/ 3475
1322. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

. — Le Premier Livre de Lucrèce, traduction avec une préface (1866). — Les Solitudes (1869). — Impressions de la guerre, les Destins, la Révolte des fleurs (1873). — La France (1874). — Les Vaines Tendresses (1875). — La Justice (1878) […] Théophile Gautier Dans son premier volume, qui date de 1865 et qui porte le titre de : Stances et poèmes, les moindres pièces ont ce mérite d’être composées, d’avoir un commencement, un milieu et une fin, de tendre à un but, d’exprimer une idée précise… Dès les premières pages du livre, on rencontre une pièce charmante, d’une fraîcheur d’idée et d’une délicatesse d’exécution qu’on ne saurait trop louer et qui est comme la note caractéristique du poète : Le Vase brisé… C’est bien là, en effet, la poésie de M.  […] De plus, un vrai souci du rythme et de la rime éclatait partout dans le compact volume qui avait mis immédiatement hors de page l’auteur et ses livres suivants.

1323. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Il possédait, d’après l’inventaire, malheureusement trop laconique, qui fut dressé de ses livres après son décès, deux cent quarante volumes de comédies françaises, italiennes et espagnoles. […] Ainsi s’est fait ce livre. […] C’est encore Molière qui, dans un intermède du Malade imaginaire, lui a donné le plus grand rôle ; mais il n’est là qu’un prête-nom ; il ne fait que remplacer le Pédant, comme on le verra dans la suite de ce livre, et n’a point son caractère original.

1324. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

On lui procura jusqu’à douze mille livres de pension ; mais ses revenus ne lui suffisoient point. […] Le roi donna dix mille livres pour le faire imprimer avec de belles planches. […] Cet ami ne balança point, & lui envoya pour réponse un rondeau qui finit par ces vers : De ces rondeaux un livre tout nouveau A bien des gens n’a pas eu l’art de plaire : Mais, quant à moi, j’en trouve tout fort beau, Papier, dorure, images, caractère, Hormis les vers qu’il falloit laisser faire A la Fontaine.

1325. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

I Si les livres que l’on publie aujourd’hui sont, à bien peu d’exceptions près, des productions assez tristes et assez maussades, — comme, du reste, les gens malades, malsains ou mal faits le sont presque toujours, — la littérature, mère de ces livres, n’en vient pas moins d’écrire une des pages les plus gaies du siècle. […] Puisque nous sortons de Cabanis, qui a fait un livre de l’influence du physique sur le moral de l’homme ; puisque c’est la plus puissante inspiration du cerveau de ce temps qu’une bonne digestion stimulée ; puisque nous appliquons en grand la doctrine de Broussais, que l’homme tout entier n’est qu’un tube ouvert aux deux bouts, nous demandons le résultat cérébral du dîner et de la doctrine.

1326. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Ils voulaient que leur livre commun fût à la poésie ce que le Salon annuel est à la peinture. […] Son livre est un de leurs livres de chevet. […] J’ai lu dans un des derniers livres de M.  […] L’amour du livre, l’admiration des marbres et des toiles nous était une consolation quotidienne. […] Nous ajouterons les livres aux livres, les drames aux drames, et la renommée des meilleurs ne cessera pas de s’accroître.

1327. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumur, Louis (1860-1933) »

Bernard Lazare J’ai rarement lu livre plus terne, plus insipide que Lassitudes. […] Ajoutez à cela des prétentions généreuses à la sévérité moraliste et philosophique, et le livre vous apparaîtra tel qu’il m’est apparu : un fort mauvais recueil de mauvais vers.

1328. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lafargue, Marc (1876-1927) »

Je citerai particulièrement : La Maison, Vieux livres, le Jardin, Septembre, le Soir, etc. […] Mon cher Lafargue, vous ne savez pas combien votre petit livre nous a émus.

1329. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, André (1873-1949) »

Une enfance, une adolescence, les premières joies et les premières tristesses de la Chair, décrites en de successifs états d’âmes, d’une subtilité d’analyse et d’un art infinis, tel est ce livre d’où se dégagé un charme enveloppant et profondément émouvant, parce qu’il est fait de sincérité et que l’on sent, par-delà les musiques charmeuses des mots, passer un intense frisson de vie. […] J’ai beaucoup aimé les poèmes d’André Magre, je les ai souvent relus et, dans ma mémoire, le livre fermé, chantent encore ces strophes d’une si délicieuse mélancolie : Tu viens, je te connais, ne me dis pas ton nom ; L’ombre est chaude, il fait bon rêver de mois de femme.

1330. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Table des chapitres et des paragraphes Contenus dans ce premier Volume. » pp. -

Des Livres composés pour aider les Prédicateurs, 270 §.  […] Des Livres qui traitent de la Rhétorique.

1331. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Mme de Staël en a parlé dans un de ses livres. […] Si j’avais votre talent, je vous dirais : Faites brocher le livre de M.  […] Je m’occupe à présent à lire et à réfuter le livre de Burke contre les levellers français. […] Du reste, nous ne sommes pas du même avis sur les livres, et nous différons de principe. […] Ce livre n’a jamais paru.

1332. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Rigault, même en le renfermant dans les termes de la seule littérature, est un des plus heureux et des plus féconds que l’on pût choisir, et son travail est devenu un livre qui offre le tableau complet d’un des épisodes les plus curieux de l’histoire de l’esprit. Ce livre, dans sa forme actuelle où il n’y a plus marque de doctorat que par la science, est dédié à M. de Sacy, de même que la thèse latine l’était à M.  […] Mais des génies originaux, de puissants observateurs se sont mis à interroger et à sonder la nature ; ils ont laissé de côté les vieux livres et les explications creuses, ont considéré les faits en eux-mêmes et ont constaté les lois. […] Son livre est plus complet de la sorte et très riche de faits, de textes, de quantité de remarques ingénieuses ; mais peut-être a-t-il des lenteurs et de la plénitude, une densité trop continue, et en tout cas il se dessine moins nettement dans l’esprit après qu’on en a terminé la lecturei.

1333. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

« Quoique cet Ouvrage, dit un des* Panégyristes de Fénélon, semble écrit pour la jeunesse, & particuliérement pour un Prince, c’est pourtant le Livre de tous les âges & de tous les esprits. […] Son Livre des Maximes des Saints fut condamné par lui-même, aussi-tôt qu’il eut été condamné à Rome. […] Il vaut mieux , répondit-il à celui qui lui annonça l’incendie de sa Bibliotheque, il vaut mieux que le feu ait pris à mes livres, qu’à la chaumiere d’un pauvre Laboureur . […] Ce Soleil représente la Vérité foudroyant plusieurs Livres d’erreurs, parmi lesquels on en voir un intitulé : Maximes des Saints.

1334. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Le traducteur en vers du poëme de Pétrone sur la guerre civile, de la Veille des fêtes de Vénus *, du quatrième livre de l’Énéide, n’avoit encore exposé qu’en général ses idées. Bientôt il les développa dans une préface à la tête de ce même quatrième livre. […] par tel homme qui n’entend pas mieux le François que le Latin ; par tel rimailleur, le mépris & l’effroi des gens sensés ; par beaucoup de ces auteurs condamnés à subsister de leur plume, à enfanter livre sur livre, non pour l’honneur, mais pour le gain.

1335. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Le mal vient de plus loin ; il tient à quelque chose de plus profond qu’un manque de justesse et d’architecture : il tient à la conception historique de Castille, aux racines mêmes de l’homme et du livre, et c’est ce qu’il nous faut d’abord signaler. II Tout livre a sa philosophie, qu’il la taise ou la parle, la voile ou la montre, comme tout homme a sa métaphysique, même ceux qui méprisent le plus la métaphysique et qui croient le moins en avoir. […] C’est de la cacophonie philosophique et littéraire, et ce sont des fautes que, pour l’honneur de son livre, Castille est tenu de faire disparaître dans une nouvelle édition. […] C’est un peintre tapageur de coloris, plus qu’original, profond, nuancé et fondu, comme doit l’être un grand peintre, mais c’est un peintre, comme le prouvent certaines fresques de son livre, un peu galopées sur le mur, mais vivantes, et par exemple ce fameux repas des gardes du corps que je voudrais tout entier citer : « Le roi prêta sa magnifique salle du théâtre.

1336. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Voilà ce qui saute aux yeux tout d’abord dans Carlyle, et ce qui y sauta d’une si étrange manière lorsque son livre sur la Révolution française fut révélé à la France. […] Guizot, qui donnait le ton à cette époque, écrivait des livres raides et froids comme lui ; Guizot, le petit homme gris de style dans l’Histoire, comme dirait Carlyle lui-même, — mais qui ne disait pas : Moi, je m’en ris ! […] Au milieu de celles qui luttent dans son livre et qui s’y déchirent : cause royaliste, cause jacobine, cause religieuse ou cause athée, il ne choisit point ; il ne se range point ; il ne combat pas. […] Roche tout seul, — car ce singulier livre a la singularité de plus d’avoir changé de traducteur à chaque volume, ce qui prouve la difficulté de bien traduire Carlyle, — ce dernier volume commence en Septembre, à l’établissement de la Commune, jusqu’en Vendémiaire, aux mitraillades de Bonaparte, où finit, pour Carlyle, la Révolution.

1337. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Franchement, je m’en doutais bien un peu, à l’accent de ses admirables livres. […] Les livres que nous écrivons, moulent toujours un peu notre vie. […] Né avec les manières de sentir du génie, Balzac voulut de bonne heure mettre à l’abri des froissements d’une condition médiocre ces manières de sentir qui le faisaient ce qu’il était, — et une spéculation de librairie, qu’il avait rêvée comme il rêvait ses livres, n’ayant pas réussi, il fut obligé toute sa vie de traîner l’horrible boulet de la dette, dont il se jura de briser la chaîne, à force de volonté, et avec cette plume qui, dans sa main, fut la massue d’Hercule. […] Si, comme le disent nos Saints Livres, à nous autres chrétiens, Dieu nous a faits à son image, il semble qu’il ait mis plus de lui dans le cœur de l’homme que dans son intelligence, — et c’est pour cela que la Correspondance de Balzac touche, surtout, par les lettres du cœur qui y sont écrites.

1338. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Elle rappelle cette autre femme dont Alfred de Musset a dit : Elle faisait semblant de vivre ; De ses mains est tombé le livre Dans lequel elle n’a rien lu. […] et parmi ceux qui l’adorèrent, personne ne lui apprit à lire dans ce livre-là. […] Car, tel il était, cet homme si bien de race française, quoique sa famille fût réfugiée depuis trois siècles en Suisse et que trois cents ans de protestantisme l’eussent défrancisée, mais qui reparaissait française dans son dernier descendant, dans la personne de ce brillant esprit, de ce sceptique élégant du xviiie  siècle, qui a fait sur les Religions un livre bien français dans son insuffisance et dans sa légèreté religieuse ! […] L’homme résista, mais la force qui sert à aimer avec cette exclusion sublime, la force du cœur, en lui, n’existait plus… VI Ces cent soixante et une lettres, qui ne sont pas un livre, — qui ne sont pas de la littérature, — intéresseront au plus haut degré tous ceux qui, par compassion ou par mépris, prennent quelque souci de l’âme humaine… il y a là deux choses qui vont souffleter bien des esprits.

1339. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Jeune, vingt-trois ans à peine, l’âge à peu près de lord Byron quand il publia ses Heures de loisir, l’auteur du livre que voici nous le jette à la tête comme un défi, avec des airs qu’assurément lord Byron n’avait pas quand il débuta. […] Il y a évidemment, au fond des incroyables rodomontades, affectées ou vraies, qui commencent son livre ou le parti pris d’un jeune homme peut-être modeste, qui sait ? […] Inconséquent à tout quand il s’agit de Dieu, dédiant à Dieu son livre, dans une pose naïve de gladiateur enfant, au milieu du cirque de l’athéisme contemporain qui le nie de toutes parts, déiste d’un déisme involontaire et fatal, à travers lequel l’idée chrétienne coule, sans qu’il s’en doute peut-être, comme le sang dans la chair humaine ; déiste malgré lui, qui eût fait effacer à Bossuet sa phrase célèbre : « Le déisme n’est qu’un athéisme déguisé », voilà, en quelques mots, ce poète nouveau, à son début, qui lave les sottises de son esprit dans l’émotion de sa poésie, ce jouvenceau de vingt-trois ans qui s’en vient orgueilleusement demander à la Critique de l’égorger, si elle l’ose… et celle-ci, comme vous le voyez, ne l’égorge pas ! […] De poésie forte et dans un autre accent, nous n’avons vu surgir, et bien récemment encore, que le livre qui a monté tout à coup dans la renommée comme un faucon décapuchonné, écrit par cette femme étrange, par ce sphinx de génie terrible qui a proposé l’énigme de son sexe à la Critique, presque épouvantée de tant de virilité… Gustave Rousselot vient après madame Ackermann.

1340. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

I Ce livre de poésies inédites, recueillies, m’a-t-on dit, par la piété filiale, ne contient pas une seule ligne de renseignement et de prose sur le compte de la femme à qui nous les devons. […] Les Poésies qu’on vient de publier ne sont pas seulement un livre inédit qui a couru peut-être chance d’être oublié, c’est toute une Mme Valmore inédite et inconnue ! […] On comprend que la division de ce livre soit la division de son âme, étendue d’abord de l’amour à la famille, pour de là monter à la foi et redescendre aux enfants et enfin s’éparpiller dans l’indifférence des pièces diverses. […] En les prenant sans les choisir dans le recueil, et sans les rapporter au titre de chaque livre, les pièces que la Critique pourrait signaler sont nombreuses.

