La carte du pays de Tendre dans Clélie, parut d’une invention ingénieuse. […] Elle crie au plagiat, au brigandage, fait tout retentir de ses clameurs, insulte au galant géographe qui ne décrit que d’après elle les lieux & les mœurs d’un pays qu’elle prétendoit mieux connoître que personne.
Ce pays fournit de caractères plus décidés, plus profonds, plus fermes que la France. […] Je pourrois citer un grand nombre d’auteurs modernes qui voyagent dans le pays de romancie ; mais je n’en ai peut-être que trop fait connoître ; & je désobligerois ceux dont je ne parlerois point, sans obliger ceux dont je parlerois.
Le héros du roman de Mme Gustave Haller, lequel se passe en Angleterre et fait mille politesses à ce pays, est une espèce de Grandisson, membre de la Société de tempérance et qui fait boire de l’eau à son domestique, né Français (il nous en fait boire aussi !) […] que du pays de l’amour, vient indécemment chez l’homme qu’elle aime, et qui craint, le vertueux garçon, les petites sensations qu’elle lui donne, essayer de ces petites sensations-là et provoquer le baril de poudre à sauter, avec des coquetteries d’étincelle… J’ai assez dit, dans ce chapitre, de duretés à Mme Haller pour ne pas lui avouer que j’ai trouvé cette scène charmante, et autrement dans sa main, qui n’est pas celle d’une prude anglaise, que les frigidités vertueuses et protestantes de son roman.
[Le Pays, 30 janvier 1853.] […] Et que les conservateurs actuels, qui, malheureusement, ne savent pas toujours ce qu’ils ont à conserver, après avoir lu le livre de Champagny et appris ce que furent pour Rome la nationalité et la famille, osent enfin demander la force de notre pays à cette centralisation qui est le souvenir de l’ancienne unité romaine, et qui pourrait nous rapporter la même gloire !
Mais n’ayant rencontré, quand il tenta de pénétrer en France, que François Ier paganisé par la Renaissance, l’allié du Turc, le lecteur passionné de Rabelais et d’Érasme et le protecteur de Marot, flottant inconséquemment des bûchers allumés à des bûchers éteints, et du châtiment des Vaudois au repentir qu’il en exprima en mourant, le Protestantisme envahit bientôt, malgré la sécheresse de sa doctrine, un pays où il n’avait eu pour lui d’abord que les moqueries païennes de ses écrivains et l’attrait (lamentable toujours en France) de sa nouveauté… Révolté, dans son âme de moderne, contre la rigueur d’un temps qui avait une foi ardente et des mœurs séculairement chrétiennes, néanmoins catholique à ce point qu’il répète qu’il l’est incessamment dans son histoire, parce qu’il sait trop qu’on pourrait l’oublier, M. de Meaux ne paraît pas avoir compris que plus tard encore il était possible d’arrêter le Protestantisme envahisseur, comme l’Église, dans d’autres temps, avait arrêté l’Hérésie. […] Et il le fit très bien, — et quand il l’eut fait, il ne sauta plus… Il s’établit et s’affermit solidement sur le sol d’un pays autrefois un, à présent divisé par l’Hérésie qui s’y était ancrée, un pied sur la partie catholique de ce sol, l’autre pied sur la partie protestante.
Donoso Cortès est du pays des grands rhéteurs, Sénèque, Lucain et Gongora. […] Donoso Cortès, du pays du Cid et de sainte Thérèse, Donoso Cortès qui a mis toutes les sciences de la terre aux pieds de la théologie, y fait vis-à-vis et contraste au naturaliste Franklin !
Quant aux avocats, lorsqu’ils ont eu leur règne dans un pays autrefois soldat et qui, grâce à Dieu ! […] , et des gens bien élevés, des âmes tendres, de la bonne compagnie de tous les pays !
Philosophie positive23 [Le Pays, 29 mai 1860] I Est-ce elle qui s’élève, cette doctrine, si cela peut s’appeler une doctrine ? […] Ce sont ceux-là en effet qui sont dangereux ; ce sont ceux-là qui pourraient faire croire, si on les laissait faire, au génie d’un écrivain qui n’en avait pas, même mêlé à de la folie, et par conséquent pourraient donner à ses idées un ascendant que l’idée de génie donne toujours, dans ce pays-ci, aux opinions d’un homme.
à son ami de Bonpland), Alexandre de Humboldt, fils de chambellan, et grand seigneur dans un de ces pays qui ont une noblesse politique encore, ayant enfin toutes les fortunes en attendant celle de la gloire, qui lui fut facile, abondante, prodiguée comme éternellement lui furent toutes choses depuis la faveur, très lucide, comme on sait, des princes, jusqu’à l’admiration aveugle des femmes, Humboldt, qui n’avait pas le goût du cabinet de Buffon, — le grand Sédentaire, — se dit de bonne heure que son cabinet à lui serait l’univers, et il se fit voyageur, et il se lança dans l’espace ! […] Cela n’était permis qu’à l’Allemagne : car, si c’est une superstition, c’est une superstition touchante pour un pays que d’exagérer ses grands hommes, mais cela n’était certes !
Seulement, nulle part, ni en Allemagne, ni en France, les deux pays à idées, — l’Angleterre n’est qu’un pays à intérêts, — les hommes qui s’appellent humanitaires n’accepteront, pour l’explication de leur dogme et le dernier mot de leur foi, la profession de M.
un avantage, même pour une Sainte, que d’être du pays de la marquise d’Amaegui. […] Aussi tous les deux, après cette lecture, s’en étaient-ils allés chercher le martyre, au pays des Maures.
— les sophistes grecs, tous ces gens-là qui sont morts dans leur pays mort et qu’ils ont tué, on ne peut pas leur redonner la vie parce qu’on les déterre, momies presque anonymes, tant on a de peine à lire leurs pauvres noms sur leurs bandelettes ! […] a choisi l’Angleterre pour y chercher et y trouver des modèles de sophistes contemporains, et il en a pris deux, — les plus gros actuellement de ce pays, — Stuart Mill et Herbert Spencer, — lesquels n’ont pas même la qualité, si commune en Angleterre, de l’originalité, et qui sont venus demander le peu qu’ils ont d’idées à la France.
[Le Pays, 8 avril 1854.] […] Allons-nous sortir de cet entrepôt de marchandises étrangères, — écossaises ou allemandes, — qu’on nous donne depuis tant d’années pour la philosophie d’un pays qui avait de l’originalité autrefois et qui produisait par le cerveau presque aussi énergiquement que par le sol ?
[Le Pays, 28 décembre 1859.] […] un Shakespeare fait bien partout, et il y eut vraiment quelque chose de digne de son génie dans cette foule de soldats de toute arme venus, par une pluie battante, enterrer leur compagnon au bord de la mer qui le séparait de son pays, et qui, après lui avoir tourné le visage du côté de la France, lui versèrent, chacun avec sa main nue (détail vraiment antique !)
Et d’autant que la langue de ce pays-là n’est ni la langue de la France, ni la langue de l’humanité ! […] Il s’en est allé avec les vieilles lunes… Et c’est comme cela que s’en iront peu à peu tant de romans et de compositions de notre pays où Paris, le tic de Paris, le parlage de Paris, les mœurs banales et coulées de Paris, tiennent évidemment trop de place, — des œuvres de talent pourtant, mais qui n’en ont pas assez pour lutter contre l’influence qui les diminue, et pour les élargir et les faire durer.
En effet, je retrouve bien dans Hogarth ce je ne sais quoi de sinistre, de violent et de résolu, qui respire dans presque toutes les œuvres du pays du spleen. […] Au total, c’est un artiste français, c’est Callot qui, par la concentration d’esprit et la fermeté de volonté propres à notre pays, a donné à ce genre de comique sa plus belle expression.
Au siècle de Dryden, je le veux, et dans son pays. […] Les hommes de ce pays naissent administrateurs comme nous naissons soldats. […] Le pays était désert et semblait hostile à la végétation et à la vie. […] Il la commente par le récit de son éducation et de son règne, par l’histoire de son pays et de son temps. […] Figurez-vous, sous un ciel étouffant, une race étrangère sortie d’un pays tempéré, même froid.
Villemain, qui malheureusement n’avait pas toujours une volonté égale à ses lumières ; mais ce que nous n’avons jamais contesté ni méconnu, c’est qu’il est le plus grand littérateur proprement dit du temps ; c’est que s’il fallait chercher une définition précise de ce que c’est que talent, il ne faudrait pas le demander à un autre que lui ; c’est que, enfin, comme professeur en ces belles années 1826-1830, il a donné à la jeunesse et au public lettré les plus nobles fêtes de l’intelligence qui, dans ce genre de critique et d’histoire littéraire, aient jamais honoré une époque et un pays.
C’est Auguste de Châtillon, qui s’éprit des moulins de Montmartre, des lilas de Montmorency et des canots du lac d’Enghien, comme ce pauvre Paul Arène des oliviers, des mûriers, des routes blanches, des cigales et du soleil de son pays.
Chantefable un peu naïve pourrait s’appeler : Au pays des fées.
Armand Renaud s’était « inspiré aux hautes sources étrangères », et avait « moissonné la passion en toute littérature et en tout pays ».
Ses amis conviennent, & il en est convenu lui-même, que l’inexpérience de la jeunesse, la trop grande fermentation des idées, la liberté des pays où il écrivoit alors, l’ont entraîné dans des assertions sur la politique, que sa raison plus mûre a condamnées ensuite.
Dacier, née à Saumur en 1651, morte à Paris en 1720, a été la femme la plus savante ou la plus érudite que la France & peut-être les autres pays aient produite.
Titon du Tillet, [Evrard] Commissaire Provincial des Guerres, de plusieurs Académies de Province & des Pays étrangers, né à Paris en 1677, mort dans la même ville en 1762.
Ce n’est que tout à l’heure, au moment où, selon l’usage des auteurs de terminer par où le lecteur commence, il allait élaborer une longue préface, qui fût comme le bouclier de son œuvre, et contînt, avec l’exposé des principes moraux et littéraires sur lesquels repose sa conception, un précis plus ou moins rapide des divers événements historiques qu’elle embrasse, et un tableau plus ou moins complet du pays qu’elle parcourt ; ce n’est que tout à l’heure, disons-nous, qu’il s’est aperçu de sa méprise, qu’il a reconnu toute l’insignifiance et toute la frivolité du genre à propos duquel il avait si gravement noirci tant de papier, et qu’il a senti combien il s’était, pour ainsi dire, mystifié lui-même, en se persuadant que ce roman pourrait bien, jusqu’à un certain point, être une production littéraire, et que ces quatre volumes formaient un livre.
L’émigré qui perd son pays, qui n’a plus de société, qui n’a plus de jeunesse, représente au bilan le passif, la négation, la déficience. […] Son christianisme coïncide pour lui avec sa rentrée dans son pays, dans son ordre, dans son genre de vie. […] Les personnages y paraissent en délégués de leurs pays, ce qui est neuf. […] Dans leur pays originel, l’Allemagne, mais plus encore dans les pays romains où leur génie féconde et renforce des populations amollies, les vertus germaines, l’amour de la liberté et de la justice, le respect des femmes, aboutissent à l’institution de la Chevalerie. […] Elle est faite pour un pays des ombres heureuses, et merveilleusement adaptée à une existence posthume.
Le monde pour moi c’étaient les livres, la rue, les théâtres et quelques amis qui n’avaient comme moi que le ciel et le pavé à eux, dans leur pays. […] Il n’y aurait qu’une de ces individualités, comme M. de Chateaubriand et madame de Staël, dans un pays et dans un siècle, qu’on dirait avec raison : Le siècle est grand ! […] On en parle en bien et en mal dans son pays, comme de tout le monde. […] Il voulait l’honnêteté et la liberté affermies l’une par l’autre sur les ruines de son pays dans les Bourbons régénérés par le sang de Louis XVI. […] Notre entretien fut ce qu’il devait être, celui de deux compatriotes de là-haut, qui parlent la même langue, et qui se rencontrent en pays étranger, ce vil monde de prose.
Il est bien de son pays, de sa race et de son histoire. […] Nous avons vu ce qu’il dit des peuples habitant les pays froids. […] Les batailles où il a assisté, les pays qu’il a traversés, les villes qu’il a vues, les hommes avec qui il a causé, voilà son livre. […] Il entre tout poudreux, il dit : « Argumentabor », et s’il argumente bien, il est du pays, du grand pays latin, qui s’étend du fond de l’Allemagne à Salamanque et de Paris à Salerne. […] Calvin attirait à lui des Français persécutés dans leur pays, et s’en faisait comme une garde personnelle.
