Ce défaut est beaucoup plus sensible dans son Poëme sur la Grace, Ouvrage justement critiqué, quoiqu’il renferme des beautés estimables. […] Clément a profité de ces défauts communs à plusieurs Poëmes didactiques, & les a fait valoir, pour soutenir qu’il est impossible de composer, en notre Langue, un bon Poëme de cette espece. […] Clément, c’est que notre Langue est absolument seche, peu nombreuse en expressions, qu’elle manque de synonymes, & qu’elle a sur-tout ces défauts pour rendre les choses rustiques** ». […] Mais supposons encore qu’il fût impossible de faire usage de certains termes ; les périphrases, les métaphores ne peuvent-elles pas suppléer au défaut de l’expression littérale ? […] On désireroit seulement qu’il eût été moins prolixe dans cet Ouvrage ; défaut qu’il n’a pas plus évité dans ses excellentes Remarques sur les Tragédies de son pere, que dans les Mémoires qu’il a publiés pour servir à l’Histoire de la Vie de cet illustre Poëte.
Un Esprit aisé, profond, indépendant ; une imagination féconde, forte, hardie, & presque toujours agréable ; un langage familier, naïf, quelquefois énergique ; une érudition vaste, choisie, & le talent assez rare de s’en parer à propos, auront toujours des charmes propres à établir la réputation d’un Auteur, & le pouvoir de soutenir son Ouvrage contre l’inconstance des temps, malgré les défauts multipliés qu’on y remarque. […] Les emplois qu’un Auteur a exercés, le nombre de ses domestiques, ses bonnes fortunes, ses* vertus, ses défauts, ses goûts, ses dégoûts, ses maladies, sont des objets qui flattent peu la curiosité & ne conduisent à rien. […] Si c’est un défaut de parler de soi, dit le P.
Il trouve des défauts avilissans dans les héros de l’iliade, contraires même au dessein du poëte ; et il autorise assez le peu de respect que j’ai marqué pour eux. […] Mais pour éclaircir le paradoxe, voici les défauts qui les ont décriez. […] Ce ne sont pourtant pas là les défauts qui ont le plus nui à nos poëmes. […] Car, en regardant les loüanges et les critiques comme des jugemens que nous portons, n’y a-t-il pas un égal défaut de lumiere à voir les choses plus parfaites qu’elles ne le sont, ou à y trouver des défauts qui n’y sont pas ? […] Cet homme pourroit faire un poëme où le génie perceroit à travers le défaut de sa matiere ; mais que seroit-ce que ces héros ?
Les beautés et les défauts qu’on peut y remarquer se retrouvent plus ou moins dans toutes les pièces du recueil. Nous insisterons sur les défauts en particulier : quoique divers en apparence, ils se rattachent presque tous à une cause commune qu’il faut rechercher et combattre dans la nature même du talent de M. […] Ou bien l’expression n’a retenu de la pensée qu’une faible réminiscence qu’elle laisse à peine entrevoir sous sa pâleur, ou bien elle a prêté à cette pensée trop d’éclat, trop de saillie, et l’a altérée en y ajoutant : c’est même là le défaut ordinaire d’un esprit impétueux et fort. Son activité s’imprime sans ménagement à tout ce qui tombe sous sa prise ; sa brusque imagination, pour une ou deux fois qu’elle rencontre avec bonheur, est vingt fois en défaut, froissant ce qu’elle ne devait que toucher, dépassant ce qu’il lui suffisait d’atteindre. […] Hugo n’a pas à sortir de lui-même, et qu’il veut rendre seulement une impression personnelle, nous avons déjà remarqué que ses défauts disparaissent.
Pourquoi, disoit Erasme, adorer tout dans Cicéron, jusqu’à ses défauts, ses longueurs, longueurs, ses digressions & ses répétitions sans nombre ; ses phrases emphatiques & compassées ; ses déclamations sublimes & ennuyeusement belles ; son égoïsme éternel ; cette abondance & cette stérilité de génie tout à la fois, qui lui fait confondre tous les genres dans lesquels il écrit ? […] Mais il ne vouloit pas qu’elles fissent illusion, & qu’on ne distinguât point les défauts dont elles sont accompagnées, ni qu’elles préjudiciassent à tous les bons écrivains Latins. […] Il craignoit qu’en voulant former ses élèves au stile nombreux & véhément, ils ne devînssent diffus & déclamateurs, défauts dans lesquels dégénère le plus souvent le stile des Cicéroniens. […] Il faut convenir pourtant que, si le stile grave, périodique & soutenu, a ses défauts, le stile contraire, fleuri, coupé, brillanté, épigrammatique, en a de plus grands encore.
Nous avons dit textuellement ceci : « Le goût est la faculté de sentir les défauts ou les beautés d’un ouvrage. » Nous serions curieux de savoir par quelle définition on pourrait remplacer la nôtre. […] … Le goût peut varier, en effet, et l’on peut changer d’opinion sur les beautés ou les défauts d’un ouvrage ; mais, quels que soient ces beautés ou ces défauts, le goût consiste et consistera toujours dans la faculté de les sentir. […] La Bruyère donne l’exemple trop souvent imité des théories imaginées par les écrivains pour se mettre en paix sur leurs défauts.
Bossuet avait un style de génie, dont les qualités créatrices éclatent à chaque ligne et font oublier toute espèce de défauts. […] N’ayant pas les mêmes qualités, ils ont tout à perdre à se permettre les mêmes défauts, alors surtout qu’il ne peut y avoir que du profit à surveiller les trop fréquentes répétitions, l’abus des qui et des que et des auxiliaires. […] Il n’y a pas, d’ailleurs, de défauts littéraires dont on ne puisse trouver des exemples chez les classiques. […] Je crois, en effet, ces sortes de défauts moins fréquents dans ses chefs-d’œuvre ; mais trop souvent encore y pourrait-on relever des pages comme celle-ci, qui est d’Indiana, son premier livre célèbre : « Raymond, cédant à la fatigue, s’était endormi profondément, après avoir reçu fort sèchement sir Ralph, qui était venu prendre des informations chez lui.
C’est le défaut d’Homère imaginant un Achille qui s’emporte, et qui pour une captive enlevée refuse aux Grecs le secours de son bras. […] C’est toucher du même coup le défaut et la vanité qui s’y intéresse. […] Cependant n’est pas spécieux qui veut, et nul n’a ce défaut sans en avoir la qualité. […] Il s’en faut pourtant que le bon Fontenelle s’y soit corrigé de tous les défauts du mauvais. […] De là le caprice des vues particulières, et le goût du paradoxe par le défaut de justesse et par la peur de ne pas faire ses affaires avec le vrai.
Non, le moindre défaut du roman-feuilleton est peut-être de manquer d’art. […] Tout récemment, un jeune écrivain, parlant déjà de l’école naturaliste au passé défini, comme d’un événement des siècles disparus, disait : « Ce fut le défaut des réalistes de goûter une volupté à surprendre les hommes en flagrant délit d’ignominie2. » Ce jeune avait peut-être tort d’employer un passé d’un recul si profond, mais il avait raison en signalant ce défaut littéraire qui n’est autre chose — il n’est pas inutile de le remarquer — qu’un défaut de sympathie véritable pour l’objet qu’on dépeint. […] Il a compris admirablement les conditions que réclame non pas le grand public, mais l’immense public auquel un roman peut aller, et, si le livre est déparé par d’énormes défauts, il a néanmoins la simplicité, l’ampleur et, par endroits, la haute moralité qui doivent marquer un drame destiné à passionner et à élever l’esprit du peuple. […] L’auteur a l’ambition, très souvent naïve et quelquefois ridicule, d’amuser, ou de flatter une catégorie de lecteurs, par la peinture de leurs mœurs et de leurs défauts. […] On a fait d’innombrables livres, avec un grand effort de recherche et souvent un grand talent, pour un petit public, déjà las de leurs défauts et de leurs qualités même.
on ose lui trouver des défauts ! […] C’est un défaut naturel que l’on ne peut guère corriger. […] Caractère sans défaut, humeur désagréable. […] Ils se moquent des défauts physiques (anomalies matérielles), des défauts moraux inoffensifs (anomalies morales) et enfin des vertus dépassant la moyenne (anomalies morales). […] Elles s’en prennent à nous des défauts que nous leur reprochons.
Freron, annoncent un Littérateur formé sur l’étude réfléchie des bons modeles, un Critique doué de l’esprit d’analyse, & d’une sagacité merveilleuse pour saisir les beautés & les défauts d’un Ouvrage ; un Ecrivain correct, zélé pour les vrais principes, & capable d’y ramener les esprits qui s’en écartent. […] Nous ignorons les motifs qui l’en empêchent ; mais nous savons que son zele pour le maintien des regles, l’a porté à solliciter la Rédaction d’un Journal Littéraire, & que les Philosophes, si intéressés à arrêter la plume des Ecrivains en état d’éclairer le Public sur leurs défauts & leurs travers, ont eu le crédit de faire supprimer ce Journal. […] qu’il est aussi permis aux Journalistes & aux Esprits éclairés qui en sentent les défauts, de les mettre en évidence, pour en corriger les autres, qu’il est permis à un Juge de rappeler à l’autorité des Loix quiconque s’en écarte ?
Or, les défauts de la puissance sont contagieux. […] C’est un miracle du talent que d’arracher ceux qui vous écoutent, ou qui vous lisent, à leur amour-propre ; mais si les défauts de goût offrent aux juges, quels qu’ils soient, une occasion de montrer, en vous critiquant, l’esprit qu’ils ont eux-mêmes, ils la saisissent nécessairement, et ne songent plus ni aux idées, ni aux sentiments de l’auteur. […] Or, que deviendraient les écrits qui prennent nécessairement l’empreinte des mœurs, si les manières vulgaires, ces manières qui font ressortir les défauts et les désavantages de tous les caractères, continuaient à dominer ? […] L’on dira peut-être que la politesse est un avantage si léger, qu’on peut en être privé sans que ce défaut porte la moindre atteinte aux grandes et véritables qualités qui constituent la force et l’élévation du caractère. […] Les manières ne sont parfaites que lorsqu’elles encouragent tout ce que chaque homme a de distingué, et n’intimident que les défauts.
Ce défaut, qui le croirait ? […] Nous leur ferons des qualités de tout ce qui nous plaira en eux, des défauts de tout ce qui nous y déplaira. […] Aux uns il prête des qualités morales qui supposeraient tout au moins un principe intérieur spirituel ; il charge les autres de défauts qui supposent une perversité calculée. […] Il semble s’y être corrigé de tous les défauts où il était comme engagé de réputation, par l’éclat de ses dédains contre ses contradicteurs. […] L’appropriation a des défauts ; le lieu reste grandiose.
Mais en reconnoissant les défauts du Bel-Esprit, on ne peut s’empêcher de rendre justice au Philosophe. […] On lui a reproché, dans la Société, un égoïsme qui rapprochoit tout de lui-même ; c’est un grand défaut, sans doute, mais on peut le lui pardonner, en ce qu’il a pris soin de le cacher autant qu’il a pu, & qu’il n’a pas cherché à l’inspirer par ses Ecrits, comme nos Moralistes modernes qui en font la base du bonheur de l’humanité, & croient s’acquitter envers la Patrie, envers le genre humain, par un amour universel pour les individus qui le composent. […] La finesse, les graces, l’abus de l’imagination, la subtilité de l’esprit dans le style : le même esprit doué de la plus grande pénétration, étincelant des plus vives lumieres, enrichi des plus vastes connoissances ; tels sont les défauts & les qualités qui fixeront le jugement qu’on doit porter de M. de Fontenelle, comme Littérateur & comme Philosophe.
Les beautés de cette production bizarre découlent presque entièrement du christianisme ; ses défauts tiennent au siècle et au mauvais goût de l’auteur. […] Toutefois ce sujet a, pour un Français, le défaut d’être étranger. […] Au reste, si la Jérusalem a une fleur de poésie exquise, si l’on y respire l’âge tendre, l’amour et les déplaisirs du grand homme infortuné qui composa ce chef-d’œuvre dans sa jeunesse, on y sent aussi les défauts d’un âge qui n’était pas assez mûr pour la haute entreprise d’une Épopée.
Et sur Massillon envers qui il est si sévère, sur ce Massillon qu’on a appelé le Racine de la chaire, vaste orateur cicéronien, aux nuances morales infinies, abondant et suave, est-il donc vrai de dire que certains de ses défauts se peuvent rapprocher de ceux de Lamotte ? Ses seuls défauts ne sont-ils pas, non le précieux, mais le relâché, le surabondant et l’amplifié, comme lui-même l’a remarqué ailleurs ? […] Les Grecs avaient un précepte dont je ne puis donner ici que le sens, à défaut des mots mêmes qui, par leur jeu et leur cliquetis de son38, y ajoutaient de l’agrément : ce précepte et ce conseil, c’était d’exprimer autant que possible les choses neuves simplement, et au contraire les choses communes avec nouveauté (inaudita simpliciter, proprie communia dicere). […] Goethe l’a vu et l’a exprimé avec sa supériorité de critique et de naturaliste : « Lorsqu’une famille s’est fait remarquer, dit-il, durant quelques générations par des mérites et des succès divers, elle finit souvent par produire dans le nombre de ses rejetons un individu qui réunit les défauts et les qualités de tous ses ancêtres, en sorte qu’il représente à lui seul sa famille entière. Il en est de même des peuples célèbres : la plupart ont vu naître dans leur sein des hommes profondément empreints de la physionomie nationale, comme si la nature les eût destinés à en offrir le modèle. — Et c’est ainsi, ajoute-t-il, que la nature produisit dans Voltaire l’homme le plus éminemment doué de toutes les qualités qui caractérisent et honorent sa nation, et le chargea de représenter la France à l’univers. » Et il énumère les qualités nombreuses et les quelques défauts essentiels qui font de lui l’image brillante du Français accompli.
Raphaël est un livre d’amour écrit avec de prodigieux défauts, mais aussi avec des qualités rares, par la plume de ce temps-ci la plus riche, la plus abondante et la plus flexible. Les défauts qui y circulent, et qui souvent y débordent, sont précisément les défauts de notre temps, c’est-à-dire ceux auxquels les lecteurs ordinaires sont le moins sensibles, tellement que quelques-uns vont peut-être jusqu’à y être sensibles dans un sens inverse et à y voir des beautés. En tout cas, quand on est jeune, fût-on la distinction même, on glisse vite sur ces défauts à une première lecture ; on s’attache à ce qui plaît, à ce qui nous offre l’expression idéalisée la plus moderne de nos sentiments, de notre situation ou de notre désir. […] Puis d’autres générations surviennent vite, qui ne se laissent plus prendre aux mêmes défauts, qui en veulent d’autres, qui veulent surtout qu’on renouvelle le costume et les modes de leurs sentiments. […] Joubert, parlant de ces défauts, bien moins développés, mais déjà sensibles, chez Bernardin de Saint-Pierre, disait : Il y a dans le style de Bernardin de Saint-Pierre un prisme qui lasse les yeux.
