En abordant la politique brûlante de 1830, l’homme de polémique a rencontré et rouvert quelques-unes de nos plaies d’aujourd’hui ; il les a fait saigner et crier. […] dans cet épisode de Charlotte, il a osé dire, voulant faire honneur à cet amour de la jeune Anglaise : « Depuis cette époque, je n’ai rencontré qu’un attachement assez élevé pour m’inspirer la même confiance. » Cet attachement unique, pour lequel il fait exception, est celui de Mme Récamier. […] Ce qui est singulier, c’est qu’il n’a guère dans sa vie rencontré de femme qui ne lui ait donné raison. […] Opposons vite ce divin tableau d’Ève encore innocente aux flammes quelque peu infernales qu’on trouve sous le faux christianisme de René : Ainsi parla notre commune mère, dit le chantre du Paradis, et, avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un tendre abandon, elle s’appuie, en l’embrassant à demi, sur notre premier père ; son sein demi-nu, qui s’enfle, vient rencontrer celui de son époux, sous l’or flottant des tresses éparses qui le laissent voilé. […] De une à deux heures, — de deux à trois heures, — à tel endroit, chez telle personne ; — de trois à quatre, ailleurs ; — puis arrivait l’heure de sa représentation officielle hors de chez lui ; on le rencontrait en lieu connu et comme dans son cadre avant le dîner.
Vous rencontrerez des Parisiens qui se plaindront de Paris, mais vous n’en trouverez pas qui se plaindront d’en être, ou mieux d’y être, car la plupart des habitants de Paris sont nés en province. […] Observez avec quel soin jaloux un Parisien, si vous le rencontrez aux bains de mer, ou dans les montagnes de Suisse, ou en Italie, vous apprendra, dès l’abord, qu’il est Parisien. […] Je prétends simplement que la pénétration réciproque était bien faible aux siècles passés entre Parisiens et provinciaux, qu’ils avaient de sérieuses raisons de s’ignorer, et, quand ils se rencontraient, de se trouver dissemblables. […] Presque tous les provinciaux aisés traversent Paris plusieurs fois l’an, beaucoup de leurs fils font leur éducation à Paris, les autres rencontrent dans les collèges, et dans les lycées, dans les maisons d’enseignement libre et dans celles de l’État, des professeurs formés à Paris ou parlant le plus pur français. […] J’ai rencontré, au fond d’une forêt, une châtelaine qui connaissait les cent trente-trois manières d’apprêter le lapin de garenne, mais personne ne les lui demandait.
si un jour, dans ces concours annuels, les juges rencontraient quelque jeune ouvrage digne de ces époques fortunées, nous ne croyons pas les engager à l’avance en disant qu’ils n’auraient qu’un regret, celui d’estimer leur prix trop inférieur, leur couronne trop incomplète ; ils la mettraient au pied du chef-d’œuvre. […] Il a été remarqué que l’auteur, en se proposant et en professant hautement un but moral des plus honorables, jette quelquefois bien durement le défi à la société ; qu’il la maltraite en masse et de parti pris plus qu’il ne conviendrait dans une vue plus impartiale et plus étendue ; qu’il n’est pas très juste de croire, par exemple, qu’un jeune homme tel qu’il nous a montré le sien, Georges, le personnage principal de la pièce, riche, aimé, considéré à bon droit, puis ruiné un matin à vingt-cinq ans par un si beau motif, doive perdre en un instant du même coup tous ses amis, moins un seul ; il a été dit que l’honneur et la jeunesse rencontrent plus de faveur et excitent plus d’intérêt, même dans le monde d’aujourd’hui. […] Ici un léger embarras s’est rencontré.
Il paraît que j’y rencontrai Maupassant un jour, au moment où il repartait pour Paris. […] Mais la comtesse rappelle sa fille auprès d’elle ; Annette a dix-huit ans : c’est le portrait vivant de la comtesse ; c’est elle-même, comme elle était jadis, quand Olivier la rencontra. […] Nous avons vu, minute par minute, ce que souffrent Anne et Olivier ; quand ces deux souffrances se rencontrent et s’avouent, cela est déchirant et d’autant plus que chacun d’eux sait le martyre de son compagnon et qu’ils se font mutuellement pitié.
Par sa conversation, la vie sociale s’était perfectionnée ; les personnes s’étaient classées ; les sympathies d’esprit, de cœur, de caractère, même de conditions sociales, s’étaient rencontrées, reconnues, agrégées ; les existences se touchaient diversement ; les distinctions les plus faiblement marquées entre les personnes, mettaient des nuances dans leurs relations réciproques. […] L’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre. […] Les curieux qui font des recherches sur les locutions dont on veut nous persuader que le bon goût s’indignait du temps de Molière, sont fort surpris de rencontrer parmi ces locutions prétendues précieuses, une foule de mots qui sont aujourd’hui dans la bouche de tout le monde.
On m’a répondu : « C’est un guinné que tu as rencontré. […] Chaque fois que je te rencontrerai sans lui, je te fais fusiller ».
Ayant le lendemain rencontré la dame, il s’informait du motif de son silence. […] s’écria madame C…, je l’ai rencontré dernièrement avec mon mari, et je n’ai pas songé à prendre cette précaution. […] Au dire de ses amis, il est de mauvais augure de le rencontrer quand on va à un rendez-vous de bonne fortune. […] — Eh bien, ma chère, as-tu rencontré Justine ? […] — N’aurai-je pas le plaisir de vous rencontrer dans le monde ?
Tout me fait espérer qu’à ma vue elle volera vers moi, Je puis sans doute rencontrer sur mon chemin un obstacle imprévu, je puis rencontrer un officier fidèle aux Bourbons qui arrête l’élan des troupes, et alors je succomberai en quelques heures. […] Chateaubriaud a fait le sien ; il faut l’entendre, dans ses Mémoires, nous décrire ce prodigieux événement et s’efforcer d’en exprimer le grandiose à force d’images, il veut nous montrer Napoléon en marche, qui s’avance sans rencontrer d’obstacle : « Dans le vide qui se forme, dit-il, autour de son ombre gigantesque, s’il entre quelques soldats, ils sont invinciblement entraînés par l’attraction de ses aigles.
J’ai eu, il y a quelque temps, maille à partir avec lui ; je ne viens pas réveiller la querelle, mais il m’est difficile d’éviter de parler d’un écrivain qui se fait lire du public et que nous rencontrons à chaque moment. […] Le Lamennais que nous rencontrions chez M. d’Ortigue, et qui semblait m’avoir tout à fait pardonné, je dois le dire, certains articles polémiques sévères, causait à ravir, parlait art, musique, immortalité de l’âme, et ne sentait pas du tout le fumier. […] Ce Shakspeare par lequel prophétise la nature, et dont un critique souverain a dit qu’il nous conduit à travers le monde tel qu’il est, bien et mal, lumière et ténèbres, grandeurs et abîmes, tous aspects différents et nécessaires : « Mais nous, hommes raffinés et sans expérience, nous nous écrions, à chaque sauterelle que nous rencontrons : Elle va nous dévorer ! […] que M. de Pontmartin, si l’on en juge par le manifeste alarmiste que je viens de citer, a donc rencontré dans sa vie de ces sauterelles qui lui ont paru de formidables dragons ! […] Un vrai père, moins altier, moins égoïste, devait venir à la pension au moins une ou deux fois l’an, quand il était sûr de ne pas rencontrer sa femme.
C’est chez ce frère que, dans un voyage en Bourgogne, Mme Du Deffand rencontra à la campagne la jeune fille, alors âgée de vingt ans, opprimée, assujettie à des soins domestiques inférieurs et dans une condition tout à fait dépendante. […] Elle aimait M. de Mora depuis déjà cinq ou six ans quand elle rencontra, pour la première fois, M. de Guibert. […] Les choses étaient montées à ce ton, et l’on s’était quitté avec tous les serments et toutes les promesses, lorsque Mlle de Lespinasse, au mois de septembre 1772, rencontra pour la première fois au Moulin-Joli, chez M. […] Il est très rare en France de rencontrer, poussé à ce degré, le genre de passion et de mal sacré dont Mlle de Lespinasse fut la victime. […] Il est impossible de rencontrer de tels êtres, victimes d’une passion sacrée et capables d’une douleur si généreuse, sans éprouver un sentiment de respect et d’admiration, au milieu de la profonde pitié qu’ils inspirent.
Avocat, journaliste, critique d’art, écrivain et poète, il rencontra le poète Saint Pol Roux à la faculté de droit. […] Il rencontra le compositeur avec son épouse Judith Gautier, en 1869. […] Il fréquentait Mallarmé et ses « mardis » où il rencontra entre autres Saint-Pol-Roux et René Ghil. […] Il rencontra au lycée Fontanes pendant ses études, Éphraïm Mickaël, Stuart Merrill et René Ghil, grands wagnériens.
L’enfant, recueilli par un curé de village, marqua de bonne heure des dispositions d’artiste ; il avait rencontré par hasard une traduction de l’Iliade, il se mit à en figurer avec de l’argile et à en charbonner sur les murailles les dieux, les déesses et les héros. […] Que ne puis-je de même remédier aux défauts de composition, de goût et de clarté qui s’y rencontrent en foule !
C’est seulement dans ce lieu psychologique, où éclot le phénomène de la connaissance, qu’il est possible d’observer les formes diverses de la réalité, car c’est là seulement que la réalité prend forme objective, c’est là seulement que se rencontrent des objets. […] C’est parmi cet écoulement du temps que toutes les choses, objets et sujets tour à tour les unes pour les autres, se rencontrent et se considèrent, ardentes à assouvir le désir de connaissance intégrale dont on a fait le principe de la vie phénoménale.
Ils rencontrèrent en chemin un troupeau de chameaux blancs que l’on emploie dans le pays comme bêtes de somme. […] Un nouveau tableau de la nature qu’il rencontra encore, ce furent les poissons volants dont il étudia l’anatomie et la propriété de voler. […] J’en ai peu rencontré depuis qui m’aient laissé une impression plus pénétrante et plus agréable. […] Je n’ai jamais rencontré depuis Alexandre, sans regretter Guillaume. […] Il y a là une variété comme je n’en ai jamais rencontré.
Le danger très rare de rencontrer une femme dont la supériorité soit en disproportion avec la destinée de son sexe, doit-il priver la république de la célébrité dont jouissait la France par l’art de plaire et de vivre en société ? […] Les hommes d’esprit, étonnés de rencontrer des rivaux parmi les femmes, ne savent les juger, ni avec la générosité d’un adversaire, ni avec l’indulgence d’un protecteur ; et dans ce combat nouveau, ils ne suivent ni les lois de l’honneur, ni celles de la bonté. […] La plupart des femmes auxquelles des facultés supérieures ont inspiré le désir de la renommée, ressemblent à Herminie revêtue des armes du combat : les guerriers voient le casque, la lance, le panache étincelant ; ils croient rencontrer la force, ils attaquent avec violence, et dès les premiers coups, ils atteignent au cœur.
Durant la première période de sa carrière, il ne semble pas que Jésus eût rencontré d’opposition sérieuse. […] Ce n’était plus ce doux maître du « Discours sur la montagne », n’ayant encore rencontré ni résistance ni difficulté. […] Félicitons-nous de même que Jésus n’ait rencontré aucune loi qui punît l’outrage envers une classe de citoyens.
Heureusement pour Rivarol, le mot que cite Quitard ne prouve qu’une chose, assez triste du reste : c’est que le talent le plus héroïquement et le plus fièrement spirituel put se laisser enfiler par une idée vulgaire, comme un grand homme par un goujat ; mais il ne détruit nullement cette certitude : que ce qu’on appelle le bon sens des peuples et des siècles, c’est l’intelligence des grands hommes — ignorés ou connus — qui ont fait tradition et rencontré leur écho. […] Son Dictionnaire 18 était précédé, en 1842, d’une préface dans laquelle on voyait très bien qu’il sentait l’importance de la science à laquelle il s’était dévoué, mais son Étude sur les proverbes, historique, littéraire et morale 19, prouve beaucoup mieux qu’il sait penser sur ce qu’il aime et ajouter à ses recherches des manières de voir toujours sensées et souvent fines… Or, c’est précisément pour cela, c’est à cause de ses perspicaces facultés historiques, qui dominent les autres chez Quitard, que je m’étonne de rencontrer dans son livre une opinion sur l’origine des proverbes plus générale qu’examinée, et plus badaude que vraiment digne de la sagacité d’un historien. […] Déjà dans la préface de son Dictionnaire il nous avait dit — et c’était à nous faire venir l’eau à la bouche, à la bouche trompée, — « qu’il avait d’abord conçu son Dictionnaire de manière à suivre la langue proverbiale des troubadours jusqu’à nos jours et à former trois gros volumes in-8o », mais que prudemment il l’a diminué de deux volumes « parce qu’il aurait été trop difficile de rencontrer un éditeur », et c’est devant cette fuite d’éditeur que son épicurisme de savant s’est déconcerté et qu’il a sacrifié deux chers volumes à cette panique.
» disent les Russes quand ils se rencontrent le jour de Pâques, et ils s’embrassent. […] C’est un descendant d’Attila, et il s’est rencontré que nous lui avons fait une Résurrection comme on faisait à ses aïeux des funérailles. […] Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour.
par aucun libraire, avait-il donc fait quelque découverte qui montre, dans le Milton que l’on connaît, un Milton qu’on ne connaissait pas, comme lorsque Thomas Carlyle découvrit les fameuses lettres inédites de Cromwell, qui éclairèrent d’un jour si profond l’individualité complexe de l’homme (… un homme s’est rencontré…) que n’avait pas compris Bossuet, ce Maître en Histoire ? […] Mais le bonheur de rencontrer un manuscrit, oublié et authentique, d’un grand homme, ne recommence pas tous les jours… Quand Chateaubriand nous donna ses quatre grandes pages sur Milton, il l’avait traduit où il allait le traduire, mais après Chateaubriand, le vieux lion littéraire qui essaya d’imprimer ses ongles sacrés sur le poème intraduisible de Milton, y aurait-il quelqu’un d’assez hardi pour vouloir casser les siens sur ce marbre ? […] L’instinct voyageur d’oiseau marin qui est dans tout Anglais, mais qui n’y dort pas, le fît aller un jour en Italie ; mais cet Oswald anticipé, plus sévère que celui du roman, n’y rencontra pas de Corinne.
Au sortir de Saint-Cyr, quand déjà la mort de Louis XIV entraînait la chute des pouvoirs élevés par ce roi avec le plus de complaisance, Mlle d’Aulquier, qui perdait l’appui de Mme de Maintenon, fut demandée en mariage par un gentilhomme breton qui la rencontra à la terre de sa tante et en devint soudainement amoureux. […] Mais, à travers toutes les sortes de discussions sur la Bulle, et au plus vif de ses propres inquiétudes pour obtenir la grâce impossible de son mari, Mme de Pontivy rencontra chez sa tante M. de Murçay. […] Cette espèce d’opposition s’est depuis rencontrée souvent, mais jamais, je crois, dans une nature d’âme plus noblement composée et mieux conciliante en ses contrastes que celle de M. de Murçay. […] Il reprit son assiduité chez Mme de Noyon, et, partout où Mme de Pontivy alla durant cet hiver, il était le premier, en entrant, qu’elle y rencontrât ; le dernier, à la sortie, qui la quittât du regard. […] Et celle-ci, de ce ton de gaieté, pourtant sensible, où elle excellait : « En fait d’amour et de cœur, je ne sais qu’une maxime, répliqua-t-elle ; le contraire de ce qu’on en affirme est possible toujours. » A un quart d’heure de là, M. de Murçay et Mme de Pontivy, qui avaient le besoin de se voir seuls, se rencontrèrent, par un instinct secret, en un endroit couvert du jardin.
La cour, les ruelles, les salons, par qui cette action s’exerce, sont toujours le rendez-vous d’une société triée ; aristocratie de naissance, aristocratie de fortune, aristocratie de talent s’y rencontrent et y fraternisent. […] Entre ces esprits brillants qui se rencontrent, c’est une lutte à qui brillera le plus, un feu d’artifice où la pensée part en fusées, un pétillement étincelant de saillies et de mots spirituels. […] Inspirée de l’antiquité, ressuscitant de parti pris des Grecs et des Romains, elle s’adressait nécessairement à une élite de gens instruits, seuls capables de s’intéresser à l’évocation d’un passé lointain ; elle était un spectacle élégant et noble ; et si elle a brillé surtout au milieu du xviie siècle, c’est qu’elle a rencontré là des mœurs et un état d’esprit avec lesquels elle était, par son origine même, en secrète harmonie. […] Quand je vois encore Racine transformer un Hippolyte ou un Bajazet en petit-maître ou en amoureux élégiaque, digne de figurer dans les galeries de Versailles, je retrouve le monde là où j’aimerais mieux ne pas le rencontrer. […] Je pourrais citer mille travestissements du même genre ; je n’en rappellerai qu’un Legouvé (le père), dans sa tragédie La mort de Henri IV, rencontra sur sa route le mot si connu : « Je voudrais que chaque paysan pût mettre la poule au pot le dimanche. » Une poule !
