albus, blanc pur. […] albugo, petites taches blanches de l’œil. […] blancs bizarrants ! […] — Religieux d’un ordre monastique fondé par saint Romuald ; costume blanc. […] P. affirme sa qualité par une tavelure de blanc.
» Pour la première fois, vient ce soir chez Daudet, Mme Martel, ou plutôt Gyp, à l’élégance brisée du corps, dans une toilette blanche d’un goût tout à fait distingué. […] C’est d’Haïti, que viendrait cette poudre blanche, que soufflent les voleurs dans une chambre, pour engourdir les gens, et les voler en toute sécurité, comme l’a été Sarah Bernhardt. […] C’est comme fond, un blanc qui vous donne la sensation de la neige, et là-dessus, des oiseaux bleuâtres, ayant l’air de l’ombre portée de ces oiseaux, sur des glaciers. […] Au-dessus de la baie, est tendue une bande de drap blanc, sur laquelle sont brodés, en soie bleue et violette, jouant le camaïeu, des chrysanthèmes entre des iris et des fleurs de cognassiers. En face, et se faisant vis-à-vis, est une autre broderie chinoise sur fond blanc, où une étagère en bois de fer, et des consoles en laque de Pékin, portent des fleurs et des grenades.
Henry Monnier est pour lui la toile blanche sur laquelle il peint son personnage. […] toujours est-il que ce froc blanc lui seyait à merveille. […] Les meubles étaient couverts en cachemire blanc, rehaussé par des agréments noir et ponceau. La pendule, les candélabres, tout était en marbre blanc et or. […] Les deux seules couleurs employées sont le bleu céleste, le blanc de neige avec quelques tons nacrés pour ombre.
Dors, mignon chat blanc, dors ; Reste à ronronner, reste couché Et ferme un peu tes yeux semés d’or ; Les souris montrent leur nez aux trous du plancher. Dors mignon chat blanc, mignon chat gris, Avec ton ruban de soie au cou ; Les souris vont venir, les jolies souris Que tu griffes à petits coups. Les souris aux yeux vifs d’émeraude Vont danser la ronde dans le buffet ; Dors, mignon chat blanc : les souris rôdent En minuscules pantoufles de fées.
Maintenant, les sensations sont-elles aussi des composés sous le rapport de la qualité, par exemple la sensation du blanc, qui semble résulter du mélange des couleurs fondamentales ? […] « Pour qu’il y ait synthèse, dit-on, il faut que les sensations élémentaires de bleu, vert, etc., persistent dans la sensation du blanc, car il n’y a pas synthèse si les composés n’existent pas. Pour qu’il y ait composition, il faut qu’il y ait unité d’existence entre le blanc d’une part, et le bleu, le vert, etc., d’autre part. Il faut donc que le bleu et le vert soient du blanc, ce qui est absurde (E. […] Vous n’avez donc pas le droit d’objecter : « Il faut qu’il y ait unité d’existence entre le vert, le bleu et le blanc » : car il y a simplement unité de certains éléments communs ; ni de conclure que « le bleu et le vert sont du blanc » ; mais seulement que certains éléments primordiaux du bleu et du vert sont aussi les éléments primordiaux du blanc, diversement combinés, fondus, composés et compliqués.
De grosses moustaches blanches lui masquent la bouche, et lui remontent jusqu’au bout du nez, quand il parle. […] La Ratisseuse : fichu blanc et bleu, casaquin brun, tablier blanc. Dans le bonnet et le tablier des rugosités, de vraies scories de blanc d’argent en plein bain d’huile. […] Il y avait quelque chose de blanc qui marchait avec cette lumière, et que cette lumière éclairait. […] La sœur, une novice sans doute, car elle n’avait pas le voile noir, était tout en blanc, d’un blanc molletonneux, avec un bandeau sur le front ; la bonne en bonnet de nuit, en foulard noir, en camisole et en jupon.
Mais bientôt la tête blanche et cornue émergea de l’ombre. […] Cette image encadrée d’une bande de bois blanc, était drôlement placée dans ce coin, bien qu’elle fût le seul tableau du logis. […] Il y en avait en voile blanc, qui couraient partout, puis elles s’en allèrent encore, et le temps passa. […] Au moment de la communion un carré s’ouvrait dans le grillage ; nappe blanche et le prêtre descendu de l’autel venaient s’agenouiller là devant une petite nappe blanche et le prêtre descendu de l’autel leur donnait l’hostie. […] Tout disparut sous le serre-tête et le bandeau blanc, qui eurent peine à contenir cet ébouriffement rebelle.
Vous dites que la surface reste blanche et que son éclat diminue. […] Si vous appeliez blanche la surface primitive dans tout son éclat, il faudra donner un autre nom à ce que vous voyez, car c’est autre chose : ce serait, si l’on pouvait parler ainsi, une nouvelle nuance du blanc. […] Eh bien, le noir a autant de réalité pour notre conscience que le blanc, et les intensités décroissantes de la lumière blanche éclairant une surface donnée seraient pour une conscience non prévenue autant de nuances différentes, assez analogues aux diverses couleurs du spectre. […] Toute couleur, dirions-nous, peut être envisagée sous un double aspect, au point de vue du noir et au point de vue du blanc. Le noir serait à l’intensité ce que le blanc est à la saturation.
Voici un jeton blanc sur un coin de la table et un jeton rouge sur un autre coin. Je puis négliger toutes leurs qualités respectives, être frappé seulement de ce qu’une partie de mon impression s’est répétée, sentir que l’expérience que je viens de faire sur le jeton rouge est semblable, par un certain point, à celle que j’achève sur le jeton blanc, éprouver, après ces deux expériences successives, une tendance consécutive distincte et correspondante à leur nombre, c’est-à-dire à la propriété qu’elles ont d’être deux. — Comme toutes les tendances, celle-ci aboutit à un signe ; admettons pour ce signe le mot ordinaire, deux. […] Pareillement encore, quand nous le lisons ou que nous l’entendons, nous n’avons qu’à insister pour évoquer intérieurement, comme en présence du mot chat ou du mot bouleau, l’image d’un cas où il s’applique ; nous imaginons un jeton à côté d’un jeton, une pierre à côté d’une pierre, un son après un son, comme tout à l’heure nous imaginions un museau fin avec un poil gris ou blanc, un mince tronc blanc avec de petites feuilles frissonnantes. — Il en est de même pour les mots trois, quatre ; cela est plus difficile pour les mots cinq, six ; la difficulté va croissant pour les nombres supérieurs, et il y a toujours un chiffre plus ou moins élevé où tout esprit s’arrête ; nous ne pouvons pas percevoir ou nous représenter distinctement ensemble au-delà d’un certain nombre de faits ou d’objets ; d’ordinaire, c’est cinq ou six, plus souvent quatre. — Pour remédier à cet inconvénient, nous négligeons le groupe qui correspond au mot ; nous ne donnons plus d’attention qu’au mot substitut ; après avoir vu ensemble quatre objets, nous les oublions pour ne plus songer qu’au mot quatre, et nous pouvons les oublier, parce que plus tard, revenant sur le mot et appuyant dessus, nous les reverrons intérieurement, sans méprise ni confusion. […] En effet, ce n’est point ce cercle tracé que nous considérons ; il n’est point notre objet, il n’est que notre aide ; nous concevons à propos de lui quelque chose qui diffère de lui, qui n’est ni blanc, ni tracé sur fond noir, ni de tel rayon, ni d’une rondeur inexacte […] Quand nous apprécions une distance, il faut bien qu’elles soient présentes ; et pourtant nous ne les démêlons plus, quelque envie que nous en ayons ; elles sont pour nous comme si elles n’étaient pas ; il nous semble que nous connaissons, directement et sans leur entremise, la position que seules elles dénotent ; si parfois elles nous frappent, c’est en s’exagérant, par exemple lorsque, obligés de lire de trop près ou de trop loin, nous éprouvons dans les muscles de l’œil une fatigue notable ; hors de ces cas, elles sont invisibles et comme évanouies. — Pareillement, un compositeur qui vient de lire un air d’opéra ne se souvient pas des croches, des blanches, des clefs, des portées, et de tout le barbouillage noir sur lequel ses yeux se sont promenés, mais seulement de la série des accords qu’intérieurement il a entendus ; les signes se sont effacés, les sons seuls surnagent. — Quand il s’agit de mots, nous pouvons marquer les divers degrés de cet effacement.
Le papier blanc du gouvernement fait de véritables épaisseurs sur les murs. […] Des compagnies composées de vieillards en cheveux blancs, et de garçonnets qui semblent des enfants. […] Un grand nuage de fumée blanche prend tout le ciel, dans la direction du Louvre. […] Une ligne de cavaliers en manteaux blancs a doublé la ligne des fantassins. […] Sa tête n’a pas un cheveu blanc de plus, son paletot une tache de moins.
. — Mémoires d’un éléphant blanc (1893). — Le Vieux de la Montagne (1893) […] Les cheveux noirs sont légèrement frisottants et crêpelés, ce qui leur donne l’air ébouriffé ; le teint d’un brun mat, les dents blanches, petites et espacées, les lèvres pourprées d’un rouge de corail, les yeux petits et un peu enfoncés, mais très vifs, et qui prennent l’air malin quand le rire les éclaire, les narines ouvertes, les sourcils fins et droits, l’oreille exquise, le col un peu fort et très bien attaché, sont d’une sphinge tranquille et divine, ou d’une guerrière de Thyatire dont la beauté simple, accomplie et idéalement parfaite ne peut fournir aucun thème d’illustration aux dessinateurs de La Comédie humaine. […] Il paraît que le morceau délicieux où l’impératrice de la Chine traîne, parmi les rayons, sur son escalier de jade-diamanté par la lune, les plis de sa robe de satin blanc, est une orchestration très adroite d’une poésie de Li-Taï-Pi et la traduction heureuse d’un morceau parfaitement authentique.
Ses cheveux blancs, son aspect vénérable et bon, ajoutaient à son habileté consommée la naïveté d’une réalisation complète. […] Il me la passa, et j’y bus un peu de mauvais vin blanc avec beaucoup de plaisir ; je lui rendis le coco. […] Lui me dit qu’il en avait dix-neuf ; beau garçon, quoiqu’un peu pâle, et trop blanc pour un homme. […] Ses petits pieds blancs étaient croisés et élevés au niveau de sa tête, et tout son corps enveloppé de sa longue chemise blanche. […] Les habitants commençaient à retirer les drapeaux blancs des fenêtres, et à coudre les trois couleurs dans leurs maisons.
Et c’est une persécution que ce regard… Je le rencontre toute la journée, je le rencontre toute la soirée, je le rencontre à l’heure de la toilette de minuit, derrière les rideaux, qu’une forme blanche écarte de temps en temps, pour s’assurer si ma lampe est encore allumée. […] Un marchand de vin dont la lanterne porte, sur un fond bleu, un pierrot en blanc avec au-dessus : Au vrai Pierrot. […] Un monde de coquettes fillettes, toutes en blanc passementé de rubans roses, et leurs gentils minois encadrés dans de jolis bonnets de paysannes en dentelle de coton, à garnitures de roses-pompon entremêlées d’aigrettes d’or. […] Voici bien encore la grande cage à poulets, faite de feuilles de persiennes, où les petites actrices s’habillaient, mais elle n’est plus remplie que de caisses en bois blanc. […] Hippolyte Passy, un vieillard chauve, quelques cheveux blancs aux tempes, un petit œil, vif, brillant, allègre.
Un vieillard aux cheveux blancs comme la neige semblait être leur chef. […] D’autres colonnes de fumée, plus petites et plus blanches, se voyaient à droite et à gauche. […] Elle portait constamment un bonnet blanc, et un casaquin blanc. […] ne serait-ce pas un cheveu blanc ? […] Ensuite il s’accroupit dans la cour, sans même couvrir sa pauvre tête blanche.
demandai-je au capitaine Blanc, navigateur très érudit et très lettré de ces parages. — C’est l’Acropolis d’Athènes, me répondit-il ; c’est le Parthénon conçu par Périclès, construit par Ictinus, et sculpté par Phidias. […] Sur votre tête vous voyez s’élever irrégulièrement de vieilles murailles noirâtres, marquées de taches blanches. […] Gaspari nous conduisit au bas de la ville, à travers les mêmes ruines, jusqu’à une maison blanche et propre, élevée tout récemment, et où un Italien avait monté une auberge. […] Le Parthénon était entièrement construit de marbre blanc, dit marbre pentélique, du nom de la montagne voisine d’où on le tirait. […] Leurs flancs sont dorés de cette croûte de soleil que les siècles étendent sur le marbre ; leurs brisures sont blanches comme l’ivoire travaillé d’hier.
Le Cheveu blanc est fort joli et inattendu. À ce seul titre, qui ne croirait qu’il s’agit du premier cheveu blanc qui se découvre, un matin, sur une tête blonde ou brune de femme ? Point du tout, vous y êtes attrapé : c’est du premier cheveu blanc d’un homme, d’un mari, qu’il est question. […] Partout l’empreinte d’un goût délicat et d’une main blanche… Une atmosphère doucement imprégnée des parfums favoris… Quelque chose à la fois de voluptueux et de sacré… Je ne sais quel demi-jour de pudeur voilant l’éclat d’un luxe profane… » Il continuerait encore longtemps sur ce ton lorsque Clotilde rentre. […] Le premier cheveu blanc n’y est même pas.
le voici : « Parce que ces deux mamelles superflues étaient destinées à être les nourrices du genre humain. » Vous doutiez-vous que « la nature oppose sur la mer l’écume blanche des flots à la couleur noire des rochers, pour annoncer de loin aux matelots le danger des écueils596 »? […] » Louange au Seigneur qui fait vivre la puce noire sur la peau blanche, pour être plus aisément attrapée ! […] Lisez le chapitre des couleurs 603 : il y décrit des positions et des rapports de tons dans un lever ou un coucher de soleil, des colorations de nuages, blanc sur blanc, ombres sur ombres, avec une exactitude qu’envierait un peintre.
Il n’aimera ni les rouges éclatants, ni les grands blancs. […] On a dit que la plus belle couleur qu’il y eût au monde était cette rougeur aimable dont l’innocence, la jeunesse, la santé, la modestie et la pudeur coloraient les joues d’une fille ; et l’on a dit une chose qui n’était pas seulement fine, touchante et délicate, mais vraie : car c’est la chair qu’il est difficile de rendre ; c’est ce blanc onctueux, égal sans être pâle ni mat ; c’est ce mélange de rouge et de bleu qui transpire imperceptiblement ; c’est le sang, la vie qui font le désespoir du coloriste. […] Voilà sur une toile une femme vêtue de satin blanc. […] Faire blanc et faire lumineux sont deux choses fort diverses.
A cette liste, il faut peut-être joindre son nom allemand, passé en hollandais, en anglais, en danois, wiesel ; on y trouverait la blanche. La même idée, ou celle de douceur, s’imaginerait dans le grec [mot en caractères grecs], la blanche, la douce 168, et ce serait encore la douce dans le latin mustela. Ces rapprochements paraîtront moins invraisemblables lorsqu’on saura que les idées de beau, de blanc, de doux sont, dans la tradition populaire, les antiphrases naturelles de l’idée de mauvais. […] Il est tout simple que l’aubépine (albispina), la blanche épine, porte ce même nom en presque toutes les langues, depuis l’italien biancospino jusqu’au danois hvidtorn. […] Son nom grec [mot en caractères grecs] lui venait de ce qu’elle servait, d’après Dioscoride, à guérir [mot en caractères grecs] ; l’idée de blanc est contenue dans le nom du mal (ulcère blanc) et non dans celui de la fleur.
Deux lapins, un lapin jaune à l’oeil noir, un lapin blanc à l’oeil rouge. […] Et, opposées à ces planches de nuit et de pénombre, les jolies planches de clarté lumineuse, comme celle qui a pour titre : Les Trois Blancs ; le blanc du Fouzi-yama, le blanc d’une grue, le blanc de la neige sur les sapins. […] Cette matière ainsi obtenue, on la conserve à sec, pour s’en servir, en la mélangeant avec du blanc. […] Encre de Chine, relevée de blanc, et lavée de rose au bec et aux pattes. […] Grand effet de cette pâle lune sur le bleu nocturne d’où se détachent les blanches fleurs du prunier.