Le défaut de Duclos, dans ce monde élégant qui en souffrait quelquefois, est très finement noté par M. de Forcalquier : Ce qui lui manque de politesse, dit-il, fait voir combien elle est nécessaire avec les plus grandes qualités : car son expression est si rapide et quelquefois si dépourvue de grâce qu’il perd, avec les gens médiocres qui l’écoutent, ce qu’il gagne avec les gens d’esprit qui l’entendent. […] Celle-ci a bien des défauts sans doute ; elle a aussi ses grossièretés, ses restes de détails matériels, ses affectations de sentiment ; on y voit l’échafaudage ; mais l’élévation y est, mais on entre décidément dans un ordre supérieur et habituel de pensées attachantes et de nobles désirsi : laissez-en la première partie, ne prenez que la seconde : un souffle d’immortalité y a passé. […] À défaut des grands mouvements de l’âme humaine, Duclos excelle à relever et à constater ces manies passagères de l’esprit de société, comme un bon médecin praticien qui note une variété épidémique, une maladie de saison. […] C’est un bon livre, qui ressemble à sa conversation refroidie ; les noms propres et les exemples qui pourraient égayer ou illustrer la matière font défaut : on a du moins un recueil d’observations fines, de maximes vraies et de définitions exactes. […] Il connaît bien sa nation : « Le grand défaut du Français est d’être toujours jeune, et presque jamais homme ; par là il est souvent aimable et rarement sûr : il n’a presque point d’âge mûr… Il y a peu d’hommes parmi nous qui puissent s’appuyer de l’expérience. » Avec ces défauts qu’il signale, il est loin de déprécier la nation ; il lui voudrait insinuer le patriotisme ; il se demande, avec le sentiment qu’ils ont de leur propre valeur, ce qui manque aux Français de son temps pour être patriotes.
Bertin, en homme d’esprit qu’il était, s’avisa de l’aller prendre lorsqu’ayant fondé le Journal des débats, il sentit que le feuilleton des théâtres faisait défaut. […] Il aime Molière, sa franchise, son naturel, sa gaieté ; à défaut d’autres, ce sont là les vertus de Geoffroy. De ce qu’un homme a des défauts et pis encore, ce n’est jamais une raison de mépriser son talent ni son esprit. […] On verra assez les défauts de Geoffroy, et j’ai surtout tenu ici à indiquer quelques-unes de ses qualités sans dissimuler le mélange. […] Il laissa voir ce défaut quand il eut à parler des Martyrs de M. de Chateaubriand, du Shakespeare de M.
Il l’admire et le salue, comme Vauvenargues bientôt également le saluera, sans rien entrevoir encore des défauts de l’homme, et d’après les seules beautés de son esprit et les grâces de son langage. […] Vous dédiâtes L’Art d’aimer… Ce sont là de ses moindres défauts. […] Le côté aimable, familier et séduisant de Frédéric est parfaitement indiqué dans ce récit de notre voyageur : l’hôte prudent et modeste n’a pas eu le temps ou le désir de s’apercevoir des défauts qui altéraient souvent ce fonds de sagesse et d’agrément. […] C’était là un défaut capital de Frédéric ; il se privait difficilement de dire aux gens des choses désobligeantes ou d’en écrire de piquantes. […] Dès qu’il avait découvert leur côté faible, il les piquait sans pitié par ce défaut de la cuirasse ; il faisait d’eux ses plastrons, il s’exerçait à mépriser l’humanité en leur personne, et il s’acquit ainsi une réputation de méchant, quand ce n’était au fond qu’un terrible satirique de société.
S’ensuit-il de ces éloges justement mérités, qu’il soit sans défauts, & qu’il n’ait pas payé le tribut à cette maxime dont la vérité est aussi ancienne que le monde & ne finira qu’avec lui, nemo ex omni parte beatus ? […] Ce défaut n’empêche pas néanmoins qu’elles ne soient supérieures, à bien des égards, à celles de Corneille, comme l’Enéide est supérieure à l’Iliade, sans que Virgile puisse être regardé comme un aussi grand Génie qu’Homere. […] A cette sage conduite, il joignit la plus grande docilité à profiter des critiques de ses amis, à se régler sur leurs observations, & à bannir de ses Tragédies les défauts qu’ils y reprenoient. […] Faites-vous des Amis prompts à vous censurer ; Qu’ils soient de vos Ecrits les confidens sinceres, Et de tous vos défauts les zélés adversaires.
Cette fable écrite purement et où le fait est bien raconté, a, ce me semble, le défaut de n’avoir qu’un but vague, incertain, et qu’on a de la peine à saisir. […] Le défaut de cet Apologue est de manquer d’une exacte justesse dans la morale qu’il veut insinuer. Ce défaut vient de ce qu’il est dans la nature qu’un autour mange une allouette, et qu’il n’est pas dans la nature bien ordonnée qu’un homme nuise à son semblable. […] Le seul défaut de cette fable est de n’en être pas une.
Du caractère général de cet esprit, manifesté par les qualités et les défauts de Montaigne, et de ce que le xvie siècle laissait à désirer. — § V. […] Dans la philosophie, nous faisons l’histoire des écoles, nous dissertons ingénieusement des mérites et des défauts de chacune. […] Tels sont les défauts des écrivains penseurs du xvie siècle ; et j’entends par défauts, non les taches de détail qui gâtent un ouvrage excellent, mais de mauvaises conditions pour voir la vérité et pour l’exprimer dans un langage durable. […] La langue des écrivains en prose du xvie siècle trahit tous ces défauts. […] L’excès des mots y répond au défaut de choix dans les idées, le désordre y répond à la licence même de la spéculation et à la nonchalance du doute.
Ma vie, quand je la repasse, n’a été qu’une application de leurs qualités et de leurs défauts. Seulement, ces qualités et ces défauts, transportés dans le monde, ont amené les dissonances les plus originales. […] On réussit surtout par ses défauts. […] Les défauts de ma nature et de mon éducation, par suite d’une sorte de providence bienveillante, ont été atténués et réduits à être de peu de conséquence. […] Il a fallu bien plus d’indulgence à mes amis pour me pardonner un autre défaut : je veux parler d’une certaine froideur, non à les aimer, mais à les servir.
La Postérité est également à l’abri de la séduction & de la partialité ; elle sait apprécier les beautés, démêler les défauts, modérer les louanges, fixer les degrés de gloire & de blâme. […] Les grands Poëtes sont bien éloignés de ce défaut. […] Ce qui diminue encore le mérite de la Henriade, comparée aux autres Poëmes, c'est le défaut de merveilleux. […] Il faut qu'il soit bien foible à cet égard, puisque, malgré le talent qu'il a de peindre, & d'embellir jusqu'à ses défauts, il n'a pu se concilier les suffrages du Public. […] C’est ici le lieu d’examiner comment, avec des travers, des foiblesses, des défauts, des excès si révoltans, cet Auteur a pu se procurer un si grand nombre de Partisans.
M. de la Place admire les Anglois de n’avoir pas donné dans le défaut qu’on nous reproche. […] Enfin, si l’amour est un défaut au théâtre, ce défaut trouve, aux yeux de ses défenseurs, son excuse dans l’emploi qu’en ont fait les plus célèbres poëtes. […] On feindra des vertus & des défauts hors de nature, pour arracher des larmes. […] Molière a les beautés & les défauts des uns & des autres. […] On soutien contre lui, que la comédie préserve de beaucoup de défauts & même de vices.
Pour un esprit attentif, ce sont des défauts bien autrement graves que les grosses fautes ; car les grosses fautes ne trompent personne. […] Il est trop ému des défauts de Corneille, et surtout do cette grandeur outrée qu’il a fort raison de distinguer de la vraie. […] Dans Corneille, il est trop choqué des défauts que tout monde y voit ; les défauts qu’il reproche à Molière, il les lui prête. […] Voltaire avait trouvé en Vauvenargues un de ces rares admirateurs qui savent parler à un homme de génie de ses qualités et de ses défauts sans intérêt. […] Celles de Vauvenargues défendaient le génie du maître contre les défauts de son temps.
Ils disoient que, pour être juge recevable, il lui auroit fallu des connoissances qu’il n’avoit pas ; que son incapacité déposoit contre son équité ; qu’il connoissoit aussi peu les beautés que les défauts des anciens ; qu’il avoit multiplié le nombre des derniers bien au-delà du vrai, & qu’il avoit même poussé la mauvaise foi jusqu’à créer plusieurs de ces défauts. […] Tout a été perfectionné, & les ouvrages, pour être anciens, n’en ont pas moins de défauts. […] En poësie, comme en peinture, la division d’intérêt est le plus grand de tous les défauts. […] L’abbé Desfontaines rejette surtout les correctifs proposés, afin de remédier aux défauts dans les six derniers chants. […] La Julie, ou la nouvelle Héloïse, si lue & si critiquée, remplie de tant de défauts, & de tant de beautés, mérite surtout ce reproche.
Comment Moliere, Auteur seulement de trois ou quatre Pieces achevées, Auteur de tant d’autres, dont le dénouement est si peu naturel, & les défauts si sensibles ; comment avec une Prose si négligée, des Vers peu exacts, des caracteres outrés, est-il parvenu à se faire regarder, à juste titre, comme le premier Poëte Comique de tous les Théatres connus ? […] Il est des défauts qui n’ont besoin que d’être fidélement retracés, pour ouvrir les yeux à ceux qui en sont atteints, & les en détacher sans retour. […] Il critiquoit les hommes, & sa femme les aimoit ; l’un tiroit sa gloire de leurs défauts, l’autre tiroit son plaisir de leurs foiblesses.
N’est-ce pas une façon de juger bien étrange que de ne regarder les Anciens que par leurs beaux côtés, comme vous faites, et que de fermer les yeux sur leurs défauts, et de n’avoir au contraire les yeux ouverts que sur les défauts des Modernes, et que de les tenir opiniâtrement fermés sur leurs beautés [?] […] Cette couche peu chargée de couleur et très chargée d’huile, fait la fonction et a le défaut d’un vernis ; l’huile se sèche, et jaunit en se séchant ; et le tableau s’enfume plus ou moins, selon qu’il a été peint plus ou moins franchement.
Ces deux défauts cependant n’ont point empêché que l’on ne l’ait mis à la tête des Poëtes Comiques Latins. […] Supposé qu’il y eût des défauts, ce ne sont pas au moins des défauts qui viennent du fond vicieux ou de la mauvaise construction de la fable ; mais uniquement du tems qui a manqué à l’auteur pour finir son ouvrage. […] Le même défaut ne se fait pas sentir dans les Satyres & les Epîtres. […] Un autre défaut, c’est qu’il aime à s’égayer jusques dans les sujets les plus graves & les plus sérieux. […] Il a les bonnes qualités de Properce & d’Ovide & n’en a point les défauts.
J’indiquerai quelques-uns des passages principaux de ce portrait du beau-père par le gendre, en faisant remarquer qu’il est anonyme dans le Recueil de Lassay et qu’on n’y avait pas encore mis le vrai nom : M. le Prince n’a aucune vertu ; ses vices ne sont affaiblis que par ses défauts, et il serait le plus méchant homme du monde, s’il n’était pas le plus faible. […] Il ne sait ni bien aimer, ni bien haïr ; les ressorts de son âme sont si liants qu’ils en sont faibles ; ce défaut contribue encore à le rendre aimable, mais il est bien dangereux dans un homme qui remplit les premières places. […] À défaut des grandes choses et des hauts emplois qui lui furent refusés, il désira quelques honneurs qui flattent et qui classaient alors ceux qui les obtenaient. […] En France, en effet, on a toujours voulu des places, ou, à leur défaut, on a demandé des distinctions. […] À défaut d’imagination, on y sent l’urbanité. — Des quatre volumes de Lassay, il me semble qu’on en pourrait tirer un qui ne serait pas désagréable, et qui le classerait à quelque distance, et un cran plus bas, entre les Caylus et les Aïssé.
Nisard n’évite donc pas plus d’un défaut de l’école, tout en s’élevant contre les écoles. […] Tous les défauts de goût ne consistent pas (tant s’en faut !) […] De grandes et réelles qualités sont compatibles avec ce défaut qui n’est pas si nuisible au succès, quand il est surtout appuyé du fond. […] Une des choses qu’on apprend le mieux en profitant de l’expérience, c’est le mélange en tout, le faux et le vrai, le bon et le mauvais, se rencontrant, se contredisant, et pourtant… étant, comme dirait La Fontaine : dans un individu, un défaut radical n’empêchant pas de grandes qualités et de vrais talents en lui à côté, au sein de ce défaut, et ces grands talents ou ce génie n’empêchant pas le défaut de revenir les gâter et y faire tache : c’est là l’homme et la vie. […] En prêchant votre tradition stricte, en l’appuyant surtout d’exemples et de détails plus féconds, vous empêcherez quelques défauts dans d’estimables esprits ; vous les empêcherez, s’il se peut, de porter dans des genres sérieux et sobres, philosophie, histoire, etc., la recherche de qualités étrangères au genre et à leur esprit même.
Le vocabulaire se montre relativement restreint ce qui n’est pas toujours, en soi, un défaut à mes yeux ; n’y a-t-il même pas pour un poète un mérite nouveau à exprimer avec un petit nombre de moyens autant et plus que d’autres, qui remuèrent toute la langue française ? […] Ces défauts sont visibles dans les œuvres les plus anciennes aussi bien que dans les autres. […] Au moins est-il lui-même, avec des défauts que j’ai indiqués, avec les qualités qu’on a définies. […] Mais à être si loin de ce qu’on voit et connaît, on risque d’être loin de soi-même : le défaut de cette tendance c’est d’amener à une littérature plus artificielle. […] M. de Régnier est en effet d’une réserve telle qu’elle fut longtemps un défaut.
Mais la lecture laissa appercevoir des défauts qui échappent presque toujours à la représentation. […] Sa longueur, les idées singuliéres dont il est rempli, un phœbus perpétuel, des tirades de vers où l’on ne trouve que la même pensée, ses images peu naturelles, tous ces défauts dégoûtent ou impatientent du moins un lecteur françois qui ne peut s’accoutumer à ces bizarreries italiennes. […] Un autre défaut de ce Poëme, c’est le peu de liaison qui regne dans toutes ses parties. […] Leurs versificateurs ont de grands défauts ; mais ils ont aussi de grandes beautés. […] Mais un de ses défauts les plus remarquables, est son goût pour les jeux de mots.
Il y a certains sujets très beaux, mais d’une difficulté presque insurmontable, parce que leur beauté même tient à quelque défaut de vraisemblance qu’on ne peut éviter : c’est alors que le génie développe toutes ses ressources. L’art consiste à couvrir ce défaut par des beautés d’un ordre supérieur. […] L’auteur saisit le moment d’une émotion si vive pour vous cacher le défaut de son sujet. […] L’auteur a bien senti ce défaut. […] L’empressement de Palmire à justifier Séide devant Mahomet, qui abhorre en lui son rival, est aussi une beauté qui naît de ce léger défaut.