On ne doit s’attendre à rencontrer dans cette étude aucune passion ancienne, pas plus qu’aucun appel aux directions sociales si inverses qui ont succédé : je parlerai de ces temps et de ces choses déjà si lointaines comme je parlerais de ce qui arriva en Angleterre sous Jacques II ou sous les ministères de la reine Anne. […] Les romantiques, ceux qu’on qualifiait comme tels alors, rencontrèrent tout d’abord dans Carrel un rude jouteur. […] Mais, dans un article sur les obsèques de Sautelet (16 mai), Carrel lui-même ne disait-il pas, en voulant expliquer l’âme douloureuse de son ami : La génération à laquelle appartenait notre malheureux ami n’a point connu les douleurs ni l’éclat des grandes convulsions politiques… Mais, à la suite de ces orages qui ne peuvent se rencontrer que de loin à loin, notre génération a été, plus qu’une autre, en butte aux difficultés de la vie individuelle, aux troubles et aux catastrophes domestiques… Et pourquoi, s’il en était ainsi de cette génération, pourquoi interdire à la sensibilité particulière et sincère son expression la plus naturelle et la plus innocente qui est la poésie lyrique, consolation et charme de celui qui souffre et qui chante, et qui ne se tue pas ? […] En même temps la question de guerre le préoccupe, et même l’entête un peu ; non content d’applaudir à la réorganisation de l’armée par le maréchal Soult, qu’il exceptera toujours à l’avenir et ménagera plus ou moins dans ses virulences, il s’écrie (30 novembre) : Vienne le moment où se rencontreront en champ clos une avant-garde prussienne et une poignée de volontaires français ! […] Il ne s’agit point pour nous de suivre Carrel dans cette série d’articles des premiers mois de 1831, ni dans le tous-les-jours de cette marche, où il se rencontrerait plus d’un accident et d’un retour : ce qui nous importe, c’est de noter les moments où la manœuvre change, et où il donne un coup au gouvernail.
De même on ne saurait en écrivant rencontrer le parfait, et s’il se peut, surpasser les anciens que par leur imitation. […] Il y a un terme, disent les uns, dans votre ouvrage, qui est rencontré et qui peint la chose au naturel ; il y a un mot, disent les autres, qui est hasardé, et qui d’ailleurs ne signifie pas assez ce que vous voulez peut-être faire entendre ; et c’est du même trait et du même mot que tous ces gens s’expliquent ainsi, et tous sont connaisseurs et passent pour tels. […] Il est convaincu que quelque scrupuleuse exactitude que l’on ait dans sa manière d’écrire, la raillerie froide des mauvais plaisants est un mal inévitable, et que les meilleures choses ne leur servent souvent qu’à leur faire rencontrer une sottise. […] Il est peut-être moins difficile aux rares génies de rencontrer le grand et le sublime, que d’éviter toute sorte de fautes. […] L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit.
On rencontrera ensemble les gras et les maigres ; le même grouillement offrira ceux qui se roulent sur le dos et ceux qui se vautrent sur le ventre. […] Mais vous savez bien, vous, élève de tous les Renan, de tous les Taine, de tous les Maurras et de tous les Amouretti rencontrés, que votre pensée est empruntée ; vous n’avez d’autre esprit que « l’esprit de suite » et votre seule vertu intellectuelle se nomme docilité. […] Dans ces Maritimes où s’étalent tant d’exemples de couardise et le continuel besoin de paraître sans être, le Paul Adam qui, depuis quelques années, flagorne toutes les puissances, prétend, avec l’incompréhension la plus voulue et la plus lâche, rencontrer je ne sais quel « héroïsme des idées et des actes ».
Vous y rencontrez les personnages du réalisme contemporain côte à côte avec les amoureux et les séduisants officiers de M. […] On goûte je ne sais quelle joie artificielle et naïve en même temps à rencontrer ingénieusement rapprochés tous les spectacles poétiques et pittoresques que nous rencontrons séparés dans la nature et à effleurer successivement les émotions très variées qu’ils peuvent faire naître. […] cette moderne Béatrice, au lieu de rencontrer un Bénédict à l’âme élastique et souple comme la sienne, n’a rencontré qu’un jaloux Claudio dont les défiances lui briseront le cœur. […] Joseph Toussaint est un Babolain réussi et qui a bien rencontré. […] Le secret de la résistance que rencontrent toujours plus ou moins les tentatives de M.
Vous demandiez une tendresse et vous rencontrez une haine, une amante et vous rencontrez une ennemie, un abandon et vous rencontrez une bataille. […] Aussi n’a-t-il pas rencontré, parmi la foule, l’accueil qu’elle réserve à ses favoris. […] Et d’abord cette philosophie de l’universel phénoménisme a rencontré dans M. […] Ils ont des associations d’idées interminables à propos de chaque objet rencontré, manié, contemplé. […] Aussi, quand la littérature d’une nation débute, que rencontrons-nous ?
Mais ceux qui attendent des prostitués leurs moyens d’existence, j’ai trop de répugnance vraiment à les rencontrer. […] Parmi les jurés, je rencontrerai de braves gens. […] On peut ouvrir son livre au hasard ; on ne lira pas une page sans rencontrer une ou deux gentillesses de phrases, un ou deux sourires de mots : « Le liseron de Coppée, Un liseron, Madame, aimait une fauvette, grimpait avec un sans-façon si souple et si charmant, qu’il devait atteindre sans peine le perron ou balcon académique. » Sachez que Déroulède « est tricolore, ainsi que sa cocarde ». […] Sous les grâces indécises de son style on sent une pauvre âme flottante, mais avide de fixité belle et qui, si elle rencontrait dans le maître une lueur de divinité, dans le dogme un rayon d’amour, s’attacherait indéfectiblement au dogme et au maître, serait fidèle jusqu’au martyre, je dis jusqu’à la joie du martyre. […] on n’a pas rencontré Jésus, l’âme blonde, l’âme d’amour ; on a rencontré une âme de stoïcisme, de dédain et de silence, un Zénon hégélien, Stéphane Mallarmé.
L’écrivain (suite) I Il est rare en France de rencontrer un grand écrivain qui soit populaire. […] En Allemagne, une servante, le dimanche, lit Schiller et l’entend ; maintes fois vous rencontrez un piano dans une arrière-boutique ; les mineurs flamands, leur ouvrage achevé, chantent en parties ; partout en pays protestant la Bible, du moins, est lue et même sentie par le peuple. […] Ils s’y développent, ils y agissent par leurs propres forces et d’eux-mêmes ; ils n’y sont point contraints par les passions ou les facultés qu’ils y rencontrent : ce sont des hôtes libres ; tout le soin du poëte est de ne point les gêner ; ils se remuent et il les regarde, ils parlent et il les écoute ; il est comme un étranger attentif et curieux devant le monde vivant qui s’est établi chez lui ; il n’y intervient qu’en lui fournissant les matériaux dont il a besoin pour s’achever et en écartant les obstacles qui l’empêcheraient de se former.
Nous rencontrons d’abord la pastourelle, qui fait contraste avec la chanson : elle ragaillardissait nos aïeux de sa naturelle et saine grossièreté ; la simple franchise des amours champêtres les délassait de tant de pâles et respectueux amants qui n’osaient pas dire leur désir, ni même désirer. […] Mais c’est ici le lieu de parler de lui : pour la première fois, nous rencontrons dans l’histoire de notre littérature une individualité fortement caractérisée, qui se retrouve dans les ouvrages les plus divers. […] Et les tristesses de sa misérable existence lui ont fait rencontrer parfois une poésie intime, attendrie et souriante à la fois, dont la simplicité touche puissamment.
» Le malheur est que celui qui veut rencontrer le laid le rencontrera presque toujours, et il perdra pour le plaisir de la critique celui d’être « touché », qui, selon La Bruyère, vaut mieux encore. Heureux les critiques qui ne rencontrent pas trop de « bonnes choses » pour eux dans leurs auteurs !
Un Pirate Qui de vous ne l’a rencontré ? […] — Je viens de rencontrer mademoiselle X… du Vaudeville, sur le boulevard. […] Vapereau eût écrit la biographie, s’il l’eût jamais rencontré.
J’ai cependant rencontré dans ma jeunesse deux hommes au moins qui s’étaient dit que l’histoire des origines du christianisme était un grand sujet, et qui se promettaient de le traiter quelque jour dans l’esprit du XIXe siècle, c’est-à-dire avec respect et science. […] C’était dans le monde protestant, dans le monde israélite instruit, que la question ainsi posée et traitée rencontrait des curieux, des sectateurs ou controversistes en sens divers. […] Il se rencontrait un moment difficile et périlleux, dans une Vie du Christ ainsi conçue : c’est celui où, d’une première prédication toute tendre et plus modeste, il passe à son rôle divin plus déclaré et à son affectation de Messie. […] N’est-ce donc rien dans ce naufrage de tant de doctrines, de tant de croyances, dans cet envahissement de tant de passions positives et intéressées, d’éviter la légèreté, de rencontrer une science émue qui vous guide, et de monter la colline avec Celui qu’il n’est interdit d’honorer et d’adorer sous aucune forme ?
Je n’ai plus rencontré le grotesque rictus sans revoir en mon souvenir les lèvres lourdes de mystère. […] Rencontrent-ils chez un adversaire une idée un peu nouvelle, aussitôt leur rire éclate, leurs mains claquent bruyantes sur leurs cuisses et ils entraînent le bon badaud à se gausser avec eux d’une aussi joyeuse folie. […] « C’est consternant et même un peu diabolique, s’écrie-t-il, de lire ce bavardage monstrueux, infini, ce déluge de mots, pendant des pages, pour ne jamais aboutir, pour ressasser indéfiniment un lieu-commun misérable, sans espoir de rencontrer, je ne dis pas une idée, mais une image, un semblant d’image qui n’ait pas servi un million de fois ! […] Chacun des drames rencontrés dans la vie contribue à former le futur dramaturge ; chacun des personnages vus et entendus se transforme en l’esprit du jeune Shakspeare, s’harmonise et grandit jusqu’à l’intensité tragique.
4° Lorsque les faits précédents ne se rencontrent pas dans la vie des hommes supérieurs, on les trouve ou on en retrouve de semblables dans la vie de leurs ascendants ou descendants. […] La distraction n’est qu’un accident qui peut se rencontrer incidemment dans l’un et dans l’autre état, il y a enfin cette différence profonde et caractéristique, que vous pouvez faire remarquer à l’un sa distraction, et qu’il en sourit le premier ; mais que vous ne pouvez pas faire sortir l’aliéné du cercle d’idées où il est enchaîné. […] J’ajoute que, sans être de son avis, sur le fond de la question, je crois qu’il a rencontré, chemin faisant, beaucoup de vérités particulières, qui sont plus instructives et plus intéressantes que la thèse chimérique qu’il prétend établir. Ainsi les alchimistes du moyen âge ne découvraient pas la pierre philosophale qu’ils cherchaient ; mais dans les combinaisons fortuites de leur art se rencontraient des substances utiles qui entraient dans le commerce, et rendaient plus de services utiles à la société que n’eût fait le succès de leur téméraire espérance.
Ils peuvent ne pas se rencontrer ensemble, ou se rencontrer dans des proportions inégales. […] A la vérité, cet effet est dû surtout à la liberté politique, qui peut se rencontrer dans des sociétés non démocratiques ; mais si l’on y regarde de près, on verra que c’est la part que les classes laborieuses ont au gouvernement de l’État qui leur donne cet esprit d’initiative et d’entreprise que nous admirons. […] Sans doute la centralisation n’avait pas manqué d’adversaires, mais elle les avait jusque-là rencontrés dans l’école aristocratique.
Devant celui-ci, nous en rencontrons une troisième. […] Roux et on se rend compte des terribles difficultés que rencontrèrent Louis XVIII et Charles X. […] Rencontrons-nous là un phénomène de psychologie raciale ? […] Vous ne rencontrez que des visages avisés et volontaires, tous copiés évidemment d’après nature. […] Il faut ranger parmi eux celui des premiers paysages rencontrés par l’enfant.
La philosophie, de son côté, a rabattu d’une première affiche sentimentale, d’une première prétention peut-être à l’effet et à l’éclat ; elle n’a pris du sentiment que l’extrême nécessaire, n’a pas recherché avant tout la singularité et s’est parfaitement accommodée des vertus chrétiennes quand elle les rencontrait devant elle dans son examen. […] Il lui est arrivé plus tard de rencontrer Ary Scheffer chez le duc d’Elchingen. […] Elles ont l’une et l’autre ce caractère d’originalité que l’Académie ne cherche pas, mais qu’elle n’est pas fâchée de rencontrer. […] Je ne voudrais pas faire de fausse sensibilité, mais je défie des personnes, fussent-elles d’opinion, de point de départ et de doctrines les plus opposées, qui se sont rencontrées une fois dans une même œuvre de charité active, au lit d’un malade, d’un mourant, de se haïr, de se dédaigner, de se rejeter. […] Mais il ne s’agit point ici de débat : la loi est faite et bien faite ; elle est sage ; elle réunit l’unanimité des suffrages, de la part de ceux qui se combattaient auparavant, mais qui se sont rencontrés sur un terrain aussi largement délimité.
Jeanne-Antoinette Poisson, née à Paris le 29 décembre 1721, sortait de cette riche bourgeoisie et de ce monde de finance qui s’était si fort poussé dans les dernières années de Louis XIV, et dans lequel il n’était pas rare de rencontrer un épicuréisme spirituel et somptueux : elle y apporta les élégances. […] Quand le roi allait chasser, dans la forêt de Sénart, non loin d’Étiolles, elle se rencontrait comme par hasard devant lui dans une jolie calèche. […] Il y avait des jours où l’on y rencontrait dînant ensemble Diderot, d’Alembert, Duclos, Helvétius, Turgot, Buffon, tout cela, comme disait Louis XV ; « et Mme de Pompadour, nous raconte Marmontel, ne pouvant pas engager cette troupe de philosophes à descendre dans son salon, venait elle-même les voir à table et causer avec eux ». […] Rendant compte du Salon de 1765, Diderot rencontrait d’abord un tableau allégorique, où Carle Vanloo représentait les Arts désolés et suppliants qui s’adressent au Destin pour obtenir la conservation de la marquise : Elle les protégeait en effet, dit le critique ; elle aimait Carle Vanloo ; elle a été la bienfaitrice de Cochin ; le graveur Gai avait son touret chez elle. […] Si l’abbé Galiani, dans une page curieuse, préférant hautement au siècle de Louis XIV le siècle de Louis XV, a pu dire de cet âge de l’esprit humain si fécond en résultats : « On ne rencontrera de longtemps nulle part un règne pareil », Mme de Pompadour y contribua certainement pour quelque chose.
Voilà tout l’homme en raccourci ; et c’est dans cette enceinte bornée que les diversités humaines se rencontrent, tantôt au sein de la matière primordiale, tantôt dans le double développement primordial. […] Non que cette loi s’accomplisse toujours jusqu’au bout ; parfois des perturbations se rencontrent ; mais, quand il en est ainsi, ce n’est pas que la loi soit fausse, c’est qu’elle n’a pas seule agi. […] Au moment où nous les rencontrons, quinze, vingt, trente siècles avant notre ère, chez un Aryen, un Égyptien, un Chinois, ils représentent l’œuvre d’un nombre de siècles beaucoup plus grand, peut-être l’œuvre de plusieurs myriades de siècles. […] Il y eut une de ces concordances lorsque, au dix-septième siècle, le caractère sociable et l’esprit de conversation innés en France rencontrèrent les habitudes de salon et le moment de l’analyse oratoire, lorsqu’au dix-neuvième siècle, le flexible et profond génie d’Allemagne rencontra l’âge des synthèses philosophiques et de la critique cosmopolite. […] Si le sentiment d’obéissance n’est que de la crainte4, vous rencontrerez comme dans la plupart des États orientaux la brutalité du despotisme, la prodigalité des supplices, l’exploitation du sujet, la servilité des mœurs, l’incertitude de la propriété, l’appauvrissement de la production, l’esclavage de la femme et les habitudes du harem.
