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1700. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Les anciens n’ont connu que l’éloquence judiciaire et politique : l’éloquence morale, c’est-à-dire l’éloquence de tout temps, de tout gouvernement, de tout pays, n’a paru sur la terre qu’avec l’Évangile.

1701. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Je me bornerai donc, dans cet avertissement, à déclarer que j’emploie le mot philosophie dans l’acception que lui donnaient les anciens, et particulièrement Aristote, comme désignant le système général des conceptions humaines ; et, en ajoutant le mot positive, j’annonce que je considère cette manière spéciale de philosopher qui consiste à envisager les théories, dans quelque ordre d’idées que ce soit, comme ayant pour objet la coordination des faits observés, ce qui constitue le troisième et dernier état de la philosophie générale, primitivement théologique et ensuite métaphysique, ainsi que je l’explique dès la première leçon.

1702. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Ce faire de Loutherbourg, de Casanove, de Chardin et de quelques autres, tant anciens que modernes, est long et pénible.

1703. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Votre vierge est assez belle de draperie et de caractère ; mais elle est raide, et si je connaissais mieux les anciens peintres, je vous dirais à qui vous l’avez prise.

1704. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Au milieu l’on voit le monument d’une jeune fille morte à la fleur de son âge : c’est ce qu’on connoît par la statuë de cette fille couchée sur le tombeau à la maniere des anciens.

1705. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

On peut dire la même chose de plusieurs pieces des anciens tragiques.

1706. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Nous avons rarement lu quelque chose de plus froid, de plus exsangue, que ces récits dans lesquels traînent, au milieu de leurs roses éternelles, ces vieilles idées communes de bonheur tel que les Anciens le concevaient, et l’ennui, l’horrible ennui que ce bonheur, qui ne prenait pas le fond de l’âme, devait nécessairement engendrer !

1707. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Un long séjour à Rome acheva ma conversion ; c’est peu à peu, par l’étude des faits, par la logique des choses et surtout par l’action vivante des hommes, que j’en suis arrivé aux conclusions philosophiques de mon livre ; elles ne sont pas un point de départ, elles sont une conviction lentement conquise sur d’anciens préjugés. — Cette foi nouvelle hésitait encore, étonnée de sa propre hardiesse, lorsque je vous connus, cher ami Bédier ; notre longue promenade d’avril 1904, dans le jardin du Palais-Royal, et de là au Panthéon, m’est inoubliable ; votre confiance, votre amitié me révélaient enfin le Paris entrevu dans les livres, ce Paris dont je dis ailleurs, en des mots d’amour, qu’il est la ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité.

1708. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Des fils de l’ancien régime. […] Elle m’a été une preuve nouvelle d’une sympathie déjà ancienne et qui m’est très précieuse. […] Je viens d’employer le terme de vieille France et non celui d’ancien régime. […] Taine, si nous ne savions pas qu’en effet l’ancien régime et la Révolution ne font qu’un seul bloc. […] Qu’était cette élite d’admirables ouvriers civils et militaires qui collaborèrent avec Bonaparte à la prodigieuse aventure impériale, sinon des enfants de l’ancien régime ?

1709. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Voilà ce qu’eussent dit dans un soir ancien Ces petites filles au bon ton. […] Qu’il cause de littérature, qu’il devise sur les arts ou qu’il discute sociologie, toujours le jeune auteur se dresse menaçant contre les vestiges de l’esprit ancien. […] Dans l’une, la plus ancienne en date, M.  […] Il s’est voué à l’étude des poètes anciens, sa verve s’est desséchée quelque peu et, à force d’avoir trop de scrupules, il s’est souvent stérilisé. […] Après quoi, les anciens disciples du maître se sont tour à tour dispersés, et c’est ainsi que nous avons pu voir M. 

1710. (1933) De mon temps…

C’était une vaste pièce dont le principal ornement consistait en rayons chargés de beaux livres anciens, car Lemaître était un bibliophile avisé. […] Il y avait en lui quelque chose de militaire et de martial qui le faisait ressembler à un ancien officier de cavalerie et quelque chose aussi qui rappelait la silhouette des artistes du temps de Gavarni. […] Que s’était-il passé dans la cervelle biscornue de mon ancien persécuteur ? […] Que d’anciennes églises l’ont retenu en leur présence ! […] C’est une vaste pièce carrée dont les murs sont revêtus d’une boiserie ancienne, deux fenêtres, une bibliothèque, des placards entr’ouverts qui laissent voir des registres, un canapé de style Empire, une longue table encombrée, un bureau qui ne l’est pas moins.

1711. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Ce précepte est, à mon avis, d’un grand sens ; et il signale une différence trop peu remarquée entre la morale du paganisme et celle que la religion chrétienne a établie sur ses ruines, entre les procédés de la philosophie ancienne et les pratiques de la foi nouvelle, entre les satiriques païens et les prédicateurs catholiques. […] Dans la littérature, malheur aux langues qui renversent injurieusement les statues des anciens dieux, qui se disent fortes parce qu’elles sont rudes et violentes, qui se croient jeunes quand elles ne sont que barbares ! […] De simple gentilhomme de campagne devenu chef de bandes, de général roi par la grâce de 20 000 bandits intrépides et pillards, il est parvenu à soumettre à son joug toute la confédération des princes sykes, jadis ses égaux, et une partie considérable de l’ancien royaume de Caboul. […] Ceux qui avaient longtemps vécu à la pointe de l’épée, sans être cependant connus pour se livrer à d’inutiles cruautés, il en faisait des soldats ; et ceux-ci devenaient, en cette qualité, les gardiens de leurs anciens camarades, souvent même de leurs anciens chefs. […] Plus de cent villageois furent appelés des bourgs et des hameaux voisins ; je m’entretins avec eux de leur ancien genre de vie et de leurs occupations présentes ; la plupart de ces hommes avaient versé le sang humain.

1712. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Les plus anciens Poissons eurent une enveloppe osseuse, d’une dureté extrême 58. […] Dans les deux cas nous avons affaire à du connu qui se compose avec du connu et, en somme, à de l’ancien qui se répète. […] La finalité par excellence, pour notre entendement, est celle de notre industrie, où l’on travaille sur un modèle donné d’avance, c’est-à-dire ancien ou composé d’éléments connus. […] L’expliquer consiste toujours à la résoudre, elle imprévisible et neuve, en éléments connus ou anciens, arrangés dans un ordre différent. […] Or elles ne se produiront que si, dans certains cas, l’addition d’un élément nouveau amène le changement corrélatif de tous les éléments anciens.

1713. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Les anciens l’ont aimée. […] Mais les modernes, si pénétrés de littérature antique qu’ils aient été, si invités qu’ils aient été par les anciens à regarder la mer, ne l’ont point chantée tout d’abord. […] Encore un coup, il s’agit de savoir si la religion nouvelle aura, au regard de la foule, un caractère plus religieux que l’ancienne, si le scandale du mal dans le monde sera moins grand avec la conception nouvelle qu’avec l’ancienne hypothèse. […] On fait une œuvre artistique avec une idée en transformant une idée en un mythe, ou en considérant un mythe ancien et en retrouvant l’idée. […] Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ; Et ceci se passait dans des temps très anciens.

1714. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

aucune préférence spéciale comme dans l’ancien système, où le trône et l’autel s’appuyaient et se garantissaient mutuellement, mais du moins une liberté générale et entière, efficace et sincère dans son application. […] Nous voici délivrés à la fois des habitudes serviles de l’ancien ordre et des exagérations passionnées du nouveau, appelés par notre gouvernement à délibérer sur de grands intérêts, reconnus par lui-même assez sages pour les bien déterminer ; eh ! […] Notre ami, le comte Alfieri, a un prodigieux succès comme maître des cérémonies. — Les anciens grands seigneurs piémontais et les Français dans les administrations se rencontrent sans cesse à la cour et ne s’en aiment pas davantage. […] Il m’a mise dans la confidence de quelques écrits qui prouvent du talent ; mais il y a en lui un mélange de l’ancien et du nouveau régime qui m’étonne toujours. […] On lit dans les Mémoires du comte de Senfft, ancien ministre de Saxe à Paris vers l’an 1809, à l’occasion d’une parente compromise qu’il s’agissait de sauver des rigueurs extrêmes auxquelles elle était exposée : « M. 

1715. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il fut mis d’abord en pension rue Neuve-Sainte-Geneviève, chez un ancien oratorien, l’abbé Roche, qui passait pour janséniste. […] Son père, à défaut du polytechnicien qu’il aurait voulu, avait eu l’idée de faire de lui un apothicaire savant comme le furent les Geoffroy de l’ancienne Académie des Sciences, et de notre temps les, Pelletier, les Robiquet. […] Mais ici, avec Goethe, les rapports étaient tout différents : Goethe était déjà un ancien ; Werther appartenait à un autre siècle. […] » Un vrai critique lui eût dit : « Laissez ce César, c’est une erreur. » Je ne sais même si je ne me hasardai pas, un jour que je rencontrai mon ancien ami, à le lui dire un peu brusquement : il me répondit avec infiniment de douceur et d’indulgence pour ma boutade que tout le inonde, parmi ses amis, n’était pas de mon avis. […] Il y a tel chapitre en effet de cette histoire ancienne que l’on dirait écrit par un émigré, tant la prévention vivante y domine !

1716. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Voilà nos deux partis, fort anciens, comme chacun sait, fort peu graves, comme chacun voit. […] Pendant qu’il écrit, son public est sous ses yeux : gros squires bouffis par le porto et le bœuf, accoutumés à la fin du repas à brailler loyalement pour l’Église et le roi ; gentilshommes fermiers aigris contre le luxe de Londres et l’importance nouvelle des commerçants ; ecclésiastiques nourris de sermons pédants et de haine ancienne contre les dissidents et les papistes. […] Le malheureux, ancien officier et demi-lettré, se servait maladroitement des mots constitutionnels […] Cependant le frère aux distinctions, maintenant qu’il avait mis la main à l’ouvrage, prouva par un très-bon argument que K était une lettre moderne, illégitime, inconnue aux âges savants, et qu’on ne rencontrait dans aucun ancien manuscrit. […] Les anciens, dit-il, ont désigné les critiques, à la vérité en termes figurés et avec toute sorte de précautions craintives ; « mais ces symboles sont si transparents, qu’il est difficile de concevoir comment un lecteur de goût, doué de la perspicacité moderne, a pu les méconnaître.

1717. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Ma grand-mère était Anglaise… » Puis la causerie va sur About, que Taine défend comme son ancien camarade de l’École normale. « Un garçon, dit Sainte-Beuve, qui s’est mis à dos les trois grandes capitales, Athènes, Rome, Paris. […] À ce mélancolique dîner, Sainte-Beuve parle du suicide, comme d’une fin légitime, presque naturelle de la vie, comme d’une sortie soudaine et volontaire de l’existence à la façon des anciens, au lieu d’assister à la mort de chacun de ses sens, de chacun de ses organes, — et il regrette qu’il lui manque le courage de se tuer. […] 16 avril Passé la soirée chez les Armand Lefébvre… Une jeune fille de notre connaissance nous raconte ses visites à la sœur de P….., son ancienne amie de Saint-Denis, et qui s’est faite carmélite. […] C’est à Billion, l’ancien directeur du Cirque, et les quatre tourelles sont des lieux à l’anglaise. […] Une perse gaie, de façon ancienne et un peu orientale, à grandes fleurs rouges, garnit les portes et les fenêtres.

1718. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

On pouvait craindre qu’en se renfermant dans ce sujet qui se rattachait à des vogues fugitives et déjà si anciennes, si parfaitement évanouies, il ne rencontrât point des sources d’intérêt bien vives et bien actuelles.

