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920. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

La forme, comme le fond, rappelait bien M. de Vignyou. […] Je crois me rappeler pourtant qu’un homme de verve et d’ardeur, M. 

921. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Mais il en est en toute hâte rappelé, à la nouvelle que Mont-Louis est menacé par une division espagnole réunie à Olette : pour peu qu’il tarde, il est lui-même en danger de se voir couper la retraite. […]  » Encore une fois rappelé par un nouveau général en chef, Turreau, du côté de Perpignan, il va cette fois encore y trouver son échec et son écueil.

922. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Nous n’aurions qu’à rappeler qu’il lui est arrivé, à lui tout le premier, en deux occasions (1828 et 1835), de prendre l’initiative pour proposer les mesures qu’il estimait les plus avantageuses à l’approvisionnement de la capitale, tout comme l’aurait pu faire un membre du Conseil municipal de Paris. […] Ceci me rappelle, quoique la transition puisse ne point sembler essentiellement logique et rigoureuse, que dans une lettre adressée par M. le comte de Chambord à l’un de ses amis de Trance, j’ai lu, non sans quelque surprise, l’éloge suivant de M. 

923. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Ces folies qui maintenant remplissent tout un poëme n’entreront dans les œuvres de l’avenir que comme assaisonnement utile, et même la noblesse, la pureté qui sont maintenant bannies, seront bientôt rappelées avec d’autant plus d’enthousiasme. » Et cela ainsi entendu, et toutes réserves faites, il revenait avec plaisir sur Mérimée de qui il disait : « C’est vraiment un rude gaillard » ; et sur Béranger qu’il ne sépare jamais de lui54, et dont il saisit, dont il analyse tout, jusqu’aux moindres finesses, sans en rien perdre. […] … Quand on pèse tout ce que celui-là a fait et enduré, il semble qu’à quarante ans il devait être usé jusqu’au dernier atome ; mais pas du tout ; à cet âge, on le voyait s’avancer encore, toujours héros parfait. » Qu’on se rappelle les magnifiques jugements de Gœthe sur Louis XIV, sur Voltaire, sur Molière, sur les hommes-types par qui la France est si grande, et qu’on y joigne celui-ci57.

924. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Plus tard, d’ans l’admirable sermon pour le jour de sainte Madeleine, prêché par Massillon, ce maître des cœurs, il y aura quelques traits, quelques intentions qui, de loin, rappelleront ce même motif : c’est quand la pécheresse qui chez Massillon est aussi une femme de qualité, après avoir entendu Jésus une première fois, déjà touchée et à demi pénitente, se dit en elle-même : « Ses regards tendres et divins m’ont mille fois démêlée dans la foule… Il a eu sur moi des attentions particulières ; il n’a, ce me semble, parlé que pour moi seule… » Et la voilà déjà à demi gagnée ; sa coquetterie même sert à sa conversion. […] Puisqu’il avait ailleurs rappelé les Grecs, que n’a-t-il rapproché ici de cette scène douloureuse et saignante la scène de l’Hippolyte mourant, dans Euripide, où l’on voit Diane, la chaste vierge, mais qui n’a pas été mère, ne pouvoir veiller et assister jusqu’à la fin, jusqu’au dernier soupir, le mortel même le plus chéri et qu’elle a le plus favorisé !

925. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

On entendait dans le bois de Tanit le tambourin des courtisanes sacrées ; et, à la pointe des Mappales, les fourneaux pour cuire les cercueils d’argile commençaient à fumer. » J’admire la conscience et le pinceau du paysagiste : mais de même que Salammbô m’a rappelé Velléda, je me rappelle inévitablement ici tant de belles descriptions de l’Itinéraire, et particulièrement Athènes contemplée du haut de la citadelle au lever du soleil : « J’ai vu du haut de l’Acropolis le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette… » Le panorama de Carthage vue de la terrasse d’Hamilcar est un paysage historique de la même école, et qui accuse le même procédé ; ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pris également sur nature, du moins en ce qui est des lignes principales.

926. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

On a besoin de se rappeler que cela est écrit en 1814, sous le feu des réactions politiques, et aussi avant les incartades bruyantes qui décelèrent bientôt tous les défauts, toutes, les inconsistances de l’abbé de Pradt. […] La dépêche de M. de Senfft, « expédiée par la poste », fut sujette à être remarquée ; c’est lui qui le dit ou qui l’insinue ; peut-être aussi, ajoute-t-il, se rappela-t-on comment il avait été placé ce jour-là pour bien entendre et pour tout retenir.

927. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Employez toutes vos forces à rappeler dans cette unité tout ce qui s’en est dévoyé… » Et invoquant l’exemple de Louis XIV, il présage et provoque, au milieu de magnifiques éloges au grand roi, la révocation de l’Édit de Nantes qui, en effet, se préparait : « Considérez, dit-il au Dauphin, le temps où vous vivez et de quel père Dieu vous a fait naître. […] Enfin il y parvient avec quelque effort, et il veut bien accorder qu’à moins de coups extraordinaires que Dieu s’est expressément réservés pour rappeler sa présence, les choses se passent en général dans l’histoire comme s’il n’y avait que des causes naturelles et des conséquences nécessaires qui en découlent.

928. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Qu’on veuille se rappeler les endroits où il fait parler M. de Latour, Mlle Colson, à propos de Mme de Lamotte, la fille Églé sur la reine, ou encore les soldats au bivouac à Düsseldorf, ou bien Jean-Bon Saint-André avec ses retours de verdeur jacobine jusque dans le préfet d’Empire. […] Qu’on se rappelle de lui la scène d’arrivée du général Lasalle à Burgos et tant de conversations avec l’Empereur au sujet du roi Joseph ; mais, entre toutes, la conversation du général Lasalle au souper de Burgos est un tableau animé et vivant, digne de faire pendant et contraste aux conversations de Jean-Bon Saint-André dans la salle d’attente du dîner impérial ou sur le bateau du Rhin à Mayence.

929. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

On a nommé, et moi-même j’ai rappelé à propos des divertissements de Berny, ceux de la Cour de Sceaux. […] Rappelé sur le coup et relevé de son commandement, il était rendu à Versailles le vendredi 21 juillet ; il y vit le maréchal de Belle-Isle, et ensuite le roi dans son cabinet.

930. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

« Ces notes rappellent seulement les dates, les circonstances, en attendant plus d’explication. » Et, encore, sur un papier attaché au bas de la page : « Ces notes n’ont pas été rassemblées dans le dessein d’en faire des mémoires, mais comme souvenirs à mon usage surtout.  […] Quand je jette un coup d’œil sur le passé, sur tout le non-succès de mes desseins, sur la perte de tant d’années, je me condamne, je me dis : « Il fallait prendre tel parti ; » puis je trouve qu’il a été si mal à propos de ne pas prendre ce parti que je me mets à examiner mieux les circonstances pour voir ce qui a pu faire obstacle : alors je me rappelle des choses qui me prouvent qu’en effet cette conduite qui eût été la plus sage n’a pas été praticable.

931. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Je me rappelle encore la position bien dessinée du groupe dès ces premiers jours : Mlle Bertin, l’âme du lieu, préludant à ses hymnes élevés ; son frère Édouard, qui est devenu le paysagiste sévère ; Antony Deschamps, alors en train de passer du dilettantisme de Mozart au commerce de Dante, et qui y portait toutes les nobles ferveurs. […] » Mais c’est surtout la comparaison suivante qui, pour l’idée du moins et le jet, me semble ressaisir à merveille la grâce homérique : Parfois, quand un ruisseau, courant dans la prairie, Sépare encor d’un champ, où croît l’herbe fleurie, Un troupeau voyageur aux appétits gloutons, Laissant se consulter entre eux les vieux moutons, On voit, pour le franchir, quelque agneau moins timide Choisir en hésitant un caillou qui le ride, S’avancer, reculer, revenir en tremblant, Poser un de ses pieds sur ce pont chancelant, Et s’effrayer d’abord si cette onde bouillonne En frôlant au passage une fleur qui frissonne, Si le buisson au vent dispute un fruit vermeil, Ou si le flot s’empourpre aux adieux du soleil, Puis reprendre courage et gagner l’autre rive ; Alors tout le troupeau sur ses traces arrive ; Dans le gras pâturage il aborde vainqueur, Il s’y roule en bêlant dans les herbes en fleur, Tandis que seul au bord le berger le rappelle, Et trop tard sur ses pas lance son chien fidèle.

932. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Racine a eu droit de rappeler en sa préface que la véritable invention consiste à faire quelque chose de rien ; ici ce rien, c’est tout simplement le cœur humain, dont il a traduit les moindres mouvements et développé les alternatives inépuisables. […] Il faut croire à ce succès pourtant, d’après l’impression qui en est restée ; La Harpe, dans le chapitre de son Cours de Littérature où il juge l’œuvre, se plaît à rappeler le nom de Gaussin comme inséparable de celui de Bérénice.

933. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Cette diversité me rappelle le charmant conte des Trois Manières, dont chacune, auprès des Athéniens de Voltaire, réussit à son tour ; et s’il y avait une quatrième manière de plaire, il ne faudrait pas lui chercher querelle. […] Je ne daignois parler, puisqu’il ne m’entendoit pas ; il me semble même que je ne pensois plus. » Notons ce dernier trait ; il rappelle le vers de Lamartine s’adressant à la Nature : Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

934. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Mais ceci nous rappelle que quelque chose existait avant le romantisme, a été détruit par lui : nécessairement le romantisme s’est déterminé par rapport au classicisme. […] Écrivains et artistes ont conscience d’être un même monde, de poursuivre pareilles fins par des moyens divers ; et ces rapports tendent à rendre aux écrivains le sens de l’art, leur rappellent qu’ils sont créateurs de formes et producteurs de beauté.

935. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort est au fond très fier de sa noblesse, et de remonter à Louis le Gros, et qu’un jour, comme on lui rappelait que sa famille avait été alliée aux Talleyrand, il laissa entendre que tout l’honneur était pour eux. […] On le lui rappelle tous les jours, et l’on croit être très malin ; mais il en est ravi, et jamais marquis n’a tant joui de son marquisat.

936. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Il suffit d’ailleurs de se rappeler combien rapidement nous fatiguent les statues qui lèvent le bras ou la jambe sans que l’on ait l’espoir de voir jamais retomber cette jambe ou ce bras. […] Au point de vue de la plastique, je citerais vingt pièces de ce genre, et davantage, dans les Sites, les Sonnets et dans les parties de Tel qu’en Songe où M. de Régnier s’est rappelé sa première manière.

937. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Scaramouche fut mandé à Paris toutes les fois qu’on y appelait une troupe italienne ; et Louis XIV rappelait volontiers à Fiurelli leur première entrevue, et riait beaucoup en le voyant mimer le récit de l’aventure. […] Les caractères et les scènes de la comédie italienne étaient alors cités, rappelés communément dans la conversation, comme on a fait depuis des caractères et des scènes de Molière.

938. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Rappelez-vous ce conte de Villiers : Jules Favre, sommé par Bismarck d’apposer son cachet sur le traité de capitulation en 1870 et qui s’excuse, n’ayant à sa disposition, en l’absence du sceau officiel, que le cachet de la bague qu’il porte au doigt : « Qu’à cela ne tienne, dit Bismarck, ce cachet me suffira !  […] Voltaire, pour le définir en passant, est un imbécile malpropre19. » Ernest Hello nous rappelle, comme Pascal, à notre néant et veut humilier notre orgueil, mais ce péché satanique d’orgueil, qu’il dénonce chez les autres, a pris, sans qu’il s’en doute, racine chez lui et il offre un magnifique exemple de la vanité contemporaine.

939. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Quand on a lu ce volume, et qu’on a relu tous les vers que le biographe indique et qu’il rappelle, on sait tout de La Fontaine, on a été son ami, et l’on n’a plus, pour achever son idée, qu’à faire comme lui, à sortir seul en cheminant au hasard et à rêver. […] Vous espérez triompher de ma paresse en appelant à votre secours les souvenirs de notre enfance : vous me parlez de ce jour où, tous les deux blottis derrière une charmille, je vous lisais la terrible Barbe-Bleue, quand tout à coup apparut à nos yeux avec son tablier et son bonnet blancs, et son large couteau, le grand cuisinier de votre mère, qui venait nous chercher… pour dîner. — Vous demandez si je me rappelle encore la frayeur qu’il nous causa ?

940. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Pour achever de rappeler tout ce que M.  […] Qu’il nous suffise de rappeler l’Essai sur la Métaphysique d’Aristote, de M. 

941. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Cela me rappelle une transition aussi brusque, mais plus plaisante de Scarron, je crois. […] Il rappelle en quelque sorte celui qui termine la fable des deux amis, celle des deux pigeons.

942. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Au cours de mille ans, les tentatives de constituer un royaume d’Italie n’ont pas manqué ; j’en rappelle quelques-unes : les Lombards étaient à la veille du triomphe définitif, lorsque le Pape appela les Francs ; au xiiie  siècle, Frédéric II eut certainement l’idée d’unifier l’Italie — il fut vaincu par Innocent IV ; Cola di Rienzi conçut une fédération italienne ; à l’époque de la Renaissance, plus d’un petit souverain, italien ou étranger, rêva d’être le « prince » invoqué par Machiavel ; les projets divers du Risorgimento sont bien connus… ; et toutes ces tentatives échouèrent par les intrigues du pape, devant les armées autrichiennes ou françaises. […] Mutatis mutandis, l’Allemagne en est, politiquement, à son xviie  siècle, et l’empereur Guillaume II rappelle, à plus d’un égard, Louis XIV.

943. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Est-ce mourir si, même après dix ans, un seul homme se rappelle ce grand cri qui l’a frappé ? […] Remarquez en outre combien l’habile et infâme diplomatie de Tartuffe rappelle, en ses cruels détails, l’habileté impitoyable, le crime absolu, le crime politique ! […] Ceci me rappelle ce passage de la troisième lettre, à une demoiselle de Metz, où il dit : — Appartient-il à la langue qui n’aime pas elle-même, de parler d’amour ? […] Il menait la joyeuse vie du Bohémien, qui est un des attributs de la comédie, cette aimable fille de joie et d’esprit, née dans un tombereau, et qui rappelle toujours son origine par son vagabondage. […] Mais la coquette le regarda pleurer, puis elle se mit à rire et à rappeler son amant.

944. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Je me rappelle dans quelle situation douloureuse d’esprit et d’âme j’ai fait Joseph Delorme, et je suis encore étonné, quand il m’arrive (ce qui m’arrive rarement) de rouvrir ce petit volume, de ce que j’ai osé y dire, y exprimer.

945. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

Je n’eus plus qu’indirectement de ses nouvelles, entre autres, dans une circonstance qui me fut extrêmement pénible, et que je rappelle ici pour vous donner une idée de l’esprit plus libéral que patriotique qui animait alors l’École normale.

946. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Le parterre avait très-bien jugé qu’elle était la seule à rappeler. — Tout cela a fini à près de une heure du matin. — Grande fête dans tout le quartier.

947. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

À ce propos me pardonnerez-vous, monsieur, à moi qui n’ai pas d’autre titre que mes obscurs souvenirs d’École, et dont la réputation est restée intra muros, de rappeler un trait assez piquant, où j’ai joué mon petit bout de rôle ?

948. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Je crois me rappeler qu’en effet, après l’article sur les Affaires de Rome, je rencontrai un jour sur la place de l’Odéon, au bras de je ne sais plus qui, M. de La Mennais que depuis quelque temps j’avais cessé de voir ; je ne me souviens pas de la mine que je pus faire, car on ne se voit point soi-même.

949. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « LES FLEURS, APOLOGUE » pp. 534-537

— Et comment ne serait-ce pas, dit une autre qui exhalait une délicieuse odeur de vanille (la première avait, je crois, cette odeur fine qui rappelle plutôt celle de la fleur du thé), comment n’en serait-il pas ainsi ?

950. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Tout semble une seconde fois achevé, lorsque Delmida, on ne sait pourquoi, se rappelle que Charles n’est que son fils adoptif, un pauvre enfant trouvé qu’il a autrefois recueilli par charité ; et, par une inexorable délicatesse, il croit devoir résister à un mariage qu’il n’a jusque-là combattu que vaguement.

951. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Ton fracas me rappelle à de charmants tableaux, Aux jours où je faisais retentir mes sabots     Sur le parquet large et sonore.

952. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

La mort du bon curé le laissa sans ressources ; c’est alors qu’il revint à Paris, rappelé par l’ami de son père.

953. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Et d’ailleurs, si le poète avait rappelé au roi qu’en l’état actuel des esprits, une pièce de théâtre, composée avec conscience et venue d’un certain côté littéraire, ne devait produire, par sa chute ou son succès, qu’un résultat bien étranger assurément à toute passion politique, le roi aurait bien pu, sans doute, à demi-voix et avec un sourire, prononcer ce terrible mot de romantisme ; mais il eût été facile de démontrer à sa bienveillante attention, que ces débats sont au fond bien moins frivoles, même sous le rapport politique, qu’on ne pourrait le penser.

954. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Massillon aussi, né à Hyères, a reçu un souffle de l’antique Massilie, et sa phrase abondante et fleurie rappelle Isocrate.

955. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Quand vous rappelez des objets dégoûtants, vous excitez une impression fâcheuse, qu’on fuirait avec soin dans la réalité ; quand vous changez la terreur morale en effroi physique, par la représentation de scènes horribles en elles-mêmes, vous perdez tout le charme de l’imitation, vous ne donnez qu’une commotion nerveuse, et vous pouvez manquer jusqu’à ce pénible effet, si vous avez voulu le pousser trop loin : car au théâtre, comme dans la vie, quand l’exagération est aperçue, on ne tient plus compte même du vrai.

956. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Stéphane Mallarmé Il me rappelle des époques de moi-même au point que cela tient du miracle.

957. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

Il fait juger des choses par les principes, & non par les succès ; il se rappelle, dans ces momens de délire général, que les alimens les plus contraires sont quelquefois agréables aux estomacs dépravés, que la disette ou l’amour de la nouveauté donne du prix à la médiocrité, au vice même ; & connoissant tout à la fois les sources de la bizarrerie dominante, de la nature des objets qui l’entretiennent, le génie de la Nation qui l’encense, il attend, & pourroit prédire avec certitude, le moment de la révolution qui doit guérir de cette frénésie.

958. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

I Le Salon de cette année, les réflexions qu’il a suggérées dans ce journal s’étaient bien éloignés déjà de la mémoire de leur auteur, quand tableaux et commentaires lui furent rappelés par une conversation fortuite dont l’écho lui parvint.

959. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VI. Amour champêtre. — Le Cyclope et Galatée. »

L’égalité de leurs mœurs, et le peu de variété de leurs idées nécessairement teintes des images des champs, devaient aussi rappeler le retour des mêmes sons dans le langage.

960. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Belle sainte, venez ; entrons dans cette grotte, et là nous nous rappellerons peut-être quelques moments de votre première vie.

961. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Je me rappelle vaguement ce dernier qui m’a paru médiocre.

962. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Quand la petite troupe fut à peu de distance de la case, le bouvier se rappela la menace que lui avait faite Aïssata de la vengeance de son frère.

963. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

Échappant aux règles du goût par l’excentricité même de sa nature intellectuelle, — car c’est un excentrique que Mercier, et il a je ne sais quoi dans l’esprit qui rappelle la bizarrerie de certaines imaginations anglaises, — méconnaissant l’autre règle de la vie, plus importante que le goût, c’est-à-dire la religion, qui, en nous éclairant le cœur, fait monter la lumière jusqu’à la pensée, Mercier s’adapte exactement à l’époque qu’il a plutôt inventoriée que peinte.

964. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Ce dernier naviguait dans des eaux trop explorées pour n’être pas obligé d’en faire jaillir de nouvelles, sous peine de rappeler ce que chacun sait.

965. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

On se rappelle qu’il répondit : « Nous ne pouvons pas tous servir la patrie de la même façon.

966. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Alors on célébrait l’homme juste ; à l’aspect de sa cendre, on rappelait les lieux, les moments et les jours oh il avait fait des actions vertueuses ; on le remerciait de ce qu’il avait servi la patrie et les hommes ; on proposait son exemple à ceux qui avaient encore à vivre et à mourir.

967. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre IV. De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages » pp. 168-173

. — La troisième, toujours observée par les Romains, fut d’enlever l’épouse avec une feinte violence, pour rappeler la violence véritable avec laquelle les géants entraînèrent les premières femmes dans leurs cavernes.

968. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il suffit de se rappeler que M.  […] Rien ne rappelle moins, quoi que l’auteur en dise, le procédé shakespearien. […] Il n’est aucun de nous qui ne se rappelle s’y être adonné tour à tour avec la même spontanéité. […] Ceux qui l’ont vu durant les dernières années de sa vie, fatigué par l’âge et le labeur, se le rappellent comme un Titan vaincu. […] Plus d’un passage de ses livres rappelle, avec une sorte de coquetterie du péril affronté, cette épaulette et cette campagne.

969. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Je vais rappeler ici quelques traits de cette existence si curieuse. […] Il rappelle à la fois André Chénier et Alfred de Musset, non qu’il les réunisse tous deux en sa personne, mais il a quelques traits de l’un et de l’autre. […] Art nouveau qui rappelle ces figures égyptiennes à angles durs qu’on voit sur d’anciens monuments. […] Rappelons-nous l’accueil fait aux Contemplations et à la Légende des siècles. […] Mais rappelons-nous ce jour sinistre.

970. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Vous rappelez-vous, pour ne citer que les morts, l’éloquence et la conviction de ce grand Armand Carrel, lorsqu’il s’en va, la plume à la main, comme il tiendrait une épée, ameutant ces orgueils, ces vanités, ces colères impuissantes, et tout semblable au sanglier (dans cette chasse racontée par Virgile) qui, tout couvert de flèches acérées, tient tête aux chasseurs et les fait pâlir ? […] L’argument est si direct, que tout à l’heure, à se rappeler qu’il a été obligé de flatter M.  […] Même dans leur négligé, on sent que ces messieurs et ces dames se rappellent qu’ils sont à Versailles et qu’ils sont les hôtes du Roi. — C’est surtout, par ce genre de vérité et d’observations, que nous nous intéressons aux accessoires de la comédie, et non pas parce que vous aurez remplacé le gaz par les chandelles ! […] La scène change et représente (ici le Schiller anglais se rappelle à plaisir les descriptions du château d’Otrante) ! […] Bulwer aurait bien dû interroger le premier écolier venu ; celui-ci lui eût rappelé la conduite du roi, quand M. de Créqui, notre ambassadeur à Rome, fut insulté par la populace.

971. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Je dis avec prudence : ce n’est pas qu’il y eût eu un danger personnel à pousser mes investigations fort avant dans le Maroc, mais la moindre petite inconséquence pouvait amener une collision entre nous et les agents d’Abd-el-Kader, que nous avions en avant et en arrière, chose qui aurait mis à l’aise la diplomatie de M. le général de La Rue… » Le général de La Rue avait été, on se le rappelle, chargé d’une mission auprès de l’empereur du Maroc. […] Toutes les troupes de la garnison prendront les armes, et se formeront en bataille sur la place en avant du pavillon ; elles porteront les armes, et les tambours rappelleront. […] … Les médecins vous ont dit de quitter, aussitôt que la convalescence d’Horace30 le permettrait, les lieux dont l’insalubrité a rappelé la maladie dont il a tant souffert.

972. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Seul, il a le dépôt de la tradition et il sait la rappeler à propos : il peut même parfois oublier de la rappeler, s’il lui convient. […] Aucun chef d’État depuis Napoléon Ier, aucun ministre dirigeant, animé du souci des Lettres, n’ayant rappelé à l’Académie ce point de sa constitution, il est tout naturel qu’elle l’ait oublié et laissé tomber en désuétude.

973. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il prend à témoin de ces mille tracas dont il est assailli un autre Français exilé, Panjas : il a, à cette occasion, des sonnets qui sont de vrais tableaux de genre, et qui rappellent à leur manière les Satires de l’Arioste : Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps ? […] Cette image des trois poètes, comparés à trois cygnes arrangés flanc à flanc et exhalant leur âme dans leur chant suprême, m’a rappelé un beau passage du Génie du Christianisme, les deux cygnes de Chateaubriand. […] Pierre Ramus avait moins de chemin à faire pour rappeler le rameau d’or, et ainsi de suite.

974. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

En 1811, à Aulnay, dans cette Vallée-aux-Loups où il a écrit l’Itinéraire, Moïse, les Martyrs, près de ces arbres de tous les climats, qui lui rappellent les Florides ou la Syrie, et si petits encore qu’il leur donne de l’ombre quand il se place entre eux et le soleil, M. de Chateaubriand, au comble de sa gloire, au plus haut de la montagne de la vie, profitant des derniers jours de calme avant les orages politiques qu’il pressent, se retourne un matin vers le passé et commence la première page de ses Mémoires. […] Mais quand il vient à se rappeler que cette société, la première qu’il ait  remarquée, est aussi la première qui ait disparu à ses yeux ; quand il montre la mort dépeuplant par degrés cette maison heureuse, une chambre qui se ferme et puis une autre, et le quadrille de l’aïeule devenu impossible, faute des partners accoutumés, il touche alors à une corde de sensibilité intime dont ses Mémoires nous rendent plus d’un tendre soupir. […] Guéri, il était à Saint-Malo, près de passer aux Grandes-Indes, quand on le rappela pour un brevet de sous-lieutenant au régiment de Navarre.

975. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« On se rappelle les hésitations de Marius, ses palpitations, ses terreurs. […] Voilà du temps déjà, vous rappelez-vous le jour où vous m’avez regardé ? […] Mais, malgré l’étrangeté de cette invention du poète, cela touche, parce que cela est bon : ces pauvres enfants de la Thénardier, sans feu, sans pain et sans asile, rappellent ces couvées de petits chiens qu’on voit dans la cage des lions, réchauffés par la gueule du monstre.

976. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

L’intrigue romanesque, que Corneille avait exclue, est donc rappelée aussi, pour encadrer, mais surtout pour réveiller les langueurs de l’amour galant. […] Andromaque (nov. 1607) eut un succès qui rappela celui du Cid : dix autres chefs-d’œuvre, en dix ans, lui succédèrent414. […] Athalie est une vision d’une intensité étonnante : dans ce cadre grandiose du temple, devant ces chœurs, dont la voix, un peu maigre, rappelle à notre mémoire les fières beautés des psaumes hébraïques, Joad, si bien saisi dans son âpreté juive, dans sa puissance de haine et de malédiction, dans son absorption enfin du sentiment national par la passion religieuse, Joad est une figure biblique.

977. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Il faudrait commencer par ne plus écrire : « Le soleil, avec un poudroiement d’or, se mourait sur les champs tranquilles de solitude. » Et par ne pas dire : « Vous en rappelez-vous ? […] Et si l’on me reproche de citer les « têtes », il n’y a qu’à se rappeler le grand nombre d’oratoriens ayant jeté leur froc par-dessus la guillotine qui, à la Convention et en mission, se donnaient des airs de proconsuls. […] Paul-Hyacinthe Loyson « Je me rappelle de votre première démarche et j’aurais aimé à vous en causer de vive voix… » C’est à peu près en ce style qu’un homme de lettres français répondra à une enquête des Marges vers l’an de barbarie 1920.

978. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Cette modestie si difficile à observer me rappelle un mot de Diderot, parlant, en 1767, d’un « jeune poète appelé Chamfort, d’une figure très aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie, et la suffisance la mieux conditionnée. […] Il n’en parle jamais qu’en des termes qui marquent un attendrissement profond : Lorsque mon cœur a besoin d’attendrissement, je me rappelle la perte des amis que je n’ai plus, des femmes que la mort m’a ravies ; j’habite leur cercueil, j’envoie mon âme errer autour des leurs. […] Stahl-Hetzel ne pas craindre de me rappeler, pour faire l’agréable, qu’il y a eu un jour où, nommé professeur au Collège de France, il ne m’a pas été possible, de par les hommes de son opinion et ceux mêmes qui parlent si haut de liberté, de discourir librement des beautés et du génie de Virgile ; je m’étonne que M. 

979. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

La forme italienne de tournesol est girasole et l’espagnole, girasol : elles rappellent les trois mots grecs [mot en caractères grecs], [mot en caractères grecs], [mot en caractères grecs] dont le dernier désigne particulièrement le souci. […] Antoine Thomas rappelle fort à propos que de [mot à caractères grecs], chapeau, les Grecs avaient formé [mot à caractères grecs], jambon : « Ce serait un rapport inverse qui aurait fait baptiser, perna, bavolette, par les Gallo-Romains197. » Le mot latin gracilis 198 avait pris le sens de trompette au son grêle ou clair ; c’est exactement notre mot clairon. […] Ce toele nous rappelle que l’anglais tale (conter) a eu primitivement la signification de compter ; il l’a perdue en partie, quand le mot account est entré dans la langue ; mais account a gardé, en partie, un peu du sens de tale.

980. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Rappelez-vous ces vers qui expriment si bien la vie universelle et l’animation divine de la nature : Peut-être qu’en effet, dans l’immense étendue, Dans tout ce qui se meut une âme est répandue ; Que ces astres brillants sur nos têtes semés Sont des soleils vivants et des feux allumés ; Que l’océan frappant sa rive épouvantée Avec ses flots grondants roule une âme irritée ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Si les premiers vers rappellent par trop les vers de Louis Racine, les derniers contiennent d’heureuses formules de philosophie néoplatonicienne. […] On reconnaît la Profession de foi du vicaire savoyard mise en beaux vers, avec un accent qui rappelle les idées de Swedenborg sur le ciel intérieur à la conscience même, sur l’enfer également intérieur.

981. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

On se rappelle la suspension du Dr Pusey, dont nous avons parlé et qui souleva jusque dans la Chambre des Communes une indignation bientôt étouffée sous les cris d’une majorité fanatique. Qu’on se rappelle aussi le double procès de Ward et Oakeley. […] Peter Maurice examina — si une chose si violente peut s’appeler de ce nom si calme : examiner, — les principaux écrits puséystes, les Tracts en général, et en particulier ceux qui traitent de la succession apostolique, la lyra apostolica, enfin les idées admises de plus en plus par les anglo-catholiques sur le service divin, les cérémonies, les vêtements, etc., idées qui doivent rappeler bien douloureusement à un protestant comme Peter Maurice toutes les abominations de la Babylone écarlate.

982. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Ce sentiment que j’éprouve, que je déclare ingénument ici, est une nouvelle preuve de l’utilité des cours publics dont je vous rappelais l’importance. […] qui se prévaudrait du talent propre à tout animer, à tout rajeunir, à tout revivifier par une chaleur subtile et constante, et d’un savoir suffisant à ne rien omettre d’important ou de curieux, que l’auditoire ait besoin d’apprendre ou de se rappeler ? […] Enfin cet écrivain plaisant, ce comédien enjoué, ce père du rire et de la franche gaîté, dont le seul nom rappelle tant de productions amusantes, tant d’ingénieuses facéties, fut, dit-on, un caractère réfléchi, sévère et mélancolique. […] Cela ne vous rappelle-t-il pas soudain la rapidité du vol de Mercure, le messager des dieux ? […] Tout doux, attendez : ne vous rappelez-vous pas que le calcul des conditions de la tragédie s’élevait à vingt-six ?

983. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Bergerat a rappelé à ce sujet la boutade triste qu’il avait empruntée à Claudius Popelin, et qu’il aimait à répéter : « Rien ne sert à rien ! […] Et pour corroborer leur affirmation, MM. de Goncourt rappellent autre part un fait personnel assez curieux en soi, mais intéressant surtout pour l’étude psychologique de cette âme géminée. […] Émile Zola, nous pouvons penser que Gustave Flaubert n’ignorait rien des théories que nous venons de rappeler, qu’il les possédait au contraire dès son plus jeune âge, et qu’il a toujours dû s’efforcer, ne fût-ce que par respect pour ses idoles, d’en faire l’application. […] Il n’est ni sarcastique, ni amer, ni désenchanté, ni rien qui rappelle, de près ou de loin, le trouble moral où a vécu notre temps. […] Faut-il rappeler, vers 1830, le groupe tapageur et ultra-romantique qui s’intitula les Jeune-France, et qui doit de n’être pas tout à fait ignoré aujourd’hui plutôt à ses excentricités naïves qu’au mérite de ses productions ?

984. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

J’ai la conviction que c’était bien la première fois, tant je me rappelle nettement mon amusement extrême et ma joie étonnée. […] Il me rappelle des années bénies. […] — de me rappeler mon âge par une vulgaire, maladroite et haïssable bienveillance. […] » Il paraît que la force physique du Tsar est prodigieuse et rappelle celle de Pierre le Grand. […] Il n’avait qu’à regarder la noble figure de son père pour se rappeler la France envahie, le moulin de Valmy, la plaine de Jemmapes, l’ennemi arrêté.

985. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Le consolateur n’est qu’un importun qui vient rappeler l’humidité dans des yeux secs. […] Rienfaiteur, si tu m’humilies, tu entendras de moi le discours du citoyen sauvé de la proscription des triumvirs par un ami de César, qui lui rappelait trop souvent ce bienfait. […] Peut-on quelquefois rappeler le service qu’on a rendu ? […] — Si je me le rappelle ? […] ce dernier entretien, si capable de déchirer une âme, vous vous le rappelez.

986. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

On se rappelle avec quel soin M.  […] On se rappelle ces vers de Victor Hugo : Oh ! […] Je me rappelle encore l’émotion pénétrante que j’éprouvai, tout enfant, en respirant pour la première fois un lis. […] Leurs figures mêmes rappellent parfois les premières ébauches tentées par l’imagination de la nature, les mammouths et les plésiosaures. […] Rappelons que V. 

987. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Une personne, qui n’en est aux Souvenirs qu’autant qu’elle le veut bien, vient de nous introduire dans des scènes et parmi un monde plus rapproché, mais qui déjà a besoin qu’on le rappelle.

988. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Nous nous y reconnaissons toujours, et nous ne savons ce que chaque lambeau, chaque signe rappellent.

989. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

J’ai aimé certains passages qui me rappelaient des vers — plus arrêtés et plus nets — de nos poètes à nous, de Baudelaire très souvent, quelquefois de Sully Prudhomme.

990. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Ils m’avaient rappelé aussi

991. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

Paul Léautaud Achevée depuis si peu de temps, la vie de Georges Rodenbach n’a pas besoin d’être rappelée longuement.

992. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Que ceux qui osent occuper la Scène de leurs Productions, se rappellent que Regnard n’a chaussé le Brodequin, qu’après s’être formé sur Moliere ; que les Pieces qui ont été le plus généralement applaudies, n’ont mérité leur succès, que parce qu’elles retraçoient quelques foibles étincelles de son génie.

993. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Il n’est pas surprenant que la posterité les mette au rang de ces mémoires satyriques, qui sont curieux uniquement par les faits qu’ils apprennent ou par les circonstances des faits qu’ils rappellent.

994. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Passons-lui donc d’avoir présenté la force comme la mesure de la grandeur des dieux ; laissons Jupiter démontrer, par la force avec laquelle il enlèverait la grande chaîne de la fable, qu’il est le roi des dieux et des hommes ; laissons Diomède, secondé par Minerve, blesser Vénus et Mars ; la chose n’a rien d’invraisemblable dans un pareil système ; laissons Minerve, dans le combat des dieux, dépouiller Vénus et frapper Mars d’un coup de pierre, ce qui peut faire juger si elle était la déesse de la philosophie dans la croyance vulgaire ; passons encore au poète de nous avoir rappelé fidèlement l’usage d’empoisonner les flèches 83, comme le fait le héros de l’Odyssée, qui va exprès à Éphyre pour y trouver des herbes vénéneuses ; l’usage enfin de ne point ensevelir les ennemis tués dans les combats, mais de les laisser pour être la pâture des chiens et des vautours.

995. (1885) L’Art romantique

Méryon rappelle ce qu’il y a de meilleur dans les anciens aquafortistes. […] Je me rappelle très distinctement que cette dame était habillée de velours et de fourrure. […] Rappelons-nous les dernières années de la monarchie. […] Cinq ans, dix ans, peu importe, je ne me rappelle pas les chiffres du poëte. […] Je me rappelle avoir entendu dire à un artiste farceur qui avait reçu une pièce de monnaie fausse : Je la garde pour un pauvre.

996. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Que ceux qui en doutent encore se rappellent la belle et amère prière qui sortit de vos lèvres déjà glacées par la mort : « Ô mon bon Horatio ! […] Rappelez-vous le premier mot prononcé, dans le second Faust, par le petit homme que le famulus Wagner vient de fabriquer avec ses cornues. […] J’éprouve quelque embarras à rappeler la suite d’une vie si connue. […] Elle se rappelle avec plaisir « un ouvrage intéressant sur Confucius ». […] mais ils en rappellent quelque peu le ton grave et la façon didactique.

997. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

rappellerai-je qu’elle est comme impliquée dans l’étymologie même du nom de la critique ? […] Mais est-ce que cette autre page, au moins, ne valait pas la peine d’être rappelée ? […] Je ne me rappelle pas en avoir trouvé trace dans l’article de M.  […] Ai-je besoin de rappeler ici tant de poèmes qui sont dans toutes les mémoires ? […] Zola, si l’on se le rappelle, avec son Assommoir.

998. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

On est tenté de se méprendre, et pour entendre ce passage, on a besoin de se rappeler que, dans une société aristocratique et marchande, sous le culte de l’argent et l’adoration du rang, le talent pauvre et roturier est traité comme le méritent sa roture et sa pauvreté1352. […] Quant à Diddlof, tout était fini pour lui ; il fut rappelé à Saint-Pétersbourg, et sir Roderick Murchison le vit, sous le nº 3967, travaillant aux mines de l’Oural1353. […] Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation. On a besoin aussi de se rappeler que ce talent, fondé sur la réflexion intense et concentré dans les préoccupations morales, a dû transformer la peinture des mœurs en satire systématique et militante, exaspérer la satire jusqu’à l’animosité calculée et implacable, noircir la nature humaine, et s’acharner, avec une haine choisie, redoublée et naturelle, contre le vice principal de son pays et de son temps. […] Jusqu’à la dernière heure de sa vie, Esmond se rappellera les regards et la voix de la dame, les bagues de ses belles mains, jusqu’au parfum de sa robe, le rayonnement de ses yeux éclairés par la bonté et la surprise, un sourire épanoui sur ses lèvres, et le soleil faisant autour de ses cheveux une auréole d’or… Il semblait, dans la pensée de l’enfant, qu’il y eût dans chaque geste et dans chaque regard de cette belle créature une douceur angélique, une lumière de bonté.

999. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Je me rappelle cette anecdote. […] Je me trouvais avoir couché dans une localité inconnue de la banlieue, et j’avais besoin le matin d’assister à un enterrement à Paris, — c’était sans doute la préoccupation de l’enterrement de Banville. — En descendant l’escalier, pendant que je me demandais, où je pourrais trouver une voiture, je me rappelais qu’il me semblait avoir vu le bas de la maison occupé par un loueur. […] Vous voyez la stupéfaction du malheureux devant la grosse pièce d’argent trouvée dans le papier, et son interrogation de la maison noire et silencieuse, et les coups de casquette saluant au hasard les fenêtres, et son décampement, sa subite disparition dans le premier chemin venu, de peur qu’on ne se soit trompé et qu’on ne le rappelle. […] Et je continuai mon ascension, le regard attiré sur les murs, par de petites bandes rousses, effrangées comme de la charpie dans des cadres, par des morceaux de papyrus brûlés par le naphte de l’embaumement, qui me rappelaient à la fois des scories de manuscrits de Pompéi, conservées dans les armoires du Musée de Naples, et les folioles noirâtres de l’état civil de Paris, me pleuvant sur la tête, le 24 mai 1871, lors de ma rentrée dans ma maison d’Auteuil. […] En cet instant, il vit un tel bouleversement sur les traits du banquier, que rappelé au sang-froid, il lui dit : « Oh !