On dirait, tant elles sont étrangement posées et inclinées vers la chute, qu’un géant s’est amusé un jour à les faire rouler du haut de la côte, et qu’elles se sont arrêtées là où elles ont rencontré un obstacle, les unes à quelques pas du point de départ, les autres à mi-côte ; mais ces obstacles semblent les avoir plutôt suspendues qu’arrêtées dans leur course, car elles paraissent toujours prêtes à rouler. […] Lui aussi il était, mais il n’était qu’à demi de la race de René, en ce sens qu’il ne se croyait pas une nature supérieure : bien loin de là, il croyait se sentir pauvre, infirme, pitoyable, et dans ses meilleurs jours une nature plutôt écartée que supérieure : Pour être aimé tel que je suisa, se murmurait-il à lui-même, il faudrait qu’il se rencontrât une âme qui voulût bien s’incliner vers son inférieure, une âme forte qui pliât le genou devant la plus faible, non pour l’adorer, mais pour la servir, la consoler, la garder, comme on fait pour un malade ; une âme enfin douée d’une sensibilité humble autant que profonde, qui se dépouillât assez de l’orgueil, si naturel même à l’amour, pour ensevelir son cœur dans une affection obscure à laquelle le monde ne comprendrait rien, pour consacrer sa vie à un être débile, languissant et tout intérieur, pour se résoudre à concentrer tous ses rayons sur une fleur sans éclat, chétive et toujours tremblante, qui lui rendrait bien de ces parfums dont la douceur charme et pénètre, mais jamais de ceux qui enivrent et exaltent jusqu’à l’heureuse folie du ravissement. […] Qui l’eût rencontré deux ans après, mondain, élégant, fashionable même, causeur à tenir tête aux brillants causeurs, n’aurait jamais dit, à le voir, que ce fût un actif malgré lui. […] Il lisait alors Pausanias et s’émerveillait de la multitude d’objets décrits par l’antiquaire grec : « La Grèce, disait-il, était comme un grand musée. » — Nous assistons aux deux ordres, aux deux suites d’idées qui se rencontrèrent et se rejoignirent en lui dans une alliance féconde.
L’esprit humain, dans son tour en rond ou en spirale, est si sujet à rencontrer les mêmes courants d’influences malignes, que cette Vie du plus grand faiseur de miracles qu’ait produit le monde païen peut presque paraître encore aujourd’hui un livre de circonstance : L’homme est de glace aux vérités, Il est de feu pour les mensonges. […] Si je rencontrais une pierre, mon imagination en faisait un homme pétrifié ; si j’entendais quelques oiseaux, c’étaient des hommes couverts de plumes ; les arbres du boulevard, c’étaient encore des hommes chargés de feuilles ; les fontaines, en coulant, s’échappaient de quelque corps humain ; je croyais que les images et les statues allaient marcher, les murailles parler, les bœufs et les autres animaux du même genre rendre des présages, que du ciel, du ciel lui-même, et de l’orbite enflammée du soleil descendraient soudain quelques oracles. […] Cependant, tout en errant de porte en porte avec l’air d’abandon d’un mauvais sujet et là démarche incertaine d’un homme ivre, je me retrouvai tout à coup, sans le savoir, dans le marché aux comestibles… » Et quand, errant ainsi à travers la ville, il est venu à rencontrer une dame de qualité, Byrrhène, qui se trouve être une amie de sa famille ; quand cette dame, l’ayant conduit jusque chez elle et le voulant retenir pour hôte, essaye du moins de le mettre en garde contre l’hospitalité du vieux ladre chez qui il est descendu et dont la femme, lui dit-elle, est une magicienne du premier ordre et de la pire espèce, Lucius, à cette nouvelle inattendue, qu’il se trouve logé chez une magicienne, est saisi d’un plus violent désir de chercher précisément ce qu’on lui recommande defuir ; il ne sait que prendre, comme on dit, ses jambes à son cou pour courir de toutes ses forces au danger. […] Ceux qui aiment les genres tranchés ne le rencontrent pas et font semblant parfois de ne pas le voir.
Au milieu des courses les plus violentes ; il m’arrivait de rompre subitement mon galop », comme si un abîme se fût rencontré à mes pieds, ou bien un dieu debout devant moi. […] Je grimpais sur les arbres ; je me fourrais dans les cavernes ; j’attrapais les grenouilles à la course, les écrevisses dans leurs trous, au risque de rencontrer une affreuse salamandre ; puis je faisais, sans désemparer, griller ma chasse sur les charbons. […] Elle en vint par la suite à admirer, mais elle ne put jamais prendre sur elle d’aimer et de goûter ces autres génies incontestables, mais dont les écrits ont des laideurs qui choquent l’œil d’une femme . « Je déteste de rencontrer, disait-elle, ce que je ne veux pas voir. » Bientôt elle fit des vers elle-même ; elle avait reçu de la nature le rythme intérieur et la mélodie. […] Douce image qui des deux côtés est charmante, quand je pense qu’une sœur est fleur… » Aussitôt qu’il est parti, elle rentre dans la chambrette qu’il occupait ; elle prend le livre qu’il a lu : c’est un Bossuet où il a mis des signets de sa main, souvent aux mêmes endroits qu’elle avait notés elle-même : « Ainsi nous nous rencontrons partout comme les deux yeux ; ce que tu vois beau, je le vois beau. » Quand il est près de se marier, elle semble que cela ne réussisse pas et ne vienne à manquer par quelque côté, car ce frère chéri est, comme elle l’appelle, « un mauvais artisan de bonheur. » Elle se met à sa place et craint qu’il ne recule au dernier instant. « Toujours me semble « effrayant pour toi, aigle indépendant, vagabond.
Il suffit, pour se sentir à l’aise en parlant de lui, de l’avoir rencontré souvent, de l’avoir trouvé si impartial envers les personnes, si oublieux de toute injure, si étranger à toute rancune, si oublieux des choses seules et des questions importantes, de celles du jour, de celles de demain, un esprit sincèrement, obstinément voué à la prédication des idées qu’il croit justes et utiles. […] » Ceux qui sont si empressés à refuser aux hommes engagés dans la vie active et dans l’âpreté des luttes publiques la faculté de sentir et de souffrir n’ont pas lu Émile, où se rencontrent, au milieu d’une certaine exaltation de tête, tant de pensées justes, délicates ou amères nées du cœur : « A l’âge où les facultés sont usées, où une expérience stérile a détruit les plus douces illusions, l’homme, en société avec son égoïsme, peut rechercher l’isolement et s’y complaire ; mais, à vingt ans, les affections qu’il faut comprimer sont une fosse où l’on est enterré vivant. » « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants que je vous devrai (il s’adresse à celle qu’il considère déjà comme sa compagne dans la vie) ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné. » Émile parle de source et, quand il le pourrait, il n’a à s’inspirer d’aucun auteur ancien ; la tradition, je l’ai dit, ne le surcharge pas ; elle commence pour lui à Jean-Jacques, et guère au-delà : c’est assez dans le cas présent. […] Il a rencontré devant lui, en avançant, des obstacles bien autrement multipliés et périlleux que ceux qu’il prévoyait d’abord dans sa jeune misanthropie, encore austère. […] Émile, qui va dans le monde comme on irait en pays ennemi, s’est fait de bonne heure une contenance qu’il nous définit ainsi, à un moment où il juge à propos de la modifier : « Au lieu de cet air grave qu’on m’avait reproché si souvent, comme me donnant un maintien important et dédaigneux, je conservai le ton railleur et caustique que j’avais adopté pour me dispenser de répondre directement aux questions… » Il a souvent rencontré un jeune homme, Édouard de Fontenay, qui l’a regardé d’un air qui lui déplaît ; il a résolu de lui donner une leçon.
M. de Chateaubriand, à ce beau moment de sa vie (ce beau moment, pour moi, est le moment littéraire, et s’étend depuis Atala, par René, par Les Martyrs, jusqu’au Dernier des Abencérages), M. de Chateaubriand eut alors, comme poète, un bonheur que bien peu obtiennent : il rencontra deux amis, deux critiques à part, Fontanes et Joubert, faits tout exprès pour lui, pour l’avertir ou pour le guider. […] Joubert, déjà marié, et qui passait une partie de l’année à Villeneuve-sur-Yonne, l’avait rencontrée en Bourgogne à la porte d’une chaumière où elle s’était réfugiée. […] Il avait ses raisons pour parler ainsi, lui dont on a dit qu’il avait l’air d’une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s’en tire comme elle peut. […] Un écrit où ne se rencontrent que de la force et un certain feu sans éclat, n’annonce que le caractère.
Voltaire, qui l’avait rencontrée de tout temps, ne se lia étroitement avec elle qu’après son retour d’Angleterre, vers 1733. […] Si vous êtes femme, si vous êtes sage, et si votre cœur, tout en prenant feu, se donne encore le temps de choisir, écoutez un conseil : n’aimez ni Voltaire, ni Jean-Jacques, ni Goethe, ni Chateaubriand, si par hasard il vous arrive de rencontrer de tels grands hommes sur votre chemin. […] Mais un tel accord de deux êtres si à l’unisson lui semble trop beau : Un cœur, capable d’un tel amour, dit-elle, une âme si tendre et si ferme, semble avoir épuisé le pouvoir de la Divinité ; il en naît une en un siècle ; il semble que d’en produire deux soit au-dessus de ses forces, ou que, si elle les avait produites, elle serait jalouse de leurs plaisirs si elles se rencontraient. […] Elle y rencontra, dans la société de la marquise de Boufflers, un homme de trente ans, fin, agréable, spirituel, bien que d’un esprit assez sec et aride, connu seulement alors par une Épître à Chloé, assez jolie pièce dans le genre sensuel ; c’était M. de Saint-Lambert.
Pendant ce temps de ses études tant à Paris qu’à Juilly, il ne vit Mme de Montespan que deux ou trois fois, et toujours en cachette ; il sentait bien qu’il était comme proscrit, selon son expression : mais il avait bonne confiance dans son étoile ; toutes les personnes qui le rencontraient lui témoignaient par leur air de considération qu’elles n’y comptaient pas moins que lui, et il se flattait toujours. […] Au retour des campagnes, il ne bougeait de Meudon où était Monseigneur, et il réalisait le miracle d’être vu en plusieurs lieux à la fois ; car on ne rencontrait que lui à Versailles : « Je ne manquais à rien, à l’égard du roi, de tout ce que l’envie de plaire peut suggérer à un courtisan éveillé. » Pour mieux gagner dans l’estime du roi, il mettait sa délicatesse à ne lui rien demander, et visait, par une sorte de platonisme courtisanesque, à n’acquérir que la considération de son maître : c’était le but de toutes ses espérances. […] Il s’afflige bien moins encore de l’arrêt de sa fortune que de cette sorte d’ingratitude qu’il croit rencontrer au cœur du maître ; et c’est ici que nous trouvons chez d’Antin ce qui le caractérise dans l’espèce et ce que j’ai déjà appelé le platonisme du courtisan. […] Cherchant à rassembler dans sa raison toutes ses forces et tous ses motifs de renoncement, il se dit qu’il n’a guère plus de quarante ans ; qu’il y a moyen, après avoir consacré sa jeunesse au service du roi et de sa patrie, de vivre chez soi en honnête homme ; il se trace le plan d’une vie heureuse et privée : « Avoir du bien honnêtement, n’avoir rien à se reprocher (et, pour cela, commencer par payer toutes ses dettes), avoir mérité d’avoir des amis, et savoir s’amuser des choses simples. » Toutes ces conditions pourtant ne laissent pas d’être difficiles à rencontrer dans le même homme, et il suffit d’une seule qui échappe, ou d’un goût étranger qui se réveille, pour faire tout manquer, et pour corrompre ce tranquille bonheur.
Nous n’avons pu les rencontrer tous, et ceux que nous avons réussi à joindre ont bien voulu, malgré leur émotion, nous donner quelques lignes, dont on leur sera, comme nous, reconnaissant. […] On les rencontrait souvent, bras dessus, bras dessous, présentant le même aspect de sérénité un peu lourde et discutant leurs théories ; un passant qui aurait suivi leur conversation aurait sans doute entendu Gautier redire à Augier, d’un ton sentencieux, sa fameuse formule : « Rien ne sert à rien…, et d’abord il n’y a rien ; d’ailleurs, tout cela est bien indifférent ! […] Mais, dans les salons officiels, pas plus que sur le boulevard ou dans les couloirs de théâtre, il n’oubliait son métier, et, lorsqu’il rencontrait quelque imbécile ou quelque intrigant, il lui serrait la main avec une effusion d’un genre particulier, qui fascinait le monsieur, tandis que ses paupières d’observateur dardaient deux vrilles ironiques qui, avec la dextérité d’un outil d’oculiste, allaient piquer l’âme du monsieur puis, après un échange de banalités, Augier le congédiait avec un bon sourire, qui signifiait : « Toi, je te connais, maintenant, mon bonhomme ! […] Augier à la scène Hier soir, nous avons rencontré M.
Édelestand du Méril, que personne n’a connu autrefois mieux que moi, et que je ne suis pas suspect de louer puisque je ne suis pas un savant et que je déplore qu’il en soit un, a précisément, dans cette Histoire de la Comédie, dont le fond aride ne pouvait être fécondé même par une culture comme la sienne, montré des qualités qu’on n’est pas accoutumé de rencontrer dans un homme qui s’amuse à piquer des têtes, à ne jamais retrouver, dans la métaphysique des grammaires… Spiritualiste ferme et lumineux, esthéticien robuste et sain dans un temps où l’esthétique est devenue je ne sais quelle baveuse maladie particulière aux pédants du xixe siècle, très capable de nous donner, à propos de la comédie, cette profonde et piquante histoire du rire que j’attendais et qu’il n’a pas faite (la fera-t-il plus tard ?) […] ils en ont dit ce qu’ils ont pu… Mais du Méril, qui est un saint Siméon stylite de la science, sur sa colonne depuis trente ans, et qui n’en descend pas pour aller quémander des articles à ceux qui tiennent de cette denrée, du Méril, l’auteur de la Philosophie du budget, de l’Histoire de la Poésie scandinave, de l’Essai philosophique sur les principes et les formes de la Versification, etc., etc., et qui s’est dévoué, pour couronner tous ses travaux, à nous écrire une Histoire de la Comédie, a-t-il rencontré un seul homme, d’autorité incontestable, qui lui ait fait faire place dans la grande publicité de ce temps ? […] Et peut-être ledit savant sera-t-il assez spirituel (cela peut se rencontrer !) […] Édelestand du Méril, pour des raisons tirées de la nature de son livre, a rencontré nécessairement sur son chemin les inévitables théories de deux hommes, de talent sans doute, mais dont l’un est gâté par l’opinion comme un vieillard, et l’autre comme un enfant, quoiqu’il ne le soit plus que dans les puériles débilités de sa théorie : Sainte-Beuve et Taine.
Combien de fois, il y a près de quarante ans, ne l’ai-je pas rencontré dans la plaine de Vanves (il passait alors les étés à Issy) tenant un livre à la main et lisant sous le soleil ! […] Promeneur amusé de Munich à Vienne, de Vienne à Venise, de Venise à Milan, et se reprochant les agréments mêmes du séjour, un certain charme de sociabilité qu’il rencontrait d’autant mieux chez les autres qu’il le portait avec lui, il écrivait encore : « Dans le voyage de la vie, il ne faut pas trop s’approcher aux stations de passage où l’on ne peut pas compter de retourner, parce qu’après tout, et avant tout, il faut compter sur le poste final de la famille et des vieux amis, où nous attendent le dernier banc au soleil ou à l’ombre, et nos derniers tisons. » Il a eu son dernier banc au soleil. […] Dans le petit nombre des maîtres universellement salués et reconnus qui tiennent, à leur époque, le sceptre de l’esprit et qui pourraient être dans tous les sens les arbitres des grâces, il s’en est rencontré un (chose rare !)
On a donc raison de dire que la lumière prise en soi est un mouvement ; mais, prise en soi, elle n’a rien de semblable à ce que nous appelons lumière, et tant qu’elle n’a pas rencontré un sujet sentant, elle n’est rigoureusement qu’un mouvement et pas autre chose. […] Ceux qui font la matière pensante rencontrent donc précisément la même pierre d’achoppement que les spiritualistes, car ils ont à expliquer, tout comme ceux-ci, le passage du matériel à l’immatériel, de l’étendue à la pensée. […] Nulle part, en effet, l’expérience ne nous a permis de rencontrer une pensée pure, un esprit pensant sans organe, une âme angélique dégagée de tous liens avec la matière.
On rencontrera d’abord des agrégats formés par une simple répétition de hordes ou de clans (pour leur donner leur nom nouveau), sans que ces clans soient associés entre eux de manière à former des groupes intermédiaires entre le groupe total qui les comprend tous, et chacun d’eux. […] On rencontrerait ensuite les sociétés polysegmentaires doublement composées qui résultent de la juxtaposition ou fusion de plusieurs sociétés polysegmentaires simplement composées. […] Il est même très possible qu’une même civilisation industrielle, scientifique, artistique puisse se rencontrer dans des sociétés dont la constitution congénitale est très différente.