1719. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

La critique, pendant tout ce temps-là (je parle de la critique qui compte) ; faisait son office avec zèle et courage ; elle s’attachait à réfuter les sottes querelles des adversaires, à démontrer qu’il y avait quelque chose de possible en dehors de l’ancien système, que le siècle devait avoir son drame à la scène comme il l’avait eu dans l’histoire.

1720. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Mais, non satisfaite encore de cette première apologie de Benjamin Constant qu’elle avait inspirée, Mme Récamier songea à faire publier les lettres qu’elle avait reçues de cet homme distingué, autrefois fort amoureux d’elle ; elle confia à cet effet un choix de ces lettres à Mme Louise Colet, qui devenait ainsi l’avocate officielle de l’ancien tribun.

1721. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Et d’abord les susdits directeurs, dont la plainte est déjà ancienne, excipent de leur privilège pour demander au Gouvernement une protection directe.

1722. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

. — Livret de vers anciens (1884). — Pierrot divin (1887). — Le Conte de la Rose (1891). — Brunette, ou petits airs tendres (1892). — À l’orée (1899). — Le Sourire d’Hellas (1899). — Un jour tout de rêve (1900). — La Petite Porte feuillue (1900).

1723. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

. — Nos adieux à la Chambre des députés de l’an 1830 ou Allez-vous-en, vieux mandataires, par le père Gérard, patriote de 1798, ancien décoré de la prise de la Bastille, couplets (1831). — Lénore, traduite de Bürger (1835). — Piquilo, opéra-comique, en collaboration avec M. 

1724. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Cette mort acheva ce qui restait de l’ancienne maison de Rambouillet.

1725. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

Il est aisé de sentir qu’à l’exemple des Grands Hommes qui se sont distingués, chacun dans leur genre, ce fut par une étude constante & réfléchie des Anciens.

1726. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Ainsi, après avoir réprouvé les très anciens termes couperose, nitre, esprit-de-sel, vitriol, pour leur substituer sulfate de cuivre, azotate de potasse, acide chlorhydrique, acide sulfurique, les chimistes ont dû, tout comme les alchimistes, négliger dans le mot nouveau la notation des éléments combinés dans la matière nouvelle.

1727. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Les anciens n’arrêtaient pas longtemps les yeux sur l’enfance ; il semble qu’ils trouvaient quelque chose de trop naïf dans le langage du berceau.

1728. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

On se moque des saints et des anges ; mais les anciens eux-mêmes n’avaient-ils pas leurs demi-dieux ?

1729. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

On a voulu la rejeter sur des causes politiques : on a dit que si l’histoire ne s’est point élevée parmi nous aussi haut que chez les anciens, c’est que son génie indépendant a toujours été enchaîné.

1730. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Parmi les anciens Aristote, philosophe & littérateur, instruisit les Poëtes, après avoir donné des leçons aux Rhéteurs.

1731. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Il n’en est pas de nous ainsi que des Anciens qui avaient des bains, des gymnases, peu d’idées de la pudeur, des dieux et des déesses faits d’après des modèles humains, un climat chaud, un culte libertin ; nous ne savons ce que c’est que les belles proportions.

1732. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

On prétend que les Anciens n’en auraient jamais fait le sujet d’un tableau isolé ; qu’ils auraient réservé cette composition et celles du même genre, pour un cabinet de bains, un plafond, ou pour les murs de quelque grotte souterraine.

1733. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Taine, bien qu’on imprime chaque jour le contraire, n’a pas fait l’éloge de « l’ancien régime » ; loin de là, il lui fut sévère et jugea qu’il devait crouler ; mais il a protesté contre la méthode employée par les hommes de la Révolution pour la réfection de la France.‌

1734. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Les idées et les faits, la vie intime et la vie extérieure, tout ce qui constitue la raison d’être, de croire, de penser, d’agir, des races anciennes appelle l’attention générale. […] Niobé symbolise une lutte fort ancienne entre les traditions doriques et une théogonie venue de Phrygie. […] Je crois, enfin, qu’à génie égal, les œuvres qui nous retracent les origines historiques, qui s’inspirent des traditions anciennes, qui nous reportent au temps où l’homme et la terre étaient jeunes et dans l’éclosion de leur force et de leur beauté, exciteront toujours un intérêt plus profond et plus durable que le tableau daguerréotypé des mœurs et des faits contemporains. […] Il me faut vous parler d’un homme, unique entre tous, qui, pendant soixante années, a ébloui, irrité, enthousiasmé, passionné les intelligences, dont l’œuvre immense, de jour en jour plus abondante et plus éclatante, n’a d’égale, en ce qui la caractérise, dans aucune littérature ancienne ou moderne, et qui a rendu à la poésie française, avec plus de richesse, de vigueur et de certitude, les vertus lyriques dont elle était destituée depuis deux siècles. […] Elle s’inquiète des chefs-d’œuvre anciens, les étudie et les imite ; elle invente des rythmes charmants ; mais sa langue n’est pas faite, le temps d’accomplir sa tâche lui manque, et il arrive que les esprits, avides d’une discipline commune, s’imposent bientôt d’étroites règles, souvent arbitraires, qu’ils tiennent à honneur de ne plus enfreindre.

1735. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Les gens du peuple, les cerveaux dociles, les anciens militaires, les artisans, les sujets habitués à l’obéissance passive sont, selon MM.  […] Il n’est même pas démontré qu’il n’y eût rien de vrai dans l’ancienne hypothèse du fluide magnétique, si on entend par là une surexcitation du système nerveux produisant des ondulations capables de s’irradier au dehors de l’organisme et d’établir une communication anormale entre deux systèmes nerveux. […] Il ne faudrait pas, d’une sorte de mythologie mono-animiste, soutenue par les anciennes écoles, tomber dans une mythologie polyanimiste. […] C’est là une réaction exagérée contre l’ancienne doctrine de l’unité du moi. […] De plus, le cerveau n’étant jamais tout d’un coup changé dans sa masse entière, il reste toujours dans l’état nouveau quelque chose de l’ancien.

1736. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Thiers, il voulait arracher à ce pauvre diable d’honnête homme, me pousse à la crédulité sur beaucoup de choses, prêtées à l’ancien ministre. […] Une tête où, dans la solide construction de l’ancienne tête romaine, il y a comme le poids pesant de la pensée. […] Une petite laveuse, les bras nus, le casaquin clair, un ruban couleur feu dans les cheveux pour toute élégance, de petits tétons ronds qu’on sent baller comme une paire de pommes, le corps libre, souple, m’a fait repasser devant les yeux la toilette matinale de peuple d’une ancienne maîtresse. […] Goguet le marchand de cadres anciens déménage. […] Il vient de recevoir de lui une lettre désespérée, dans laquelle il lui dit, que dans l’ancienne patrie de Phidias, il n’y a plus de modèle, plus même de terre à modeler, et qu’un sculpteur qu’il a fini par découvrir lui déclarait que, lorsqu’en Grèce, quelqu’un s’avisait de vouloir faire une œuvre d’art quelconque, il se rendait à Rome, et qu’à Athènes on ne sculptait absolument plus que d’après des gravures.

1737. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Aventure flamande de sœur Godeliève (tirages à part de la Revue) (Ancienne Revue des Revues), 1900-1004. — Poussier des Mottes, 1 acte et 2 tableaux (Théâtre Cluny, 1905). […] Collaboration. — La Revue (Ancienne Revue des Revues). — Journal des Débats. […] Pierre Quillard, Les Poèmes, Mercure de France, 1er janvier 1905. — Adolphe Retté, La Poésie Française, La Revue (ancienne Revue des Revues) 1er janvier 1906. […] Collaboration. — Mercure de France, Ancien Ermitage, Renaissance Latine, etc…   Leblond, Marius, né en 1877 et Ary en 1880 à l’Île de la Réunion. […] Collaboration. — Revue de Paris (secrétariat et critique), L’Art et la Vie, Renaissance Latine, Revue de l’Art ancien et moderne.

1738. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

On dirait qu’ils craignent que ces « aristocrates » ne méditent un jour de ramener l’ancien régime ; — et ils ont grand tort de le craindre ; ils n’ont pas assez de confiance dans l’œuvre de la Révolution !  […] C’est pourquoi, dans les premières années de la Restauration, entre 1815 et 1825, il s’établit une façon commune de penser et surtout de sentir ; les bornes de l’ancien horizon se déplacent ou plutôt s’évanouissent ; et le cosmopolitisme littéraire est né. […] Dans les articles du Globe, comme à la Sorbonne, vers le même temps, dans les cours de Villemain, de Guizot, de Cousin, l’ancienne et la nouvelle esthétique ont essayé de se réconcilier, — la critique universitaire et la critique romantique ; — et elles n’y ont qu’à moitié réussi. […] Sainte-Beuve lui-même, l’ancien admirateur, disciple et « cornac » d’Hugo, comme l’appelait plaisamment Henri Heine, se révolte ; et son Port-Royal, qui commence de paraître en 1840, son Chateaubriand, qui est de 1848, ses Causeries du lundi, dont la série commence en 1849, sont tout justement le contraire de ses Portraits contemporains. […] II, 1850] en a proposé la classification suivante : 1º Chansons anciennes, dans le goût de Panard et de Désaugiers : Le Roi d’Yvetot ; La Gaudriole ; M. 

1739. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Son inconstance et ses plaintes incessantes avaient aliéné ou refroidi tous ses anciens protecteurs à Rome, même le cardinal Albano. […] Les ouvrages des anciens se font reconnaître, nous dirons presque, à leur sang. […] Enfin il aurait pu jeter un regard sur l’ancienne Asie, sur cette Égypte si fameuse, sur cette grande Babylone, sur cette superbe Tyr, sur les temps de Salomon et d’Isaïe. […] Il partit pour Rome ; il y fut déçu par la froideur de la réception de ses anciens protecteurs, jaloux peut-être de ce qu’il en avait trouvé de plus affectueux à Naples ; il fut obligé de chercher un asile dans le couvent de Santa Maria Nuova. […] « Mais cette hospitalité », écrit le Tasse, « bien loin d’être un soulagement, n’est qu’une aggravation pour moi, car le cardinal, cette fois, et sa maison, témoignent si peu de considération pour ma personne, et un tel mépris de ma mauvaise fortune obstinée, qu’il ne m’admet point à sa table, qu’il ne me fournit ni un lit, ni une chambre, ni un service décent à mon mérite et à ses anciennes grâces pour moi ! 

1740. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Le feuillage de ces chênes et de ces hêtres est impénétrable au soleil le plus ardent ; j’aime à m’asseoir ici, pendant les chaudes journées d’été, après dîner, lorsque sur la prairie et dans tout le parc à l’entour règne ce silence que les anciens peindraient en disant que Pan dort. » Nous entendîmes sonner deux heures dans la ville, et nous revînmes. […] Goethe est resté quelques instants enfoncé dans ses pensées, puis il m’a cité ce mot d’un ancien : « Même lorsqu’il disparaît, c’est toujours le même soleil !  […] S’ils trouvent dans Shakespeare, par exemple, des passages qui se trouvent aussi chez les anciens, il faut que Shakespeare les ait pris aux anciens ! […] S’il ne l’a pas, il part avec son plumage ancien et ne mue que dans le Midi, plus tard. — Car les oiseaux n’arrivent pas au printemps et ne partent pas à l’automne tous en même temps.

1741. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il fut le Doudan alangui de deux ou trois petits salons aristocratiques qui se formèrent à Paris au commencement de l’Empire et où régnèrent, avec l’ancienne politesse, la religiosité la plus élégante. […] Et c’est ainsi qu’il a vu l’ancien régime et la Révolution également tristes et haïssables. […] Sous l’ancien régime, même sous la Restauration, sa carrière eût été toute tracée. […] Mais aujourd’hui la vie est plus difficile aux descendants de l’ancienne aristocratie, quand ils ne sont pas très riches et quand ils ne se résignent ni à l’oisiveté ni à la nullité. […] Il apparaît, par sa complexion, comme un soldat-gentilhomme de jadis, un maréchal de camp de l’ancien régime ou tout au moins un général risque-tout du premier empire, égaré dans une démocratie niveleuse, empêtré dans des charges bureaucratiques autant que militaires, commandant durant une paix interminable une armée de citoyens et d’électeurs où le patriotisme abonde plus que le tempérament et l’esprit proprement guerriers.