Mais ceci tient à un défaut de composition et à quelque chose de successif dans la manière de faire de M. de Musset, sur quoi je reviendrai. […] Il y a eu là une substitution subtile, qui rentre dans le défaut de continuité dont j’ai parlé ; le cœur ému du lecteur ne s’y prête pas. […] C’est un défaut essentiel dans toute œuvre d’art. J’insiste sur cet article de la contexture, parce que les trois quarts des gens jugent un livre d’après une page, sur une beauté ou un défaut, sur une impression isolée, et non par une idée recueillie de l’ensemble. […] Si j’ai dit et redit de tant de manières le défaut qui me semble fondamental, j’ai trop peu loué le charme fréquent, la grâce, le pittoresque ou la profondeur des détails.
Reprenons cette composition que je ne méprise pas autant que font beaucoup d’autres qui n’en sentent pas mieux les défauts que moi. […] Eh bien, malgré tous ces défauts, quoiqu’assez chaud de mon naturel et peu disposé à pardonner le froid à une composition quelconque ; quoiqu’il me paraisse absurde d’avoir allongé les oreilles de Midas avant son impertinente sentence, et que cet effet soit d’un instant postérieur, du moment où Apollon ayant cessé de jouer, la main étendue, l’air indigné, il ordonne à ces oreilles de pousser ; quoique ce morceau soit proscrit sans restriction, j’avouerai qu’il y en a cent autres au sallon, qu’on regarde, qu’on loue, et que je mets au-dessous. […] Celui qui sent le mérite de ce morceau est plus avancé que celui qui en apperçoit les défauts. […] Autres tableaux Monsieur Descamp, c’est vous encore. à la platitude, à la mauvaise couleur grise, au défaut d’esprit, d’expression, et de toutes les parties de la peinture, c’est vous. […] Combien de défauts dans leurs ouvrages qui m’échappent, faute d’avoir pratiqué ; et comme je les leur remontrerais !
Mais, ceci accordé, nous disions aussi que ces défauts sont néanmoins à éviter, parce qu’ils ne sont nécessaires à personne ; que de grands prosateurs, comme Chateaubriand et Buffon, en sont exempts46 ; que même ceux qui les ont ne les ont pas toujours et demeurent supérieurs là où ils ne les ont pas ; et qu’enfin, lorsqu’on enseigne le style, c’est par l’excellence des conseils et les bons exemples d’exécution qu’il faut l’enseigner, et non par des relâchements et des indulgences de doctrine. Oui, certes, on découvre chez les meilleurs écrivains des spécimens de toute espèce de défauts ; mais, parce que ces négligences n’ont pas nui à leurs qualités, est-ce une raison pour ne point recommander d’abord leurs qualités ? […] Nous faisions seulement remarquer que les défauts qu’ils peuvent avoir n’ajoutent rien à leurs qualités, et que leurs qualités sont même infiniment supérieures à leurs défauts, parce que ces qualités sont fondamentales et constituent l’essence même de l’art d’écrire.
Si malheureusement il a le grand défaut moderne, le défaut de presque tous les voyageurs actuels (j’en excepte Stendhal et Custine), de n’être pas aussi moraliste qu’il est spectateur, au moins sa personnalité n’ajoute pas sa superficie aux autres superficies qu’il regarde. […] Son livre l’atteste par ses qualités et par ses défauts. […] Elles appartiennent à l’esprit de l’auteur, comme ses défauts à ses idées.
Le mérite de tout traducteur se réduit presque par le défaut de nos jargons modernes à être exacts, précis & fidéle. […] Massillon n’est pas aussi profonde que celle du Pere Bourdaloue ; ce défaut, si c’en est un, n’est-il pas compensé par l’onction & l’aménité qui les distinguent ? […] Ce défaut regne encore dans les Sermons du P. de la Boissiere de l’Oratoire publiés en 1731. en six volumes in-12. […] Mais ses beautés éclipsent ses défauts. […] Si on peut lui reprocher de légers défauts (& pourquoi ne hazarderions-nous pas une critique qui ne le touche plus, & qui ne pourroit effleurer sa gloire ?)
Ces défauts de la scène étoient inséparables de l’imagination étonnante du poëte, de l’élévation & de la fierté de son ame, de sa manière de concevoir & de rendre fortement & vivement les choses. Sophocle vint, qui corrigea ces mêmes défauts, qui ramena tout à l’ordre, au vraisemblable, à la décence. […] Ils s’imputent les défauts qu’ils n’ont point, & laissent ceux qu’ils ont véritablement, le vuide d’action dans leurs pièces, & la déclamation.
Mais ce défaut, je l’avoue, en me rappelant l’ardente naïveté des vieux tableaux, fut pour moi comme un charme de plus. […] Telle qu’elle est, et avec tous ses défauts, cette toile est la meilleure et incontestablement la plus frappante qu’il nous ait montrée depuis longtemps. […] Trouvez-vous que ce défaut soit léger et ce reproche immérité ? […] Ce n’est pas seulement les peintures de marine qui font défaut, un genre pourtant si poétique ! […] Si Canova fut quelquefois charmant, ce ne fut certes pas grâce à ce défaut.
La seconde vérité, c’est que les défauts essentiels sont les conditions des beautés essentielles, aphorisme qui peut s’exprimer ainsi : Chacun a les défauts de ses qualités. […] Prenons les hommes tels qu’ils sont, en bloc, avec leurs qualités et leurs défauts, comme manifestations d’une même puissance, et ne demandons pas la ruse au lion, la force au renard, ni la grâce au paysan du Danube. […] Seulement, vous les aimez tellement qu’il vous est impossible d’apercevoir leurs défauts.
Une femme qui aura une grande réputation & un leger défaut, pourra le mettre en crédit & le faire regarder comme une grace. […] Lorsque nous voulons nous empêcher de rire, notre rire redouble à cause du contraste qui est entre la situation où nous sommes & celle où nous devrions être : de même, lorsque nous voyons dans un visage un grand défaut, comme par exemple un très-grand nez, nous rions à cause que nous voyons que ce contraste avec les autres traits du visage ne doit pas être. Ainsi les contrastes sont cause des défauts, aussi bien que des beautés. Lorsque nous voyons qu’ils sont sans raison, qu’ils relevent ou éclairent un autre défaut, ils sont les grands instrumens de la laideur, laquelle, lorsqu’elle nous frappe subitement, peut exciter une certaine joie dans notre ame, & nous faire rire. […] De même dans nos pensées, lorsqu’elles contiennent une opposition qui est contre le bon sens, lorsque cette opposition est commune & aisée à trouver, elles ne plaisent point & sont un défaut, parce qu’elles ne causent point de surprise ; & si au contraire elles sont trop recherchées, elles ne plaisent pas non plus.
M. l’Abbé de Wailli, auteur de la meilleure Grammaire françoise que nous connoissions, n’est tombé dans aucun des défauts de l’Abbé Girard. […] Ces deux défauts ont été corrigés dans l’édition que l’infatigable Abbé Goujet en donna en 1757. en trois vol. […] Bouhours y ait trouvé des défauts. […] en censurant les défauts des écrivains de nos jours, ne condamne pas tous les mots nouveaux qu’ils emploient. […] Ce défaut caractérise en particulier le Dictionnaire des proverbes, que Panckouke, Libraire de Lille, publia en 1749.
Si l’on admet qu’un sonnet sans défaut vaut seul un long poème, le livre de M. […] Mais la quantité énorme de ces sonnets fait clairement voir les défauts du genre, et l’on sait ce que fait naître l’uniformité.
Cooper est allé se perfectionnant de jour en jour ; il a mieux connu son talent, à force de le mettre à l’œuvre ; sa manière, d‘abord timide et douteuse, est devenue plus ferme, plus large, plus originale ; il a osé avoir ses qualités et ses défauts propres ; en un mot, sans jamais cesser d’appartenir à la famille du romancier écossais, il a suivi sa route à part, et le colon s’est émancipé. Pour commencer par ses défauts, il en a d’assez graves sans doute. […] Aussi, malgré leurs défauts, les romans de l’auteur américain sont-ils de ceux qui procurent le plus de plaisir et d’émotion ; assez de beautés supérieures y rachètent quelques obscurités et quelques invraisemblances.
Tous mes défauts tiennent à cela ; ce sont des défauts de prêtre. […] En somme, dans tous mes défauts actuels, je retrouve les défauts du petit séminariste de Tréguier. […] Certains défauts que j’ai fussent devenus des qualités. […] Les défauts de l’éducation qu’il donnait étaient les défauts mêmes de son esprit. […] Ce style, dont je ne vis que plus tard les défauts, m’excitait vivement.
M. de Châteaubrun donna, quarante ans après, trois autres Tragédies, dont deux sont restées au Théatre, les Troyennes & Philoctete, quoiqu’elles ne soient pas exemptes de défauts. […] Par malheur pour ses Ouvrages, les beautés ne s’y rencontrent que par intervalles, & n’en rachetent point les défauts, raison décisive pour n’occuper qu’un rang médiocre.
Je ne parle point des défauts de goût, des citations multipliées d’Homère, de la fureur d’exagérer, d’un luxe d’érudition qui retarde la marche fière et libre de l’éloquence, et annonce plus de lecture que de génie ; ce sont là les défauts du siècle plus que de l’orateur : mais il en a d’autres qui lui sont personnels. […] Son obscurité n’était qu’un défaut, sans avoir rien de piquant ; elle tenait seulement à un embarras de style. […] Il nous reste encore un panégyrique dans cette langue, prononcé en l’honneur de Julien ; on y trouve de la noblesse dans les sentiments, quelques belles idées, et des défauts de goût. […] qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
On a lieu de penser que s’il eût commencé plutôt, il auroit pu donner à son style plus de correction, plus de noblesse, plus de chaleur, & se guérir sur-tout d’une diffusion assommante, défaut ordinaire aux vieux Ecrivains, & sur-tout à ceux qui n’ont pas travaillé de bonne heure à s’en garantir. Ces deux Ouvrages, qui, malgré leurs défauts, n’ont pas laissé d’avoir du débit, viennent d’être réimprimés avec des corrections & des suppressions qui en rendent la lecture plus supportable.
Il nous semble que ce seroit en donner une juste idée, en disant que cet Orateur a plus de sagesse que d’élévation, plus de mouvemens que d’images, plus de sentiment que d’énergie, plus de brillant que de naturel ; & par-là, nous ne prétendrions pas affoiblir les éloges dus à ses talens, qui, avec quelques défauts de son Siecle, ont des qualités estimables qu’on ne rencontre pas communément dans les autres Orateurs. […] Nous connoissons de lui un Discours académique sur le Goût, où il s’est encore moins garanti de ces défauts ; à cela près, ce petit Ouvrage ne sauroit être trop estimé pour la délicatesse des pensées & l’élégance de l’expression.
Tout ce Prologue pêche par un défaut de liaison dans les idées, et aucune beauté de détail ne rachète ce défaut. […] Le ton du cœur qui y règne d’un bout à l’autre, a obtenu grâce pour les défauts qu’une critique sévère lui a reprochés. […] Cette fable a aussi le défaut de rentrer dans la morale de plusieurs autres Apologues, entre autres dans celle de la fable IX du douzième livre, qu’on ne change pas son naturel.
Il détonne au milieu des livres actuels, si petitement bas, pour la plupart ; et, malgré ses défauts qui sont nombreux, peut-être n’y a-t-il avec M. […] De là les grands défauts d’un roman qui veut être une étude de la société d’il y a quelques années. […] Mais qu’il ait du succès ou qu’il n’en ait pas, que le livre périsse par les défauts que j’ai signalés ou par ses qualités, parfois plus dangereuses que les défauts quand on vise le succès pour l’atteindre, ce livre n’en sera pas moins la preuve faite, avec une précision qu’on n’avait jamais vue, de cette chose très curieuse et très rare parmi tant d’imitations impuissantes : — c’est qu’un fragment de la personnalité d’un homme soit entré et se soit incrusté si profondément dans la personnalité d’un autre homme… Chemise de Nessus qui ne l’a pas fait souffrir !
Ce petit roman qui ne devait être primitivement qu’un épisode de la grande épopée des Natchez en a les défauts. […] Son prix ne dépend point de sa matière qui sera cependant regardée par les uns comme son mérite, et par les autres comme son défaut ; il ne dépend pas même de sa forme, objet plus important, et où les bons juges trouveront peut-être à reprendre, mais ne trouveront rien à désirer. […] Au surplus, eut-il cent mille défauts, il a tant de beautés qu’il réussira : voilà mon mot.
Sans doute, il n’y faut pas d’excès, et c’est un défaut qu’un style trop compact, où les idées sont si bien tassées et pressées qu’on ne peut les examiner une à une. […] Cependant ce n’est pas là le défaut le plus commun dans les écoles et dans les lycées : les élèves, en général, y développent leur esprit en sens contraire de la nature ; ils y prennent des défauts qui ne sont pas de leur âge.
Défaut qu’un Ecrivain estimable ne sauroit trop éviter. Le même Auteur a publié depuis un nouvel Ouvrage, qui peut servir de suite au précédent, & où le défaut d’exactitude & de fidélité se fait un peu moins sentir.
Ces deux défauts vont d’ordinaire ensemble. […] C’est la punition des imitateurs, de n’imiter que les défauts, en les aggravant79. […] Juges des ouvrages d’autrui, nous nous dirigeons par ses règles ; auteurs, nous tâchons de nous y conformer, et de nous en aider contre nos défauts. […] Changez les noms des poètes immolés par Boileau à l’esprit français, sous d’autres noms je vois les mêmes défauts. Les Chapelain, les Scudéry, les Cotin, ne sont si populaires que parce que les défauts qui se personnifient en eux sont éternels.
Il est à croire que la maturité de l’âge eût corrigé en lui quelques défauts de style, & une certaine affectation de pointes que le bon goût réprouve. Ce qu’il a écrit en François n’a pas ces défauts.
Il sait les faibles et les défauts de son bienfaiteur, mais il insiste sur ses belles qualités, et il plaide pour sa mémoire. […] La Chaire française, en le perdant, ne fit point une grande perte ; mais M. de Harlay, en se l’attachant, fit une excellente acquisition, et l’abbé lui rendit plus d’un service, y compris celui de nous aider aujourd’hui à nous faire une plus juste idée de ses talents qu’un seul défaut obscurcissait. […] Et si on le considère en lui-même, c’est un personnage, sinon un caractère, tout plein de belles qualités, avec un seul défaut, capital il est vrai, et qui finit par dominer trop insolemment et par éclipser le reste. On a dit de César qu’il avait tous les vices et pas un défaut ; et dans sa carrière de suprême ambition ses vices mêmes le servirent. L’exemple de M. de Harlay nous est la preuve, au contraire, que, dans l’ordre régulier des choses, il suffit d’un défaut, d’un vice mal placé, pour tuer un homme.