1341. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« Faites-nous des Lettres persanes », disaient les libraires à tous les auteurs, comme si ces livres-là se faisaient deux fois. […] On voit l’esprit général du livre et de l’auteur dans sa préface. […] « Je demande une grâce que je crains qu’on ne m’accorde pas : c’est de ne pas juger par la lecture d’un moment d’un travail de vingt années, d’approuver ou de condamner le livre entier, et non pas quelques phrases. […] Et d’abord je remarque, à l’ouverture même du livre, une vérité vieille comme le monde et hardie à force de vétusté. […] tout est faux dans ce début du livre, nom, principe et base.

1342. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Je ne crois pas que les jansénistes aient en rien contribué au perfectionnement de l’éloquence chrétienne : ils ont fait leur œuvre par la direction et par les livres. […] La Politique tirée de l’Écriture sainte est un livre solide, sensé, d’une réelle largeur de vues. […] Bossuet s’abandonne librement ici à ses facultés de poète : il écrit pour des femmes, en qui il veut redoubler la ferveur, en leur faisant sentir le charme puissant des Livres Saints. […] De 1688 à 1690, la cour de Rome condamna les livres quiélitistes parmi lesquels des ouvrages de Malaval et du P. […] Cf. le livre cité de Rébelliau.

1343. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

j’affirme qu’on ne saurait avoir une idée de ce que peut l’esprit humain déraillé des voies du bon sens si l’on n’a pratiqué ce livre unique. […] Ces livres ne renferment pas une ligne de bon sens, c’est le délire rédigé en style barbare et indéchiffrable. […] Avec des livres profondément insigni-fiants tels que le Livre d’Hénoch, le Testament des douze patriarches, le Testament de Salomon, et, en général, les apocryphes d’origine juive et chrétienne, les paraphrases chaldaïques, la Mischna, les livres deutérocanoniques, etc. […] D’un autre côté, les esprits superficiels se pâment en voyant des hommes sérieux s’amuser à traduire et commenter des livres informes qui, à nos yeux, ne seraient qu’absurdes et ridicules. […] On serait tenté de croire, au premier coup d’œil, que les peuples bretons n’ont pas de littérature, parce qu’il serait difficile de fournir un catalogue étendu de livres bretons réellement anciens et originaux.

1344. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

C’est ce qui manque un peu au livre exact de M.  […] Son ouvrage n’est pas seulement un livre d’histoire. […] Ses livres font penser. […] Coût : 2 280 livres. Son lit vaut quarante louis = 50 000 livres assignats.

1345. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Taine et de son livre, il s’en fasse une ? […] Paléologue, dans le meilleur chapitre de son livre, l’a définie après M.  […] Je l’espère pourtant ; et que le livre de M.  […] C’est l’utilité que nous avons trouvée pour notre part dans le livre de M.  […] Me permettra-t-on d’ajouter que presque tous les problèmes qu’ont soulevés Montesquieu et Rousseau étant encore pendants, leurs livres, qui sont de beaux livres, n’ont point ce quelque chose de définitif et d’achevé qui fait les livres vraiment classiques ?

1346. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il laisse faire la grosse besogne aux pauvres diables qui ne sont plus en charge, et qui n’ont d’autre ressource que celle de bien faire. » Ce qui n’empêche pas que Voltaire n’estime le livre des Considérations comme étant la production d’un honnête homme ; il en écrit à Palissot en ces termes, et n’oublie pas de s’en prévaloir ensuite auprès de Duclos. […] on ose, dans un sermon devant le roi, traiter de dangereux et d’impie un livre approuvé, muni d’un privilège du roi (l’Encyclopédie) ! […] À Milan il visite Beccaria, célèbre par son livre philanthropique Des délits et des peines : mais Duclos ne donne pas à l’aveugle dans ces nouveautés qui, poussées trop loin, tendent à désarmer la société et à énerver la justice. […] Voici quelques-unes des idées et des réserves de Duclos au sujet du livre de Beccaria, et dont il s’ouvre de vive voix à l’auteur même : Après lui avoir fait compliment sur le caractère d’humanité qui l’avait inspiré, je ne lui dissimulai point que je n’étais pas de son sentiment sur la conclusion qui tend à proscrire la peine de mort pour quelque crime que ce puisse être. […] Il avait de la fortune, il jouissait, tant en pensions qu’en rentes, de 30 000 livres de revenu, dit Petitot.

1347. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain. […] Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur. […] Les travaux critiques de Richard Simon sur l’Ancien et le Nouveau Testament, ses interprétations tout historiques et hardies sous forme littérale, et les explications philosophiques qui y étaient en germe, lui firent surtout pousser le cri d’alarme et l’occupèrent durant toutes ses dernières années : il travailla jusqu’au dernier moment à le réfuter, à le faire condamner, à faire supprimer ses livres par l’autorité ecclésiastique et séculière. […] On assure qu’en décembre 1702, en apprenant l’ordonnance de M. de Meaux contre son dernier livre (la traduction du Nouveau Testament, imprimée à Trévoux), Richard Simon disait : « Il faut le laisser mourir, il n’ira pas loin. » L’oratorien déjà philosophe semblait confesser par là qu’il ne reconnaissait et ne redoutait véritablement qu’un docteur, celui qui pouvait, le dernier, s’appeler un maître en Israël. […] Les livres du docteur Launoy ou ceux de Richard Simon devaient lui demeurer à peu près étrangers.

1348. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Ces sortes de petits jugements mesquins et faux, glissés au bas d’un texte, font tache dans un livre ; ils font injure au grand esprit qu’on a l’honneur d’introduire à l’étranger. […] « Je ne connais aucun livre plus riche en leçons que ces Mémoires ; par eux notre regard pénètre profondément dans les recoins les plus cachés de l’époque, et Mirabeau, ce miracle, devient un être naturel ; mais le héros ne perd rien cependant de sa grandeur. […] Lisant une des histoires quelconques de Napoléon qu’on publiait alors, il fait cette remarque, si justifiée depuis : « Le héros n’en est pas diminué ; au contraire, il grandit à mesure qu’il devient plus vrai. » Il essaye de lire Bourrienne, et le livre bientôt lui tombe des mains : « Cela », dit-il, « tiraille des brins à la frange et aux broderies du manteau impérial, déposé d’hier, et cela croit par là devenir quelque chose !  […] Le livre d’Eckermann est la meilleure biographie de Gœthe : celle de l’Anglais Lewes pour les faits, celle d’Eckermann pour le portrait du dedans et la physionomie. […] Hetzel, la pensée de Gœthe, par suite des coupures, semble plus concise, plus taillée : elle est ramenée à ce qu’on croit devoir être le style d’un livre.

1349. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Elle écrit comme on a écrit jusqu’à elle dans les bons livres ; elle y ajoute selon ce qu’elle sent, mais sans jamais détonner. […] Celle-ci, la fille de Genève, n’a rien hérité de Versailles, ni des élégances convenues, ni des élégances innées ni de Fonction, de la dévotion à la française et selon le cœur de Marie ; elle n’a jamais beaucoup lu, j’imagine, ni le Petit Carême de Massillon, ni Fénelon dans ses Lettres spirituelles, ni l’Introduction à la vie dévote ; elle n’a pas fait de l’Imitation son livre de chevet. Son livre, à elle, c’est la Bible, David et les Psaumes, puis la nature, cet autre livre de Dieu. […] Dans le discours que Victor Hugo me fit l’honneur de m’adresser, quand il me reçut il y a vingt ans à l’Académie dont il était alors directeur, il eut à parler de Port-Royal, des personnages célèbres qui s’y rattachaient, des solitaires, et il les montra « cherchant dans la création la glorification du Créateur, et l’œil fixé uniquement sur Dieu, méditant les livres sacrés et la nature éternelle, la Bible ouverte dans l’église et le soleil épanoui dans les cieux. » C’était magnifique, mais à côté ; la description ne se rapportait pas exactement même aux plus grands des Jansénistes, cœurs profonds, mais à l’œil étroit et qui n’osaient regarder en face, la nature ni le soleil.

1350. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

A ce livre de La Bruyère, qui semble avoir donné son cachet à leur esprit, ajoutez encore, si vous voulez, qu’elles ont lu dans leur jeunesse la Pluralité des Mondes et la Recherche de la Vérité. […] Mme de Staal était une personne vraie, et son livre est un livre vrai dans toute l’acception du mot : ce caractère y paraît empreint à chaque ligne. […] Et quel livre réussit mieux que celui de Mme de Staal à rendre exactement cette parfaite et souvent cruelle justesse d’observation, ce sentiment inexorable de la réalité ? […] Le livre obtint aussitôt un prodigieux succès.

1351. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Le livre par excellence que possèdent les Allemands, et qu’ils peuvent opposer aux chefs-d’œuvre des autres langues, c’est Werther. […] C’est à ces sortes de caractères que l’exemple du sort de Werther est utile ; c’est un livre qui rappelle à la vertu la nécessité de la raison57. […] Le vrai talent a peine à se reconnaître au milieu de cette foule innombrable de livres : il parvient à la fin, sans doute, à se distinguer ; mais le goût général se gâte de plus en plus par tant de lectures insipides, et les occupations littéraires elles-mêmes doivent finir par perdre de leur considération. […] Je n’ai point prétendu faire une analyse de tous les livres distingués qui composent une littérature ; j’ai voulu caractériser l’esprit général de chaque littérature dans ses rapports avec la religion, les mœurs et le gouvernement. Sans doute je n’ai pu traiter un tel sujet, sans citer beaucoup d’écrivains et beaucoup de livres ; mais c’était à l’appui de mes raisonnements que je présentais ces exemples, et non avec l’intention de juger et de discuter le mérite de chaque auteur, comme on pourrait le faire dans une bibliothèque universelle.

1352. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ils préparent les matériaux qui servent à écrire les beaux livres. […] Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté. […] III Ce livre nous fait aimer M.  […] Nous sommes revenus à l’absolue liberté, comme avant la Renaissance  Le réalisme, si en faveur à présent, est chose du moyen âge  Le roman est aujourd’hui une bonne moitié de la littérature, comme au moyen âge  Les épopées du moyen âge défrayent notre poésie et notre musique  La poésie personnelle et lyrique, ressuscitée de nos jours, est chose du moyen âge plus que de la Renaissance et a été presque inconnue des deux derniers siècles ; Musset est plus proche de Villon que Boileau  Le mysticisme, la préoccupation du surnaturel, l’espèce de sensualité triste dont sont pénétrés si curieusement, en plein âge scientifique, les livres de beaucoup de jeunes gens, ce sont encore choses du moyen âge ; Baudelaire est moins loin que Boileau de l’auteur du Mystère de Théophile. […] Cela prouve, du moins, qu’il y a non seulement de quoi s’instruire, mais de quoi songer, dans le livre de M. 

1353. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Je tâcherai, en parlant cette fois, devant tout le monde, d’un livre qui a rang parmi nos classiques, d’oublier ce que j’en ai écrit de trop particulier, et de me borner à ce qui peut intéresser la généralité des lecteurs. […] Mais bientôt les amis, ou les examinateurs et approbateurs du livre, s’alarmèrent de voir cette façon exclusive de procéder, et qui se trouvait ici en contradiction avec les Livres saints ; ils firent faire un carton avant la mise en vente ; ils adoucirent la phrase, et présentèrent l’idée de Pascal d’un air de précaution que le vigoureux écrivain ne prend jamais, même à l’égard de ses amis et de ses auxiliaires. […] Le livre de Pascal, dans l’état où il nous est venu, et dans la hardiesse ou le décousu des restitutions récentes, ne saurait être pour personne un livre d’apologétique exact et complet : ce ne peut être qu’une lecture ennoblissante, et qui reporte l’âme dans la sphère morale et religieuse d’où trop d’intérêts vulgaires la font déchoir aisément.

1354. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On apprend aussi dans ces écoles son catéchisme, c’est-àdire les premiers principes de sa religion, et l’on fait d’une pierre deux coups en se servant de ces livres pour y apprendre à lire. […] Ordinairement chaque professeur a un livre élémentaire imprimé qui sert de fondement à ses leçons, qu’il explique à ses auditeurs, et aux principes duquel il ramène toutes les digressions dont il se sert pour rendre les éléments de chaque science plus frappants et plus sensibles. On conçoit qu’un certain nombre de livres élémentaires, faits avec clarté et avec précision, est une des choses les plus désirables pour l’avancement des sciences et des lettres. […] Dans les facultés supérieures, il y a aussi plusieurs chaires ; dans la faculté théologique, il y en a pour l’explication des livres sacrés, pour l’étude des langues sacrées, pour la polémique ou controverse, pour l’histoire ecclésiastique etc., etc., etc. […] J’observe qu’il serait bon, dans ces Lese-Schreib und Rechen-Schulen, de pousser l’instruction plus loin qu’elle ne va communément en Allemagne, et d’y faire enseigner, par exemple, à ceux qui se destinent aux professions mécaniques et au commerce, la manière de tenir les livres en parties doubles, la science du change, et tout ce qu’il est bon, dans ces professions, de savoir pour y devenir plus habile en moins de temps.