Me voilà donc dans le salon du ministère, meublé d’épouvantables encoignures en bois de boule, de canapés et de fauteuils recouverts de moquette, imitant les tapisseries anciennes de Beauvais, de gravures de la calcographie dans des baguettes de bois doré, sur les boiseries blanches. […] C’est le petit hôtel, le domestique en cravate blanche, l’appartement au confort anglais, où l’artiste se révèle par quelque japonaiserie d’une fantaisie ou d’une couleur admirablement exotique. […] Et cet homme, aux sourcils blancs sur des plaques rouges, aux lèvres minces, à la figure presque cruelle, parle avec une voix amoureuse, une bouche humide, d’un petit paysage tout frais, d’un Harpignies qu’il a vu à une exposition, le matin, et qu’il a l’air de convoiter, comme un vieux a envie d’une pucelle. […] Aujourd’hui se dressait sur la table de Nittis, un énorme bouquet de chrysanthèmes jaunes, mais si peu qu’on les voyait blancs, avec l’extrémité des pétales un rien violacée ; et je regardais ce bouquet, sans pouvoir en détourner les yeux : c’était comme la pâleur d’une chair de petite fille, meurtrie par le froid. […] Le peintre japonais était muni, cette fois, d’un morceau de soie gommée presque transparente, se fabriquant seulement au Japon pour cet usage ; et la soie était tendue sur un petit cadre en bois blanc.
Sur un fond brun violacé, des arabesques, genre Pompéi, en camaïeu d’un blanc bleuâtre, et où l’on voit, sous une figuration de la Légion d’honneur, Honneur et Patrie, d’un côté une tête d’homme antique surmontée d’un aigle, de l’autre, une tête de femme antique surmontée d’un crocodile. […] Il a une vraie livrée : une grande redingote vert russe, un pantalon noisette, une cravate blanche et un chapeau à cocarde noire. […] Dans la loge d’avant-scène du rez-de-chaussée, trône, dans le demi-jour, Jeanne de Tourbet, admirable dans sa pose de royale nonchalance, et tout entourée d’une cour de cravates blanches, qu’on perçoit dans l’ombre. Et voici Fiorentino avec son aspect et son teint de figure de cire : Bischoffsheim, l’ami de tous les critiques, papillonnant de loge en loge ; la petite Dinah, avec sa jolie tête serpentine, assise au balcon à côté de la mère Félix, parée d’un manchon blanc. […] Dans la demi-nuit de la scène, nous nous heurtons à Fournier, qui se promène comme un fantôme, en cravate blanche, en habit noir, demandant nerveusement aux gens, si c’est un succès et qu’il n’a rien vu. — Cela dit du ton d’un homme qui interroge si ça va être sa faillite.
La maison, qui avait une terrasse pour toit, était rectiligne, correcte, carrée, badigeonnée de frais, toute blanche. […] Un corridor pour entrée, au rez-de-chaussée, une cuisine, une serre et une basse-cour, plus un petit salon ayant vue sur le chemin sans passants et un assez grand cabinet à peine éclairé ; au premier et au second étage, des chambres, propres, froides, meublées sommairement, repeintes à neuf, avec des linceuls blancs aux fenêtres. […] Cette maison, lourd cube blanc à angles droits, choisie par ceux qui l’habitaient sur la désignation du hasard, parfois intentionnelle peut-être, avait la forme d’un tombeau. […] Il y a, dans les archives de la Comédie-Française, un manuscrit inédit de quatre cents pages, relié en parchemin et noué d’une bande de cuir blanc. […] En 1609, pendant que la magistrature de France, donnant un blanc seing pour l’échafaud, condamnait d’avance et de confiance le prince de Condé « à la peine qu’il plairait à sa majesté d’ordonner », il fit Troïlus et Cressida.
Les blancs sont blancs, et les bleus sont bleus. […] Pas d’Alcide vainqueur du monstre de Némée, Ni de Cypris naissant sur la mer embaumée ; Pas de Titans vaincus dans leurs rébellions, Ni de riant Bacchus attelant les lions Avec un frein tressé de pampres et de vignes ; Pas de Léda jouant dans la troupe des cygnes ; De naïades aux fronts couronnés de roseaux, Ou de blanche Phœbé surprise au sein des eaux. […] Maison blanche, où la vigne Tordait en longue ligne Son feuillage qui boit Les pleurs du toit ! […] Bassin où les laveuses Tendaient, silencieuses, Sur un rameau tremblant Le linge blanc !
C’est un colosse charmant, un doux géant aux cheveux blancs, qui a l’air du bienveillant génie d’une montagne ou d’une forêt. […] Un peu plus tard toute cette pâleur de la lumière tourne au bleuâtre, devient un pur Achenbach, azur et blanc, avec des luminosités sibériennes. […] C’est un état délicieux de pensée figée, de regard perdu, de rêve sans horizon, de jours à la dérive, d’idées qui suivent des vols de papillons blancs dans les choux. […] Des boiseries blanches, et sur la cheminée une pendule paternelle en marbre jaune, couronnée par un buste d’Hippocrate en bronze. […] Enfin, ils en arrivent à admirer, dans le Parthénon, ce merveilleux blanc du marbre, qui est, s’écrie Flaubert enthousiasmé, « noir comme de l’ébène ».
Et dans l’harmonie transparente et envolée, dans ce poème du blanc frileux et du blanc tiède, au premier plan, rien que la noire tache d’un plateau de laque, sur laquelle pose une tasse de Chine bleue. […] Alors c’était la Commune, on chauffe à blanc son républicanisme, on le fait engager dans la garde nationale, et il est fusillé au Champ-de-Mars. […] Il ignorait absolument, que tout le lilas blanc qui se vend l’hiver à Paris, fleurit dans les caves. […] Sur la cheminée, placés de travers et comme poussés l’un contre l’autre par un amoncellement de papiers, deux vases blancs à dessins bleus, d’un ancien modèle de Marly, et dans lesquels sont en train de mourir deux grandes herbes exotiques à feuilles poussiéreuses. […] J’ai eu un certain maître d’écriture qui avait une grosse tête toute ronde, avec de petits cheveux blancs frisés, et toujours accompagné d’un caniche.
Depuis Baïf, et de tout temps, on a fait des vers blancs, des vers libres, des vers traditionnels, avec ou sans talent. […] Edmond Bailly avec le vers blanc — hélas ! blanc de vieillesse, car depuis quelques siècles usité — dont il veut bien nous adresser un spécimen de sa façon. […] … Mais voici une feuille blanche, vite prenez-la et nous la noircissez d’un petit poème impromptu. […] Tennyson en anglais, Leopardi en italien ont fait des vers blancs métriques qui sont très beaux.
[Revue blanche (octobre 1893).] […] Elle coud le linge blanc près des capucines. […] La chatte sur la pierre chaude s’étire En bâillant ou roule au soleil son ventre blanc.
Vois comme cet oiseau dont le nid est la tuile Nous suit pour emporter à son frileux asile Nos cheveux blancs pareils à la toison que file La vieille femme assise au seuil de sa maison ! […] oui, il y a bien longtemps que vous n’étiez venu au pays, qu’on ne regardait plus fumer le château, qu’on n’entendait plus aboyer les chiens là-bas dans le grand jardin sous les tours, qu’on ne voyait plus passer les chevaux blancs qui portaient des dames et des messieurs dans les chemins à travers les prés ! […] Le visage de l’enfant, du jeune homme et de l’homme mûr se ressemblent, comme l’arbre que vous avez planté il y a trente ans ressemble à l’arbre qui vous donne aujourd’hui ses fruits en automne : c’est le même bois, ce ne sont plus les mêmes feuilles. » — « Et avez-vous toujours ces beaux chevaux blancs qui galopaient dans le grand pré, auprès du château, et qu’on disait que vous aviez ramenés, après vos voyages, du pays de notre père Abraham ? […] Le tombeau était pour moi la pierre de Moïse d’où coulaient toutes les eaux ; j’ouvris mon cœur comme une écluse, et la prière en sortit à grands flots avec la douleur, la résignation et l’espérance ; et mes larmes aussi coulaient ; et quand je retirai mes mains de mes yeux et que je les posai contre le seuil pour le bénir, elles firent une marque humide sur la pierre blanche… Un bruit m’avait fait lever en sursaut. […] Je fus arrêté sur la première marche par un petit cercueil recouvert d’un drap blanc et de deux bouquets de roses blanches aussi, que portaient quatre jeunes filles d’un hameau des montagnes.
Les chairs sont un peu blanches. […] En général le tout a l’air blanc ; c’est qu’on a visé à l’éclat et à l’effet.
La Blanchette a fait veau la semaine dernière, et le petit vient bien : c’est une génisse blanche. — Une génisse blanche ? […] Puis, tout à coup, tout devenait blanc : c’était lui, le soleil, qui venait enfin de paraître. […] La petite nappe blanche était déjà mise au bout de la table, le couvert, la chopine de vin et la grosse carafe d’eau fraîche dessus, toute scintillante de gouttelettes. […] Des centaines de petites taches blanches mouchetaient ses bras dodus et ses joues ; il y en avait jusque dans ses cheveux, tant elle mettait d’ardeur à son ouvrage.
De l’escabeau vide au foyer Là le pauvre s’empare, Et le grand bahut de noyer Pour lui n’est point avare ; C’est là qu’un jour je vins m’asseoir, Les pieds blancs de poussière ; Un jour… puis en marche ! […] Lui-même, dans une pièce À mon âme, l’exhortant à s’envoler vers les cieux, et à laisser ce corps qu’il a trop souillé, il lui dit : Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ; Fuis en chantant vers le monde inconnu ! […] La faiblesse tendre qui a besoin d’appui, la souffrance et le martyre d’un être délicat, se retrouvent mêlés à de l’espièglerie et à de la lutinerie gracieuse dans La Souris blanche ; c’est le plus joli conte de fées et le plus attendrissant ; c’est moins naïf que Perrault, mais aussi aimable, aussi léger, et cela ne se peut lire jusqu’à la fin sans une larme dans un sourire. […] Cependant, avec une faculté d’expression vive, expansive et affectueuse, il tâtonnait, il se disposait à tenter le théâtre ; il cherchait encore sa veine, lorsque le succès inespéré de la chanson des Bœufs, faite un jour au hasard, lui ouvrit toute une perspective : J’ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs marqués de roux, etc. […] Il fit quelques autres de ses jolies mélodies rurales : La Mère Jeanne, Ma vigne, Le Cochon, La Vache blanche, que bientôt tout le monde répéta.
Nous sortîmes de la chambre pendant qu’elle faisait les lits, le mari nous servit sur une nappe bien blanche son pain bis, bien frais, de froment, un morceau de fromage de gruyère tout ruisselant de pleurs et des grappes de raisin noir et blanc qui n’avaient pas encore perdu leur fleur ; pendant que nous soupions ainsi, la mère redescendit, et nous causâmes ensemble pendant qu’elle donnait des soins à son gras nourrisson, et que le père balançait les deux petites filles sur chacun de ses genoux avec un mouvement d’escarpolette. — Quel est, lui demandai-je avec curiosité, le nom de ce gros village à l’église neuve, qui s’étend là-bas, du côté du soleil couchant, dans la plaine, et qui semble regarder un beau château blanc avec une balustrade au-dessus ? […] Nous eûmes beau leur offrir et les raisonner, ils ne voulaient accepter que leurs dix sous, encore fallut-il accepter nous-mêmes un fromage blanc de leur chèvre et de belles grappes de raisin pour notre déjeuner le lendemain à notre départ. […] Nous nous couchâmes avec reconnaissance dans ces lits bien blancs et nous fîmes nos prières devant la sainte de toutes ces braves familles, puis nous nous endormîmes bien fatiguées, mais bien heureuses d’une si longue journée. […] Puis nous parlâmes aux religieuses de la charité qui ne pleuraient pas, mais qui tiraient de leurs poches du pain blanc et du fromage de chèvre et une demi-bouteille de vin qu’elles avaient apportée pour son père.
Il a une veste et une culotte en velours noir, un gilet blanc, des bas rouges. […] * * * — … Ces femmes enfarinées de poudre de riz, blanches comme un mal blanc, les lèvres peintes en rouge au pinceau, ces femmes maquillées d’un teint de morte, le sourire saignant dans une pâleur de goule, l’œil charbonné, avivé de fièvre, avec des cheveux, pareils à un morceau d’astrakan, frisottant et laineux, leur mangeant le front et la pensée, ces femmes avec leurs figures de folles et de malades, semblent des spectres et des bêtes du plaisir. […] Et il est devenu, pour ainsi dire, l’ombre transparente du petit et maigrelet homme qu’il était autrefois : une ombre avec quelques rares bouquets de poils blancs épars sur une figure spectrale. […] Elle y entre, en jetant sur la porte, à ma cravate blanche qu’elle croit la cravate du marié, le sourire d’adieu du libre amour : c’est le Plaisir, la Beauté, la Grâce d’orgie, l’Élégance, le Désordre, la Dette. […] Il le peint avec ses cheveux blancs, sa barbe blanche, sa belle tournure théâtrale, ses grands gestes dans les habits de la misère, dans son immense redingote bleue, et se détachant, en sa silhouette d’ouvrier stoïque, sur les hauteurs de Ménilmontant, où on le voyait rapporter du marché, son déjeuner et son dîner du lendemain.
« Notre langue, peu accentuée, prétendait-il16, ne saurait admettre le vers blanc, et ni Voltaire, vice-roi de Prusse en son temps, ni Louis Bonaparte, roi de Hollande au sien, ne me sont des autorités suffisantes pour hésiter, ne fût-ce qu’un instant, à ne me point départir de ce principe absolu. […] Théodore de Banville avait bien écrit : Elle filait — pensivement — la blanche laine, mais, effrayé de sa propre audace, il n’eut plus de sommeil jusqu’à ce qu’il eût trouve ce correctif : Elle filait d’un doigt — pensif la blanche laine, qui rétablit la paix de sa conscience troublée.
. — La Revue blanche (Alexandre Natanson). — La Revue de l’Évolution. — Chimère (Paul Redonnel). — Le Carillon (L. de Saunier). […] Saint-Pol-Roux : L’Âme noire du prieur blanc. […] Henry Bataille : La Chambre blanche.
Les deux piliers et la voûte formant la baie de la porte avaient été, comme la maison, construits en tuffeau, pierre blanche particulière au littoral de la Loire, et si molle que sa durée moyenne est à peine de deux cents ans. […] Cette pièce, dont les deux croisées donnaient sur la rue, était planchéiée ; des panneaux gris, à moulures antiques, la boisaient de haut en bas ; son plafond se composait de poutres apparentes, également peintes en gris, dont les entre-deux étaient remplis de blanc en bourre qui avait jauni. […] À Tours, un coiffeur venait de lui refriser ses beaux cheveux châtains ; il y avait changé de linge et mis une cravate de satin noir combinée avec un col rond, de manière à encadrer agréablement sa blanche et rieuse figure. Une redingote de voyage à demi boutonnée lui pinçait la taille et laissait voir un gilet de cachemire à châle sous lequel était un second gilet blanc. […] En se lavant plusieurs fois les mains dans de l’eau pure qui lui durcissait et rougissait la peau, elle regarda ses beaux bras ronds, et se demanda ce que faisait son cousin pour avoir les mains si mollement blanches, les ongles si bien façonnés.
Monté sur ce courtaud et en assez méchant équipage, Rosny chercha alors à s’orienter à travers la plaine, lorsqu’il vit venir à lui un groupe d’ennemis au nombre de sept, dont l’un portait la cornette blanche et générale de M. de Mayenne. […] Trois pourtant des sept cavaliers, les mieux montés, lui dirent adieu et, donnant de l’éperon, lui échappèrent ; les quatre autres le suivirent, non sans lui avoir mis en main la cornette blanche semée des croix noires de Lorraine, l’étendard principal de l’armée ennemie ; il n’était pas de force à la tenir longtemps, et il fut bientôt obligé de la confier à un page du roi qu’il rencontra. […] M. d’Andelot veut s’emparer de force de la cornette blanche qu’il voit aux mains du page, et qui est une dépouille d’honneur et de profit tout ensemble. […] Le page qui le montait avait revêtu la cuirasse de son maître et portait la cornette blanche de l’ennemi ; l’autre page portait les brassards et le casque tout fracassé de Rosny au bout d’un bris de lance ; car, effondré de coups comme il était, il eût été impossible de le mettre en tête. […] Revenant alors en toute hâte, Rosny et ses compagnons trouvent le roi réveillé, « se promenant dans un jardin et venant de hocher un prunier de damas blanc, qui portait les plus belles et meilleures prunes (à ce que vous me dîtes me contant tout ceci, écrit le fidèle secrétaire), que vous ayez jamais mangées ; auquel, en l’abordant, vous criâtes : “Pardieu, sire, nous venons de voir passer des gens qui semblent avoir dessein de vous préparer une collation de bien autres prunes que celles-ci, et un peu plus dures à digérer, si vous ne montez promptement à cheval pour aller donner ordre à votre armée…” ». — Toute cette scène, le cri soudain de Henri IV, « Des chevaux !