1742. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

L’ancienne théorie du jugement, à laquelle se rattache celle de Kant, supposait que l’esprit commence par des idées sans lien entre elles et sans affirmation, qu’on appelait de pures conceptions ; on croyait que l’esprit, par la comparaison de ces idées, — vraies idées sans force, — les unissait en jugements, et qu’ensuite, par la comparaison des jugements entre eux, l’esprit réunissait les jugements en raisonnements. […] En second lieu, comme on l’a souvent remarqué, l’ancienne théorie du jugement est un cercle vicieux. […] L’ancienne théorie du jugement ne s’applique donc qu’aux jugements dérivés, réfléchis, scientifiques. […] On a perfectionné l’ancienne théorie du jugement en supposant à l’origine non des idées proprement dites ou des concepts, mais de simples appréhensions de sensations sans lien, ou sans autre lien que l’association par contiguïté qui les a amenées102. — Nous répondrons que la simple appréhension ou aperception est déjà un jugement : remarquer une sensation nouvelle, une brûlure au contact du feu, c’est juger implicitement qu’il y a du nouveau et du douloureux, c’est attribuer une valeur objective à la brûlure, c’est être dans le monde réel, non dans un monde de sensations-fantômes, toutes subjectives. […] Les partisans de l’esprit pur, qui supposent que la pensée pure établit seule un lien entre les intuitions sensibles et les compare du haut de son unité, retournent en somme à l’ancienne théorie du jugement ; ils traitent les sensations, appétitions et motions consécutives comme des atomes sans lien qui auraient ensuite besoin d’être reliés par l’esprit.

1743. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Jeudi 23 janvier L’amabilité de l’académicien X…, cette amabilité à jet continu à l’égard de tous, et qui ressemble pas mal aux distributions de victuailles au peuple, dans les anciennes réjouissances publiques, faisait dire à ma voisine de table, que cette amabilité-là, elle, ça la mettait en veine de butorderie ! […] Jeudi 20 février Mme Gréville me contait, ce soir, que c’était elle, qui habitant avec son père, le rez-de-chaussée de la maison de Gavarni, au Point-du-Jour, avait relevé le petit Jean Gavarni, qui était tombé, en se heurtant à une grosse pierre d’un ancien seuil de la maison, demeurée dans une allée. […] Mercredi 23 avril Ce matin, mon marchand de vin parlant de la qualité inférieure des vins de cette année, m’affirme qu’indépendamment de toutes les maladies spéciales, particulières à la vigne en ce siècle, la vigne non malade, qu’elle soit ancienne ou replantée, est attaquée d’anémie, ainsi que toute la végétation. […] Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de convictions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, vénèrent encore un peu, estomaqués, quand ils entendent un penseur de la même famille proclamer que la religion de la patrie, à l’heure présente, est une religion aussi vieille que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie. […] » Dimanche 9 novembre Cette vénération des jeunes littérateurs pour la littérature, prenant des personnages et des décors dans le passé, cette vénération qui leur fait préférer Salammbô à Madame Bovary, a pour moi quelque chose de l’admiration respectueuse des gens des secondes galeries, pour les pièces de théâtre ayant pris les personnages et les décors de notre ancienne monarchie.

1744. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Remarquez cependant que de petites choses du bagage ancien, nous sont restées, plus tenaces que la monarchie ! […] D’où il suit qu’il est fort nécessaire de tenir compte aux anciens de leur comédie, et des difficultés qu’elle a rencontrée, en songeant aux difficultés de la comédie aux siècles à venir ! […] Elle était restée en son déclin même, la toute-puissance des maîtres anciens ; elle était la défense et la protection d’un tas de poètes nouveaux qu’elle avait vus enfants, et qui venaient abriter, à cette ombre charmante et féconde, les dernières trahisons de leur esprit. […] De plus anciens que nous, raconteront la vie et le combat de mademoiselle Mars ; nous autres, qui étions plus jeunes qu’elle (aujourd’hui ce n’est pas beaucoup dire), nous l’avons vue à son zénith, et toute parée et toute éclatante des roses de sa couronne épanouie ! […] Elle s’abandonne librement à l’espièglerie de son rôle ; elle est, tour à tour, la fille d’un grand seigneur à l’ancienne marque, et la digne suivante d’une belle dame à la mode des petits appartements !

1745. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Par précaution, il avait mis, sans doute, comme un ancien Romain, un vomitorium près de lui, puisqu’il s’agissait de remuer toutes les dépravations, les bassesses, les espionnages, les friponneries, les trahisons de cette époque affreuse et légère, et c’est ainsi qu’il a pu écrire, sans trop de défaillances, cette histoire d’un temps qui a enfoncé la corruption des monarchies et qu’on pourrait appeler sans emphase : — la Régence de la Révolution. […] Cette qualité inconnue aux anciens, qui composaient grandement l’histoire, mais qui n’y jetaient pas la vie dans les proportions où la pensée moderne a le besoin de l’y verser, est le mérite le plus en saillie du talent très riche et très complexe de Cassagnac. […] » La forme oratoire de ce ferme jugement sur l’ancien orateur de la gauche n’en a pas compromis l’exactitude. […] C’est alors, c’est à toutes ces places que je reconnais Cassagnac, mon ancien Cassagnac, à l’esprit solide et à la main de forte prise, et que j’aime mieux dans les grandes besognes, où il faut l’œil de l’aigle, que dans les petites, où il ne faut que l’œil du lynx. […] Quoi qu’il ait été, du reste, il a été cela, — un homme fort, — et quoi qu’il fût devenu, il l’aurait été encore… Je sais, dans mon pays, une ancienne famille de guerriers et de héros qui portent ce magnifique nom : les « Aux-Épaules », et qui le justifient.

1746. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

La plus ancienne, celle du système privilégié en état de repos absolu, aboutirait bien à poser des Temps multiples et réels. […] C’est justement parce que sa méthode de recherche et ses procédés de notation l’assurent d’une équivalence entre toutes les représentations de l’univers prises de tous les points de vue qu’il a le droit absolu (mal assuré à l’ancienne physique) de s’en tenir à son point de vue personnel et de tout rapporter à son unique système de référence. […] Toutes les anciennes simultanéités 33 vont-elles devenir des successions pour cet observateur ? […] Même, le long de ce mot commun aux deux cas et qui opère magiquement (la science n’agit-elle pas sur nous comme l’ancienne magie ?) […] La traduction qu’il va nous donner de l’idée nouvelle en langage ancien nous fera mieux comprendre en quoi nous pouvons conserver, en quoi nous devons modifier, ce que nous avions précédemment admis.

1747. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Non que son idéal d’un roi de droit divin, gouvernant un pays libre, eût de quoi effaroucher ma passion de lettré pour les grandeurs monarchiques de l’ancienne France, ni que j’eusse, hélas ! […] Thiers, ancien journaliste, excepte des libertés nécessaires celle d’une critique honnête et respectueuse, je conviens qu’il n’aurait pas tort de se fâcher. […] * Mon enseignement à l’école normale jugé par Bersot Bersot qui n’a rien écrit d’indifférent, a publié23 une très agréable notice sur Garsonnet, son ancien camarade à l’École normale supérieure, et, comme lui, un de mes anciens et plus chers élèves. […] Ses opinions politiques, fort différentes de mes sentiments, marquaient de leur teinte tout ce qu’il disait ou écrivait, et ne lui donnaient guère le désir de visiter un ancien sénateur du second Empire. […] Je n’en fus que plus touché du bon témoignage que me rendait Bersot ; mais je n’en fus point surpris, le sachant très capable de justice, et même de quelque chose de plus, dans l’occasion, pour un ancien maître qui l’avait aimé.

1748. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Un ancien, sans doute Tite-Live (et je note en passant que la guerre des Gaules, chez Tite-Live, fut peut-être racontée avec plus d’intelligence du pays qu’elle ne le fut chez César lui-même), un ancien a précisément fait remarquer ce caractère dispersé, rural, de la Belgique préromaine. […] L’ancien désespéré entonne l’hosanna, devient le chantre délirant de l’enthousiasme. […] Plus chétif, le petit volume, assez ancien à la vérité, d’Eugène Gilbert, sur Les Lettres françaises dans la Belgique d’aujourd’hui. […] Mâcon, imprimerie de Protat frères, 1888-1890. — Les Passions allemandes du Rhin dans leur rapport avec l’ancien théâtre français. […] Louis Chatelain, ancien membre de l’École française de Rome, attaché à la Bibliothèque nationale, qui a bien voulu se charger de certaines recherches.

1749. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

En tête de la rue Saint-Antoine, ébauches de barricades, ancien système. […] Des ébauches de barricades devant l’ancien Opéra, devant la porte Saint-Martin, où une femme, en ceinture rouge, remue des pavés. […] Les deux lignes de maisons ne sont que des décombres fumants ou des pans de murs qui ont les larges lézardes de ruines anciennes. […] Il peint, avec cette charge comique qui est à lui, ce local qui se trouve être l’ancienne cuisine de Louis-Philippe. […] C’est l’ancien Grenier à sel, dont le crépi, encore imprégné de filtrations salines, est becqueté, toute la journée, de pigeons voletants.

1750. (1902) Le critique mort jeune

Tautain, aux soins précieux du bouquiniste, au lecteur ingrat qui se défit un jour de ce vieux numéro d’une ancienne revue. […] Ces anciens amis, que groupait « la Revue Blanche », lui ont conservé une admiration malveillante, presque hargneuse. […] Il arrive que derrière certaines corrections, d’ailleurs d’une justesse sans reproche, on se prenne à regretter la tournure ancienne pour ce qu’elle avait de dépouillé, de direct, de violent. […] D’une part, il a son style, qui est « une chose ancienne retrouvée et enrichie… Rousseau renoue une tradition ». […] Sur cet ancien conseiller d’État de l’Empire, philosophe paradoxal et assez pessimiste, et qui « n’avait de foi qu’en politique », M. 

1751. (1893) Alfred de Musset

Ce vieux marquis, qui ne mourut qu’en 1839, représentait pour ses petits-neveux l’ancien régime, y compris les temps féodaux. […] Il avait une sœur chanoinesse, ancienne pensionnaire de Saint-Cyr et confite en dévotion. […] La forme de Musset devient un compromis entre la nouvelle école et l’ancienne. […] Non content d’abandonner les conquêtes du Cénacle, il se retourne à présent contre ses anciens alliés. […] Certaines de ses pièces possèdent « une grâce particulière et indéfinissable, une beauté comme celle du monde ancien, un quelque chose qui rappelle la perfection éolienne et ionienne ».

1752. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

La chaleur brûlante des tropiques et la couleur noire du teint semblèrent inséparables. « Les Éthiopiens », chantait l’ancien poète tragique Théodecte de Phasélis, “doivent au dieu du soleil, qui s’approche d’eux dans sa course, le sombre éclat de la suie dont il colore leurs corps”. […] S’il m’était permis d’interroger ici mes plus anciens souvenirs de jeunesse, de signaler l’attrait qui m’inspira de bonne heure l’invincible désir de visiter les régions tropicales, je citerais : les descriptions pittoresques des îles de la mer du Sud, par George Forster ; les tableaux de Hodges représentant les rives du Gange, dans la maison de Warren Hastings, à Londres ; un dragonnier colossal dans une vieille tour du jardin botanique à Berlin. […] « De semblables aperçus sur le monde sont souvent exposés dans les psaumes, mais nulle part d’une manière plus complète que dans le trente-septième chapitre du livre de Job, assurément fort ancien, bien qu’il ne remonte pas au-delà de Moïse. […] Que d’ailleurs, dans les plus anciennes poésies des Arabes, la description du sol n’ait tenu que peu de place, il n’y a pas là de quoi s’étonner, si l’on songe, ainsi que l’a remarqué un orientaliste très versé dans cette littérature, M. 