Et ceci ne laisse pas d’être une originalité qui aurait bien son prix, et qu’il ne faudrait pas trop mépriser, à défaut d’autres. […] Ce défaut n’avait nullement échappé à ses meilleurs amis. […] » Un grand talent, comme une riche draperie, dissimule et cache bien des lacunes ou des défauts, et M. de Montalembert orateur avait de plus en plus fait preuve d’un de ces talents magnifiques qui éblouissent même par instants les opposants et les adversaires. […] j’ai touché le point faible, le défaut de la cuirasse de cet esprit tout féodal, aristocrate dès le berceau, et qui est resté tel malgré tout, sous son vernis et son glacis de libéralisme130. […] M. de Montalembert a eu de bonne heure tout son talent : il gardera tous ses défauts jusqu’à son dernier soupir.
Ce sont des bossues qui ont de jolies têtes, mais le défaut à la taille crève les yeux. […] Le mot dit tout ensemble le défaut et la qualité. […] L’ardente recherche de la distinction en toutes choses, qui est le fond de sa nature, fut la cause de quelques défauts, qu’il n’a plus, quand il débuta dans les lettres. […] Beaux défauts, s’il y en avait de beaux ! car ce sont les défauts des esprits élevés, qui dédaignent les idées et les formes communes et qui, pour les éviter, se jettent un peu trop loin et manquent la simplicité… Trop de zèle !
C’est le défaut humain qui a le plus d’estomac. […] Est-ce un défaut ? […] Avec ces qualités le désabusé a un défaut. […] Alceste, à la bonne heure, qui n’a pour défaut que l’envers d’une qualité, défaut que Philinte sait bien qu’on corrige, puisqu’il l’a eu et s’en est délivré. […] Elle a du moins les plus hauts défauts de l’intellectuelle.
L’Auteur a eu l’art de disposer les Scènes de maniere que l’action ne languit point, & c’est par cette espece de magie, peu connue des Poëtes tragiques d’à présent, qu’il a su en rendre les défauts moins sensibles. De six Comédies que nous avons de lui, il y en a cinq au dessous du médiocre ; mais la Coquette corrigée est une des meilleures Pieces de caractere qui aient été faites de nos jours, quoiqu’elle ne soit pas non plus exemple de défauts.
Quelques Gens de Lettres, sans doute intéressés à ce qu’elle ne fût point jouée, ont crut devoir lui opposer l’autorité, au défaut du talent, arme plus convenable cependant à des Génies qui rougiroient de subsister autrement que par eux-mêmes. […] Le seul défaut qu’on puisse reprocher à ces Mémoires [nous n’entendons parler que de la premiere édition], est une partialité qui nuit à l’autorité des jugemens, d’ailleurs justes pour la plupart. […] Si on pardonne ce défaut en faveur des circonstances & des motifs, qui non seulement le justifient, mais en font un mérite, on pourra dire que cet Ecrivain a rendu de vrais services aux Lettres, en frondant avec vigueur les usurpations qui les dégradent.
Même défaut dans cet Apologue. […] C’est aussi le défaut que l’on peut reprocher au prologue. […] Ces cinq premiers vers sont nobles et imposans, ils ont pourtant un défaut.
Le plaisir que nous fait la musique répare néanmoins ce défaut. […] L’art du musicien ne sçauroit compenser le plaisir que leur fait perdre le défaut de vrai-semblance, défaut essentiel pour un poëme, et cependant inséparable de l’opera.
En qualité de Poëte, sa gloire ne seroit point à l’épreuve de la critique ; une versification dure & négligée, peu de sentiment, point de pathétique, aucun de ces grands mouvemens qui excitent les passions & annoncent le génie, des ressorts plus dignes de Thalie que de Melpomene, seroient des défauts qui le rendroient inférieur à plusieurs de nos Poëtes Tragiques, qui n’ont pas cependant réussi comme lui. […] Un zele aussi noble, soutenu d’ailleurs par une grande connoissance de la mécanique du Théatre, suffit pour lui faire pardonner les défauts de l’exécution ; & M. de Belloy a pu dire avec l’Auteur de l’Anti-Lucrece : Elcquio victi, re vincimus ipsâ.
De grands défauts s’y mêlent et les ternissent, des défauts que n’avait pas Byron et qui étonnent d’autant plus dans Lawrence, qu’ils l’abaissent également dans son talent et dans son dandysme, lui qui est de la même race que ses types et que ses héros ! […] Ce Richard cœur de lion et articulation de lion, qui n’a pas, lui, les immensités d’une Croisade, comme les lions ont pour leurs bonds terribles les immensités du désert ; ce Plantagenêt civilisé, idéal de cette société mélangée de Saxon et de Normand qu’on appelle la société anglaise, mais bien plus Anglais de race et de physique que les héros de Lord Byron, dont le défaut peut-être est de n’avoir pas assez de physionomie historique ; Guy Livingstone a cependant, comme les héros de Byron, ce charme de la goutte de lumière dans l’ombre et d’une seule vertu parmi plusieurs vices qui a toujours ensorcelé l’âme des hommes et qui l’a transportée d’enthousiasme, bien plus, hélas ! […] Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que vous retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage, sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
J’ose aller contre l’axiome de Boileau, ce janséniste en poésie, qui disait « qu’un sonnet sans défaut valait un long poème ». […] Si le poème a des défauts, ce n’est pas merveille qu’un sonnet sans défaut vaille mieux qu’un poème qui en a. Et encore je n’en suis pas bien sûr… Même avec des défauts, un poème (je ne parle pas de celui de Chapelain) est une œuvre d’haleine, de composition, d’invention, qui surpasse de beaucoup, en forces employées, les maigres et presque mécaniques proportions et difficultés du sonnet.
L’imitation, nous le savons bien, c’est par là que l’homme débute dans la vie, mais, pour peu qu’il ait de la vie, il outre le défaut de son modèle, et cette outrance, c’est l’honneur de son esprit, car c’en est la promesse ! Quand Chateaubriand, à son début, imitait Rousseau, il était plus déclamatoire, plus faux que lui, plus ardemment morbide ; il élevait les défauts de Rousseau à leur plus haute puissance, mais c’était sur ces défauts exagérés et rejetés plus tard qu’il devait monter jusqu’à la hauteur de son propre talent, à lui-même. […] Hector Malot n’a-t-il pas exagéré les défauts de quelqu’un, — n’importe qui, Balzac ou un autre !
De grands défauts s’y mêlent et les ternissent, des défauts que n’avait pas Byron et qui étonnent d’autant plus dans M. […] Ce Richard cœur de lion et articulation de lion, qui n’a pas, lui, les immensités d’une Croisade, comme les lions ont pour leurs bonds terribles les immensités du désert ; ce Plantagenêt civilisé, idéal de cette société mélangée de Saxon et de Normand, qu’on appelle la société anglaise, mais bien plus Anglais de race et de physique que les héros de lord Byron, dont le défaut peut-être est de n’avoir pas assez de physionomie historique, Guy Livingstone a cependant, comme les héros de Byron, ce charme de la goutte de lumière dans l’ombre et d’une seule vertu parmi plusieurs vices qui a toujours ensorcelé l’âme des hommes et qui l’a transportée d’enthousiasme, bien plus, hélas ! […] Les deux femmes qui créent, par l’antagonisme de leurs sentiments, le drame de son livre, il en a monté les qualités et les défauts jusqu’à cette note suraiguë qu’il appelle l’outrance, cette outrance que TOUS retrouvez jusque dans le dénoûment si peu attendu d’un pareil livre, où un colosse de l’énergie et de l’orgueil de Guy Livingstone finit par se transformer jusqu’à subir patiemment et sublimement le plus cruel outrage sous l’empire des sentiments les plus nobles et les plus doux de la nature humaine : le respect de la parole donnée, le repentir et la fidélité dans l’amour.
Ce mot de talent couvre d’ailleurs trop de choses bien diverses, des qualités et des défauts qu’on ne se donne plus la peine de discerner. […] Depuis que ces cinq hommes forts, réduits au silence pour une cause ou pour une autre, nous font défaut, « la nuit est revenue, dit M. du Camp ; chacun se traîne à travers l’obscurité pour chercher la lumière, et nul ne la trouve. […] Et ici, dans le sombre tableau qu’il trace des défauts et des vices de la littérature actuelle, l’auteur fait ce qui est trop ordinaire aux natures impétueuses et sans nuances, il se retourne contre lui-même, et entre en réaction contre les siens. Selon lui, en effet, il n’y a plus dans la littérature actuelle que de la forme, la pensée est absente ou sacrifiée : en architecture, en peinture, en sculpture, on ne rencontre, selon lui, que le pastiche, l’imitation du passé, une imitation confuse et entrecroisée des différentes époques, des différentes manières antérieures : « Il en est de même, dit-il, en littérature : on accumule images sur images, hyperboles sur hyperboles, périphrases sur périphrases ; on jongle avec les mots, on saute à travers des cercles de périodes, on danse sur la corde roide des alexandrins, on porte à bras tendu cent kilos d’épithètesa, etc. » Et dans ce style qui n’évite pas les défauts qu’il blâme, l’auteur s’amuse à prouver que tous, plume en main, jouent à la phrase et manquent d’une idée, d’un but, d’une inspiration : « Où sont les écrivains ? […] L’Académie, qui a sans doute ses défauts, n’a pas du moins ceux qu’il lui impute.
C’est parmi eux qu’il s’agit pour vous de se créer des amis fidèles, sincères, qui vous aiment pour vos belles qualités, non pour vos défauts ; qui ne vous admirent point par mode, et qui sauront vous défendre contre la mode un jour, quand elle tournera. […] On peut dire qu’Alfred de Musset poète est tout entier dans Namouna, avec ses défauts et ses qualités. […] Dans les poésies qu’il produisit sous cet astre puissant, presque tous ses défauts disparaissent ; ses qualités, jusque-là éparses et comme en lambeaux, se rejoignent, s’assemblent, se groupent dans une mâle et douloureuse harmonie. […] Les défauts et les qualités sont sortis en toute licence, et la postérité aura à faire le départ. […] Ce que les imitateurs prennent toujours, la forme, la superficie, le ton leste, le geste cavalier, les défauts fringants, toutes choses qui, au moins chez lui, sont portées avec une certaine grâce et désinvolture, et qu’eux ils se sont mis à copier religieusement.
Les principes y font défaut, quoique le dogmatisme n’en soit pas absent. […] Il y en a plus d’une autre de la même sorte, et ce n’est pas le moindre défaut de ce discours que les pensées les plus heureuses n’y appartiennent pas au sujet. […] L’imagination, loin de lui faire défaut, déborde et emporte tout le reste : il a ce qui ressemble le plus au sentiment, la verve. […] Ses défauts ont profité d’une certaine morale qui a eu cours en ces dernières années, sur l’incompatibilité du génie avec la sagesse commune. […] Il craignit pour son droit d’inventeur, et il eut la double faiblesse de désavouer ses disciples et d’imiter les imitateurs de ses défauts, au risque d’être à son tour désavoué comme téméraire par des jeunes gens.
Ménage sur-tout fut offensé de la liberté, ou, pour mieux dire, de la justice avec laquelle il s’étoit expliqué à son sujet ; mais les Lecteurs furent du parti de Baillet, & seront toujours de celui de quiconque, sans humeur & sans partialité, fera connoître les défauts de chaque Ecrivain, sans lui rien dérober de la gloire qu’il mérite pour ce qu’il a composé de bon. […] Ce défaut est assez ordinaire aux Biographes ; ils ont plus de zele pour leur Héros, que de jugement & de goût.
Je puis m’être trompé dans mes jugements, soit par défaut de connaissance, soit par défaut de goût ; mais je proteste que je ne connais aucun des artistes dont j’ai parlé, autrement que par leurs ouvrages, et qu’il n’y a pas un mot dans ces feuilles que la haine ou la flatterie ait dicté.
Nous connoissons les défauts du Cid encore mieux que vous, lui dirions-nous, mais vous ne pouvez pas sentir aussi-bien que nous les beautez qui nous le font aimer avec ses défauts.
Mais ces défauts n’appartiennent-ils pas plus à l’original qu’à la traduction ? Et si la traduction péche à ces égards, ne doit-on pas en faire remonter la cause aux défauts de l’Auteur primitif ?
Sans le surcharger ridiculement d’un sentiment froid & puérile, sans y étaler une philosophie vaporeuse, propre à faire hurler la musique ou la dénaturer, sans le parsemer de ces petits riens à prétention, qui ne sont accueillis qu’au défaut de quelque chose, il a su y répandre de l’intérêt, du naturel, de la gaieté, de la finesse, & tous les agrémens dont il est susceptible ; il a su, en un mot, y peindre le vrai caractere de la Nation, que ses Rivaux ne s’occupent qu’à abâtardir & à défigurer. […] D’ailleurs le Président Fauchet n’écrivoit mal, que parce que c’étoit un défaut assez général de son temps, où la langue n’étoit pas encore formée.
Le style de sa narration ne contribue point à en faire oublier les défauts ; il est sec, quelquefois embarrassé, & souvent inégal. […] Reboulet a donné encore deux Histoires ; celle de Clément XI, entachée des mêmes défauts que nous venons de remarquer ; & celle de la Congrégation des Filles de l'Enfance, plus légérement écrite, mais trop chargée de détails, & trop abondante en petits faits, dont la plupart sont douteux.
S'il lui arrive quelquefois d'ajouter quelque chose aux Auteurs qu'il met à contribution, ce sont ordinairement des erreurs ou des absurdités qui décelent à la fois l'ignorance, la platitude, & un défaut de jugement. […] Si l'Auteur nous accusoit de contradiction, nous pourrions lui répondre que se corriger n'est pas se contredire, & que dans le temps même que nous ne connoissions qu'imparfaitement son Ouvrage, nous lui avions reproché le défaut de précision, de correction, d'égalité dans le style, de sévérité dans le choix des Auteurs qu'il cite, ainsi que dans celui des morceaux de leurs écrits qu'il copie.
Ce défaut moins sensible dans la seconde édition, est vraisemblablement ce qui a empêché le Gouvernement de permettre le débit de ce Livre, & l'a privé de la plénitude du suffrage des honnêtes gens. Après tout, ce défaut est facile à corriger, & nous exhortons M.
Ce n’est pas qu’on ne rencontre dans ce dernier Ouvrage quelques morceaux pleins d’élégance, de naturel & de pathétique ; mais ils sont en trop petit nombre pour faire pardonner les longueurs, les inutilités & les défauts de correction & de goût qu’on y remarque. […] L’autorité de M. de Fontenelle, celle de Perrault, de la Mothe, de l’Abbé Terrasson, venoient à l’appui de cette judicieuse déclamation, où il disoit, entre autres choses, que les défauts d’Homere l’avoient tellement choqué, & dégoûté de le traduire, que la plume lui en étoit souvent tombée des mains.