1355. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mariéton, Paul (1862-1911) »

. — Le Livre de mélancolie (1896). — Une histoire d’amour (1897). — Jasmin (1898). […] Pourquoi alors ce titre : Le Livre de mélancolie, donné à un recueil de vers ?

1356. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

C’était le moment où Mme de Staël publiait son livre De l’influence des passions sur le bonheur. Elle était alors en Suisse, en grand désir de pouvoir revenir à Paris ; elle souhaitait qu’on y parlât d’elle et de son livre avec éloge et surtout avec bienveillance, de manière à lui rouvrir les voies du retour. […] Le temps ne viendra que trop tôt où mon livre sera le premier événement de ma vie. […] Dans le journal rouge 56 faites une analyse si vous m’en trouvez digne ; mais, s’il se peut, le lendemain du jour où vous recevrez cette lettre, louez-moi tout bonnement dans le journal qui a une véritable dictature sur l’opinion publique57 ; louez le livre de manière à empêcher de persécuter l’auteur. […] Cela est bon pour des hommes qui ont fini leur carrière, ou qui veulent faire des livres.

1357. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il dédie son livre à la mémoire de l’abbé Séguin, vieux prêtre, son directeur, mort l’année dernière à l’âge de quatre-vingt-quinze ans : « C’est pour obéir aux ordres du directeur de ma vie que j’ai écrit l’histoire de l’abbé de Rancé. […] Pellisson, lorsque celui-ci vint à la Trappe après sa conversion, non pas comme un bon livre, mais comme un livre fort propre et bien relié ; que dans les deux premières années de sa retraite, avant d’être religieux, il avoit voulu relire les poètes, mais que cela ne faisoit que rappeler ses anciennes idées, et qu’il y a dans cette lecture un poison subtil caché sous des fleurs qui est très-dangereux, et qu’enfin il avoit fallu quitter tout cela. » Quand vint la lutte sérieuse, Rancé, on le voit, n’hésita point ; le culte charmant résista peu en lui à cet endroit ; aussi il n’était que scoliaste et non poëte, il étouffa plus aisément sa colombe, qui n’était que celle d’Anacréon.  […] Qu’il suffise de dire que le respect des dignes adversaires eux-mêmes pour l’abbé de Rancé n’en subit aucune atteinte ; que Nicole, approuvé en cela par Arnauld, s’écriait qu’il se ferait plutôt couper le bras droit que d’écrire contre M. de la Trappe, et que Bossuet, souvent pris pour arbitre en ces querelles révérentes, ne parlait des écrits de Rancé, de ceux-là mêmes en apparence excessifs, que comme d’ouvrages où « toute la sainteté, toute la vigueur et toute la sévérité de l’ancienne discipline monastique est ramassée. » Ce fut Bossuet qui le contraignit à publier le livre de la Sainteté et des Devoirs de la Vie monastique ; lisant ce livre en manuscrit au retour de l’Assemblée de 1682 : « J’avoue, écrivait-il à Rancé, qu’en sortant des relâchements honteux et des ordures des casuistes, il me falloit consoler par ces idées célestes de la vie des solitaires et des cénobites. » Le style de Rancé, quand il ne s’agit pas d’une simple discussion dans laquelle il a hâte de couper court et d’en finir, ce qui lui arrive souvent, mais quand ce style s’applique comme ici à des traités de doctrine et d’édification, a de l’étendue et de la beauté : « Je ne vois rien, a dit un contemporain, de plus égal, de plus naturel, ni de plus fleuri. […] » En vain, au début du livre, par manière de prélude, il se disait en une de ces paroles, telles que seul il les sut trouver : « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. » À deux pas de là, il oubliait cette vieillesse que les dieux de la Grèce ne connaissaient pas, ou il ne s’en souvenait que pour s’écrier : « Ô Rome ! […] » Ce saint qui ne retourne jamais la tête, qui la cache sous le froc et sous la cendre, qui s’abîme, qui s’humilie et s’accuse, mais à qui il n’échappe jamais une confidence ni un aveu, il le contemple, il l’admire par moments, il ne peut se décider à l’aimer : « Tel fut Rancé, dit-il en finissant ; cette vie ne satisfait pas : il y manque le printemps… » Et encore, parlant de la Correspondance de Rancé et de ses Lettres de piété, dont la monotonie est frappante, il a écrit ces pages qu’on nous pardonnera de tirer du milieu du livre, pour les offrir ici, à demi profanes, dans leur vérité durable et dans tout leur charme attristé ; on n’ira pas bien avant sans avoir retrouvé la touche immortelle, incomparable :  « Rancé a écrit prodigieusement de lettres.

1358. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Le reste, eût-il des qualités très grandes, peut être négligé sans dommage… Pourquoi les romanciers ne savent-ils pas d’avance quels livres seront leurs chefs-d’œuvre, afin de n’écrire que ceux-là ? […] Nulle communication avec le dehors ; les livres du siècle ne vous parviennent qu’en petit nombre, résumés et réfutés. […] Et il pourrait fort bien être édifié par endroits, car rien dans ces livres ne laisse voir que l’auteur n’est plus un croyant, si ce n’est l’exactitude et la franchise de l’observation. […] La Sévéraguette, la Courbezonne et le curé sont délicieux ; le livre est par endroits tout parfumé de prière et tout embaumé de charité, et cela n’a rien de fade et cela fait songer au Vicaire de Vakefield : mais ce clergyman n’est qu’un très digne homme ; l’abbé Courbezon est un prêtre et un saint. […] … Mon oncle continua, scandant chaque mot : — Ce n’est pas mon miroir à barbe seulement que je lui prêtais, mais aussi mes rasoirs, ma savonnette, mon plat et souvent mes livres.

1359. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Laissez-moi donc vous parler librement et respectueusement du dernier livre lyrique de Victor Hugo. […] Tout cela fait sept cordes (à la vérité, il serait difficile de les nommer avec précision ; il semble pourtant que les sept livres que nous venons de parcourir pourraient s’intituler : Humanité, Nature, Philosophie, Art, Foyer, Amour, Fantaisie). […] Et si son nom est encore livré aux vaines disputes des hommes, s’il est malaisé de déterminer l’étendue et les limites de son génie, c’est peut-être que son cas ressemble assez à celui de Ronsard ; c’est que son œuvre n’est pas toute dans ses livres ; c’est qu’il a eu (non pas seul, mais plus qu’aucun autre) la gloire de rajeunir l’imagination d’un siècle et de renouveler une langue, et que, par conséquent, nous ne pouvons pas savoir au juste ce que nous lui devons… Pourquoi lui ? […] Pour qui ses livres sont-ils vraiment des livres de chevet  si ce n’est pour quelques disciples d’une génération antérieure à la nôtre ? […] Je trouve un sentiment de pitié et d’amour autrement sincère et profond dans les livres de Michelet, et une bonté autrement large et sereine dans les candides romans socialistes de la bonne George Sand.

1360. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Bernard Lazare dont on connaît la prose correcte et bien nombrée ; c’est aussi qu’il s’est préoccupé surtout de l’élément objectif de son œuvre ; de livre en livre, il en a précisé la forme plutôt que renouvelé l’esprit29. […] Tels de ses vers s’appuient sur des souvenirs de la mythologie antique et, ranimant des sylvains et des hippocentaures qui n’ont rien de commun avec les croyances et les traditions de nos races, dénoncent ainsi la main du littérateur, le souvenir d’études faites, de choses prises dans les livres. […] Certes, les livres de M.  […] Vielé-Griffin et M. de Régnier prouvent par leurs livres qu’ils pensent bien ainsi. […] Il s’agit, bien entendu, des livres les plus récents (Joies, les Cygnes et la Chevauchée) comme à tous les endroits où je ne cite pas expressément les autres ; car il y a dans Ancæus, par exemple, la préoccupation de coordonner les formes et de les assembler, avec le vers lui-même, en une solide structure.

1361. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Nous avons, pour nous consoler, les fleurs, la musique et les livres. […] » Le livre s’orne d’un frontispice de Félicien Rops : une femme hiératique soupèse l’enfant amour, qu’elle respire comme une proie, au milieu d’un paysage stylisé d’arbres, de fleurs et d’ibis. […] Il n’y a plus à craindre chez les plus passionnés que l’amour les livre aux coups de tête et aux folies. […] « Tout le long du livre, écrit Jules Tellier sur un ton un peu trop irrespectueux à l’endroit d’un noble poète dont il eût dû apprécier mieux que personne le tour purement académique, M.  […] Qu’importe un livre qui ne sait pas nous transporter au-delà de tous les livres.

1362. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Tel a caché ses livres dans le creux d’un arbre ; un autre apprend par cœur une épître ou un évangile, afin de pouvoir y penser tout bas, même en présence des dénonciateurs. […] L’Angleterre avait son livre. « Quiconque pouvait acheter le livre, dit Strype, ou le lisait assidûment, ou se le faisait lire par d’autres, et plusieurs personnes d’âge apprirent à lire pour cet objet. » Des pauvres, le dimanche, se rassemblaient au bas de l’église pour le lire. […] Songez qu’ils n’ont point d’autres livres, que leur esprit est vierge, que toute impression y fera un sillon, que la monotonie de la vie machinale les livre tout entiers aux émotions neuves, qu’ils ouvrent ce livre non pour se distraire, mais pour y chercher leur sentence de vie et de mort ; enfin que l’imagination sombre et passionnée de la race les exhausse au niveau des grandeurs et des terreurs qui vont passer sous leurs yeux. […] On n’a jamais vu de peuple qui se soit imbu si profondément d’un livre étranger, qui l’ait fait ainsi pénétrer dans ses mœurs et dans ses écrits, dans son imagination et dans son langage. […] Il les écrit : c’est là son livre.

1363. (1929) Amiel ou la part du rêve

Mais Anatole France appelle le livre l’opium de l’Occident. […] Plus tard il écrira que de toute la littérature genevoise l’Allemagne est le livre qu’il aimerait le mieux avoir écrit. […] Je me suis vu en relation avec les choses, avec les livres, avec parents, sœurs, camarades, amis. […] Au grand dépit d’Amiel, il ne répondait même pas à l’envoi de ses livres. […] Il habite sous les toits un vaste appartement où il y a toute la place pour ses milliers de livres.

1364. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delarue-Mardrus, Lucie (1874-1945) »

Tristan Klingsor Voici d’une femme, chose rare, un livre de beaux vers. […] Mais il ne faut point chercher en son livre seulement de fières paroles selon

1365. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nolhac, Pierre de (1859-1936) »

Frédéric Plessis Peu soucieux de la publicité, il n’a encore fait imprimer de vers que ses Paysages d’Auvergne (1888), petit livre destiné aux seuls amis. […] Par ce que nous avons déjà dit des premières aptitudes de l’auteur, de son éducation, de son séjour au-delà des Alpes, on voit que ce livre renferme, à tous les points de vue, une condensation bien complète.

1366. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raymond, Louis (1869-1928) »

. — Le Livre d’heures du souvenir (1896). — Sur les chemins au crépuscule (1899). […] Dans l’Automne du cœur et le Livre d’heures du souvenir qui révélaient l’âme tendre du poète, nous avions aimé une mélancolie douce que paraît la délicatesse du verbe.

1367. (1894) Propos de littérature « Bibliographie » pp. 144-146

Bibliographie Henri de Régnier Les lendemains, vers, (livre édité en 1885). Apaisement, vers, (livre édité en 1886).

1368. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 419-420

On est dispensé de s’étendre sur le mérite de son Livre, intitulé, les Erreurs de M. de Voltaire. […] A l’excellent Livre dont nous venons de parler, M. l’Abbé Nonote en a fait succéder un autre également estimable & dans son motif & dans la maniere dont il est traité ; tel est le Dictionnaire anti-philosophique.

1369. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Bug-Jargal » (1826-1832) — Préface de 1826 »

Ce sont les événements qui se sont arrangés pour le livre, et non le livre pour les événements.

1370. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Il a accompli de son propre ciseau cette sorte de transfiguration et d’apothéose de soi-même dans la pièce fort belle qui termine et couronne son œuvre dernière, le livre des Destinées, et qui a pour titre l’Esprit pur. […] De ses souvenirs de sa vie de soldat et des problèmes qu’il y rattachait, sortit ce livre de Grandeur et Servitude militaires, un noble livre, tout plein de choses fières, fines, maniérées et charmantes, où il sculpta d’un ciseau coquet et qu’il croyait sévère la statue de l’Honneur, le dernier dieu qu’il eût aimé à voir debout et respecté au milieu des ruines. […] C’est ainsi, pour prendre un exemple saillant et qui se rapporte à un autre de ses livres, que sur André Chénier et sur sa prison à Saint-Lazare, tout le récit qu’on lui en avait fait se transforma. […] Lui, il était resté sous le coup d’un triomphe unique ; il y avait mis son signet et avait fermé le livre, ne le rouvrant plus jamais qu’à la même place et se donnant mille prétextes pour ne pas continuer et récidiver. […] Danton disait : « Je suis saoul des hommes. » Samson, à sa manière, le dit des femmes ; il a trouvé la femme « plus amère que la mort. » Il s’abandonne, de guerre lasse, à sa destinée, et Dalila le livre.