Depuis, combien de poètes ont essayé de dire leur pays ; mais la plupart n’ont fait que de la poésie rustique monotone, et nul n’égale l’art de Brizeux, qui en inventa le genre.
Ce que Brizeux fut pour la Bretagne, ce qu’est André Theuriet pour la Lorraine, François Fabié le sera pour son cher pays, pour le Rouergue.
Tantôt enfin on constatera que la littérature française déborde à certains moments au-delà de ses frontières naturelles et agit sur les pays environnants.
& quoiqu’en Hollande ; lisez & quoiqu’il écrivît dans un Pays libre.
Le Parfait Négociant, ou instruction générale sur le commerce de France & des pays étrangers, est un livre usuel, qui est fort répandu, malgré quelques méprises.
[Le Pays, 20 mars 1853.]
Bonaparte remplissait cette condition du crime, mise à la place de la condition de propriété exigée dans d’autres pays ; il donnait la certitude que jamais il ne servirait les Bourbons. […] Il m’a paru que l’air de ce pays-ci ne vous convenait point, et nous n’en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peuples que vous admirez. […] « Le lendemain samedi, 23 mai 1812, à deux heures après midi, je montai dans ma voiture en disant que je reviendrais pour dîner ; je ne pris avec moi aucun paquet quelconque ; en descendant l’avenue de Coppet, je m’évanouis ; ma fille me prit la main et me dit : « Ma mère, songe que tu pars pour l’Angleterre, le pays de la liberté. » À Berne, mon fils me quitta, et, quand je ne le vis plus, je pus dire comme lord Russel : « La douleur de la mort est passée. » Après avoir traversé l’Allemagne et la Pologne, elle se rendit en Russie pendant que Napoléon marchait avec un million d’hommes sur Moscou. […] Cependant elle n’osa pas résider ouvertement dans le seul pays ennemi de la France où sa résidence eût été un crime, puni peut-être dans la fortune de ses enfants. […] La poésie lyrique ne raconte rien, ne s’astreint en rien à la succession des temps, ni aux limites des lieux ; elle plane sur les pays et sur les siècles ; elle donne de la durée à ce moment sublime pendant lequel l’homme s’élève au-dessus des peines et des plaisirs de la vie.
Ces gens-là ne sont d’aucun pays, ils sont faits de tête ; et s’ils sont hommes par quelques traits généraux, Corneille ne leur a donné la physionomie ni d’un temps ni d’un pays. […] Les sociétés où le juste crédit qu’on accorde à la foi sincère peut donner à de malhonnêtes gens l’idée de s’accréditer par la fausse piété, savent à quels signes on les reconnaît ; et le Tartufe n’est pas seulement un chef-d’œuvre d’art, c’est, particulièrement dans notre pays, une garantie et une sauvegarde. […] Aucun poète, dans notre pays, n’a eu plus d’imagination, de sensibilité et de raison, ni dans une harmonie plus parfaite. […] Les gens de goût y reconnaissent l’expression la plus parfaite de l’esprit de société dans notre pays.
Il aurait besoin de passer un mois dans une ferme, en Beauce… et dans ces conditions… avec une lettre de recommandation d’un riche propriétaire à son fermier… lettre, qui lui annoncerait l’arrivée avec son mari, d’une femme malade, ayant besoin de l’air de la campagne… « Vous concevez, deux lits dans une chambre blanchie à la chaux, c’est tout ce qu’il nous faut… et bien entendu, la nourriture à la table du fermier… autrement je ne saurais rien. » Les chemins de fer, son roman sur le mouvement d’une gare, et la monographie d’un bonhomme vivant dans ce mouvement ; avec un drame quelconque… ce roman, il ne le voit pas dans ce moment-ci… Il serait plus porté à faire quelque chose, se rapportant à une grève dans un pays de mine, et qui débuterait par un bourgeois, égorgé à la première page… puis le jugement… des hommes condamnés à mort, d’autres à la prison… et parmi les débats du procès, l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale. […] Ce marchand qui demeure tout près de Notre-Dame, rue Chanoinesse, je crois a la clientèle de tous les Lorrains de Paris, et surtout d’une colonie de Montmartre, qui se rendent avec leurs femmes et leurs enfants, tous les dimanches, à la Morgue, et se payent après la séance, une ou deux bouteilles de vin paille du pays. […] corrompre la Belgique, ce pays, où après dîner chez des bourgeois, vos honnêtes amphitryons ne trouvent rien de plus moral, que de vous emmener passer la soirée au b… Dimanche 18 mai Je suis dans un tel état de nervosité, que les articles, qui parlent — en bien ou en mal de moi, il m’est impossible d’y apporter l’attention tranquille, l’épellement reposé, qu’il faut pour lire, j’en perçois en gros l’éloge ou l’injure, mais je ne les ai pas vraiment lus. […] Maintenant c’est le nez qui entre en scène : les senteurs, l’odeur d’un pays, que ce soit le carreau de la Halle ou un coin de l’Afrique, nous les avons avec Zola, avec Loti. […] Comme en un pays de la soif, je ne songe qu’à boire, et gonflé d’eau rougie, je passe la journée sur mon lit, dans une somnolence qui est comme un demi-évanouissement.
Ce sont les œuvres et les hommes de la littérature légère. » De ces hommes et de ces livres il y en a eu dans tous les siècles et dans tous les pays, depuis Salomon en Judée, Anacréon en Grèce, Horace à Rome, Hafiz en Perse, Saint-Évremond, Chaulieu, Voltaire en France, Byron et Moore en Angleterre, Heine, plus amer que suave en Allemagne, jusqu’à Alfred de Musset, fleur sans épine, abeille sans dard, dont nous remuons avec délicatesse la cendre toute tiède encore aujourd’hui ! […] Il se fit de cette Cléopâtre italienne, digne d’être adorée dans tous les pays, une divinité terrestre. […] Proscrit de son pays pour quelques peccadilles de satiriste, il était venu à Paris ; il s’y était fait le Coriolan de plume de sa patrie. […] La conversation y prenait bien plus souvent le ton mélancolique de l’enthousiasme qui est le mal du pays des grandes âmes, que le ton de l’enjouement qui n’était chez elle que l’ivresse d’une soirée. […] Tu n’as pas cessé de reléguer dans le pays des songes creux et des chimères tous ces poètes, tous ces publicistes, tous ces historiens, tous ces orateurs qui avaient le malheur de dater de plus haut que toi dans la vie, d’être nés à des époques où l’âme se rattachait à l’antiquité par l’étude des grands exemples, et où l’on croyait bêtement à autre chose qu’à Ninette ou Ninon !
Combien d’animaux n’engendrent jamais, quoique vivant longtemps sous une réclusion peu sévère et dans leur pays natal ! […] Il en aurait existé plusieurs, rien que dans les limites de la Grande-Bretagne : un auteur a affirmé que ce pays doit avoir renfermé onze espèces de Moutons sauvages qui lui étaient propres ! […] De plus, les diverses races domestiques déjà nommées ont été transportées dans toutes les parties du monde ; quelques-unes d’entre elles doivent donc s’être retrouvées dans leur pays natal ; mais pas une seule n’y est jamais redevenue sauvage, quoique le Pigeon de colombier, qui n’est autre que le Biset très peu altéré, se soit naturalisé en quelques contrées. […] Borrow m’a dit n’avoir pas vu en ce pays un seul Chien indigène semblable à notre Chien d’arrêt actuel57. […] Lord Spencer et d’autres ont démontré que le bétail anglais a augmenté en poids et en précocité, relativement à celui que produisait anciennement le pays.
Il disparaît pendant ce laps de temps, et il ne nous reste à supposer qu’une chose à peu près certaine, c’est qu’il vécut dans son pays, travaillant et étudiant sans relâche. […] Vous ne m’invitez pas beaucoup à revenir ; mais j’ai un tel dégoût du pays que j’habite, que je ne puis suivre ce conseil, et j’espère une fois, quand nous nous reverrons, vous expliquer un peu cette disposition. […] Les premiers de ces conquérants qui forment établissement dans le pays sont les Visigoths, les moins opiniâtres et les moins écrasants de tous. […] Nous n’essayerons pas un seul instant de suivre la fortune du beau pays à travers les complications misérables de l’anarchie carlovingienne ; cette anarchie pourtant le servait. […] N’oublions pas que la mesure de la moralité varie singulièrement avec les siècles et selon les pays ; l’imagination des poëtes a été de tout temps très-sujette à fausser cette mesure.
C’est, au XVIe siècle, la France des pays de Loire avec Ronsard et la Pléiade. […] C’est là une des choses dont j’ai vu le plus s’étonner des étrangers sympathiques à notre pays. […] Une trentaine d’années plus tard, il saluait en Saint-Saëns le meilleur musicien de son pays. […] L’étranger fait à notre pays la réputation de stérilité dans le domaine de la symphonie. […] Quel confident du trop plein de poésie dont m’étouffait la nouveauté de ce pays de merveilles et de mystère !
Comme Lamartine dans l’histoire de l’abbé Dumont et dans les accents de son pays mâconnais, M. […] Il est peut-être naturel que la philosophie bergsonienne se soit si fortement implantée en pays anglais. […] C’est le Japon, pays d’« impérialisme rationnel » dont M. […] Un poète, surtout un poète lyrique, est borné à son pays, il ne se traduit pas. […] Rien de plus différent d’ailleurs que la carte littéraire des deux pays.
Cherchons dans les passions du pays des ennemis qui puissent l’assaillir, l’exercer et la roidir. […] J’ai pris le deuil pour elle, quoiqu’à l’étranger ; distinction que j’ai toujours accordée aux dignes créatures qui sont mortes en couches de moi1055. » Il faut dire qu’en ce pays, les viveurs de ce temps jettent la chair humaine à la voirie. […] Son livre est comme un grand magasin de bric-à-brac où les curiosités de tout siècle, de toute espèce et de tout pays gisent entassées pêle-mêle : textes d’excommunication, consultations médicales, passages d’auteurs inconnus ou imaginaires, bribes d’érudition scolastique, enfilades d’histoires saugrenues, dissertations, apostrophes au lecteur. […] C’est une honte qu’il soit protégé dans notre pays. […] Laissons à la porte nos répugnances, et regardons les choses comme font les gens de ce pays, non par le dehors, mais par le dedans.
Qu’on se figure l’embarras de notre voyageur: isolé au milieu de la nuit dans une ville immense, ignorant la langue du pays, ne pouvant ni s’orienter ni se faire entendre, il était devant son guide comme un homme muet. […] Les uns avaient quitté le pays, les autres étaient morts, un petit nombre avaient fait fortune ; mais la bonne Marie prétendait que ceux-là étaient devenus si fiers, qu’ils ne parlaient volontiers à personne. […] Sa femme, restée à l’Île de France, se trouva veuve, enceinte, et n’ayant pour tout bien au monde qu’une négresse, dans un pays où elle n’avait ni crédit ni recommandation. […] Elle s’était déterminée alors à quitter pour toujours le village où elle était née, et à aller cacher sa faute aux colonies, loin de son pays où elle avait perdu la seule dot d’une fille pauvre et honnête, la réputation. […] Je n’arrivais point de fois ici que je ne les visse tous deux tout nus, suivant la coutume du pays, pouvant à peine marcher, se tenant ensemble par les mains et sous les bras, comme on représente la constellation des Gémeaux.
Jetons donc le cri d’alarme et essayons d’arracher notre pays à l’invasion des Barbares. […] Y avait-il donc, dans notre pays, avant 1856, beaucoup de livres d’un tel relief ? […] Aicard peut être compté parmi ceux qui ont le plus contribué à donner à ce pays droit de cité littéraire. […] Ceux qui connaissent ce pays de langueur et d’enchantement goûteront la complète saveur de ces évocations. […] Chateaubriand ne redevenait lui-même que dans le magique pays des songes.
Voici cette dédicace : « Aux poètes Iwan Gilkin et Albert Giraud, à mes chers amis, en souvenir de notre campagne littéraire pour le triomphe de la tradition française en Belgique. » Voilà les sentiments qui se manifestent en pays belge pour la tradition française, et qu’il est si doux de lire en première page de beaux et bons livres écrits en pure et belle langue française.
Diogène allait reposer son cynisme au pays de ses rêves ; il mangeait le pain de la fermière ; il se penchait sur le miroir enchanté de la Voulzie, et cueillait sur la rive ce myosotis qui est son âme et qui sera son souvenir.
Le roi de la contrée est Phlemmar, centième du nom, sa femme, la délicieuse reine Crédulie, leur premier ministre, Domito… Et si vous voulez savoir comment Métapanta, fils de Gupor, président d’une république voisine, — celle de Négocie, — et mari d’Ingénie, fille du grand savant Rhadinouard, s’y prit, pour embêter les tranquilles Lazuliens, et à un tel point, que les Négociens veulent conquérir leur pays, vous n’avez qu’à lire le volume.