Si l'on fait attention aux difficultés du sujet qu'il a entrepris de traiter dans une Langue telle que la nôtre, & combien la Poésie Françoise se prête peu aux expressions techniques d'un Art dont la plupart des regles sont fondées sur l'Optique & l'Anatomie, on lui saura gré d'avoir surmonté de tels obstacles, & on passera sans peine sur le défaut d'intérêt & d'élégance, qu'on lui reproche, en lui tenant compte des vraies beautés qu'il a le plus souvent répandues sur une matiere ingrate par elle-même. […] Watelet, & n'en font que mieux sentir les défauts des autres Auteurs qui ont concouru à cet Ouvrage, sans avoir le talent, ou sans vouloir se donner la peine d'y fournir une tâche digne de l'enthousiasme avec lequel on l'avoit annoncé.
De son vivant, il a été parfaitement jugé et connu, tant pour ses bonnes qualités que pour ses défauts, pour ses belles et charmantes parties que pour ses folies et ses détestables travers, par des personnes de sa société, et, jusqu’à un certain point, de ses amis. […] L’accident au fond venait de lui : il tenait à un défaut et à une qualité. Le défaut, c’était le besoin d’action à tout prix, le besoin de bruit et de renommée qui ne se passait ni des intrigues ni des manèges, et qui jouait avec les moyens scabreux : de là toute une suite d’indiscrétions, de déguisements, de rétractations, de désaveux, de mensonges. […] Il ne rit pas seulement, il ricane ; il y a un peu de tic, c’est le défaut. […] Mais les cercles les plus agréables, cependant, ne suffisaient point à Voltaire et ne pouvaient l’enfermer : il en sortait, à tout moment, je l’ai dit, et par des défauts et par des parties plus sérieuses et louables.
. — Mais à quoi bon remarquer ces défauts ? […] Ce portrait de Fontenelle par La Bruyère est pour nous une grande leçon : il nous montre comment un peintre habile, un critique pénétrant, peut se tromper en disant vrai, mais en ne disant pas tout, et en ne devinant pas assez que, dans cette bizarre et complexe organisation humaine, un défaut, un travers et un ridicule des plus caractérisés n’est jamais incompatible avec une qualité supérieure. […] Cette mort fut la seule douleur de sa longue vie, le seul accident qui trouva sa philosophie en défaut ; il fut homme un jour par ce côté. […] Fontenelle, de bonne heure, marqua tous les défauts d’une nature privée d’idéal et de flamme, et qui n’avait ni ciel à l’horizon ni foyer intérieur ; mais il eut aussi toutes les qualités compatibles avec ces sortes de natures purement intellectuelles. […] Grimm a très bien remarqué que Voltaire avait toutes les qualités de goût opposées précisément aux défauts de Fontenelle, le naturel, la vivacité, la saillie franche et prompte, le jet de source.
Il se donne à nous comme dénué de toute ambition, de tout intérêt personnel : « Mon grand défaut, mon imperturbable défaut est l’antipathie pour le mouvement. » Il avait pour principe qu’il y a de bons défauts, et qu’il ne s’agit que de savoir en prendre son parti et s’en arranger pour y trouver du bonheur. […] Il fut orateur de club ce jour-là, et il triompha d’un léger défaut de prononciation qui n’était pas désagréable en causant, mais qui ne le désignait pas nécessairement pour la parole publique. […] Arrivé en province, à Moulins, il s’aperçoit aisément que la proscription ne l’y atteindra pas : il aurait même pu se montrer sans danger et reparaître, s’il n’y avait pas vu une espèce de bravade, et par conséquent un défaut de convenance : « Mais, ajoute-t-il, il faut être poli, même avec les révolutions. » On doit déjà saisir le ton de cet esprit fin, ironique, épigrammatique, et légèrement impertinent jusque dans les choses sérieuses : son mérite est de renfermer bien du bon sens et des vues justes sous cette forme-là. […] Hors de là, dans la partie sentimentale, le roman n’est pas exempt des défauts ni de la manière de l’époque.
C’est un défaut dans lequel Virgile n’est jamais tombé, & qu’on peut quelquefois reprocher au Tasse, tout admirable qu’il est d’ailleurs : ce défaut vient de ce que l’auteur trop plein de ses idées veut se montrer lui-même, lorsqu’il ne doit montrer que ses personnages. […] La fierté annoncée par l’extérieur est tellement un défaut, que les petits qui louent bassement les grands de ce défaut, sont obligés de l’adoucir, ou plûtôt de le relever par une épithete, cette noble fierté. […] Les autres arts ne sont pas si susceptibles de ce défaut. […] C’est un défaut d’être grave hors de propos. […] Il n’y a que trop d’exemples de ce défaut.
J’ai gardé un défaut, je le vois bien, dont l’âge ne me corrigera jamais. […] Comme professeur, je sens qu’il est de mon devoir de veiller avant tout aux intérêts du goût, à l’explication et au maintien de la tradition, et je crois sentir aussi que je ne ferai pas défaut à ce rôle de conservation littéraire. […] Feydeau compose ses livres et ne les écrit pas au fur et à mesure, par feuilletons), le style qui, avec ses défauts, est si marqué et si expressif, n’ont pas obtenu l’attention qui était due ; on n’a pas rendu justice, non seulement à de très beaux tableaux très bien exécutés, tels que l’incendie et des paysages de marine, mais à des scènes dramatiques fort vigoureuses, à celles de la falaise entre Daniel et Louise, entre Daniel et Cabâss, à la scène de la dernière partie dans laquelle Daniel, comptant n’avoir affaire qu’à sa belle-mère, rencontre chez elle tous ses ennemis réunis et en a raison un à un, s’en débarrasse successivement, les culbute et les évince, jusqu’à ce qu’il ait réduit le débat à n’être que ce qu’il devait être d’abord, un duel à deux et sans témoins. […] le coquin a du talent » ; après Catherine, on pourra dire : « mais il a de l’esprit. » — Les défauts, quoique moindres, sont encore ceux des précédentes études, et je donnerai derechef pour conseil général à l’auteur : éteindre des tons trop bruyants, détendre çà et là des roideurs, assouplir, alléger sa langue dans les intervalles où le pittoresque continu n’est aucunement nécessaire ni même naturel ; se pacifier par places sans se refroidir au cœur ; garder tout son art en écrivant et s’affranchir de tout système ; — ne jamais perdre de vue que, parmi les lecteurs prévenus et à convertir, il y a aussi des malins et des délicats, et ne pas aller donner comme par un fait exprès sur les écueils qu’ils ont notés de l’œil à l’avance et où ils vous attendent.
« Croyez bien, dit encore Trousseau, que ces nomenclatures, dont le ridicule n’est pas le moindre défaut, ne valent guère la peine qu’on en salisse sa mémoire, et que jamais des médecins sérieux ne daigneront s’en servir, autant par respect pour la philologie que dans l’intérêt véritable du progrès de notre art. » 94 Flaubert a judicieusement évité ce défaut. […] M. de Curel, dans sa Nouvelle Idole, a très heureusement échappé à l’un et à l’autre de ces défauts scéniques.
Tous ces défauts, dans Montmaur, étoient rachetés par quelques bonnes qualités. […] Chacun avoit beaucoup de prétentions & les mêmes défauts, se plaisoit à conter longuement, à faire parade d’érudition. […] On ne parvint à le mortifier véritablement, que dans une occasion où sa mémoire fut en défaut.
Rien, à mon jugement, ne pourrait remplacer les parties du cours de La Harpe, où ce critique parle de ce qu’il sait, et ne fait point de théories à l’usage de ses préventions ou pour donner le change sur les défauts de ses œuvres originales. […] Peut-être même sera-ce le principal défaut de ce travail que ma foi y paraîtra superstitieuse et que j’aurai abaissé mes dieux en les supposant si occupés de moi.
Si la plupart des spéculations de l’Abbé de Saint-Pierre. sont impraticables, on doit plutôt s’en prendre à l’état actuel des Sociétés, qu’au défaut de justesse & de suite dans ses observations. […] Ce défaut, essentiel à la vérité, une fois reconnu, il n’en reste pas moins à admirer le Génie qui a enfanté cette concorde idéale, & qui l’a suivie, pour ainsi dire, dans tous les moyens propres, selon les idées de l’Auteur, à la procurer.
Ils n’ont pas été libres de choisir ; je n’en veux pour preuve que les préfaces où ils essayent de nous donner leurs défauts pour des beautés et le faux pour le vrai. […] Quel guide moins sûr qu’un auteur qui fait une égale estime de toutes ses pensées, qui professe la doctrine que la langue de son pays en doit être la servante, et qu’où elle fait défaut, le patois peut y suppléer ! […] Je suis sûr d’y découvrir un certain défaut familier, un côté où penche son esprit, faute de force pour se tenir en équilibre ; une faiblesse qu’il a su rendre séduisante par l’adresse dont il la déguise. […] Ce grand nombre d’imitateurs ne rehausse pas la gloire du modèle ; il prouve tout au plus que ses défauts venaient du mauvais emploi qu’il a fait de grandes qualités, et que ses contemporains ont été médiocres. […] Mais sous l’empire de cette règle, qui ne gêne que nos défauts, la prose française allait recevoir de grands accroissements de la variété des sujets et du génie propre de chaque auteur.
Les mêmes spectateurs qui applaudissaient aux pièces médiocres des autres auteurs, relevaient les moindres défauts de Molière avec aigreur. Les hommes jugent de nous par l’attente qu’ils en ont conçue ; et le moindre défaut d’un auteur célèbre, joint avec les malignités du public, suffit pour faire tomber un bon ouvrage. […] Cette intrigue a le défaut d’un roman, sans en avoir l’intérêt ; et le cinquième acte employé à débrouiller ce roman, n’a paru ni vif ni comique. […] Ses farces ont le défaut d’être quelquefois un peu trop basses, et ses comédies de n’être pas toujours assez intéressantes. Mais avec tous ces défauts-là, il sera toujours le premier de tous les poètes comiques.
Marianne, comme le plus avisé des disciples féminins de La Rochefoucauld, nous expose le pourquoi de l’infidélité et son secret mobile, et aussi le remède : On ne le croirait pas, dit-elle, mais les âmes tendres et délicates ont volontiers le défaut de se relâcher dans leur tendresse, quand elles ont obtenu toute la vôtre : l’envie de vous plaire leur fournit des grâces infinies, leur fait faire des efforts qui sont délicieux pour elles ; mais, dès qu’elles ont plu, les voilà désœuvrées. […] Les cœurs au fond étant à peu près d’accord dès le début, et les dangers ou les empêchements du dehors faisant défaut, Marivaux met la difficulté et le nœud dans le scrupule même, dans la curiosité, la timidité ou l’ignorance, ou dans l’amour-propre et le point d’honneur piqué des amants. […] Et ici ce n’est point pour sa sincérité précisément que la marquise entend se choquer, notez-le bien : « Mais quand on a le goût faux, lui dit-elle, c’est une triste qualité que d’être sincère. » Ergaste, à son tour, à qui elle se met à dire des vérités, se fâche, et il se rejette vers Araminte, de même que la marquise revient à Dorante, qu’elle veut forcer aussi à lui dire ses défauts : Dorante, en ayant l’air d’obéir, choisit si bien les deux ou trois défauts qu’il lui reproche, que cela devient une flatterie nouvelle et des plus insinuantes. […] Sans doute le mot de marivaudage s’est fixé dans la langue à titre de défaut : qui dit marivaudage dit plus ou moins badinage à froid, espièglerie compassée et prolongée, pétillement redoublé et prétentieux, enfin une sorte de pédantisme sémillant et joli ; mais l’homme, considéré dans l’ensemble, vaut mieux que la définition à laquelle il a fourni occasion et sujet.
À défaut d’une grande originalité, Turretin eut donc de l’à-propos, de la sagesse pratique, de la persuasion, une influence salutaire, et il contribua à fixer pour un long temps cette température religieuse et morale dans laquelle on respira désormais plus librement, et qui permettait d’être à la fois, dans une certaine mesure, chrétien, philosophe, géomètre et physicien, homme d’expérience, d’examen, de doute respectueux et de foi. […] Observateur philosophe, il a pourtant un défaut marqué dans ces lettres sur la France, qu’il a retouchées après coup plus que les premières : il y raisonne trop, il disserte ; il distingue sans cesse entre le bon et le beau. […] Il semble souvent employer son bon sens et son esprit séparément, et l’un au défaut de l’autre, plutôt que de se servir de l’un et de l’autre conjointement, pour mettre dans leur jour les sentiments du cœur qui font le poète. […] C’est encore ce qui lui a donné lieu à se jeter sur des matières générales plutôt que sur les défauts de sa nation, et par cet endroit aussi bien que par son caractère d’esprit, il ne fait pas aux Français tout le bien qu’un poète satirique pouvait leur faire. […] Heureux défaut, et qui rappelle encore, par une sorte de marque héréditaire, la suite des ancêtres !
Fénelon, qui n’était plus alors à Versailles, mais qui ne cessait de le suivre de l’œil et de l’environner de conseils, sentait bien le défaut capital joint à la qualité que nous signalons, et il en avertit dans beaucoup de ses lettres, pour qu’on y prenne garde et qu’on n’y abonde pas. […] Fénelon ne se fait là-dessus aucune illusion, et, à bien lire sa Correspondance, il en ressort que, pour être guéri non sans peine de « ses défauts les plus choquants », le prince ne lui paraît nullement arrivé à la perfection humaine et royale. […] Faible et fougueux, orgueilleux, méprisant, cruel railleur, et à chaque instant furieux… Fort pénétrant, précoce aux choses littéraires, ayant tous les défauts et des princes et des gens-de lettres. […] Il ne dit pas un mot sur le point essentiel, le défaut d’activité, et l’inertie mobile qui tourne sans avancer. […] Il subit passivement ses défauts, qui sont sans remède, étant devenus sa nature. « Il se renferme, prie et lit.
Les localités, à défaut d’une carte précise qui les dessine, nous sont figurées en de vives images : Carthage, « galère ancrée sur le sable lybique », est soulevée, ballottée, et semble en péril aux moindres tempêtes. […] Spendius, à qui le cœur fait défaut le jour de la bataille et devant l’ennemi, est dans l’habitude de réparer cette faiblesse le lendemain par ses expédients. […] Si j’avais affaire à un auteur mort, je dirais qu’il y a peut-être chez lui un défaut de l’âme ; mais comme nous connaissons tous M. Flaubert très-vivant, que nous l’aimons et qu’il nous aime, qu’il est cordial, généreux, bon, une des meilleures et des plus droites natures qui existent, je dis hardiment : Il y a là un défaut de goût et un vice d’école. […] Que si je semble disposé, cette fois, à ne rien passer à un auteur si distingué et qui est de mes amis, c’est qu’il n’est pas de ces talents dont on a dès longtemps fait son deuil pour leurs défauts, et qu’on prend tels quels, en bloc, sans plus espérer désormais de les modifier.
» Ses défauts, il les avoue, et il ne les avoue pas comme on fait trop souvent avec ses défauts, en se frappant sur la joue pour se mieux caresser, en confessant le petit défaut pour dissimuler le plus gros. […] J’y vois de l’exagération pourtant, et jamais Louis XV, ni pour les qualités ni pour les défauts, n’a pu mériter d’être comparé à un Tibère. « C’était un honnête homme, qui n’avait d’autre défaut que celui d’être roi », écrivait le grand Frédéric à Voltaire au moment de la mort de Louis XV.