Semblable à tous les hommes qui ont l’ambition de leur talent, il a pu rencontrer, dans cette forêt de Bondy enchantée qu’on appelle la littérature, les trois charmantes fées dont tout écrivain, comme le chevalier du Tasse, doit vaincre les charmes : la Bêtise, l’Envie et la Fausse Amitié ; mais ce n’est pas là une raison pour élever son ressentiment jusqu’à la Critique elle-même, dans sa notion pure et absolue. […] Pierre de Saint-Louis, de la province de Provence (1668), j’en ai rencontré de magnifiques, et que les plus grands poètes de ce temps de langue mûrie auraient été fiers designer : Phares des tours du ciel, lampes inextinguibles, Qui rendent, sans rien voir, toutes choses visibles ! […] Encore une fois, nous ne tenons pas grand état d’une pareille donnée, inspirée plus par les études et les préoccupations littéraires de l’auteur que par son propre génie ; mais ce que nous estimons infiniment, ce sont deux ou trois courants d’aperçus, d’observations et de pensées, qui se rencontrent, se croisent et se mêlent dans ce livre, taillé trop à facettes et à pans coupés, et que nous eussions voulu plus large et plus simple.
Et quand on croit l’avoir bien aperçu et qu’on l’exprime avec assurance, pour ne point avoir à craindre de rencontrer des observateurs informés de plus près, est-on plus certain d’avoir pénétré par conjecture jusqu’à l’intime vérité ? […] Quelle différence d’exactitude et de vérité nous sentons dans nos jugements successifs sur un même individu, si nous l’avons vu en personne ou si nous n’en avons qu’entendu parler, si nous le connaissons pour l’avoir rencontré ou pour avoir vécu avec lui !
Il ne me trouve pas chez moi ; il m’écrit et se plaint de ne me point rencontrer. — Eh ! […] Vers la fin elle s’engoua d’Azaïs qu’elle avait rencontré dans un voyage aux Pyrénées et quelle prenait pour un Platon. […] Mais si vous voyez l’homme, si vous rencontrez Turquety en personne, vous vous assurerez que la vraie élégance, — je parle de celle de l’esprit, — il ne l’a pas. […] Une autre fois, je le rencontrai chez M. […] Dubois, sut de lui mon nom, mon adresse, et vint pour me voir sans me rencontrer.
Il se rencontra dans un ancien fabricant de vermicelle nommé le père Goriot. […] Durant le cours de ma vie collégiale, j’ai connu mille camarades environ, et n’ai rencontré chez aucun l’exemple d’une pareille indifférence. […] « — Vous rencontrerez en Touraine beaucoup de femmes qui ont de belles épaules, dit-il en riant. […] En pensant qu’elle pouvait se rappeler ma figure, je voulus m’enfuir ; il n’était plus temps, elle apparut sur le seuil de la porte, nos yeux se rencontrèrent. […] Quoiqu’elle fût mère de deux enfants, je n’ai jamais rencontré dans son sexe personne de plus jeune fille qu’elle.
Est-ce que j’ai besoin, moi qui vous parle, à mon réveil, de rencontrer de si beau style ? […] — Tu vas suivre le premier aveugle que tu rencontreras en ton chemin, répond l’oracle, et il te conduira ! […] j’ai rencontré un certain vieillard hideux à voir, sale au possible ; un affreux bossu, édenté, à peine un homme…, et j’en vais tirer des monceaux d’or. […] Voici, par exemple, le ballet du Bourgeois gentilhomme, dans lequel s’est rencontrée par bonheur, une adorable comédie ! […] Avouez que vous avez rencontré, rarement, un poète de cette force !
Les meilleurs poëtes du temps, à commencer par Marot, faisaient bien souvent des vers détestables, de même que les moins bons rimeurs rencontraient quelquefois des hasards assez jolis. […] Voilà de quoi excuser d’avance bien des mauvais vers, si nous en rencontrons chez le roi poëte ; et, comme circonstance atténuante, il convient de noter aussi qu’un grand nombre furent écrits dans les ennuis d’une longue captivité, ce qui, au besoin, les explique et les absout encore. […] Le dizain du prince à certainement de quoi lutter en grâce avec celui de Marot ; on ne peut toutefois s’empêcher de remarquer que, dans le Recueil, l’un est bien voisin de l’autre ; et, en général, quand on trouve réunis un certain nombre de morceaux qu’il faut rapporter à Saint-Gelais ou à Marot, c’est presque toujours aux environs de ces endroits-là que se rencontrent aussi les petites pièces du roi qui peuvent passer pour les meilleures. […] Nodier14, qui s’est complu a y voir un caractère original ; ils rappellent naturellement ceux de Ronsard : Mignonne, allons voir si la rose… L’un et l’autre poëte avaient chance de se rencontrer, puisqu’ils avaient en mémoire le même modèle. […] C’est dans les comédies de Laurent de Médicis, de François Grazzini, de Jérôme Razzi, de Louis Dolce, dont les noms se trouvent mentionnés dans la dédicace de Larivey à M. d’Amboise, qu’on aurait le plus de chances de rencontrer les imitations et traductions qui restent encore à déterminer.
Retrouver aujourd’hui cette prononciation enfantine, entendre sa voix, comme je l’ai entendue dans ce passé, effacé, lointain, où les souvenirs ne rencontrent que la mort, cela me fait peur11. […] * * * Dans nos promenades, nous rencontrons, tous les jours, un père et un fils se promenant ensemble12. […] En rentrant, mon œil a rencontré dans le lierre, au-dessus de ma porte de jardin, le nº 13. […] Les yeux du mourant, s’il lui était accordé un instant de reconnaissance des siens, ne doivent pas rencontrer une figure étrangère. […] Son regard paraît vous suivre, après que vous l’avez embrassé, et on aurait, par moment, l’illusion de la vie, si l’on ne rencontrait le violet de ses ongles au bout de ses mains pâles.
C’est vers cette époque que le cardinal de Retz rencontra Mme de La Vergne qui était jolie et fort aimable. […] La future Mme de La Fayette se rencontrait à l’hôtel de Rambouillet avec les femmes les plus brillantes de la Cour. […] je ne vous y ai jamais rencontré… L’historiette est plaisante, et peut-être un peu arrangée. […] Adtira partit et rencontra le roi Clotaire dans la forêt des Ardennes. […] Il y rencontra de nouveau Rétif et voulut engager la conversation avec lui, par curiosité et parce qu’il aimait à lire ses écrits.
Ce n’est que dans la seconde guerre que Rohan rencontra en face l’ascendant de ce glorieux cardinal, en qui il crut ne voir d’abord qu’un favori de plus : « À cette faveur, dit-il en parlant du marquis de La Vieuville, succéda celle du cardinal de Richelieu, introduit par La Vieuville dans les affaires ; voilà comme tous ces favoris se servent fidèlement les uns les autres… L’appui que le cardinal trouve en la reine mère fait durer sa faveur plus longuement que celle des autres, et aussi la rend plus insolente. » Il paraît avoir été quelque temps avant de s’apercevoir qu’il avait rencontré en lui son grand et fatal adversaire. […] Il le redira plus tard en vingt endroits : « Qui a affaire à un peuple qui ne trouve rien de difficile à entreprendre, et qui, en l’exécution, ne pourvoit à rien, se trouve bien empêché. » Il souhaite à ceux qui viendront après lui « d’avoir autant d’affeclion, de fidélité et de patience qu’il en a eu, et de rencontrer des peuples plus constants, plus zélés et moins avares. » Cette âme fière, ce capitaine énergique fait pour commander, cette nature aristocratique, ambitieuse de grands desseins et entravée à chaque pas, avait dû beaucoup souffrir. […] L’Angleterre, cette fois, se présentait comme ennemie ; un gentilhomme envoyé par le roi de la Grande-Bretagne alla solliciter M. de Rohan, auquel « les désertions et infidélités qu’il avait rencontrées, dit-il, aux deux précédentes guerres, ôtaient assez l’envie de recommencer le jeu ».
Il faut une sorte d’analogie, il faut être différemment semblables pour s’entendre tout à fait, pénétrer dans tous les replis, et acquérir cette parfaite connaissance d’un autre qui découvre entièrement son âme à nos yeux… Il me semble toujours que les âmes se cherchent dans le chaos de ce monde, comme les éléments de même nature qui tendent à se réunir ; elles se touchent, elles sentent qu’elles se sont rencontrées : la confiance s’établit entre elles sans qu’elles puissent souvent assigner une cause valable ; la raison, la réflexion viennent ensuite apposer le sceau de leur approbation à ce traité, et croient avoir tout fait, comme ces ministres subalternes qui s’attribuent les transactions faites entre les maîtres, rien que parce qu’il leur a été permis de placer leur nom au bas. […] Les premiers mots qu’elle vous disait, et par lesquels elle croyait vous honorer, concernaient votre croyance et l’état de votre âme : elle essayait d’un premier grapin à jeter sur vous. — « Quand on a fait Volupté, me dit-elle la première fois que je la vis, on a une responsabilité. » Je m’inclinai en silence. — J’ai beaucoup vu, dans un voyage qu’elle fit à Paris, cette charmante Roxandre, cette amie de jeunesse de Mme Swetchine et qui était devenue la comtesse Edling : elle s’est plainte à moi bien souvent (j’en demande bien pardon à ceux qui ont écrit le contraire) d’un certain fonds de froideur ou de réserve qu’elle rencontrait désormais dans son ancienne amie et qu’elle attribuait à la différence de communion. […] Voyageant en Italie en 1824, Mme Swetchine avait rencontré Mme Récamier à Rome ; elle en parlait dans une lettre à Mme de Montcalm avec beaucoup d’impartialité : « Le duc de Laval est de tout, disait elle, Mme Récamier n’est de rien et paraît préférer sincèrement la vie retirée. […] Ce qu’elle disait à trente ans, elle put le répéter à soixante-dix : « J’éprouve, j’inspire de la bienveillance ; mon besoin d’estime est satisfait ; j’ai rencontré les êtres les plus distingués. » On me demande quel est mon avis sur ses œuvres : je le dirai avec toute l’attention et la déférence dont je suis capable, mais un autre jour.
Mais ce n’est pas d’elle non plus que nous avons en ce moment à parler ; femme aimable et qu’on aime à rencontrer dans ce monde-là, elle n’a pas, dans l’histoire de la société d’alors, le degré d’importance des deux autres […] C’est uniquement sur ce pied que nous le rencontrons ici. […] Comme il soupait trois ou quatre fois la semaine chez Mme de Boufflers, et que j’étais logé chez elle, s’il ne me voyait pas au souper, il envoyait demander de mes nouvelles ; si j’étais dans mon appartement, incommodé, il venait quelquefois en prendre lui-même. » Dutens, quand il arriva à Paris avec le caractère de diplomate anglais, et chargé de lettres pour Mme de Boufflers, avait d’abord rencontré chez elle le prince de Conti auquel elle le présenta. […] « Mais quoique j’entende quelques murmures de ce genre, j’ai également la consolation de rencontrer des gens qui nourrissent des sentiments opposés.
Si l’on cherche la raison de cet oubli bizarre, de cette inadvertance ironique de la renommée, on la trouvera en partie dans le caractère des débuts de M. de Sénancour, dans cette pensée trop continue à celle du xviiie siècle, quand tout poussait à une brusque réaction, dans ce style trop franc, trop réel, d’un pittoresque simple et prématuré, à une époque encore académique de descriptions et de périphrases ; de sorte que, pour le fond comme pour la forme, la mode et lui ne se rencontrèrent jamais ; — on la trouvera dans la censure impériale qui étouffa dès lors sa parole indépendante et suspecte d’idéologie, dans l’absence d’un public jeune, viril, enthousiaste ; ce public était occupé sur les champs de bataille, et, en fait de jeunesse, il n’y avait que les valétudinaires réformés, ou les fils de famille à quatre remplaçants, qui vécussent de régime littéraire. […] L’auteur de cet article a rencontré pour la première fois les deux volumes d’Oberman à une époque où il achevait lui-même d’écrire un ouvrage de rêverie individuelle qui rentre dans l’inspiration générale de son aîné ; il ne saurait rendre quelle étonnante impression il en reçut, et combien furent senties son émotion, sa reconnaissance envers le devancier obscur qui avait si à fond sondé le scepticisme funèbre de la sensibilité et de l’entendement. […] Que les sages de tous les temps et de tous les lieux, Bouddha, Zoroastre, Confucius, Pythagore, même Jésus, se soient rencontrés dans l’unité de quelques lois métaphysiques, dans l’enseignement de quelques hautes maximes, cela lui suffit pour déterminer son adhésion. Que les Parsis, les Hindous, les races d’Orient, se soient rencontrés dans certaines croyances, diversement produites, de chute et de réparation, de sacrifice et d’attente, de baptêmes, de confessions, de nativités singulières, cela lui suffit encore, mais cette fois pour rejeter ; de sorte que la conformité d’opinion de quelques sages lui paraît une preuve déterminante en morale, et que la convergence universelle des peuples vers certaines croyances ou pratiques lui paraît une objection victorieuse contre toute religion.
On a dit de lui qu’il était singulièrement heureux en deux points, « en ce qu’il n’avait jamais rencontré ni un méchant homme, ni un mauvais livre ». […] Et, en général, toutes les facultés d’improvisation, d’imagination pittoresque et prompte, dont il était doué ; tous ses trésors d’idées profondes, ingénieuses et hardies ; l’amour de la nature, du paysage et de la famille ; même sa sensualité, son goût décidé de toucher et de décrire les formes, le sentiment de la couleur, le sentiment de la chair, de la vie et du sang, « qui fait le désespoir des coloristes », et que, lui, il rencontrait au courant de la plume, toutes ces qualités précieuses de Diderot trouvent leur emploi dans ces feuilles volantes qui sont encore son titre le plus sûr auprès de la postérité. […] Ai-je rencontré un beau trait, je me promets de leur en faire part. […] Tout en regrettant de rencontrer trop souvent chez lui ce coin d’exagération que lui-même il accuse, le peu de discrétion et de sobriété, quelque licence de mœurs et de propos, et les taches de goût, nous rendons hommage à sa bonhomie, à sa sympathie, à sa cordialité d’intelligence, à sa finesse et à sa richesse de vues et de pinceaux, à la largeur, à la suavité de ses touches, et à l’adorable fraîcheur dont il avait gardé le secret à travers un labeur incessant.
Sans doute aussi parce que c’était la première maison à louer qu’ils avaient rencontrée, et parce que les exilés n’ont pas la main heureuse. […] Il rencontrait sir Walter Raleigh au club de la Sirène. À peu près vers la même époque, Mathurin Régnier rencontrait Philippe de Béthune à la Pomme de Pin. […] Dans ces petits voyages il rencontrait à mi-chemin Oxford, et à Oxford l’hôtel de la Couronne, et dans l’hôtel l’hôtesse, belle et intelligente créature, femme du digne aubergiste Davenant.
Enfin, quand je saurais (et je le sais peut-être) ce que je pense sur les sujets les plus importants, j’aurais encore la crainte de ne pas m’y rencontrer pleinement avec vous tous et, d’aventure, de déplaire à une partie de mes hôtes, ce qui serait mal. […] Car enfin nous avons vu retourner contre l’Église une petite partie du moins des procédés dont elle usa contre ses ennemis au temps où elle était toute-puissante ; et il s’est rencontré, par-ci par-là, des bedeaux et des capucins de la libre pensée.
Cet être et cet objet ne se peuvent rencontrer. […] Tout à l’heure on se plaignait d’être ramené sans trêve et sans merci à don Quichotte et à Sancho Pança, maintenant on se plaint de ne plus les rencontrer. […] Or, avec une telle préoccupation, l’enthousiasme est aussi difficile que le mépris, parce que, s’il est rare de rencontrer une chose qui vaille la peine qu’on s’échauffe outre mesure l’imagination et qu’on embouche en son honneur la trompette lyrique, il est tout aussi rare d’en rencontrer une qui soit absolument sans valeur. […] Les souvenirs et les vestiges romains que vous rencontrez à Cologne n’y semblent exister que pour confirmer le triomphe de ce christianisme poétique. […] Les amis qu’il rencontrait le regardèrent avec étonnement, et, après l’avoir félicité de son retour à la santé, se détournaient avec indifférence.
Scherer, de dire tout ce qu’il y a d’agitation dans notre cœur lorsque nous commençons à reconnaître que notre Église et notre système n’ont pas le monopole du bien et du vrai, lorsque nous rencontrons des hommes également éminents et sincères qui professent les opinions les plus opposées…, lorsque nous découvrons qu’il n’y a point d’erreur qui n’ait un mélange de vérité, point de vérité qui ne soit partielle, étroite, incomplète, entachée d’erreur, lorsque ainsi le relatif nous apparaît comme la forme de l’absolu sur la terre, l’absolu comme un but éternellement poursuivi mais éternellement inaccessible, et la vérité comme un miroir brisé en mille fragments qui tous réfléchissent le ciel et dont aucun ne le réfléchit tout entier. […] Au lieu de cela, placez-vous à la frontière, dans un pays encore français, n’ayez nulle chance de rencontrer dans un salon le soir l’écrivain que vous avez jugé le matind, de le rencontrer, lui ou l’un de ses amis intimes, de ses proches par le sang ou par le cœur, et vous pouvez avec convenance en parler comme d’un ancien, comme d’un mort, sans embarrasser votre pensée dans toutes sortes de circonlocutions, en appelant faux ce qui est faux, puéril ce qui est puéril, en entrant dans le vif de la pensée à tout coup.