Paulet fait voir ensuite l’analogie qu’il y a entre ces deux maladies & la premiere, toutes trois également étrangeres à nos climats, toutes trois contagieuses, qui se transmettent & s’étendent par la communication, & qui deviennent éternelles dans un pays, si l’on ne prend des mesures pour les faire cesser.
Il faut bien que cette structure soit particulière, puisque entre tous les théâtres de l’antiquité et des temps modernes celui-ci se détache avec une forme distincte, et présente un style, une action, des personnages, une idée de la vie qu’on ne rencontre en aucun siècle et en aucun pays. […] Qu’on regarde de près à toute cette histoire, aux bûchers de Marie, aux piloris d’Élisabeth, et on verra que la température morale de ce pays, comme sa température physique, est âpre entre toutes. […] Elles ne sont point tentées par la suavité voluptueuse qui, dans les pays du Midi, s’exhale du climat, du ciel et du spectacle de toutes choses, qui fond les résistances, qui fait considérer la privation comme une duperie et la vertu comme une théorie. […] Quelle idée de l’amour ont-ils donc en ce pays ? […] C’est dans le pays imaginaire que vit Amoret, la bergère fidèle, pays plein de dieux antiques, et pourtant anglais, pareil à ces paysages humides et verdoyants, où Rubens fait danser des nymphes104. « Les plaines penchées descendent, étendant leurs bras jusqu’à la mer, et les bois épais cachent des creux que n’a jamais baisés le soleil… Là est une source sacrée, où les fées agiles forment leurs rondes, à la pâle clarté de la lune ; elles y trempent les petits enfants dérobés, pour les affranchir des lois de notre chair fragile, et de notre grossière mortalité… Là est un air aussi frais et aussi suave que lorsque le zéphyr en se jouant vient caresser la face des eaux frémissantes.
D’abord les habitants de ce pays ne se connaissent pas eux-mêmes tels qu’ils sont et aucun ne veut jamais convenir de la qualité qui le distingue. […] Reste aux hygiénistes à justifier cette coutume, sans laquelle il n’est pas de bon repas de noce, au pays des herbages. […] Il y a en Europe (il y en a ailleurs) un pays dont la probité postale est médiocre. […] On meurt davantage en France parce que la France est un pays de vieillards, un pays au contraire où la vie se prolonge souvent à son extrême limite. […] Passant quelques jours dans le pays de l’absinthe, elle, devait en prendre à toute heure et n’importe à quelle heure, avant et après les repas.
Investi de la sénatorerie de Caen dont le siège était à Alençon, Roederer s’y livra à l’étude du pays, et il fit un beau travail, un rapport sur l’état économique, moral et politique de ces provinces qui confinaient au foyer de la guerre civile et qui elles-mêmes en avaient été atteintes. […] Il avait préparé dans ce pays l’utile réforme financière qui fut depuis reprise et exécutée sous le roi Murat par le comte de Mosbourg62. […] Dans notre pays d’égalité, et sous cette forme démocratique qui séduit la jeunesse, il s’agit moins encore, selon Roederer, de telles ou telles garanties positives que de chances d’élévation libre et de distinctions accessibles à tous.
C’est une pitié de voir comme ils ont défiguré et brouillé mes notes au Neveu de Rameau : rien absolument n’est resté à sa place. » Les présents éditeurs des Entretiens ont dû procéder de même pour se conformer, disent-ils, « à l’usage de notre pays. » Ils ont fait exactement comme ces mamans prudentes et attentives qui, voyant le morceau, trop gros dans l’assiette de l’enfant, le coupent et le réduisent en minces bouchées pour que le cher petit puisse le manger plus aisément et sans risque d’indigestion. […] Petit commis, puis secrétaire d’une mairie dans l’un de ces départements de l’Elbe nouvellement incorporés à l’Empire français, il se vit relevé, au printemps de 1813, par l’approche des Cosaques, et il prit part au soulèvement de la jeunesse allemande pour l’affranchissement du pays. […] Après une longue étude de ce poëte et bien des essais pour reproduire en poésie ce que j’avais gagné à le méditer, je me tournai vers quelques-uns des meilleurs écrivains des autres temps et des autres pays, et je lus non seulement Shakspeare, mais Sophocle et Homère dans les meilleures traductions… » Eckermann, en un mot, travaille à se rendre digne d’approcher Gœthe quelque jour.
Nous errions depuis longtemps au milieu des bois et des bruyères, et nous nous disposions à mettre pied à terre pour bivouaquer, lorsque les aboiements d’un chien se firent entendre ; nous nous en rapprochâmes aussitôt, et je fus surpris de trouver, sur un plateau élevé, au lieu d’un troupeau et d’une cabane, seule rencontre qui me parût possible dans un pays aussi sauvage, une maison attenante à une grande bergerie. […] M. de Saint-Joseph nous y fait assister : « La chaleur que la saison et notre rapprochement du Midi rendaient chaque jour plus forte ; notre marche dans un pays sans routes, brûlé, sillonné par de longues fentes, où l’on eût dit qu’un vent dévastateur venait d’exercer ses ravages, l’épuisement des chevaux, nos fatigues, nos peines morales, tout nous rendit excessivement longue et pénible la petite distance de l’Alagon au Tago. […] Le médecin, le visitant l’avant-veille de sa mort, eut l’imprudence de dire en espagnol à l’aide de camp Bernard, assez haut pour être entendu : « Il est perdu : déjà les extrémités sont mortes. » Le général avait saisi les fatales paroles, et, avec le sourire le plus doux et le plus gracieux, il répondit au médecin par le vieil adage du pays : « Asi s’accavi la cuenta !
. — « Quelle différence cependant, nous disait-il, de rentrer dans votre pays en proscrits ou de rentrer triomphants ! […] M. do La Tour du Pin peut lui dire que, si nous rentrons en France, véritablement il ne peut pas y rester ; mais je lui garantis un sauf-conduit pour aller vivre en tel pays étranger qui lui conviendra le mieux. » « Voilà quels étaient, même en 1800 (car c’est l’époque de cette conversation), l’esprit, les projets, les combinaisons de ces messieurs. » Et ces messieurs, s’ils vivaient, seraient toujours les mêmes. […] Comment un homme qui a vécu si longtemps chez les Anglais, et à qui je dois supposer des relations très étendues dans ce pays, au lieu de reconnaître tous les bienfaits dont je l’ai comblé, de prendre leçon de tout ce qu’il a vu depuis trente ans, au lieu de marcher droit, se mêle-t-il de pratiques et de menées qui ne le regardent pas ?
Sans remonter jusqu’au moyen âge, jusqu’à l’époque chevaleresque où fleurissait bien brillamment, sous une suite de vaillants comtes, la tige de l’antique maison souveraine de ce pays, mais où, sauf plus ample information, la trace littéraire est moins évidente ; sans se reporter tout à fait jusqu’au temps du bon Froissart, qui se louait très-fort pourtant de leur munificence : Amé, le comte de Savoie27, ………….. […] Né au cœur d’un pays austère, il n’en eut visiblement aucun reflet nuageux ; on ne pourrait dire de lui ce que M. de Lamartine a dit de M. de Vignet dans une des pièces du dernier recueil, dans celle peut-être où l’on reconnaît encore le plus sûrement l’oiseau du ciel à bien des notes, et où l’on aime à retrouver l’écho le moins altéré des anciens jours : Il était né dans des jours sombres, Dans une vallée au couchant, Où la montagne aux grandes ombres Verse la nuit en se penchant. […] L’esprit français se retrouve sous son léger accent de Savoie et s’en pénètre agréablement : « L’accent du pays où l’on est né, a dit La Rochefoucauld, demeure dans l’esprit et dans le cœur, comme dans le langage. » La pensée semble parfois plus savoureuse sous cet accent, comme le pain des montagnes sous son goût de sel ou de noix.
Ce spectacle des pays conquis et de l’odieuse administration qui pesait sur eux, frappa vivement son âme équitable et compatissante ; il n’en put contenir l’impression en écrivant à son père. […] Le pays de Vaud notamment, qui relevait de la Savoie, mais dont le baron et seigneur, le comte de Romont, était d’ailleurs attaché au duc de Bourgogne, eut à subir de la part des Allemands une irruption inique, non motivée, et marquée des plus cruelles horreurs. […] Employé bientôt dans une plus lointaine ambassade, et passé de Turin à Pétersbourg, si brillant et si flatteur que fût le succès personnel qu’il y obtint, M. de Barante n’a pas été sans éprouver durant quelques années cette tristesse de voir finir les saisons loin de son pays, loin des relations contemporaines qui furent chères et qu’on ne remplace plus.
Depuis des siècles, ils vivaient dans la mémoire du peuple, et comme ils préexistaient aux formes littéraires qui en ont fixé ou transformé un certain nombre dans les poèmes de Renart, ils se sont transmis jusqu’à nos jours pur la même tradition orale dans beaucoup de pays ; les folkloristes ont retrouvé chez les Finnois et dans la Petite Russie de ces aventures comiques du loup et du renard, qui divertissaient nos vilains du xiie siècle. […] Toujours est-il que, dans la France du Nord, en pays champenois, picard et vallon, vers le milieu du xiie siècle, les gestes de Renart le goupil étaient devenus assez populaires pour qu’un clerc flamand fit une compilation de ces récits en vers latins, l’Ysengrinus. […] Bon nombre sont anonymes ; des auteurs qu’on connaît, sauf Rutebeuf, on ne sait rien que le nom, et souvent le pays d’origine ; ils sont Français.
Elle acquiert ainsi dans la haute société des pays environnants une sorte d’universalité. […] Cela est si vrai que transplantée dans des pays, en des temps où l’idéal était moins raffiné, où la société était moins polie ou plus démocratique, elle a dépéri comme une fleur délicate exposée aux intempéries d’un climat plus rude. […] Si, pendant un siècle, elle fit son tour d’Europe en séduisant les aristocraties de tout pays, elle le dut en grande partie à ce qu’elle offrait des tableaux de mœurs et des façons de parler qui pouvaient passer pour l’idéal de la société polie.
Quels étaient leur langue, leur style, leur situation sociale, leur pays d’origine, leur conception du monde, leur tempérament, etc., etc. ? […] Il y a sans doute quelques exceptions à ce dédain des écrivains du temps, soit pour la littérature des pays voisins, soit pour celle de la vieille France. […] On peut commencer par passer rapidement en revue tout ce qui environne la littérature, les milieux divers où elle se développe, les influences qui agissent sur elle du fond des pays étrangers ou des siècles passés, la condition faite alors aux écrivains.
Sandeau : un Héritage ; un de ces contes d’Allemagne tels que sait les écrire le poète de Marianna et de Mademoiselle de la Seiglière, tendres et plaintives histoires doucement filées, lentement dévidées, semées de mille nuances exquises et légères, et qu’on dirait destinées à ces blondes jeunes filles des pays du Rhin qui, tout en lisant, filent le rouet ou tricotent les bas de Marguerite et veulent se perdre doucement dans les rêves du coeur, sans laisser échapper une maille. […] Dans quel pays du monde voit-on des peintres et des compositeurs traités comme des ménétriers de village par des hobereaux entichés ? […] l’Allemagne, le pays du son, de l’harmonie et des festivals, la terre des rois artistes et des princes dilettantes, le Saint-Empire de la musique, le paradis terrestre de sainte Cécile !
Ce garçon, ni beau, ni laid, un peu sot, pas tout à fait bête, « signalement particulier : aucun », comme disent les passeports, annonce à son ami Paul qu’il va voyager aux pays lointains, pour y trouver les bonnes fortunes que son ingrate patrie lui refuse. […] Il arrive enfin, ce héros errant : tout à l’heure il faisait une conférence à la Société de géographie ; il la refait dans le salon de M. de Prévenquières, et raconte son odyssée dans le pays Noir. […] Il ne peut s’intéresser à ce Jacques qu’il n’a jamais vu et qu’il ne verra pas ; Jacques est, pour lui, le mandarin dont parle Rousseau : on ne voudrait pas le tuer, cela va sans dire ; mais les dangers qu’il peut courir dans les pays extravagants où il s’est fourré ne vous touchent guère plus que ceux du Sindbad des Mille et une Nuits.
Nos galettes de sarrasin (cela s’appelle dans le langage du pays des tourtous), humectées, toutes brûlantes, de ce bon beurre du mont d’Or, étaient pour nous le plus friand régal. […] À travers ces incertitudes et ces projets flottants de la jeunesse, il voyage dans le pays, et il n’est, chemin faisant, nièce de curé qu’il ne trouve moyen de comparer à une Vierge du Corrège. Un de mes amis qui connaît à fond son Limousin prétend que si les nièces de curé et les jeunes filles du pays en général sont fraîches et jolies, elles n’ont nullement de ces airs du Corrège ni de ce parler couleur de rose.