Elle y voit de petits canaris blancs tout neufs. […] Or ces petits canaris blancs n’étaient autres que des aigrettes qui, à chaque jour de marché, se changeaient en canaris pour vivre un peu au milieu des hommes.
Elle avait quitté sa grande traîne blanche et bleue et revêtu une robe courte et étroite, parfaitement décolletée, et chaussé des petites mules blanches comme celle du pape, brodées de paillettes d’argent. […] — Permets que j’ôte tes cheveux blancs, pour te rajeunir. […] Sa cravate blanche n’est pas fraîche. […] Il pense, complaisamment, aux bas noirs et au cotillon blanc de cette dame. […] Les rues étaient drapées de linge blanc et enguirlandées de branches fleuries.
Il a aussi gravé des eaux-fortes d’une attaque franche de curieuses vues de Paris, terrains vagues blancs de gravats et rôtis de soleil, va-et-vient pressé de la foule au travers des rues, où tremblotent des clartés vagues dans la brume, à la pointe de l’hiver. […] [Revue blanche (février 1899).] […] [Revue blanche (1er novembre 1896).] […] [Revue blanche (1er mars 1897).]
Nous frappons à la porte, et nous trouvons, dans une loge toute noire, les deux femmes qui nous attendent, lumineusement blanches, en une pénombre de crépuscule. […] Un respect vous saisit, quand on entre dans ces chambres pleines de registres en vélin blanc, entre lesquels vous passez comme dans un couloir. […] Un chat le suit, blanc comme les animaux qui habitent la mort, comme les souris blanches des cimetières. […] Tout, jusqu’aux rideaux d’un blanc nuptial, parle d’un amour honnête, consacré, autorisé. […] À le voir avec son front blanc, ses joues colorées, la carnation rose et poupine du bas de son visage, on le prendrait pour un bibliothécaire de province vivant dans l’ombre d’un cloître de livres, sous lequel il y aurait un cellier de généreux bourgogne.
les blanches fleurs des magnolias ont quelque chose de la constriction douloureuse des épaules de femmes décolletées, dans un courant d’air. […] Avec ce quelque chose d’appuyé et de ressenti, que les bien malades mettent dans leurs paroles, elle revenait amoureusement sur ces jours où elle servait de modèle à son mari, du matin au soir, sur ces jours tout pleins de ses peurs de l’eau, et où cependant sans rien dire, elle posait dans un remuant bateau, en robe blanche, frissonnante du froid du coucher du soleil et de la terreur de chavirer. […] * * * — Un nègre précédé dans la rue d’un caniche blanc : c’est une vision qui a un rien de fantastique. […] » Et cette conviction les amène à traiter les hommes de toutes les autres nationalités blanches, comme des nègres. […] Une épreuve du Haut d’un battant de porte, épreuve du premier état, avec le fond blanc, a été, sous le nº 30, de la vente Burty, poussée par moi à 350 francs, et achetée 400 francs par M.
Une forte barbe blanche couvrait les joues et le menton. […] Après avoir franchi la barrière, légèrement courbé sur sa jument blanche, il venait, au petit galop, suivi d’un groom sur un cheval blanc et précédé de six levrettes, blanches aussi, qui caracolaient. […] Il porte, selon l’ordonnance, l’habit veste de drap vert foncé, avec parements et revers écarlates, collet blanc, boutons blancs et l’épaulette de tresse d’argent. […] Son menton repose sur un rabat bleu, liséré de blanc. […] Dix cols de basin blanc.
Il n’y manque que les lignes architecturales du temple blanc de Minerve, sur lesquelles semblent se mouvoir, aux différentes heures du jour, les groupes éternellement vivants, quoique mutilés, de Phidias sur le fronton du Parthénon. […] L’olivier de la Bresse, c’est le pâle saule qui ne verse que l’ombre légère aux vaches blanches des prairies, et qui, tondu tous les trois ans par la serpette de l’émondeur, penche son tronc chauve sur les mares ou sur les étangs. […] XXXII Écarté de l’arène politique avant d’avoir combattu, Louis de Ronchaud s’ensevelit dans la solitude de son cœur et de ses pensées ; il ne se laissa connaître que par quelques rares amis, à qui la grâce de son caractère n’en cachait pas la force, comme une femme d’Orient qui voile sa taille et son visage pour la foule, d’un blanc linceul, et qui ne le dépouille qu’en rentrant dans la maison, derrière les jalousies et les grilles de sa chasteté. […] XXXIV C’est dans un musée domestique tout semblable à cette chambre à coucher, où le lit sans rideau trouve à peine assez de place pour ses quatre pieds de bois blanc, que j’ai visité, jadis, l’enthousiaste et heureux vieillard de Smyrne, M. […] Fauvel ramassait ses pierres à Athènes, il me parlait souvent d’eux ; mais il levait les épaules au nom de M. de Chateaubriand visitant le Parthénon avec un chaudronnier de Smyrne qui lui servait de guide à quinze sous par jour. « Ne m’en parlez pas, me disait-il, celui-là n’est qu’un faux prêtre de notre culte pour le marbre ; il fouille du bout de sa canne à pomme d’or, qu’il appelle son bâton blanc, les cendres du foyer des terres dans l’Acropole ; mais il n’y cherche que des mots, des images, de la gloire, et non des collections sacrées comme ces vestiges.
Une de ses mains qu’on voit en dehors est hâlée et brune, l’autre qu’on voit en dedans, est blanche : cela est dans la nature. […] Il est hâlé de visage ; mais on voit qu’il est blanc de peau. […] Ce tablier de toile blanc fait on ne peut pas mieux.
. — Rêves blancs (1894) […] Nous avons déjà de lui les Rêves blancs, dont je vous ai parié avec sympathie, un curieux et ingénieux roman Pierre Robert, où il y a du lyrisme, de la passion et je ne sais quelle étrangeté qui n’est pas toujours factice.
Elle est conçue et réalisée dans des teintes blanches et liliales. […] [Revue blanche (25 mars 1892).]
Les hautes et noires terrasses qui portaient jadis le temple de Salomon s’élevaient à ma gauche, couronnées par les trois coupoles bleues et par les colonnettes légères et aériennes de la mosquée d’Omar, qui plane aujourd’hui sur les ruines de la maison de Jéhovah ; la ville de Jérusalem que la peste ravageait alors était tout inondée des rayons d’un soleil éblouissant répercutés sur ses mille dômes, sur ses marbres blancs, sur ses tours de pierre dorée, sur ses murailles polies par les siècles et par les vents salins du lac Asphaltite ; aucun bruit ne montait de son enceinte muette et morne comme la couche d’un agonisant ; ses larges portes étaient ouvertes et l’on apercevait de temps en temps le turban blanc et le manteau rouge du soldat arabe, gardien inutile de ces portes abandonnées ; rien ne venait, rien ne sortait ; le vent du matin soulevait seul la poudre ondoyante des chemins et faisait un moment l’illusion d’une caravane ; mais quand la bouffée de vent avait passé, quand elle était venue mourir en sifflant sur les créneaux de la tour des Pisans ou sur les trois palmiers de la maison de Caïphe, la poussière retombait, le désert apparaissait de nouveau et le pas d’aucun chameau, d’aucun mulet, ne retentissait sur les pavés de la route. […] À quelques pas de moi, une jeune femme turque pleurait son mari sur un de ces petits monuments de pierre blanche dont toutes les collines autour de Jérusalem sont parsemées ; elle paraissait à peine avoir dix-huit ou vingt ans, et je ne vis jamais une si ravissante image de la douleur. […] Nous laissâmes à gauche la montagne de ruines, et une vaste plage toute blanche de débris, et traversant quelques champs de gazon brouté par les chèvres et les chameaux, nous nous dirigeâmes vers une fumée qui s’élevait à quelque cent pas de nous d’un groupe de ruines entremêlées de masures arabes. […] Le foyer s’éteignait, mais la lune se levait pleine et éclatante dans le ciel limpide, et passant à travers les crénelures d’un grand mur de pierres blanches et les dentelures d’une fenêtre en arabesques, qui bornaient la cour du côté du désert, elle éclairait l’enceinte d’une clarté qui rejaillissait sur toutes les pierres. […] Un de ces couvents était une imprimerie arabe pour l’instruction du peuple maronite, et l’on voyait sur la terrasse une foule de moines allant et venant et étendant sur des claies ou roseaux les feuilles blanches du papier humide.
Entre, au milieu de notre conversation, Dumas père, cravaté de blanc, gileté de blanc, énorme, suant, soufflant, largement hilare. […] Des bois faisant des taches noires sur une terre de cendres blanches, des bouquets de verdure sombre se dressant sèchement çà et là. […] Au milieu d’eux un gilet blanc, un petit ventre qui pointe, un danseur à l’air d’un garçon de noce endimanché. […] Une boutique lie de vin, à la porte-fenêtre fermée par des rideaux blancs, avec un carreau cassé. […] Un bonhomme brun, les cheveux rebroussés et un peu crépus, de petites moustaches noires en forme de pinceaux, un foulard de soie blanche autour du cou, une tête où il y a du duelliste de Henri II et de l’Espagnol des Flandres.
Et un dîner très amusant, très cosmopolite, très parlant à la curiosité de l’estomac : un potage bulgare aux olives, dont Mme Ménard-Dorian a rapporté la recette de ses voyages, des boudins blancs de brochets, truffés, des canards à la purée de foie gras, etc., etc. […] Ce qui avait contribué à sa mort, dit Lefèvre, c’est qu’au milieu de ces hommes en costume sombre, et ayant l’air un peu de pompiers, avec son uniforme rouge et sa culotte blanche, il avait l’air d’un général anglais. […] Et tout près du chapeau de l’exil, cette veste de piqué blanc, aux taches jaunes, qui semblent sorties du foie du Prométhée de l’île africaine. […] Et son intention est de peindre sa Jeanne d’Arc au bord de la Loire, sur un cheval blanc, éclairée par le soleil couchant : une Jeanne d’Arc ayant le caractère d’un bas-relief. Aussi a-t-il fait pour ce tableau, nombre de chevaux blancs dans le soleil.
L’écume éblouissante et voluptueuse des vagues fut, un jour, moulée selon les formes blanches d’une baigneuse qui s’y jouait. […] Les blancs bergers de Théocrite, les héros d’Hésiode, les éblouissantes statues de Phidias nous séduisent d’un indicible charme. […] On flagella la nudité et il y eut des imprécations contre la blanche peau en fleur. […] Et il y eut de ravissants petits jeunes gens qui avaient des yeux d’or et portaient des ailes blanches, dérobées sans doute aux cygnes mystiques. […] Quelle est cette blanche théorie qui s’avance, là-bas, triste et incolore ?
Il est vêtu d’une redingote à jupe, qui lui fait des hanches, comme s’il avait une crinoline, et porte un pantalon de laine blanche, qui semble un caleçon de molleton à sous-pieds. […] Des tables en bois blanc peintes en noir, quelques chaises de paille, et sur la lèpre des murs, les croquis de la rédaction : voilà le mobilier. […] J’ai acheté ces jours-ci un album de figures en noir, semblables à certaines silhouettes de Carmontelle, et qui ne sont que des ombres profilées, de Japonais et de Japonaises, se détachant sur un panneau blanc. […] Voyez-les, ces filles d’Arles, aux longs regards, avec leur corsage bombé de gaze blanche, qu’enserre dans quatre plis de chaque côté, un petit châle noir d’enfant, et avec leur jupe tombant droit devant, comme la soutane d’un prêtre, et derrière, en faisant le gros tuyautage d’un jupon de paysanne : un costume tout noir et blanc, et où le blanc tient du nuage, — enfin un costume qui a quelque chose de monastique et d’aphrodisiaque, et qui fait ressembler ces femmes à des nonnains d’amour. […] Il y en a, un blanc d’un chiffonnage soyeux extraordinaire, un rose d’un violacé maladif tout à fait charmant, un d’un rouge capucine au cœur de vieil or.
Pour que le travail forcé du nègre devienne travail volontaire, il faut d’abord déposséder le blanc de sa propriété ! Quand vous aurez dépossédé sans condition le blanc de sa propriété, que deviendra son revenu, et, le revenu supprimé, que deviendra le salaire du noir ? Tout sera taxé à la fois, et il ne restera qu’à livrer le blanc à la faim du noir ! Le noir égorgera et dévorera le blanc ; c’est la révolution des anthropophages ! […] … vous envoyer, hommes blancs !
Là-dessus un train précédé d’une solide fumée blanche, montant toute droite : un train, avec des bleus éteints et comme délavés de blouses, dans les compartiments supérieurs. […] Je passais quelques jours de vacances chez cette cousine nouvellement mariée, et qui était jeune et jolie et blanche comme une Flamande. […] Elle me fait entrer dans cette pièce, une petite chambre blanche, décorée d’éventails japonais, et que les deux bougies allumées éclairent d’une lueur rose, parmi le jour crépusculaire. […] Cette nuageuse esquisse représente sa femme en robe blanche, couchée dans un hamac, mais presque perpendiculairement, et comme debout. […] Des cheveux tout blancs, une figure toute jeune, une voix légèrement voilée : c’est le portrait de l’aimable femme.
Mes volets mal fermés m’ont laissé entrevoir, dès mon lever, cette grande nappe blanche qui s’est étendue en silence sur la campagne. […] Ces jolies fleurs si richement colorées faisaient un effet charmant sous leurs chaperons blancs. J’en ai vu des touffes entières recouvertes d’un seul bloc de neige ; toutes ces fleurs riantes, ainsi voilées et se penchant les unes sur les autres, semblaient un groupe de jeunes filles surprises par une ondée et se mettant à l’abri sous un tablier blanc. […] Rencontre d’un site assez remarquable pour sa sauvagerie : le chemin descend par une pente subite dans un petit ravin où coule un petit ruisseau sur un fond d’ardoise, qui donne à ses eaux une couleur noirâtre, désagréable d’abord, mais qui cesse de l’être quand on a observé son harmonie avec les troncs noirs des vieux chênes, la sombre verdure des lierres, et son contraste avec les jambes blanches et lisses des bouleaux. […] D’innombrables pommiers fleuris paraissent au loin comme des boules de neige ; les cerisiers aussi tout blancs se dressent en pyramides ou s’étalent en éventails de fleurs.
M. Albert Blanc avait commencé de donner les dépêches confidentielles écrites par le comte de Maistre pendant qu’il représentait le roi de Sardaigne à Pétersbourg. […] M. Albert Blanc, dans laquelle le savant docteur en droit de l’université de Turin intervient d’un bout à l’autre avec ses formules pour expliquer Joseph de Maistre, pour le transformer et l’approprier à sa cause, mériterait un examen plus impartial et plus sévère que celui qu’elle a généralement obtenu. […] M. Albert Blanc, on ne l’a pas discuté10. […] M. Albert Blanc nous a donné du de Maistre tout pur, et nous lui en savons gré11. […] M. Albert Blanc, joint et entremêlé à cette première publication des lettres diplomatiques de De Maistre, a été accepté et loué dans les journaux plutôt que discuté, il y a eu une critique qui a institué cette discussion à sa manière : c’est M.
Que l’on note encore le chapitre de A Rebours, où, par une boueuse nuit d’automne, le duc erre par tout le quartier anglican de Paris, des bureaux de « Galignani » à la taverne de la rue d’Amsterdam dans Les Sœurs Vatard, le tumultueux intérieur d’atelier de femmes par un matin de paye après une nuit blanche, la plaisante énumération des manques de tenue de l’ouvrière Céline devenue la maîtresse d’un monsieur à chapeau de soie le bruissant tableau des Folies-Bergère dans les Croquis parisiens, et les vues en grisaille de certains sites dolents de la banlieue enfin, dans tous ses livres, cette qualité que M. […] Il dira de l’or d’une étole, qu’il est « assombri et quasi sauré » ; il dira encore : « des hommes soûls turbulaient » ; des fleurs lui apparaîtront « taillées dans la plèvre transparente d’un bœuf » ; il pourra écrire cette phrase : « Attisé comme par de furieux ringards, le soleil s’ouvrit en gueule de four, dardant une lumière presque blanche… grillant les arbres secs, rissolant les gazons jaunis ; une température de fonderie en chauffe pesa sur le logis ». […] D’autres encore sont agitées et cursives : « Glissant sur d’affligeantes savates, ce laveur s’enfonça dans un va-et-vient furieux de garçons, lancés à toute volée, hurlant boum, jonglant avec des carafons et des soucoupes, éblouissant avec la blanche trajectoire de leurs tabliers. » Mais c’est surtout la sensation colorée que M. […] Assurément cette phrase peut rivaliser avec les pigments qu’elle décrit : « Des branches de corail, des ramures d’argent, des étoiles de mer ajourées comme des filigranes et de couleur bise, jaillissent en même temps que de vertes tiges supportant de chimériques et réelles fleurs, dans cet antre illuminé de pierres précieuses comme un tabernacle, et contenant l’inimitable et radieux bijou, le corps blanc, teinté de rose aux seins et aux lèvres, de la Galatée, endormie dans ses longs cheveux pâles ». […] Huysmans a conçu un type de phrase particulier, où par une accumulation d’incidentes, par un mouvement pour ainsi dire spiraloïde, il est arrivé à enclore et à sertir en une période, toute la complexité d’une vision, à grouper toutes les parties d’un tableau autour de son impression d’ensemble, à rendre une sensation dans son intégrité et dans la subordination de ses parties : « Sur le trottoir des couples marchaient dans les feux jaunes et verts qui avaient sauté des bocaux d’un pharmacien, puis l’omnibus de Plaisance vint, coupant ce grouillis-grouillos, éclaboussant de ses deux flammes cerise, la croupe blanche des chevaux, et les groupes se reformèrent, troués çà et là par une colonne de foule se précipitant du théâtre Montparnasse, s’élargissant en un large éventail qui se repliait autour d’une voiture que charroyait en hurlant un marchant d’oranges ».