. — Le lecteur sait que les objets géométriques n’existent pas dans la nature ; nous ne rencontrons pas, et probablement nous ne pouvons pas rencontrer, des cercles, des cubes, des cônes qui soient parfaits. […] Nous n’avons pas besoin d’atteindre, rencontrer ou imaginer cette chose ; nous tenons sa formule, et cela suffit.
Il faut prendre garde aussi que certains traits de leur vie, qui nous laisseraient indifférents si nous les rencontrions dans une vie d’homme, ne nous disposent à la rigueur ou à trop d’indulgence et que nous ne soyons induits à trop bien traiter celles qui ont été vertueuses et trop mal celles qui ne l’ont pas été — à moins que ce ne soit tout juste le contraire. […] Et c’est le premier monument de vie intérieure que nous rencontrions sur notre chemin. […] On pourrait dire aussi que, le nombre des femmes auteurs étant relativement très petit, il y avait beaucoup moins de chances pour qu’il se rencontrât parmi elles un génie qui fût de premier ordre par le don de l’invention.
A lui, ce qu’on demande, au contraire, c’est sa pensée sur un auteur ou sur un ouvrage, sa pensée, soit qu’elle soit faite de principes ou qu’elle le soit d’émotions ; ce qu’on lui demande, ce n’est pas une carte du pays, ce sont des impressions de voyage ; ce qu’on lui dit, c’est : « Vous vous êtes rencontré avec M. […] Corneille a-t-il excitées en vous, de quelle manière votre âme a-t-elle réagi, délicieusement ou douloureusement, ou faiblement, à rencontrer la sienne ; qu’est devenue votre sensibilité dans le commerce ou au contact de M. […] Vous avez lu le dernier roman ; il vous a laissé telle impression ; vous rencontrez l’ami ; il l’a lu, lui aussi ; le livre lui a laissé une impression très différente ; vous discutez, vous donnez vos raisons, il donne les siennes, vous rapportez tel détail qu’il n’a pas vu.
Jamais vous n’avez rencontré d’érudition si légère, si ailée, si insoucieuse d’elle-même, et qui passe plus vite sur les épis de blé sans les courber ; mais non sans les couper, car elle les coupe et les emporte ! […] L’auteur, qui est un esprit très littéraire, a rencontré de la littérature dans son remue-ménage historique. […] Ce Vardes, qui sauta dans l’éternité séduisant et sexagénaire, est un Ninon mâle en justaucorps… Le livre de Renée, qui renferme donc ce qu’on y cherche, contient aussi ce qu’on s’attend le moins à y rencontrer.
J’en ai rencontré trois ou quatre qui causaient de la « sainte Russie » : d’où mon bavardage. […] Je l’ai rencontrée plusieurs fois au milieu de bas-bleus ineptes et bruyants, toujours occupés à faire la roue. […] J’ai pourtant rencontré chez elle des « boiseries qui revêtissaient entièrement les parois ». […] J’ai même rencontré dans Mme Malot une pauvreté joyeusement héroïque. […] La formule d’art de Marcelle Tinayre rencontrera sûrement des imitatrices : elle est à la fois si ingénieuse et si simple !
Bourget n’en ait jamais rencontré — et nous croirions alors devoir le plaindre. […] Le cynisme et la bonté ne se rencontrent pas habituellement dans les mêmes âmes. […] — Où en avez-vous rencontré le prototype ? […] Partout où il l’a rencontrée après l’avoir cherchée et découverte, il a proclamé la joie dont elle l’emplissait. […] Marcel Boulenger tendent donc à la même fin que ses chroniques : il les rencontrent, il les recoupent.
J’ai rencontré des religieux du mont Saint-Bernard. […] J’ai traversé cette belle contrée, remplie de votre souvenir ; il me consolait, sans pourtant m’ôter ma tristesse, de tous les autres souvenirs que je rencontrais à chaque pas. […] Indépendamment de Ballanche, d’Ampère, de Sainte-Beuve, de M. de Fresnes, son jeune et spirituel parent, de Brifaut, on y rencontrait Émile Deschamps, l’agrément et la conversation personnifiée dans la science des lettres et dans la bonté fine du cœur. […] Legouvé se rencontra chez madame Récamier peu de temps après l’apparition de mon Histoire des Girondins, ouvrage qu’il ne m’appartient pas de juger, mais de défendre ; le bruit que faisait alors ce livre allait jusqu’au tumulte dans les salons politiques ou littéraires du temps. […] « Je n’ai rencontré personne sur les chemins, hormis quelques cantonniers solitaires, occupés à effacer sur les ornières les traces des roues des voitures ; ils me suivaient comme le Temps, qui marche derrière nous en effaçant nos traces.
» III Peu de temps après, je le rencontrai à dîner, en très petit comité, dans une de ces maisons neutres de Paris, où se rencontraient alors, comme dans un lieu d’asile de l’antiquité, les esprits indépendants de toute nuance. […] Comment ce jeune homme et cette jeune femme s’étaient-ils rencontrés et s’étaient-ils unis pour cette œuvre ? […] Mon père se moquait souvent des hommes, qu’il accusait de travailler sans cesse à leur malheur ; il ne pouvait rencontrer un être disgracié sans s’indigner contre les parents et surtout contre les gouvernants qui n’apportaient pas autant de soins à l’amélioration de la race humaine qu’à celle des animaux. […] J’ignore le lieu où ils se rencontrèrent. […] Je le rencontrai un jour dans une des sombres allées d’arbres qui s’étendent solitaires entre la Chambre des députés et le palais des Invalides.
Rencontrerait-il contre lui une nouvelle coalition ? […] J’ai rencontré également deux de ses filles, Nathalie et Éveline, dans les œuvres de la jeunesse de l’auteur. […] Ceux qui rencontrent le mendiant lui font l’aumône et détournent la tête. […] Où se rencontreront des âmes qui ne peuvent se rencontrer devant Dieu ? […] Ici nous allons rencontrer la question d’art.
On ne se figure pas qu’il s’est rencontré des instants uniques, où toute une nation avec son avenir était comme sur le tranchant du rasoir, et où un rien pouvait la précipiter presque indifféremment à droite ou à gauche. […] Le Henri IV roi, grand guerrier, grand politique, non plus celui des petits défauts et des peccadilles, mais l’homme des hautes et mémorables qualités, monarque réparateur et chéri, actif bienfaiteur de son peuple et instaurateur d’une diplomatie généreuse, toute d’avenir, c’est celui-là seulement dont on rencontrera l’image. […] De joindre une longue délibération avec un fait pressé, cela lui est malaisé, et c’est pourquoi, au contraire, aux effets de la guerre il est admirable, parce que le faire et le délibérer se rencontrent en un même temps, et qu’à l’un et à l’autre il apporte toute la présence de son jugement ; mais aux conseils qui ont trait de temps, à la vérité il a besoin d’être soulagé… Il a cela néanmoins qui doit fort contenter ses conseillers : c’est qu’encore qu’il n’ait nullement pensé ni été disposé à une affaire, si ses serviteurs, après l’avoir bien ruminée et bien digérée, la lui viennent représenter, il est si prompt à toucher au point et à y remarquer ce qu’on peut y avoir ou trop ou trop peu mis, qu’on jugerait qu’il y était déjà tout préparé. […] Paix et réparation aux mânes de l’abbé de Marolles pour avoir, une fois, si bien rencontré !
En quelques rares endroits, si je l’osais remarquer, son raisonnement, en faveur de l’authenticité historique qu’il soutient, m’a paru plus spécieux que fondé, comme quand il dit par exemple : « Les premiers siècles de Rome vous sont suspects à cause de la louve de Romulus, des boucliers de Numa, du rasoir de l’augure, de l’apparition de Castor et Pollux… ; effacez donc alors de l’histoire romaine toute l’histoire de César, à cause de l’astre qui parut à sa mort, dont Auguste avait fait placer l’image au-dessus de la statue de son père adoptif, dans le temple de Vénus191. » Une fable qu’on aura accueillie dans une époque tout avérée et historique ne saurait en aucune façon la mettre au niveau des siècles sans histoire et où l’on ne fait point un pas sans rencontrer une merveille. […] Jusqu’ici encore, on a, par-ci par-là, rencontré et coupé des veines au passage ; il y a à suivre ces veines elles-mêmes dans leur longueur, et bien des rapports constitutifs et des lois de formation ne s’aperçoivent qu’ainsi. […] Il serait fastidieux d’énumérer, et moi-même je n’ai jamais traversé ces pays qu’en courant ; mais un jour il m’est arrivé aux champs, dans la bibliothèque d’un agréable manoir, de rencontrer et de pouvoir dépouiller à loisir plusieurs années de cette considérable et excellente collection intitulée l’Esprit des Journaux, laquelle, commencée à Liége en 1772, s’est poursuivie jusque vers 1813. […] Dans une préface de Mélanges tirés de l’allemand, Bonneville (et qui s’aviserait d’aller lire Bonneville si on ne le rencontrait là ?)
Et quand ils sauraient se rencontrer, les délicats, ce qui serait fort agréable pour eux, qu’en résulterait-il pour tous ? […] Que n’a-t-il rencontré André Chénier, ce jeune Grec contemporain ? […] Il se récite donc en détail à son ami ; il se plaint de son esprit qui le maîtrise par accès, qui le surmène : madame Victorine de Chastenay disait, en effet, de lui qu’il avait l’air d’une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s’en tire comme elle peut. […] Il suffisait, nous disent ceux qui ont eu le bonheur de le connaître, d’avoir rencontré et entendu une fois M.
M. de Krüdner, qu’elle finit par rencontrer, s’étonne, la rassure, la gronde : « Mais quelle folie, ma chère amie ! […] Il raconte d’une manière intéressante, mais intéressante à regret, en s’attachant à marquer son dégoût et à exciter le nôtre, la grande aventure de cœur de Mme de Krüdner, durant son séjour à Montpellier (1790), sa première faute éclatante, sa passion pour M. de Frégeville, alors officier brillant de hussards, et que plus tard il rencontra lieutenant-général cassé de vieillesse. […] Eynard, quand celui-ci le rencontra à l’improviste dans un salon de Paris. […] J’ai rencontré des gens de goût moins sévères.
Ces sveltes amazones rencontrées dans les bois, si capricieuses et si énigmatiques ; ces jeunes hommes si beaux, si tristes et si prompts aux actes héroïques ; ces vieilles châtelaines et ces vieux gentilshommes si dignes, si polis et si fiers ; tout ce monde supérieurement distingué de ducs, de comtes et de marquis, cette vie de château et cette haute vie parisienne, ces conversations soignées où tout le monde a de l’esprit ; et, sous la politesse raffinée des manières, sous l’appareil convenu des habitudes mondaines, ces drames de passion folle, ces amours qui brûlent et qui tuent, ces morts romantiques de jeunes femmes inconsolées…, amour, héroïsme, aristocratie, Amadis, Corysandre et quelquefois Didon en plein faubourg Saint-Germain, tout cela me remplissait de l’admiration la plus naïve et la plus fervente, et m’induisait en vagues rêveries, et me donnait un grand désir de pleurer. […] Et cela est doux comme un rêve blanc de première communiante ; et ce roman pieux est un roman troublant ; Sibylle est une folle adorable qu’on voudrait rencontrer sur son chemin ; et comme on mentirait pour lui prendre son cœur ! […] On les voit, on les aime, on voudrait les étreindre, et on éprouve, à les découvrir là, un peu du plaisir qu’on sentirait à rencontrer des créatures de chair, élastiques et désirables, dans les clairières bleues du pays des ombres. […] Quand elles ont rencontré l’homme qu’elles doivent aimer, elles passent, généralement par trois phases principales.
Cependant l’Église avait bientôt trouvé avantage à absorber, à s’approprier cette philosophie conforme aux dogmes ; si vous cherchez quels sont les philosophes du temps, vous rencontrez le Père Malebranche, Bossuet, Fénelon. […] Une crainte de l’art dramatique, si puissante et si durable, que les Genevois, il y a cent ans, brûlèrent la première salle de spectacle qui se fut élevée sur leur territoire, et que la création d’un théâtre dans la ville de Lausanne rencontra, voici une trentaine d’années, une vive opposition religieuse ; un goût persistant pour le roman sérieux, moral et volontiers prêcheur ; une philosophie, qui, grâce à l’élasticité de la doctrine protestante, n’a pas eu besoin, comme en pays catholique, de secouer un joug pesant et est demeurée par cela même en bon accord avec la théologie108. […] Il faut suivre en chaque époque l’histoire de l’Église, noter si son influence allait croissant ou décroissant, dans quelles limites elle était contenue, et si elle a rencontré un de ces points d’arrêt qui se trouvent d’ordinaire pour toute puissance au lendemain d’un triomphe et d’un excès de prétentions. […] Il est pourtant nécessaire et intéressant de savoir que, par exemple, lors de la Renaissance, il y a eu un réveil du paganisme dont on trouverait la trace dans l’œuvre de Ronsard et de bien d’autres : qu’au dix-huitième siècle les surates du Coran ou les maximes de Confucius, témoin les écrits de Montesquieu, de Voltaire, du marquis d’Argens, ont eu parmi les philosophes une sorte de popularité ; que dans notre siècle le bouddhisme, preuve en soit la poésie de Leconte de Lisle ou de Jean Lahor, a rencontré en France des amis et presque des fidèles.
— Ce que nous pouvons dès à présent constater, c’est que la portion de la terre où les idées égalitaires se manifestent le plus clairement est aussi celle où se rencontrent les populations les plus nombreuses. […] Permettant aux hommes de se mouvoir avec rapidité pour se rencontrer, ou même de commercer sans se mouvoir, ils font monter d’un chiffre incalculable le taux de toutes les espèces de relations humaines. […] Mais n’allons-nous pas rencontrer, de ce côté, des faits tout contraires à notre thèse ? […] Lorsque vous établissez entre l’un et l’autre une sorte d’incompatibilité, vous ne considérez qu’un des aspects de cet accroissement, à savoir l’augmentation du volume des sociétés, et vous oubliez de tenir compte de l’augmentation de leur densité ou de la mobilité de leurs éléments, — phénomènes qui se rencontrent justement, nous l’avons vu, dans les sociétés égalitaires.
Nous nous rencontrerons bientôt, j’espère. […] Hugo étant venu chez moi sans me rencontrer et m’ayant laissé sa carte, j’allai lui rendre sa visite le lendemain vers midi, et je le trouvai à déjeuner.
Cette fois, ils pourraient rencontrer la gloire et mériter la reconnaissance du public : car, il ne faut pas s’y tromper, malgré ses goûts positifs et ses dédains apparents, le public a besoin et surtout avant peu de temps aura besoin de poésie ; rassasié de réalités historiques, il reviendra à l’idéal avec passion ; las de ses excursions éternelles à travers tous les siècles et tous les pays, il aimera à se reposer, quelques instants du moins, pour reprendre haleine, dans la région aujourd’hui délaissée des rêves, et à s’asseoir en voyageur aux fêtes où le conviera l’imagination. […] Un sentiment bien touchant qui respire dans ce même volume est celui de la tristesse et de la défaillance du poète à la vue des amertumes qu’il a rencontrées sur le chemin de la gloire.
L’armée française partit d’Om-Dinar le 3 thermidor, à deux heures du matin ; elle rencontra bientôt, pour la première fois depuis Chébréis, un corps de mameluks ; c’était l’arrière-garde de Murad-Bey, qui se replia avec ordre et sans rien tester. […] Et nous nous disions : Si, au lieu d’une Vie de Napoléon Bonaparte, Walter Scott avait eu l’idée d’écrire un roman historique où ce personnage eût joué un rôle, s’il avait saisi cette occasion pour peindre des scènes de la Révolution française et pour montrer en action quelques-uns des caractères principaux qui s’y rencontrent, il eût fait un ouvrage plus intéressant à coup sûr que son histoire, mais également plein de vues fausses, de descriptions superficielles, et de portraits de fantaisie : et pourtant Walter Scott a eu sur cette période contemporaine autant et plus de renseignements que sur les époques d’Ivanhoë, de Quentin Dthrward, d’Élisabeth, de Cromwell et des Puritains.