Il n’y a point de pays peut-être où l’on ait tant écrit sur la Grammaire de la nation qu’en France. […] Cependant l’objet d’un Dictionnaire de synonymes françois, n’étant point de donner l’intelligence des vieux livres écrits en cette langue, mais d’indiquer l’usage des mots en usage, l’auteur n’auroit pas dû le grossir inutilement de quantité de termes surannés, & sur-tout de mots de patois, dont on peut user avec le peuple dans les pays où ils ont cours, mais qu’on ne doit jamais écrire, au moins dans un ouvrage poli. […] On n’y fait presque jamais connoître les mœurs, la religion, les loix, le commerce des peuples, ni les productions des pays qu’ils habitent, quoique toutes ces choses entrent essentiellement dans la définition de certains articles de géographie.
Et, lorsqu’il n’y aura plus de Français en France, naturellement nous nous emparons du pays, — pour rentrer dans nos frais. » Et l’Anglais a persuadé, à force de schellings, aux restaurateurs et aux hôteliers, de réviser leurs cartes constitutionnelles, — et il a été décidé que le besoin d’une hausse sur les petits pois se faisait généralement sentir. […] , ils renonceraient à troubler ce pays « livré aux factions » ; Et qu’enfin, être Espagnol à Luchon était une profession, — tout comme d’être Polonais à Paris. […] Romain-Caze d’avoir placé le trône de la Vierge Marie sur une estrade d’un gris si pâle et si effacé : le gris ne sera jamais de mise dans ce lumineux pays du Paradis qui fera l’éternelle joie des coloristes morts en état de grâce !
Nettement Histoire de la Littérature sous la Restauration [Le Pays, 12 août 1853.] […] Les hommes qui ont planté le rationalisme dans le cerveau faussé de ce pays, tous les écrivains plus ou moins aveugles qui nous ont inoculé cette fièvre de liberté dont nous étions malades, il y a quelques jours encore, défilent presque impunément devant l’historien, et il ne rejette pas sur leurs têtes, jeunes et brillantes alors, ce poids effroyable du mal commis qu’ils porteront pourtant devant la postérité. […] Histoire de la Littérature française sous le Gouvernement de Juillet [Le Pays, 11 mai 1855.]
On voit bien qu’en Europe les pays les moins pénétrés par la civilisation démocratique sont aussi, d’une manière générale, les moins denses. […] Les pays qui restent en arrière du mouvement démocratique, comme la Russie, sont aussi ceux où les grandes agglomérations urbaines ont toujours été exceptionnelles : dans un territoire qui couvre la moitié de l’Europe, et compte 28 pour 100 de sa population, il ne se rencontre, que 8 pour 100 de ses grandes villes. […] De toutes ces considérations nous avons le droit de conclure que nulle part le rendement de la quantité sociale n’a été ou n’est plus considérable que dans la civilisation moderne occidentale, — c’est-à-dire danses pays et dans les temps où l’expansion de l’égalitarisme a aussi atteint son maximum.
Oui, donnez-moi la carte d’un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents, ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie et toute sa géographie physique, et je me flatte de vous dire à peu près quel sera l’homme de ce pays et quelle place ce pays occupera dans l’histoire. […] Je vous demande si c’est sur des pays de côtes que vous mettrez l’immobilité, et sur le plateau d’immenses montagnes le siège du mouvement ? […] Un individu qui dans son temps et dans son pays ne serait qu’un individu, serait un monstre. […] Or, cette condition était admirablement remplie en Allemagne au temps de Wolf : tout le monde sait qu’alors même l’Allemagne était déjà le pays classique de l’érudition. […] À l’extérieur, que faisait-elle pour le pays ?
Albert Giraud Le meilleur poète français de la Wallonie, le seul qui eût exprimé dans une forme classique la sensibilité de sa race et l’âme de son pays.
Il y redit à sa façon des choses qui ont été dites avant lui par d’autres écrivains de tel siècle et de tel pays.
On ignore néanmoins dans quel pays on eût pu couronner ce morceau, tiré d'une certaine Dissertation sur Corneille & Racine, où celui-ci est traité comme le dernier des Auteurs.
[Le Pays, 10 mai 1853.]
Depuis vingt-cinq ans, on a exploré et importé les littératures de tous les pays ; on en a comme versé les richesses dans le domaine commun : eh bien ! […] On ne connaît bien un pays pourtant que lorsqu’on l’a traversé non-seulement dans ses larges routes rapidement parcourues, mais aussi dans ses sentiers et au hasard de ses buissons. […] Comment se fait-il qu’on n’ait pas eu l’idée de percer çà et là ce pays de bocages, et d’en rendre praticable à tous au moins quelques portions ? […] « Plus on fait provision de richesses de l’antiquité, et plus on est dans l’obligation de les transporter dans son pays. » (Voltaire, Lettre à M.
Il y a donc un système dans les sentiments et dans les idées humaines, et ce système a pour moteur premier certains traits généraux, certains caractères d’esprit et de cœur communs aux hommes d’une race, d’un siècle ou d’un pays. […] Quoique nous ne puissions suivre qu’obscurément l’histoire des peuples aryens depuis leur patrie commune jusqu’à leurs patries définitives, nous pouvons affirmer cependant que la profonde différence qui se montre entre les races germaniques d’une part et les races helléniques et latines de l’autre, provient en grande partie de la différence des contrées où elles se sont établies, les unes dans les pays froids et humides, au fond d’âpres forêts marécageuses ou sur les bords d’un océan sauvage, enfermées dans les sensations mélancoliques ou violentes, inclinées vers l’ivrognerie et la grosse nourriture, tournées vers la vie militante et carnassière ; les autres au contraire au milieu des plus beaux paysages, au bord d’une mer éclatante et riante, invitées à la navigation et au commerce, exemptes des besoins grossiers de l’estomac, dirigées dès l’abord vers les habitudes sociales, vers l’organisation politique, vers les sentiments et les facultés qui développent l’art de parler, le talent de jouir, l’invention des sciences, des lettres et des arts. — Tantôt les circonstances politiques ont travaillé, comme dans les deux civilisations italiennes : la première tournée tout entière vers l’action, la conquête, le gouvernement et la législation, par la situation primitive d’une cité de refuge, d’un emporium de frontière, et d’une aristocratie armée qui, important et enrégimentant sous elle les étrangers et les vaincus, mettait debout deux corps hostiles l’un en face de l’autre, et ne trouvait de débouché à ses embarras intérieurs et à ses instincts rapaces que dans la guerre systématique ; la seconde exclue de l’unité et de la grande ambition politique par la permanence de sa forme municipale, par la situation cosmopolite de son pape et par l’intervention militaire des nations voisines, reportée tout entière, sur la pente de son magnifique et harmonieux génie, vers le culte de la volupté et de la beauté. — Tantôt enfin les conditions sociales ont imprimé leur marque, comme il y a dix-huit siècles par le christianisme, et vingt-cinq siècles par le bouddhisme, lorsque autour de la Méditerranée comme dans l’Hindoustan, les suites extrêmes de la conquête et de l’organisation aryenne amenèrent l’oppression intolérable, l’écrasement de l’individu, le désespoir complet, la malédiction jetée sur le monde, avec le développement de la métaphysique et du rêve, et que l’homme dans ce cachot de misères, sentant son cœur se fondre, conçut l’abnégation, la charité, l’amour tendre, la douceur, l’humilité, la fraternité humaine, là-bas dans l’idée du néant universel, ici sous la paternité de Dieu. — Que l’on regarde autour de soi les instincts régulateurs et les facultés implantées dans une race, bref le tour d’esprit d’après lequel aujourd’hui elle pense et elle agit ; on y découvrira le plus souvent l’œuvre de quelqu’une de ces situations prolongées, de ces circonstances enveloppantes, de ces persistantes et gigantesques pressions exercées sur un amas d’hommes qui, un à un, et tous ensemble, de génération en génération, n’ont pas cessé d’être ployés et façonnés par leur effort : en Espagne, une croisade de huit siècles contre les Musulmans, prolongée encore au-delà et jusqu’à l’épuisement de la nation par l’expulsion des Maures, par la spoliation des juifs, par l’établissement de l’inquisition, par les guerres catholiques ; en Angleterre, un établissement politique de huit siècles qui maintient l’homme debout et respectueux, dans l’indépendance et l’obéissance, et l’accoutume à lutter en corps sous l’autorité de la loi ; en France, une organisation latine qui, imposée d’abord à des barbares dociles, puis brisée dans la démolition universelle, se reforme d’elle-même sous la conspiration latente de l’instinct national, se développe sous des rois héréditaires, et finit par une sorte de république égalitaire, centralisée, administrative, sous des dynasties exposées à des révolutions. […] Si l’on dresse la carte géographique d’un pays, à partir de l’endroit du partage des eaux, on voit au-dessous du point commun les versants se diviser en cinq ou six bassins principaux, puis chacun de ceux-ci en plusieurs bassins secondaires, et ainsi de suite jusqu’à ce que la contrée tout entière avec ses milliers d’accidents soit comprise dans les ramifications de ce réseau. […] À ce moment et dans ces pays, les conditions se sont trouvées remplies pour un art, et non pour les autres, et, une branche seule a bourgeonné dans la stérilité générale.
Bakes, un jeune mameluco ou métis qui avait la tête farcie des légendes et des superstitions de son pays. […] ” » IV « Tels sont donc, en résumé, les grands traits, les caractères de la forêt vierge par excellence : elle est impénétrable, impropre à la demeure de l’homme ; la végétation est en guerre contre elle-même ; les plantes et les animaux grimpent ; il y a peu d’insectes et point de moustiques ; les bas-fonds marécageux contrastent avec les terrains boisés du haut pays ; des arbres d’une taille colossale s’appuient sur des racines arc-boutées et supportent des plantes pendantes aériennes, comme une seconde forêt par-dessus la première ; pêle-mêle de taillis et de lianes parasites ; absence de fleurs ; retour invariable des mêmes phénomènes dans leur cycle annuel, mensuel et diurne ; ombrages silencieux troublés par des bruits mystérieux et inexplicables ; enfin, source inépuisable d’intérêt, qui provient de la beauté et de la variété, de la richesse, de l’exubérance et de l’intensité de la vie chez tous les êtres organiques. […] Elles se répandirent d’abord comme un reflet sur la Perse et la Chine ; elles sanctifièrent Zoroastre et Confucius, et les législateurs du pays des pyramides ; de là elles passèrent en Grèce, où l’imagination les colora de ses brillants mensonges adoptés par les Romains ; puis l’incarnation chrétienne les sentit renaître et les pratiqua en morale parfaite et en ascétismes pieux. […] Il la trouve dans sa conscience, gravitation mystérieuse, mais convenable, que Dieu a donnée comme une impulsion constante dans tous les pays, dans tous les temps, dans toutes les doctrines civiles ou religieuses, à tous les hommes de bonne volonté.
Ils ont vécu, ce Raoul qui, se faisant adjuger par le roi Louis l’héritage de Herbert de Vermandois, envahit le pays qu’il veut posséder, saccage et brûle, un vendredi saint, la ville d’Origny, avec son monastère et ses nonnes, qu’il promettait tout à l’heure d’épargner, qui, tout échauffé de cette atroce exécution, tout joyeux et de grand appétit, n’ose manger de la viande, quand son sénéchal en se signant lui remémore qu’« il est carême » ; ce Bernier, écuyer de Raoul, fils d’un des quatre fils de Herbert, qui, fidèle à la loi féodale, suit son maître contre son frère et ses oncles, voit sa mère brûlée sous ses yeux dans le monastère où elle s’est retirée, et renonce seulement son hommage quand Raoul, échauffe par le vin, l’a à demi assommé pour avoir trop haut regretté l’incendie de son pays et la mort de sa mère. […] Les jongleurs, qui transportaient d’une province à l’autre les chansons de geste, savaient bien qu’enlevées à leur pays d’origine, elles perdaient l’intérêt local, si puissant élément de succès : pour compenser cette perte, il fallait les mettre en rapport avec celles dont la popularité était universelle, il fallait, en liant les sujets et les personnages, assurer aux nouveautés le bénéfice de la vogue des œuvres consacrées. […] Ce ne furent plus que voyages lointains, pays fabuleux, une Asie de niaise féerie, avec ses « soudans » et ses « amiraux » cocassement naïfs ou formidables, avec son histoire et sa géographie folles : il n’est pas jusqu’à Roland, le vaillant homme occis à Roncevaux, qui n’aille un beau jour se faire le chimérique gouverneur d’une vague « Persie »32.