Les poètes, les écrivains, les amis particuliers de madame Victor Hugo, ont eu l’idée de faire magnifiquement relier, pour elle, le volume de poésies de son mari, d’insérer dans ce volume quelques pages blanches, de couvrir ces pages blanches de leurs noms, et de quelques lignes de prose ou de vers attestant leur souvenir et leur affection pour cette illustre et vertueuse femme.
Ils s’imposent dans l’or des clairs dimanches — Toussaint, Noël, Pâques et Pentecôtes blanches. […] ce sonnet du cygne (dont le dernier vers cité est le neuvième) où tous les mots sont blancs comme de la neige ! […] Toutefois — car sa légitime croit en Dieu — La petite Benoist, voiles blancs, ruban bleu, Communia. […] Plus tard Mauxgavres jouit et meurt de l’épouvante d’avoir vu ses paroles se réaliser jusqu’à leurs convulsions suprêmes et la cravate rouge du prédestiné devenue le garrot d’acier qui coupe en deux les cous blancs. […] sinon ces mêmes Amies, ce jour-là blanches et voilées de blanc ?
Lorsque, de leur propre poids, les Mères ennemies seront tombées au fond de l’oubli, le Docteur Blanc surnagera. [Revue blanche (15 avril 1893).] […] [Revue blanche (juin 1895).] […] [Revue blanche (15 mai 1896).] […] [Revue blanche (1er avril 1896).]
Le fils, mince et joli comme une fille, marche le coude appuyé sur l’épaule du vieillard, la main passée derrière la tête, et jouant avec les cheveux blancs du collet. […] voici l’heure des merles et de leur sifflement dans le ciel devenu rose, et toujours dans les rideaux, le blanc éclair de ses yeux demi-fermés, qui ne dorment pas dans leur calme apparence de sommeil. […] C’étaient des élancements qui ressemblaient à des envolées d’oiseau blessé, en même temps que sur sa figure apaisée, aux yeux congestionnés de sang, au front tout blanc, à la bouche entr’ouverte et pâlement violette, était venue une expression qui n’était plus humaine, l’expression voilée et mystérieuse d’un Vinci. […] Sur le blanc de l’oreiller, sa pauvre tête est renversée, avec l’ombre portée de son profil amaigri et de sa longue moustache projetée par les lueurs d’une bougie mourante, luttant avec le jour. […] » On a jeté les roses dans le creux autour de son corps, on en a mis une blanche sur le drap, un peu soulevé par sa bouche.
— gratitude, ces longues avenues de lits bien blancs, ces longs rideaux blancs, car tout est long et blanc, en quelque sorte, en ces asiles… Verlaine fut un isolé. […] Adore les toilettes blanches. […] Ils s’occupent d’occultisme, de magie noire, de magie blanche et de messes démoniaques. […] Ces maisons blanches et roses, si coquettes, ont abrité de lentes agonies. […] D’autres fleurs, rouges, roses et blanches, luisaient dans le sombre feuillage lustré.
Le blanc d’argent et le bitume dont il se servait étaient le blanc d’argent et le bitume d’un noble cœur. […] Qu’on juge de la précision de cette chasse par quelques détails : «… La mélancolique métamorphose se faisait, changeant sur les toiles l’azur matinal des paysages en pâleurs émeraudées du soir… Au-dessus de la copie de Saint-Marc, du noir était entré dans la gueule ouverte du lion… Le parquet perdait le reflet des châssis de bois blanc qui se miraient dans son luisant… » Et voici le trait final : « Une paillette, sur le côté des cadres, monta, se rapetissa, disparut à l’angle d’en haut ; et il ne resta plus dans l’atelier qu’une lueur d’un blanc vague sur un œuf d’autruche pendu au plafond et dont on ne voyait déjà plus ni la corde ni la houppe de soie rouge. » Qu’on lise tout le morceau, on y sentira, parmi l’amusement des détails, la mélancolie légère de cette décroissance et de cet insensible effacement du jour dans un fouillis d’objets élégants et brillants qui se noient l’un après l’autre, doucement et silencieusement, dans la nuit. […] 20 » Dans la forêt de Fontainebleau, ils voient les plus petites choses : «… Son regard s’arrêta sur le rocher ; il en étudia les petites mousses vert-de-grisées, le tigré noir des gouttes de pluie, les suintements luisants, les éclaboussures de blanc, les petits creux mouillés où pourrit le roux tombé des pins. » Mais à côté ils sentent profondément les grands spectacles : la vallée de Franchart les fait rêver de cataclysmes préhistoriques, de nature antédiluvienne21. […] Une légèreté vaporeuse, le sommeil sacré de la paix nocturne des arbres, ce qui dort de blanc, ce qui semble passer de la robe d’une ombre sous la lune, entre les branches, un peu de cette âme antique qu’a un bois de Corot, faisaient songer devant cela à des Champs Élysées d’âmes d’enfants. […] J’en prends une au hasard, qui n’est pas une des pires. « La joie de midi glissait et jouait sur le luisant des feuilles, le brillant des fleurs, bourdonnait dans le silence et la chaleur ; et des vols de mouches, tour à tour blanches sur le vert et noires sur le blanc, s’embrouillaient dans l’air ou bien y planaient, les ailes imperceptiblement frémissantes, ainsi que des atomes de bonheur suspendus dans l’atmosphère 49. » Les défauts sautent aux yeux d’un professeur de rhétorique : l’assonance de joie et de jouait, de fleurs et de chaleur ; ailes se rapportant grammaticalement à vols, si bien que les vols ont des ailes ; dans l’atmosphère faisait double emploi avec dans l’air ; l’ambiguïté de la construction qui fait douter si ce sont les vols ou les ailes qui ressemblent à des atomes de bonheur, ainsi que pouvant se rattacher également à l’un ou à l’autre de ces deux mots.
[Revue blanche (octobre 1893).] […] S’il y a parfois des réminiscences, le rythme général est, le plus souvent, scandé comme il faut et s’enfle au gré du dialogue, comme, sous le souffle des vents étésiens, des vols calmes de pluviers blancs.
Un barde en cheveux blancs s’avance vers nous. « D’où sont ces étrangers ? […] Je vais m’endormir près du rocher de Mora, et les vents sifflants dans mes cheveux blancs ne m’éveilleront plus. […] L’âge a mêlé des cheveux blancs à ma noire chevelure. […] On remplit à la ronde la coupe de la paix, et le héros en cheveux blancs me donna la belle Moïna. […] Ils se penchent sur sa harpe pendant que ses blanches mains touchent les cordes tremblantes.
Elle fait quelques pas sur le tapis, agitant derrière elle la grande traîne de sa robe de soie blanche, et revient à moi : « La femme ! […] … Mais, dans le moment, il faut vous atténuer, vous amortir… Tenez, votre description du pape tout en blanc, tout au fond… Eh bien ! […] Sa compagnie ordinaire, est un homme toujours à l’air, et toujours sorti de chez lui comme l’autre, un vieillard maigre et long, à cheveux blancs en désordre et comme fouettés par des vents de malheur, cravaté d’une corde de soie noire où ne passe jamais le blanc d’un chemise, et habillé éternellement d’un paletot lie de vin et d’un pantalon chocolat, qui traîne et fait sur ses galoches ces bourrelets de plis, que Gavarni tirebouchonne au bas de ses pantalons d’inventeurs, — et une canne sous le bras, et toujours une pipe éteinte à la bouche. […] Couché, allongé sur son lit, en une complète immobilité, ainsi qu’un beau mort arabe à la barbe noire et blanche, il nous dit : « Je ne suis pas encore mort ! […] * * * — Elles sont bien noires les pensées des nuits blanches !
Le matin d’Inkermann, je le trouve au petit jour, en bottes vernies, en culotte blanche, en gants frais, tout cela battant neuf, et alors que je lui disais : “— Comme tu es joli, aujourd’hui, pourquoi ça ? […] … Voyez, le bois doit être blanc ». […] Elle était charmante, toute blanche, avec un trait dans l’œil, ce qui est assez commun chez nous. […] C’est l’occasion pour Berthelot, de peindre pittoresquement la retraite dans les mines des derniers hommes, avec du blanc de champignons pour nourriture, avec le gaz des marais, avec le feu grisou comme bon dieu. […] Il avait, sur la poitrine, un chapelet, dont les grains blancs, autour d’une rose en train de se faner, ressemblaient à l’égrènement d’une branchette de symphorine.
Comme elle est belle au soir, aux rayons de la lune, Peignant sur son cou blanc sa chevelure brune ! […] La ville est assoupie, et les flots prisonniers S’endorment sur le bord de ses blancs escaliers. […] Non, la neige est plus pâle, et le marbre est moins blanc. […] — l’âge où la femme, au jour de sa naissance, Sortit des mains de Dieu si blanche d’innocence, Si riche de beauté, que son père immortel De ses phalanges d’or en fit l’âge éternel ! […] Il est blessé à mort, il s’affaisse entre les bras de ses témoins ; une tache de sang suinte à travers son habit blanc de Pierrot ; les traits de son visage décoloré voudraient rire encore, mais ils agonisent malgré lui, et sous ce faux rire on sent que la pointe de l’épée a touché le cœur.
Des clercs en chape blanche représentaient, les trois Maries, c’est-à-dire Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et une troisième Marie ; qui ne serait autre que Salomé. Des enfants, de chœur « vêtus de blanc, avec une étole violette et de grandes ailes » figuraient les Anges. […] Qu’Adam soit vêtu d’une tunique rouge, mais Ève d’un vêtement de femme blanc, avec un voile de soie blanc, et que tous deux se tiennent debout devant la Figure (la Figure, c’est le nom par lequel Dieu est habituellement désigné dans le courant de la pièce), Adam plus rapproché pourtant, le visage respectueux, Ève la tête un peu plus inclinée. » Tout ceci est pour la mise en scène ; ce qui suit est pour la récitation ; écoutez ! […] Tu est faiblette et tendre chose… » Voici les compliments à la femme qui commencent, et ils sont très-délicats : « Tu es plus fraîche que n’est rose ; tu es plus blanche que cristal, que neige qui tombe sur glace en val (dans un vallon).
. — Un enfant a vu sa mère mettre pour une soirée une robe blanche ; il a retenu ce mot, et désormais, sitôt qu’une femme est en toilette, que sa robe soit rose ou bleue, il lui dit de sa voix chantante, étonnée, heureuse : « Tu as mis ta robe blanche ? » Blanc est un mot trop large ; il faut que désormais il le réduise à une seule couleur. — Le même enfant entend sa mère qui lui dit : « Tu balances trop ta tête ; ta tête va frapper la table. » Il répond d’un air curieux et surpris : « Ta tête va frapper la table ? » Ta est pris dans un sens trop vaste, vil faut que désormais ce mot désigne seulement la tête de celui à qui l’on parle. — L’endiguement va se faire ; de nouvelles expériences compléteront la tendance qui produisait le mot blanc, et, désormais achevée, elle correspondra non seulement à la présence de l’éclat, mais encore à la présence d’une certaine couleur. […] Si j’ai remarqué suffisamment cette structure intérieure, à l’aspect du squelette blanc, comme à l’aspect du corps vivant vêtu de son poil, je prononcerai sans me tromper le mot chat.
« Je n’ai que trente-cinq ans et pas un cheveu blanc » disait un homme amoureux à une femme trop aimée. « Vous avez l’air d’en avoir », lui répondit-elle. […] Autran a cet air de cheveux blancs, et ils lui semblent venus dans la peine du labeur et des veilles de l’étude.
Ces lobes sont composés de substance blanche et d’une écorce grise, et toutes les inductions s’accordent pour rattacher les images à l’action de l’écorce grise. […] D’autre part, la physiologie établit que dans le reste du système nerveux la substance blanche est simplement conductrice131. […] Un cordon blanc conducteur apporte une excitation à un noyau central de substance grise ; dans cette substance naît alors un mouvement moléculaire ; par suite, une excitation est exportée jusqu’aux muscles par un autre cordon blanc conducteur. […] — Dans le tuyau et jusque dans l’entrée de la boite, on est parvenu à suivre à peu près la marche ascendante ou descendante du courant nerveux, et l’on a pu constater avec une certitude suffisante les fonctions des divers cordons ou noyaux gris et blancs de la moelle, du bulbe et même de la protubérance. […] Elles sont environ cinq fois plus rapides que dans la substance blanche (H.
Car dans leur rêve, des naufs vermeilles par la mort du Soleil, aux cordages de soie, aux voiles pleines et blanches comme des seins, appareillaient vers la Cythère lointaine et bleue… Par quelle aberration en vint-on à faire disparaître l’assonance au profit de la rime ? […] Au rondel qui suit — chaperon mi-partie blanc et rouge — s’entrelacent les assonances et les rimes : Chanson d’Amour Une chanson d’amour d’un autre temps. Étant déclose en tièdes assonances, Une chanson avec des robes blanches, Des seins rosés et des rhythmes très lents.
Aujourd’hui, dans ce roman qui veut être un livre pieux, Mme Marie-Alexandre Dumas se peint en robes de cachemire blanc, avec capuchon, — le costume dramatique ! […] — dans la robe blanche duquel, — joli effet au Gymnase ! […] IV Tel ce livre chrétien, — d’un christianisme hostile aux prêtres, qui y sont fort malmenés dans la personne d’un abbé imbécile et ridicule, et qui remplace le confesseur par une femme en robe blanche, laquelle n’a été effleurée (sic) que par une tasse de lait depuis la sainte Eucharistie et par les lis du bouquet de la Vierge qu’elle a touchés… Est-ce assez M.
L’art enfin des sous-entendus et des BLANCS (la critique en blanc : le blanc, c’est la couleur de l’innocence !)
N’oublions pas cette vision de la page blanche qui hallucina positivement Mallarmé, si soucieux de conserver dans sa rare poésie, comme des intervalles de ciel étoilé, le refus même et la disponibilité indéfinie de cette page blanche. Chez Valéry comme chez Mallarmé, trois éléments contribuent à garder dans l’œuvre terrestre cette fraîcheur glaciale de neige et d’espace vierge incorporée à la page blanche. […] Répétons encore ce propos tout mallarméen de Valéry, et voyons l’image de la page blanche coïncider avec celle de l’étendue marine. […] Seulement, il faut avoir confiance en la mer, confiance en la page blanche. […] Plus que la page mystérieusement blanche à piquer de mots, l’œuvre architecturale donne sa plénitude à ce mot : construire.
Quelques exemples de corrélation semblent purement capricieux : ainsi les Chats blancs avec des yeux bleus sont invariablement sourds. […] D’après les observations recueillies par Heusinger, il paraîtrait que les Moutons et les Cochons blancs sont affectés par les poisons végétaux d’une autre manière que les individus d’autres couleurs. […] Le Biset est bleu ardoise, avec le croupion d’un blanc pur ; et chez la sous-espèce indienne, la C. intermedia de Strickland, il est bleuâtre ; la queue a une barre terminale noire, avec les bases des plumes des côtés extérieurement bordées de blanc ; les ailes ont deux barres noires, et quelques races semi-domestiques, ainsi que quelques autres qui semblent de pures races sauvages, ont, en outre des deux barres obscures, les ailes marquetées de noir. […] Je croisai de même un Barbe avec un Pigeon Spot, blanc avec une queue rouge et une tache rouge sur le haut de la tête, et qui se reproduisait aussi sans variation : les métis furent brunâtres et bigarrés. Alors je croisai l’un des métis Barbe-Paon avec un métis Barbe-Spot, et ils me donnèrent un oiseau d’un aussi beau bleu qu’aucun Pigeon de race sauvage, ayant le croupion blanc, la double barre noire des deux ailes, et les plumes externes de la queue barrées de noir et bordées de blanc.