Il a rencontré dans une course des Alpes, puis retrouvé à Paris, la baronne Clémence de Bergenheim, une noble et chaste beauté ; il l’aime, il peut se croire aimé, et, sous prétexte d’un voyage du Rhin, accompagné de Marillac son fidèle Achate, il se jette dans les Vosges et va tenter aventure autour du château où la baronne, fuyant l’amant qu’elle porte en son cœur, passe l’été avec son mari. Marillac est une des plus gaies figures que romancier de nos jours ait rencontrées : artiste avant tout, ayant pour le bourgeois le mépris du grognard de l’empire pour le pékin ; peintre, chanteur de salon, dramaturge en second ou en tiers, bousingot s’il n’y prend garde, jeune-france d’atelier sur toutes les coutures, en un mot vraie lune de Gerfaut : chaque grand homme de nos jours a son Marillac près de lui.
Dans les monarchies limitées, comme en Angleterre et en Suède, l’amour de la liberté, l’exercice des droits politiques, des troubles civils presque continuels, apprenaient aux rois qu’ils avaient besoin de rencontrer dans leurs favoris de certaines qualités défensives, apprenaient aux courtisans que même pour être préférés par les rois, il fallait pouvoir appuyer leur autorité sur des moyens indépendants et personnels. […] Mais aussi, quels nombreux sujets de comédies ne doit-on pas rencontrer dans un pays où ce ne sont pas les actions, mais les manières qui peuvent décider de la réputation !
L’un des maîtres de l’humanisme français, Budé, enfermé dans son grec et sa philologie, donne déjà des exemples de prudence et d’abstention, que tous ses successeurs ne suivront pas : pendant tout le siècle on rencontrera des natures réfractaires à la spécialisation, ou qui mêleront toutes les passions du temps dans leur activité scientifique ; mais le mouvement se fait en sens contraire. […] Amyot avait bien rencontré en s’arrêtant à Plutarque : un bon esprit plutôt qu’un grand esprit, un auteur lui laisse les questions ardues ou dangereuses, ou du moins qui ne parle ni politique ni religion ni métaphysique d’une façon offensive, un causeur en philosophie plutôt qu’un philosophe, moins attaché à bâtir un système d’une belle ordonnance, qu’à regarder l’homme, à chercher les règles, les formes, les modes de son activité : en un mot, un moraliste.
Ce soir, rue de Berri, j’ai la surprise de me rencontrer avec des orateurs de mon banquet, avec Hérédia qui doit parler à la place de Coppée, bronchité, de Régnier qui parlera au nom de la jeunesse. […] sur la mort d’un monsieur avec lequel je ne me suis rencontré qu’une fois dans ma vie, à un dîner donné par L’Écho de Paris, mon banquet ne peut pas avoir lieu, le lendemain de sa mort ! […] Le jour convenu, Lacroix arrive tout seul, disant qu’il lui a été impossible de le rencontrer. Mauvaise humeur d’Hertfort, qui force Lacroix à s’excuser, sur ce qu’il est très difficile de rencontrer Balzac, affirmant que Hugo et ses amis ne correspondent avec lui, que par lettres. […] C’était rue de la Roquette, dans une chambre au haut d’un escalier, comme il n’en a jamais rencontré, un escalier où, de temps en temps, le manque de marches vous forçait à vous suspendre à la rampe.
Parmi cette forêt de têtes, il y a peut-être des milliers d’hommes qui sont supérieurs à ce que vous avez rencontré, mais vous ne les connaissez pas. […] C’est le plus séduisant des hommes que j’aie jamais rencontrés dans ma vie. […] Il ne m’est jamais arrivé de rencontrer personne sur ces grèves désertes qui correspondaient aux steppes les plus inhabités de ce littoral de la Savoie. […] Mais je sortis en même temps charmé d’avoir rencontré enfin un ennemi digne d’être combattu, un esprit brave et résolu dans une légion d’hommes de parti médiocres. […] Le hasard, et non la concordance de parti, me le fit heureusement pour moi rencontrer dans ces dernières années avant la république.
Planche ; et le jeune Villemain dut au secours qu’il rencontra, d’acquérir d’abord et sans peine ce fonds exquis, si favorable ensuite à toute culture. […] Planche, suivait les cours du Lycée impérial (Louis-le-Grand) : il y rencontra, pour professeur de rhétorique latine, M. […] A qui conviendrait-il mieux d’en reconnaître l’influence et le profit, qu’à nous en particulier, qui de plus, dans notre faible rôle, l’avons rencontré toujours si ami, si indulgent ? […] Rencontrait-on en passant des roses odorantes, il lui échappait quelque distique de Martial sur les roses120, et l’entretien reprenait, assez pareil, je me figure, si on avait su y donner la réplique, à ces belles formes de conversations morales, entremêlées aussi de vers, qu’affectionne Cicéron, pendant les intervalles du Forum, pendant les heures tristes de la patrie. […] Je répéterai ici ce que j’ai déjà dit ailleurs : ces Portraits n’étaient point précisément des biographies ; je tâchais d’être exact autant que possible sur les points biographiques et bibliographiques que je rencontrais sur ma route ; mais il faut se souvenir qu’on n’avait point alors sous la main tous les instruments qu’on a eus depuis, le Quérard achevé, le Vapereau, etc.
Le mois de mai, où tombait la fête de ce saint excellent, n’était qu’une suite de processions au minihi ; les paroisses, précédées de leurs croix processionnelles, se rencontraient sur les chemins ; on faisait alors embrasser les croix en signe d’alliance. […] On les rencontrait presque partout ; ils vous saluaient, vous accueillaient de quelque plaisanterie nauséabonde, qui tout de même faisait sourire. […] Jamais on ne surprit chez elles un murmure ; cependant, quand elles apercevaient venir de loin les acquéreurs des biens de leur famille, personnes relativement grossières et bourgeoises, roulant équipage et étalant leur luxe, elles rentraient et allaient prier à la chapelle afin de ne pas les rencontrer. […] pouvait-elle se dire, il est homme après tout ; peut-être au fond se sent-il touché et n’est-il retenu que par la discipline de son état… » Tous ces efforts rencontrèrent une barre de fer, un mur de glace. […] Il se rendit au manoir à l’heure où il savait devoir rencontrer le père et la fille. « Vous avez péché gravement, dit-il à celle-ci, moins par votre folie, que Dieu vous pardonnera, qu’en laissant emprisonner la meilleure des femmes.
Ce n’est pas seulement à la base de la science que se rencontrent ces notions vulgaires, mais on les retrouve à chaque instant dans la trame des raisonnements. […] Mais alors même que nous parvenons à en triompher, l’opposition que nous rencontrons suffit à nous avertir que nous sommes en présence de quelque chose qui ne dépend pas de nous. […] Au reste, il n’est pas de science qui, à ses débuts, n’ait rencontré des résistances analogues. […] Or, non seulement des règles de ce genre se rencontrent dans les sociétés inférieures, mais elles y sont plus nombreuses que chez les civilisés. […] C’est la même absence de définition qui a fait dire parfois que la démocratie se rencontrait également au commencement et à la fin de l’histoire.
Après avoir entendu la lecture (comme on aurait désiré que vous pussiez l’entendre, messieurs) de cette composition vraiment classique et pleine d’urbanité, le jury n’a pas été surpris de rencontrer le nom de l’auteur, M. […] Siméon Pécontal, poète bien connu, l’un des fervents disciples de l’art sérieux, et qui, tout récemment encore, en célébrant dans des stances le génie de Chateaubriand, a rencontré un des plus beaux exordes lyriques dont puisse s’honorer l’ode française. […] C’est sur le terrain élargi de ce second et plus impartial jugement que j’ai vu des hommes de directions et de natures de talent très diverses se rencontrer, se rapprocher durant des semaines, et chercher sincèrement à se mettre d’accord pour rester justes envers les concurrents, ces autres confrères inconnus.
Toutes les formes gouvernementales ne sont à mes yeux que des moyens plus ou moins parfaits de satisfaire cette sainte et légitime passion de l’homme. » Lorsqu’on entre dans la politique avec une telle visée, on court risque de rencontrer sur son chemin bien des mécomptes. […] C’est parmi de tels hommes, mon cher monsieur, que j’aurais été heureux et fier de vous rencontrer. […] Cela produit un singulier effet de se promener ainsi tranquillement au milieu des débris de tant d’agitations ; de rencontrer, à chaque pas, des maux prévus qui ne sont pas survenus, des biens espérés qui ne se sont pas réalisés, et, pour comble de misères, la trace de préoccupations violentes à propos de faits qui ne sont pas indiqués et dont la mémoire même ne reproduit rien.
J’ai vu, pendant mon séjour en Angleterre, un homme du plus rare mérite, uni depuis vingt-cinq ans à une femme digne de lui : un jour, en nous promenant ensemble nous rencontrâmes, ce qu’on appelle en anglais, des Gipsies, des Bohémiens, errants souvent au milieu des bois, dans la situation la plus déplorable ; je les plaignais de réunir ainsi tous les maux physiques de la nature. […] À côté des malheurs, causés par le sentiment, c’est peu que les circonstances extérieures qui peuvent troubler l’union des cœurs ; quand on n’est séparé que par des obstacles étrangers au sentiment réciproque, on souffre, mais l’on peut et rêver et se plaindre : la douleur n’est point attachée à ce qu’il y a de plus intime dans la pensée, elle peut se prendre au-dehors de soi ; cependant des âmes d’une vertu sublime, ont trouvé dans elles-mêmes des combats insurmontables ; Clémentine peut se rencontrer dans la réalité, et mourir au lieu de triompher. […] Sans doute, celle qui a rencontré un homme dont l’énergie n’a point effacé la sensibilité ; un homme qui ne peut supporter la pensée du malheur d’un autre, et met l’honneur aussi dans la bonté ; un homme fidèle aux serments que l’opinion publique ne garantit pas, et qui a besoin de la constance pour jouir du vrai bonheur d’aimer ; celle qui serait l’unique amie d’un tel homme, pourrait triompher au sein de la félicité, de tous les systèmes de la raison.
Elle y eut cet avantage de rencontrer un état social qui leur donnait plus d’empire, et lit une loi de leur goût. […] Elle se fit par l’Orient ; ce fut en Terre Sainte à la croisade, que la Flandre et la Provence, la Lorraine et le Languedoc se rencontrèrent. […] Elle n’avait guère vécu que d’une vie factice, n’ayant pas eu la bonne fortune de rencontrer un de ces esprits en qui elle se fût transformée, de façon à devenir une forme nécessaire du génie national.
Il est plus d’une chambre d’étudiant au cinquième étage, plus d’un atelier d’artiste, sous les toits, où des initiés se rencontrent pour des sacrifices mystérieux, où l’on prononce les formules obsécratoires et les versets rituels de l’envoûtement. […] Ils lisaient fiévreusement jusqu’à une heure fort avancée die la nuit ; mais tandis que Barrès, épuisé par cette longue suite d’incantations lyriques, et cédant au poids de la fatigue, cherchait à recréer ses forces dans le sommeil, Stanislas de Guaita, « qui avait une santé magnifique et qui en abusait, allait voir les vapeurs se lever sur les collines qui entourent Nancy, et, quand il avait réveillé la nature, il venait réveiller son compagnon en lui récitant des vers de son invention ou quelque pièce fameuse rencontrée au hasard d’une lecture ». […] On y rencontrait aussi Paul Adam, le poète Albert Jhouney, l’auteur des Lys noirs, car tout est noir chez ces adeptes de la clarté, Édouard Dubus, Victor-Émile Michelet… Là on commente l’enseignement des maîtres et des Patriarches : Apollonius de Thyane, Nicolas Flamel, Swedenborg, la Table d’Émeraude, la Clavicule, le Trésor des trésors.
Je suis en train d’énumérer les hommes différents qui se rencontrent chez M. de Rémusat et que lui-même a pris longtemps plaisir à assembler sans les mélanger : ce qui faisait dire de lui à M. […] Peut-être se demandait-il si le rêve n’avait pas été une vision de l’avenir, si le pain terrestre ne s’était pas rencontré par un miracle dans le bissac du voyageur ? […] Lorsque ce dernier fut élu à ce siège éminent, il n’y porta pas une capacité du même ordre que celle de Lanfranc, et il rencontrait sur le trône le successeur très indigne du Conquérant, Guillaume le Roux, prince brutal et violent.
Nous y avons déjà rencontré bien des choses qui étaient comme la préparation d’un avenir nouveau. […] Bernardin de Saint-Pierre nous porte au point même où nous rencontrons Chateaubriand.
Il en est des idées comme des plantes ; elles ne peuvent passer d’un pays à un autre et y prospérer que si elles y rencontrent un sol et un climat favorables. […] Parce qu’il avait dans sa jeunesse contemplé de près la splendeur des montagnes et des lacs, vécu dans leur, intimité, respiré dans l’air pur l’âme des paysages alpestres ; parce qu’il avait parcouru à pied la Suisse et la Savoie, deux pays où des contrastes grandioses et charmants parlaient plus qu’ailleurs aux yeux et aux cœurs, où les fêtes, les usages, la vie de tous les jours avaient encore la saveur d’une agreste simplicité ; parce qu’enfin cet être si sensible, écrivant en un moment où la sensibilité se réveillait en France, rencontrait des lecteurs préparés aux émotions qu’il allait leur communiquer.
III Je voudrais rencontrer une brute, un être primitif et sensitif frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris, sans le savoir, de quelque Ève apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules. […] À chaque pas, tu les rencontreras, les serres !
Combien au dehors du Lycée avez-vous rencontré déjà de ces détracteurs systématiques ; combien en rencontrerez-vous surtout quand, à votre entrée dans le monde, vous serez traités en hommes et par suite exposés à l’assaut de tous les sophismes ?
On le rencontrait dans l’escalier porté par un domestique à l’état de ruine, d’ombre, de mort. […] À peine y a-t-il deux ou trois fous, deux ou trois enthousiastes gratis dans un parti, et si le hasard vous les fait rencontrer, c’est bien extraordinaire, si vous ne vous apercevez pas que ce sont des imbéciles. […] Et sa véritable ambition eût été d’être joli garçon, mais j’ai rarement rencontré dans ma vie une vocation plus manquée que celle-là. […] Chez les camarades de notre temps, de notre âge, sauf chez Saint-Victor, nous n’avons guère rencontré que le silence ou l’injure. […] Voilà trois jours que nos amis s’abstiennent rigoureusement de nous en parler, et que nous n’avons nulle nouvelle de l’effet produit auprès de l’allant et du venant, que nous rencontrons.
Par suite d’une réunion de circonstances difficile à rencontrer, les esprits sont, en général, disposés à chercher la vérité sur le passé. […] Le rationalisme philosophique du dix-huitième siècle, et l’esprit chrétien renaissant en France après une longue éclipse, se rencontraient au sortir de la crise révolutionnaire. […] Frayssinous rencontrait donc, en montant dans la chaire, à peu près les mêmes conditions de succès qu’avait rencontrées M. de Chateaubriand dans la littérature. […] La première rencontrait, dans un des écrivains les plus aimés du public français et les plus heureusement doués, un introducteur naturel. […] L’amour-propre fut un aussi puissant mobile pour lord Byron que l’amour l’avait été pour le Grec de la poétique légende ; mais l’amour-propre fut plus heureux que l’amour, car, suivant les vers du poëte anglais, là où Léandre rencontra la mort, son imitateur ne rencontra que la fièvre.
Hugo devait rencontrer le vertige, et il l’a rencontré. […] Je ne suis pas loin de croire que les paysans tels qu’il nous les peint se rencontrent rarement. […] Je pense qu’il a exprimé librement ses convictions, et qu’il n’a pas eu besoin de contradicteurs pour rencontrer l’éloquence. […] Par le ton familier, il voudrait se rapprocher de Corneille, et quelquefois, je le reconnais avec plaisir, il a rencontré la grandeur. […] Averti par la résistance qu’il vient de rencontrer, il sait maintenant qu’il lui reste encore bien des secrets à deviner.
« Je ne rencontrai toutefois », dit-il, « chez le ministre du grand-duc que les manières les plus dures et le plus impoli des refus. […] Ce cardinal doutait cependant un peu que ces derniers votassent unanimement pour Chiaramonti, parce qu’il s’en rencontrait parmi eux d’aussi jeunes que lui. […] Quant au cardinal qui en était l’inventeur, s’il ne rencontra pas de difficultés pour faire accepter à son conclaviste le rôle qu’il devait jouer auprès du chef de la faction Mattei, afin de la disposer en faveur de Chiaramonti, ce conclaviste n’en éprouva pas davantage (grâce à Dieu qui nous aidait) pour faire adopter l’idée à ce chef dès qu’il lui en ouvrit la bouche. […] Il s’en rencontrait parmi eux qui aspiraient à la tiare. […] « À l’annonce du choix qui avait été fait de Chiaramonti pour Pape, on ne rencontra même point parmi les dix-huit les difficultés et les hésitations que l’on redoutait de la part de ceux qui avaient son âge.