Les hommes d’un vrai talent de chaque époque sont toujours doués d’un instinct qui les pousse vers le nouveau, comme des voyageurs qui marchent sans cesse à la découverte des pays inconnus. […] Bans notre pays, on comprend beaucoup plus et beaucoup mieux qu’on ne sent. […] À Paris, les arts et la poésie sont un sujet de discussion au lieu d’être un amour ; il n’y a pas de pays où l’on en parle plus et où l’on en jouisse moins. […] Et qu’on ne dise pas que dans un siècle comme le nôtre, où les sciences politiques et les études philosophiques sont portées à un si haut degré de perfection, les poètes ne peuvent plus acquérir la prépondérance qu’ils avaient dans les âges moins éclairés ; les hautes renommées de Goethe au milieu de la philosophique Allemagne, et de Byron dans le pays natal de la politique, sont là pour démentir ce préjugé trop répandu.
Il a existé des géants dans l’antiquité, tels que les voyageurs disent en avoir trouvé de très grossiers et de très féroces à l’extrémité de l’Amérique dans le pays des Patagons. […] C’est ce que fit Manéthon, grand-prêtre de l’Égypte, qui prêta à l’histoire de son pays le sens d’une sublime théologie naturelle. […] S’ils eussent conservé des mœurs humaines, comme le peuple de Dieu, ils seraient, comme lui, restés en Asie ; cette partie du monde est si vaste, et les hommes étaient alors si peu nombreux, qu’ils n’avaient aucune nécessité de l’abandonner ; il n’est point dans la nature que l’on quitte par caprice le pays de sa naissance. […] Ainsi dans les temps modernes les Chinois ont ouvert leur pays aux Européens.
Si l’on est pauvre, il ne faut pas le dire ; personne ne songe à vous demander si vous avez dîné, et ce qui, dans les pays musulmans, ne coûte pas un poul, exige des sommes folles dans vos pays avares. […] Les Baillard étaient presque oubliés dans leur pays même et parfaitement ignorés partout ailleurs. […] Notre consolation est de constater la même indigence dans tous les pays. […] Ils s’attaquèrent aux hommes, aux croyances, aux respects séculaires du pays. […] Tout le pays est terrorisé et ameuté contre Dingo et contre son propriétaire.
Il faut vraiment qu’en notre pays de France nous aimions bien les guerres civiles : nous avons toujours à la bouche Racine et Corneille pour les opposer à nos contemporains et les écraser sous ces noms. […] Je ne sais rien d’aussi touchant dans son recueil, de mieux senti, que les stances de souvenir qu’il a adressées à une fontaine de son pays du Bourbonnais, la Font-Georges : elles me rappellent des stances de Ronsard à la Fontaine Bellerie et surtout celles qui ont pour titre : De l’élection de mon sépulcre.
Vous quittez le pays à demi allemand qui n’est à nous que depuis un siècle. […] Dès l’origine et dans les pays où la race s’est gardée pure, on trouve nos Gaulois sensuels, enclins à faire bon marché du mariage.
Dans ce pays artificiel et correct, il n’est pas à son aise ; il y va parce qu’on l’y mène, parce qu’il est convenable d’y aller ; mais il y est gêné et n’y profite point. […] Elle est hachée menu, en cent petits actes distincts, gaie et moqueuse, toujours légère et faite pour des esprits fins, comme les gens de ce pays-ci.
C’est un critique nationaliste qui s’effare, au nom de la patrie, que nos grands Français aient été des hommes et soient peints comme tels, avec leurs travers et leurs petitesses, et qui nous somme de sacrifier l’histoire vraie au mensonge religieux que sa naïveté lui figure essentiel à l’honneur de son pays. […] Tous les hommes d’un même pays qui participent à l’esprit scientifique affermissent par là l’unité intellectuelle de leur patrie.
Notre maître voyagera encore, et écrira encore sur les pays émouvants. […] Une coalition de capitalistes, de marchands de vin et d’opportunistes travaille le pays, organise les phalanstériens en syndicat.
Il va chercher jusqu’en Égypte le type de la vraie société ; et il pardonne à ce pays sa fausse religion en faveur de sa bonne constitution politique. […] Mais en même temps, il est passionné pour les institutions anglaises, défenseur énergique du Parlement contre la prérogative royale, partisan de la liberté de la presse, de la responsabilité des ministres ; il conseille enfin à l’aristocratie de son pays de se servir des institutions nouvelles, de s’y faire sa place et son rang, au lieu de s’armer contre elles et de chercher à ressaisir ses privilèges à l’ombre du despotisme restauré.
Si je ne me soumets pas aux conventions du monde, si, en m’habillant, je ne tiens aucun compte des usages suivis dans mon pays et dans ma classe, le rire que je provoque, l’éloignement ou l’on me tient, produisent, quoique d’une manière plus atténuée, les mêmes effets qu’une peine proprement dite. […] Ainsi, il y a certains courants d’opinion qui nous poussent, avec une intensité inégale, suivant les temps et les pays, l’un au mariage, par exemple, un autre au suicide ou à une natalité plus ou moins forte, etc.
On bat le pays. […] Ô Paris, pays des coteries et des cabales !
Mais ce que je veux surtout, c’est traiter Buloz comme une idée générale… Je veux lui faire cet honneur… Je ne connais d’ailleurs personne qui soit plus que lui sain à étudier, car le succès est peut-être la plus grande corruption de l’âme humaine, et Buloz le fait dédaigner, II Il est né en 1803, à Vulbens, près de Genève, pays commerçant et puritain. […] Quel que soit le mérite, ignoré, du reste, de ces traductions que l’avenir s’arrachera peut-être, l’instinct commerçant de son pays parlant plus haut que son génie de traducteur poussa bientôt Buloz à l’entreprise littéraire qui, pour Vapereau, en a fait un littérateur.
Colomb, en découvrant l’Amérique, le pays de l’or et des pierres précieuses, croyait qu’il pourrait lever une armée et délivrer un jour le saint Tombeau. […] Vice-roi des pays qu’il avait découverts, voulant faire chrétiens des milliers de sauvages, d’un temps où l’ardeur du zèle se souciait peu que quelques gouttes de sang se mêlassent à l’eau du baptême, le révélateur de l’Amérique ne fit jamais tomber un cheveu de la tête de personne, et la colombe remporta au ciel, sans aucune tache, son blanc plumage !
Quels que soient, d’ailleurs, les titres différents que M. de Coulanges donne à ses ouvrages, ils ne sont tous, si j’en saisis bien le sens et la portée, que les chapitres écrits d’un livre qui se continue, que les parties échafaudées d’un ensemble historique embrassé de haut, comme on embrasse tout un pays du sommet de ses montagnes. […] Il n’y avait pas en Germanie de ces paysans, parce qu’il n’y avait pas de pays.
En divers pays, l’exemple de libération fut suivi. […] Le bataillon de ses collègues peut perpétuer en tous pays le culte du pastiche et du convenu, il n’en subsiste pas moins ce fait que, grâce à lui, l’architecture moderne existe.
Je lui souhaite bon voyage au pays des sirènes et belles rêveries à l’ombre du Portique.
Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l’adversité, formés pour les arts, civilisés jusqu’à l’excès, durant le calme de l’État ; grossiers et sauvages dans les troubles politiques, flottants comme des vaisseaux sans lest au gré des passions ; à présent dans les cieux, l’instant d’après dans les abîmes enthousiastes et du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le second sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes, ni de leurs vertus ; amants pusillanimes de la vie pendant la paix ; prodigues de leurs jours dans les batailles ; vains, railleurs, ambitieux, à la fois routiniers et novateurs, méprisant tout ce qui n’est pas eux ; individuellement les plus aimables des hommes, en corps les plus désagréables de tous ; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l’étranger ; tour à tour plus doux, plus innocents que l’agneau, et plus impitoyables, plus féroces que le tigre : tels furent les Athéniens d’autrefois, et tels sont les Français d’aujourd’hui.
Dans les pays chauds, peu favorables aux herbes et aux mousses, elles sont privées de ces graminées qui décorent nos châteaux gothiques et nos vieilles tours ; mais aussi de plus grands végétaux se marient aux plus grandes formes de leur architecture.
Élevé à Chambéry et à Turin, sa naissance le prédestinait à la magistrature provinciale dans son pays. […] Supposez que notre souverain de Piémont, n’ayant qu’un titre de prince ou de duc, se contente de régner à la manière des Médicis de Florence, par exemple : vous ne trouverez pas en Europe de pays supérieur au nôtre ; mais si le pays est obligé de supporter une couronne royale et si on y bat le tambour, la chose change de face, et le voilà tout de suite trop petit pour être une planète et trop grand pour être un satellite. […] Le comte de Maistre n’aurait pas conseillé cette usurpation de la république de Gênes à son pays. […] La Providence, en accordant l’unité nationale à vingt-cinq millions d’hommes, avait fait de la France le plus beau des royaumes après celui du ciel, comme l’a dit Grotius ; mais si cette unité échoit à un petit rassemblement d’hommes, plus elle est prononcée, plus elle s’oppose à l’agrandissement du souverain de ce pays.
C’est bien le poète aussi, le poète toscan irrité, le petit-fils de Dante et l’héritier de ses colères, qui maudit en passant l’immense cloaque parisien, et les écrivains ignorants qui de toute la littérature italienne comprennent tout au plus Métastase, et le jargon nasal de ce pays, ce qu’il y a de moins toscan au monde. […] Elle m’y exprimait, avec une vive et chrétienne affection, sa grande inquiétude de me voir, disait-elle, « dans un pays où il y avait tant de troubles, où l’exercice de la religion catholique n’était plus libre, où chacun ne cesse de trembler dans l’attente de nouveaux désordres et de calamités nouvelles. » Elle ne disait, hélas ! […] Arrivés à la barrière Blanche, qui était la plus rapprochée de nous, pour gagner Saint-Denis et la route de Calais où nous nous dirigions pour sortir au plus vite de ce malheureux pays, nous n’y trouvâmes qu’un poste de trois ou quatre gardes nationaux avec un officier, qui, ayant visité nos passeports, se disposait à nous ouvrir la grille de cette immense prison, et à nous laisser passer en nous souhaitant bon voyage. […] « Voyant s’obscurcir de plus en plus l’horizon de ce malheureux pays, et s’établir dans le sang et par la terreur la soi-disant république, nous tînmes sagement pour gagné tout ce qui pouvait nous rester ailleurs, et nous partîmes pour l’Italie, le premier jour d’octobre. […] Nous les franchîmes gaiement, et nous crûmes renaître, le jour où nous retrouvâmes notre beau et harmonieux pays.
Ils créaient à eux deux l’individualité, cette force inconnue dont se composent, au bout d’un certain temps, toutes les forces collectives d’un pays, force qu’on commence par railler et qu’on finit par subir. […] Entre deux rêves on jette son pays dans l’abîme ou dans le problème qu’on n’a pas le temps de résoudre. […] À soixante-dix ans, rencontrant inopinément un ami d’enfance, il s’entretint avec lui, sans aucune hésitation, dans l’idiome de son pays, où il n’était pas retourné depuis l’âge de quatorze ans ! […] Elle lui fit faire dans ce beau pays des promenades de santé qui lui profitèrent ; la cathédrale gothique de Saint-Gatien rendit son imagination pittoresque. […] Oui, tu as raison, je ne m’arrêterai pas, j’avancerai, j’atteindrai le but, et tu me verras un jour compté parmi les grandes intelligences de mon pays !
Le troglodyte d’hiver La grande étendue de pays que parcourt dans ses migrations ce petit oiseau est certainement le fait le plus remarquable de son histoire. […] Ils arrivent attirés par les nombreux avantages qu’ils y trouvent, à mesure que le pays devient plus ouvert et mieux cultivé. […] Vous diriez que la nature, embarrassée de ses richesses, s’est arrêtée un jour pour les répandre de son sein sur cet heureux pays. […] Je me rappelle parfaitement bien le temps où, dans le bas Kentucky, dans l’Indiana et l’Illinois, ces oiseaux choisissaient encore très souvent, pour nicher, les excavations des branches et des vieux troncs ; et telle est l’influence d’une première habitude, que c’est toujours là que, de préférence, ils reviennent, non seulement pour chercher un abri, mais aussi pour élever leurs petits, spécialement dans ces parties isolées de notre pays qu’on peut à peine dire habitées. […] J’y revins encore une fois, en février, par un temps très froid, et, convaincu que toutes les hirondelles avaient quitté le pays, je refermai définitivement l’ouverture et cessai mes visites.