1000. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — De plus, toutes nos sensations un peu étranges ou vives, notamment celles de plaisir ou de douleur, l’évoquent, et souvent nous oublions presque complètement et pendant un temps assez long le monde extérieur, pour nous rappeler un morceau agréable ou intéressant de notre vie, pour imaginer et espérer quelque grand bonheur, pour observer à distance, dans le passé ou dans l’avenir, une série de nos émotions. — Mais ce nous-mêmes, auquel, par un retour perpétuel, nous rattachons chacun de nos événements incessants, est beaucoup plus étendu que chacun d’eux. […] Car tout le détail et toute la durée des sensations intermédiaires se retrouveraient dans les images qui nous conduiraient en arrière jusqu’à cet événement ; il nous faudrait donc vingt-quatre heures pour nous rappeler une sensation de la veille. À cela la nature a remédié par l’effacement que subissent les images66 et par la propriété qu’ont certaines images éminentes d’être les substituts abréviatifs du groupe où elles sont incluses. — Par exemple, ce matin, je suis allé dans telle rue et dans telle maison ; en ce moment, si je rappelle cette promenade, quantité de détails manquent ; beaucoup des sensations que j’ai eues ne renaissent plus. […] À ce moment, je m’aperçois que l’auteur est debout devant moi, et je me sens obligé de louer tout haut la beauté de l’œuvre ; je tourne les pages, et les paysages me semblent de plus en plus mauvais, et tout d’un coup je me rappelle que l’année précédente j’ai eu déjà l’album entre les mains ; que même j’en ai parlé dans un journal ; que mon article, très peu louangeur, était de trente ou quarante lignes à la troisième colonne de la deuxième page ; devant ce souvenir, je me trouvai si penaud que je m’éveillai.

1001. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Cette apostrophe rappelle les pages les plus lyriques des philosophes modernes ; Rousseau y a puisé certainement ses mouvements d’âme qui chantent au lieu de parler. […] « Enfin, Aristote et Théophraste, hommes supérieurs par leur pénétration et leur fécondité, ayant joint les préceptes de l’éloquence à ceux de la philosophie, je dois rappeler ici, à leur exemple, mes écrits sur l’art oratoire, c’est-à-dire les trois Dialogues, le Brutus et l’Orateur. […] Jamais, je vous en atteste, le souvenir de l’excellent ami, de l’invincible héros qui a illustré le nom des Scipions, ne quitte un instant mon esprit… « Je m’informai ensuite de son royaume, il me parla de notre république, et la journée entière s’écoula dans un entretien sans cesse renaissant… « Après un repas d’une magnificence royale, nous conversâmes encore jusque fort avant dans la nuit ; le vieux roi ne parlait que de Scipion l’Africain, dont il rappelait toutes les actions et même les paroles. […] Caton montre à ses jeunes amis que toutes les grandes âmes ont pressenti l’immortalité, et n’ont vu la véritable vie qu’au-delà du tombeau. » Il rappelle les arguments des philosophes socratiques, et toutes les meilleures preuves qui, dans les temps anciens, s’étaient offertes à la raison pour établir la sublime vérité enseignée par Platon et par son divin maître.

1002. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« Le cardinal tuteur, voyant que, par suite de ce trépas, notre mère en voulait toujours au collège d’Urbino, nous rappela, mon frère André et moi, pour nous placer dans le collège Nazaréen à Rome, tenu, lui aussi, par les Scolopii. […] Au mois de juin 1784, — si je ne me trompe, car je ne me rappelle pas très bien, — ou dans le mois d’août au plus tard, je devins prélat domestique. […] Du reste, des considérations personnelles interdisaient aux cardinaux de le rappeler ; ces mêmes considérations l’empêchaient de s’offrir de lui-même. […] Il se transporta donc chez le cardinal Braschi, et, dans un discours étudié, il lui rappela d’abord l’excessive longueur du conclave, aussi scandaleuse pour les fidèles que pénible à l’Église ; les inutiles épreuves tentées pour l’élection des cardinaux des deux partis ; l’urgence de terminer enfin et d’accorder à l’Église un chef alors si nécessaire.

1003. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

À l’âge de près de soixante ans, il rédigea pour les novices une suite de sermons connus de Scott, où rien ne rappelle l’inimitable onction de l’auteur de l’Imitation ; il continua ainsi jusqu’à l’âge de soixante-dix ans, où la mort le cueillit dans sa sainteté. […] Celui pour qui une seule chose est tout, qui rappelle tout à cette unique chose, et voit tout en elle, ne sera point ébranlé, et son cœur demeurera dans la paix de Dieu. […] XV De l’avantage de l’adversité Il nous est bon d’avoir quelquefois des peines et des traverses, parce que souvent elles rappellent l’homme à son cœur, et lui font sentir qu’il est en exil, et qu’il ne doit mettre son espérance en aucune chose du monde. […] Rappelez-vous vos péchés avec une grande douleur et un profond regret ; et ne pensez jamais être quelque chose, à cause du bien que vous faites.

1004. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Je me rappelle même, non sans sourire, une circonstance étrange, qui montre à quel point le zèle religieux exalte le prosélytisme du cœur. […] Il voyait tout en sombre et rappelait plus les Nuits d’Young que la sérénité calme de sa patrie. […] Il n’attendit pas ma demande pour me nommer à Florence auprès du marquis de La Maisonfort, et destiné à le remplacer en chef aussitôt que les convenances permettraient de rappeler ce ministre. […] La nature flamande de sa carnation rappelait les portraits de Rubens plus que ceux des belles Italiennes du moyen âge ; son corps s’était alourdi par la chair ; ses joues, encore fraîches, donnaient trop de largeur à sa figure ; mais l’éclat tempéré de ses beaux yeux bleus et le sourire très affectueux de ses lèvres faisaient souvenir de l’attrait qu’ils devaient avoir à quinze ans.

1005. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Mais cette poésie, il faut un maître pour l’extraire de là, belle, vivante et vraie tout à la fois ; sans quoi vous aurez ou bien une Estelle à liserés, qui ne rappelle que romances et fadeurs, ou bien une vilaine créature, qui ne remue que d’ignobles souvenirs. […] Töpffer se rappelle en ces moments et rassemble dans son impression grandiose le sentiment de l’antique Sinaï, les ressouvenirs des Prophètes, tout ce qu’il y a de plus présent et de plus parlant à l’homme dans la tradition ; et c’est ainsi qu’il anime encore ces apparitions gigantesques de l’éblouissante et froide nature, tandis que ceux qui, comme Senancour, autre grand paysagiste aussi, n’y voient que le couronnement et le témoignage subsistant des forces aveugles, n’en retirent jusque dans leur admiration rien que de morne, de consternant et de désolé.

1006. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Rappelons-nous toutefois, en lisant ces vieux auteurs peu accoutumés aux lettres et à ce mode d’expression par l’écriture, que nous n’avons que des signes incomplets de leur force même d’esprit et de leurs ressources en ce genre. […] Et puis, outre cette culture du millet qu’on a rappelée spirituellement, il y a, ne l’oublions pas, à compter aussi cette autre semence invisible et légère qu’on appelle la gloire, qui n’est point aussi vaine qu’on le croirait, qui étouffe et chasse des cœurs les tièdes mollesses, les empêche à temps de se corrompre, et qui, impérissable par essence, s’entretient dans les âmes et les races généreuses à travers les siècles86.

1007. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Saint-Simon rappelle le mot de La Bruyère et en donne hautement la clef, si on l’avait pu ignorer : C’était un plaisir, dit-il, de voir avec quel enchantement Dangeau se pavanait en portant le deuil des parents de sa femme et en débitait les grandeurs. […] Mais en ce qui est du journal, ce qui amusait véritablement Mme de Maintenon (elle le dit et ce devait être, elle flatte peu, même ses amis), ce qui lui rappelait ce qu’elle avait oublié et qui l’obligeait parfois à rectifier quelques-uns de ses souvenirs, n’est-ce donc rien pour nous, et ne devons-nous pas savoir gré à celui qui nous met à même d’avoir comme vécu à notre tour en ce temps-là ?

1008. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Hippolyte Morvonnais, un poète breton de ses amis, vers élevés de douce inspiration et de ferme structure, mais qui rappellent un peu trop Victor Hugo dans ses Feuilles d’Automne. […] Son centaure, vieilli et contristé, déclare au visiteur humain qui le consulte que, pour être allé avec tant d’ivresse et de fougue et avoir tant pressé et tourmenté l’immense nature, il n’a pas surpris le grand secret et n’a rien arraché à la nuit des origines ; qu’il a senti seulement le souffle errer, sans saisir le sens ni les paroles, et que l’incompréhensible est pour lui le dernier mot comme le premier. — Mais je n’ai pas à analyser ici les productions de Guérin ; il me suffit d’en rappeler l’idée et d’en provoquer le réveil : ses œuvres complètes, on nous l’annonce enfin, vont paraître, prose et vers, lettres et fragments d’art, grâce aux soins des mêmes amis qui se sont voués à l’honneur de son nom et à la conservation de sa mémoire.

1009. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Les journaux de Paris vous auront quelquefois rappelé mon nom, en m’érigeant bien gratuitement en hérésiarque littéraire. […] De Brosses eût été moins effrayé en entrant dans la galerie de La Grange et chez un hôte qui lui eût rappelé les goûts et les entretiens mitigés de son ami le président Bouhier.

1010. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Nous avons à rappeler l’idée même et le sujet de l’important travail qu’il vient de mener à fin. […] Heureux défaut, et qui rappelle encore, par une sorte de marque héréditaire, la suite des ancêtres !