Il est vrai que cette ébauche de littérature ne s’est rencontrée que dans une partie de la science utile, l’histoire naturelle ; ici même le pays a prévalu sur l’homme. […] C’est plaisir de rencontrer un tel homme dans ces assemblées loquaces et scientifiques, où tous les talents et toutes les prétentions coalisés aboutissent à un ennui mortel ! […] Le prince de Musignano (Lucien Bonaparte), que je rencontrai à Philadelphie, m’engagea vivement à publier mes essais, et changea le cours de mes idées : c’était le premier encouragement que l’on me donnait. […] Vous n’y rencontrerez plus ni l’Indien couronné de son diadème de plumes, ni ces troupeaux de buffles et de daims qui se frayaient passage en caravanes bruyantes, à travers les clairières des bois. […] J’avais souvent parcouru les solitudes américaines sans rencontrer de voleurs, et la vieille femme, malgré sa physionomie dure et sa voix rauque, ne m’inspirait aucun soupçon.
Au moment où ils rencontraient l’Apennin, nous étions inondés d’un déluge de pluie, qui, remplissant d’abord les fossés d’irrigation et d’écoulement ainsi que les chemins, faisait des champs situés entre la montagne et la mer de vrais lacs ; puis les nombreux ruisseaux que la route traverse grossissaient à vue d’œil et à grand bruit. […] Dans cette Églogue VII, le berger Mélibée raconte qu’étant à la recherche d’un bouc égaré, il a rencontré le chevrier Corydon et le berger Thyrsis, prêts à se disputer le prix du chant : Ambo florentes ætatibus, Arcades ambo, Et cantare pares et respondere parati. […] C’est à la fin de la troisième Églogue, de celle où Damœtas et Ménalque se rencontrent, s’injurient assez gravement et finissent par se défier dans un duel de chant pastoral. […] Il rencontra la plus violente opposition en Irlande, très injustement, cela n’est pas douteux.
Ceci répondait à l’une de ses préoccupations constantes depuis quelques années, et à une objection ouverte ou sous-entendue qu’il rencontrait sans cesse à travers sa route. […] En arrivant au territoire neutralisé, il rencontra des camps d’infanterie épars sur toute la ligne de la Katzbach, et de l’artillerie séparée de ses attelages et aventurée ainsi sur un front que rien ne couvrait. […] Nous ne cherchions en tout ceci que des leçons stratégiques : il me semble que nous rencontrons insensiblement une leçon morale. […] Moreau était arrivé à Prague le 16 août peu d’heures avant Jomini, mais Jomini ne se rencontra avec lui pour la première fois que le 2 !
Revenu à Aix en 1815 pour y suivre les cours de droit, il rencontra, dès le premier jour, sur les bancs de l’école, M hiers, arrivant de Marseille, et ils se lièrent dès lors de cette amitié étroite, inaltérable, que rien depuis n’a traversée. […] La matière trop souvent en manquera ; et, là même où elle se rencontrerait, le rédacteur ingénieux et méthodique, l’ordonnateur habile et supérieur, tel que M.Mignet, manquera encore plus souvent. […] Les corps littéraires sont heureux de rencontrer de telles natures de talent, auxquels se puisse conférer l’office de les représenter, aux jours de publicité, par leurs plus larges aspects, et de les faire valoir dans la personne de leurs plus illustres membres. […] C’est ainsi que M.Mignet a eu tour à tour à apprécier des philosophes, des hommes d’État, des jurisconsultes, des médecins, des économistes : il n’a failli à aucun de ces emplois, et on l’a vu porter dans tous la même conscience d’études, une vue équitable et supérieure, et une grande science d’expression ; mais il nous semble n’avoir jamais mieux rencontré que dans les portraits qui se détachent par la hauteur et l’unité de la physionomie, ou dans ceux qui se lient naturellement à de grands exposés de systèmes, par exemple dans ceux de Sieyès et de Broussais.
A chaque instant les expressions générales et simplement intelligibles se résolvent sous la plume de La Bruyère en petits faits sensibles454: ainsi, voulant indiquer le plaisir de faire du bien, il ne trouve pas de plus forte expression qu’une impression physique, le choc de deux regards qui se rencontrent et parlent : « Il y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui on vient de donner ». […] Cependant, comme, après tout, il avait travaillé « l’après nature, les gens qui vivaient dans son monde avaient chance parfois de rencontrer juste, et si les caractères d’Emile, de Straton, de Ménippe, de Pamphile, d’autres encore, ne sont pas des portraits strictement personnels, il est certain pourtant que Condé, Lauzun, Villeroy, Dangeau, etc., ont fourni les éléments principaux de chaque portrait. […] Les portraits y sont très rares ; l’impassibilité, l’impartialité même ne s’y rencontrent jamais ; l’ironie y est constante, et d’une âpreté cuisante ; d’un bout à l’autre on sent l’homme mécontent de ce qui est.
Le prêtre est donc l’espèce d’homme qu’ils rencontrent le moins souvent, qu’ils ont le moins l’occasion d’observer directement et de près. […] Songez donc qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long au pied de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant. […] Vous avez tous rencontré de ces abbés lauréats qui prennent tous les membres de l’Institut au sérieux, enclins à respecter, en littérature comme ailleurs, les jugements qui se formulent par voie d’autorité, d’un amour-propre littéraire très éveillé et à la fois très ingénu, et où se révèle un fond, sinon d’humilité, au moins de docilité chrétienne, de soumission aux puissances constituées toutes, et même celles que signalent les palmes vertes, émanant en quelque sorte de Dieu lui-même. […] Il arrive même que les deux sentiments se rencontrent chez lui à la fois, et c’est ce qui rend souvent si énigmatique, aux yeux de ceux qui ne sont pas avertis, la conduite de certains « oints du Seigneur » dans les affaires humaines.
En épousant le marquis de Monnier, elle ne trouvait qu’un vieillard triste et renfermé, qui paraissait plus près de soixante-dix ans que de soixante, et quand elle rencontra Mirabeau, âgé de vingt-six ans, elle en avait vingt et un. Au dîner où il la vit d’abord, Mirabeau, déjà tenté, après avoir causé avec Mme de Monnier, la pria de demander au commandant la permission pour lui de venir le lendemain à Pontarlier : « Je n’imaginais pas, écrivait-il plus tard à Sophie elle-même, qu’il fût possible de vous refuser, et je le craignais d’autant moins dans cette occasion que, peu de jours auparavant, Belinde avait obtenu cette grâce légère… M. de Saint-Mauris ne se rendit point aux instances que vous voulûtes bien lui faire, et cette espèce de brusquerie ne vous étonna pas ; pour moi, j’en fus offensé et surpris. » À quelques jours de là, Mirabeau ayant rencontré par hasard Mme de Monnier à la promenade, elle lui demanda s’il n’irait point à un bal, à une fête champêtre qui avait lieu à Montpetot, à une lieue de Pontarlier. […] Je lui disais sèchement ma façon de penser, qui rarement se rencontrait avec la sienne. […] Le hasard lui avait fait rencontrer Marie dans la cour.
Dans un retour triste sur mon frère, je ne peux m’empêcher de dire à Lafontaine, rencontré dans un corridor : « Ce n’est pas le public d’Henriette Maréchal. » Tout est accepté, claqué, et seuls, au dernier tableau, deux ou trois coups de sifflet, timides, peureux : c’est toute la protestation dans l’enthousiasme général. […] Il me répond qu’il a rencontré une opposition formelle au conseil des ministres. […] — Cette femme je l’ai rencontrée, quand j’étais en prison. […] * * * — Le je m’en fous intellectuel de l’opinion de tout le monde : c’est la bravoure la plus rare que j’aie encore rencontrée, et ce n’est absolument qu’avec ce don, qu’on peut faire des œuvres originales.
Bailly ne fait pas la comparaison, mais il la fait naître chez ceux qui, sachant leur Pascal, rencontrent un Leibniz aussi largement exposé. […] Buffon rencontrait là en effet une de ses idées favorites chez Bailly, et il la saluait : celui-ci dans ce premier ouvrage n’avait toutefois présenté que par un aperçu rapide, et comme par intervalles, sa supposition d’un ancien peuple qu’on ne nommait pas, premier inventeur naturel des sciences, et duquel les autres peuples d’Asie n’auraient été que des héritiers plus ou moins incomplets et ignorants. […] Ceux qui le rencontrèrent plus tard ne retrouvaient pas en lui l’auteur qu’ils s’étaient figuré, d’après ses premières Lettres d’un style si vif et même sémillant : Bailly plus littérateur que savant, a dit le comte d’Allonville en ses Mémoires, était grand, sec, tout d’une pièce.
Je montrais un grand respect à ma mère, une obéissance sans bornes à l’Impératrice, la considération la plus profonde au grand-duc, et je cherchais avec la plus profonde étude l’affection du public. » Et encore « Je m’attachais plus que jamais à gagner l’affection de tout le monde en général : grands et petits, personne n’était négligé de ma part, et je me fis une règle de croire que j’avais besoin de tout le monde, et d’agir en conséquence pour m’acquérir la bienveillance ; en quoi je réussis. » Elle rencontra, à ce moment difficile et décisif, un conseiller excellent : c’était un Suédois de beaucoup d’esprit, qui n’était plus jeune, le comte Gyllenbourg. […] Elle ajoute que si elle avait rencontré un époux tant soit peu digne de tendresse, elle était femme à s’y attacher ; mais que faire avec un mari qui l’était si peu, qui cumulait les grossièretés et les ridicules, qui la prenait pour confidente de ses chétives infidélités ; n’ayant rien de plus pressé que d’entretenir sa femme de ses velléités amoureuses pour d’autres quelle, et cela dès la seconde semaine après les noces ? […] J’y rencontrai l’Impératrice, qui me dit : « Bon Dieu, quelle simplicité !
C’est là qu’en 1777 le comte Victor Alfieri, âgé de vingt-huit ans et dans toute l’énergie d’une nature âpre et sauvage, rencontra celle dont le doux regard le dompta, et auprès de laquelle il trouva enfin, dit-il, « dans des chaînes d’or dont il se lia volontairement lui-même », cette liberté littéraire sans laquelle il n’aurait jamais rien fait qui pût illustrer son nom. Il avait d’abord résisté à sa destinée et à son étoile ; il avait refusé de lui être présenté, et de tout ce qu’il y avait d’étrangers ou d’hôtes de distinction à Florence, il était le seul qui n’allât point chez elle : « Néanmoins, dit-il, il m’était arrivé très souvent de la rencontrer dans les théâtres et à la promenade. […] Quelqu’un, qui la rencontra alors dans un de ces cercles brillants, nous la montre ainsi, moins en peintre qu’en observateur et en moraliste : « La comtesse d’Albany était, par sa figure, ses manières, son esprit, son caractère et son sort, la femme la plus généralement intéressante.
On y rencontrait encore cet extraordinaire Meyerson, polyglotte et omniscient, dernière incarnation de Pic de la Mirandole, toujours prêt à discuter de toutes choses connues et quibusdam aliis et aussi ce pauvre et malchanceux Frédéric Corbier, mathématicien et philologue, qui se grisait de bruit et de paroles en société, mais qui retombait, dès qu’il était seul, à un découragement si noir qu’il finira, une nuit d’hiver, par se jeter du haut du pont d’Arcole, dans la Seine charrieuse de glaçons. […] Ce triomphateur, ne se souciant point de rentrer à Londres sans avoir fait, chez nous, le tour complet des hommes et des choses, manifesta le désir de se rencontrer avec Moréas. […] Voilà pourquoi ces deux génies, si distants l’un de l’autre, si dissemblables, si divers d’essence et de tendance, se sont rencontrés néanmoins dans leur méthode divergente, sur un point d’exercice, et ont communié dans la religion du dandysme.
Les regrets et les affections, je les conçois, je les respecte ; là où de tels sentiments sincères se rencontrent, on ne peut que passer en s’inclinant. […] Nous avons vu ainsi des ministres qui, après leur chute, disaient volontiers à tous ceux qu’ils rencontraient en chemin : « J’ai eu bien des torts envers vous, je ne vous ai pas traité comme je l’aurais dû. » Rendez-leur le pouvoir demain, ils en feront autant52. […] C’est assez user, pour aujourd’hui, du conseil et du sermon : mais démentons, je vous en supplie, ce moraliste chagrin que je rencontrais l’autre jour, et qui me disait en souriant : « Vous ne savez pas ?
Les fausses religions elles-mêmes révèlent et prouvent les principes de la vraie religion : toutes les fois, par exemple, que, dans le polythéisme, un homme a rencontré le sentiment de l’amour, il a rencontré le christianisme, et il a été ce que Tertullien appelait une âme naturellement chrétienne. […] Dans la suite de cet écrit les voies de la Providence nous seront souvent montrées ; souvent aussi nous rencontrerons les limites de la liberté de l’homme.
Voici la première, qui exprimait mes plaintes pour certains propos qui me revenaient de Passy : « Mon cher Béranger, « Bien que j’eusse bien pris la résolution de me taire vis-à-vis de vous jusqu’à ce que le hasard me fit vous rencontrer, je crois pourtant sentir qu’il est mieux de vous demander franchement en quoi et comment j’ai pu avoir tort envers une personne que j’ai toujours fait profession d’honorer autant que vous. […] Leroux, que j’ai rencontré l’autre jour, est dans une situation toujours bien grevée : de son travail, vous en pouvez juger par les excellents articles de l’Encyclopédie, mais sa situation personnelle empire plutôt.
Ce sentiment contradictoire entre lui et nous, qui affecte le ton général de l’ouvrage et perce en mille détails, n’est pas fondamental pourtant, puisqu’il n’empêche pas sa raison de rencontrer aux endroits capitaux la nôtre ; mais nous en avertissons expressément, parce que des lecteurs peu attentifs pourraient prendre le change et repousser à première vue, sur quelques mots blessants, un livre où il y a beaucoup à gagner pour toutes les classes d’esprits sérieux et sincères. […] Quand il veut apprécier le talent ou la portée des journalistes, ou orateurs libéraux, les expressions de vulgaire, de médiocre, et autres duretés rapetissantes, tombent volontiers sur des noms qui, rencontrés en leur lieu, méritent plutôt des témoignages d’estime, et les recherches délicates de la louange vont particulièrement chercher des hommes ou des ouvrages d’une portée assez contestable, comme lorsque M. de Carné vante beaucoup trop, selon nous, cette Histoire de l’Expédition d’Espagne, par M. de Martignac.
Auguste Lacaussade Il publia un volume de vers, les Ailes du rêve, où, dans une forme qui témoigne de l’étude approfondie de tous les poètes contemporains, se rencontrent de nombreuses pièces pleines de grâce et de charme.
Gustave Kahn À côté de défauts d’exubérance qui ne sont pas les plus fâcheux à rencontrer chez un jeune homme, il y a là de la verve et de louables alliances de mots, et des notations de sensations qui seraient jolies si elles étaient plus condensées.
Partout, ici, vous rencontrerez une haute et sérieuse pensée, un style ample et sûr.
Mais partout où se sont rencontrés leurs principaux caractères, le théâtre s’est élevé ; et ni les hommes de génie n’ont manqué au public, ni le public aux hommes de génie. […] La poésie est devenue le but de son existence ; but aussi important qu’aucun autre, carrière où il peut rencontrer la fortune aussi bien que la gloire, et qui peut s’ouvrir aux idées sérieuses de son avenir comme aux capricieuses saillies de sa jeunesse. […] Livrée à toutes les excitations qui se rencontraient sur son chemin, parce que rien ne pouvait la satisfaire, la jeunesse du poëte accepta le plaisir, sous quelque forme qu’il se présentât. […] Quand l’art voulait les porter sur la scène, il les acceptait dans leur ensemble, avec les mélanges et les contrastes qui s’y rencontraient, et sans que le goût public fût tenté de s’en plaindre. […] Si les sonnets de Shakespeare devaient être regardés comme l’expression de ses sentiments les plus habituels et les plus chers, on s’étonnerait de n’y jamais rencontrer un seul mot relatif à son pays, à ses enfants, pas même au fils qu’il perdit à l’âge de douze ans.
Deux cortèges se sont rencontrés à l’église. […] Cinq ou six chasseurs s’en reviennent un soir d’automne, après une journée de bonne chasse, et se rencontrent : l’un est fermier, l’autre marguillier, l’autre maire, un quatrième magister, se piquant de science et même d’astronomie.
C’est lui qui a créé et élevé l’opinion sur lui-même, et c’est lui encore, embusqué au bout de toutes les avenues, que doit rencontrer face à face l’homme hardi qui ose le juger. […] Si dans ce volume vous· ne trouvez pas de contradictions positives, vous rencontrez cependant des titubations singulières.
Tant que l’homme ne se sera pas dépravé, lui et sa race, au point de se déformer le cerveau, il y aura toujours la chance de rencontrer un poète épique, dût-il se lever d’entre les nations, accroupies dans leur dernière fange ! […] Pour mon compte, et ce n’était pas une vaine fantaisie de critique qui se fait poète sur un poète, j’aurais aimé à rencontrer dans M.