J’obéis : j’arrive et j’entre dans la baie de Croma, dans le riant pays d’Inisfail. […] Il revoit avec joie ses collines : il ordonne à ses bardes de chanter, et mille voix s’élèvent à la fois : « Habitants des pays lointains, vous avez fui sur vos plaines ! […] Enfants des pays lointains, vous avez fui ! […] Est-il prouvé que les ecclésiastiques érudits de ces montagnes lui aient prêté leur concours pour enlever à ces victimes du pays et à ces chants restés populaires, surtout dans la haute Écosse, la mémoire de ces chants ? […] Nous ne reviendrons plus : nous allons chercher des tombeaux dans les pays lointains.
Pour apprécier les caractères communs de tous les écrits en vers antérieurs au xive siècle, il y faut distinguer avec soin ce qui nous est venu de l’imitation, de ce qui appartient en propre au génie de notre pays. […] Et cette pauvreté n’est pas relative seulement à ce qui nous paraît aujourd’hui la richesse d’une langue, mais à ce que pouvait être notre langue dès ce temps-là, à ce qu’elle était même dans les genres plus conformes au génie de notre pays. […] C’est là ce qui est propre à notre pays, et qui porte la marque éternelle de ce bon sens qui doit se fortifier et s’étendre, mais qui ne changera pas. […] Il y a longtemps que César a montré les Gaulois, nos pères, à la fois disputeurs difficiles aux puissances, badauds curieux et crédules, se pressant, sur la place de leur ville, autour de l’étranger qui apporte des nouvelles du pays voisin. […] Sa ballade sur les Dames du temps jadis en est un modèle charmant : Dictes-môy où, n’en quel pays, Est Flora, la belle Romaine ?
Il y avoit entr’eux un milieu à tenir : il falloit sçavoir marcher entre le mépris & l’admiration, entre le blasphême & l’idolâtrie ; mais chacun, ne jugeant que suivant son goût particulier, selon les beautés & les défauts relatifs à son caractère, à ses études, à son dégré d’esprit, d’imagination & de chaleur, aux préjugés de son enfance, de ses maîtres, de sa société, de son siècle & de son pays ; chacun, dis-je, vit toujours les objets au-delà du but, & ils ne purent être peints dans les proportions convenables. […] Leur adoration étoit celle de tous les temps & de tous les pays ; adoration d’autant plus difficile à détruire, qu’elle étoit fondée en partie ; il y avoit même du danger à entreprendre de l’affoiblir. […] La guerre contre les Latins, qui ont raison de défendre leur pays, le projet du mariage d’Énée avec Lavinie qu’il n’a jamais vue, ne peuvent réchauffer le sujet. […] Il invite les magistrats, chargés du soin de la police, d’empêcher que les romans ne se répandent parmi nous, qu’ils ne nous soient apportés de tous le pays, d’Espagne, d’Angleterre, de Hollande, de Grèce, de Perse, du Malabar & du Japon. […] Ce qui ajoute au mérite de ces ouvrages & à celui de leur auteur, c’est le pays où ils ont été composés.
Nommé ambassadeur de la république auprès du pape, il y négociait la paix et l’indépendance pour son pays. […] Triste sort des émigrés, condamnés à avoir souvent pour amis les ennemis de leur pays ! […] Je regrettais les brumes d’automne et les ténèbres humides des forêts de mon pays. […] Quand le poète est aussi médiocre que son pays, son peuple, son époque, ces poésies sont entraînées dans le courant ou dans l’égout des siècles avec la foule qui les goûte. […] Il était à Rome et à Florence inamovible comme la tradition, à peu près semblable à ces premiers drogmans que les puissances européennes entretiennent dans les cours d’Asie auprès de leurs ambassadeurs pour leur enseigner la langue du pays et la politique de ces cours.
Le premier ministre de ce pays-là est quelque chose comme un sous-préfet d’Issoudun. […] Nous disons couramment, par goût du jeu de mots : la France est un pays de protectorat. […] Et l’on s’est disputé jusqu’au jour où la solution républicaine a été imposée, sans opposition possible, par la majorité du pays. […] En ce pays-là, on peut voyager à son gré. […] Ils sont comme apaisés, légèrement voilés d’un fin brouillard des pays du soleil, et quelquefois comme silencieux.
L’Oriental qui fait son éducation en Europe, rapporte ordinairement, dans son pays, tous nos vices et pas une seule de nos vertus. […] En 1891, dans cette petite maison du pays de Tréguier, où il aimait à respirer le parfum de la terre bretonne, il consacra toutes ses vacances à cette révision. […] En Bretagne, comme dans tous les pays où le vent salé de la mer donne soif, la dévotion n’exclut pas le goût des solides buveries. […] La douleur même, dans ce pays, prenait un air sensuel, caressant, naïvement immoral. […] Le pays des kermesses étonne, par la durée et par l’ampleur de ses ripailles, l’estomac des fonctionnaires qui sont chargés d’administrer cette terre plantureuse.
On est tombé de la patrie du Romancero au pays des gais noëls. […] Il y avait à Dijon une procession dite de la Sainte-Hostie ou de l’Hostie miraculeuse ; c’était une dévotion du pays. […] Ce nom même de de Bar n’était pas le sien ; Bar était son pays natal ; elle était d’un village proche de Bar-le-Duc : elle s’appelait de son nom Quenaudon, et elle avait eu un premier mari, natif de Copenhague. […] » — Il avait fait venir du pays, après la mort de sa femme, et il avait près de lui, pour le soigner, une personne qui passait pour sa nièce et qui n’était qu’une petite cousine. […] Ce régiment, aussi nombreux que celui de la Calotte, s’étant donc, comme j’ai dit rendu maître de la campagne, après avoir pillé tout le plat pays, mit le siège devant le Temple du Goût.
C’est l’histoire de la rencontre et de la lutte de deux caractères qui n’ont pour traits communs que l’obstination et l’orgueil ; sous tous les autres rapports ils présentent les antagonismes des deux races les plus opposées, celle du montagnard à la tête étroite comme ses vallées, celle de la bohémienne errant par tout pays, ennemie naturelle des conventions sociales. Lui est Basque et vieux chrétien, il porte le don ; c’est un dragon timide et violent entièrement dépaysé hors de sa « montagne blanche ». — « Je pensais toujours au pays, et je ne croyais pas qu’il y eût de jolies filles sans bleues et sans jupes nattes tombant sur les épaules. » — Elle, c’est une effrontée, une coquette jusqu’à la brutalité ; « elle s’avançait eu se balançant sur ses hanches comme une pouliche du haras de Cordoue. » D’abord elle ne lui plaît pas ; il se sent trop loin avec elle de toutes les choses de son pays ; « mais elle, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, s’arrêta devant moi et m’adressa la parole. » Ses premières paroles sont des railleries ; puis la rencontre de ces volontés dures et frustes toutes deux, hostiles au fond, se résume dans un geste qui vaut une action : « Prenant la fleur de cassie qu’elle avait à la bouche, elle me la lança, d’un mouvement du pouce, juste entre les deux yeux. […] Cette scène de violence se fond aussitôt dans une scène de coquetterie, de séduction par le regard, par l’attitude, par la caresse de la voix, enfin par la caresse même du langage (elle lui parle basque) ; « notre langue, monsieur, est si belle que, lorsque nous l’entendons en pays étranger, cela nous fait tressaillir. » — « Elle mentait, monsieur, elle a toujours menti. […] Mais ce réalisme-là est aussi vieux que la réalité, et sa poésie est l’éternelle, la première en date ; dans leurs meilleures inspirations, les poètes de tous les temps et de tous les pays n’en ont point connu d’autre. […] La forme du roman-ballade convenait à merveille pour peindre la Bretagne et la mer, les Bretons et les brouillards, et, dans une apparence décousue, l’œuvre a une continuité extrême ; si l’on semble sauter d’un personnage à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un lieu à l’autre, c’est que l’auteur et son œuvre le veulent ainsi ; mais, en réalité, rien n’est plus suivi que ces notes et ces petits sauts.
Cette fois encore, au risque de ses jours, il aura réussi ; la presse et le pays lui-même (notre deuil et son danger, heureusement diminué, nous autorisent à le dire) lui devront des remerciements.
. — D’un pays lointain (1897). — Le Vieux Roi (1897). — Le Livre des masques, 2e série (1898). — Les Saintes du Paradis, petits poèmes (1898). — Esthétique de la langue française (1899). — Le Songe d’une femme (1899). — Oraisons mauvaises (1900).
Dans ses Mémoires contre les prétentions du Parlement de Metz, il a défendu avec tant d’énergie & de solidité les droits & les priviléges de son pays, qu’il a porté le Gouvernement à les reconnoître & à les lui conserver.
L’allégorie morale, comme celle des Prières dans Homère, est belle en tout temps, en tout pays, en toute religion : le christianisme ne l’a pas bannie.
Et dans ce pays des cailles à trois sous pièce, du vin à un sou la bouteille, des corbeilles de figues pour rien, les soixante francs que lui rapportent les deux miss, permettent à Raffaëlli et à sa femme de passer tout l’hiver, et de vivre dans une aisance que le ménage n’avait jamais connue. […] Le blanc de l’œil brillant, fiévreux, avec quelque chose de fou dans toute l’allure du corps, mais dans cette tête de toqué, une immense mémoire musicale des musiques de tous les pays et de tous les temps, avec une prédilection pour les chants populaires, pour les chants des provinces françaises, qu’il a récoltés en grande partie, dit-il, chez les bonnes, qu’il a eues à son service. […] Causerie coupée par des ressouvenirs sur la batellerie de l’époque, sortant de la bouche édentée d’un vieux du pays, buvant un demi-setier de vin à une table voisine : ressouvenirs donnant toute la coloration de l’époque, en quelques mots. Et causant de l’intérêt qu’aurait, le Livre de vérité, de ce cabaret au siècle dernier, nous arrivons à parler de l’étude d’après nature des êtres et des choses de notre vieux territoire, étude commencée au dix-huitième siècle, par Restif de la Bretonne, Jean-Jacques Rousseau, Diderot, et complètement enrayée par ce mouvement littéraire, rapporté des pays exotiques par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, et ne correspondant pas au tempérament français. Comme là-dessus, Daudet disait les belles choses qu’il y aurait à écrire, en faisant causer des vieilles gens de la province, je lui avouais, qu’au commencement de ma carrière, j’avais été mordu de l’envie de faire un volume des bonshommes de la Lorraine, dans les premières années du siècle, d’après les racontars récoltés dans le pays de ma naissance, et qu’à l’heure présente, c’est un de mes grands regrets de ne l’avoir pas fait, ce volume !
Bossuet admet tout, s’assimile tout, mais à sa manière, sans mêler les philosophies, sans associer des pensées contradictoires, sans s’emporter d’aucun côté, avec une fermeté et une liberté d’esprit dont l’histoire des lettres, dans aucun pays, n’offre un si bel exemple. […] Le protestantisme a modéré le pouvoir politique dans ces pays, répandu l’instruction et le bien-être, mis plus de prix à la vie humaine. […] S’il est un pays où cette vérité soit une croyance populaire, c’est la France. […] Ce sont autant de schismes qu’il a fallu détruire, dans l’intérêt de l’unité intellectuelle de notre pays. […] Aussi ne peut-on trop louer Bossuet d’avoir accablé cette secte dans sa querelle mémorable avec Fénelon, de même qu’on ne peut trop s’étonner que celui-ci, un si beau génie, et, dans ses autres ouvrages, un esprit si français, se soit égaré dans des subtilités antipathiques au génie de son pays.
Ces quelques tableaux appartiennent au domaine de la convention, quelles enjambées de géant le peintre a faites depuis cette époque pour quitter ce pays chéri des peintres du quartier Bréda ! […] 1) traduire pour la plus grande gloire de son pays et l’édification de la postérité. […] Quel est celui de nos écrivains, comptât-il même parmi les meilleurs, qui pourrait se vanter d’avoir pénétré, comme Hebel et Auerbach, par exemple, jusqu’au fond des moindres villages de leur pays. […] Je ne crois point exagérer, certes, en affirmant que sur mille vrais paysans de la Franche-Comté, mon pays, une de nos provinces les plus éclairées, il n’y en a pas dix qui sachent seulement le nom de nos plus grands écrivains. […] Castille conciliera ces appréciations nouvelles avec celles signées de son nom que j’ai citées plus haut, et qu’il publia dans le Pays en 1854.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
de cet illustre pays.
Vous reviendrez charmés puissamment, délicieusement frappés de ce voyage au pays bleu.
DESCARTES, [René] né à la Haye, petite ville de Touraine, en 1596, mort à Stockholm en 1650, le pere de la Philosophie en Europe, & fait pour l’être dans tous les pays où l’on voudra bien raisonner.
Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde.
ÉCLAIRCISSEMENTS Le travestissement d’un génie, ou d’un animal, en femme pour se venger de quelqu’un est un procédé fréquent dans les contes de tous les pays.