La derniere n’est qu’un joli divertissement ; mais les deux autres respirent le goût de la bonne Comédie ; & quoiqu’elles ne soient pas exemptes de défauts, elles n’en offrent pas moins une infinité de traits qui annoncent de vrais talens. […] A ce défaut près, qui est pourtant essentiel, cette Piece fait honneur à M.
L’épître, ce genre aimable, où le poète, devenu moins chatouilleux sur les défauts d’autrui et moins indulgent pour les siens, ne s’excepte pas de la morale qu’il fait aux autres, J. […] Pourvu que l’auteur évitât ce qu’on appelait les longueurs de l’Iliade et la grossièreté des mœurs homériques, qu’il eût soin de ne pas prendre pour héros un homme pieux comme Énée, ces prétendus défauts de moins lui étaient comptés comme des qualités. […] Quand la Harpe, d’accord avec les critiques de Voltaire sur le défaut d’invention de la Henriade, y vante les beautés de style, que veut-il nous persuader ? […] Pour en revenir à Gilbert, il prouve combien il est difficile à qui s’est défendu de l’illusion publique sur les écrivains contemporains, de se défendre de leurs défauts, et de sauver à la fois de la contagion ses sentiments et son goût. […] Tous les sentiments y sont purs des deux défauts auxquels nul n’échappe en parlant de soi, l’exagération et la familiarité.
On nous a habitués à considérer l’École Parnassienne — disons plus familièrement le Parnasse — de même que nous dirons tout à l’heure le Symbolisme au lieu de l’École Symboliste — comme une réaction contre le Romantisme ou du moins contre ses excès, c’est-à-dire contre les mauvais poètes qui n’en continuaient que les défauts. […] Le réel mérite des poètes parnassiens lui fut moins visible que leurs défauts. […] Tels furent donc un certain byzantinisme et un excès de subtilité, les principaux défauts des Poètes qu’on appelait Décadents, défauts plus apparents que réels et plus passagers que durables et que rachetait amplement, un ardent désir de nouveauté, l’espoir d’étendre le domaine de la poésie et de cultiver à l’ombre de la Tour d’Ivoire des fleurs singulières, rares et parfumées. […] C’est à cela qu’elle doit la plupart de ses qualités et de ses défauts. […] J’en connais les défauts et je les reconnais.
En général, la philosophie du XVIIIe siècle et la politique de la première révolution présentent les défauts inséparables de la première réflexion : l’inintelligence du naïf, la tendance à déclarer absurde ce dont on ne voit point la raison immédiate. […] Toutes les réformes ont eu ce défaut à leur origine, et d’ailleurs ceux qui leur adressent un tel reproche le font presque toujours parce qu’ils n’ont pas une idée assez étendue des formes diverses de la société humaine et de son histoire. […] Les langues maniées, tourmentées, refaites de main d’homme, comme le français, en portent l’empreinte ineffaçable dans leur manque de flexibilité, leur construction pénible, leur défaut d’harmonie. […] L’ingénieux publiciste a vu le défaut des réformateurs, l’artificiel, le formalisme, la fureur d’écrire et de rédiger ce qui est plus fort quand il n’est pas écrit. Mais il n’a pas vu que ces défauts étaient nécessaires comme condition d’un progrès ultérieur.
Tel défaut qui, dans le chef, était balancé et tenu en échec par une haute qualité, se démasque tout à coup chez les descendants, et apparaît hors de mesure. […] Tous ceux qui ont parlé d’elle ont noté ce tour précis de son esprit et cette justesse dans le brillant : elle était de cette école de la fin du xviie siècle, à qui Mme de Maintenon avait appris que les longues phrases sont un défaut. […] C’est une pièce de physiologie morale des plus fines ; j’en donnerai les principaux traits : Mme la duchesse du Maine, à l’âge de soixante ans, n’a encore rien acquis par l’expérience ; c’est un enfant de beaucoup d’esprit ; elle en a les défauts et les agréments. […] Mais, en les considérant avec une sorte d’étonnement (car, sous cette forme plus ou moins royale, l’espèce va se perdant de jour en jour), sachons éviter notre écueil aussi et ne pas abonder dans notre orgueil ; sachons bien qu’avec eux il s’agit encore de nous-mêmes, que ce sont là les défauts que nous aurions demain, si nous n’étions pas contraints et avertis à tout moment par la résistance des choses. […] L’homme a beau retourner et renverser les situations, il ne change pas ses défauts ni ses travers ; on les voit bientôt reparaître tous ; seulement ils se produisent, selon les temps, sous une forme plus ou moins noble, polie et agréable ; et cette forme-là, qui combinait l’excès de l’égoïsme avec la délicatesse d’esprit et la politesse, est plutôt celle du passé.
Ses défauts sont de ceux qui choquent le plus aisément en France, ce ne sont pas des défauts français ; et ses qualités sont de celles qui ne viennent trop souvent dans le monde qu’après les choses de tact et de goût, car elles tiennent à l’âme et au caractère. […] Voilà le défaut. […] Mme Necker, tout à côté, retrouve bien quelques-uns de ses anciens défauts. […] Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent. […] Mme Necker, avec des défauts qui choquent à première vue, et dont il est aisé de faire sourire, a eu une inspiration à elle, un caractère.
Tour à tour employé en Italie sous Catinat, sous Villeroi, sous Vendôme, il plaisait singulièrement à ce dernier dont il avait plus d’une qualité et plus d’un défaut. […] La morale à tirer d’une étude sur le caractère de Bonneval est bien celle-ci : Que de belles et brillantes facultés perdues, égarées, tournées à mal, par un défaut, par un travers, par un ressort trop brusque et cassant, dont la détente part à l’improviste, et ne se laisse pas diriger ! Déjà, en étudiant Bussy-Rabutin, Saint-Évremond, ces spirituels disgraciés, et qui étaient à la veille d’être des guerriers illustres, on a pu noter l’effet d’un de ces défauts de caractère, de cet esprit de raillerie ou de libertinage, qui, comme une paille secrète, est venu altérer la trempe de l’ensemble et rompre le milieu d’une belle vie. Ce genre de défaut va nous être plus apparent encore et plus sensible chez Bonneval : il ne lui a manqué qu’un grain de moins dans la tête pour être un personnage historique et non romanesque. […] Il me conduit bien droit à mon but, je me moque du reste : Audaces Fortuna juvat… » Le caractère, ce me semble, est assez nettement dessiné ; il y a là un défaut originel qui reparaît constamment et qui se réveille presque sous les mêmes formes.
Pour eux, c’est l’infécondité et c’est l’Envie… Elle ne voit pas que les défauts dans les œuvres, elle y voit et fait voir aussi les beautés, souvent inaperçues autant que les défauts ; et, pour elle, ce n’est pas tout encore. Quand il n’y a ni beautés, ni défauts dans une œuvre, qu’au lieu de médiocre, elle est nulle, quand l’artiste n’a pas su lutter avec les difficultés de son sujet et qu’il a été accablé et anéanti par elles, la critique refait à sa manière… elle devient inventive, elle crée15… » Notre époque, où manquent trop les esprits d’ensemble, dans le mépris où l’on tient les idées générales, nous donne, chaque jour, une définition nouvelle de la critique. […] Le devoir du critique est de s’adresser directement à l’auteur et de lui signaler ses défauts ou d’encourager ses qualités. Il ne transformera en aucune façon la « manière » de cet auteur pour peu qu’elle soit personnelle, et l’auteur continuera à entretenir avec soin ses qualités et surtout ses défauts qui constituent sa « marque »18. […] Ce n’est pas lui qui chassera les poètes de la cité future, car il les goûte avec discernement et tient compte de leur pensée, sans pour cela que sa méthode ou son érudition puissent être mises en défaut.
Elle eut bientôt ses lieux communs, ses fadeurs mythologiques, sa chaleur factice, et la plupart des défauts qu’elle reprochait à l’ancienne poésie. […] Pourtant un défaut commun dépare ces jolies pièces : c’est l’abus d’analyse et de description. […] L’auteur n’échappe jamais à ce défaut ; déjà dans la belle ode où il fait parler Louis XVII, il s’était mis à chaque instant à la place de son personnage.
&, en rendant justice à leurs talens, est-on obligé de se taire sur leurs défauts ? N’est-il pas à craindre que ces défauts, quelquefois séduisans, ne contribuent à la ruine de la Littérature ?
Si cependant le brillant de l’esprit, la fécondité de l’imagination, de l’élégance du dessin, peuvent excuser ces défauts, personne n’aura plus de droit à l’indulgence que M. l’Abbé Raynal. […] Nous ne lui attribuerons pas, comme le Public, l'Histoire de l'établissement du Commerce dans les deux Indes : il seroit trop humiliant pour lui de vieillir au milieu des fables, en enchérissant sur le défaut de véracité, à mesure que les progrès de l'âge devroient perfectionner ses lumieres & mûrir sa raison.
Ce maître a toujours le même feu, la même facilité, la même fécondité, la même magie et les mêmes défauts qui gâtent un talent rare. […] Ils n’en ont que les défauts.
Les Romantiques, sans en discerner la vraie cause, à ce que je crois, tentèrent bellement de remédier au défaut du vers. […] Sa strophe n’est pas très riche en rythmes neufs et la souplesse lui fait défaut mais, ses imbrications serrées ne permettant point de découvrir le poète qui parle, elle surgit d’elle-même et résonne comme au verbe d’une invisible bouche. […] Si donc celle-ci a en soi des défauts, et je tâcherai de les montrer, on ne peut nier qu’elle ne soit pour ce poète la plus logique entre toutes, puisqu’elle s’identifie si étrangement avec lui-même. […] Il a de leurs défauts une tendance à l’élocution trop facile, et, de-ci, de-là, au prosaïsme, — et la tendance aussi de ne se guère régler que sur son propre assentiment. […] Je le dis encore, le défaut de ces vers c’est qu’ils négligent dans la forme l’élément objectif de l’Art, et telle est malheureusement la tendance caractéristique de la plupart d’entre nous.
Il en vient jusqu’à y chercher des défauts, jusqu’à en supposer même. […] Peut-être les uns et les autres ne doivent point être mis dans la balance : un mélange de beautés et de défauts ne peut entrer en comparaison avec des productions achevées qui réunissent tous les genres de beautés dans le plus éminent degré, sans autres défauts que ces taches légères qui avertissent que l’auteur était homme. […] Pourquoi les entend-on crier au blasphème dès qu’on relève ses défauts ? Ce n’est pas que sa gloire leur soit infiniment chère, mais ses défauts leur sont précieux. Ses défauts les rapprochent de lui : par où se rapprocher de Racine ?
Parlant du connétable de Montmorency, blessé à mort dans la bataille de Saint-Denis à l’âge de soixante-quatorze ans ; après quelques détails sur l’action, il dit : Il faut venir au connétable, lequel le lendemain mourut chargé de six coups, en âge, en lieu et condition honorables ; grand capitaine, bon serviteur, mauvais ami ; profitant des inventions, labeurs et pertes d’autrui, agissant par ruses, mais à leur défaut usant de sa valeur. […] Il nous donne aussi cette maxime qu’avait Henri IV, et qui faisait de lui un homme de guerre pratique si excellent, « qu’il se fallait bien garder de croire que l’ennemi eût mis ordre à ce qu’il devait, et qu’un bon capitaine devait essayer les défauts de l’adversaire en les tâtant ». […] Ces défauts ou saillies de caractère nous mèneraient de même à comprendre en quoi d’Aubigné n’était (entre les hommes restés fidèles à sa même religion) ni un Du Plessis-Mornay, ni un Sully. […] Sans se dissimuler quelques exagérations de ton et les jactances ou les fougues de pinceau, elle reconnaît en lui la force, la conviction, l’honneur, ce qui rachète bien des défauts et des faiblesses ; elle l’accepte volontiers, malgré les contradictions et les disparates, comme le représentant de ce vieux parti dont il avait le culte et dont il cherche à rehausser la mémoire.
Depuis la révolution, on s’est jeté dans un défaut singulièrement destructeur de toutes les beautés du style ; on a voulu rendre toutes les expressions abstraites, abréger toutes les phrases par des verbes nouveaux qui dépouillent le style de toute sa grâce, sans lui donner même plus de précision69. […] Tout ce que nous avons dit sur le mauvais goût, peut s’appliquer également à tous les défauts du langage employé par plusieurs écrivains depuis dix ans ; cependant il est quelques-uns de ces défauts qui tiennent plus directement à l’influence des événements politiques. […] Il faut connaître leurs défauts, tantôt les ménager, tantôt les dominer ; mais se bien garder de cet amour-propre qui, accusant une nation plutôt que soi-même, ne veut pas prendre l’opinion générale pour juge suprême du talent.
Son procédé, par comparaison d’un nombre suffisant de ses maximes entre elles nous le surprendrons, est celui-ci : dissoudre en quelque sorte, diluer une vertu qu’il entreprend, dans tous les défauts qui l’avoisinent ; le courage, par exemple, dans le désir de briller, la générosité dans l’ostentation, la loyauté dans le désir d’inspirer une confiance dont on retirera des bénéfices, etc. Fort bien ; mais dès lors, si l’on peut dissoudre les vertus dans les défauts qui les avoisinent, on peut dissoudre aussi les défauts dans les vertus qui sont proches d’eux et dire : « Tel homme désire briller et pour cela se met toujours en avant ; mais au fond de cela, il y a du courage. […] Notre plus grand défaut, il ne l’a pas vu ou il n’a point voulu le voir.
Le critique dont je vais parler est un fantôme, une chimère, un rêve de mon imagination ; ce n’est ni votre portrait ni le mien ; et s’il se rencontre par le monde quelqu’un avec les qualités que je lui attribue ou les défauts contraires, c’est de quoi je ne me suis pas occupé. […] Il y a longtemps que l’auteur de Jérôme Paturot a signalé ce défaut par son feuilleton sur le serin de M. […] Il y a tant de manières de mal exprimer sa pensée : le néologisme, l’abus des images, les termes techniques, les tours barbares ou étrangers, défauts qui mènent tous à n’être point entendu. […] Et l’on espère convertir les gens par des louanges qui les affermissent dans leurs défauts, ou des conseils qu’ils suppriment !
Payen, car, à défaut d’autre mérite, il aurait celui de connaître à fond son métier de poète. […] Et me voici réduit à ne pas trouver de défauts dans un livre où, pourtant, nulle difficulté de langage ni de métrique n’est éludée.