1371. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Un beau jour, demain peut-être, sera établi un grand livre de la dette de la toilette publique. […] Les émotions sont contraires à la gestation des livres. […] Mettez à côté les livres remarquables des jeunes gens depuis 1848. […] Lorsque Louis Napoléon était à Ham, écrivant des livres en littérateur d’occasion, il envoyait sa copie pour être revue à Mme Cornu. […] * * * — On parlait au café d’un journaliste bien connu, et je ne sais qui racontait qu’aussitôt que quelqu’un entrait un peu dans son intimité, le journaliste le couchait sur un livre, un vrai livre de banquier, avec d’un côté la recette, de l’autre la dépense, et au premier service qu’il lui rendait, marquait un chiffre à la dépense, et si l’autre ripostait, marquait un point à la recette : faisant la balance, tous les mois, pour que son amitié fût toujours à la tête d’un actif considérable.

1372. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Ce poème n’a pas toujours fait partie de la Bible proprement dite ; il a été ensuite recueilli dans le livre sacré ; il lui est peut-être antérieur, et il en est indépendant. […] Nous sommes convaincu (sans pouvoir le démontrer ni l’expliquer) qu’au lieu du progrès indéfini et continu il y a eu une déchéance, une éclipse de Dieu sur l’homme, un Éden perdu, comme disent ces livres sacrés partout. […] Un de nos principaux arguments contre le progrès indéfini et continu de l’esprit humain, un de nos principaux monuments ou témoignages d’une condition intellectuelle et morale de l’homme primitif supérieure à notre condition présente, c’est précisément ce livre mystérieux de Job. […] En contradiction avec le système des philosophes du progrès continu et indéfini, il est certain que, plus on remonte de civilisation en civilisation, de livres en livres, de traditions religieuses en traditions religieuses, vers cette profondeur inconnue des temps qu’on appelle les temps antédiluviens, plus on entrevoit de lueurs divines ou de crépuscules d’aurore lumineuse dans l’esprit humain. […] Si quelque livre a peint spécialement la poésie du vieillard, le découragement, l’amertume, l’ironie, le reproche, la plainte, l’impiété, le silence, la prostration, puis la résignation, cette impuissance qui se change forcément en vertu, puis la consolation qui relève par la piété divine l’esprit abattu, c’est bien évidemment ce livre de Job, ce dialogue avec soi-même, avec ses amis, avec Dieu, ce Platon lyrique du désert.

1373. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIV » pp. 95-96

Théodore Burette avait écrit à Eugène Sue une lettre, reproduire en tête de la seconde édition des Mystères de Paris, dans laquelle il disait : « Toutes ces atrocités, toutes ces misères, dont vous vous êtes fait l’historien-poëte, ont frappé nos législateurs ; et si Jean-Jacques Rousseau a mis en baisse le lait des nourrices, vous mettrez en hausse les lois les plus simples de la justice et de l’humanité… Si l’on crée des charges d’avocat du pauvre, à bon droit vous devez être bâtonnier. » — La Démocratie pacifique ajoutait à cette lettre en la reproduisant : « Nous voyons avec plaisir un professeur de l’Université prendre honorablement la défense du livre de M. Eugène Sue, livre inspiré par l’amour du peuple, par l’intelligence des vrais intérêts démocratiques. »

1374. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gide, André (1869-1951) »

Remy de Gourmont Il y a un certain plaisir à ne pas s’être trompé au premier jugement porté sur le premier livre d’un inconnu, maintenant que M.  […] [Le Livre des masques, 1re série (1896).]

1375. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Joncières, Léonce de »

Il en eut beaucoup, et surtout celui de Leconte de Lisle ; aussi, dans sa reconnaissance, a-t-il dédié son livre à l’illustre mort. […] Sans lui avoir rien emprunté, M. de Joncières a quelque chose de Théophile Gautier, et il est telle pièce, l’Islam, par exemple, qui pourrait, sans désavantage, prendre place dans le charmant petit livre célèbre sous le titre d’Émaux et camées.

1376. (1894) Propos de littérature « Introduction » pp. 9-10

Les œuvres des deux poètes que j’ai choisis me serviront plutôt à rendre plus claire l’expression de certaines idées qui me hantent et à illustrer quelques réflexions sur la philosophie dans l’art, sur la méthode, la forme et la technique de ceux que l’on a appelés les Symbolistes ; en analysant ce que contiennent la Chevauchée d’Yeldis et les Poèmes anciens et romanesques, par exemple, je voudrais arriver à établir indirectement le compte de doit et avoir d’une génération dont ces livres indiquent assez complètement, dans les limites de l’art, les tendances diverses. […] Frères par l’amitié, MM. de Régnier et Vielé-Griffin le sont aussi par leurs écrits, mais à cause de leurs différences mêmes, — en ce sens spécial que l’un complète l’autre à merveille et que leurs livres réunis donneraient l’idée presque parfaite de la poésie nouvelle.

1377. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 374-375

Son Livre de Recherches des Recherches d’Etienne Pasquier, peut être regardé comme les archives, où l’Auteur de la Défense de mon Oncle a puisé les injures qu’il a prodiguées à tant d’Ecrivains. […] D’un veau la chair est bonne bouillie, la chair est bonne rôtie, de sa peau on en couvre des Livres ; mais la tienne, méchant, n’est bonne qu’à être grillée ; aussi le seras-tu demain : tu t’es moqué des Moines, & les Moines se moqueront de toi. »

1378. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 113-114

Fevret de Fontette, qui a beaucoup augmenté cet Ouvrage, & y a joint des Notices, des Extraits, des Analyses, quelquefois même des jugemens assez exacts sur un grand nombre de Livres peu connus. […] Malebranche lui reprochoit quelquefois les mouvemens qu’il se donnoit pour découvrir un titre de Livre, une date, ou quelque autre minutie.

1379. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

M. de Valois répandit un jour lumineux sur tous ces objets, en quoi il s'est rendu plus utile qu'une foule d'autres Compilateurs qui ont augmenté le nombre des Livres, sans augmenté celui des connoissances. […] « Quand il avoit communiqué à quelqu'un la moindre chose concernant les Belles-Lettres ou quelque autre Science, il vouloit non seulement qu'on lui en fût gré, mais même qu'on lui en témoignât une reconnoissance publique dans les Livres qu'on publioit, & qu'on le fît toujours avec de grands éloges….

1380. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

Argument Ce livre n’est qu’un appendice du précédent. […] La plupart des observations philosophiques rentrent dans ce qui a été dit au second livre, sur l’origine de la poésie.

1381. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Or, cette assurance, le livre de M.  […] Ce livre vous apprendra pas mal de petites choses. […] Tandis qu’il lit un livre, il pense, pourrait-on dire, à tous les livres qui ont été écrits, depuis le commencement du monde. […] Pourtant les deux livres seraient chrétiens. […] ), des livres que M. 

1382. (1911) Nos directions

Avec son livre, Ghéon apporte une contribution limitée mais décisive à cette entreprise. […] Ne les avez-vous jamais vus prendre forme, se détacher du livre et de l’auteur ? […] Masson-Forestier… Et quelle passion dans leurs livres ! […] Vielé-Griffin dans son livre de Joies ? […] C’est la tare profonde de leur petit livre, par ailleurs si ingénieux et délicat.

1383. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Le poëte à la fin du second livre, fait un dénombrement des chefs et des troupes, qui me paroît plus exact qu’ingénieux, et plus utile pour la suite, qu’agréable en lui-même. […] Diroit-on qu’Homere donnant ses livres les uns après les autres, ou que le poëme ne se lisant pas de suite, il a crû devoir pour la clarté, rappeller dans un livre des choses déja dites en d’autres, et qui pouvoient n’être plus assez présentes pour l’intelligence du sujet ? Mais souvent ces répétitions sont dans le même livre et quelquefois dans la même page. […] Au neuviéme livre, il tient le même discours aux chefs de l’armée dans le dessein sérieux de les disposer à fuir en effet. […] On en a trouvé en effet plus de vingt dans les trois premieres pages d’un livre estimé généralement pour le style.

1384. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

» Or, si un livre si rempli de Divinité faisait cette impression sur Beyle, quelle impression n’avait-il pas dû faire sur moi ? […] Ce livre ne me plut pas, malgré les belles pages dont il est rempli. C’était, selon moi, un livre à deux fins. […] Je n’ai pas été assez franc ; j’en ai été puni par l’insuccès du livre qui n’était qu’à moitié vrai ; j’étais alors bien plus amoureux que pieux. […] La nature, qu’on ne trompe pas, le découvre, et la main rejette le livre qui veut tromper le lecteur !

1385. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Le grand poète lyrique, à cet âge de calme et de mélancolique puissance, s’il se dérobe un instant aux obsessions des affaires et du monde pour remettre le pied dans ses solitudes, sent donc aussitôt et à chaque pas déborder en lui des chants involontaires ; il les livre comme la nature fait ses germes, il ne les compte plus. […] Quelques livres heureux, qui commencent à s’user, ont eu le doux honneur d’une longue popularité dans la famille : Télémaque, Robinson, Paul et Virginie. […] Pourquoi Jocelyn ne serait-il pas à son tour un de ces livres populaires dans la famille ? […] Quant au vicaire (curate), il est admirable et touchant de vérité naïve : sa science dans les classiques grecs ; sa pauvreté, la maladie de sa femme ; ses quatre filles si belles et si pieuses, ses cinq fils qui s’affligent avec lui ; ce mémoire de marchand, entre deux feuillets, qui le vient troubler au milieu du livre grec qu’il commentait dans l’oubli de ses maux ; sa joie simple, triomphante, un matin qu’il a lu au réveil et qu’il annonce à sa famille qu’une société littéraire (il le tient de bonne source) se fonde enfin, pour publier les livres des auteurs pauvres ; toutes ces petites scènes successives composent un ensemble fini qui ne peut être que de Wilkie ou de Crabbe. […] S’il y perd quelque chose en confection, en fini, il y gagne en aisance, en largeur d’ensemble, et le petit détail, même quand il s’y livre, n’a jamais chez lui le prenez-y garde de la miniature.

1386. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

    Le livre de MM. Soubies et Malherbe est surtout un livre de vulgarisation Wagnérienne. […] Mais, par là même, il est excellemment un livre utile et précieux. […] Ce livre est, en somme, comme un excellent feuilleton, en quinze numéros, sur l’œuvre de Wagner. […] On se reportera pour plus de précisions sur ces événements au livre de Martine Kahane et Nicole Wild : Wagner et la France, Herscher, 1983.

1387. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Sauve maintenant ta tête des rets de Hel (ou Hella, divinité de la mort infernale), et livre moi la flamme des eaux, l’or brillant … » Andvari livre l’or ; il lui restait un anneau, Loke le lui enlève de force. […] Dans un Avant-Propos, l’auteur explique qu’il a voulu faire un livre d’histoire, non un livre de combat. […] Fantin-Latour ornent encore le livre. […] Jullien déclare qu’il veut « raconter la vie de Wagner, juger ses actes et ses œuvres … » Ainsi ce livre, qui eût pu être un précieux et unique recueil de documents, devient un exposé d’opinions personnelles. […] 3° Bibliographie — Analyse d’un livre très intéressant du Dr Thode sur Saint François d’Assise et les origines de la Renaissance en Italie » (Berlin, Grote 1885).

1388. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

Coolus, sa virtuosité à se jouer des complexités du vers libre, la richesse étonnante de son vocabulaire, font de ce livre un divertissement exquis pour les délicats ; peut-être la recherche est-elle quelquefois trop sensible, peut-être M. Coolus paraît-il s’étourdir lui-même au cliquetis de ses mots ; son livre n’en reste pas moins dans l’ensemble plein de distinction et de charme.

1389. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rameau, Jean (1859-1942) »

Philippe Gille Un vrai poète, Jean Rameau, vient de publier la Chanson des étoiles, un de ses plus beaux livres. […] Philippe Gille Dans le Satyre, que Jean Rameau vient de publier, je trouve un peu de tout, et surtout de la poésie, bien que le livre soit un roman écrit en vile prose.

1390. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 337-339

C’est un pauvre imbécille qui a fait un Livre en deux volumes contre les Philosophes ; Livre que personne ne connoît ni ne connoîtra ».

1391. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il se livra à l’étude ; pendant deux années, il lut toutes sortes de livres ; il s’appliqua avec suite aux mathématiques : « J’ai conçu beaucoup de choses dans cette science, disait-il, mais je n’ai pas une tête à calcul, et ma santé est trop faible pour supporter l’extrême contention qu’exige cette étude. » Il se considérait dès lors comme un solitaire un peu cacochyme, que son organisation éloigne de la vie active et des affaires, et qui est plutôt fait pour se replier et se renfermer au dedans. […] C’est une vraie misère de vivre sur la terre. » Il a besoin d’un secours extérieur encore, mais, cette fois, de ce secours invisible qui opère par la grâce et moyennant le canal de la prière. « La plus fâcheuse des dispositions, dit-il, est celle de l’homme qui, se méfiant de lui-même au plus haut degré, ne s’appuie pas sur une force supérieure et ne se livre à aucune inspiration ; il est condamné à être nul aux yeux des hommes comme à ses propres yeux. » Il connaissait bien cet homme-là. […] On a l’aperçu de ce livre, qui est moins un livre de philosophie qu’une peinture morale, livre de naïveté et de bonne foi, nullement d’orgueil, d’où il résulte qu’un homme de plus, et de ceux qui sont le plus dignes de mémoire, est bien connu ; livre à mettre dans une bibliothèque intérieure à côté et à la suite des Pensées de Pascal, des Lettres spirituelles de Fénelon, de L’Homme de désir par Saint-Martin, et de quelques autres élixirs de l’âme.