Le Clergé dans te département de l’Aisne pendant la Révolution (Pays, 25 avril 1854).
La première représentation en fut donnée au mois d’avril 1897, « en pays lorrain », dans « une école de Nancy ». […] André Bellessort a publié, depuis quelques années, de beaux livres de voyages, rapportés de pays divers. […] Il visita plus récemment les pays roumains. […] La grande réserve de forces du pays, M. […] Et il ajoute à l’émouvant récit cette ligne de conclusion : « Toute la grandeur du pays sort de l’endurance des Per et des Kersti ».
Rodrigue est le seul espoir de son pays ; l’Espagne a les yeux fixés sur ce jeune capitaine. […] L’action est si bien du pays et du temps où elle se déroule, qu’elle ne saurait guère être transposée. […] C’est la clarté propre, le jour spécial des pays chimériques. […] Il est bien, comme les autres, du pays bleu, ce suave débauché ! […] C’est un pays où la seule occupation est d’aimer.
Ne sommes-nous pas au pays des Christs en peau humaine ? […] J’ai voyagé dans tous les pays sur lesquels a écrit M. […] (Elles ont peu touché les pays scandinaves.) […] Les écrivains romantiques ont été fournis par les pays du nord de la Loire. […] Si cette géographie était bien faite, toute querelle littéraire s’y classerait automatiquement, comme les guerres des peuples, dans la carte de leurs pays et des pays voisins.
En cas de nécessité absolue, ou en pays hérétique, ils allaient à l’auberge : mais Dieu sait ce qu’étaient les auberges d’Allemagne et d’Italie. […] Selon que les Bénédictins ont plus ou moins de correspondansts dans un pays, on peut affirmer que les études y fleurisent ou dépérissent. […] Scaliger, Castelvetro faisaient autorité par tous pays : d’où vient qu’ils ne gagnèrent le procès d’Aristote qu’en France ? […] Pauvre pays ! […] Dans ce pays, comme chez nous, la sensibilité sévissait, et de ce côté nous n’avions rien à apprendre ni à envier.
J. de Strada, hier encore inconnu, et génie entrant aujourd’hui vivant dans l’immortalité, nous offre les premiers fragments d’une œuvre géante, d’une épopée colossale qui sera pour notre pays le pendant de l’œuvre de Dante pour l’Italie du xive siècle, avec cette différence que la Divine comédie a seulement quinze mille vers, tandis que l’Épopée humaine en a déjà cent mille et en aura quatre fois autant.
« Il faut, dit-il, marquer, autant qu’on le peut, les temps & les lieux, la maniere dont on vivoit dans chacun des pays qu’on parcourt dans le récit ; ne raconter que les grands événemens, & n’écrire en détail que les causes des grands changemens.
[Le Pays, 21 novembre 1852.]
Le duc de Nivernais passa quelques mois à voir tous les jours Frédéric et à l’entretenir sur les objets les plus intéressants, à étudier son caractère : car,, pensait-il avec raison, dans les monarchies mixtes et non purement absolues, là où l’organisation de certains conseils est régulière et où l’État se conduit par les vrais principes, on peut saisir les motifs déterminants de la conduite, par la combinaison des circonstances avec l’intérêt de l’État : ainsi, les puissances voisines d’une telle monarchie ont des moyens de direction solides pour traiter avec elle ; mais, dans les pays où le souverain n’a d’autre conseil que lui-même, où ses perceptions non comparées à d’autres perceptions sont la seule occasion et la seule règle des mouvements de l’État, le caractère du prince est le gouvernail de l’État : la politique, l’intérêt fondamental ne sont que ce que l’intuition du prince veut qu’ils soient ; et les puissances voisines d’une telle monarchie ne peuvent traiter avec elle que d’après la connaissance des mouvements intérieurs du monarque, qui seuls impriment le mouvement à toute la machine. […] Une des premières lettres du duc de Nivernais au comte de Choiseul (bientôt duc de Praslin), chargé des Affaires étrangères, est pour lui présenter une description fidèle de l’état des partis et de l’opinion (24 septembre 1762) : Comme, par la constitution de ce pays-ci, l’état respectif des partis est la seule boussole qui puisse nous guider dans la négociation présente quant au fond et quant à la forme, je vais, dans cette lettre, avoir l’honneur de vous transmettre toutes les connaissances locales, que j’ai prises avec autant de soin que de diligence, des intérêts, des vues, des forces desdits partis ; et j’ose me persuader que ce détail pourra vous servir utilement pour apprécier au juste les discours du plénipotentiaire anglais (à Versailles), qui doivent, si je ne me trompe pas, servir de preuve à mes observations, comme mes observations leur serviront de clef et d’éclaircissement. […] Un homme d’esprit, qui est redevenu de mode, Stendhal, dans une page de son Histoire de la peinture, a écrit : Le pays du monde où l’on connaît le moins les Grecs, c’est la France, et cela, grâce à l’ouvrage de l’abbé Barthélemy : ce prêtre de cour a fort bien su tout ce qui se faisait en Grèce, mais n’a jamais connu les Grecs. […] Elle est la décente amie de M. de Nivernais ; car en ce pays aucune intimité n’est permise que sous le voile de l’amitié. » Le duc a son mérite ; comme écrivain, il est « au sommet du médiocre », et Horace Walpole cite à ce propos le mot de Mme Geoffrin, qu’il corrige légèrement, puis il ajoute : Il serait disposé à penser avec liberté, s’il n’avait l’ambition de devenir gouverneur du dauphin (Louis XVI), et de plus il craint sa femme et sa fille qui sont des fagots d’Église.
XXIV Si l’on considère au contraire les lois relatives au partage de l’héritage du point de vue de la famille, au lieu de le considérer du point de l’individu, la question change de face, et la concentration de la plus grande partie des biens dans la main des premiers nés, ainsi que la permanence d’une partie des biens dans la même famille sous le nom de majorat, qui n’est qu’un second droit d’aînesse, deviennent le droit commun dans tous les pays où la monarchie se perpétue et s’affermit elle-même par des institutions plus ou moins aristocratiques. […] Une famille ruinée par les fautes ou par les malheurs d’une seule génération est une famille perdue pour l’État ; en perdant sa fortune stable dans une contrée, elle perd ses influences, ses patronages, ses clientèles, ses exemples, son autorité morale et politique dans le pays. […] Les opinions flottent comme les mœurs ; la rotation sans limite de la fortune et des familles empêche toute autorité morale de s’établir ; la roue de la fortune, en tournant si vite, précipite tout dans un égoïsme funeste à l’ensemble ; le peuple même n’a plus ni protection, ni centre, ni représentants puissants dans le pays, pour défendre ses droits, ses instincts, ses libertés. […] La famille en effet est une puissance, l’individu n’est qu’un néant ; l’État le foule aux pieds sans l’apercevoir ; la dynastie de la famille détruite par l’égalité et par la mobilité des héritages, la dynastie royale devient facilement tyrannique ; la conquête même devient plus facile dans un pays où l’esprit de la famille a été anéanti par la dissémination sans bornes de l’égalité des biens.
C’est une sorte de mirage moral qui suscite des horizons de verdure, de fontaines et de lacs de l’aridité du désert ; c’est le coup qui frappe au cœur le soldat du Tyrol ou de l’Helvétie, quand il entend, à mille lieues de son pays, une note du chant du pasteur des Alpes rassemblant ses troupeaux, et qui le fait languir et se consumer de désir, jusqu’à ce qu’il ait respiré de nouveau une haleine de sa première patrie ; c’est cette nostalgie, véritable démence du souvenir, surajoutée à une autre démence, qui dirigeait instinctivement et comme à son insu le Tasse vers le royaume de Naples. […] Je me tus et je suivis en silence ; il se retournait fréquemment et m’examinait de la tête aux pieds, comme pour deviner qui j’étais ; sentant qu’il était convenable de satisfaire jusqu’à un certain point sa curiosité, je lui dis : C’est la première fois que je vois ce pays, car quoique, dans un voyage en France, j’aie traversé autrefois le Piémont, c’était par une autre route ; mais je ne saurais regretter d’avoir pris celle-ci, car le pays est très beau et il est habité par des gens d’une parfaite courtoisie. […] Quoiqu’il ait passé la plus grande partie de sa vie à la campagne, cependant il n’est pas tout à fait étranger aux habitudes du monde et des cours ; il a un frère qui est depuis longtemps à la cour du pape ; il est l’ami du cardinal Vercelli, dont le rare mérite est en grande estime dans ce pays.
À un autre titre encore, ils se rappellent sans se ressembler : c’est par la vaste et longue influence qu’ils exercèrent sur leur pays et sur le monde. […] VI Il comprenait que l’indépendance d’esprit a pour condition dans tous les pays l’indépendance de situation. […] Ferney, petit village rapproché de Versoy, sur les rives du lac, était un territoire français du petit pays de Gex, extrême frontière qui touchait par sa demeure au pays neutre de Gex, par ses prairies au territoire de Genève, par ses bois au territoire de Berne, par le lac à la Savoie, au Valais, à Lausanne, au gré de cet hôte cosmopolite de quatre ou cinq gouvernements.
Jouer du Wagner, ce n’est pas seulement donner aux Wagnéristes des jouissances, aux entreteneurs d’opéra des colères ; c’est fonder dans notre pays une nouvelle école d’art. […] Ou bien son goût musical tombe à une profondeur qui n’est connue, je l’espère bien, dans aucun pays autant que dans le nôtre. […] Depuis l’arrivée de Haendel, ce malheureux pays a été en tout ce qui concerne la musique, sous la domination de l’étranger ; nos compositeurs ont oublié qu’un style national puisse être restitué et ils employent tout leur talent à imiter, plus ou moins directement, celui-ci Gounod, celui-là Wagner, cet autre Brahms, tel autre Mendelssohn, chacun en prenant bien soin d’assaisonner tous leurs efforts d’une forte sauce Handelienne. […] Un pays qui contient des maîtres comme Villiers, Stanford, Cowen, Mackenzie et quantité d’autres, n’a pas à craindre des comparaisons avec aucune autre nation dans tout ce qui se rapporte à la science et au talent naturel.
Le moment semble en effet venu pour les œuvres de Richard Wagner de s’introduire définitivement en nos pays de langue française. […] Les soirées sont belles, à cette saison, en ce facile pays de Bavière ; sur l’instant, des excursions s’organisent. […] Le Ménestrel du 29 août et du 5 septembre : « Lettres du pays de Wagner », par M. […] Le Pays du 7 septembre : feuilleton musical de M.
Chaque pays de vignobles le revendique, se l’adjuge ; autant de berceaux que de cuves. […] Il sait qu’il va combattre un pays terrible, des races innombrables, des rois portés sur des monstres dont le pied écraserait l’Hydre, dont la trompe broierait la Chimère, des dieux à six têtes et à douze bras, des ascètes qui peuvent, en marmottant un monosyllabe ineffable, faire tomber les astres du ciel. […] Bacchus, qui connaît la puissance des dieux du pays, veut les surpasser en prodiges : assaut de magie, luttes de métamorphoses. […] Quoi qu’il en soit, Bacchus, dans l’Inde, prend vite l’air d’un dieu du pays.
L’autre est un type plus de son pays, il a une de ces figures cabossées de masques japonais en carton ou en bois ; sa barbe et ses cheveux sont faits d’un crin noir ; les protubérances du sourcil, au-dessus du front sont très détachées, la prunelle dans le blanc de son œil, un peu extravasé de sang, ne se tient jamais tranquille au centre, comme dans l’œil européen. […] Mardi 29 février En parlant du papier usé, effiloqué, qui est toute la monnaie de certains pays de l’Europe, de l’Italie surtout, Saint-Victor dit assez joliment que ce papier lui apparaît, comme la charpie d’un État blessé. […] Il est invité à déjeuner dans le village de son homme, où son amphitryon ne lui cache pas que le pays est mauvais, et qu’il n’aura pas de voix. […] Mais la pacotille était quelquefois faite si en dehors des besoins des populations, qu’un jour, à la suite d’une cargaison dans un pays quelconque, Halphen recevait de lui cette lettre : « Gonze, tu m’envoies avec des peignes dans une contrée ousce qu’on se rase la tête !
Muchart a rendu admirablement le pittoresque de son pays ; il ne l’a pas pénétré de cette pointe spirituelle dont palpitent les œuvres françaises. […] Marc Lafargue a dit à son propos : « Delbousquet est Gascon, Toulouse est pour lui son centre intellectuel ; sa patrie c’est le pays qui va de la Garonne à l’Océan et aux Pyrénées. […] Ses lumineuses évocations du pays natal ont la sincérité, l’éclat, le parfum. […] À l’ancienne quelquefois, notamment dans cette charmante pièce Le Pays, qui résonne comme d’un accent de la Pléiade.