On y voit l’histoire telle que la veut l’esprit moderne, avec la vérité prouvée par des pièces, et au défaut de la vérité la vraisemblance. […] Il a sa fortune à faire ; dirai-je que c’est là le premier de ses défauts ? […] Il a de notre pays, avec ses qualités aimables, certains défauts dont nous ne sommes guère moins fiers que de ces qualités ; entre autres, la vanité, dont les étrangers nous accusent presque d’un ton d’envie, à cause des grâces qui la tempèrent. […] Il connaît toutes leurs faiblesses : il a observé leurs qualités et leurs défauts d’un œil plus clairvoyant que celui de leurs parents, lesquels s’exagèrent les qualités par la même vanité qui leur cache les défauts. […] Tous n’y arrivent pourtant pas, et le doux maître sait bien quels défauts y font obstacle ; mais, au lieu d’en tracer des peintures satiriques, plus propres à y opiniâtrer les gens qu’à les en corriger, c’est par d’aimables descriptions des qualités qu’il critique les défauts, et par la beauté des devoirs qu’il fait honte à ceux qui les négligent.
Les Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand, tant de pages même si justement critiquées, mais marquées encore de la griffe du lion, n’ont fait que confirmer l’idée de son talent et de sa force dans l’esprit des jeunes groupes, toujours prêts à se révolter, et ses défauts même, qui sont les leurs, l’ont servi. […] Mme de Staël se l’était attaché à titre de précepteur de ses enfants ; mais Schlegel, qui avait ses travers, affectait devant le monde de n’être auprès d’elle que sur le pied d’un ami. « Schlegel, écrivait-elle dans un moment d’épanchement, a des défauts qui me cachent quelquefois ses vertus. » Témoin journalier de l’humeur et même des ridicules de Schlegel (car il en avait qui sautaient aux yeux), Bonstetten disait plus gaiement et en y mettant moins de façon : « Les jours où Schlegel n’est pas gentil, il est impitoyablement fouetté, et le plus joli, c’est que Mme de Staël se charge elle-même de la punition ; alors elle a trois fois plus d’esprit. » Quoi qu’il en ait pu être de ces petites querelles amusantes, Schlegel lui fut, pendant des années, du plus grand usage par ses qualités, par son savoir ingénieux et profond. […] Tenons bon pour l’éloge, mais en nous rendant compte des légers défauts. […] Celle de sa réputation, qui s’est toujours plus confirmée, lui a fait contracter plusieurs des défauts de Bonaparte. […] C’est dans cet ensemble qu’elle excellait ; c’est cette trame diverse et mobile qu’elle agitait, qu’elle variait et recommençait sans cesse avec un art de magicienne ; c’est au cœur de cet orchestre où elle ne jouait pas seule, où elle tirait parti de tous, où elle devinait et occupait chacun, où elle associait les autres à son talent et se faisait pardonner sa supériorité en créant l’harmonie et en marquant l’accord jusque dans les dissonances, c’est là, dans son cercle à elle, qu’il fallait la voir ; et Byron, qui avait senti et noté le défaut, a aussi reconnu le charme et le triomphe.
Si Strada a de grandes beautés, il a aussi de grands défauts. […] Ce défaut est celui de presque tous les latinistes modernes. […] On trouve les mêmes défauts dans les Annales des Provinces-Unies depuis la paix de Munster, par Basnage. […] Il a profité de leurs beautés & a évité leurs défauts. […] Ce défaut est pourtant rare chez lui, & en général son ouvrage est bien fait & intéressant.
D’autres arguments ne font pas défaut. […] Nous en voyons aussi, il est vrai, les défauts, les répétitions, les clichés ; mais, plus près de nous, ne voyons-nous pas les clichés romantiques ? […] Tout ce théâtre, religieux ou laïque, sérieux ou comique, souffre d’un défaut : il est sans art ! […] à être vu sous l’angle où je le présente ici, il ne perd rien de sa grandeur morale, de sa mâle beauté ; au contraire il y gagne en vérité humaine, et ses défauts même éveillent la sympathie, étant le conflit d’un génie épique avec une formule dramatique. […] Tout ce théâtre, si riche en beautés de tout genre, n’a qu’un défaut : malgré la démonstration en trois points de la préface à Cromwell, ce n’est pas du théâtre.
Mais ici on sent le défaut de l’inspiration générale de Denne-Baron. […] C’est cette décision, cette suite, cette fermeté dans la pensée et dans le talent qui se fait désirer chez Denne-Baron, et dont le défaut ne permet de voir en lui que les membres épars du poète. […] J’ai touché les défauts.
On peut reprocher au Paradis perdu de Milton, ainsi qu’à l’Enfer du Dante, le défaut dont nous avons parlé : le merveilleux est le sujet et non la machine de l’ouvrage ; mais on y trouve des beautés supérieures, qui tiennent essentiellement à notre religion. […] Aussi Milton appelle-t-il la femme, fair defect of nature, « beau défaut de la nature. » La manière dont le poète anglais a conduit la chute de nos premiers pères mérite d’être examinée. […] Hector est autant le héros du poème qu’Achille ; c’est le défaut de l’Iliade.
Les auteurs lisoient les ouvrages avec réfléxion ; leurs jugemens étoient exacts & sans partialité ; mais sous prétexte de donner des analyses ; ils étoient un peu trop copistes : défaut qui leur est commun avec la plûpart des faiseurs de Journaux. […] M. de Querlon, qui en est l’auteur, juge avec tant d’impartialité, discerne les beautés & les défauts avec tant de finesse & écrit avec tant de précision, que, quoique son ouvrage soit particuliérement destiné à la province, il a une quantité considérable de souscripteurs dans la Capitale. […] La Gazette de France s’est toujours préservée de ce défaut.
Parmi les qualités que je me plais à vous reconnaître, je vous ai trouvé un défaut, un, ce n’est pas beaucoup avancer ; mais ce défaut est assez fâcheux pour que je prenne à cœur de vous le signaler avec force, dussé-je vous laisser de moi le souvenir d’un morose donneur de conseils, Caton malencontreux, Orbilius de la dernière heure ! […] À d’autres le courage ferait défaut ; mais une foi profonde palpite au cœur du pèlerin ; il attache sur la cime aérienne des regards enivrés, et cette vue lointaine le ranime.
Pour bien juger de son mérite ou de ses défauts, il faudrait le lire soi-même. […] Mais aussi ce genre d’agrément tient à des défauts. […] Pour achever de faire connaître le caractère et le genre d’éloquence de Pline, je vais citer quelques pensées détachées de ce panégyrique qui, avec ses défauts, est encore un des ouvrages les plus estimables de l’antiquité.
Malgré ses défauts l’Esprit des loix doit être toujours cher aux hommes, parce qu’il inspire l’humanité, & qu’il combat le despotisme. […] Mais l’auteur auroit pu se resserrer davantage ; & si l’Esprit des loix péche par trop de précision, la science du gouvernement a un défaut tout contraire.
Si la comedie ne corrige pas tous les défauts qu’elle jouë, elle enseigne du moins comment il faut vivre avec les hommes qui sont sujets à ces défauts, et comment il faut s’y prendre pour éviter avec eux la dureté qui les irrite et la basse complaisance qui les flatte.
Chez lui seulement, beautés, défauts, tout porte un cachet singulier. […] C’est surtout le défaut de M. de Vigny. […] » Les défauts de M. de Lamartine sont les défauts de qualités incomparables. […] C’est encore un des défauts de notre poète. […] D’où vient ce défaut de M.
Shakespeare a sur la conscience mainte peccadille contre le bon sens et le goût, avec la circonstance atténuante du milieu où il a vécu : divinisons Shakespeare ; adorons tout en lui, ses défauts un peu plus que ses beautés ; et puis nous surpasserons ses défauts et nous serons de bien grands hommes ! […] L’ancienne critique se promenait à l’aise, tenant en main sa règle des trois unités : la nouvelle a un rôle moins commode : à défaut d’un code écrit, il lui faut une conscience plus délicate. […] Je voudrais qu’à défaut d’une compétence sans bornes, chose évidemment impossible, un critique mesurât sa juridiction sur ses études, et que, sans prétendre tout connaître, il se piquât principalement de savoir ce qu’il enseigne. […] À défaut d’impartialité, rabattons-nous sur la droiture. […] Hegel amnistie également les anachronismes et les défauts de couleur locale, comme choses peu importantes et quelquefois même utiles à l’effet poétique.
De là, deux défauts : celui de la ressemblance et celui de la langueur. […] Cette crainte peut être fondée : mais il n’y a guère que le défaut d’intérêt dans les actes suivants, qui rappelle au spectateur que le théâtre était rempli au premier acte : témoin Brutus et les ouvrages déjà cités. […] Les mauvais poètes tombaient dans ce défaut par ignorance, et les bons par leur complaisance pour quelques acteurs aimés du public, à qui l’on voulait donner des rôles, sans que la contexture de la pièce l’exigeât ou le permît. […] Un poète peu habile épuisera quelquefois tout son sujet dès le second acte, et se trouvera par là dans la nécessité d’avoir recours à des actions étrangères pour remplir les autres actes : c’était le défaut des premiers poètes français. […] Je demeure d’accord avec Scaliger, que c’est un défaut du théâtre ; et je l’excuse avec lui par la nécessité de la représentation, étant impossible de représenter les pensées d’un homme autrement que par ses paroles.
. — Qualités et défauts de ce livre. — § VI. […] Malgré ces défauts où Voltaire est trop de son temps, on a raison de mettre le Siècle aux mains de la jeunesse studieuse. […] Qualités et défauts de ce livre. — Voltaire et Frédéric II. […] Il lui manque l’esprit précieux ; je dis l’esprit parce qu’on n’est pas précieux sans beaucoup d’esprit : témoin les héros du genre au temps de Voltaire, Fontenelle, Marivaux, qui, en y mettant ou plutôt en y gâtant beaucoup de très bon esprit, rendaient le défaut si tentant. […] Il aimait si peu les censeurs qu’il était homme à leur ôter par malice la primeur de leurs critiques, et à garder sur eux l’avantage de voir ses propres défauts avant eux.
Chez Rosny, la bonne qualité et le service sont toujours à côté du défaut et de l’exigence. […] Le principal défaut de Henri IV est d’être trop accessible aux importunités, de ne pas savoir résister aux obsessions, « d’être tendre aux contentions d’esprit » ; Rosny y était aguerri et cuirassé au contraire ; il réparait de reste le défaut de Henri IV, et celui-ci venait éprouver son jugement et l’aiguiser aux contradictions mêmes de Rosny et à sa solidité résistante. […] Or, combien que j’y reconnaisse une partie de ses défauts, et que je sois contraint de lui tenir quelquefois la main haute quand je suis en mauvaise humeur, qu’il me lâche ou qu’il s’échappe en ses fantaisies, néanmoins je ne laisse pas de l’aimer, d’en endurer, de l’estimer et de m’en bien et utilement servir, pource que d’ailleurs je reconnais que véritablement il aime ma personne, qu’il a intérêt que je vive, et désire avec passion la gloire, l’honneur et la grandeur de moi et de mon royaume ; aussi qu’il n’a rien de malin dans le cœur, a l’esprit fort industrieux et fertile en expédients, est grand ménager de mon bien ; homme fort laborieux et diligent, qui essaye de ne rien ignorer et de se rendre capable de toutes sortes d’affaires, de paix et de guerre ; qui écrit et parle assez bien, d’un style qui me plaît, pource qu’il sent son soldat et son homme d’État : bref, il faut que je vous confesse que, nonobstant toutes ses bizarreries et promptitudes, je ne trouve personne qui me console si puissamment que lui en tous mes chagrins, ennuis et fâcheries. […] Il a des combinaisons politiques, vastes et non chimériques, auxquelles son cœur ne fait pas défaut et dont aucune considération personnelle et privée ne le détourne.
Champfleury, que nous aurons peu aujourd’hui à envisager comme romancier, est lui-même, dans ses ouvrages, un studieux observateur et un copiste consciencieux des personnages et des situations naturelles ; il a ses défauts qui paraissent d’abord et qui ne se dissimulent pas ; mais il a sa vérité, sa façon de voir bien à lui, et qui, une fois appliquée à son objet, l’environne, le pénètre et ne le lâche pas avant de nous l’avoir bien montré et expliqué. A défaut de l’élégance et de la distinction de la forme, il a le fond, la connaissance et l’amour de son sujet, de son monde, le sentiment des parties touchantes que ce petit monde populaire ou bourgeois peut receler sous son enveloppe vulgaire ; suivez-le, ayez patience, et vous serez souvent étonné de vous sentir ému là où vous aviez commencé par être un peu heurté ou rebuté. […] A la manière dont il en parle d’abord et dont il les envisage, il est évident qu’il a vu en eux, qu’il a rencontré ou transporté en leur image et sous leurs traits comme un idéal de ses qualités et de ses défauts : tant il est vrai que l’idéal est aussi un produit de nature, et que ceux même qui s’en passent le mieux dans la pratique journalière le mettent quelque part en dehors et au-dessus d’eux ! […] Tout ce monde honnête, à physionomies expressives et naïves, n’a qu’un défaut, qu’on lui pardonne aisément ; c’est d’être tourné vers le spectateur. […] Malgré ce léger défaut d’action et de composition qui ne s’aperçoit qu’en y repensant et à l’analyse, l’effet de lumière est si vrai, si large, si bien rendu, si pleinement harmonieux ; la bonté, l’intelligence et les vertus domestiques peintes sur toutes ces figures sont si parfaites et si parlantes, que l’œuvre attache, réjouit l’œil, tranquillise le cœur et fait rêver l’esprit.
Pope, en attendant, reste un vrai poète et, sous ses défauts physiques, une des plus fines et des plus belles organisations littéraires proprement dites qui se soient encore vues. […] Quand on a l’âme si ouverte et si tendre aux beautés, et jusqu’à en pleurer comme Pope, on l’a également sensible aux défauts jusqu’à s’en piquer et s’en irriter. […] Il était fait pour les amitiés de choix, et elles ne lui firent point défaut. […] Ce défaut, si l’auteur le veut, est aisément réparable. […] Mais on n’y regarde plus de si près, chacun prêche ouvertement pour son saint, pour sa qualité ou son défaut, pour son tempérament.
L’examen, chez l’un comme chez l’autre, pourra montrer bien des défauts, bien des faiblesses ou des langueurs, mais la première impression reste vraie et demeure aussi la dernière. […] Nous en savons maintenant là-dessus, à certains égards, plus que n’en savait Saint-Simon : nous avons les lettres confidentielles que Fénelon adressa de tout temps au jeune prince, les mémoires qu’il rédigea pour lui, les plans de réforme, toutes pièces alors secrètes, aujourd’hui divulguées, et qui, en permettant de laisser à l’ambition humaine la place qu’il faut toujours faire aux défauts de chacun jusque dans ses vertus, montrent celles-ci du moins au premier rang, et mettent désormais dans tout son jour l’âme patriotique et généreuse de Fénelon. […] Joubert : « L’esprit de Fénelon avait quelque chose de plus doux que la douceur même, de plus patient que la patience. » C’est encore là un défaut. […] Dans le peu qu’on nous donne ici de ses conseils à Mme de Maintenon, il sait mettre le doigt sur les défauts essentiels, sur cet amour-propre qui veut tout prendre sur soi, sur cet esclavage de la considération, cette ambition de paraître parfaite aux yeux des gens de bien, enfin tout ce qui constituait au fond cette nature prudente et glorieuse. […] On peut prendre Fénelon en défaut sur quelques points.