1011. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Je me rappelle encore, et bien d’autres avec moi, cette administration si féconde, si utile et si paternelle de M.  […] Et pour revenir à notre objet d’aujourd’hui, à la lecture d’un des Évangiles, je rappellerai l’excellente remarque de Pascal jugeant des paroles et discours de Jésus : « Jésus-Christ a dit les choses grandes si simplement qu’il semble qu’il ne les a pas pensées ; et si nettement néanmoins, qu’on voit bien ce qu’il en pensait.

1012. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

C’est la situation de plus d’une fille d’Ève, carthaginoise ou non ; c’était un peu celle de Mme Bovary au début, les jours où elle s’ennuyait trop et où elle s’en allait solitaire à la hêtrée de Banneville : « Il lui arrivait parfois des rafales de vent, des brises de la mer qui, roulant d’un bond sur tout le plateau du pays de Caux, apportaient jusqu’au loin dans les champs une fraîcheur salée… » On se rappelle ce charmant passage. […] Spendius, cependant, a un peu rappelé Mâtho à la raison ; celui-ci se remet à commander les troupes et à les faire manœuvrer dans l’attente d’une action.

1013. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Est-ce donc à eux qu’il faut rappeler que l’Institut et le bruit des rues ne vont pas ensemble ? […] Que de courses archéologiques je me rappelle et à Paris et hors de Paris, à l’abbaye de Saint-Denis, à l’église de Sarcelles, à Écouen, ou tout simplement au réfectoire de Saint-Martin des Champs, en la compagnie de ces savants hommes ; que d’occasions de bien savoir et d’apprendre, dont j’ai trop peu profité !

1014. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Tous ses autres ouvrages montrent à quel point il était un bel esprit ; Don Quichotte, en les dépassant si fort, et en leur ressemblant si peu, nous rappelle pourtant, par bien des endroits, qu’il est du même auteur. […] Ce pauvre Don Quichotte, répétant les exploits des anciens chevaliers avec une si parfaite bonne foi et une candeur si unique, donne jour à une telle variété de rencontres et d’aventures, — l’écuyer Sancho, dès la seconde sortie, accompagne et double si grotesquement son maître, avec ce perpétuel contraste de demi-bon sens et de demi-bêtise qui ne feront que s’accroître et se solidifier en avançant, — l’auteur, par des stations ménagées à propos, sait si naturellement entremêler d’autres récits et nous intéresser, chemin faisant, par les côtés passionnés et romanesques de notre nature, — il profite si justement et avec une si légitime hardiesse des instants lucides de son héros qui n’extravague que sur un point, pour le faire noblement et fermement discourir des matières que lui-même avait le plus à cœur de traiter, — tout cet ensemble vit, marche, se déduit si aisément, d’un cours si large, si abondant, et avec une telle richesse de développements imprévus et d’embranchements inépuisables, qu’on est bien réellement en plein monde, en plein spectacle, en plein air sous le ciel, qu’on nage dans un courant de curiosité humaine de tous côtés excitée et satisfaite, et que rien ne sent ni ne rappelle l’application critique et satirique née dans le cabinet.

1015. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

On craint toujours, par un titre présomptueux, de rappeler Bossuet pour ce célèbre Discours sur l’Histoire universelle, et l’on a raison si l’on songe à la grandeur du talent déployé et à l’élévation du monument. […] Les lettrés qui se rappellent ce que dit Florus sur César, vainqueur à Munda, ou Velléius sur Cicéron, sont frappés de la différence.

1016. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Monselet (car ici je l’appellerai monsieur), a donc voulu réhabiliter Fréron ; il n’est pas le premier qui l’ait tenté ; je me rappelle, il y a bien des années, avoir entendu là-dessus, à l’Athénée, une leçon de notre ami Jules Janin qui fit précisément la même tentative. […] C’est plus prosaïque que Baudelaire, lequel peint sur émail (se rappeler le Vieux saltimbanque, les Petites vieilles, le Café neuf ou les Yeux des pauvres) ; c’est moins cherché aussi.

1017. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Je l’avais vu arriver de Rennes à Paris, vers 1830, avec son compatriote et camarade Hippolyte Lucas, et je me rappelle encore la visite que je leur fis à tous deux dans l’hôtel où ils avaient débarqué à un coin de la rue Saint-Honoré. […] Luzel rappelle une jolie pièce de M. 

1018. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Je blesse sans doute votre modestie, mais c’est un amour-propre poussé à l’excès qui m’entraîne à faire l’éloge de mon discernement. » Rappelé brusquement du Nord par la maladie et la mort de sa mère, le comte de Gisors reparaissait dans le monde de Paris et de Versailles avec une éducation achevée. […] Pour moi, il me rappelle exactement, dans l’exemple moderne le plus analogue, ce Pallas, fils d’Évandre, tué à son premier combat et qui, après avoir quitté son vieux père pour apprendre la guerre sous Énée, lui est ramené dans une pompe solennelle et touchante : …..Quem non virtutis egentem Abstulit atra dies et funere mersit acerbo.

1019. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Dupin, j’aime à me rappeler un mot qui aurait semblé parfait, s’il avait été moins accompagné : « Vous avez fait comme nous, monsieur, vous avez commencé. » — Cependant les temps étaient devenus meilleurs ; la société entière renaissait. […] Ceci me rappelle une lettre de Pline le Jeune (liv. 

1020. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

. — Les personnages du drame, vivant de la vie réelle comme tout le monde, doivent en rappeler à chaque instant les détails et les habitudes. […] Comment ne s’est-il pas rappelé que le style de Corneille, en bien des endroits pathétiques, ne diffère pas essentiellement de celui de Molière ?

1021. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Et surtout il a rappelé notre théâtre, qui se perdait dans l’insignifiance dégoûtante ou féroce, dans la « rosserie » plate ou grimaçante, il l’a rappelé au souci des idées, à l’expression de la lutte des volontés affirmant leurs diverses conceptions de la vie ou du bien.

1022. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Rappelez-vous aussi le petit croquis plus discret et non moins réjouissant de Mlle Alice Lavigne : Est-ce du talent ? […] Depuis, nous sommes revenus à une grossièreté de sens moral qui rappelle le XVIIe siècle et même la vieillesse de ce siècle, plus brutal et plus cru avec Dancourt, Le Sage et même Regnard, qu’il ne l’avait été en sa verdeur avec Molière et La Fontaine.

1023. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Vous rappelez-vous les Deux auberges80, l’une neuve, bruyante et bien achalandée, l’autre déserte et misérable ; et la maîtresse de cette pauvre bicoque pleurant toute seule et perdant la tête, quand par hasard un client entre chez elle, tandis que son mari chante et boit dans l’auberge d’en face chez la belle Arlésienne. […] Vous rappelez-vous ?

1024. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

(La délicatesse de nos Comédiens officiels a supprimé, je ne sais pourquoi, les vers où cette incongruité est rappelée.) […] La puce de Tartuffe lui rappelait celle de saint Macaire : « Si comme Machaire eut tué une puce qui le poignait, il en issit moult de sang ; il se reprit qu’il avait vengé sa propre injure, et demeura six mois tout nud au désert, et en issit tout dérompu des mouches et d’autres bêtes. » Traduction du frère Jehan de Vignay, 1496.)

1025. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

D’ailleurs, ces amoureux, qui s’en vont de Paris à Vincennes, ne laissent rien derrière eux qui les rappelle, pas un parent, pas un regret. […] rappelez-vous ce que vous lisiez l’autre jour à propos de la comédie de Mercadet.

1026. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Rappelons-nous, encore une fois, pour ne pas les imiter, ces hommes d’esprit que nous avons connus dans notre jeunesse et qui nous paraissaient plus ou moins d’un autre âge : ils avaient cessé de prendre la société de droit fil ; ils avaient contracté leur pli à une certaine date restée pour eux mémorable bien plus que pour nous. […] Je leur rappelle donc, pour qu’ils s’en méfient, ce qu’ils savent aussi bien que moi : De toutes les dispositions de l’esprit, l’ironie est la moins intelligente.

1027. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Mais une idée de vérité le domine, du Symbole : quoique dans les poèmes détachés, les quelques sonnets surtout dernièrement parus et faits spécialement pour l’évidence de cette idée, elle n’apparaisse que comme jeu singulier et un peu puéril et faux (rappelons-nous tels sonnets descriptifs d’une console, d’un lit, etc., où tout l’effort du poète tendit à décrire sans les nommer ces meubles !) […]   Et, le poème est certes une instrumentation véritable : avec, élus par l’importance des idées directrices, son leit-motiv, et ses motifs secondaires, passant et repassant, rappelés entiers ou fragmentés, en les mêmes ou diverses mesures, etc… C’est un poème un : et cette instrumentation et cet ordre grandissent du poème au livre, du livre aux livres et à l’Œuvre entière : c’est ainsi l’Œuvre-une voulue, tant par la pensée que par l’expression.

1028. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

On pourra même découvrir à l’examen d’une œuvre quelle est la qualité des choses que son auteur s’assimile et se rappelle. […] Il convient de rappeler à ce propos que les analyses esthopsychologiques que nous recommandons, seront appelées à trancher la question pendante des rapports de la folie avec le génie.

1029. (1887) La banqueroute du naturalisme

Francisque Sarcey nous rappelait l’autre jour ; et, combien il avait raison, c’est ce que les journaux nous prouvaient à l’envi l’un de l’autre, à commencer par le Figaro. […] Et il peut plaire à quelques-uns de l’oublier aujourd’hui, mais il nous plaît, à nous, de le leur rappeler.

1030. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Bien avant cette grande irruption du Nord, Tacite avait rappelé l’instinct poétique des Germains autant que leur courage, le belliqueux bardit dont ils s’inspiraient, en marchant au combat, leurs hymnes à leurs dieux, leurs chants à l’honneur d’Arminius. […] Il suffit de rappeler cette monodie de Shirley, dans son Ajax furieux : « Les gloires de notre vie mortelle sont des ombres, non des réalités ; il n’y a pas d’armure à l’épreuve du destin.