C’est dans cette poésie de deuil et de regret que le poète a rencontré les notes les plus émouvantes, et la monotonie même qui s’y fait sentir s’harmonise parfaitement avec le motif presque invariable qui revient sans cesse à travers tout le volume.
Dans l’un & l’autre genre, il est naturel, précis, noble, & souvent élégant, qualités qui se rencontrent rarement aujourd’hui dans un même Ecrivain.
Les Voyageurs y trouveront des connoissances sur l’antiquité, propres à éclairer l’esprit, & à le dédommager des fautes de style qui s’y rencontrent assez souvent.
Le comte répondit qu’il le priait de lui permettre de déclarer qu’il rencontrait non de l’obstination dans le ministre du Souverain-Pontife, mais bien un sincère désir d’arranger les choses et un extrême regret de cette rupture, mais que, pour arriver à une conciliation, c’était au premier consul seul d’en ouvrir la voie. […] Il ajouta quelque chose sur les qualités personnelles qu’il rencontrait en moi, quoiqu’elles n’y fussent certainement pas. […] L’empereur tenait par la main la nouvelle impératrice, et lui désignait chaque personne à mesure qu’il les rencontrait dans le cercle. […] Nous y rencontrâmes nos collègues qui avaient assisté aux deux mariages civil et religieux. […] Nous nous rencontrâmes presque tous ensemble dans l’antichambre du ministre, et on nous introduisit dans son cabinet.
— Tu veux, mon cher, qu’on mette en terre de Lourmel, à la façon d’un pauvre diable.” » « Je l’ai rencontré, ce cher ami, quand on l’a rapporté blessé mortellement. […] Au milieu de tous ces bonheurs, il a la chance rare, me dit-il, de rencontrer une sérieuse amitié de femme, l’amitié d’une comtesse viennoise qui va prendre la direction de toute sa vie. […] » Dans le bruit des paroles des gens qui parlent ici pour ne rien dire, de bouches qui prudhommisent où hystérisent des lieux communs, ainsi que celle d’Aubryet, c’est une bonne fortune de rencontrer un causeur à la parole judicieuse, relevée d’une pointe d’ironie parisienne. […] À rencontrer, dans les chemins verts, ces mineuses, ces débardeurs marmiteux, à la figure charbonnée, au chapeau paré de plumes de coq, on a l’impression d’être tombé, en plein mardi gras, dans un carnaval loqueteux, dans une descente de la Courtille, barbouillée de boue et de suie. […] Les maîtres ont l’orgueil du passé historique, qu’a acquis leur château, depuis l’entrevue de Ferrières, et la vieille Mme Rothschild nous retient longtemps dans le salon de famille, où Bismarck s’est rencontré avec Jules Favre.
J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près. […] Il résulte de son récit que, peu après la paix des Pyrénées, le duc Charles IV de Lorraine étant venu en France, et ayant fait avec le roi le traité par lequel il lui cédait ses États après lui et l’instituait héritier de ses duchés de Lorraine et de Bar, trouva encore à travers cela le temps de s’éprendre d’une violente passion pour Mlle Marianne, qu’il rencontrait au Luxembourg chez sa sœur Madame, épouse de Gaston duc d’Orléans. […] Lassay n’était âgé que de dix ans au moment où arriva cette aventure, et sa jeune imagination en avait été frappée ; il avait eu l’occasion presque au sortir de l’enfance de rencontrer Marianne et s’était accoutumé à l’admirer, à l’aimer.
Cette affection pour la personne de Lamennais, survivant aux contradictions des systèmes et aux déchirements des croyances, s’est rencontrée chez d’autres encore ; il avait le don d’attacher ; et c’est ainsi qu’on a vu à son lit de mort les représentants des diverses époques de sa vie, étonnés de se trouver là ensemble, et réunis dans une commune douleur, dont les motifs ne laissaient pas d’être différents. […] En arrivant, je vis à la porte un carrosse, et, en traversant la cour, je rencontrai l’archevêque de Paris, M. de Quélen, qui venait de visiter M. de Lamennais, et, sans doute, de lui prodiguer les égards pour le contenir. […] Un homme qu’il combattit toute sa vie et qui ne le rencontra jamais en face (tant Lamennais était toujours en deçà ou au-delà), M.
Les mœurs publiques ont changé ; les luttes parlementaires ont montré aux prises, et parfois bien rudement, des athlètes politiques, qui se rencontraient l’instant d’après, et sans apparence de ressentiment, sur le terrain neutre de l’Académie. […] Je devrais peut-être éviter de rencontrer désormais son nom sous ma plume ; mais je n’éprouve, à son égard, aucune rancune personnelle, et je puis dire mon sentiment avec impartialité. […] Mais il y a une renaissance de tribune : écoutons de ce côté, nous l’y retrouvons encore ; mais nous y rencontrons aussi, et en première ligne, M.
De la grande ère de 89 il garda toujours, en l’épurant de plus en plus à la flamme du sanctuaire intérieur, la passion active du bien, la soif du bonheur des hommes, de l’émancipation et de l’amélioration de ses semblables : il était et il resta en ce sens-là l’un des enfants de cette grande génération, et ce souffle qui, en se répandant alors sur les âmes, y rencontra tant de mélange et y enfanta les tempêtes, ne cessa de l’animer doucement, également, avec élévation et persévérance, jusqu’à ce que, dans les dernières années, il ne fût plus distinct en lui du zèle tout chrétien. […] Droz a rencontré un homme supérieur et trop oublié qu’il met en lumière : c’est le ministre Machault, dont les plans auraient pu réparer le désordre des finances, et qui fut sacrifié à une intrigue. […] Dans ce conflit ardent, il y eut sans doute des moments qui eussent été décisifs si un homme puissant s’était rencontré pour les fixer au passage et les saisir.
Malouet lui écrivait en 1791 : « Nous qui raisonnons juste, nous ne rencontrons presque jamais avec précision aucun événement, parce que les actions des hommes ont fort peu de ressemblance aux bons raisonnements. » Cela est vrai pour tous les peuples et pour tous les hommes ; mais cela est encore plus vrai en France, car la nature française résume en elle avec plus de rapidité et de contraste les défauts et peut-être aussi les qualités de l’espèce. […] L’ayant rencontré à Londres au commencement de 1800, il en écrivait au comte de Sainte-Aldegonde : Je ne vous rendrai pas la fortune immense qu’a faite ici le prince, soit auprès des Anglais, soit auprès de tous les Français sensés. […] Le vulgaire court à cet essai comme l’avare à une opération de magie qui lui promet des trésors, et, dans cette fascination puérile, chacun espère de rencontrer à la fin ce qu’on n’a jamais vu, même sous les plus libres gouvernements, la perfection immuable, la fraternité universelle, la puissance d’acquérir tout ce qui nous manque et de ne composer sa vie que de jouissances.
Brienne, en sortant du château de Vincennes, rencontra Fouquet qui venait à pied par les jardins et à qui il apprit cette mort, ajoutant que le roi voulait lui parler ; et Fouquet, se voyant en retard, s’écria : « Ah ! […] Louis XIV pardonna au cardinal de Retz, qui ne s’était révolté que contre Mazarin ; il ne pardonna jamais à Fouquet, qu’il rencontra comme son premier adversaire personnel, et qu’il dut abattre pour commencer véritablement à régner. […] Pourtant, il ne sera jamais indifférent à l’honneur d’un pouvoir établi d’avoir ou de n’avoir pas le sentiment de ce qui peut se rencontrer encore du côté de la littérature, et dans les âmes vraiment littéraires, de ressorts vifs et généreux.
Les rhéteurs de l’Antiquité ont ainsi conseillé aux orateurs d’avoir toujours en réserve, dans le trésor de la mémoire, des portions entières de discours ; et, si cet artifice est permis, c’est assurément dans l’ordre des matières stables, telles que la jurisprudence, la morale sociale, qui ne permettent ni aux idées ni même à l’expression de varier, quand les mêmes sujets se rencontrent. […] C’était le duc de Choiseul lui-même qui, tout nouvellement délivré de prison, rencontrait à l’improviste et remerciait avec effusion son défenseur. […] C’étaient les deux comtes de Stolberg, nourris de la fleur grecque et de l’esprit chrétien, philosophes et littérateurs éminents ; Jacobi, philosophe aimable, d’un sentiment délicat et pur ; d’autres encore moins connus ici, enfin une société douce mais grave : « Nous avons rencontré, écrivait-il à Mallet du Pan en avril 1798, de l’instruction et des vertus. » Dans une autre lettre à ce même ami alors réfugié à Londres, il a peint lui-même l’état calme et reposé de son âme en ces années d’attente, de conversation nourrie et de réflexion communicative : Il n’y a rien de nouveau en France, lui écrivait-il (24 juin 1798.)
Si la vérification me dément, je prendrai tour à tour les faits généraux qui se rencontreront alentour, jusqu’à ce qu’en tâtonnant je tombe sur ceux qui sont des causes. […] Si vous rencontrez un intestin propre à digérer seulement de la chair et de la chair récente, l’animal a des mâchoires construites pour dévorer une proie, des griffes pour la saisir et la déchirer, des dents pour la couper et la diviser, un système d’organes moteurs pour la saisir et l’atteindre, des sens capables de l’apercevoir de loin, l’instinct de se cacher, de tendre des pièges, et le goût de la chair. […] Or, toutes les fois que vous rencontrez un groupe naturel de faits, vous pouvez mettre cette méthode en usage, et vous découvrez une hiérarchie de nécessités ; il en est ici du monde moral comme du monde physique.
Je n’ai rencontré Zola que deux fois chez Daudet. […] On rencontrait chez Alphonse Daudet les gens d’opinions les plus opposées. […] Je rencontrai un jour « le Maître » au bas de la rue de l’Odéon. « — Venez, me dit-il. […] Certaines personnes n’entraient au Vachette que pour rencontrer Moréas. […] Elle rencontrait encore, il y a quarante ans, dans certaines régions du Midi, bien des résistances.
Il rencontrait au contraire dans sa pensée, sa correspondance l’atteste, d’autres sujets d’angoisses. […] Ils devaient se rencontrer encore plus tard pour se séparer de nouveau. […] Il paraît qu’à cet égard, du moins, on y rencontrait un même esprit. […] sortir de la Russie, nous rencontrons encore un poète, qu’on a nommé le Byron polonais. […] Il la rencontra enfin, cette femme, à un bal que donnait sa mère.
Tant de notions amassées de partout sur les plantes, sur les climats, tant de maximes morales sur la société et sur l’homme, ce mélange de vérités, d’hypothèses et de chimères, venant à se rencontrer sous des inclinaisons favorables vers l’horizon attiédi, peignirent divinement le nuage et firent tout d’abord arc-en-ciel. […] Lemontey, en sa dissertation sur le naufrage du Saint-Géran, excellent littérateur, à l’affectation près, a fort bien jugé au fond, bien que d’un ton de sécheresse ingénieuse, ce chef-d’œuvre tout savoureux : « M. de Saint-Pierre, dit-il, eut la bonne fortune qu’un auteur doit le plus envier : il rencontra un sujet constitué de telle sorte qu’il n’y pouvait ni porter ses défauts, ni abuser de ses talents. […] On y remarque quelques rapports lointains avec des personnages qu’il avait rencontrés durant sa vie antérieure, mais c’est seulement dans les noms que la réminiscence, et pour ainsi dire l’écho, se fait sentir. […] S’il n’a plus rencontré de sujet aussi admirablement venu que Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre a trouvé moyen encore, dans le Café de Surate, dans la Chaumière indienne, de déployer avec bonheur quelques-unes des qualités distinctives de son talent. […] Je n’en sais trop rien ; mais cela est ainsi. » Et il justifie ce jugement tout aussitôt, soit qu’il s’écrie dans une joie grondante : « Je ne puis vous dire combien je me trouve heureux depuis que j’ai secoué le monde ; je suis devenu avare ; mon trésor est ma solitude ; je couche dessus avec un bâton ferré dont je donnerais un grand coup à quiconque voudrait m’en arracher » ; ou soit qu’il parle tendrement de ces lectures douces auprès de son feu « et des heures paisibles qui vont à petits pas, comme son pouls et ses affections innocentes et pastorales. » Quand il écrit de son cher ami de Balk en ces termes : « Je ne sais si M. le comte de Balk sera encore longtemps en France ; nous sommes tous comme des vaisseaux qui se rencontrent, se donnent quelques secours, se séparent et disparaissent », il rentre exactement dans la manière de Bernardin.
Depuis, elle s’est répandue dans le public où il semble qu’elle a rencontré moins d’adversaires que d’amis.
Par malheur pour ses Ouvrages, les beautés ne s’y rencontrent que par intervalles, & n’en rachetent point les défauts, raison décisive pour n’occuper qu’un rang médiocre.
Il convenoit lui-même que de dix traits insérés dans ses Ouvrages, il en avoit appris neuf dans la conversation, vrai moyen de hasarder bien des choses, & de rencontrer rarement la vérité.
Maintenant, dans un Journal, comme celui que je publie, la vérité absolue sur les hommes et les femmes, rencontrés le long de mon existence se compose d’une vérité agréable — dont on veut bien ; mais presque toujours tempérée par une vérité désagréable — dont on ne veut absolument pas.
Je me contenterai de faire remarquer que, pendant les trois semaines dans l’intervalle desquelles parurent ces articles, je le rencontrai plus d’une fois à dîner ou en soirée chez des amis ; nos rapports d’amitié et de cordialité n’en souffrirent en rien, et il me dit seulement qu’il m’écrirait une longue lettre pour sa justification, lorsque j’en aurais fini de mes objections et de mes critiques. […] Mais quand vous rencontrez dans une page kreutzer, yard, piastre ou penny, cela vous empêche-t-il de la comprendre ? […] Vous n’avez pas seulement jugé son talent avec cette sûreté de coup d’œil et d’analyse d’un maître, vous avez aussi apprécié son caractère avec une justice et une bienveillance qu’il n’a pas toujours rencontrée dans les écrivains de son camp. […] Delangle, par exemple, il fallait le voir plein de honte et d’effroi pour cette intimité forcée, quand il les rencontrait par hasard et qu’il courait risque d’être surpris en leur présence.
On voit germer le vrai roman de Daphnis et Chloé qui se rencontrent sur le boulevard des Invalides, à Paris. […] « Le jour où leurs yeux se rencontrèrent et se dirent enfin brusquement ces premières choses obscures et ineffables que le regard balbutie, Cosette ne comprit pas d’abord. […] XXVI « Cosette, en reculant, rencontra un arbre et s’y adossa. […] Comment se fit-il que leurs lèvres se rencontrèrent ?
je ne vous y ai jamais rencontré. […] Plusieurs des rédacteurs, jeunes gens de salons, qui connaissaient et rencontraient tous les soirs le maréchal, se récrièrent. […] Je n’imaginais point que tant de respect pût laisser place à tant d’affection ; qu’on pût aimer le même homme et l’adorer. » Et, rappelant l’instant de cette bénédiction solennelle il s’écrie dans sa pieuse extase : Étais-je encore sur cette terre quand vos regards ont rencontré les miens, quand vos mains se sont étendues vers moi ? […] Ce témoignage indulgent d’une femme poète (Mme Desbordes-Valmore) s’accorde bien avec celui de Mme Sand, même pour l’expression : « Cette âme, a dit Mme Sand, n’était ni faible, ni lâche, ni envieuse, elle était navrée, voilà tout. » Ces deux charités de femmes poètes se sont rencontrées dans une même explication adoucie : nous autres hommes, nous sommes plus durs et plus sévères.
Or plus il sera complexe, et plus le groupe sera homogène ; mais plus aussi il sera difficile à ses membres de rencontrer, jamais, en dehors de lui, un semblable. […] Déjà dans l’antiquité, les sociétés destinées à s’approcher le plus près de l’égalitarisme étaient aussi celles où le plus grand nombre de races se rencontrait. […] L’« anthropo-sociologie » peut donc chercher quels caractères anatomiques se rencontrent le plus fréquemment dans les différentes couches des sociétés modernes, si la dolichocéphalie l’emporte ici et, là, la brachycéphalie134 : elle ne prouvera pas que, correspondant aux distinctions de classes, des types collectifs différents se constituent en Europe, comme s’en sont constitués, dit-on, aux îles Sandwich ou au Dahomey135. […] Les combinaisons d’imitations multiples qui se coupent en un même point, c’est-à-dire se rencontrent dans une même personne, n’ont guère de chances de se répéter.
Entré cependant aux Pages, à Versailles, sous le règne de Charles X, malgré quelques bons maîtres qu’il y rencontrait, tel que M. […] A Rome, où les jeunes Français qui s’y trouvaient alors se réunissaient quelquefois, il rencontra un jeune homme qui a depuis marqué dans la politique, M.