Il est éloigné du pays où il a des tombeaux, et cette nostalgie peut troubler une âme plus forte que la sienne. La France est un pays tellement généreux que l’idée d’exil l’empêche de juger un homme littéraire, que cela l’attendrit, que cela l’arrête, même quand il ne s’agit, comme aujourd’hui, que de se prononcer sur un suicide en littérature ! […] On croit qu’une tragédie de M. de Jouy ferait du bien, et l’on est tenté de soutenir que, dans un pays où l’on écrit et où l’on admire de telles poésies, il n’est pas possible que La Fontaine ait existé ! […] Au lieu de parler la langue de son pays dans cette pureté d’accent qui est une patrie qu’on emporte avec soi, comme les Anciens emportaient leurs dieux, il pouvait parler une langue barbare : il était exilé !
« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux. […] L’échec du général Cavaignac au 10 décembre 1848 l’avait affligé sans l’étonner (disposition qui lui était devenue comme habituelle) ; cet échec, qui ne s’adressait, selon lui, qu’aux républicains de la veille, et qui prouvait seulement la répulsion du pays pour la république, n’avait à ses yeux qu’une signification négative.
Et puis une nouvelle culbute me paraît tellement inévitable, qu’il me paraît plus prudent de faire son paquet que de faire des livres. » Il était retourné à La Chesnaie au moment où il parlait ainsi, et il ne faisait pas plus grâce aux gens du pays qu’à ceux de Paris : « Je n’ai encore vu, Dieu merci, personne, si ce n’est un lièvre pour qui j’ai conservé beaucoup d’estime, car il s’en alla dès qu’il m’aperçut, sans chercher à entrer en conversation. C’est peut-être la plus raisonnable bête de tout le pays. » Puis, sautant d’une idée à l’autre : « La tranquillité dont on jouit ici est l’image la plus ressemblante du bonheur : on voit qu’elle est de la famille. […] Jamais je ne serais sorti de moi-même de mes éternelles irrésolutions ; mais Dieu m’avait préparé en ce pays le secours dont j’avais besoin ; sa Providence, par un enchaînement de grâces admirable, m’a conduit au terme où elle m’attendait ; pleine d’amour pour un enfant rebelle, pour le plus indigne des pécheurs, elle m’arrache à ma patrie, à ma famille, à mes amis, à ce fantôme de repos que je m’épuisais à poursuivre, et m’amène aux pieds de son ministre pour y confesser mes égarements et m’y déclarer ses volontés.
Après Leipsick, Jomini crut devoir se retirer du quartier général des Alliés ; il en demanda, dès Weimar, l’autorisation à l’empereur Alexandre, alléguant « que rien n’arrêterait plus les armées alliées jusqu’au Rhin ; que de deux choses l’une : ou que l’on ferait la paix, si l’on se contentait d’avoir assuré l’indépendance des puissances européennes ; ou que, si l’on continuait la guerre, on marcherait vers Paris ; que dans ce dernier cas il lui paraissait contre sa conscience d’assister à l’invasion d’un pays qu’il servait encore peu de mois auparavant. » Jomini estimait, à la fin de 1813, que l’invasion de la France serait pour les Alliés une beaucoup plus grosse affaire qu’elle ne le fut réellement : « J’avoue, écrivait-il en 1815, qu’aussitôt qu’il a été question d’attaquer le territoire français mon jugement politique et militaire n’a pas été exempt de prévention, et que j’ai cru qu’il existait un peu plus d’esprit national en France… Est-il besoin, ajoutait-il pour ceux qui lui en faisaient un reproche, de se justifier d’un sentiment de respect pour un Empire que l’on a bien servi et auquel on a vu faire de si grandes choses ? […] Le Suisse a cela de propre et de particulier de rester le même et de son pays à travers toutes les pérégrinations et les nationalités passagères. Qu’il aille en France, en Russie, qu’il entre au service des czars ou des rois, il reste Suisse au fond du cœur : la petite patrie, il ne l’abdique jamais au sein des empires, et au moment critique, à l’heure du péril, il se retrouve patriote suisse comme au premier jour, comme au jour du départ du pays natal, prêt à répondre à son appel et à le servir.
Il conservera à chaque personnage les marques de son individualité singulière, à chaque époque, à chaque pays les traits de leurs mœurs locales. […] Et ce sont aussi des pays de rêve, qu’il nous montre, c’est son rêve d’une Allemagne, d’une Italie, d’un xviiie siècle, d’une Renaissance, qu’il imagine tour à tour comme le milieu le plus en harmonie avec la disposition actuelle ou la crise récente de sa sensibilité. […] Ils ont dégoûté le public du « palais à volonté » où s’enferme une action abstraite, où des tirades pompeuses tombent lourdement de la bouche de personnages qui, en dépit de leurs noms, ne sont ni d’aucun temps ni d’aucun pays.
Le rieur a l’immense avantage d’être dispensé de fournir ses preuves : il peut, selon son humeur, déverser le ridicule sur ce qui lui plaît, et cela sans appel, dans les pays du moins où, comme en France, sa tyrannie est acceptée pour une autorité légitime. […] L’Allemagne a été durant un siècle le pays de la critique, et pourtant étaient-ce des hommes frivoles que Lessing, Kant, Hegel ? […] Ce sont là les vrais fondateurs de l’unité allemande ; du moment où toutes les parties de ce beau pays se sont retrouvées dans la langue, la gloire et le génie de ces grands hommes, elles ont senti le lien qui les unissait et elles ont dû tendre à le réaliser politiquement.
La coutume du pays lui permet de disposer de son bien, toute jeune qu’elle est ; elle a donc fait son testament en faveur d’une amie (Mme de Saint-Belin), et, au premier éclat qu’elle attend, elle est résolue de s’ensevelir dans un cloître. […] Selon lui, son séjour dans ce pays du Jura ne doit pas être aussi court qu’on le suppose ; le dessein de son père n’est pas d’abréger cet exil ; et lui-même il en est venu à renoncer à toute carrière d’ambition : Depuis que j’ai été à même et en état d’observer, les temps-ont été si difficiles, les circonstances si fâcheuses, l’esprit du gouvernement si bizarre, son despotisme à la fois si odieux et si insensé, que je me suis accoutumé à regarder la vie privée comme la place d’honneur3. […] Il avait écrit à M. de Malesherbes encore ministre, et qui allait cesser de l’être ; Malesherbes lui fit répondre qu’il n’avait qu’un dernier conseil à lui donner, c’était de passer en pays étranger, et de s’y faire une carrière.
Je me plonge dans un voyage au Zambèze, dans un voyage au milieu du pays des lions, là, où l’on en rencontre des troupes de trente, marchant à la queue-leu-leu. […] Maspero, lui, raconte la fin de Jacques, qui tombé malade, comme mineur, et recueilli par des naturels du pays, avait épousé une fille très belle, mais une vraie guanche, qui ne savait que monter à cheval. […] Arrivé dans la ville de Tcheou-Sou, avec des lettres de recommandation pour le mandarin qui lui faisait les honneurs des curiosités de la ville, il lui demandait d’être mis en rapport avec quelque femme galante de la localité, étant venu, lui disait-il, pour étudier les mœurs du pays.
Si bien que le congrès de janvier 1916 aboutit à une résolution générale extrêmement belle : « … Repoussant à nouveau le dangereux divisionnisme des Zimmerwaldiens et des Kienthaliens, le congrès national condamne comme antisocialiste toute thèse qui ne proclame pas hautement le droit de se défendre pour un pays attaqué. Il affirme que le devoir du socialisme international est de déterminer quel est le Gouvernement agresseur, afin de tourner contre lui l’effort de tous les prolétaires de tous les pays pour préserver les peuples du déchaînement ou de la durée de la guerre… » Dans ce congrès encore, il fut affirmé d’une façon irréprochable qu’il y aurait le plus grave danger pour le parti socialiste à se séparer de l’âme française. […] Lorsque vous vous battiez, même pour jouer, je vous ai toujours séparés et grondés, car la guerre est une chose affreuse que vous ne connaîtrez pas, je pense, parce que vous serez devenus tout à fait raisonnables, et les hommes des autres pays aussi, eux surtout.
A peine rentré dans son pays et rapatrié, il s’occupa à recueillir et à publier les pièces de vers des dernières saisons sous ce titre : La Coupe de l’Exil (1840). […] La poésie pour lui est ailleurs : elle a quitté les déserts, elle s’est transportée et répandue en tous lieux, en tous sujets ; elle se retrouve sous forme détournée et animée dans l’histoire, dans l’érudition, dans la critique, dans l’art appliqué à tout, dans la reconstruction vivante du passé, dans la conception des langues et des origines humaines, dans les perspectives mêmes de la science et de la civilisation future : elle a diminué d’autant dans sa source première, individuelle ; celle-ci n’est plus qu’un torrent solitaire, une cascade monotone, quand tout le pays alentour, au loin, est arrosé, fécondé et vivifié d’une eau courante, souterraine, universelle.
Accompagnée de ses deux enfants, la généreuse épouse va de commune en commune soulever la pitié et la justice publiques pour un homme aimé et honoré de tout le pays. […] Il est loyal ; il n’est point de fonctions publiques qu’il ne puisse remplir d’une manière utile pour son pays.
La Fontaine ne s’y ennuyait point, à ce qu’il paraît, car il y vécut jusqu’à trente-cinq ans sans souci, en bon bourgeois bien apparenté, qui a des fermes et pignon sur rue ; il jouait, aimait la table, lisait, faisait des vers, allait chez son ami Maucroix à Reims, y trouvait « bons vins et gentilles gauloises, friandes assez pour la bouche d’un roi. » De plus, il avait mainte affaire avec les dames du pays, même avec la lieutenante ; on en glosa ; il n’en devint pas plus sage. […] Il raconte à Mme de La Fontaine que son premier soin, en entrant dans un pays, est de s’enquérir des jolies femmes : « Je m’en fis nommer quelques-unes, à mon ordinaire. » Il entre dans une allée profonde et couverte, et explique (toujours à Mme de La Fontaine) « qu’il se plairait extrêmement à avoir en cet endroit une aventure amoureuse. » Il insiste pour plus de clarté (toujours dans une lettre à Mme de La Fontaine) : « Si Morphée m’eût amené la fille de l’hôte, je pense bien que je ne l’aurais pas renvoyée.
Je puis ajouter que la valeur de cet exercice a été depuis une vingtaine d’années de plus en plus reconnue dans les pays étrangers, en Europe et en Amérique, à mesure que nos professeurs l’ont démontré par leur pratique et en font comprendre la méthode et le but. Il ne serait pas excessif de dire que dans l’enseignement littéraire que beaucoup d’entre eux sont venus donner, en divers pays, l’explication des textes français a été pour les étrangers, professeurs et étudiants, la partie la plus neuve, la plus originale, et, au sentiment général, la plus féconde.
Lorsque ce prince épousa, en 1600, la Florentine Marie de Médicis, il voulut lui procurer en France les distractions de son pays. […] Cet empereur de la sourde Éthiopie avait une fille noire et sourde, comme toutes les habitantes du pays, mais plus belle cent fois que la plus blanche Allemande.
Sitôt qu’un pays s’agite, nous sommes portés à envisager son état comme fâcheux. S’il jouit au contraire d’un calme plat, nous disons, et cette fois avec plus de raison : ce pays s’ennuie.
Pour un droit, réclamez devant le pays. C’est donc au pays qu’il s’adresse.
Rien ne lui paroissoit au-dessus de ce beau pays de Féerie. […] Wachter se retira promptement dans le pays d’Hanovre, d’où il passa à Leipsic.
Vous sentez qu’il vous fait réfléchir, qu’il renouvelle en vous vos sensations et impressions de lecteur, qu’il éveille en vous des curiosités de lecteur, qu’en épousant ou en contrariant vos jugements, il fait que vous les révisez, à quoi sans doute votre goût s’exerce et s’affine ; qu’en vous dirigeant du côté de nouvelles lectures, il vous ouvre des pays nouveaux auxquels vous songiez vaguement, ou ne songiez point, et qui peuvent être d’une grande beauté on d’une étrangeté captivante. […] A lui, ce qu’on demande, au contraire, c’est sa pensée sur un auteur ou sur un ouvrage, sa pensée, soit qu’elle soit faite de principes ou qu’elle le soit d’émotions ; ce qu’on lui demande, ce n’est pas une carte du pays, ce sont des impressions de voyage ; ce qu’on lui dit, c’est : « Vous vous êtes rencontré avec M.
[Le Pays, 6 août 1856.] […] Mazarin est du pays des masques.