, et ensuite pour l’homme.
On voudroit seulement que ses phrases fussent moins coupées, & que son esprit ne roulât pas sans cesse sur les mêmes réfléxions.
Ainsi ceux qui n’ont point de pente vers une passion, ne conçoivent point que les fureurs dont le poëte remplit ses scenes, et qu’il expose comme les suites naturelles d’un emportement dont-ils n’ont jamais senti les accès, soïent exposées suivant la verité : ou bien les suites d’une semblable passion leur paroissent les pures saillies de l’imagination dereglée d’un poëte exagerateur : ou bien les personnages d’une piece cessent de les interesser.
Les faits merveilleux sont encore véritables pour les poëtes de tout genre, long-temps après qu’ils ont cessé de l’être pour les historiens et pour les autres écrivains, dont la verité est le premier objet.
Il faut penser lentement ; il faut lire lentement ; il faut penser avec circonspection sans donner à grand’erre dans sa pensée et en se faisant sans cesse des objections ; il faut lire avec circonspection et en faisant constamment des objections à l’auteur ; cependant il faut d’abord s’abandonner au train de sa pensée et ne revenir qu’après un certain temps à la discuter, sans quoi l’on ne penserait pas du tout ; il faut faire confiance provisoire à son auteur et ne lui faire des objections qu’après qu’on s’est assuré qu’on l’a bien compris ; mais alors, lui faire toutes celles qui nous viennent à l’esprit et examiner attentivement et s’il n’y a pas répondu, et ce qu’il pourrait y répondre.
Nous ne cesserons de répéter ce mot, tant qu’on s’obstinera à mépriser le travail et à croire qu’il est facile de bien écrire.
Cela fait, la guerre cesse, les combattants s’apaisent, et les vainqueurs sont les premiers à tendre la main aux morts illustres. […] Il est seul à jamais, car les autres esprits de ténèbres ont cessé de lui obéir. […] L’heure n’est-elle pas venue, enfin, où tu vas cesser de vénérer les hommes qui te méprisent, et d’outrager ceux qui travaillent à ton émancipation ? […] Il rêvait l’avarice et se ruinait sans cesse. […] Il aima l’examen des faits passagers dont on cause, car il voulait causer et juger sans cesse.
Ainsi, dans certains cas, rares il est vrai, le langage peut être analogique et remplir son rôle à la satisfaction de la pensée ; quand il cesse d’être directement imitatif et que, par l’extension des significations primitives, il tourne à la métaphore, son analogie, trop partielle, devient trompeuse, et plus il glisse sur cette pente, plus son usage est dangereux pour la pensée, qu’il expose à des inexactitudes, à des équivoques toujours plus nombreuses et plus graves272. […] Si enfin il est par essence rigoureusement hétérogène à ses concomitants, c’est-à-dire impartial, son indépendance est parfaite, et elle ne pourra cesser d’être parfaite. […] La signification, ainsi restreinte, cesse d’être, à proprement parler, une fonction ; elle n’est plus qu’une qualité ; le signe extérieur seul, et dans la vie sociale seulement, a un rôle ; il sert d’intermédiaire entre plusieurs apparitions d’une même idée dans des consciences distinctes ; c’est grâce à lui que l’individu psychique peut se répandre dans autrui et s’accroître des pensées d’autrui ; mais rien de tel ne peut être affirmé du signe intérieur. […] Les caractères propres d’un grand nombre d’idées peuvent être effacés par l’habitude sans que la pensée dans son ensemble ait approché d’assez près de l’inconscience pour être arrêtée ou gênée dans sa marche, sans que les actions et réactions mutuelles des idées cessent de se faire avec une parfaite rigueur logique ; la possession d’un esprit par lui-même n’implique pas la possession actuelle et complète de toutes les idées qui le constituent ; les faiblesses de la conscience peuvent être compensées à mesure par un système naturel de suppléances et de reflets. La pensée peut être comparée à une machine économique qui fonctionnerait avec un minimum de combustible dont elle saurait utiliser toute la chaleur ; un minimum de conscience est nécessaire, mais suffisant, à la pensée [§ 8] ; elle l’atteindrait bientôt, puis le dépasserait et cesserait d’être possible, si elle était livrée sans défense à l’action destructive de l’habitude ; mais l’attention travaille sans cesse à maintenir la conscience au degré nécessaire et suffisant ; par des remémorations analytiques, elle vivifie, restaure, répare les pensées trop évanouies ; plus souvent, son action, mieux entendue, car elle est alors préventive, consiste dans une résistance continue à l’évanouissement progressif de la conscience ; le maintien régulier de la quantité normale de conscience est l’effet de cette tension permanente, qui fatigue moins que des efforts intermittents, mais plus énergiques.