1753. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Hugo n’a pas tort, quand il donne tant d’importance à la révolution qui jetait à bas l’« ancien régime » de la langue733. […] Ils groupèrent ces éléments avec les anciens sans nul souci des traditions et des bienséances qui liaient autrefois l’imagination : leurs images furent insolites, hardies, déconcertantes. […] Il revient chez lui ; il fait de grandes courses à cheval, il rêve, il lit : les anciens, les Romains du moins, ne l’attirent guère ; il y a trop de raison et de raisonnement chez eux ; il y a trop de réalité dans nos classiques ; et La Fontaine lui renvoie une trop laide image de la vie et de l’homme. […] Le comte Alfred de Vigny758, d’une maison de Beauce qu’il imaginait plus ancienne et plus illustre qu’elle n’était, commença à écrire ses poèmes en 1815, étant lieutenant aux gardes.

1754. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Le mot même d’émotion indique un mouvement de l’âme, motus animi, comme disaient les anciens, et l’émotion peut se définir un changement soudain apporté dans l’intensité, dans la vitesse et dans la direction des faits de conscience. […] Nous ne devons donc pas, comme les anciens psychologues, placer dans deux mondes séparés les changements psychologiques et les mouvements physiologiques où ils se réalisent, où ils se prolongent, où ils s’expriment. […] Les anciens estimèrent la flûte un instrument incomparable, parce qu’ils aimaient surtout le beau simple ; les modernes préfèrent le violon avec ses accents humains et tragiques. […] Ce n’est pas sans raison qu’un père de famille disait à son fils partant pour un voyage lointain : « Tout ce que je te demande, c’est de me rapporter le même visage64. » VI L’interprétation des signes Il nous reste à dire quelques mots de l’interprétation des signes, où l’ancienne psychologie voyait une « faculté » mystérieuse.

1755. (1914) Boulevard et coulisses

» Tâchons, par conséquent, quand nous opposons les mœurs anciennes aux nouvelles, de ne pas nous abandonner à de trop tristes présages pour l’avenir. Sans compter que les anciennes reviennent quelquefois au moment où on s’y attend le moins. […] Mais elle aime mieux ça que de rentrer à l’atelier ; et, auprès de ses anciennes camarades, quand elle va les revoir, elle se vante des émotions de la vie de théâtre et de la gloire de la rampe. […] Elle va me permettre, après vous avoir remercié de votre choix, et vous en en avoir exprimé ma gratitude, de vous parler comme un ancien camarade à de jeunes camarades retrouvés dans la plus cordiale des circonstances.

1756. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Il y trouve les anciennes idées dont on a bercé son enfance et qu’on a tenté de rendre neuves en les enfermant dans une forme toute faite et dite à la mode ; il voit des imitations, des plagiats, des vieilleries, des non-sens, des inutilités ; il jette le livre, et ouvre son journal dans lequel il apprendra, du moins, la dépêche du jour et les assassinats de la veille. […] N’osant pas se frayer une route nouvelle et s’avancer résolûment vers l’avenir, elle a repris facilement la vieille voie tracée on elle flaire les pistes des anciens, semblable à un chien qui a perdu son maître. […] Celui qui lui répondit fut un ancien professeur dont j’ai oublié le nom ; je sais seulement que toute sa gloire consiste à avoir signé ou dirigé une traduction des classiques latins. […] Que penser après cela des données poétiques des anciens, qui le faisaient traîner par quatre chevaux3 ? 

1757. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Ce jour, pour Vicq d’Azyr, fut peut-être le plus beau de sa vie, et ce fut une des dernières fêtes brillantes de l’ancienne société française. […] À la fin de juin 1793, l’abbé Morellet avait été fait directeur, et Vicq d’Azyr chancelier ; ils furent les derniers officiers de l’ancienne Académie, qui se vit bientôt après supprimée, par décret du 8 août.

1758. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Ce jour-là, il entendit quelqu’un qui disait au marquis de Saluces en le montrant : Monsieur, je connais maintenant que le proverbe de nos anciens est véritable, qui dit qu’un homme en vaut cent, et cent n’en valent pas un. […] Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.

1759. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère. […] L’autre pièce que j’ai à citer est intitulée Le Retour, c’est l’être humain (homme ou femme) qui, après avoir vécu, souffert et failli, revient au lieu natal, dans le manoir domestique, et y retrouve tous les anciens témoins de son innocence et de son bonheur : « Nous reviens-tu avec le cœur de ton enfance, un cœur libre, pur, aimant ? 

1760. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Vivant à Lyon, où il habite encore, il débuta vers 1841 par le poème de Psyché, dans lequel il essayait de rajeunir l’anciennefable, l’ancien mythe, et de l’approprier aux destinéesnouvelles de l’humanité : il n’a peut-être jamais rienfait de mieux pour la pureté du souffle et de l’accent. […] « L’homme de goût, disait Rivarol, a reçu vingt blessures avant d’en faire une. » Quant à M. de Laprade, qui n’aime pas les gens de goût, sa plus grande peur est du côté de la raillerie ; il lui assigne une origine mystique, diabolique : « Le doute et la raillerie, dit-il, sont aussi anciens sur la terre que les premières paroles du serpent. » Il trace de l’ironie une histoire emphatique et qui n’est pas gaie du tout.

1761. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Chargé par sa Cour de reconquérir le Roussillon ou plutôt, comme le prétendait l’Espagne, de réoccuper une de ses anciennes provinces, il résolut d’y procéder pied à pied, avec lenteur. […] Ancien officier de la guerre de Sept-Ans, comptant déjà quarante années de beaux services, il n’avait de fait que cinquante-sept ans d’âge, ce qui est bien assez pour qui va commencer une carrière toute nouvelle.

1762. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Mais sur les temps anciens, sur la grande époque de sa jeunesse, sur les savants du premier ordre dont il avait gardé le culte, il était très intéressant à écouter. […] Il lui exprima son approbation, en ajoutant ces mots qui résument, ce me semble, à merveille le genre d’égards qui restent dus aux anciens noms historiques, dans la juste et stricte mesure des idées de 89 : « On vous doit, monsieur, les occasions de vous distinguer ; mais souvenez-vous bien toute votre vie qu’on ne vous doit que cela. » M. 

1763. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) […] Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.

1764. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Dans les premiers morceaux, qui furent écrits au xviiie  siècle, avant 1800, je note bien d’anciens oripeaux de style qui sont une date. […] La scène de Gand, où l’avantageux maréchal fait étalage de stratégie à l’usage des gens de cour, où il s’applique surtout à démontrer au grand aumônier, le cardinal de Périgord, qui l’écoute révérencieusement en ayant l’air de mordre la corne de son chapeau, les divers plans de campagne possibles et comme quoi, dans toutes les combinaisons, Napoléon ne peut être que battu, — cette petite scène à trois personnages, le suffisant, le crédule, et le sceptique qui se rit de tous deux, — est une délicieuse comédie de cabinet qui vaut tout ce que les anciens Mémoires du bon temps nous ont laissé de plus exquis en ce genre.

1765. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Ce volume en fait la réponse naturelle, très en harmonie avec les accords qui l’ont provoquée ; il est, après dix ans, l’expression en poésie de ces saisons déjà anciennes, décorées et embellies encore par le souvenir. […] Je n’essayerai pas, comme un juge très-spirituel et infiniment agréable jusqu’en ses chicanes153, de faire dans ces vers double part, celle de la manière nouvelle et celle de l’ancienne la nouvelle ainsi porte le mauvais lot.

1766. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

C’est un âge en tout assez fâcheux pour le poëte entré dans la postérité (s’il n’est pas décidément du petit nombre des seuls grands et des immortels) que de devenir assez ancien déjà pour être hors de mode et paraître suranné d’élégance, et de n’être pas assez vieux toutefois pour qu’on l’aille rechercher à titre de curiosité antique ou de rareté refleurie. […] Il ne se tient pas du tout à Gessner ; les anciens, Tibulle, Properce, lui fournissent des motifs à demi élégiaques qu’il s’approprie et paraphrase avec une grâce affaiblie ; il en demande d’autres à Sapho, à Bion et à Moschus ; il en emprunte surtout aux Anglais, si riches alors en ce genre de tableaux.

1767. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Aujourd’hui, dans ce retour de vogue, ce n’est plus que d’un intérêt de goût qu’il s’agit, et, selon nous, cette indifférence curieuse n’est pas la disposition la moins propice pour bien juger, pour rectifier ses anciennes impressions et s’en faire de définitives. […] Mme de Staal avait glissé sur cet affreux détail ; mais elle l’avait trouvé aimable jusque dans les dernières années, et, malgré les erreurs de l’intervalle, elle n’avait pas cessé de rester soumise à l’ancien prestige.

1768. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Ce funeste trait de lumière frappe la raison avant d’avoir détaché le cœur ; poursuivi par l’ancienne opinion à laquelle il faut renoncer, on aime encore en mésestimant ; on se conduit comme si l’on espérait, en souffrant, comme s’il n’existait plus d’espérances ; on s’élance vers l’image qu’on s’était créée ; on s’adresse à ces mêmes traits qu’on avait regardés jadis comme l’emblème de la vertu, et l’on est repoussé par ce qui est bien plus cruel que la haine, par le défaut de toutes les émotions sensibles et profondes : on se demande, si l’on est d’une autre nature, si l’on est insensé dans ses mouvements ; on voudrait croire à sa propre folie, pour éviter de juger le cœur de ce qu’on aimait ; le passé même ne reste plus pour faire vivre de souvenirs : l’opinion qu’on est forcé de concevoir, se rejette sur les temps où l’on était déçu ; on se rappelle ce qui devait éclairer, alors le malheur s’étend sur toutes les époques de la vie, les regrets tiennent du remords, et la mélancolie, dernier espoir des malheureux, ne peut plus adoucir ces repentirs, qui vous agitent, qui vous dévorent, et vous font craindre la solitude sans vous rendre capable de distraction. […] Je crains qu’on ne m’accuse d’avoir parlé trop souvent, dans le cours de cet ouvrage, du suicide comme d’un acte digne de louanges ; je ne l’ai point examiné sous le rapport toujours respectable des principes religieux, mais politiquement, je crois que les républiques ne peuvent se passer du sentiment qui portait les Anciens à se donner la mort ; et dans les situations particulières, les âmes passionnées qui s’abandonnent à leur nature, ont besoin d’envisager cette ressource pour ne pas se dépraver dans le malheur, et plus encore, peut-être, au milieu des efforts qu’elles tentent pour l’éviter.

1769. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Dominique, le confirmèrent dans son opinion, et nous voyons la forme qu’ils donnèrent au caractère d’Arlequin, qui est bien différente de l’ancienne… Depuis lors, le caractère d’Arlequin est devenu l’effort de l’art et de l’esprit du théâtre. […] Mais il a été analysé en partie par Gueulette et cette analyse se trouve dans l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait, en 175351.

1770. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Le matin, les chefs des prêtres et les anciens se trouvèrent de nouveau réunis 1112. […] Les agents des prêtres lièrent donc Jésus et l’amenèrent au prétoire, qui était l’ancien palais d’Hérode 1114, joignant la tour Antonia 1115.

1771. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

En longue robe droite, tombant, sans un pli, Sephore vers la berge plate, dans l’attente Fatale du départ, — et Lohengrin, pâli,   Le regard s’abîmant dans les moires du fleuve, Où le flot nouveau-né chasse le flot ancien, A l’heure de laisser l’Épouse, vierge et veuve, Se lamente au passé qui devait être sien ! […] Wagner a substitué le drame musical à l’opéra ; nous devons considérer sa théorie comme démontrée, ses conquêtes comme définitives ; ne nous épuisons pas à des œuvres bâtardes, confuses, où l’ancien esprit s’accommode tant bien que mal aux formules nouvelles.