1392. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Quoique à l’âge où l’on se livre aisément, Vauvenargues ne disait pas tout sur lui-même ; il se réservait. « Je n’ai jamais osé ouvrir mon cœur à personne tant que j’ai vécu ; vous êtes le premier à qui j’aie avoué mon ambition, et qui m’ayez pardonné ma mauvaise fortune. » C’est dans un dialogue des morts qu’il fait dire cela à Brutus par un jeune homme qui lui-même s’est tué, et ce jeune homme, à bien des égards, c’est lui. […] Il est vrai qu’on se fait une réputation et qu’elle impose au grand nombre, mais c’est l’acheter chèrement, et il est encore plus pénible de la soutenir ; et, quand il n’y aurait d’autre désagrément que de lire tous les mauvais livres qui s’impriment, afin d’en pouvoir raisonner, et d’entendre tous les jours de sottes discussions, ce serait encore trop pour moi… Il me serait fort agréable d’avoir de la réputation, si elle venait me chercher ; mais il est trop fatigant de courir après elle, et trop peu flatteur de l’atteindre, lorsqu’elle coûte tant de soins. […] Il se remet cependant presque aussitôt, et il proteste à Mirabeau qu’il n’est pas si homme de livres que son ami se le figure : Je ne passe point ma vie sur les livres, comme vous avez la bonté de le croire pour justifier ma retraite. […] Toutefois, sur cette protestation de son peu d’étude et de lecture, Mirabeau n’est pas dupe et n’est crédule qu’à demi : « Vous ne lisez point, me dites-vous, et vous me citez tous les mots remarquables de nos maîtres ; cela me rappelle Montaigne qui soutient partout qu’il craint d’oublier son nom tant il a peu de mémoire, et nous cite dans son livre toutes les sentences des anciens. » — S’il convie son ami à s’ouvrir à lui, il lui donne largement l’exemple et ne se fait pas faute de se déclarer. […] Pour moi, plus fondé dans mes principes, quoique aussi détraqué dans mes actions, je suis mes plaisirs, je les cours, je me livre à leur léthargie et en sors par le mouvement.

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il y a des livres plus agréables que ce Journal de d’Argenson, il n’en est guère de plus instructif pour qui sait bien lire. […] L’auteur du nouveau journal, très bien placé pour voir et pour savoir, n’est presque pas un auteur ; il ne pense pas du tout à faire un livre, mais à se satisfaire, à se soulager, à se rendre compte de l’état présent et de la circonstance qui l’obsède, à donner jour à ses vues, à ses espérances, à ses boutades. […] Voulant étudier l’ancien régime et y pénétrer jusqu’au cœur pendant les deux siècles qui ont précédé la Révolution française, un homme éminent et regrettable à tant de titres, M. de Tocqueville disait : « Pour y parvenir, je n’ai pas seulement relu les livres célèbres que le xviiie  siècle a produits ; j’ai voulu étudier beaucoup d’ouvrages moins connus et moins dignes de l’être, mais qui, composés avec peu d’art, trahissent encore mieux peut-être les vrais instincts du temps. » Le Journal de d’Argenson est un de ces ouvrages que devait rechercher M. de Tocqueville ; l’art y est aussi absent qu’on peut le désirer, l’instinct y respire. […] [NdA] C’est M. de Tocqueville qui a cru faire cette découverte dans son livre de L’Ancien Régime et la Révolution ; si c’en est une, M.  […] [NdA] Je le définis ainsi d’après son livre même, qui est déjà un symptôme des temps (1743), et qui parut dans l’intervalle qui sépare le publications de l’abbé de Saint-Pierre du Contrat social de Jean-Jacques ; livre tout logique, tout de raison ou de raisonnement, qui procède par principes et conséquences, ne tient nul compte des faits existants ni des précédents historiques, et pousse l’idée jusqu’à son dernier terme sans faire grâce d’un seul chaînon.

1394. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

La citoyenne Boufflers donne un cheval à la nation. » En 1793, 21 mai, dans l’État de la recette faite par le citoyen Rouvaux, secrétaire greffier provisoire, sur la liste des secours offerts pour l’expédition de la Vendée, on trouve la citoyenne Boufflers mère portée pour 200 livres, et sa belle-fille pour 100 livres. […] « Cette démarche a donné une bonne opinion du Comité d’Auteuil. » Les dons civiques continuent : le 12 brumaire an II (2 novembre 1793), la citoyenne Boufflers, avec sa bru, donne 100 livres, pour repas au détachement de l’armée révolutionnaire ; le 14 du même mois de novembre, elle faisait un don d’argenterie de plus de 90 livres. […] 4° Avant et en 1789, son revenu était, charges déduites, de 41,200 livres ; aujourd’hui net, 28,604 livres.

1395. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Entre eux s’opère un va-et-vient perpétuel d’hommes, de livres, de journaux. […] Remarque non moins importante : c’est peu de savoir qu’un livre a été traduit à telle date, si l’on ne se demande comment il a été traduit. […]   Quand on a relevé les points de contact établis, soit par les hommes, soit par les livres, entre une nation et celles qui l’environnent, on n’a rempli qu’une moitié de sa tâche. […] Les sujets traités, les théories soutenues, les conclusions exprimées ou suggérées, en un mot, l’âme même des livres, se transforment alors en bien ou en mal. […] On peut en voir le détail dans le livre de M. 

1396. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Flammarion182 : le portrait d’un philosophe savant, humble, obscur et solitaire qu’il a opposé au livre des Méditations chrétiennes de M.  […] Ajasson de Grandsagne ajoute avec le plus grand sérieux : “On dirait d’un de ces livres découverts par l’infatigable Maï sous les dévotes ratures des palimpsestes.” […] M. de Pongerville nous est personnellement inconnu ; et son livre, grâces à Dieu, nous l’était encore jusqu’à ces derniers temps. […] Sainte-Beuve l’avait fait copier peu de mois avant sa mort, voulant le réimprimer dans un de ses livres, comme il a déjà fait pour d’autres articles de sa jeunesse au Globe et au National ; il en a introduit quelques-uns dans cette dernière édition des Portraits contemporains, dont il n’a pu qu’indiquer la marche à ses éditeurs posthumes, en la laissant inachevée. — L’article sur M. de Pongerville est du mois d’avril 1830 ; M. 

1397. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

C’est celui où l’homme de génie, cédant à d’ignobles motifs, et par cupidité ou mauvaise foi, ferait de méchants livres qui seraient de méchantes actions, et, soit pour satisfaire ses haines, soit pour payer ses dettes, s’en irait à la légère ou sciemment altérer des faits, dénaturer des intentions, calomnier, rapetisser des générations fortes et grandes, en un mot dans une compilation indigeste falsifier l’histoire au profit de ses préjugés, ou qui pis est à son profit. […] Mais il a compris la chose en auteur qui veut allonger son livre, et non le composer : c’est pourquoi il a entassé dans son Introduction force anecdotes, bons mots, récits de détails, exposés de doctrines religieuses ou politiques, sarcasmes croisés contre les philosophes et les papistes ; nulle part, il n’a placé ces vues générales qui caractérisent l’historien et révèlent en lui l’intelligence de son sujet. […] Faire, à propos d’un pareil livre, une critique d’ensemble serait perdre sa peine : il suffit pour le ruiner d’en extraire quelques passages. […] Il semble que, dans cette portion du livre, l’auteur se soit proposé le problème d’expliquer les grands effets par les petites causes, les insurrections populaires par la toute-puissance d’une caisse occulte, les révolutions législatives par les couteaux des dames de la Halle, les entraînements de parti par des calculs de peur ou de vanité, les épouvantables convulsions de 93 par l’ascendant malin des trois ogres, Danton, Marat et Robespierre, qui jouent à peu près ici le rôle des nains mystérieux de ses romans.

1398. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Telle a été mon impression dès l’abord, et elle m’est demeurée, bien que le livre ait produit sur d’autres une impression toute contraire. […] Puis le doute, s’il n’est pas précisément absent du livre, y est plus austère et plus triste. […] Ainsi s’explique tout ce qui, dans ses livres, nous étonne et nous met en défiance, même en nous séduisant  Après avoir affirmé quelque grande vérité morale, insinue-t-il que le contraire serait possible, que cette affirmation n’est en somme qu’une espérance ? […] On ne peut vraiment pas attendre des livres simples d’un poète qui est un savant, d’un Breton qui est un Gascon, d’un philosophe qui a été séminariste.

1399. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Qu’est-ce que ça me fait qu’ils admirent mes livres, puisque c’est ce qu’ils ont mis dedans qu’ils admirent ? […] Ce livre respire la plus âcre volupté. […] D’un bout à l’autre du livre, il se regarde aimer, et être fou, et être malheureux, et être méchant. […] Une saveur amère et forte est venue s’ajouter aux derniers livres de M. 

1400. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Les derniers livres du canon juif connaissent déjà le Saint-Esprit, sorte d’hypostase divine, quelquefois identifiée avec la Sagesse ou le Verbe 846. […] Inutile de faire observer combien l’idée d’un livre religieux, renfermant un code et des articles de foi, était éloignée de la pensée de Jésus. Non-seulement il n’écrivit pas, mais il était contraire à l’esprit de la secte naissante de produire des livres sacrés. […] Aussi, à l’exception de l’Apocalypse, qui fut en un sens le seul livre révélé du christianisme naissant, tous les autres écrits de l’âge apostolique sont-ils des ouvrages de circonstance, n’ayant nullement la prétention de fournir un ensemble dogmatique complet.

1401. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Marc-Aurèle laisse après lui des livres délicieux, un fils exécrable, un monde qui s’en va. […] Au XIIIe siècle, les Latins, les Grecs, les Syriens, les Juifs, les Musulmans font de la scolastique, et à peu près la même scolastique, de York à Samarkand ; au XIVe siècle, tout le monde se livre au goût de l’allégorie mystique, en Italie, en Perse, dans l’Inde ; au XVIe, l’art se développe d’une façon toute semblable en Italie, au Mont-Athos, à la cour des grands Mogols, sans que saint Thomas, Barhébræus, les rabbins de Narbonne, les motécallémin de Bagdad se soient connus, sans que Dante et Pétrarque aient vu aucun soufi, sans qu’aucun élève des écoles de Pérouse ou de Florence ait passé à Dehli. […] Le commerce des idées dans l’espèce humaine ne s’opère pas seulement par les livres ou l’enseignement direct. Jésus ignorait jusqu’au nom de Bouddha, de Zoroastre, de Platon ; il n’avait lu aucun livre grec, aucun soutra bouddhique, et cependant il y a en lui plus d’un élément qui, sans qu’il s’en doutât, venait du bouddhisme, du parsisme, de la sagesse grecque.

1402. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Livre septième. […] On trouve des Apologues jusques dans les plus anciens livres de la bible. […] Cette amitié-là n’est pas bien vive, ce n’est pas comme celle des deux amis du Monomotapa, livre 8, Fable II. […] La Fontaine possède cet art, qui dit sans s’avilir les plus petites choses, selon l’expression de Boileau ; mais nous verrons cette idée exprimée encore bien plus poétiquement dans la fable quinzième du livre 10.

1403. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 2, de la musique rithmique » pp. 20-41

Saint Augustin dit dans l’endroit de ses rétractations où il parle du livre qu’il avoit écrit sur la musique, qu’en l’écrivant son objet principal avoit été d’y traiter du secours merveilleux qu’on peut tirer de la mesure et du mouvement. […] Quintilien rapporte qu’Aristoxene, que Suidas dit avoir été l’un des disciples d’Aristote, et qui a écrit sur la musique un livre qui se trouve dans le recueil de Monsieur Meibomius, divisoit la musique qui s’exécute avec la voix en rithme et en chant. […] Par exemple, cet auteur dans le troisiéme chapitre du livre onziéme de ses institutions, où il donne des leçons si curieuses sur le soin qu’un orateur doit avoir de sa voix, et sur la recitation, dit, en parlant de plusieurs mauvaises manieres de prononcer : " il n’y a point de désagrément dans la prononciation qui me choque autant que d’entendre dans les écoles et dans les tribunaux, chanter la modulation théatrale. […] Que ceux qui seront curieux de connoître à quel point les anciens avoient approfondi cette matiere, lisent ce qu’en a écrit saint Augustin dans son livre sur la musique.