Il me fallait un monde de fictions, et je n’ai jamais cessé de m’en créer un que je portais partout avec moi ! […] On est en présence d’une personnalité vivante qui a sa physionomie propre ; Fernand ressemble aux jeunes gens ses pareils, sans cesser d’être lui-même. […] Il cherche sans cesse des excuses pour retarder l’exécution de ses promesses. […] Il semble que la société tout entière se compose de femmes effrontées sans cesser d’être charmantes, de vieillards chez lesquels le défaut de gravité et de dignité est transformé en indulgente sagesse, de jeunes gens corrompus et corrupteurs, sans cesser d’être honorables. […] Je cherche en ce moment la chrétienne et je cesse de l’apercevoir.
Il me semble qu’Orosmane cesse d’être touchant quand il cesse d’être lui-même, quand il trompe sa maîtresse, quand il emploie la ruse et les détours pour se forger des peines qu’il pouvait éviter en allant droit son chemin avec franchise et simplesse. […] C’est mon fils ; arrêtez, cessez, troupe inhumaine. Cessez n’est pas poétique ; il est plus faible arrêtez, qui précède. Je ne sais si l’on dit bien cesser dans un sens absolu ; l’usage veut, je crois, qu’on donne à ce verbe un régime : cessez votre travail, cessez d’écrire, cessez de faire de mauvais vers. Au passé, on peut dire l’orage a cessé ; la fièvre a cessé ; mais je doute qu’on puisse dire, même à une troupe inhumaine, cessez, sans désigner quel ouvrage elle doit cesser.
Si jamais il n’est plus jeune et qu’il cesse d’être amoureux, ce ne sera plus la même chose. » Elle dira plus tard, au lendemain d’Esther, que « Racine aime Dieu comme il a aimé ses maîtresses ». […] Ce qui semble avoir émerveillé d’abord, conquis et enchanté Frédéric, c’est précisément ce qui n’a pas cessé ni ne cessera d’étonner la postérité, non pas un livre ou une tragédie, Zaïre ou Charles XII, mais la diversité, l’ubiquité, l’universalité de Voltaire. […] L’Essai sur les mœurs n’a pas cessé d’être un livre bon à consulter, en même temps qu’agréable à lire. […] Bientôt même, les défaites de la royauté de Versailles cesseront d’être les défaites de la France. […] Dans la plupart des hommes, comme il arrive un âge où les linéaments du corps et les traits de la physionomie se fixent pour ne plus varier, ainsi vient un temps où l’esprit cesse de s’étendre, et l’intelligence, le génie même, de se renouveler.
Nietzsche se laisse égarer ici par ses aspirations personnelles : il cesse d’être objectif, il ne tient plus compte de ce que l’auteur avait en vue. […] Beethoven, au contraire, ne cesse de monter. […] Sa musique, à ce point de vue, n’a même pas cessé d’être révolutionnaire, si classique qu’elle soit devenue à un autre point de vue. […] Ce minimum d’excès, répété sans cesse, peut finir par amener un affaiblissement et la ruine de la santé morale, autant que les excès les plus grossiers. […] Les hommes les plus puissants ont toujours inspiré les architectes : l’architecte fut sans cesse sous la suggestion de la puissance.
Le futur historien des Origines du christianisme n’a jamais cessé d’être dogmatique, au moins sur un point. […] Ils descendent des cimes, et quand ils ont cessé de vaticiner, ils redeviennent des hommes comme nous, je dirai même, sans manquer pour cela d’humilité, pires que nous. […] Il le remaniait sans cesse, avec cette conscience et ce scrupule, qui étaient les vertus de son génie. […] Thomas Graindorge est devenu historien sans cesser d’être un poète satirique et amer. […] Il trouvait, à ces sources, un perpétuel rafraîchissement, une félicité sans cesse rajeunie, un délice que l’accoutumance n’a pas épuisé.