1772. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

On peut, dans un sentiment élevé de compassion, s’éprendre d’un intérêt idéal pour Marie-Antoinette, vouloir la défendre sur tous les points, se constituer son avocat, son chevalier envers et contre tous, s’indigner à la seule idée des taches et des faiblesses que d’autres croient découvrir dans sa vie : c’est là un rôle de défenseur qui est respectable s’il est sincère, qui se conçoit très bien chez ceux qui avaient le culte de l’ancienne royauté, mais qui me touche bien moins chez les nouveaux venus en qui ce ne serait qu’un parti pris. Un tel point de vue n’est pas le mien ; il saurait être difficilement celui des hommes qui n’ont été élevés à aucun degré dans la religion de l’ancienne monarchie, et c’est là, on n’en saurait disconvenir, le cas de l’immense majorité dans les générations actuelles et dans celles qui se préparent.

1773. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

J’en appelle à vos mémoires, quoi de plus sonore que la prose de Rabelais, de Montaigne, de l’ancien Balzac, de Bossuet, de Saint-Simon, de Massillon, de Mirabeau, que la poésie de Villon, des hommes de la Pléiade, d’Agrippa d’Aubigné, de Maynard, de Corneille, de Rotrou, de Molière, de Victor Hugo ? […] Ainsi l’épopée de Tasse et surtout l’œuvre héroï-comique d’Arioste se relient par une filiation continue à nos plus anciens monuments épiques.

1774. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Une juste réaction se manifeste à ce sujet chez les anthropologistes eux-mêmes : ils abandonnent les ambitions dangereuses de l’ancienne anthropologie, Ils s’aperçoivent enfin que la prétention est abusive qui veut trouver, dans une préformation anatomique, la cause d’actes sociologiquement définis, comme le vol ou le meurtre37, a fortiori d’idées nées dans et pour la société, comme l’idée de l’égalité des hommes. […] À vrai dire, si la plupart des anciennes théories trébuchent sur ce fait incontestable, il en est d’autres qui le prennent pour leur pierre angulaire.

1775. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Peu à peu il éprouvera de l’horreur pour ses anciennes opinions ; quand il relira ses propres livres, il ne voudra pas les reconnaître, il ne pourra se persuader qu’il ait professé une philosophie si « détestable. » Il supprimera sans le dire une phrase décisive ; il interprétera les autres comme il pourra ; il se réfugiera derrière l’obscurité des termes ; il fera croire au public qu’entre ses deux philosophies, il n’y a qu’une différence de style. S’il expose de nouveau sa doctrine, il ira chercher un de ses plus anciens cours, celui de 1817, pur de tout panthéisme, par cette excellente raison qu’à ce moment le panthéisme était encore ignoré de l’auteur40.

1776. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Cristallisations C’est une grande chose que de trouver, pour exprimer une idée ancienne, permanente, humaine, une image élégante et neuve. […] (les fortes tentatives de Taine et de Sorel pour fixer la psychologie de l’époque révolutionnaire appartiennent à la psychologie comme celles de Balzac et de Stendhal pour fixer celle de l’époque où ils vivaient, et toute la psychologie bien faite d’une époque apporte une lumière sur la nature générale de l’homme.) — Joignez-y même (vous ne serez pas au bout, mais vous atteindrez au moins un chiffre consacré) comme une septième lignée la plus ancienne, la plus obscure, la moins écrite, et, dans les temps modernes, la source vraie des autres : tout l’ordre religieux qui cristallise dans l’église catholique autour de la confession auriculaire et qui pousse encore au XIXe siècle, de Lamennais à l’abbé Bremond, de vigoureux rameaux.

1777. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Toujours les rois sont jugés par les succès, et le contraste de la misère présente obscurcit même l’ancienne grandeur. […] qui, dans un pays et dans un siècle ingrat, où quelquefois, comme dans l’ancienne Rome, on punirait l’honnête homme de ses vertus, et l’homme de génie de ses talents, qui voudrait se livrer à des travaux pénibles et se donner la peine d’être grand ?

1778. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

On sait que l’Académie française substitua, il y a près de quinze ans, ces sortes d’éloges à ses anciens sujets. […] Cet honneur parmi nous suppléerait aux statues de l’ancienne Rome, aux arcs de triomphe de la Chine, aux mausolées de Westminster.

1779. (1927) Des romantiques à nous

Nul ami du grand critique ne se refusera le plaisir de relire, ainsi rassemblées et mises dans l’ordre historique, ces pages célèbres, éparses dans la collection des nouveaux et anciens Lundis. […] Le tsar n’avait pas de sujets plus soumis, ni le système politique européen de participants plus dociles que ces poètes et ces musiciens, qui cherchèrent dans les légendes et les coutumes du sol russe, dans ses plus anciens chants la matière d’une inspiration originale et rafraîchie. […] Pendant ce long intervalle, j’ai connu et aimé de nobles musiques anciennes, et particulièrement des musiques de la vieille France, Rameau, Grétry, les maîtres du XVIIIe siècle, trop longtemps négligés, puis ramenés à la lumière par de pieux soins. […] Tous les anciens hôtes de Laveur se souviennent avec affection de Baptiste, de François, de l’oncle Guittard, de Maria et de la tante Rose. […] Ceux-là, il leur suffisait d’être introduits par un pensionnaire un peu ancien qui pouvait fort bien lui-même ne subsister que de la confiance de Baptiste en son avenir.

1780. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il faut dire aussi que l’ancienne comédie a cela de bien fait que presque toujours elle est jouée avec ensemble ! […] — Ma foi, vivent les chefs-d’œuvre de l’ancienne tragédie ! […] À ces causes, Monrose était excellent dans cette vivante image du valet de l’ancienne comédie. […] À l’instant même, ces deux hommes, l’un roturier de l’ancienne Cour, l’autre gentilhomme du Tiers-État, s’entendent et se comprennent. […] Nous l’aimons aussi, parce que ces beaux rôles de l’ancienne comédie ont été ressuscités par mademoiselle Mars, et parce que, même absente, on la retrouve en ces mièvreries.

1781. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

L'impression qui résulte de ces pages écrites par un esprit si modéré est bien défavorable d’ailleurs et à l’ancien régime et aux personnes royales qui y figurent.

1782. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Voici la lettre que j’ai reçue de l’un des anciens élèves de l’École normale, contemporain de MM. 

1783. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

Au commencement du treizième siècle, un descendant des anciens rois de l’Armorique, Arthur, comte de Ravenstel, avait atteint sa vingtième année.

1784. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Du second, il a fait une magnifique, spirituelle, mais fatigante caricature : ancien négociant italien de soixante-treize ans, qui écrit le plus souvent des pensées de Balzac en style de Montaigne ; il me fait l’effet de ces richards des Indes parés de diamants à tous leurs doigts.

1785. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Lafon-Labatut y reconnut le nom d’un ancien ami, et il partit là-dessus de Messine pour Paris, emmenant sa femme et son jeune enfant.

1786. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

C’est le régime représentatif… Autrement dit, la tyrannie anonyme, ou à peu près… Au moins, sous l’ancien régime — qui, du reste, ne valait pas mieux, — on savait à qui s’en prendre.

1787. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

Ses paroles sont murmurées ou minaudées, ses phrases emmaillotées par d’anciennes mains tendres de nourrices, ses poèmes étendus dans des lits frais et bordés où ils sommeillent à demi, rêvant de pastilles, de princesses, de nattes blondes et de tartines au miel.

1788. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

Bouchor, ce pour quoi nous l’aimons, c’est qu’il a entendu la voix profonde qui conseille au poète, en ce temps, de se ressouvenir des plus anciennes leçons, d’écouter l’enseignement immémorial des mages primitifs, de se pencher au bord des métaphysiques et des religions antiques.

1789. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Seuls, la marche et le mouvement des idées y marquent des sortes de strophes, un peu irrégulières, car la strophe ancienne est répudiée par M. 

1790. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Il n’est point d’Ouvrages chez les Anciens, où le caractere d’une raison supérieure se fasse mieux sentir.

1791. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

Les anciens ont toujours respecté les limites qui séparent la Comédie de la Tragédie.

1792. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racan, et Marie de Jars de Gournai. » pp. 165-171

Elle tenoit pour l’ancien temps, pour les compilations & les longs commentaires, pour la solitude & l’austère raison.

1793. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VI. Amour champêtre. — Le Cyclope et Galatée. »

Nous prendrons pour objet de comparaison chez les anciens, dans les amours champêtres, l’idylle du Cyclope et de Galatée.

1794. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

Tite-Live et Salluste ont-ils rien de plus beau sur les anciens Romains, que ces paroles de l’évêque de Meaux ?

1795. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Voltaire fait l’histoire comme les grands statuaires anciens fesaient le buste ; comme les peintres savants de nos jours font le portrait.

1796. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

L’épigramme peut tout au plus relever et mettre en son jour quelque circonstance brillante de ces évenemens ; elle peut nous en faire admirer quelque trait, mais elle ne peut nous y interesser. à peine en compte-t-on cinq ou six bonnes parmi les anciennes et les modernes qui roulent sur de pareils sujets.

1797. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 11, des ouvrages convenables aux gens de génie et de ceux qui contrefont la maniere des autres » pp. 122-127

Ces vers ont pû ébloüir Joseph Scaliger au point qu’il les ait citez dans son commentaire sur Varron comme un fragment de Trabea trouvé dans un ancien manuscrit.

1798. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Il n’a pas seulement décrit toutes les chasses qui composaient ce qu’on appelait la Chasse du Roi dans l’ancienne monarchie, et de 1589 jusqu’à 1841.

1799. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Comme on s’obstina bien longtemps dans la comparaison fatale entre la Restauration des Bourbons et la Restauration des Stuarts, et, plus tard, comme on voulut voir de mystérieuses identités entre la Révolution de 1830 et la Révolution de 1688, de même aujourd’hui la fin d’une République, l’ascendant dynastique d’un homme qui semble avoir absorbé si profondément dans sa gloire le nom de César que, quand on le prononce, c’est à Napoléon qu’on pense, aux qualités impériales retrouvées dans le neveu du César moderne de manière à rappeler involontairement le neveu du César ancien, toutes ces diverses circonstances ont introduit dans les esprits la préoccupation de la grande époque romaine et fait regarder beaucoup la nôtre à travers… Le titre du livre de l’abbé Cadoret semble tout d’abord rappeler cette préoccupation contemporaine.

1800. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

À la tête de ces pays civilisés, je vois d’abord l’ancienne Égypte, pays de superstition et de sagesse, fameux par ses monuments et par ses lois, et qui a été en même temps le berceau des arts, des sciences et des mystères.

1801. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

On doit trouver dans les poèmes d’Homère les deux principales sources des faits relatifs au droit naturel des gens, considéré chez les Grecs Aux éloges que nous venons de donner à Homère, ajoutons celui d’avoir été le plus ancien historien du paganisme, qui nous soit parvenu.

1802. (1929) Amiel ou la part du rêve

La discussion de ce problème remonte à des temps très anciens. […] Un des plus anciens souvenirs d’Amiel resta celui du jour où il eut ses quatre ans. […] Ce n’est pas dans le sol de l’arbre ancien que reprend racine et vie la branche coupée par Louis XIV. […] Il revoit les portraits des anciennes élèves, songe à celles qui auraient pu plaire. […] Un quidam, le signor B.ni, aspire justement à la succession académique d’Amiel : un ancien inspecteur, qui parade dans les congrès cosmopolites (déjà !)