1404. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Ce fut à cette époque que Chabanon lui fit accepter la pension de douze cents livres qu’il avait sur le Mercure de France. […] Necker, qui savait que La Harpe avait concouru, ajouta une somme de 2, 400 livres, ne doutant pas que l’ouvrage de La Harpe ne fût couronné. […] Il paraît constant, d’un autre côté, que Chamfort eut beaucoup de part à plusieurs de ses ouvrages, et qu’on doit lui attribuer les morceaux les plus éloquents du livre sur l’ordre de Cincinnatus. […] « Ce n’est point à la vie que je suis revenu, disait-il, c’est à mes amis. » Toujours plus indigné des horreurs dont il avait voulu s’affranchir par la mort, on l’entendit dire plus d’une fois : « Ce que je vois me donne à tout moment l’envie de me recommencer. » Obligé, par la perte presque totale de ses moyens d’existence et par les frais considérables de sa détention et de son traitement, à vivre de privations, il alla s’établir, avec ce qui lui restait de ses livres, dans une modeste chambre de la rue Chabanais, sans regretter pourtant le temps où il occupait un appartement au Palais-Bourbon, ou dans l’hôtel de M. de Vaudreuil.

1405. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Par la visée, par l’étendue matérielle, par le sujet, ce livre fait le monument. […] Martin pratique sur son livre comme le fameux et opiniâtre traducteur de Quinte-Curce en exécutait sur le sien, M.  […] Il faut l’ étouffer dans la boue , comme le dit dans son dernier livre le suave et charmant M.  […] Martin, qu’il crible méchamment de cette épithète, que par sa calme et ferme érudition, a demandé, dans un livre spécial, à cet éloquent M. 

1406. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Turbulences dans un temps turbulent, cris éloquents poussés sous la pression des circonstances, les autres écrits de Donoso Cortès, discours, articles de journaux ou lettres, ne sont pas des livres, à proprement parler, et dont la Critique puisse donner l’anatomie. […] Blanc-Saint-Bonnet (une autre gloire catholique qui se fait présentement devant Dieu et qui, un jour, saisira l’attention des hommes), la théologie est la seule science qui explique l’histoire, qui la prépare et puisse la gouverner, et il le prouva en en appliquant les notions à tous les problèmes soulevés dans son livre. […] Il mourut, en effet, quelque temps après qu’il eut fini ce livre qu’on mettra désormais entre les Soirées de Saint-Pétersbourg et les Recherches philosophiques de l’auteur de la Législation primitive — à côté, mais un peu au-dessous des Soirées ; à côté des Recherches, mais aussi un peu au-dessus. Avec son seul livre de l’Essai, le marquis de Valdegamas s’est placé entre le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, qu’on pourrait presque appeler les Pères laïques de l’Église romaine.

1407. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Après le discours éteint, fumant, évaporé, le livre, qui condense la vie de la parole et qui la force à reparaître et à rester là pour qu’on la juge ; le livre, qui affronte la pensée solitaire, glacée, difficile ! Comme le prédicateur dirait lui-même, avec ces images prises à la Bible dont il s’est abreuvé : le discours, c’est la citerne tarie, mais le livre, c’est le puits d’eau de source où la doctrine et la science doivent être éternellement puisées par ceux que tourmentent de si nobles soifs ! […] Cela seul ferait de ses Conférences un livre bien plus important qu’une œuvre oratoire.

1408. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Il semblait se plaire, on l’a dit, aux compagnies « joyeuses » ; il aimait la naïveté des « Boule-de-Suif » ou des « grosses Rachel » ; parfois, avec une grande affectation de sérieux et une grande dépense d’activité, et comme si ces choses eussent été infiniment plus importantes que les livres qu’il écrivait (rarement il consentait à parler littérature), il organisait des « fêtes » compliquées, volontiers un peu brutales ; mais, sauf les minutes où il s’appliquait, jamais on ne vit pareille impassibilité en pleine fête, ni visage plus absent. […] Et c’est pourquoi, dans les derniers livres de Maupassant, lentement, le surgit amari aliquid fait son œuvre. […]     D’un livre à l’autre, les âmes qu’il nous peint se compliquent et, en même temps, s’élèvent en dignité.

1409. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

, Gerdès, hanté par l’idée qu’on pouvait interpréter un chapitre politique du livre comme une allusion à l’événement du jour, tout plein, au fond, de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et qui lui semblait cacher un rappel dissimulé du 18 Brumaire, Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu. […] Oui, tout un feuilleton du lundi parlant de nous à propos de tout et de tout à propos de nous, et pendant douze colonnes, battant et brouillant le compte rendu de notre livre avec le compte rendu de La Dinde truffée, de M.  […] Le prétexte de cette visite était je ne sais quel livre de bibliographie pour lequel il cherchait deux collaborateurs.

1410. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Son livre répandit une allarme générale sur le Parnasse Latin. […] Charpentier fut si enchanté de la fortune de son livre, qu’il en donna promptement avis au comte de Bussy, dans une lettre où il lui disoit : « J’ai présentement d’illustres sectateurs, & je ne pouvois pas espérer un plus heureux succès de mon opinion, que d’avoir fait résoudre le roi d’effacer les inscriptions latines de tous les tableaux historiques de la grande gallerie de Versailles, & d’y en mettre de Françoises, comme il y en a présentement. » Il est certain que les idées de cet académicien, zélé pour notre langue, contribuèrent beaucoup à la faire employer pour les tableaux de la gallerie de Versailles ; mais il ne l’est pas moins aussi, que les inscriptions qu’il donna furent effacées. […] Point de langue plus propre qu’elle pour la conversation, qui soit plus de commerce, qui compte plus de livres agréables, qui ait mieux réussi à réduire tous les goûts à un goût général.

1411. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Son livre étoit le fruit d’un travail immense, d’une connoissance profonde des hommes & du barreau. […] En défendant aux avocats de faire le fond de leurs études de tant de livres inutiles à leur profession, ils les bornèrent à l’étude des loix naturelle, divine & humaine ; loix anciennes & nouvelles ; loix païennes & chrétiennes ; loix étrangères & loix du royaume. […] Son livre en faveur de leur éloquence majestueuse & rapide, est une déraison d’un bout à l’autre.

1412. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Ce sont les livres du genre de ceux de M. de Gourmont qui ont brouillé la cervelle des deux bons employés ; ils ont lu trop de sophistes, trop de négateurs et de chicaneurs ; à force de consulter le pour elle contre, ils ont fini par s’écrier ; « Quelle blague que la géométrie !  […] de Gourmont, en veine de facéties, va jusqu’à déclarer « qu’il n’a pas remarqué que les livres que personne ne lit soient plus absurdes que ceux que tout le monde lit ». […] Qu’on les lise ou non, il y a des livres qui sont absurdes et d’autres qui ne le sont pas, voilà tout ce qu’on peut constater.

1413. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Emile Faguet a consacré à notre dernier livre, dans la Revue latine 48, un spirituel et consciencieux article. […] Faguet, à quel point le livre de M.  […] Je crois, en effet, ces sortes de défauts moins fréquents dans ses chefs-d’œuvre ; mais trop souvent encore y pourrait-on relever des pages comme celle-ci, qui est d’Indiana, son premier livre célèbre :‌ « Raymond, cédant à la fatigue, s’était endormi profondément, après avoir reçu fort sèchement sir Ralph, qui était venu prendre des informations chez lui.

1414. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ce livre d’histoire, qu’il nous promettait en 1878, est inachevé. […] Pourtant le livre était un peu sévère : Épigraphie de Luchon. […] Les voilà les livres de classe, les sacrés livres de classe ! […] Un puriste fermerait le livre et aurait tort. […] Lit tous les livres.

1415. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

Disons, tout de suite, que c’est le plus grand charme du livre de M.  […] [La Vie et les Livres (1897).]

1416. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

Pierre Quillard Le livre de M.  […] « J’ai mis dans ce livre, dit-il, ma foi à la vie, à la bonté des hommes… Puisse-t-il aller à tous ceux qui cherchent comme moi les routes de l’existence future.

1417. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Ménard, Louis (1822-1901) »

Jules Michelet De la morale avant les philosophes : Un petit livre admirable de force et de bon sens. […] Engagé dans les voies de la science, j’ai quitté la poésie pour n’i jamais revenir, et si, contre mon atente, la critique jète les ieus sur ce livre, èle peut le considérer comme une œuvre posthume.” » [Poèmes et rêveries d’un païen mystique, p. 8 (1895).]

1418. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Regrets et espérance, c’est tout le cœur de l’adolescent, et c’est tout ce livre, où s’avoue avec une ingénuité qui fait penser à Verlaine, en hésitant, mais avec de beaux éclats soudains, une âme à la fois simple et romanesque, mélancolique et ardente. […] Henri de Régnier Ce que je préfère du livre de M. 

1419. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

M. de la Beaumelle a publié un Livre intitulé Mes Pensées. […] Son Commentaire sur la Henriade, qui n’a paru qu’après sa mort, est le meilleur Livre de critique littéraire qu’on puisse mettre entre les mains des jeunes gens, pour leur former le jugement & le goût.

1420. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 397-399

Gibert, est peut-être le meilleur Livre que nous ayons sur le bel art de persuader & de convaincre. […] Gibert, n’y trouvera tout au plus qu’une compilation de la Rhétorique d’Aristote, de celle d’Hermogène, du Livre de l’Orateur de Ciceron, & de l’Institution oratoire de Quintilien.

1421. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

Ce Livre est un chef d’œuvre de Logique, de justesse & de netteté. […] On jouit souvent des avantages d’un bon Livre, sans songer aux qualités qu’il suppose, & aux travaux qu’il a coutés.

1422. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

On lit un livre, dès la préface on en tire la connaissance de l’auteur, on entre dans sa pensée ou on la contredit ; à la vingtième page, que de réflexions le livre a déjà fait naître ! […] Nous avons, dit-on, la liberté de la presse ; mais un livre comme celui de La Bruyère trouverait-il grâce devant nos mœurs ? […] Elle lut davantage ; elle lisait lentement ; son esprit fécond et réfléchi, dès les premières pages d’un livre, allait volontiers à ses propres pensées suscitées en foule par celles de l’auteur. […] Le livre de Mme Guizot restera après l’Émile, marquant en cette voie le progrès de la raison saine, modérée et rectifiée de nos temps, sur le génie hasardeux, comme en politique la Démocratie de M. de Tocqueville est un progrès sur le Contrat social. Essentiel à méditer, comme conseil, dans toute éducation qui voudra préparer des hommes solides à notre pénible société moderne, ce livre renferme encore, en manière d’exposition, les plus belles pages morales, les plus sincères et les plus convaincues, qu’à côté de quelques pages de M.

1423. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Mais, nous le répétons avec douleur, là s’arrête la divinité philosophique de Platon ; presque dans tous ses autres dialogues le saint disparaît, le rhéteur se montre, argumente, et le dialecticien, faisant un ennuyeux abus de la parole, se livre à des puérilités d’esprit qui font rougir le génie grec. […] Jamais plus de scorie n’enveloppa, dans le livre d’un sage, le diamant rare, mais éclatant, de la vérité. […] Et cependant Platon s’irrite, à la fin du cinquième livre, que des sophistes tels que lui ne soient pas charges exclusivement de gouverner les hommes ! […] Cette énorme chimère en dix livres se résume dans cinq ou six énormités aussi paradoxales qu’impraticables ; c’est le contrepied de la nature, de l’expérience et de l’histoire : un monde renversé. […] C’est là ce que le philosophe, dans son préambule du livre des Lois de Platon, appelle une politique qui n’est point séparée de la morale !

1424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo d’aller chercher son histoire dans des livres inconnus, au lieu de la prendre dans les ouvrages où tout le monde puise. […] Victor Hugo est l’histoire de livres éphémères, greffés sur des lieux communs du jour ou imités d’ouvrages analogues, où le mérite de l’invention n’appartient pas à M.  […] [Cité dans le Livre d’Or de Victor Hugo.] […] On se taisait, le livre sous les draps ; et quand, effrayés encore, nous reprenions la page interrompue, c’était divin ce mystère et ce tremblement. […] Œuvre démesurée, peuplée de types innombrables, et qui n’est pourtant qu’en partie visible ; œuvre sans égale, qu’accroîtront presque de moitié les livres déjà terminés, en sortant de l’ombre, et que des plans tracés, et dont l’achèvement est promis à cette vieillesse invincible, prolongeront en tout sens.

1425. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Il désavouera l'Ouvrage ; mais avant que le Livre soit parvenu à sa connoissance, il aura * produit son effet. […] Je vous le répete, Monsieur, je ne me suis vanté nulle part des bontés que vous m'avez témoignées ; personne n'a vu vos Lettres, ni les Livres en question. […] J’ose, Sire, joindre à cet hommage celui d’un Livre que je viens de donner au Public, & que les honnêtes gens de ma Patrie ont accueilli avec estime. […] Dans un temps, il croit à la révélation, à la divinité de Jésus-Christ, à l'infaillibilité de l'Eglise ; & dans un autre, il attaque l'authenticité des Livres Saints, & l'autorité des Conciles. […] Madame la Duchesse de W***, femme du Duc Régnant, pendant son séjour à Paris, voulut voir ces Philosophes tant prônés, afin de juger s’ils parloient plus raisonnablement que leurs Livres.

1426. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Dans « l’éternel duel qui se livre en lui, entre les ardeurs d’une chair païenne et les élévations d’une âme catholique » (H.  […] Bataille (1898) : « Un petit livre tout blanc, tout tremblant, tout balbutiant » dit M.  […] Tout le livre est comme la révélation d’une âme, une âme qui vibre et souffre à tous les contacts de la vie. […] Mendès : « C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie. […] Depuis que ce livre est écrit, s’est révélée Mlle André Corthis.