1031. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Il ne s’est jamais rappelé au juste comment il avait fait pour se procurer un Ronsard, mais il se le procura. […] Oui, je le crois, nous pouvons ne pas nous rappeler que l’incomparable poète-musicien fut le misérable insulteur de nos défaites et de nos gloires. […] Je me rappelle même à cette occasion un quiproquo assez plaisant. […] Je me rappelle encore toutes les gausseries qu’on faisait alors sur ces soirées dans le salon de Leconte de Lisle. […] Nous nous rappelons avec reconnaissance l’hospitalière maison de cette aimable femme qui était la mère de l’un de nos chers amis, et qui faisait chanter les violons pour les joueurs de lyre.

1032. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Nous (la Revue suisse) n’avons pas à le juger politiquement ; mais, à entendre dans cette bouche éloquente ce torrent de magnifiques paroles en sens tout contraire au courant d’hier, nous nous sommes rappelé involontairement ces vers d’Homère (Hiade, XX, c’est Énée qui parle) : « La langue des hommes est flexible, et elle a toutes sortes de discours — de toutes les couleurs, — et le pâturage des paroles s’étend çà et là. » Le noble Pégase a déjà parcouru en bien des sens le pâturage immense, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, depuis le jour où d’un coup de son ongle sonore il faisait jaillir au début l’ode sur le duc de Bordeaux : Il est né l’Enfant du miracle.

1033. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

. — Victor Hugo a trouvé d’éloquentes paroles sur la tombe de son rival, et lui-même il a eu le droit de rappeler avec sentiment le coup qui venait de le frapper30.

1034. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Boissy-d’Anglas, a depuis longtemps rappelé les titres littéraires et politiques de son ami, et l’a presque confondu avec Malesherbes dans le même culte pieux qu’il leur rend.

1035. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Toujours fidèle à l’à-propos, M. de Ségur rappelle, au sujet de M. de Calonne, ancienne créature du duc d’Aiguillon, l’affaire La Chalotais et l’opinion publique qui en poursuivait encore les auteurs.

1036. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Voici donc le stratagème puéril qu’il tenta et qui lui réussit ; c’est à M. de Ségur qu’on en doit la révélation piquante :« Le roi, par sympathie de vertu et de bonté, aimait personnellement M. de Malesherbes, ministre d’État qu’il venait de rappeler au Conseil.

1037. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Cent ans au moins devaient encore s’écouler avant que le nom de leur obscur sujet, devenu dieu, revînt dans ces contrées éloignées rappeler sur leurs tombeaux le meurtre de Jean-Baptiste.

1038. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

Ce nom rappellera toujours le souvenir du Pere de nos Tragédies, & du plus étonnant de nos Poëtes.

1039. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Pour peu qu’on ait lu le Pastor fido, il n’est personne qui ne se rappelle la belle scène d’Amarillis dans l’acte troisième.

1040. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre deuxième. »

Ce vers rappelle celui de Virgile (Géorg. liv. 3) : Pascitur in magnâ silvâ formosa juvenca .

1041. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

par une circonstance rappelée du lit nuptial !

1042. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

L’état où il le revoit ne peut lui rappeler sa destinée ; il demande au fils de Priam d’où lui viennent ses blessures , et il vous a dit qu’ on l’a vu ainsi le jour qu’il fut traîné autour d’Ilion .

1043. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

— qui, par les flexibilités de son cou et l’ondulation de ses mouvements, rappelle le plus ce serpent auquel l’a comparé Joubert.

1044. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Il a conçu son livre comme une épopée, dont chaque satire serait un chant qui en varierait et en rappellerait l’unité.

1045. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Il s’est rappelé, pour le mettre en action, le mot profond du moraliste : « Tout ce qu’on ne dit pas n’en existe pas moins, et tout ce qui est se devine. » Clément (l’assassin du Pont-Rouge) vit avec le renard du Lacédémonien qui lui mange le ventre, et toute sa vie se passe à bien boulonner son gilet de piqué blanc par-dessus.

1046. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Il leur remettait un petit paquet, et surtout sa visite rappelait les jours heureux, les scènes de la vie de famille.

1047. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Addition au second livre. Explication historique de la Mythologie » pp. 389-392

Entre les avantages de la haute fortune dont il est déchu, Job rappelle qu’il mangeait du pain de froment.

1048. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et, comme il n’a point l’esprit occupé à d’autres pensées, le rêveur se rappelle d’enfantines journées évanouies. […] Leur mélodie a des emportements qui rappellent des phrases juvéniles de Beethoven. […] Combien de vieux souvenirs ils m’ont rappelés, et de vieux rêves ! […] On se rappelle avec quel mépris il a traité le malheureux Beethoven, qui toute sa vie l’a vénéré comme un dieu. […] J’ai célébré cette date en songeant à elle ; et je me suis rappelé l’anecdote de la princesse Marysia.

1049. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

La mort qui nous assiège et nous déjoue sous toutes les formes s’est chargée, en sa personne, de nous rappeler une fois de plus le néant des efforts et des projets humains, là même où ils semblaient les plus modestes, les mieux soutenus et les plus sagement concertés. […] Au soin qu’il prend, à l’importance et à l’insistance qu’il y met, Gandar nous rappelle un autre élève de l’École normale, un très estimable transfuge : avec plus d’élévation et de choix, mais non pas avec plus de conscience, Gandar est le Sarcey de la chaire165. […] Quand paraissait ce volume des Lettres d’Eugénie de Guérin (1862), Gandar, qui en soigna de près le texte et l’impression168, était déjà rappelé à Paris depuis un an. […] Il le rappelait assez ingénument lorsque, présentant le premier de ces deux volumes au concours de l’Académie et ayant cru devoir faire visite à quelques-uns de ses juges, il écrivait : « (31 décembre 1866.)… J’ai profité de l’intervalle de mes leçons pour aller frapper aux portes ; mais Bossuet m’a jusqu’à présent porté bonheur. […] Je me rappelle encore son opinion si nettement exprimée et un peu sévère.

1050. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

* * * — Je ne me rappelle plus ce que me racontait aujourd’hui ma maîtresse, mais j’ai attrapé au milieu de son récit, se passant je ne sais où, cette réjouissante phrase : « Je me serais trouvée mal, si j’avais osé !  […] bien, s’écria le libraire, vous nous nourrissiez bien mal… Je me rappelle une pauvre vache, que nous avons tuée dans la campagne ! […] Des os si bien rangés, qu’ils rappellent les caves de Bercy. […] À propos de cette lumière, de cette espèce de gloire entourant la Mercier, et la faisant nager dans un rayonnement, je me demandais, — cela me rappelle tellement les effets de Rembrandt ; — je me demandais si Rembrandt usait de la bête d’habitude de faire poser ses modèles dans un atelier éclairé par la lumière du nord, ainsi que tous nos peintres. […] Son roman sur le nez, vous savez, c’est une épigramme de Voltaire, vous vous rappelez ça… Si, si, je vous assure que Lamartine a de l’esprit.

1051. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Charles-Edmond, — s’écrie-t-il, — vous rappelez-vous les heures passées près de ce temple, dans cette enceinte, occupée par des cordiers… Ah ! […] Pris de mélancolie, j’examine le cabinet, et je me rappelle que mon frère y est venu dîner, l’année de sa mort, et que très souffrant, il s’était couché à la fin du dîner, sur le canapé, dans un tel navrement, que toute la gaieté de mon petit cousin s’en était allé. […] Je me rappelais, en les maniant, un sabre que j’ai vu dernièrement. […] « Un autre jour, un autre mot vint… malheureusement je ne me le rappelle plus… non je ne me le rappelle plus.

1052. (1925) La fin de l’art

À chaque pas, dans les quartiers un peu anciens, s’élevait une maison sculptée ; le boulevard Sébastopol et les nouvelles rues voisines ont arraché de vieux hôtels dont plus d’un rappelait celui de Jacques Cœur, à Bourges. […] On se rappelle avec quelle habileté il opéra, à Torre del Greco, l’« accroissement » d’une fiole de mercure en l’amalgamant tout simplement avec du bismuth. […] Ellis Barker rappelle que la veille de Noël, en 1814, dans l’antique couvent des Chartreux de la vieille cité de Ghent, le traité de paix fut signé entre l’Angleterre et les États-Unis. » Où pouvait bien se trouver cette vieille cité ? […] Mais on vient de récompenser le recueil choisi de ses œuvres et voici une occasion, plus sensée qu’un anniversaire, de rappeler son souvenir. […] On peut, en effet, se rappeler avec quel enthousiasme avait été accueilli ce pain ultra-blanc que permettaient les minoteries perfectionnées, les cylindres d’acier !

1053. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Rappelez-vous la première lecture de votre jeunesse. […] Rappelons-nous le conseil de Sénèque : « Cachons avec industrie ce que nous avons emprunté et ne faisons paraître que ce qui est à nous. […] Rappelez-vous avec quelle simplicité énergique débute son fameux discours sur la Couronne et comment il dénonce son ennemi Eschine. […] « Toutes réflexions faites, dit-il, voici l’idée que cette savante dame nous donne de son travail : elle pense qu’il rappellera l’original grec à peu près comme le corps d’Hélène, embaumé et conservé à la manière des Égyptiens, rappellerait les divines beautés de cette princesse. […] Massillon a parfois des élans qui rappellent les antithèses de Bossuet : Ô hommes !

1054. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Pendant le brouillard, Trochu se plaignant de ne pas voir ses divisions : « Dieu merci, s’est écrié Rochefort, s’il les voyait, il les rappellerait !  […] Crémieux le rappelle : — « Vous dites que votre beau-frère s’appelle P…, qu’il est à Blois. […] Un autre, s’embarrassant dans les morts et les vivants, ne pouvait se rappeler s’il en avait eu quinze ou dix-huit. […] Je me rappelle quand la nourrice, ma vieille nourrice, venait nous chercher le dimanche, elle chez Cousinot, moi chez M.  […] Et toute cette évocation me fait penser à tous ceux qu’elle me rappelle, et qui ne sont plus.

1055. (1902) Le critique mort jeune

C’est ce Sainte-Beuve-là que rappelle parfois M.  […] (On ne peut non plus s’empêcher de se rappeler que Napoléon avait prescrit le célibat aux professeurs de ses lycées.) […] Dans une page dont l’accent ému, le sens précis et scientifique rappellent un peu le sage Le Play, mais avec plus d’ampleur, M.  […] Il emploie tout son talent à la rappeler à nos contemporains qui l’oublient volontiers. […] Muhlfeld se rappelle toujours à temps qu’il est ironiste, boulevardier et détaché des choses.