1803. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Guy de Maupassant un assez beau cortège de conteurs anciens et modernes. […] Les choses d’il y a trente ans sont des choses anciennes, hélas ! […] On appelait vulgairement ainsi l’ancien couvent de Port-Royal de Paris, devenu une prison sous le nom de Port-Libre. […] Ainsi l’ancienne loi est l’image de la nouvelle et M.  […] Il nous montre « les anciens mâles usés à l’engrosser ».

1804. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il oppose au théologien non-seulement les découvertes et l’esprit moderne, mais les Écritures et l’esprit ancien. […] Ses idées anciennes sont gothiques, ses idées nouvelles sont hérétiques. […] Il descend jusqu’à emprunter de l’argent à la cantatrice, son ancienne maîtresse. […] Ses concitoyens se croyaient le droit de le visiter de force à titre d’ancien Président et de curiosité américaine. […] Il était dans le piège, et l’ancien héroïsme des races militantes et fières n’avait plus d’emploi.

1805. (1887) Essais sur l’école romantique

Ces deux ouvrages sont comme les deux extrêmes de l’ancienne et de la nouvelle école. […] J’ai bien peur aussi que M. de Musset ne me soit pas très obligé de mettre son nom à côté d’un nom si ancien. […] Il n’y a guère d’exemples, dans les poètes, tant anciens que modernes, d’une verve si nourrie, et d’une tenue si longue. […] Il y a pourtant ceci à regretter dans l’ancien genre, qu’on y apprenait passablement à connaître le cœur humain. […] Tout le garde-meuble de l’ancien mélodrame est là.

1806. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Il a vu nettement, douloureusement, ce que cet amour — le « dur amour », disait le poète ancien — fait jaillir dans les cœurs de férocité contenue. […] Il est sorti de ces premières épreuves avec la vague idée que l’homme est toujours, comme aux temps anciens, un loup pour l’homme, et la femme quelque chose de pire. […] Elle est couronnée une des reines du drame, ancien ou moderne. […] Il serait à jamais perdu si son ancienne fiancée ne lui pardonnait […] Les anciens, en effet, ne le connaissaient guère, ce dangereux esprit d’analyse.

1807. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Nous ne connaissons rien de plus parfait et de plus réel dans aucune langue ancienne ou moderne. […] Jean Valjean avait fait mettre dans la chambre de Cosette un lit à baldaquin d’ancien damas à trois couleurs, et un vieux et beau tapis de Perse acheté rue du Figuier-Saint-Paul chez la mère Gaucher, et, pour corriger la sévérité de ces vieilleries magnifiques, il avait amalgamé à ce bric-à-brac tous les petits meubles gais et gracieux des jeunes filles, l’étagère, la bibliothèque et les livres dorés, la papeterie, le buvard, la table à ouvrage incrustée de nacre, le nécessaire de vermeil, la toilette en porcelaine du Japon. […] « Le pavé de Paris avait beau être là tout autour, les hôtels classiques et splendides de la rue de Varenne à deux pas, le dôme des Invalides tout près, la Chambre des députés pas loin ; les carrosses de la rue de Bourgogne et de la rue Saint-Dominique avaient beau rouler fastueusement dans le voisinage ; les omnibus jaunes, bruns, blancs, rouges, avaient beau se croiser dans le carrefour prochain : le désert était rue Plumet ; et la mort des anciens propriétaires, une révolution qui avait passé, l’écroulement des antiques fortunes, l’absence, l’oubli, quarante ans d’abandon et de viduité, avaient suffi pour ramener dans ce lieu privilégié les fougères, les bouillons-blancs, les ciguës, les achillées, les hautes herbes, les grandes plantes gaufrées aux larges feuilles de drap vert pâle, les lézards, les scarabées, les insectes inquiets et rapides ; pour faire sortir des profondeurs de la terre et reparaître entre ces quatre murs je ne sais quelle grandeur sauvage et farouche ; et pour que la nature, qui déconcerte les arrangements mesquins de l’homme et qui se répand toujours tout entière là où elle se répand, aussi bien dans la fourmi que dans l’aigle, en vînt à s’épanouir dans un méchant petit jardin parisien avec autant de rudesse et de majesté que dans une forêt vierge du nouveau monde.

1808. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Un de mes anciens amis, M. de Mareste, homme d’esprit, très-au-dessus des préjugés vulgaires, le rencontrait quelquefois chez moi. […] XII Le bruit se répandit tout à coup dans Paris qu’il avait renoncé au sacerdoce et qu’il allait épouser la fille d’une princesse de l’ancien régime ; dotée par elle, et élevée par une honorable famille de la Touraine, cette jeune personne était accomplie. […] Le général marquis de L…, ancien sous-officier de l’armée de Bonaparte, puis colonel des gendarmes de la garde, fut choisi par elle pour son second mari.

1809. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

De même, dans la langue, cette école avait choisi, parmi les tours et les combinaisons de mots, propres aux langues anciennes, ce qui s’en peut le moins imiter, et qui diffère le plus complétement du génie de la nôtre. […] Son sens supérieur discernait, entre tous ces souvenirs, ceux qui étaient, en quelque sorte, communs au monde ancien et au monde moderne, et qui devaient se mêler à toujours aux idées nouvelles. […] Que prétendait Malherbe par sa réforme, sinon faire voir aux poëtes de son temps que ce qui leur était imposé par le tour d’esprit d’alors, par l’imitation de l’Italie et par le faux savoir, ne valait pas ce que leur bon sens, cultivé par les lettres anciennes, et développé par l’expérience de la vie, leur inspirait, comme à leur insu, de pensées franches et naturelles ?

1810. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Tacite d’ailleurs ne désire nullement la restauration de l’ancienne Rome. […] Les anciens ne racontent que les événements publics, la vie publique, soit au pied de la tribune, soit sur les champs de bataille. […] Si l’on voulait avoir quelque modèle du genre de ses récits chez les anciens, il faudrait les chercher dans les lettres de Cicéron, qui sont autant de fragments des Mémoires de son temps, ou, parmi les historiens, dans le seul Tacite.

1811. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je revoyais l’ancienne salle de spectacle, le petit bois plein de terreur, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, l’espèce de temple grec où les femmes attendaient le retour de leurs maris, de la Cour des comptes et du ministère des affaires étrangères ; enfin je me rappelais Germain, ce vieux brutal de jardinier, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler du raisin. […] Il fallait enfin que chez lui, comme sous le coup de ces anciennes vengeances divines, toutes les aristocraties naturelles, toutes les supériorités, pour ainsi dire, inhérentes à la peau, fussent dégradées jusqu’à l’animalité. […] Je regarde les rideaux de son lit, les anciennes portières du salon de la rue Saint-Georges, dans le rose desquelles j’ai fait, il y a bien des années, un portrait-aquarelle du cher enfant.

1812. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

L’ancienne psychologie distingue l’imagination créatrice et l’imagination reproductrice ou mémoire imaginative, qu’il vaudrait mieux nommer mémoire des sensations. […] C’est ainsi qu’Alfred de Musset dit très exactement : Un vers d’André Chénier chanta dans ma mémoire 235 Mais si, avec des mots du dictionnaire usuel, je forge intérieurement une phrase que je n’ai jamais entendue, ce qui arrive sans cesse, les uns pourront dire que j’imagine, car l’ensemble conçu est nouveau, les éléments seuls sont anciens ; les autres pourront soutenir que, les mots étant faits pour être groupés de mille façons, on n’invente pas dans les mots, c’est-à-dire dans la parole, quand on se borne à les ranger dans un ordre nouveau, mais seulement quand on crée de toutes pièces un mot nouveau. […] Le mot conception 238 a contre lui l’acception assez différente où il est pris dans les anciennes logiques.

1813. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

L’anglo-catholicisme n’est pas une opinion nouvelle, une forme religieuse vivant de son énergie propre : c’est une opinion ancienne infectée d’erreur, mais qui tend à se purifier et à se compléter chaque jour. […] Si nous ne nous trompons, il a exprimé éloquemment de mélancoliques regrets sur la perte immense qu’a faite le parti anglo-catholique lorsque Newman, laissant là ses anciens amis, trop lents au gré de l’intelligente impatience de sa foi, dans leur progrès vers l’unité, remonta seul vers cette unité que l’Église romaine représente dans son inflexibilité, et se jeta aux pieds du Père des Fidèles. […] Religion d’État, qui n’a plus que l’État pour elle, qui vit plus sur le bénéfice de son ancienne hiérarchie, de son administration, de ses privilèges, de tout un ordre de choses lent à tomber tant il fut solidement construit, que sur la croyance profonde et le respect sincère des peuples.

1814. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Les héros de roman, pour la plupart, sont beaucoup plus anciens, dans ces réserves de l’esprit, que l’intrigue qui les a groupés, et leur vie littéraire a été précédée d’une période plus ou moins longue de disponibilité, d’où ils sortent tout à coup, appelés et désignés par cette force qui s’appelle l’idée, et qui n’hésite pas, et qui va droit à eux, et leur dit : « C’est toi que je veux, tu vas vivre !  […] On pourrait la comparer à Ingres, tandis que madame Y. est absolument l’opposé ; elle a bien l’œil de son ancien pays d’Orient. […] Ils cherchent obscurément et s’assimilent la vie éparse autour d’eux, les souvenirs anciens qui seront, si vous voulez, le sol avec ses réserves de sucs féconds, et puis les impressions qui traversent et qui passent, comme la pluie et comme le vent.

1815. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Pour l’écrire, il est nécessaire qu’ils aient ce don de l’œil dont beaucoup d’écrivains anciens, et des plus grands, se sont passés, et il est vrai de dire que jamais, au cours de l’histoire, la littérature et la peinture n’ont été si voisines. […] Mettez en regard cette figure d’homme, assez sombre également, évoquée par un contemporain, d’après une ancienne peinture : « Le voici encore devant moi, toujours le même et toujours nouveau. […] Tous les sels irritants de la mer ont exaspéré ce que l’air saisit, avivé le sang, injecté la peau, gonflé les veines, couperosé la chair blanche, et les ont, en un mot, barbouillés de cinabre. » Et puis, quelquefois, les deux manières se fondent, l’ancienne et la nouvelle, et nous avons des tableaux à la fois doux et puissants, fouillés avec des coins d’incertitude par où s’échappe le rêve, mélange de critique technique et de poésie, qui comptent parmi les plus belles pages de la littérature française.

1816. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Par là s’explique ce fait que dans les sociétés « métisses », tandis que les races anciennes disparaissent, il ne se forme pas, à vrai dire, de races nouvelles. […] Maine, L’Ancien Droit, p. 418. Études sur l’Ancien Droit, et la Coutume primitive, p. 162.

1817. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

C’est le secret de l’avenir, cet “enfant qui dort sur les genoux des dieux”, disaient les anciens. […] L’enseignement des Lettres anciennes les a habitués à raffiner leurs impressions. […] Qu’un talent vigoureux s’y applique, et voici que les anciennes formules s’abolissent et qu’un type inédit de récit se manifeste. […] Il se trouva là en conflit avec son ancien chef, le général de Négrier. […] Deux personnalités coexistent en lui, la plus récente comme greffée sur la plus ancienne.

1818. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Mais, plutôt que la nouveauté d’expression, c’est le changement d’expression qui est capable de réveiller les sensibilités, puisque une musique très ancienne, une poésie d’autrefois peuvent recréer en nous un état d’émotion vivant. Ce qui est oublié redevient neuf, et il y a peut-être, dans la vie des peuples, un rythme de résurrections successives d’émotions anciennes, que nous rajeunissons. […] ……… Mon cœur est las enfin des mauvaises amours Des songes de mes nuits et des maux de mes jours ; Mon cœur est vieux autant qu’un très ancien grimoire, Et, désespérément, j’appelle l’Heure Noire. […] Tandis que la Terre tourne, l’emportant vers la mort, la poétesse chante sa joie et sa douleur et, sachant que sa fonction de femme est de transmettre la vie qu’elle a reçue, elle lègue son âme, lourde de rêves anciens, à son enfant, qui continuera son sourire devant le mystère des choses. […] » s’effraie le critique du Temps : « les moralistes anciens et modernes, Aristote, Platon, Marc-Aurèle, Spinoza, Puffendort, Nicole, E.