C’est cependant assez joli que d’étendre du linge blanc sur l’herbe ou de le voir flotter sur des cordes. […] Tu ne verras plus le blanc pigeonnier de la côte, ni la petite porte de la terrasse, ni le corridor et le fenestroun où nous mesurions notre taille quand nous étions petits. […] Ce sont des stellaires, petites fleurs blanches à longue tige, des plus gracieuses de nos champs. […] Il y en a dans le chemin du moulin, à l’abri d’un tertre tout parsemé de leurs petites têtes blanches. […] Nous avons rapporté des fleurs blanches, violettes, bleues, qui nous font un bouquet charmant.
En quittant Pise et ses monuments de marbre blanc étincelant sous son ciel bleu, qui font de cette ville un musée en plein soleil, on s’enfonce dans des gorges fertiles, où l’olivier, le figuier, le grenadier, le maïs oriental, le peuplier, l’if poudreux, la vigne grimpante, inondent la campagne de végétation. […] N’est-ce pas parce que la mort est le fond de tout tableau terrestre, et que la couronne blanche sur ses cheveux noirs me rappela la couronne blanche sur un linceul ? […] Elle était debout, les pieds nus, plus blancs et plus délicats que les cailloux qui sortent de la source ; sa robe, à gros plis noirs perpendiculaires, tombait avec majesté sur ses chevilles ; son corset rouge à demi délacé laissait l’enfant sucer le lait et le répandre de sa bouche rieuse, comme un agneau désaltéré qui joue avec le pis de la brebis, ou comme un enfant qui trouble la source avec ses petites mains après avoir bu. […] c’est bien vrai, que j’en ai bien vu tomber et renaître de ces chères feuilles de notre gros arbre, dit-elle en écartant de sa main amaigrie les mèches de ses cheveux blancs, qui lui tombaient de son front sur les yeux. […] C’est ainsi que nous ne restâmes plus que six à la cabane : notre vieille mère, qui ne comptait plus les années de sa vie que par les pertes de son mari, de ses frères, de ses sœurs, de ses filles mariées bien loin dans la plaine ; Antonio, que vous voyez déjà aveugle et ne pouvant plus sortir qu’avec son chien de la cabane, pour aller à la messe au monastère de San Stephano deux fois par an ; Hyeronimo, mon fils unique, et Fior d’Aliza, dont la mère était morte la semaine où elle était née ; c’était la chèvre blanche qui l’avait nourrie.
M. Louis Blanc, de son côté, a scruté ce sentiment qui fit d’elle une républicaine et s’en est rendu compte par une analyse précise42. […] M. Louis Blanc, ce qu’on ne trouve pas chez elle ; le sort de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ne paraît pas occuper beaucoup déplacé dans ses préoccupations ; du moins, il n’en tient guère dans son livre. » La remarque est fine ; je la crois juste, bien que trop généralisée. […] M. Louis Blanc regrettait l’absence. […] M. Louis Blanc a dit encore en parlant du groupe de la Gironde et pour le définir : « Ce furent des artistes égarés dans la politique. » Artistes, je l’accorde ; mais il convient encore de se bien entendre sur le mot ; ils l’étaient peut-être (l’un d’entre eux du moins, Vergniaud), par l’éloquence ; comme écrivains, ils n’étaient artistes nullement. […] Je fais des poires tapées qui seront délicieuses ; nous séchons des raisins et des prunes ; on fait des lessives, on travaille au linge ; on déjeune avec du vin blanc, on se couche sur l’herbe pour le cuver ; on suit les vendangeurs, on se repose au bois ou dans les prés ; on abat les noix, on a cueilli tous les fruits d’hiver, on les étend dans les greniers.
À peine si le long des haies quelques violettes en mars, quelques fumeterres qui sentent le baume ; à peine si, près des ruisseaux, au pied des chênes quelques anémones d’un blanc rosé essayent de s’épanouir par touffes. […] Derrière la grille, on soupçonne une salle immense et noire… Après un moment d’attente, on entend crier les verrous : une porte doit s’ouvrir à l’extrémité de la salle, on ne la voit pas, tout est plein de ténèbres ; seulement un souffle glacé frappe nos visages et deux formes blanches s’approchent à pas lents. […] De beaux jeunes gens (ce sont les baigneurs) en pantalon blanc, veste blanche et écharpe rouge flottante se mettent en rang le long du cercle. Tout à coup les voilà qui se tournent l’un vers l’autre et font deux à deux une danse à caractère qu’ils accompagnent d’un jeu de bâtons blancs dont le bruit se mêle sans se confondre au son des instruments qui accompagnent la danse.
Pierrot y passe maquillé, saupoudré de farine, de sucre ou de neige, et mire son visage blanc dans une fontaine translucide. […] Flammes rouges ou lueurs blanches le ravagent ou l’illuminent de leurs brûlures ou de leurs clartés. […] [Revue blanche (15 avril 1897).] Edmond Pilon La bonne Vierge-Vénus et la Vénus-Marie Se penchent, se désolent, sanglotent et prient Sur ton tombeau plus blanc que celui des colombes, De l’Olympe, du Pélion, du Paradis, Des anges, des satyres et des séraphins prient Pour le pauvre homme bon et le poète parti Vers les églises d’encens et les riches prairies Où la harpe entremêle à la flûte fleurie Des rythmes de prière à des chansons d’orgie ; Ta vie toute pareille à celle du pèlerin, Dont la violente jeunesse grisée d’amour et de vin Avance peu à peu vers la prière des anges, Aboutit — ô Verlaine — à ce tombeau étrange Bâti des impuretés de ta jeunesse ardente Et des strophes liliales de tes poèmes chrétiens ; Te voici, à présent, couché dans la prairie ; Mais la rouge passiflore à la fleur de Marie Enlace, malgré tout, sa passion orgueilleuse Aux tiges de la pensée et des fleurs religieuses Que placeront des amis, que sèmeront des fidèles Et que planteront de beaux anges avec leurs ailes… La couronne d’épines et la couronne de roses, Le bâton de Tannhauser et la houlette des fêtes Que Watteau dessina, pour toi, voici deux siècles, S’emmêlent sur ton ombre tourmentée et posent Leur symbolique trophée au bord de ton silence… Verlaine, ton tombeau est un tombeau étrange Que veillent à la fois les amours et les anges… [La Vogue (15 juin 1900).]
La moelle allongée est cette partie de l’encéphale qui lie le cerveau et le cervelet à la moelle épinière ; elle est analogue à celle-ci par la couleur, blanche à l’extérieur et grise à l’intérieur, ce qui est le contraire du cerveau. […] Il nous reste à dire que la substance du cerveau est de deux couleurs, l’une grise et l’autre blanche. La partie grise en enveloppe la partie blanche, et forme comme l’écorce du cerveau ; de là le nom de substance grise ou substance corticale. La substance blanche est interne, et ne peut être découverte que par la dissection.
Ce qui frappait d’abord dans Victor Hugo, c’était le front vraiment monumental qui couronnait comme un fronton de marbre blanc son visage d’une placidité sérieuse. […] — Aussi nous avons donné carte blanche à ceux qui nous restent, et ils en ont profité — les traîtres — pour nous conserver un petit air d’Absalon romantique. […] Lui seul possédait ces gris nacrés, ces reflets de perle, ces transparences d’opale, ce bleu de clair de lune qui peuvent faire discerner l’immatériel sur le fond blanc de la lumière divine. […] Sur tout cela il faisait flotter des ciels légers, pommelés de fins nuages blancs, dorés de lumière. […] Nous la voyons encore avec ces longues touffes de cheveux blonds mêlés de perles, sa robe de satin blanc, et se faisant défaire par dame Rose.
Les sables blancs luisaient. […] Il quitte volontiers les pages blanches et noires où les hommes d’autrefois ont fixé l’image de ce qu’ils ont vu. […] Vivian Bell allait, blanche, dans le jardin embaumé. […] Leur érotisme est auréolé des sept rayons du nimbe sidéral, et fleuri des blancs pétales de la rose mystique. […] Quelle volupté je sentais à presser mes seins enflammés contre sa poitrine si blanche et si jeune !
Tes mains planent, sveltes et blanches, Sur les cordes des instruments, Comme un couple d’oiseaux charmants Qui se becquètent sur les branches. […] Ses cheveux courts, tressés, ont l’aspect de la laine ; Sa prunelle se meut, noire sur un fond blanc Humide, transparent comme la porcelaine, Et son regard vous suit, placide, doux et lent.
Pierre Quillard s’évade de ce musée aux blanches figures antiques dont il étudie et retrace sans cesse les immobilités, il faut convenir qu’il a le don du vers condensé et de l’image évocatrice, mais évocatrice du passé. […] [Revue blanche (15 novembre 1897).]
C’était tout blanc ! […] Vous autres blancs, vous ne voulez jamais rien croire !
Même le socle en était joli, de marbre blanc avec des coins de cuivre d’un guillochage simple et léger. […] Ce Raizonville n’est pas un œillet blanc. […] Douvres est une médiocre cité, avec d’admirables falaises si blanches qu’elles ont laissé leur nom à l’Angleterre (Albion). […] Ce pudding étalait sa blanche rotondité aux lieu et place de dessert qu’il remplaçait de manière avantageuse. […] Blanc sur blanc, comme chez Whistler et quelques autres peintres, si modernes, qu’ils semblent n’exister que dans l’avenir !
. — L’Œillet blanc, Comédie-Française (1865). — Les Absents, opéra-comique (1865). — Le Frère aîné, drame en un acte (1868). — Le Petit Chose, roman (1868). — Le Sacrifice, comédie en trois actes (1869). — Les Lettres de mon moulin (1869). — Les Lettres à un absent (1871). — Lise Tavernier, drame en un acte (1872) […] Pour se servir d’une comparaison presque empruntée à ce délicat recueil de la dix-huitième année, on peut bien dire que les Amoureuses restent comme un verger de printemps avec des arbres blancs et roses odorants comme des bouquets, tout doré de soleil, tout plein de voix, traversé par des robes claires, obscurci par instants sous un nuage d’orage.
Une froide nuit d’hiver (décembre 1701) à l’heure du bœuf (2 heures du matin), dans une tourmente de neige, les conjurés, vêtus d’un surtout noir et blanc pour se reconnaître, et en dessous de toile d’acier, marchent silencieusement vers le yashki de l’homme dont ils se sont promis d’aller déposer la tête sur le tombeau de leur seigneur. […] Une planche en couleur nous montre le vieillard, habillé d’une robe de satin blanc, et traîné tout tremblant devant le chef de l’expédition. […] … ou plutôt Quengo Tadao… car il y a une défense d’indiquer les vrais noms des ronins, et ils sont représentés avec les noms défigurés qu’ils ont au théâtre. » Et disant cela, Hayashi avait le doigt sur la planche, où est imprimé, en couleur, un guerrier au casque bleu, au vêtement noir et blanc doublé de bleu, la tête baissée, les deux mains sur le bois d’une lance, un pied en l’air, un autre appuyé à plat sur le sol, et portant un furieux coup de haut en bas.
Ils l’aperçurent bondissant et blanc comme la neige ; sa vue ralluma leur fureur. […] La blanche écume de ses vagues trompera tes yeux ; tu les prendras pour les voiles de ma flotte. […] Pars, astre de beauté. » « J’allai sur la colline et je fis le partage des troupeaux : il restait une génisse blanche comme la neige : je la donnai à Caïrbar. […] Le vent agitait ses cheveux blancs, et ses pensées se promenaient sur le passé. […] À sa voix, ces héros en cheveux blancs prirent leurs lances.
qui n’a pas même les feuilles blanches nécessaires à l’expansion de son cœur pour elle et pour un enfant de quatorze ans ! […] « J’aime la neige : cette blanche vue a quelque chose de céleste. […] « Je n’ai rien mis ici hier ; mieux vaut du blanc que des nullités. […] Tout me disait d’y aller, mais je n’ai fait que deux pas dehors et me suis arrêtée à l’écurie des moutons pour voir un agneau blanc qui venait de naître. […] Je l’aimais, elle était blanche, et chaque matin c’était la première voix que j’entendais sous ma fenêtre, tant l’hiver que l’été.
Ces quatre femmes décolletées en triangle dans le dos, sont en robe blanche, dans des étoffes d’écume à mille volants. […] Puis Anna Deslions et Juliette se mettent à valser, et cette valse de la blonde et de la brune courtisane, toutes blanches et tout envolées dans ce salon tendu de reps rouge et non encore meublé, est un charmant spectacle. […] L’énorme bouquet d’arbres où, à chaque instant, la brise fait courir de longs frissons, est tout albescent de petites fleurs d’un blanc jaunâtre, d’où descend la fine, moelleuse et pénétrante senteur d’un arome sucré et tiède. […] Sous ce blanc et or, sur ce velours rouge, les hommes de la Brasserie n’osent pas s’aventurer. […] Dix femmes panachées, bleues, roses, blanches, jaunes, sont couchées, affalées, vautrées sur les divans, en des coquetteries de bestiaux et avec de petits trémolo bêtes de leurs mules rouges.
De Jeanne Jacquemin, trois paysages avec figures, toutes d’une pâleur plus blanche cette fois, sur la dérive des barques au ruisseau fantastique par-delà les aulnes. […] De Georges Pissarro, le Paon Blanc à la queue éventaillée de porc-épic en verre filé, décor du rideau de diamants. […] L’anarchiste happé entre des bras de guillotine, blanc sous sa chevelure de couperet. […] La lumière des pierreries du granit du château se fait brouillard, et le brouillard, léger comme l’âme de Vitalis, tissue de linge blanc lessivé par des sorcières, se résout en autre lumière. […] L’écuyer de la princesse avait une barbe blanche jusqu’aux genoux et un long tambour de buis sur sa barbe.
Et, en effet, il y avait depuis quelque temps dans la contrée une femme mystérieuse, solitaire, vêtue de blanc, habitant une maison blanche : on l’appelait l’Étrangère.
Ainsi Lamartine, quand une dame lui présente un album pour y écrire des vers, s’inspire de la circonstance, de l’objet qu’il a sous les yeux, et improvise cette belle comparaison : Sur cette page blanche où mes vers vont éclore, Qu’un souvenir parfois ramène votre cœur. De votre vie aussi la page est blanche encore, Je voudrais la remplir d’un seul mot : le bonheur.
Jules Lemaître Si l’on vous disait que ce misérable Arthur Rimbaud a cru, par la plus lourde des erreurs, que la voyelle U était verte, vous n’auriez peut-être pas le courage de vous indigner ; car, il paraît également possible qu’elle soit verte, bleue, blanche, violette et même couleur de hanneton, de cuisse de nymphe émue ou de fraise écrasée. […] [Revue blanche (août 1898).]
Le Cyclope, assis sur un rocher, aux bords des mers de Sicile, chante ainsi ses déplaisirs, en promenant ses yeux sur les flots : Ὦ λευκὰ Γαλάτεια, etc45… Charmante Galatée, pourquoi repousser les soins d’un amant, toi dont le visage est blanc comme le lait pressé dans mes corbeilles de jonc ; toi qui es plus tendre que l’agneau, plus voluptueuse que la génisse, plus fraîche que la grappe non encore amollie par les feux du jours ? […] Oui, je te porterais ou des lis blancs, ou de tendres pavots à feuilles de pourpre : les premiers croissent en été, et les autres fleurissent en hiver ; ainsi je ne pourrais te les offrir en même temps… C’était de la sorte que Polyphème appliquait sur la blessure de son cœur le dictame immortel des Muses, soulageant ainsi plus doucement sa vie, que par tout ce qui s’achète au poids de l’or.
À gauche des chevaux sont abattus ; un guerrier renversé sur le visage a l’épaule traversée d’un javelot qui s’est rompu dans la blessure ; le sang ruisselle sur le cadavre, et sur la crinière blanche d’un cheval, et dégoutte de cette crinière dans les eaux du fleuve qui en sont ensanglantées. […] Cet homme traversé du javelot rompu dont le sang va mouiller la crinière blanche du cheval abattu et teindre les eaux, donne de la terreur.