1427. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ils répandent à profusion leurs revues et leurs livres. […] Cependant ces traînées de candeur sont rares dans le livre. […] Ce livre est une vision incisive, ardente et navrée des réalités ignobles que le verbiage des « professionnels » affirme être de toutes beautés et toutes gloires. […] On ne saurait refuser à Mme Charasson d’avoir atteint dès ce premier livre, une certaine classicité plastique. […] Cette préface est un article du Mercure de France déjà repris dans Le Livre des masques (t. 

1428. (1929) La société des grands esprits

Clemenceau, bien que ce petit livre soit avant tout un acte politique. […] C’est moins un livre qu’un carnet de notes. […] De là vient que son livre n’a pas une simple valeur historique, mais humaine. […] Puis, bien que simple recueil de lettres ou d’articles, les Provinciales ont une certaine unité : c’est un livre, ou presque un livre. […] Flaubert n’a jamais cultivé que son cerveau, ni fabriqué que des livres.

1429. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais ce n’est ni un livre contenant beaucoup de noms, ni un livre sur le mouvement des idées, lequel serait plutôt historique que littéraire, que j’ai voulu écrire. […] Laissons les livres. […] Il écrit un livre pour la réfuter. […] Un bon livre de critique est un traité sur les dangers de la boisson. […] L’auteur de ce livre est un des plus anciens.

1430. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Lahor, Jean = Cazalis, Henri (1840-1909) »

. — Le Livre du Néant (1872). — Étude sur Henri Regnault, sa vie et son œuvre (1872). — L’Illusion (1875) […] Jules Lemaître L’Illusion est vraiment un fort beau livre, plein de tristesse et de sérénité.

1431. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leygues, Georges (1857-1933) »

Louis Tiercelin Vous m’avez dit : « Mes vers aimés Avec des fleurs sont enfermés Dans ce coffret que je vous livre. Jadis, le poète amoureux Rêvait vainement pour eux La blanche floraison du livre.

1432. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

. — La République ou le Livre de Sang (1836-1837). — Les Assassins (1837). — Océanides et Fantaisies (1839). — Crâneries et Dette de cœur (1842). — Colères, poésies (1844). — Sonnets sur le Salon (1851). — L’Enfer, poème catholique (1853). — Les Russes (1854). — Colifichets et Jeux de rimes (1860). […] Alphonse Daudet Amédée Pommier, un merveilleux artisan en mots et en rimes, l’ami des Dondey et des Pétrus Borel, l’auteur de l’Enfer , de Crâneries et Dette de cœur, beaux livres aux titres flamboyants, régal des lettrés, effroi des académies, et pleins de vers bruyants et colorés comme une volière d’oiseaux des tropiques… C’est en collaboration avec Amédée Pommier que Balzac, toujours tourmenté de l’idée d’écrire une grande comédie classique, avait entrepris Orgon, cinq actes en vers, faisant suite à Tartuffe.

1433. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

On étoit alors si peu accoutumé à voir tourner en ridicule les objets les plus graves, à trouver dans les Livres des Satires si mordantes & si libres, des entretiens si licencieux & si orduriers, que la hardiesse qui enfanta cette singuliere & extravagante Production, en grossit le mérite aux yeux même de ceux qui l’eussent condamnée avec sévérité, en conservant leur sang froid. […] Nous n’ignorons pas que les Admirateurs de Rabelais ont prétendu excuser le défaut de plan, de méthode, de suite, de raison, qui choque dans tout son Livre, en croyant trouver dans ses peintures une censure allégorique des mœurs, des usages & des ridicules de son temps ; qu’ils ont vanté avec complaisance certains traits ingénieux qui y pétillent par intervalle ; qu’il n’est pas même jusqu’à son verbiage qui ne leur paroisse mystérieux, & tendre à des allusions, dont leur sagacité regrette de ne pouvoir expliquer l’objet.

1434. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Les livres et les belles-lettres peuvent n’être que fort secondaires pour eux, et l’historien lui-même, qui s’en passe moins aisément, y voit surtout l’usage positif et sévère. […] Ce point initial n’est donc pas encore parfaitement éclairci, et je le livre aux élucubrations des Mathanasius futurs. […] Pourtant les relations avec le chevalier portèrent leur fruit ; cette veine d’études philologiques aboutit en 1811 au livre ingénieux des Questions de Littérature légale. […] Son livre des Questions légales, par exemple, c’est proprement un quatre-mendiants de la littérature ; on passe des heures musardes à y grappiller sans besoin, à y ronger avec délices. […] Dans sa retraite une fois trouvée, au soleil, au milieu des livres dont une élite sous sa main lui sourit, la vie de Nodier s’ordonna : des après-midi flâneuses, des matinées studieuses, liseuses, et de plus en plus productives de pages toujours plus goûtées.

1435. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

J’ai été curieux de revoir mes livres, de les tirer des coffres où ils étaient renfermés, pour leur faire voir le jour et les remettre sous les yeux de leur maître. […] J’ai des livres de toute espèce : c’est un trésor pour moi ; ils nourrissent mon âme avec une volupté qui n’est jamais suivie de dégoût. […] Mais les livres ont leur destinée et leurs retours de fortune comme les hommes ; la postérité a ses engouements comme le temps : elle fait mourir et revivre pour un moment les philosophes, les historiens, les poètes ; elle ensevelit les uns dans ses dédains, elle exhume les autres par ses engouements. […] Après avoir tenu tous les propos qu’une nouvelle connaissance amène, nous nous sommes assis dans votre jardin avec quelques amis qui étaient avec nous ; alors elle m’a offert votre maison, vos livres et tout ce qui est à vous, qu’elle m’a pressé d’accepter aussi vivement que la décence de son sexe pouvait le permettre. […] L’aigreur envahit la discussion ; le parti très nombreux de la philosophie vénitienne sacrifia Pétrarque à Aristote ; il resta presque isolé dans sa retraite d’Arquà, entre son gendre, son petit-fils, quelques vieux serviteurs et ses livres.

1436. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Gustave Allais ; et surtout du livre très savant, très intéressant et excellent de M.  […] L’un et l’autre livre sont dédiés au prince, dont ils servent les intentions. […] Ou encore, si Moïse n’était pas l’auteur des livres qui nous sont parvenus sous son nom ? […] Le titre de son livre n’a point du tout annoncé le projet de se peindre. […] Albert Le Roy dans son livre sur la France et Rome de 1700 à 1715.

1437. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Cela m’a remis en goût de relire çà et là de l’abbé Prévost, et particulièrement Manon Lescaut, le livre par lequel il vivra. […] Ce livre, avec tous ses étranges aveux et avec l’espèce de mœurs si particulières qu’il présente, ne plaît tant que par le parfait naturel et cet air d’extrême vérité. […] » Combien de fois ne forma-t-il point là-dessus, d’avance, un système de vie paisible et solitaire : J’y faisais entrer une maison écartée, avec un petit bois et un ruisseau d’eau pure au bout du jardin ; une bibliothèque composée de livres choisis, un petit nombre d’amis vertueux et de bon sens, une table propre, mais frugale et modérée. […] remarquez que déjà le plan se gâte : cet ami de Paris qui vient l’informer des nouvelles dans sa solitude, et qui lui est plus nécessaire qu’il ne pense, répond à une faculté secrète qui est en lui : il y a dans l’abbé Prévost un curieux, en effet, un journaliste, un homme à l’affût des livres et des productions du moment. […] S’il y manquait encore quelque chose, au moins du côté du public, je suis prêt à me retirer pour quelque temps dans une communauté de Paris, ou dans ma famille qui demeure au pays d’Artois, et je m’y occuperai à composer quelque livre utile qui puisse être regardé comme un surcroît de satisfaction.

1438. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Il n’apprit point le latin. » Ce qui ne veut pas dire que Bailly n’en ait appris plus tard ce qui lui était nécessaire pour comprendre les livres de science écrits en cette langue, et pour choisir à ses divers ouvrages des épigraphes bien appropriées ; mais il manqua d’un premier fonds classique régulier et sévère, et ce défaut, qui qualifie en général son époque, contribua à donner ou à laisser quelque mollesse à sa manière, d’ailleurs agréable et pure. […] On a de lui enfin un Éloge de Gresset, composé à une époque encore plus avancée de sa carrière, dans lequel il se livre à une admiration un peu exagérée pour Vert-Vert, et où il donne une assez jolie analyse du Méchant. […] Voltaire de son côté, qui recevait le premier volume de l’Histoire de l’astronomie, de Bailly, s’empressait de lui répondre gaiement : J’ai bien des grâces à vous rendre, monsieur ; car ayant reçu le même jour un gros livre de médecine et le vôtre, lorsque j’étais encore malade, je n’ai point ouvert le premier ; j’ai déjà lu le second presque tout entier, et je me porte mieux. Vous pouviez intituler votre livre Histoire du ciel, à bien plus juste titre que l’abbé Pluche, qui, à mon avis, n’a fait qu’un mauvais roman… Je vois dans votre livre, monsieur, une profonde connaissance de tous les faits avérés et de tous les faits probables.

1439. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

J’étais un peu en arrière avec cette Histoire, et avant le tome xiie dont j’ai à rendre compte, j’ai dû lire le xie , qui contient les événements de la guerre d’Espagne et de Portugal pendant la première moitié de l’année 1809, l’expédition des Anglais sur Walcheren, et, après la paix de Vienne, le divorce avec Joséphine et le mariage avec une archiduchesse, — le tout formant deux livres seulement. Le tome xiie , qui est d’un volume plus considérable, renferme trois livres, — le premier qui a titre : « Blocus continental », où sont exposées les mesures relatives à cet immense système prohibitif, et les démêlés avec la Hollande dont elles sont l’occasion ; — un second livre qui a pour titre : « Torrès-Vedras », et un troisième, « Fuentes d’Onoro », contiennent principalement le récit de Pexpédition de Masséna en Portugal (1810-1811), mais aussi toutes les opérations militaires et autres en Espagne, et de plus les premiers préparatifs de Napoléon vers le Nord contre la Russie. […] Il me serait facile de m’occuper d’abord et uniquement de cette préface, qui, pareille à une conversation rapide, impétueuse, familière, touche à mille points, soulève mille questions, fait dire oui et non à la fois, dessine l’auteur et le livre, et dispense jusqu’à un certain point le critique qui n’a qu’un moment d’aller au-delà. […] Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.

1440. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Il n’étudia point, ne sut point le latin, mais apprit les langues vivantes par l’usage et par les livres à la mode. […] On était loin sans doute alors de ce grand moment de renaissance pittoresque et historique où Chateaubriand devait écrire ses admirables pages sur Rome et la campagne romaine : mais Poussin n’était-il pas là, qui à cette heure y traçait tant de graves et doux tableaux, ce même Poussin, parent en génie de Corneille, et qui, ayant reçu Le Typhon ou la gigantomachie, poème burlesque de Sçarron, écrivait : « J’ai reçu du maître de la poste de France un livre ridicule des facéties de M.  […] J’ai parcouru ce livre une seule fois, et c’est pour toujours. […] Dans ses nombreuses stances, l’intention me semble valoir beaucoup mieux que le résultat ; voici, au reste, un des meilleurs endroits où il rappelle, en se l’appliquant, une parole du saint livre : Profaner le talent, c’est pis que l’enfouir :   Ces hautes paroles m’étonnent, J’en dois être en mon cœur bien plus touché que toi ;   J’en blêmis, j’en tremble d’effroi, Et jusque dans mon âme à toute heure elles tonnent ; Ma plume en est confuse, et tous ses jeunes traits N’en forment à mes yeux que d’horribles portraits. […] Pour moi, qui me réserve de faire un choix sévère dans cette masse de poésies, ma simple conclusion sera : relisons ces livres du passé, connaissons-les bien pour éviter les jugements tout faits et nous former le nôtre, pour nous faire une juste idée avant tout des mœurs et des modes d’esprit aux diverses époques ; soyons comme les naturalistes, faisons des collections ; ayons-les aussi variées et aussi complètes qu’il se peut, mais ne renonçons point pour cela au jugement définitif ni au goût, cette délicatesse vive : c’est assez que nous l’empêchions d’être trop impatiente et trop vite dégoûtée, ne l’abolissons pas.

1441. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Dans la première partie de son livre, Bossuet s’est proposé de parcourir les diverses époques indiquées, et d’offrir la série des faits, leur assemblage dans chaque époque, leur synchronisme. La seconde partie du livre est entièrement consacrée à reprendre et à interpréter les faits « qui nous font entendre la durée perpétuelle de la Religion » ; la suite du peuple de Dieu, avec l’accomplissement des prophéties démontré : c’est le gros du livre, une interprétation purement religieuse de l’histoire. […] Tous les faits sont à la fois présents à la mémoire de Bossuet : il n’en cherche aucun ; il sait, il possède tous les détails de son livre avant de commencer à l’écrire. […] J’avoue que j’admire cette première partie au moins autant que les deux autres. » Cette première partie ainsi expliquée, et les grands événements de l’histoire ancienne étant une fois distribués chronologiquement et par époques, de manière à venir se ranger, pour ainsi dire, « chacun sous son étendard,) » on est préparé et l’on n’a plus qu’à entrer avec Bossuet, le grand généralissime, dans ce qui fait l’objet principal et le vrai dessein du livre, à savoir les considérations sur la suite du peuple de Dieu, et sur celle des grands empires.