1819. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Publiciste plein de verve, et homme politique encore plus zélé qu’ambitieux, il ne se considérait dans les lettres proprement dites que comme un amateur, et son désir, son effort, dans les derniers temps, et quand des loisirs lui furent imposés par les circonstances, c’eût été de conquérir, en perfectionnant un de ses anciens livres, ce rang d’auteur durable dont il sentait tout le prix.

1820. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

Ces masques, ces porte-voix, toutes ces bizarres coutumes du théâtre des anciens disposaient l’esprit, comme les caricatures dans le dessin, à l’invention grotesque, et non à l’étude de la nature.

1821. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

C’est une des raisons qui obligent de condamner l’ancienne théorie du style noble : elle attribuait aux mots un degré invariable d’énergie, et méconnaissait cette pénétration réciproque, cette sensible communication, qui reflète sur les uns la couleur des autres, et les imprègne de leur vertu.

1822. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Il venait accomplir ce rêve d’André Chénier, traiter des sujets antiques avec une forme et une couleur grecques et revêtir de cette forme et de cette couleur des pensers nouveaux, en un mot interpréter poétiquement les mythes anciens.

1823. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Pierre Quillard M. de Bouhélier a le droit d’écrire, sans nous suggérer d’ironie, « Dieu et le brin de paille », parce que rien ne s’offre à lui que sous les espèces du pathétique ; il sait fort bien reconnaître dans le paysan qui jette le blé au sillon une manière de héros, et telles pages, Le Départ après les moissons, indiquent simplement et sûrement la très ancienne tragédie des adieux sans retour.

1824. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

Les préceptes qu’elle renferme , disoit-il, sont la route assurée pour parvenir à ce souverain bien que les anciens Philosophes ont tant cherché, & qu’elle seule peut nous faire trouver *.

1825. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

HELVÉTIUS, [Claude-Adrien] ancien Maître d’Hôtel de la Reine, ci-devant Fermier-Général, né à Paris en 1715, mort dans la même ville en 1771.

1826. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Tant que les idées de la bonne Comédie subsisteront, son nom sera mis à la tête de tous les Disciples de Thalie, soit anciens, soit modernes.

1827. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Le soir où il écrivait cela, Gavarni avait près de lui une maîtresse d’ancienne date ; et, pour se tenir compagnie, il avait tiré d’un tiroir secret un petit livre rouge, à coins usés, usés, usés.

1828. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

Si beaucoup de mots latins n’ont pas gardé en français leur sens originaire, bien des mots du vieux français n’ont plus exactement en français moderne leur signification ancienne.

1829. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Ce seroit alors le cas d’appliquer le mot d’un auteur ancien.

1830. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Elle eut de la peine à s’y introduire ; car elle fut combattue par l’ancien genre italique, que Dorat et quelques autres avaient fait revivre ; elle triompha pourtant, et ce fut à Delille et à Saint-Lambert qu’elle dut la victoire.

1831. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

Vernet Que ne puis-je pour un moment ressusciter les peintres de la Grece et ceux tant de Rome ancienne que de Rome nouvelle, et entendre ce qu’ils diraient des ouvrages de Vernet !

1832. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Wotton dit qu’il étoit incapable de faire un bon paralelle des poëtes anciens et des poëtes modernes.

1833. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

il y a des causes anciennes et profondes. […] C’est avec plaisir que je parlerai de la substitution du nouveau titre à l’ancien, et de la signification allégorique du personnage de Sémida ; mais j’espère que rien ne m’empêchera de parler de la Div. […] Je dirai donc, après et d’après l’ancien Larousse, qu’il naquit à La Rochelle en 1800 et mourut jeune en 1835. […] Il arrive souvent à des hommes dont l’Évangile a subitement changé le point de vue, de perdre à la fois le souvenir et l’intelligence du monde qu’ils ont quitté ; en proclamant l’erreur de leurs anciennes voies, ils ne l’expliquent point assez ; car ils ne voient plus, dans cette vie d’hier, la portion de vérité qui les affermissait dans l’erreur, le terrain neutre qui unit les deux époques, et qui leur est commun ; on dirait, en un mot, que le nouvel homme a non seulement abjuré l’ancien, mais ne l’a jamais connu. […] Quand une fois elle se réveillera dans votre sein, qu’alors vous semblera frivole votre ancien sérieux, frivole votre désespoir !

1834. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Cela se voit, dès les temps très anciens, par leur littérature épique. […] Henri Bataille, jouée en 1898 sur le théâtre de la Comédie parisienne, n’est pas autre chose qu’une ancienne complainte, de date inconnue (non pas très ancienne pourtant, semble-t-il), partie de la plume d’un « humble chanteur trégorrois », comme dit M.  […] Jules Lemaître avait reconnu l’ouvrage ancien sans l’avoir jamais connu, ce qui est sans doute le comble du flair. […] Capus vos anciennes positions me pique au jeu et m’excite à tenter un effort pour vous déloger. […] Dubosc en fait plutôt un vieux général, resté élégant, de l’ancien régime, un Soubise.

1835. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Les bibelots d’antiquaire, les ameublements bizarres d’artisans anciens devinrent nos objets favoris ; on préféra l’ivresse verbale aux émotions naturelles, les parcs factices, aux sites champêtres. […] Ce qu’il dénie au poète c’est l’ancien souffle lyrique, ce qu’il prêche c’est sa « disparition élocutoire ». […] Persistance, chez cet homme, de la magie du vocable, qui devait le conduire à concevoir une poésie symphonique, s’opposant à l’ancien lyrisme. […] Comme il y avait eu excès de modernisme, les artistes se laissèrent attirer vers la mystérieuse ivresse des temps révolus, vers le mirage des anciens âges. […] Son âme s’épancha en litanies parées de nuls atours, et dans ses hymnes liturgiques, c’est spontanément qu’il retrouva les accents de saint Bernard, des anciennes séquences et des proses latines.

1836. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Mardi 17 mars Une note que j’ai oublié d’intercaler, en bas des Lettres de mon frère, sur mon oncle de Neufchâteau, l’ancien officier d’artillerie, le représentant des Vosges, en 1848. […] D’un côté il y avait mon oncle Armand, à la jolie tête d’un ancien officier de hussards, de l’autre côté ma mère pleurant. […] Mardi 3 novembre Premier dîner de rentrée de l’ancien dîner Magny. […] … Là-dessus je lui dis qu’il aurait à faire le plus beau et le plus intéressant livre du monde, un livre qui n’a été fait par aucun peintre des temps anciens et modernes : un catalogue, où il raconterait la genèse et l’histoire de ses tableaux, et ce qu’il y a de sa vie intime et psychique mêlé à chacune de ses compositions. […] On ne rencontre pas le fait d’un assassinat comme celui-ci, ni sous l’ancien régime, ni sous les deux Napoléon.

1837. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Étant donné cet élément clérical, on a peine à comprendre comment les clercs, qui nous ont conservé Saint-Alexis, ne nous auraient pas conservé au moins deux ou trois de ces anciens et nombreux poèmes admis par hypothèse, où les preux mettaient leur épée au service de l’Église et couronnaient leur vie héroïque par un édifiant moniage. […] Les plus anciens monuments en langue vulgaire que nous possédions nous indiquent simplement à quelle date le français, suffisamment différencié du latin, était déjà (mais depuis quand ?) […] — Le public ne connaît que ses tragédies ; à l’étudier de près, son génie dépasse de beaucoup les limites du théâtre ; il faut le voir en Acante dans la Psyché de La Fontaine, lire ses vers, ses lettres, ses commentaires des auteurs anciens ; et l’on découvre chez lui toutes les émotions, toutes les sensibilités et toutes les intelligences. […] Ces deux forces agissent de concert contre l’ancien régime et se fondent parfois, de façon très curieuse, chez le même individu ; mais au fond elles sont ennemies, et elles aboutissent l’une à Voltaire, l’autre à Rousseau. […] Il y a des transactions : l’esprit nouveau pénètre des formes vieillies et d’anciens préjugés persistent sous des formes nouvelles.

1838. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Plus tard, en 1825, il retrouva dans une malle, à Lyon, de vieux papiers oubliés où cette théorie était déjà ébauchée en entier ; ce travail ancien, qui le frappa comme une découverte, se rapportait probablement à l’époque de sa jeunesse où il avait tenté une réfutation du Contrat Social : tant il y avait eu antériorité instinctive et prédestination, pour ainsi dire, dans les idées de M. […] Ballanche a magnifiquement et pieusement répondu à la lettre de l’illustre contradicteur, lorsque apprenant sa mort, il ouvre la troisième partie des Prolégomènes par cette sorte d’hymne funéraire : « L’homme des doctrines anciennes, le prophète du passé vient de mourir…. […] Ce n’est pas en étudiant, par exemple, les fragments attribués à Orphée, qu’il s’est préparé à faire parler son personnage : de même dans les peintures qu’il nous donne de cet ancien monde, il n’a pas visé à retrouver en géologue l’aspect réel, persuadé que ce serait toujours un paysage très-aventuré. […] Dans les mêmes morceaux d’Orphée que j’admire pour le sens antique et primitif qu’ils respirent, je n’aime pas moins à retrouver les sources secrètes des affections, des anciennes larmes et du génie de M.

1839. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Il fut distrait un moment de ce loisir dans sa solitude par l’arrivée de son ancien ami politique, Rienzi, à Avignon. […] Son sort toucha Pétrarque ; le poète avait été, ainsi qu’on l’a vu, le partisan et le complice du tribun de Rome ; il était embarrassé maintenant de son attitude envers l’homme qu’il avait exalté jusqu’au niveau des anciens héros de la liberté romaine. […] Rienzi triompha quelques jours alors à la tête de ses anciens partisans ; mais, ayant renouvelé ses démences et ses cruautés, il fut assailli dans le Capitole par une émeute combinée des grands et de la populace. […] Il l’appelle sa Tullie, par allusion badine au nom de la fille du Cicéron ancien en écrivant au Cicéron moderne.

1840. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Cette musique n’appartient qu’à la Russie, et c’est peut-être la seule chose particulière à un peuple qui ne soit pas ancienne. […] Je ne sais pourquoi nous n’imitons plus les anciens sur ce point. […] Nous n’avons plus de Bacchus, et d’ailleurs notre petite symposie le rejette expressément ; mais nous avons une Minerve bien meilleure que celle des anciens ; invitons-la à prendre le thé avec nous : elle est affable et n’aime pas le bruit ; j’espère qu’elle viendra. […] Certainement elle ne pouvait lui venir que des anciennes traditions asiatiques qu’il avait recueillies dans ses études théurgiques, et les livres sacrés des Indiens présentent un bon commentaire de ce texte, puisqu’on y lit que, sept jeunes vierges s’étant rassemblées pour célébrer la venue de Chrîschna, qui est l’Apollon indien, le dieu apparut tout à coup au milieu d’elles et leur proposa de danser ; mais que, ces vierges s’étant excusées sur ce qu’elles manquaient de danseurs, le dieu y pourvut en se divisant lui-même, de manière que chaque fille eut son Chrîschna.

1841. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

D’un bout à l’autre de cette rue, l’ancienne grand-rue de Saumur, ces mots : “Voilà un temps d’or ! […] Les anciens hôtels de la vieille ville sont situés en haut de cette rue jadis habitée par les gentilshommes du pays. […] Grandet un si grand respect, que les observateurs pouvaient mesurer l’étendue des capitaux de l’ancien maire d’après la portée de l’obséquieuse considération dont il était l’objet. […] Eugénie appartenait bien à ce type d’enfants fortement constitués, comme ils le sont dans la petite bourgeoisie, et dont les beautés paraissent vulgaires ; mais, si elle ressemblait à Vénus de Milo, ses formes étaient ennoblies par cette suavité du sentiment chrétien, qui purifie la femme et lui donne une distinction inconnue aux sculpteurs anciens.