. — Soit une comédienne excellente qui simule très bien la douleur ; devant elle, nous arrivons presque à l’illusion ; un spectateur novice ou passionné y arrive tout à fait ; témoin ce soldat de garde qui, sur un théâtre d’Amérique, voyant jouer Othello, cria tout d’un coup : « Il ne sera pas dit que devant moi un méchant nègre ait tué une femme blanche » ; sur quoi il ajusta l’acteur et d’un coup de fusil lui cassa le bras. — Nous n’allons pas si loin ; mais quand la pièce est très bonne et imite de très près la vie contemporaine, aujourd’hui encore, dans une première représentation, les exclamations supprimées, les rires involontaires, cent vivacités montrent l’émotion du public. […] Le papier ne donne plus la sensation de blanc là où il est recouvert par les taches grises, et le mur vert ou brun de la chambre ne donne plus la sensation de vert ou de brun là où s’interposent les personnages. En vain le nerf optique est frappé par les rayons blancs du papier ou par les rayons verts ou bruns du mur ; son ébranlement ne se communique plus au centre sensitif. […] Reste donc un seul correctif, l’image proprement dite, l’image du mur vert ou brun que Nicolaï tâche de se figurer à la place de ces fantômes, l’image du papier uniformément blanc que le micrographe se représente à la place de son papier tacheté de petits reliefs gris. […] À ce moment, et en vertu de la correction, l’image présente me paraît sensation passée ; c’est là proprement le souvenir. — Sans doute, un instant après, à la réflexion, je saurai qu’il n’y a en moi qu’une image présente, que cette vive demi-vision interne de vagues bleues pailletées d’or et enserrées dans un demi-cercle de sables blancs est tout actuelle et interne.
Le père Lhéry en bas blancs, en culotte rayée, en gilet à fleurs, avec ses cheveux noués en queue, attend béatement l’heure, les mains sur les genoux, et se chauffe par habitude. […] Mlle Valentine n’est pas telle qu’il se l’était figurée ; elle n’est ni brune, ni ardente, ni Espagnole : « Elle est blanche, blonde, calme, grande, fraîche, admirablement belle de tous points… Dans la courbure de son profil, dans la finesse de ses cheveux, dans la grâce de son cou, dans la largeur de ses blanches épaules, il y avait mille souvenirs de la cour de Louis XIV.
Dans des vers charmants que les lecteurs de cette Revue n’ont certes pas oubliés, Alfred de Musset, répondant à des vers non moins aimables du vieux maître190, lui disait, à propos de cette fraîcheur et presque de cette renaissance du talent : Si jamais ta tête qui penche Devient blanche, Ce sera comme l’amandier, Cher Nodier. […] Depuis que je vieillis, et qu’une femme, un ange, Souffre sans s’émouvoir que je baise son front ; Depuis que ces doux mots que l’amour seul échange Ne sont qu’un jeu pour elle et pour moi qu’un affront ; Depuis qu’avec langueur j’assiste à la veillée Qu’enchantent son langage et son rire vermeil, Et la rose de mai sur sa joue effeuillée, Je n’aime plus la vie et j’aime le Sommeil ; Le Sommeil, ce menteur au consolant mystère, Qui déjoue à son gré les vains succès du Temps, Et sur les cheveux blancs du vieillard solitaire Épand l’or du jeune âge et les fleurs du printemps. […] Comme un enchantement d’espérance et de joie, Il vient avec sa cour et ses chœurs gracieux, Où, sous des réseaux d’or et des voiles de soie, S’enchaînent des Esprits inconnus dans les cieux ; Soit que, dans un soleil où le jour n’a point d’ombre, Il me promène errant sur un firmament bleu, Soit qu’il marche, suivi de Sylphides sans nombre Qui jettent dans la nuit leurs aigrettes de feu : L’une tombe en riant et danse dans la plaine, Et l’autre dans l’azur parcourt un blanc sillon ; L’une au zéphyr du soir emprunte son haleine, A l’astre du berger l’autre vole un rayon.
Comme il traversait ainsi la forêt, un homme de mauvaise mine, sans autre vêtement qu’une méchante cotte blanche, se jette tout à coup à la bride du cheval du roi, criant d’une voix terrible : « Arrête, noble roi, ne passe pas outre, tu es trahi ! […] Rien ne semble trop cher, dentelle ni guipure, Pour encadrer de blanc cette tête si pure, Dans le lit qu’on apprête à son calme sommeil. […] Pour qu’elle soit visible sur le linge blanc et qu’on puisse l’attraper.
C’est celle-là, qui n’est même ressuscitée que parce qu’elle était immortellement humaine ; que parce que nous étions las et dégoûtés des veines saignées à blanc, des cadavres exsangues et des poussières faites par les xviie et xviiie siècles ; que parce que nous avions soif de la vie, et que nous l’avons reconnue, la vie, au premier soupir qu’elle a poussé et à la première pierre qu’on a dérangée à ce vieux tombeau de Ronsard ! […] Pour faire comprendre ce que je dis, voyez ces vers sur les Sirènes : Elles, d’ordre, — et flanc à flanc Oisives, — au front des ondes, D’un peigne d’ivoire blanc Frisottaient leurs tresses blondes ; Et mignottant de leurs yeux Les attraits délicieux, Aguignaient la nef passante D’une œillade languissante ! […] Il avait vu, comme Byron, les cheveux blancs pleuvoir de bonne heure sur sa tête, et stupide, comme Byron, sur ses œuvres, il les avait impitoyablement mutilées dans d’infanticides éditions.
J’aimais à le regarder, car il était beau en sa blanche et pâle vieillesse. […] Il est coiffé d’un feutre et porte au col son habituel foulard de soie blanche. […] La barbe est entièrement blanche. […] Assise devant le piano, Méry Laurent en un ample déshabillé blanc se tourne à demi vers lui. […] Il était d’un blanc grisâtre et d’un jaune velours, mais comme il voltigeait gracieusement !
Ce fut une chouannerie ensoleillée où, plus d’une fois, les routes blanches furent sillonnées de traînées rouges. […] Elle possède un secrétaire à glace, un piano-forte, un buste de Socrate en marbre blanc, une harpe. […] Il s’attarda, mélancolique et amusé, dans ce charnier bizarre où s’entassait un tribut de chair blanche, happée par le pays jaune. […] Ne soyons donc pas surpris de voir, ici, un mandarin blanc se marier très vite avec la marionnette jaune, rencontrée par hasard au bord du fleuve. […] Si les nombreux aïeux de la famille des Min-King eussent répondu : « non », c’en était fait du mariage de ce grand Blanc avec cette petite Jaune.
La tige a donné avec le temps tous ses jets et poussé tous ses nœuds successifs : elle a bien son port à elle, son unité, son attitude, sa couronne et son luxe de feuillage, ses fleurs éblouissantes, d’un pourpre ou d’un blanc de neige éclatant, ses fruits d’or de forme étrange, élégante, de saveur amère, et dont les plus voisins du tronc sont légèrement empoisonnés. […] Printemps au dehors, jeunesse au dedans, soleil sur le gazon, sourire sur les lèvres, neige de fleurs à tous les buissons, blanches illusions épanouies dans nos âmes, pudique rougeur sur nos joues et sur l’églantine, poésie chantant dans notre cœur, oiseaux cachés gazouillant dans les arbres, lumière, roucoulements, parfums, mille rumeurs confuses, le cœur qui bat, l’eau qui remue un caillou, un brin d’herbe ou une pensée qui pousse, une goutte d’eau qui roule au long d’un calice, une larme qui déborde au long d’une paupière, un soupir d’amour, un bruissement de feuille… — quelles soirées nous avons passées là à nous promener à pas lents, si près du bord que souvent nous marchions un pied dans l’eau et l’autre sur terre ! […] Quand ils ont vu quels plis font vos blanches tuniques, Et comment sont coupés vos cheveux blonds ou bruns, Que leur font vos discours, magnanimes tribuns ? […] Mais le matin elles quittent les branches : Comme un collier qui s’égrène, on les voit S’éparpiller dans l’air bleu, toutes blanches, Et se poser plus loin sur quelque toit. Mon âme est l’arbre où tous les soirs, comme elles, De blancs essaims de folles visions Tombent des cieux, en palpitant des ailes, Pour s’envoler dès les premiers rayons.
. * Blanc. [Jean-Bernard le] 300 2. * Blanc.
Les brunes piquantes, comme nous en connaissons, ont les chairs fermes et blanches, mais d’une blancheur sans transparence et sans éclat. […] Sa draperie blanche est d’une touche légère.
Voici donc, sans tarder davantage, l’histoire de la dame à l’éventail blanc. […] C’est un exemple à proposer aux femmes blanches de l’Europe. […] Notre âne avait les quatr’ pieds blancs. […] Vêtez-le de noir et de blanc. […] C’est ce qui faisait sa force en ce monde et spécialement chez les peuples où elles sont blanches.
Ghil, une succession de tons dont les premiers sont : bleu, blanc, rose, vermillon, rouge, bleu. […] Le mot lumière se traduit par de l’or mêlé de blanc et de bleu, ce qui est assez heureux. […] comm’ t’es blanc, Ah ! […] comm’ t’es blanc. […] comme t’es blanc !
Je me souviens qu’un jour, à une de ces mascarades publiques, ayant appris que tout le monde se faisait faire des habits neufs, et les plus beaux du monde, désespérant de pouvoir surpasser les autres femmes, je m’avisai de mettre un corps couvert de gros de Tours blanc (j’avais alors la taille très-fine), une jupe de même sur un très-petit panier ; je fis accommoder mes cheveux de derrière la tète, qui étaient fort longs, très-épais et fort beaux ; je les fis nouer avec un ruban blanc en queue de renard ; je mis sur mes cheveux une seule rose avec son bouton et ses feuilles, qui imitait le naturel à pouvoir s’y tromper, une autre je l’attachai à mont corset ; je mis au cou une fraise de gaze fort blanche, des manchettes et un tablier de la même gaze, et je m’en allai au bal. […] Ce portrait de Catherine en gros de Tours blanc (elle n’était pas sans se le dire à elle-même) est le portrait encore pur, le portrait avant la lettre, avant la tache et l’éclaboussure de sang.
Des cellules, constituées par une membrane et par un ou plusieurs noyaux, sont semées dans une matière granuleuse, sorte de pulpe mollasse ou de gelée grisâtre composée de noyaux et d’innombrables fibrilles ; ces cellules se ramifient en minces prolongements qui probablement s’unissent avec les fibres nerveuses, et l’on suppose que par ce moyen elles communiquent entre elles et avec les parties blanches conductrices. […] Avant l’opération, il se représentait une tasse de porcelaine comme froide, polie, capable de donner à sa main telle sensation de résistance et de forme ; lorsque pour la première fois elle frappe sa vue et lui donne la sensation d’une tache blanche, il conçoit la chose blanche et lustrée comme autre que la chose résistante, pesante, froide et polie. […] Se représenter un mouvement moléculaire des centres nerveux, c’est avoir présentes les images des sensations tactiles, visuelles et autres qu’il éveillerait en nous, si, du dehors, il agissait sur nos sens, c’est-à-dire imaginer des sensations de blanc, de gris, de consistance mollasse, de forme cellulaire ou fibreuse, de petits points tremblotants ; c’est enfin, si l’on va plus loin, combiner intérieurement les noms de mouvement, vitesse et masse, qui désignent des collections et des extraits de sensations musculaires et tactiles. — En somme, la première représentation équivaut à son objet, la seconde au groupe de sensations qu’éveillerait en nous son objet.
Un ancien négociant de Marseille, nommé Blanc, ruiné par le maximum, était venu en Égypte pour rétablir sa fortune, et avait fait l’expédition avec le titre et les fonctions d’ordonnateur des lazarets ; mais le mal du pays l’avait pris ; il ne rêvait que France et retour ; c’était plus qu’une maladie, c’était un délire. Il avait eu vent du départ, et s’était glissé à bord d’un des avisos qui devaient faire partie de l’escadre ; mais cet aviso, sur lequel il était monté, ayant reçu ordre précisément de rentrer au port, Blanc se jeta dans une barque et gagna la frégate La Muiron, sur laquelle était le général en chef. […] Blanc eut beau se jeter à ses pieds, exprimer son désespoir, son besoin d’embrasser sa femme et ses enfants, le général parut impitoyable et donna ordre de le rembarquer et de le remmener à terre. […] le premier acte de Bonaparte, consul provisoire au Luxembourg, au 20 brumaire, fut le rappel de Blanc, et le second acte fut sa nomination comme consul général à Naples.
De ce que ces quatre chevaux sont blancs, on ne peut conclure que nécessairement ces quatre chevaux sont blancs. […] Une fois posé que ces quatre chevaux sont blancs, on peut par abstraction détacher l’idée de quatre, le décomposer par abstraction en 3 + 1 et en 2 x 2, remarquer par abstraction l’égalité nécessaire de ces deux quantités, et dégager ainsi, d’une proposition contingente, une proposition nécessaire. […] Cette pierre est dure, blanche, carrée.
Ce n’est plus ce style voué au blanc, comme disait si spirituellement M. […] Le blanc n’en est plus blanc.
Le roman qu’il publie aujourd’hui, et qu’il intitule aussi « une histoire dalmate », rappelle par le titre le livre vanté, beaucoup trop vanté, selon moi : la Femme en blanc, de Collins. La Dame au manteau rouge, comme la Femme en blanc, est un titre sans idée, un titre tout physique. […] Ce n’est pas non plus simplement par le titre que La Dame au manteau rouge rappelle la Femme en blanc : elle la rappelle aussi par la curiosité qu’elle inspire, quoique cette curiosité soit d’un ordre différent.
Rien sur le premier plan, hormis quelques vêtements laissés : une blouse, des instruments de travail, une chèvre couchée auprès ; puis, au premier fond, derrière le monticule du premier plan, une espèce de ravin fourré d’arbres, et, dessous, quelque paysan qui sommeille ; plus haut, la côte du château, blanche, nue, calcaire, avec les ruines sévères qui la couronnent ; mais à droite, cette côte blanche s’amollissant en croupes verdoyantes, souples, mamelonnées, et au sommet de l’une de ces croupes, des génisses qui paissent, et un rayon incertain de soleil qui tombe et qui joue.
« On dit qu’elle était blanche et blonde, la fleur du Montserrat, blanche comme la gelée, blonde comme un fil d’or, ma Vie, blonde comme un fil d’or, mon Amour. […] Elle était blanche, blanche comme la neige du Canigou, mais elle était devenue brune en gardant ses agneaux dans les bois, ma Vie, en gardant ses agneaux dans les bois, mon Amour. […] Vraiment il avait belle mine ce Valmajour, planté au milieu du cirque, sa taillole d’un rouge vif tranchant sur l’empois blanc du linge. […] Dans ses cheveux bruns, il a, lui aussi, cette mèche blanche qui était le trait caractéristique de la malheureuse femme. […] Puis nous montons à la chambrette : — Vois notre petit lit blanc !
Des sarraus bien blancs, salubres, et qu’on pourra laver s’ils attrapent des taches. […] Il était drapé d’une toge blanche. […] Sur le sol crayeux, serpentaient des sentiers blancs. […] Non loin d’elle brillaient dans la clarté douce du vitrail, une robe blanche et des cheveux blonds. […] Il nous apprend une fois pour toutes, que sa casquette en toile blanche s’appelle fourajka.
Ainsi ferez-vous, vous qui tenez ce livre d’une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va-t-il m’amuser. […] Au milieu se trouve une table ronde à dessus de marbre Sainte-Anne, décorée de ce cabaret en porcelaine blanche ornée de filets d’or effacés à demi, que l’on rencontre partout aujourd’hui. […] Elle le fascine tellement qu’il effleure involontairement d’un mouvement de tête ses blanches épaules. […] Sa robe de percale produisait le point blanc que je remarquai dans ses vignes sous un hallebergier. […] Deux larges embrasses en coton retenaient les rideaux de percale blanche, sans franges.
Si la France de 1815 avait eu un Homère, il aurait hésité à chanter les bleus ou les blancs. […] tes blancs doigtelets abandonnent la mamme Où vingt puyser ta bouschette à playzir ! […] Ainz nous layra quand les fils d’Orythie Avelleront l’hyver aux cheveulx blancs Ez fond glacé des antres de Scythie. […] Des Romains desgradez l’Aigle tempestueulx, Le Griffon, la Licorne aux palaiz somptueulx, L’Ours blanc, et de Saint-Marc la superbe Lyonne, Soustiennent de Milan le Dragon tortueulx. […] » XIV On doit s’imaginer l’impression que de pareils vers éclos du cœur d’une jeune femme et retrouvés sur les lèvres d’une grand’mère en cheveux blancs faisaient sur moi.