Quoique Les Confessions n’aient paru qu’après la mort de Rousseau et quand déjà son influence était pleinement régnante, c’est là qu’il nous est plus commode aujourd’hui de l’étudier avec tous les mérites, les prestiges et les défauts de son talent. […] Il se montre avec des défauts, mais il ne s’en donne que d’aimables : il n’y a point d’homme qui n’en ait d’odieux. […] J’y trouve tout d’abord « un vide occasionné par un défaut de mémoire ». […] ce qu’on appelle un enfant bien né ; il a un penchant au vice et à des vices bas ; il a des convoitises honteuses et cachées qui ne sentent pas le gentilhomme ; il a de ces longues timidités qui se retournent tout d’un coup en effronteries de polisson et de vaurien comme il s’appelle ; en un mot, il n’a pas cette sauvegarde de l’honneur, que M. de Chateaubriand eut, dès l’enfance, comme une sentinelle vigilante à côté de ses défauts. […] Mais c’est là un défaut qu’on lui passe, tant il est parvenu à en triompher en des pages heureuses, tant, à force de travail et d’émotion, il a assoupli son organe et a su donner à ce style savant et difficile la mollesse et le semblant d’un premier jet !
Quelques années après pourtant, La Harpe, converti et gardant beaucoup de ses défauts, fit du moins sur cet article de sa naissance un acte d’humilité qui, de sa part, a du prix. […] Pourtant les esprits éclairés d’alors, Grimm, Diderot, les autres esprits aiguisés par la rivalité et par la pratique de l’art, tels que Le Brun, distinguent très bien ses côtés faibles, communs dans leur fade élégance, et nous dénoncent en détail ses défauts que le temps en marchant a confondus aujourd’hui dans un seul, l’insipidité mortelle et l’ennui. […] Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ». […] Il en indiquait les défauts, il en montrait les beautés toutefois, et remarquait que Voltaire, qui s’était essayé sur un sujet à peu près semblable dans Zulime était loin d’avoir réussi à égaler Racine : « C’est donc une terrible entreprise, concluait-il, que de refaire une pièce de Racine, même quand Racine n’a pas très bien fait. » Que La Harpe, lié comme il était à Voltaire par les liens d’une reconnaissance presque filiale ; à qui Voltaire écrivait : « Mes entrailles paternelles s’émeuvent de tendresse à chacun de vos succès » ; que La Harpe eût pu choisir un autre moment et une autre circonstance pour parler de Voltaire dans cette trêve de silence qui s’observait depuis sa mort, on le conçoit aisément : mais, quand on a lu le judicieux et innocent article dans le Mercure même, on a peine toutefois à comprendre la colère et l’indignation factices qu’il excita au sein de la coterie voltairienne. […] Avec tous ses défauts et toutes ses imperfections de nature, donnant en mourant la main à Chateaubriand, à Fontanes, à tout ce jeune groupe littéraire en qui était alors l’avenir, il transmit le flambeau vivant de la tradition, et il justifia le premier pronostic de Voltaire à son égard : « Quelque chose qui arrive, je vous regarde comme le restaurateur des belles-lettres. » C’est le mot magnifique, mais juste après tout (si l’on considère l’ensemble du rôle et de l’influence), qu’il faudrait graver sur son tombeau.
Pour goûter les écrits de Richelieu, pour en tirer tout le fruit et tout le suc qu’ils renferment, il faut se faire à son style et se tenir bien averti d’avance sur quelques défauts qui, autrement, pourraient rebuter. […] C’en est même le défaut. […] Luynes, au milieu de ses défauts, en avait un qui, en France, gâterait même les meilleures qualités : il n’était point brave de sa personne. […] Il est un de ces architectes qui aiment mieux corriger les défauts d’un ancien bâtiment et le réduire par leur art à quelque symétrie supportable, que de le jeter à bas sous prétexte d’en rebâtir ensuite un autre tout parfait et accompli. […] Dans ses peintures morales, et dans l’examen des conditions qu’il exige des hommes appelés à être des conseillers politiques, il avait certainement en vue tel ou tel de ceux qu’il avait connus ; mais ses observations sont si justes et si fortes que, rien qu’à les transcrire ici, il semble encore aujourd’hui qu’on puisse mettre des noms propres au bas des qualités et des défauts : Les plus grands esprits, dit Richelieu, sont plus dangereux qu’utiles au maniement des affaires ; s’ils n’ont beaucoup plus de plomb que de vif-argent, ils ne valent rien pour l’État.
Le système, l’exagération volontaire, l’archaïsme, l’imitation, fatale pour les plus forts quand ils ont ce charmant défaut de la jeunesse, mère de tant de sottises, toutes ces choses qui contaminent çà et là l’œuvre actuelle, doivent, par le fait de la santé et de la vigueur de son esprit, mourir prochainement en M. […] Richepin, presque un dandy de gueuserie, si un dandy n’était pas toujours froid, une telle chose est plus qu’un hors-d’œuvre, c’est une contradiction· Et je viens peut-être d’écrire le mot qui explique le mieux les défauts et les fautes du poète de La Chanson des Gueux : il a trop le dandysme de ce qu’il chante. […] Mon impression fut excessivement vive quand je lus le livre d’enfilée, et l’enthousiasme me prit au point que j’eus besoin de réflexion et d’une seconde lecture pour en apercevoir les défauts. […] Selon moi, — je l’ai dit, mais j’insiste parce que la cause est grave et que le poète condamné de La Chanson des Gueux vaut la peine qu’on insiste, — toutes les qualités de sa poésie, qui n’est pas que truande et féroce, acharnée, archiloquienne, mais souvent d’une tendresse et d’une compassion infinies (voir, entre autres, Le Chemin creux, les Pleurs de l’arsouille et surtout le Grand-père sans enfants), appartiennent à son âme, et les défauts de cette poésie à son temps et au malheur qui l’a fait naître au xixe siècle. […] Je dis que la Critique — la Critique littéraire, bien entendu, et non la Critique morale, qui n’a que faire ici, — peut prendre ce livre et l’écailler comme on écaille un poisson, et le racler du fil de son couteau et en retrancher, couche par couche, tout ce qui déshonore littérairement une telle œuvre, c’est-à-dire le gongorisme effréné, l’atroce mauvais goût, les bassesses ignobles et malheureusement volontaires d’expression, l’haleine des pires bouches, enfin tous les défauts dont l’auteur a fait comme à plaisir d’immondes vices, il restera et on trouvera, sous tout cela et malgré tout cela, un énorme noyau de poésie, résistant et indestructible, qui brillera de sa propre lueur dans l’histoire littéraire d’un siècle qui a des poètes comme Hugo, Vigny, Musset, Baudelaire et Lamartine, le plus grand de tous !
Le règne de Louis XIV avait trop duré : la dernière partie de ce règne produisit un bon nombre d’esprits, très sensibles aux défauts, aux abus et aux excès d’un si long régime, qui passèrent à une politique tout opposée et rêvèrent une amélioration sociale moyennant la paix, par de bonnes lois, par des réformes dans l’État et par toutes sortes de procédés et d’ingrédients philantrophiques. […] Cette similitude du Français et de l’enfant, qui ne se bornait pas à un simple aperçu comme en ont les gens d’esprit, mais qui était l’idée favorite de l’abbé, revient continuellement dans ces notes de Rousseau : « Il était mal reçu des ministres et, sans vouloir s’apercevoir de leur mauvais accueil, il allait toujours à ses fins ; c’est alors surtout qu’il avait besoin de se souvenir qu’il parlait à des enfants très fiers de jouer avec de grandes poupées. » — « En s’adressant aux princes, il ne devait pas ignorer qu’il parlait à des enfants beaucoup plus enfants que les autres, et il ne laissait pas de leur parler raison, comme à des sages. » Rousseau, à qui tant de gens feront la leçon pour sa politique trop logique et ses théories toutes rationnelles, sent très bien le défaut de l’abbé de Saint-Pierre et insiste sur la plus frappante de ses inconséquences : « Les hommes, disait l’abbé, sont comme des enfants ; il faut leur répéter cent fois la même chose pour qu’ils la retiennent. » — « Mais, remarquait Rousseau, un enfant à qui on dit la même chose deux fois, bâille la seconde et n’écoute plus si on ne l’y force. […] L’abbé de Saint-Pierre, en négligeant de plaire aux lecteurs, allait donc contre ses principes… Son défaut était moins de nous regarder comme des enfants que de nous parler comme à des hommes. » Que ne connaissait-il mieux les poètes ! […] La probité était peinte sur son visage : le fin sourire de Socrate ou de Franklin faisait défaut sur ses lèvres.
Barre n’a-t-il pas lu, à défaut des Kamtchatka de M. […] Mais les défauts d’information qui sont dans le livre se retrouvent dans sa conclusion et y font masse. […] La stérilité relative de Mallarmé vient de ce qu’il ne trouva quoi chanter, et ce qu’il chanta ce fut précisément ce manque, ce défaut d’être. […] Et puis il faudra qu’aux historiens de la littérature, des monographies, qui font encore défaut, aient tracé le chemin.
D’ingénieux érudits dressent chaque jour l’histoire littéraire des écrivains, là même où précisément cette histoire semble le plus faire défaut ; les poëtes grecs ou latins, dont tout le bagage a péri dans le naufrage des temps, retrouvent des investigateurs d’autant plus curieux et presque des sauveurs. […] Il est facile, à présent qu’ils ont péri, de venir dire qu’ils méritaient sans doute assez peu de survivre ; que les meilleurs, après tout, et les plus dignes, ont surnagé et nous en tiennent lieu ; que ces poëtes d’une seconde époque devaient en avoir bien des défauts qui les rendent médiocrement regrettables, le raffinement, l’obscurité, le néologisme. […] On sait les défauts de Southey, de Wordsworth, de tous ces Alexandrins modernes, épiques et lyriques ; se résignerait-on aisément à les retrancher tous ensemble, à les rayer d’un trait ?
Le sentiment des proportions fait défaut : à peine sait-on si la pensée que l’on tient est essentielle ou incidente, s’il faut glisser ou appuyer. […] Il se jettera dans les défauts qu’il n’aura pas redoutés. […] Je ne sais pas si la confusion et la mauvaise distribution n’ont pas fait tomber plus d’ouvrages que la pauvreté d’invention, le manque d’esprit, le mauvais style, et tous les défauts ensemble qu’on peut imaginer.
Les plis de ce vêtement sont anguleux, petits et raides ; je n’ignore pas la cause de ce défaut, c’est qu’elle a drapé sa figure comme pour être peinte de jour. […] Il n’y a point de milieu, quand on s’en tient à la nature telle qu’elle se présente, qu’on la prend avec ses beautés et ses défauts, et qu’on dédaigne les règles de convention pour s’assujettir à un système où, sous peine d’être ridicule et choquant, il faut que la nécessité des difformités se fasse sentir ; on est pauvre, mesquin, plat, ou l’on est sublime, et Madame Therbouche n’est pas sublime. […] L’Antiope à droite était couchée toute nue, la jambe et la cuisse gauche repliées, la jambe et la cuisse droite étendues ; la figure était ensemble et de chair ; et c’est quelque chose que d’avoir mis une grande figure de femme nue ensemble, c’est quelque chose que d’avoir fait de la chair, j’en connais plus d’un, bien fier de son talent, qui n’en ferait pas autant, mais il était évident à son cou, à ses doigts courts, à ses jambes grêles, à ses pieds, dont les orteils étaient difformes, à son caractère ignoble, à une infinité d’autres défauts, qu’elle avait été peinte d’après sa femme de chambre ou la servante de l’auberge.
Avez-vous remarqué, même, que cette beauté est un défaut ; est, si vous voulez, productrice d’un défaut ? […] C’est le défaut, le seul, en somme, de cet aimable, touchant et élégant ouvrage. […] Je ne veux pas dire qu’il soit sans défaut, ni même qu’il soit sans graves défauts, et je commencerai par les indiquer pour m’en débarrasser. […] C’est ici le gros défaut de l’ouvrage. […] Il souligne les défauts à l’encre rouge.
Cette excessive prolixité n’est pas le seul défaut qu’on puisse leur reprocher : il regne dans la plupart un ton de singularité qui fait disparoître le mérite des traits d’esprit qui s’y montrent de temps en temps. […] Après avoir fait sentir les travers où le défaut de goût a jeté M.
Jamais l’ambition inquiete d’étaler ses propres idées, défaut ordinaire à la plupart des Historiens, ne l’entraîne à prévenir les réflexions du Lecteur ; il se contente de le mettre à portée de réfléchir lui-même, en se bornant à la simple narration. […] Mais où l’Ecrivain est absolument exempt de ces défauts, & se développe avec une supériorité qui étonne, c’est dans les Discours préliminaires.
On applaudiroit à sa prudence, si son Poëme sur la Peinture étoit propre à le venger des défauts qu’on lui reproche. […] Nous ne dissimulerons pas qu’il seroit plus en état qu’aucun autre de remplacer par-là le défaut de poésie & de versification, si cet esprit étoit moins baroque, & dirigé par un goût plus sûr & plus exercé.
Le plus grand défaut qu’on puisse reprocher à l’Abbé Trublet, c’est d’appuyer trop long-temps sur une même pensée, de la retourner en trop de façons différentes ; défaut qui prouve au moins l’injustice des traits lancés contre sa stérilité & son peu d’imagination.
Il n’y a ni beautés, ni défauts dans l’ordre littéraire ; car, sans les défauts les beautés ne seraient pas ; défauts et beautés, c’est la même faculté qui produit tout389. […] Mais, si par défauts l’on doit entendre ce qui manque, les défauts de l’harmonie, pour être invisibles, n’en sont pas moins réels. […] Il reconnaît à tous les types, à toutes les idées, à toutes les natures le droit d’exister, et content d’avoir atteint la source d’où coulent les beautés et les défauts, il montre simplement, comment, telle source étant donnée, tels défauts, telles beautés devaient naturellement suivre. […] Je sais qu’il y a des écrivains qui détruisent à plaisir la vérité, par défaut de finesse et manie d’exagérer. […] Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l’éloquence dans la langue française.
Au défaut des sources profanes, la Religion servit les Poëtes. […] Ses défauts au contraire engagèrent les Savans à s’appliquer avec encore plus d’ardeur à cette étude importante. […] On employoit, pour exprimer les choses les plus communes, des termes ampoulés, on prodiguoit les métaphores & les comparaisons les plus outrées ; &, comme l’oreille étoit flattée, on ne s’appercevoit pas de ces défauts ; on faisoit plus, on les admiroit. […] Qui devoit par conséquent juger avec plus d’autorité, de connoissance & d’intérêt les beautés & les défauts des ouvrages des Anciens ? […] Ceux qui n’étoient point infectés de ces vices, avoient d’autres défauts.