1842. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

La fin du seizième siècle avait vu naître, de la double imitation des anciens et des Italiens modernes, un essai de comédie où des traits de mœurs véritables et des indications de caractères sont perdus parmi des scènes de nuit, des travestissements, des reconnaissances, dans un dialogue assaisonné d’obscénités. […] Au moment où ce grand homme parut, trois genres d’ouvrages dramatiques défrayaient le théâtre : la tragédie, imitée des anciens ; la tragi-comédie, imitée des Espagnols ; la farce, imitée de l’italien. […] Enfin, ces valets de fantaisie, venus, d’imitation en imitation, de la Grèce en France, par l’Italie ancienne et moderne, sous ce costume bizarre auquel l’imagination de chaque auteur avait cousu quelque lambeau, ils vivent ; car ils sont possibles. […] Molière prend le trait à Térence, qui n’en a pas vu la pointe ; il fait tenir le même discours à Scapin, qui le débite au bonhomme Argante comme paroles d’un ancien qu’il a toujours retenues, et ces aphorismes deviennent une vérité de comédie.

1843. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Et au bout d’une heure ou deux, de marche et de contremarche sur le boulevard des Italiens, en politiquant avec d’anciens compagnons d’armes bonapartistes, mon père venait me rechercher pour une grande promenade avant dîner. […] » Puis encore des ressouvenirs anciens, des détails d’une ascension au Vésuve, qui reviennent dans des paroles n’ayant plus de suite, n’ayant plus de sens. […] Ces vieilles lettres ont même rejeté ma pensée, je ne sais comment, à des années plus anciennes, que celles qu’elles racontaient. […] * * * — À propos des curieux dessins de costumes, enlevés à la plume et lavés d’une rapide aquarelle par Boquet, pour la confection des costumes de l’ancienne Académie royale de Musique, Nuitter me racontait, que le plus grand nombre de ces dessins avaient autrefois été donnés aux enfants des employés des Menus-Plaisirs, qui s’amusaient à les découper.

1844. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Dans ce grand ou petit tableau de Robert on voit à droite un bout d’ancienne architecture ruinée. à la face de cette ruine qui regarde le côté gauche, dans une grande niche, l’artiste a placé une statue. […] grand escalier qui conduit à un ancien portique. du même. […] C’est une observation assez générale qu’on devient rarement grand écrivain, grand littérateur, homme d’un grand goût, sans avoir fait connaissance étroite avec les anciens. […] C’est une des figures de ces anciens petits tableaux de Chardin.

1845. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

ou bien s’arrangerait-elle pour ne faire que des concessions avec réserve et sous-entendu comme à d’anciens sujets révoltés ? […] On a vu le roi d’Espagne s’inquiéter de la situation des catholiques dans les Provinces-Unies, et la vouloir remettre sur le pied où elle était primitivement ; mais il le faisait d’un ton d’ancien maître, et sa parole n’était capable que d’aigrir et d’ulcérer les dissentiments religieux.

1846. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Les anciens, dans leurs Bacchanales, ne sont-ils pas admirables ? […] Il qualifie quelque part cette peinture des Italiens modernes d’un seul mot : « On dirait de la peinture d’ennuyés. » Ici il en cherche la cause : J’y ai cependant fait une observation que je ne peux m’empêcher de vous communiquer, celle de n’y avoir trouvé aucun tableau un peu original : tous ne sont que de faibles réminiscences des ouvrages anciens et modernes, et rien de véritablement senti sur la nature.

1847. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Mais cette continuité d’usage et de ton dans la société cesse vers le moment où Louis XIV finit : au xviie  siècle, en remontant, c’est tout un ancien, tout un nouveau monde. […] [NdA] Dangeau, nommé ambassadeur en Suède, s’adressait à Chapelain pour lui demander s’il ne connaîtrait pas « quelque homme de bien et d’érudition qui pût, à des conditions honorables, lui tenir compagnie pendant son voyage de Suède, et lui servir soit par la conversation, soit par la lecture des bons livres anciens et modernes, le divertir des objets désagréables, etc. » C’est ce qu’on apprend d’une lettre (manuscrite) de Chapelain au marquis de Dangeau, datée d’avril 1671.

1848. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

L’art et le travail s’y trouvent joints à des talents de nature, et le poète a su employer heureusement les plus beaux traits des poètes anciens et s’en parer. […] C’est le progrès de la nouvelle Académie sur l’ancienne.

1849. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Louis-Philippe tira un couteau de sa poche, en disant : « Quand on a été, comme moi, un pauvre diable vivant à quarante sous par jour, on a toujours un couteau dans sa poche. » Mais ce souvenir de sa misère ancienne le poursuivait trop quand il disait à M.  […] Il y eut même un jour où il lui dit (assure-t-on), — c’était vers 1845, — à un moment critique où on voulait le lui ôter comme ministre et où le vote de la Chambre avait hésité : « Monsieur Guizot, collez-vous à moi. » Mais, tout en appréciant avec estime le talent de l’homme qui le servait avec tant d’éclat, il ne partageait pas sa confiance ni cette intrépidité monarchique si absolue sur une base que lui-même sentait si étroite et si vacillante : « Vous avez mille fois raison, lui répétait-il souvent dans les dernières années ; c’est au fond des esprits qu’il faut combattre l’esprit révolutionnaire, car c’est là qu’il règne ; mais, pour chasser les démons, il faudrait un prophète. » Ce prince était donc, somme toute, un homme d’esprit, et bonne tête, tant qu’il ne faiblit pas. — « Cette bonne tête, ou plutôt cette bonne caboche , » disait de lui un de ses anciens ministres qui se reprenait, comme si le premier mot était un peu trop noble pour le sujet.

1850. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

L’ancien pli calviniste se retrouve là pour moi. […]  » Un jour, au temps de sa pleine gloire de tribune, Mlle Rachel, qui assistait à une séance de la Chambre, dit, après l’avoir entendu : « J’aimerais à jouer la tragédie avec cet homme-là. » Il a, en effet, le port, le geste, le regard, ce que les Anciens appelaient l’action.

1851. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

En se remettant à ce travail ancien et en reprenant les choses où il les avait laissées, à dater du xvie  siècle, l’historien a un peu changé de méthode et d’allure. […] Dans un bocage, au bord de l’Alphée, les deux oiseaux qui tout le jour chantaient, l’un ses anciens malheurs, l’autre ses plaisirs, aperçoivent un jeune berger qu’ils n’avaient point vu encore, et à l’instant tous deux, Rossignol et Fauvette, inspirés par les Muses, ils s’accordent à le célébrer dans un duo mélodieux : « Quel est donc ce berger, ou ce dieu inconnu, qui vient orner notre bocage ?

1852. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Ce moyen, c’est, avec les États Généraux très réduits, se tenant de cinq en cinq ans, et la tenue chaque année d’États provinciaux particuliers, l’établissement de sept Conseils supérieurs remplaçant les secrétaires d’État et composés en grande partie de ducs et pairs ; l’abolition de la réforme militaire introduite par Louvois ; la remise en l’honneur et sur pied de l’ancienne et vraie noblesse, soigneusement distinguée de la bâtarde et de la fausse : enfin tout un gouvernement aristocratique, auquel la lecture de Saint-Simon nous a de longue main familiarisés sans nous y convertir. […] Mais quand j’ai payé ces hommages aux individus et aux personnes, je me hâte d’ajouter que, eût-on réussi pour un temps en quelqu’un de ces biais et de ces remèdes palliatifs de l’ancien régime, on ne serait parvenu après tout qu’à faire ce qu’on appelle une cote mal taillée, rien de nettement tranché ni de décisif, et qu’il est mieux (puisqu’enfin les choses sont accomplies et consommées) qu’on en soit venu à cette extrémité dernière de n’avoir eu qu’un seul et grand parti à prendre, le parti à la Mirabeau et à la Sieyès : la France, en un mot, n’a pas perdu pour attendre ; et quand tout récemment, dans le compte rendu des séances du Sénat, je lisais ces déclarations spontanées d’un duc de La Force et d’un cardinal Donnet, si empressés à se replacer dans les rangs de tous, lorsqu’une parole inexacte avait paru un moment les en vouloir séparer, je pensais qu’au milieu de nos divisions mêmes d’opinions, il était consolant qu’on en fût venu à ce grand et magnifique résultat, aussi clair que le jour, à savoir qu’il n’y a plus en France qu’un seul ordre, une seule classe, un seul peuple.

1853. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Je n’ai pas assez étudié les nombreuses notices consacrées, depuis le XVIIe siècle et durant tout le XVIIIe, aux membres de l’ancienne Académie de Peinture et de Sculpture31, pour prétendre en mesurer le mérite et en indiquer la valeur précise ; mais ce qui me paraît vrai et certain, c’est que dans ce genre de notices dont les artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, etc., font les frais, il n’y avait en France aucune de ces suites mémorables comme celle que Fontenelle avait donnée sur la vie et les mœurs des Savants, et qui établissent un genre littéraire nouveau. […] Halévy, dans une de ses Notices et sous le couvert d’un autre nom d’artiste, a laissé échapper quelque chose de sa douleur personnelle et de son secret : « Il y a, dit-il à propos de l’organiste Frohberger, il y a des artistes d’un caractère heureux, pour qui le souvenir des succès d’autrefois est si plein de douceur, qu’ils ne s’en séparent jamais, et qu’ils trouvent dans ce souvenir, quelque ancien qu’il soit, du bonheur pour toute leur vie.

1854. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

L’esprit d’Hésiode, que le grand poète Léopardi qui le goûtait dans toute sa sincérité ( colla sua greca schiettezza ) estimait plus ancien qu’Homère lui-même comme étant encore plus simple et plus primitif, ne l’a pas tenté : Virgile est plus à notre portée, dans nos données à tous et selon nos goûts. […] Mais, sans prétendre ici évaluer les mérites et faire la part exacte de chacun, une leçon de goût ressort, pour nous, de la comparaison avec les anciens peintres de l’école de la périphrase.

1855. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il a même un faible pour cet ancien homme d’esprit dont c’était trop la mode alors de se moquer. […] Le fermier général de l’ancien régime, avec son habit d’or et son ventre majestueux, y a la place d’honneur.

1856. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Jules Philippe, les Poëtes de la Savoie 50, qui se recommande par une Introduction sur les anciens poëtes et versificateurs du pays, et par un choix des modernes, y compris les vivants, j’ai été frappé de la notice sur Jean-Pierre Veyrat, né en 1810, mort en 1844, que l’éditeur n’hésite pas à saluer du titre, non pas de « poëte souverain », mais de « grand poëte. » Les extraits qui suivent, dans le volume, ne me paraissant pas tout à fait suffisants pour motiver un pareil éloge, j’ai voulu remonter à la source, aux œuvres mêmes, et, pour achever de m’éclairer, j’ai consulté un de mes amis, un proche parent de Veyrat, et qui m’avait déjà entretenu de lui à la rencontre, M. Modelon, ancien professeur à Sorèze, aujourd’hui à Stanislas, poëte lui-même et doué du souffle, honoré en 1861 d’une médaille par l’Académie de Lyon dans le concours ouvert pour le prix de poésie : la Réunion de la Savoie à la France.

1857. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il croyait non-seulement aux anciens miracles, mais aux nouveaux : sa raison n’élevait aucune objection contre. […] Vialart, l’ancien évêque de Châlons, et qui y avait été le prédécesseur de M. de Noailles, actuellement archevêque de Paris.

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