Un grand rameau couvert de lichen blanc qui semble un spectre, et là une coulée de marguerites fleuries et si pressées qu’elles simulent un linceul déroulé. » Avant que le condamné ait pu regagner sa maison, le soir est venu, et les « miasmes fantômes, semences ailées de la mort qui montent dans l’humidité nocturne ». […] Sa capeline de laine blanche bordée de noir, sa capeline de deuil barrait diagonalement son front coupé de sillons comme un champ nouvellement labouré ». […] Elle dit de la femme : C’est par moi que fleurit l’ivresse de ses flancs Et mes doigts caresseurs s’entr’ouvrent les lits blancs Aux rayons bleus du clair de lune. […] J’ouvre n’importe où le Chemin de l’irréel et j’y cueille les premiers vers libres rencontrés : Et les Adolescents passèrent sous les branches Enguirlandés de roses blanches Et couronnés du pampre et du laurier natal. […] Et sa langue s’enrichit des apports de toutes les sciences, et de la naïveté bleue des archaïsmes, et de la rouge noblesse des latinismes, et de la lumière blanche des occitanismes.
» jette Hébrard, — et comme on cherche à voir dans le blanc de ses yeux, s’il est sérieux ou s’il blague, — le directeur du Temps improvise une théorie, éloquemment paradoxale, dans laquelle il proclame que le café, est une sorte d’école normale d’humanité très parfaite, où l’on arrive de suite au ferraillement et au corps à corps, sans les salamalecs et les exordes de la porte. […] Les souvenirs affluent plus nombreux chez mon ami, Nittis se revoit tel qu’il s’est apparu, la première fois, qu’il s’est regardé dans une glace : une petite figure toute pâle, dit-il, de grands cheveux filasse, — lui maintenant si brun ; — une petite blouse noire à pois blancs. […] Nittis a eu, dès l’enfance, une sorte de passion pour les ciels, il me parlait un autre jour, des longs temps qu’il passait à regarder les gros nuages blancs de son pays, qui ne sont pas informes, comme ceux de chez nous, mais qui se modèlent dans le ciel, sous d’innombrables facettes. […] Et la tentation de cet habit, est donnée aux gens qui en ont besoin, par un mannequin de la plus jolie figure qui soit, en carton rose, avec des yeux bleus, des cheveux blonds frisés, des moustaches noires : un mannequin à cravate blanche et à gants jaunes. […] Lundi 27 août Je monte hier, en voiture, avec un vieux monsieur à favoris blancs, le chapeau posé en arrière de la tête, avec, diable m’emporte !
Chaque soir espérant des lendemains épiques, L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ; Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter dans un ciel ignoré Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles. […] L’Afrique plonge au gouffre flagellé ; Puis le désert, l’Asie et le Liban qui fume ; Et voici qu’apparaît, toute blanche d’écume, La mer mystérieuse où vint sombrer Hellé. […] Tu revois ta jeunesse et ta chère villa Et le Flamine rouge avec son blanc cortège.
Oreilles couleur de vieille cire, avec dessus un duvet blanc comme sur les orties. […] Cheveux blancs très courts, sourcils restés noirs, des yeux qui semblent des yeux d’émail entre des paupières sans cils, coloration bilieuse du teint, galbe osseux, sculpture émaciée des chairs. […] C’était, quand je l’ai connu un beau vieillard à cheveux d’argent, rayonnant de linge blanc, ayant la grande politesse galante du gentilhomme, la mine tout à la fois bienveillante et haute, la face d’un Bourbon, la grâce d’un Choiseul, et le sourire toujours jeune auprès des femmes.
Il y en a « de gaze lilas, brodés de fleurs de jasmins blancs, accompagnés d’un voile de dentelles blanches sur la tête », pour les jours « d’agitation languissante ». Il y en a « d’amples et de traînants, de mousseline, à petites étoiles d’or avec un voile pareil retenu à un cercle d’or par de petits scarabées de turquoises pour les jours où l’on se sent fée. » Il y en a de plusieurs gris et de dentelles blanches pour les jours où l’on n’est plus « qu’une ombre ».
pas besoin d’un pareil aveu pour être bien certain que la main qui a tracé ces pages, où l’observation finit en satire, n’était pas cette main blanche du temps, calme et savante, de La Bruyère, — cette main doctorale dans son art comme celle du Poussin dans le sien. […] Je n’ai point voulu percer devant vous une croisée régulière, à carreaux blancs, sobrement encadrée, selon les règles de la maison bourgeoise ; mais, disposant capricieusement ces quarante chapitres autour d’une idée centrale, j’ai prétendu élever, tout au fond de votre cœur, avec des images entassées jusqu’au fouillis et des couleurs étendues jusqu’à la profusion, la flamboyante rosace de la mort. » Et ce qu’il a voulu faire, il l’a fait, cet enlumineur de vitrail jusqu’à l’incendie, ce faiseur de rosace de la mort, dont il grave les feuilles de flamme jusque dans les plus noires obscurités de nos cœurs ! […] Il en a cette sensibilité pour laquelle je voudrais trouver un nom qui ne fût pas une injure, et qui, malgré la distinction de sa nature (cette distinction qui ne sert absolument dans ce monde qu’à être distingué, comme la blancheur des lys ne sert qu’à les faire blancs, dans leur royauté inutile), le mène droit, lui !
Ce keepsake est doré sur tranches, brodé de fleurs et d’ornements, paré, soyeux, rempli de délicates figures toujours fines et toujours correctes, qu’on dirait esquissées à la volée, et qui pourtant sont tracées avec réflexion sur le vélin blanc que leur contour effleure, toutes choisies pour reposer et pour occuper les molles mains blanches d’une jeune mariée ou d’une jeune fille. […] On oubliait dans le Cygne mourant que le sujet était presque usé et l’intérêt un peu faible, pour savourer des vers comme ceux-ci : Quelques pics bleus dans le lointain s’élevaient, — et blanche sur la froide blancheur du ciel — brillait leur couronne de neige. — Un saule se penchait en pleurant sur la rivière, — et secouait le flot quand le vent soupirait. — Au-dessus, dans le vent courait l’hirondelle, — qui se pourchassait elle-même dans ses sauvages caprices ; — et plus loin, à travers le marais vert et tranquille, — les canaux enchevêtrés dormaient, — tachés de pourpre, de vert, et de jaune1520. […] On sourit d’entendre les gros mots savants échappés de ces lèvres roses. « Les voilà le long des bancs comme des colombes au matin sur le chaume du toit, quand le soleil tombe sur leurs blanches poitrines » ; elles écoutent des tirades d’histoire et des promesses de rénovation sociale, en robes de soie lilas, avec des ceintures d’or, « splendides comme des papillons qui viennent d’éclore » ; parmi elles une enfant, Mélissa, « une blonde rose, pareille à un narcisse d’avril, les lèvres entr’ouvertes, — et toutes ses pensées visibles au fond de ses beaux yeux, — comme les agates du sable qui semblent ondoyer et flotter au matin, — dans les courants de cristal de la mer transparente1528. » — Et croyez que l’endroit aide à la magie. […] Il y a dans l’herbe de grands bœufs couchés, des moutons aussi blancs que s’ils sortaient du lavoir, toutes sortes de bestiaux heureux et modèles, capables de réjouir l’œil d’un amateur et d’un maître. […] Les jeunes filles pleurent en l’écoutant ; certainement quand, tout à l’heure, on lisait la légende d’Elaine ou d’Enide, on a vu des têtes blondes se courber sous les fleurs qui les parent, et des épaules blanches palpiter d’une émotion furtive.
Il nous en lisait, à son neveu et à moi, des passages le matin ; le soir il écrivait, sur un gros livre blanc qu’on appelait le livre du fou rire, les anecdotes les plus niaises et les plus bouffonnes recueillies de la vie ou de la bouche de tous les sots d’Italie ou de Savoie pour dérider innocemment les plus austères soirées. […] Ses cheveux, d’un blanc de neige et d’une finesse de soie, étaient accommodés sur sa tête comme ceux de nos pères, en deux ailes rebroussées sur les tempes, enduits de pommade et saupoudrés de poudre ; puis, divisés sur le derrière de la tête en une troisième natte, ils allaient se resserrer dans une queue flottante sur l’habit. […] Martainville, rédacteur en chef du Drapeau blanc, journal en sympathie de doctrine et d’exagération avec le comte de Maistre. […] On fut obligé de laisser en blanc la place de sa signature ; mais, une fois le contrat signé, il reparut, sortant d’un massif de charmille où il s’était dérobé pendant la cérémonie. […] La belle Maria-Antonia recevait son monde avec sa robe blanche et ses cheveux noirs, sans diamants, sans perles, sans fleurs ; elle sait fort bien qu’elle n’a pas besoin de tout cela.
Le long des hautes fenêtres en bas, on ne voyait que les grandes nappes blanches, étincelantes d’argenterie et couvertes du gibier, de poisson et d’autres mets rares, autour desquels ces voyageurs venaient s’asseoir côte à côte. […] On ne pouvait voir de fille plus fraîche, plus riante ; elle était blonde, avec de beaux yeux bleus, des joues roses et des dents blanches comme du lait ; elle approchait de ses dix-huit ans ; moi, j’en avais dix-neuf, et la tante Margrédel paraissait contente de me voir arriver tous les dimanches de grand matin, pour déjeuner et dîner avec eux. […] J’avais eu soin, la veille, de déployer au dos d’une chaise mon habit bleu de ciel à queue de morue, mon pantalon, mon gilet en poil de chèvre, une chemise blanche et ma belle cravate de soie noire. […] Je n’oublierai jamais qu’à Kaiserslautern, le deuxième jour de notre départ, ayant débouclé mon sac pour mettre une chemise blanche, je découvris, sous les chemises, un paquet assez rond, et que, l’ayant ouvert, j’y trouvai cinquante-quatre francs en pièces de six livres, et sur le papier ces mots de M. […] Il emplit ensuite nos verres d’un bon vin blanc, en me disant : « À votre santé !
Qu’importe qu’il n’y ait chez la femme que la vie inconsciente des choses, des bois mouvants, de l’eau courante et des fleurs, puisque son sourire c’est pour nous, affirme Gustave Kahn : la clarté sur les îles Les îles blanches du lointain, Qui s’éveillent sous le frais matin De toutes leurs gerbes éblouies. […] Reste ainsi : l’ombre violette Se joue aux roses plis des hanches ; Ouvre tes grands yeux puérils Où rit l’orgueil de tes chairs blanches. […] Mais elle est Daniel sous ses longs voiles blancs. […] Dans les fleurs, aux plis blancs de sa robe échappées, Suivez sa chevelure au vent, comme le chien Suit la flûte du pâtre au temps des épopées… Elle cueille humblement dans la joie en éveil Les lauriers les plus verts des plus nobles conquêtes Sans vieux fracas d’acier ni dur clairon vermeil. […] Il échappera au suicide de Nerval, à la folie de Baudelaire, aux nuits de fièvre d’Albert Samain, aux apparitions sinistres d’une Salomé féroce venue du fond des temps pour « réclamer l’agneau blanc de son cœur et l’égorger ».
Et autour de moi, mes compagnons ont été égorgés, comme des porcs aux dents blanches, qu’un homme riche et puissant fait tuer pour une noce ou un repas de fête. […] Ce sont les ancêtres d’Argos ; leurs barbes blanches tombent sur leurs longs bâtons : « Car — disent-ils avec une tristesse sententieuse — l’extrême vieillesse, quand son feuillage s’est flétri, marche sur trois pieds, débile comme l’enfance. Ce n’est plus que le fantôme d’un songe errant au grand jour. » Les apprêts de fête qui remplissent la cité devraient les réjouir et ils les attristent ; ils se défient de la victoire qu’elles annoncent : les dieux, s’ils l’ont permise, la feront sans doute payer cher. — Il y a dix ans, au jour du départ de l’armée marchant contre Troie, un aigle blanc et un aigle noir s’abattirent sur une hase pleine, dans la cour du palais d’Argos, et ils mangèrent avec elle la portée que couvaient ses flancs. […] Ces têtes blanches tergiversent presque comiquement. […] Ils s’excitent contre le tyran, tirent du fourreau leurs épées rouillées : on dirait des Harmodios et des Aristogiton en cheveux blancs.
Je suis le descendant des pages chevelus Qui, sveltes, se levaient après les vidrecomes, À la fin des repas — poètes gentilshommes Dont la couronne avait des baisers pour fleurons, Et qui, l’épée au flanc, coupe en main, fleurs aux fronts, Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines, Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines… — Et quoique le fil des beaux siècles soit rompu, J’ai gardé de leur race autant que je l’ai pu3. […] Toujours ganté de blanc, lustré, frisé, sanglé, la boutonnière fleurie, orné, de cravates multicolores et de plastrons rigides, il fulgurait de reflets.
Dans l’herbe, ses petits pieds couraient, très blancs. […] Et il n’y avait, au ras des ténèbres du sol, que la fuite des petits pieds blancs, du blanc satiné des colombes ! […] Il était dix heures, une claire matinée de la fin de l’hiver, un temps vif, avec un ciel blanc, tout égayé de soleil. […] Le service divin est terminé, on va se diriger vers cet hôtel princier où l’attend sa chambre de noces, toute de soie blanche. […] Un petit nègre en surplis blanc et en robe rouge le précède.
. — Oui, ce sont bien là les intérieurs garnis, à hauteur d’homme, de carreaux de faïence formant des mosaïques comme dans les salles de l’Alhambra, les fines nattes de jonc, les tapis de Kabylie, les piles de coussins et les belles femmes aux sourcils rejoints par le furmeh, aux paupières bleuies de kh’ol, aux joues blanches avivées d’une couche de fard, qui, nonchalamment accoudées, fument le narguilhé ou prennent le café que leur offre, dans une petite tasse à soucoupe de filigrane, une négresse au large rire blanc. » C’est sur cet admirable petit tableau que finissait le premier article57. […] Hook. — Plus d’une fois elle a passé devant les yeux de notre âme, cette barque qui porte un négrillon à la poupe et de beaux jeunes gens vêtus des sveltes costumes dont Yittore Carpaccio habille ses Magnifiques ; plus d’une fois aussi nous avons vu en songe se pencher du haut des terrasses blanches ces belles filles aux tresses d’or crespelées, aux robes de brocart d’argent, aux colliers et aux bracelets de perles, qui jettent un baiser avec une fleur au galant haussé sur la pointe du pied ! « C’est ainsi en effet qu’on la rêve, la Vénus de l’Adriatique, séchant sur sa rive de marbre son corps rose et blanc, humide encore des caresses de la nuit ; — et M.
Mais le diable, le lorgnant du coin de l’œil, dit : « Tu ne la porteras pas. » Ici je saute lestement la scabreuse aventure d’une échelle où est montée certaine Jeanneton, le détail d’une jambe très-peu fine et très-peu blanche et de trop près entrevue, et d’une prison au pain sec, un jour de mardi gras. […] Plus de miche (de pain blanc), cette ration quotidienne que la mère allait chercher au séminaire. […] Et le soir, un cercueil avec des fleurs passait au même chemin ; le De Profundis avait remplacé les chansons, et, dans la double rangée de jeunes filles en blanc, chacune maintenant semblait dire : Les chemins devraient gémir, Tant belle morte va sortir ; Devraient gémir, devraient pleurer, Tant belle morte va passer ! […] Dans une jolie pièce de vers, adressée à un riche agriculteur de Toulouse qui lui donnait ce conseil, il réfute agréablement les raisons flatteuses par un tableau de ses goûts et de ses simples espérances : « Dans ma ville, où chacun travaille, laissez-moi donc comme je suis ; chaque été, plus content qu’un roi, je glane ma petite provision d’hiver, et après je chante comme un pinson, à l’ombre d’un peuplier ou d’un frêne, trop heureux de devenir cheveux blancs dans le pays qui m’a vu naître.
Ce petit berger n’était autre que Florianet : « J’étais vêtu de blanc, et mon habit, mon chapeau et ma houlette étaient garnis de ruban rose. […] Il joue un berger blanc et rose avec sa bergère : c’est commencer déjà l’innocente pastorale d’Estelle et Némorin. […] Aimables bergères au teint si blanc, malgré le soleil ; à la robe si propre, malgré l’étable ; au langage si élégant, sans écoles, sans Lancastres ! […] Et il nous représente Florian, non pas du tout en doux Abel au teint blanc, avec des yeux bleus, mais au teint basané, avec une physionomie très peu sentimentale, animée par des yeux noirs et scintillants : « Ce n’étaient pas ceux du loup devenu berger, mais peut-être ceux du renard ; la malice y dominait… » Dans sa première jeunesse, Florian s’était livré à ce goût de contrefaire dans le rôle d’Arlequin, sa vraie création.
Il est même plusieurs contes qui paraissent en contradiction avec la notion des devoirs de dévouement des parents envers leurs enfants chez les peuples de race blanche. […] Le conteur, pour flatter l’Européen, prendrait comme type de la beauté pure les traits de la race blanche. […] Chez eux ils regardent comme les plus beaux et les plus belles ceux dont les traits du visage et la couleur de la peau se rapprochent le plus de la race blanche ». […] A ce point de vue, ils sont inférieurs aux blancs, non par la sensibilité, mais par la compréhension de la souffrance.