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Il se laissa faire ; il s’y choisit un genre de vie délicieux, mais énervant, qui rappelait, en très petit, l’existence quasi mythologique d’un Voiture ou plutôt d’un Benserade.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Est-il besoin de rappeler à des générations qui, depuis soixante ans jusqu’à vingt, les savent par cœur, tant d’immortelles chansons ?

1058. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

L'une des plus jolies pièces, A une branche d’amandier, rappelle celle de Jean-Baptiste Rousseau : Jeune et tendre arbrisseau, l’honneur de mon verger, etc.

1059. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

Après qu’enfin on eut retrouvé le calme et le loisir, on se mit à rappeler le temps passé ; on le rêva dans le présent, on le chanta avec ses joies sans retour évanouies.

1060. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Sa candeur d’enthousiasme m’a tout à fait rappelé Brissot, lorsqu’avant la révolution de 89 il visitait l’Angleterre et l’Amérique, comme de saintes contrées que la liberté avait déjà bénies ; les premiers cottages riants qu’il apercevait sur la route en sortant de Douvres, l’émouvaient aux larmes et lui semblaient un bienfait des institutions.

1061. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

On se rappelle l’éblouissement des lecteurs de ces articles.

1062. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Ce chaos monstrueux de vers étonnés de se rencontrer ensemble rappelle de temps en temps ce que le goût a de plus pur, ce que la verve a de plus vigoureux.

1063. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

La forme de sa biographie rappelle dès lors constamment celle des Études, si intéressantes, mais si partiales, publiées par les P. de la Société de Jésus.

1064. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Faut-il rappeler ce Seigneur des Yveteaux, qui, séduit par les bergeries de l’Astrée, s’improvise berger, porte la houlette et garde les moutons dans son parc avec une bergère de son choix ?

1065. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Stace et Silius Italicus n’ont pas été plus loin qu’Homère et Virgile en poésie descriptive ; Lucain seul avait fait quelque progrès dans cette carrière, et l’on trouve dans la Pharsale la peinture d’une forêt et d’un désert qui rappelle les couleurs modernes57.

1066. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Son histoire est intéressante, mais le seul nom d’Ugolin rappelle un morceau fort supérieur.

1067. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

… Il a détriplé l’idée de La Harpe, et ce qu’il en a pris, il l’a exécuté déjà et continuera de l’exécuter sous une forme à lui et qui ne rappellera nullement celle de La Harpe.

1068. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Il n’avait rien de la magnanimité, du désintéressement et de l’humanité, dont le mot d’héroïsme rappelle l’idée dans les temps modernes.

1069. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il a été l’organe d’idées justes, neuves, opportunes le plus souvent, immédiates, qui ont eu leur effet au moment où elles se produisaient ; il a coopéré à l’éducation littéraire de son époque ; ces services de journaliste et d’écrivain de revue, si essentiels en eux-mêmes et si méritoires, sont depuis longtemps consommés et épuisés : nous, ses contemporains et ses amis, nous en avons mémoire et conscience, notre devoir est de les rappeler et de les mentionner ; mais nous ne saurions exiger des nouveaux venus de s’en former la même idée et d’en garder la même reconnaissance que nous. […] Pour ceux qui l’ont un peu oublié, je rappellerai que cette reine Nantechild était une des femmes de Dagobert Ier, et sa statue se voit à Saint-Denis sur le tombeau de ce roi mort en 638 ; cette statue n’est pas (bien entendu) de l’époque mérovingienne, mais paraît être de la première moitié du XIIIe siècle. […] Magnin de les goûter et de les savourer dans des conditions particulières qui valent la peine qu’on les rappelle et qu’on les décrive.

1070. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Il me rappelle Chactas ou René dans les savanes, Oberman à Fontainebleau ou à Charrières. […] Ce qu’il nous raconte, ou plutôt ce qu’il raconte à sa sœur et ce qu’il se rappelle à lui-même, ce n’est pas vieux et apaisé qu’il y revient ; depuis cette dernière maladie à laquelle il manque de succomber, peu après la mort de Laurence, le manuscrit cesse. […] C’est une scène analogue à celle d’Amélie et de René revoyant le manoir paternel ; plus loin, lorsque Jocelyn doit ensevelir Laurence à la Grotte des Aigles, il pourra rappeler Chactas ensevelissant Atala ; car ce n’est pas, je l’ai déjà dit, par le point de départ singulier des situations que ce poëme se distingue, mais par leur naturel, par leur développement, leur fraîcheur et leur jet de source à chaque pas, par l’inspiration et l’émanation qui s’élève du tout : là vraiment se déploie l’originalité, le génie.

1071. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Geoffroy avait été invité à l’une de ces représentations qui ne rappelaient pas mal, dans l’Université renaissante, les thèses en grec de MM. […] Ces discours, par leur façon nette, leste, piquante, et leur tour d’imagination dans la louange, rappelleraient assez le genre de Chamfort, n’était ce sentiment exquis d’admiration littéraire que le xviiie  siècle n’eut jamais. […] On nous a rappelé qu’il avait été absent de Paris six ans consécutifs et non pas dix ; qu’après un voyage dans le Midi en 1811, il était revenu à Paris en 1812, avait publié dans le courant de cette année son Éloge de Montaigne, et n’était reparti pour son long séjour en province qu’en 1815.

1072. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Ce qui se dit dans cette entrevue entre le petit Didier et le père de sa future on ne peut que le deviner ; mais tout se passa sans doute de bon accord et de bonne grâce, car la nuit était déjà tombée toute noire sur la montagne et sur la vallée que le père et le prétendu, le visage ouvert par la confiance et par la bonne amitié, étaient encore assis chacun sur un coin du banc, la table entre eux deux et la nappe mise devant une bouteille de vin, un morceau de pain et un fromage blanc, pendant que la Jumelle, rappelée du verger, debout et modeste derrière son père, était invitée par lui et résistait longtemps à boire un doigt de vin dans le verre de son fiancé. […] J’en fus tellement frappé, et elles se gravèrent tellement dans la mémoire des gens du château, par suite de l’émotion de la scène qui les suspendit, que je me les rappelle en ce moment aussi nettement qu’au moment où elles résonnaient du creux de la vallée dans mes oreilles d’enfant. […] Sa voix, ses larmes, qui tombaient sur le front de son amant, le rappelèrent à la vie.

1073. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Mais avant de parler de ce dernier poème que j’ai reçu hier, que j’ai lu d’une seule haleine cette nuit, rappelons-nous deux heureuses journées déjà loin de nous, qui nous feront connaître Laprade. […] VIII À l’exception d’un vieux portique de colonnettes accouplées en faisceaux, qui déborde le seuil de la galerie extérieure portée par des arcades massives, et d’une tourelle à flèche aiguë qui fend le ciel à un angle occidental du vieux château, rien n’y rappelle à l’œil une construction de luxe : c’est l’aspect d’une large ferme creusée pour des usages rustiques dans le bloc épais d’un manoir abandonné. […] Ils m’avaient rappelé aussi Phidias, le sculpteur en marbre de Paros de la frise du Parthénon ; ces vers, solides et splendides comme le bloc taillé et poli par le ciseau de Phidias, avaient à mes yeux la forme et l’éclat des marbres du Pentélique, et un peu aussi de l’immobilité et de la majesté de ces marbres.

1074. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Ses cheveux blond-cendré étaient longs et soyeux ; son front haut et un peu bombé venait se joindre aux tempes par ces courbes qui donnent tant de délicatesse et tant de sensibilité à ce siège de la pensée ou de l’âme chez les femmes ; les yeux de ce bleu clair qui rappelle le ciel du Nord ou l’eau du Danube ; le nez aquilin, les narines bien ouvertes et légèrement renflées, où les émotions palpitaient, signe du courage ; une bouche grande, des dents éclatantes, des lèvres autrichiennes, c’est-à-dire saillantes et découpées ; le tour du visage ovale, la physionomie mobile, expressive, passionnée ; sur l’ensemble de ces traits, cet éclat qui ne se peut décrire, qui jaillit du regard, de l’ombre, des reflets du visage, qui l’enveloppe d’un rayonnement semblable à la vapeur chaude et colorée où nagent les objets frappés du soleil : dernière expression de la beauté qui lui donne l’idéal, qui la rend vivante et qui la change en attrait. […] Je l’avais mis très innocemment ; il caractérisait dans ma pensée les accusations que je ne voulais pas rappeler. […] La nation eut tort de ne pas retirer à elle le pouvoir tout entier, puisqu’elle en rejetait la responsabilité sur un fantôme de roi… Le roi et sa famille n’auraient pas péri, la nation n’aurait eu à accuser qu’elle-même de ses convulsions, la république constitutionnelle se serait établie sans 10 août, sans massacres de septembre, sans 21 janvier, sans terreur ; ou bien la France, convaincue de l’impuissance de la république, aurait rappelé à un trône conservé intact Louis XVI et sa malheureuse famille, à la charge de maintenir les lois civiles sagement réformées en 1789.

1075. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

… » Elle me rappela alors nos projets de retraite à la campagne, dont nous nous étions quelquefois entretenus, et se mit à pleurer ! […] J’entrais à la Chambre par hasard, au moment où ce gouvernement s’écroulait et où son roi fuyait déjà hors de Paris : le rappeler était impossible, le ressusciter par une régence, plus impossible encore ; quels ministres lui aurais-je donnés ? […] Charles X ne l’aimait pas et ne songeait point à le rappeler à la tête des affaires, où il le croyait dangereux.

1076. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Leconte de Lisle si son Kaïn leur rappelle le Prométhée d’Eschyle. […] On se rappelle le discours d’un chef saxon à ses compagnons d’armes, dans Augustin Thierry. […] Sauf de rares exceptions, les épithètes appartiennent à l’ordre physique, rappellent des sensations, expriment des contours et des couleurs.

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