Les poètes qui, comme Brizeux, n’ont eu jamais que le touchant mobilier de Sterne, — une jatte de lait, une chemise blanche, et une conscience pure, — n’ont pas besoin d’un mausolée. […] Le Piferario des landes de Bretagne, puni pour les avoir quittées, le joueur de biniou, à l’haleine suave, avait expiré au dernier vers de ce poème de Marie, qui a commencé sa renommée et qui l’a finie en même temps, — blanche aube qui ne devait pas devenir une aurore ! […] Sa poésie est une poésie blanche, mais elle l’est à la manière de ce qu’on appelle la messe blanche ; la consécration n’y est pas.
Le roi portait un casque à cimier d’or, orné d’une aigrette blanche. […] Alors la terre trembla… On entendit un bruit semblable au tonnerre, et ces noirs escadrons d’où jaillissaient des éclairs, comme entraînés par cette frêle aigrette blanche, s’écoulèrent comme un torrent. […] En vain s’efforçait-on de la contenir : vieilles capes fauves outrageusement râpées, vieux tricornes de cuir éraillés, bérets blancs à houppes rouges, chefs sans chemise et suant sous l’oripeau, aumôniers olivâtres et desséchés, vivandières hagardes, scribes rabougris, soldats en guenilles, tout disparaissait en un moment dans un nuage de poussière.
Tous les grains de poussière qu’avait fait tomber sur ce marbre blanc, la Philosophie, qui ne veut ni des hommes trop purs ni des hommes trop grands, il les a essuyés, il les a effacés, avec une piété jalouse, et cela nous a été une occasion d’apprendre les détails, inconnus jusque-là, du second mariage de Colomb. […] Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs. […] Vice-roi des pays qu’il avait découverts, voulant faire chrétiens des milliers de sauvages, d’un temps où l’ardeur du zèle se souciait peu que quelques gouttes de sang se mêlassent à l’eau du baptême, le révélateur de l’Amérique ne fit jamais tomber un cheveu de la tête de personne, et la colombe remporta au ciel, sans aucune tache, son blanc plumage !
Saint-Pol-Roux (1861-1940) [Bibliographie] L’Âme noire du Prieur blanc (1893). — Épilogue des Saisons humaines (1893). — Les Reposoirs de la Procession (1894). — La Dame à la Faulx (1899). — La Rose et les Épines du chemin (1901). […] [Revue blanche (février 1894).]
Il n’y avait plus de petite tache bleue dans ce livre blanc, — blanc comme l’hermine ; mais que cette petite tache bleue, heureusement, ne fera pas mourir !
Avec sa barbe courte et frisée en collier et son petit toupet blanc, il avait l’air d’un garde national du La Fayetteb en cheveux blancs de la Parisienne de Casimir Delavigne, plutôt que du La Fayette au cheval blanc de la Révolution de 1789. Nous ignorions alors qu’il avait eu un culte pour le cheval blanc… » Moreau de Jonnès eut deux vies. […] On le couvre de feutre blanc. […] Ses yeux ne sont pas des yeux, mais deux petites chandelles blanches qui brûlent au fond de deux grands trous noirs. […] Pierre Louÿs a entrepris de mettre en français, sur un joli vélin blanc, la Couronne de Méléagre.
Et d’abord une grande pièce éclairée par le jour morne d’une cour, et, tout autour, dans des poses affaissées et pleurantes, les hardes de la morte, hardes de femmes, hardes de reines ; les sorties de bal de satin blanc et les robes d’Athalie, tous les chiffons-reliques de ce corps, tous les costumes de cette gloire, accrochés en grappes, comme aux murs d’une Morgue, avec un aspect d’enveloppes fantomatiques et de vêtements ondoyants et radieux de rêves, immobilisés et morts au premier rayon du jour. […] Elle est toute blonde, et restée toute blanche sous le soleil noircisseur de la Brie. […] Villemessant blaguant l’appétit de celui-ci, les fours de celui-là, criant à sa femme : « Bois du bordeaux, ça te fera vivre quinze jours de plus », appelant « Fouyou » sa fille, qu’il traite en vrai gamin, et nous disant : « On m’a demandé à Blois qui vous êtes, j’ai répondu que vous étiez les frères Lionnet, des chanteurs de chansonnettes, et que vous alliez chanter quelque chose aux fêtes. » Il y a parmi les convives un dur à cuire de 76 ans, qui en paraît 40, et qui est en pantalon blanc, en redingote de lasting, en chaussettes de soie dans fins escarpins. […] Sur le petit sentier serpentant par la côte, et derrière les caprices de la haie, l’écho retentissant des sabots d’une vendangeuse, dont la chemise blanche éclate, de temps en temps, à travers les trous de la haie, et que l’on voit, d’une main, abaissant son chapeau de paille sur les yeux. […] Une petite pluie fine, — il pleut toujours quand on pend, — le patient en paletot de caoutchouc et en bonnet de coton, un ministre anglican qui lui lit du Bonhomme Richard, pendant qu’on passe dans la foule des assiettes de petites dragées blanches.
Nous avons tous, dans nos souvenirs de lectures, quelques portraits d’évêques, de vieux curés de campagne tout blancs, de vicaires agités et ambitieux. […] J’allais, un peu en arrière, intimidé par cette qualité de profane et d’intrus, que tout me rappelait, mon costume, les grands corridors blancs, les images pendues aux murs, le silence, la démarche grave et recueillie de la supérieure générale qui nous précédait, vieille femme à qui obéissaient les deux cent vingt monastères du Bon-Pasteur répandus dans le monde entier. […] Elle nous conduisit dans une salle vaste, sans autre ornement que la lumière, où étaient assises le long des murailles, sur trois rangs et laissant une avenue entre elles, les deux cent cinquante novices de l’ordre, toutes blanches aussi. […] On ne sacrifie pas, pour un entraînement d’imagination, sa jeunesse, sa beauté, sa joie et sa vie ; on ne s’enferme pas dans un couvent avec les rebuts de la rue ; on ne vit pas quarante ans chaste, pauvre, sans autre volonté que celle d’obéir, parce qu’on a le goût du blanc, des fleurs artificielles et du silence, parce qu’on aime à respirer l’odeur d’un grain d’encens. […] Pensez donc : visiter les premières maisons de modes et aussi les petites, à Paris et en province ; interroger la patronne, pénétrer dans les ateliers et surprendre les employées au milieu du travail, groupées au naturel, lasses, nerveuses, attentives, bavardant, honteuses d’être vues avec leurs manches de lustrine, douces, moqueuses ou hardies ; se faire présenter à mademoiselle Irma, qui est apprêteuse et cause très volontiers de son métier ; à l’artiste mademoiselle Mathilde, qui invente les plus jolis chapeaux de Paris, et manie les plumes et les rubans comme un poète les rimes riches ; tenir entre ses mains de petits cahiers de jeunes filles disparues, qui n’ont laissé après elles que de pauvres petites idées de luxe qui sont déjà passées de mode et ces quelques feuilles de journal souvent banales, souvent charmantes, avec des blancs, des endroits tout froissés et quelquefois des traces de larmes ; n’est-ce pas de quoi s’émouvoir, et sourire, et prendre pitié ?
Alors, au-delà de cette ombre et de ce reste de feuillage qui allait disparaître, bien haut, sortant des oliviers comme une pierre précieuse des griffes de sa monture, une ville blanche apparut. […] Quelques instants plus tard, dans le blanc et le bleu de la lune levée, nous parcourions les ruelles compliquées, traîtresses, effrayantes de silence de Téboursouk. […] Il parlera des allées d’un parc, en hiver, « imbibées d’air humide et pénétrées de silence » ; d’un ciel d’été « décoloré par l’éclat de midi » ; des enfants de Dominique, « dont la toilette de nuit se faisait, par indulgence, au salon, et que leur mère emportait, tout enveloppés de blanc, les bras morts de sommeil et les yeux clos » ; il aura de ces trouvailles : « dans l’air tranquille du soir, le son se déployait », et les larges tableaux de nature seront traités de la même manière, en vingt endroits du volume, avec des mots qui portent tous et dont aucun n’a l’air apprêté. […] Ceci : il se souvient d’avoir vu quelque part un oiseau blanc voler entre le ciel et l’eau. […] Tous les sels irritants de la mer ont exaspéré ce que l’air saisit, avivé le sang, injecté la peau, gonflé les veines, couperosé la chair blanche, et les ont, en un mot, barbouillés de cinabre. » Et puis, quelquefois, les deux manières se fondent, l’ancienne et la nouvelle, et nous avons des tableaux à la fois doux et puissants, fouillés avec des coins d’incertitude par où s’échappe le rêve, mélange de critique technique et de poésie, qui comptent parmi les plus belles pages de la littérature française.
Je me retourne et je vois… Un cochon blanc et rose, qu’on conduit en laisse… À sept heures nous descendons dans la laiterie, c’est charmant. […] Envoyez mon ombrelle blanche ; elle est, je crois, restée à Nice. […] Envoyez-moi ici ma vieille robe de mousseline de laine blanche avec les galons blancs et la jupe d’une autre robe en mousseline de Chine, celle qui est avec les galons d’or. […] Faites plier les rideaux blancs de ma chambre et souvenez-vous de ce que j’ai dit à propos du tapis. […] Le dernier peignoir est charmant ainsi que la pelisse blanche.
Il arriverait, le malheureux, non plus à la fille mûre « qui se graisse le museau de blancs d’œufs et de lait virginal », mais à la femme faite, en casquette, en blouse, la pipe à la bouche et le bâton à la main ! […] vingt-sept ans, répondent ses bonnes amies ; et trois mois après, au premier bal où elle va réussir, ces bonnes amies diront aux jeunes gens : — Vous voyez bien, là-bas, cette belle dame qui porte des roses blanches sur la tête et qu’on entoure, c’est une femme de quarante ans, qui le dirait ? […] L’âge mûr est le creuset de tes mérites, et le monde, étonné de tes cheveux blancs, va savoir enfin ce que tu vaux par toi-même, ou si vraiment tu étais assez bien doué pour atteindre à la palme ardue et difficile ! […] — L’un qui soutenait mademoiselle Mars d’une main si ferme, l’autre qu’elle-même elle soutenait, en lui prêtant sa blanche épaule ; celui-ci qui survivra à toutes choses, même à une perte irréparable ; celui-là qui se sentait mourir, le soir même où il perdait sa comédienne bien-aimée et qui, à cette heure, est mort sans retour ! […] Alors, au milieu des comédiens en habits noirs et des comédiennes en robes blanches, a reparu mademoiselle Mars.
La voûte, là-haut, est bleue, sans un nuage ; et au-dessous, blanche sans une tache est la splendeur éblouissante de la plaine. […] Frappé de bonne heure des beautés d’Homère et mécontent des infidélités de Pope, il s’appliqua (lady Austen encore, à l’origine, l’y poussant) à faire en vers blancs une traduction complète et fidèle de L’Iliade et de L’Odyssée, ce qui lui prit de bien longues années. […] Cowper d’ailleurs, qui a encore de commun avec lui de s’être développé si tard, a parlé de Rousseau plus d’une fois, et en connaissance de cause ; il l’avait lu, au moins dans ses premiers grands ouvrages, et, dès le temps où il était établi à Huntingdon auprès des Unwin, il écrivait à son ami Joseph Hill ; « Vous vous souvenez de la peinture que fait Rousseau d’une matinée anglaise ; telles sont celles que je passe ici avec ces braves gens. » Je ne sais de quelle matinée anglaise il s’agit, à moins que ce ne soit dans L’Émile le joli rêve de « la maison blanche avec des contrevents verts », et de la vie qu’on y mène ; Cowper et Hill, en le lisant d’abord ensemble, l’avaient peut-être qualifié ainsi26. […] Pourtant je n’ai souci ni de la bise amère, Ni des lampes d’argent dans le blanc firmament, Ni de la feuille morte à l’affreux sifflement, Ni même du bon gîte où tu m’attends, mon frère ; Car je suis tout rempli de l’accueil de ce soir, Sous un modeste toit où je viens de m’asseoir, Devisant de Milton, l’aveugle au beau visage ; De son doux Lycidas par l’orage entraîné ; De Laure en robe verte, en l’avril de son âge.
Mlle de Liron est blanche comme le lait ; elle a de beaux cheveux noirs et des yeux d’un bleu de mer, genre de beauté assez commun parmi les femmes du Cantal où sa mère était née. […] Je ne suis pas jaune, mais fort pâle ; je n’ai pas les yeux mauvais ; avec une coiffure avancée je suis encore assez bien ; mais le déshabillé n’est pas tentant, et mes pauvres bras, qui, même dans leur embonpoint, ont toujours été vilains et plats, sont comme deux cotrets. » Si Mlle Aïssé, même dans son meilleur temps, a toujours été un peu maigre, il est certes bien permis à Mlle de Liron d’avoir toujours été un peu grasse ; cela nous a valu au début une jolie scène domestique de pâtisserie, où l’on voit aller et venir dans la pâte les mains blanches et potelées, et les bras nus jusqu’à l’épaule de Mlle de Liron. […] Quoi qu’il en soit, la nuit de la visite et du départ d’Ernest, Mlle de Liron, pâle, en robe blanche, à demi pâmée d’effroi, ses grands cheveux noirs, que son peigne avait abandonnés, retombant sur son visage, et ses yeux éclatant de la vivacité de mille émotions, Mlle de Liron, en ce moment, était au comble de sa beauté et atteignait à l’idéal ; c’est ainsi qu’Ernest la vit, et qu’elle se grava dans son cœur. […] Or Cécile a des rapports singuliers de contraste et de ressemblance avec Mlle de Liron ; écoutons sa mère qui nous la peint : « Elle est assez grande, bien faite, agile ; elle a l’oreille parfaite : l’empêcher de danser serait empêcher un daim de courir… Figurez-vous un joli front, un joli nez, des yeux noirs un peu enfoncés ou plutôt couverts, pas bien grands, mais brillants et doux ; les lèvres un peu grosses et très-vermeilles, les dents saines, une belle peau de brune, le teint très-animé, un cou qui grossit malgré tous les soins que je me donne, une gorge qui serait belle si elle était plus blanche, le pied et la main passables ; voilà Cécile… « Eh bien !
IX Mais vous approchez des Alpes, les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament profond comme une mer, l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’Océan de l’espace infini ; les ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins, des chaumières isolées et suspendues à des promontoires, comme des nids d’aigles, fument du feu du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où sa femme et ses enfants l’attendent au seuil de sa maison, ses filets y sèchent sur la grève, un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés interrompent par moment le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les foyers brûlent çà et là à travers les vitraux des chaumières, on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames, le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce coin de terre, l’âme la quitte, elle se sent à la hauteur et à la proportion de s’approcher de son Créateur presque visible dans cette transparence du firmament nocturne, elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle, elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit, elle croit parce qu’elle voit, elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther, avec la divinité du spectacle. […] Or, soit que les fils fussent moins tendus, soit qu’ils fussent d’une nature plus élastique et plus plaintive, soit que le vent soufflât plus doux et plus fort dans l’une des petites harpes que dans l’autre, nous trouvâmes que les esprits de l’air chantaient plus tristement et plus harmonieusement dans les cheveux blancs que dans les cheveux blonds d’enfant ; et, depuis ce jour, nous importunions souvent notre tante pour qu’elle laissât dépouiller par nos mains son beau front. XVI Ces deux harpes dont les cordes rendent des sons différents selon l’âge de leurs fibres, mais aussi mélodieux à travers le réseau blanc qu’à travers le réseau blond de ces cordes vivantes ; ces deux harpes ne sont-elles pas l’image puérile, mais exacte, des deux poésies appropriées aux deux âges de l’homme ? […] Maintenant je *suis seule et vieille à cheveux blancs ; Et le long des buissons abrités de la bise, Chauffant ma main ridée au foyer que j’attise, Je garde les chevreaux et les petits enfants : Cependant dans mon sein la voix intérieure M’entretient, me console, et me chante toujours.
Qu’il nous suffise ici de retrouver çà et là et de suivre à la trace les blanches lueurs de cette grande poésie, que nous avions admirée dans la Grèce et qui revient, à longs intervalles, pour le monde, comme ces astres dont le poëte a vu Flammarum longos a tergo albescere tractus. […] Soyez aussi loué par la blanche lune et les étoiles errantes que vous avez répandues dans les cieux ! […] Les joues vermeilles de la blanche Aurore brunissaient, sous les feux d’un été trop ardent. […] À chaque côté m’apparaissait je ne sais quoi de blanc ; et de là sortaient peu à peu d’autres couleurs.