1442. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Renan (dans la séance du 29 mars 1867), et, l’année d’après (le 7 mai 1868), à propos de son discours sur la loi de la presse, prouve bien que le Sénat (si j’en excepte M. de La Guéronnière) ne s’intéressait que pour les étouffer à ces questions de livres et de journaux. […] Dalloz, improvisa au pied levé et sur sa demande un article sur un livre qu’il parcourait depuis deux jours, et où il avait vu l’élément d’un article « d’entrée et de début, disait-il ; il faut être vif et court ; ce sera pour commencer, si Dalloz veut… » Il ne doutait point que M.  […] Sainte-Beuve est mort cependant, ignorant la cause de son mal, la soupçonnant peut-être, l’indiquant même par de certaines comparaisons et images réelles, basées sur ses sensations douloureuses, dont la médecine et la chirurgie (qui se croient plus positives) ne tiennent pas assez de compte dans la bouche d’un littérateur, et disant un jour : « Vous verrez qu’on ne saura ce que j’ai que lorsqu’on m’ouvrira… après moi… » — Que si la recherche de la vérité a besoin d’excuse, la catastrophe du 13 octobre dernier pourrait en être une suffisante : mais je renverrai ces délicats, qui me reprocheraient la crudité trop pathologique de ces détails, en tête du premier livre posthume d’un écrivain mort peut-être pour n’avoir pas été assez exa miné à fond, au tome V, page 523 de Port-Royal, où M.  […] Il en aurait peut-être écrit, lui-même, à un moment donné, le récit dans un de ses livres. […] Sainte-Beuve avait préparé d’avance ce qu’il fallait faire entrer dans la publication de ses derniers livres.

1443. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Je suis sûr que tu pourrais écrire dans les journaux, si tu voulais78. » Le petit Chose a écrit dans les journaux, il a même fait des livres. […] Le moins qu’ils risquent, c’est de refaire toujours le même livre, car le champ de leurs observations, si tant y a qu’ils aient besoin d’observer, est vite parcouru ; le nombre de leurs effets est extrêmement limité ; et rien ne ressemble plus à une… oaristys vue par le côté qu’ils aiment, qu’une autre oaristys vue par le même côté. […] Je ne connais pas de volume de débutant plus vraiment jeune que le petit livre des Amoureuses. […] Dans ces deux livres la Corse et l’Algérie se glissent çà et là. […] A la place, on a eu je ne sais quelle tristesse morne, sèche, accablante, l’impression singulière qui se dégage des livres de M. 

1444. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Les lettres patentes de 1637 restreignirent dès l’origine l’action de l’Académie française à un double objet en lui enjoignant, ainsi qu’à ses membres, de ne connaître « que de l’ornement, embellissement et augmentation de la langue française, et des livres qui seront faits par eux, et par autres personnes qui le désireront et voudront » ; A. — De la langue. […] B. — Des livres. […] F. connaissant des livres — et encore, pourquoi ? […] 2º Qu’une publicité non moins considérable, accordée à des livres indignes, absorbe la capacité de lecture, forcément limitée, de la foule qui achète. […] fait terminer par un homme un livre que J.

1445. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

» Et quant au mariage, voici Pasquariel, libraire, qui vend un livre, lequel ressemble de bien près à notre vieux livre des Quinze joyes, ce sont : « Les Agréments et les chagrins du mariage, en trois tomes ; le chapitre des agréments contient la première page du premier feuillet du premier tome et le chapitre des chagrins contient tout le reste. » Bon ou mauvais, vrai ou faux, tout cela ne nous vient pas d’au-delà des monts. […] quand ils se mettent comme cela à la raison, on entre en pourparlers ; on écoute, on négocie ; et enfin, après un bon contrat bien et dûment homologué, vous revenez sur l’eau avec sept ou huit cent mille livres d’argent comptant, et tous vos meilleurs effets divertis. […] Ces messieurs, comme je vous disais, ayant appris que vous vouliez pourvoir à toutes ces petites choses-là, viennent vous offrir un million ou douze cent mille livres, sachant bien que leur argent ne peut être plus sûrement placé. […] Pour cela, il a fallu faire de grandes dépenses pour sa part, et il a avancé quatre cent mille livres, dont il se doit rembourser sur la première eau qui sera vendue.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

« Je suis si convaincue, disait-elle encore, que le malheur me suivrait en paradis, si j’y allais, que je me livre de bonne grâce à mon sort, et ne me plains que du peu. […] Voltaire avait une très grande fortune pour le temps (quelque chose comme 80 000 livres de rentes) ; cette fortune alla en s’accroissant avec les années par la bonne administration du maître, et partout où il passait il faisait couler avec lui une veine d’or, ce qui ne nuit jamais, même à des paradis terrestres. […] Elle n’a, durant la journée, après les livres et son écritoire, d’autre ressource que Mme de Champbonin. […] On lui fait lire tous les livres du logis, ce qu’il y a de mieux, et elle n’en est pas plus savante pour cela. […] L’esprit plié depuis longtemps aux belles-lettres s’y livre sans peine et sans effort, comme on parle facilement une langue qu’on a longtemps apprise, et comme la main du musicien se promène sans fatigue sur un clavecin.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Où trouverez-vous la raison dans le IVe livre de l’Énéide et dans les transports de Didon ? […] Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur… Et il continue sa critique, ayant en vue L’Esprit des lois de Montesquieu, ce livre excellent par le fond, mais tout morcelé, où l’illustre auteur, fatigué avant le terme, ne put inspirer tout son souffle et organiser en quelque sorte toute sa matière. […] Je ne veux pas continuer ici plus longtemps cette description qui, si elle était complète, tiendrait tout un livre. […] Vieux vin, vieux livres, vieux amis.

1448. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

En somme, il veut faire vendre un livre pieux qui ne se vend pas, le livre de Drelincourt, et, par surcroît, confirmer les gens, dans leur foi en persuadant qu’il revient des âmes de l’autre monde. […] Il a un livre sur lequel il tient note de toutes les offenses qu’il a reçues d’elle et des Harlowe. […] Savez-vous l’effet de ces affiches édifiantes que vous collez au commencement et à la fin de vos livres ? […] Point d’action ; le livre est un recueil de lettres écrites pendant un voyage en Écosse et en Angleterre. […] L’impression que laisse le livre de Goldsmith est à peu près celle-là.

1449. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

lorsqu’aux factions un peuple entier se livre, Quand nous nous égorgeons, ce n’est pas pour un livre. […] Donc les livres ont un effet et servent à quelque chose. […] Son livre même n’est presque que la distinction entre la monarchie constitutionnelle et le despotisme. […] D’autres prétendent qu’elle ne peut être arrivée comme elle est rapportée dans le quatrième livre des Rois. […] C’est une chose déplorable qu’il ne soit jamais sorti un bon livre des Universités de France et qu’on ne puisse seulement trouver chez elles une instruction passable de l’astronomie, tandis que l’université de Cambridge produit tous les jours des livres admirables de cette espèce.

1450. (1908) Après le naturalisme

Un livre ignoré n’existe pas. […] Le Livre n’érige pas la loi constitutionnelle. Le Livre ne veut pas être une Table de Loi. […] Ce n’est pas l’art, ce Livre merveilleux, le Livre par excellence, qui doit contribuer à la discussion théorique et abstraite des thèses. […] N’ouvre un livre que celui qui veut bien lire.

1451. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Bien plus, c’est le livre de Werther qui devient le trait d’union entre Stella et le proscrit. […] Ce livre est par excellence le roman de l’impuissance du cœur. […] Il se plonge dans les livres et dans la rêverie. […] Poitou dans un livre sur le roman contemporain, un acte sublime et un sacrifice héroïque. […] Ce roman — il ne le nomme pas — est un bien plus mauvais livre que beaucoup d’autres.

1452. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Les livres faits à l’équerre peuvent avoir du bon ; pour moi, ce n’est pas ma manière. […] ; Et, maintenant, prenons au hasard un autre livre sur les rayons d’une bibliothèque. […] Un livre était-il couvert de poussière ? […] Les livres où il n’y a que ces deux choses ne sont bons que pour les pédants, les collectionneurs ou les bouquinistes. […] Alfred Dumesnil, dans un tout petit livre, grand par le sentiment, a écrit là-dessus des pages exquises.

1453. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

Si j’avais à choisir entre les pièces pour achever l’idée du portrait, au lieu des joujoux gothiques déjà indiqués, au lieu des tulipes hollandaises et des miniatures sur émail de Japon qui ne font faute, je tirerais de préférence, du sixième livre intitulé les Silves, les trois pages dénature et de sentiment, Ma chaumière, sur les Rochers de Chèvremorte et Encore un printemps. […] C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d’Aloïsius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux ?)

1454. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

Pierre Quillard J’aime trop un livre pareil |pour insister sur quelques critiques de détail ; cependant il vaut mieux dire que certaines chansons sonnent trop exactement au diapason de Verlaine et que — mais si rarement !  […] Georges Pioch En intitulant : Confidences, son dernier livre de poèmes, M. 

1455. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Le livre contient vraiment des pièces de premier ordre, des sonnets d’une forme impérieuse, impeccable, comme personne maintenant n’est de taille à en faire. […] Tout le livre célèbre, dans la forme la plus ravissante, les pensées d’amour et de joie, rimées en français sur le mode anacréontique.

1456. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

Son livre, Le Château des merveilles, — une série de poèmes jolis et musqués comme le nom de leur auteur, — apparaît comme une guirlande de fleurs minuscules pour une jolie fête de Lilliput. […] Voici cette dédicace : « Aux poètes Iwan Gilkin et Albert Giraud, à mes chers amis, en souvenir de notre campagne littéraire pour le triomphe de la tradition française en Belgique. » Voilà les sentiments qui se manifestent en pays belge pour la tradition française, et qu’il est si doux de lire en première page de beaux et bons livres écrits en pure et belle langue française.

1457. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

Sa Paraphrase du premier Livre des Instituts de Justinien, ne se ressent, en aucune maniere, de la jeunesse de l’Auteur, qui n’avoit alors que dix-neuf ans. […] On a de lui un Livre de prieres à réciter pendant la Messe, qui n’est pas son meilleur Ouvrage, mais une nouvelle preuve de sa piété sincere.

1458. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

Cet Ouvrage devoit au moins garantir Postel de l’accusation d’être l’Auteur du Livre de tribus Impostoribus, qui n’a jamais existé, comme l’a très-bien prouvé M. de la Monnoie. […] Elle les ranime, & s’ils sont éprouvés dans cette vie par les afflictions qui l’empoisonnent, rien n’altere du moins leur espérance, qui est, selon l’expression des Livres saints, pleine d’immortalité : Spes eorum immortalitatis plena ».

1459. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Millet Francisque » p. 168

Et que vous jettez son livre loin de vous, il ne vous voit pas ; peut-être seul dans son cabinet, se relisant avec complaisance, se félicite-t-il d’être l’homme de tant de rares concepts. […] S’ils continuent de barbouiller de la toile, (comme la plupart de nos littérateurs continuent de barbouiller du papier) sous peine de mourir de faim, je leur pardonne aujourd’hui cette manie comme je la leur pardonnais par le passé ; car enfin il faut encore mieux faire de sots tableaux et de sots livres que de mourir ; mais je ne le pardonnerai pas à leurs parens, à leurs maîtres, que n’en fesaient-ils autre chose ?

1460. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Un savant allemand, Bœttiger, a fait tout un livre là-dessus38 ; même depuis la collection Campana et les innombrables bijoux d’usage rassemblés aujourd’hui sous nos yeux, le livre de Bœttiger ne nous paraît pas trop arriéré. […] Viollet-Le-Duc, par son travail complet, et qui bientôt ne laissera rien à désirer, a mis à contribution pour le Moyen-Âge tous les livres de recherches antérieurs, et, indépendamment des objets mêmes qu’il a dû voir, il a voulu connaître tout ce qu’on en a dit ; il a puisé abondamment pour cela aux sources originales, c’est-à-dire aux chroniques, aux romans chevaleresques, aux traités moraux et didactiques d’alors, tels que le Livre du chevalier de La Tour-Landry pour l’enseignement de ses filles 39, ou le Ménagier de Paris 40. […] C’est encore une tactique à leur usage, de le représenter comme un homme instruit, il est vrai, mais un architecte de livres et de cabinet, un pur archéologue : c’est ainsi que d’un général instruit on dira, pour le déprécier aux yeux des troupes, qu’il a fait son chemin dans les bureaux, ou d’un médecin, pour dégoûter de lui les malades, que c’est un érudit et non un praticien. […] Ajoutez-y des livres très étudiés de tout point et où rien n’est négligé, qu’il poursuit et qu’il achève.

1461. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Le présent livre a pour objet de le mettre en lumière. […] Cette aventure, qui est devenue le sujet d’un livre de M.  […] Ce livre des Rêveries lui-même fut écrit trop tôt (1732-1733), comme par un auteur amateur, avant son entière maturité et toute son expérience, du temps qu’il passait encore pour mener les troupes françaises à la tartare. […]  » Le livre du comte Vitzthum a de quoi couvrir de honte le petit-maître en question, si on le connaissait, et de quoi réfuter amplement d’Argenson qui n’a l’air de le désapprouver qu’à demi et qui, ayant eu affaire au comte de Saxe, précisément dans une négociation où tous deux prenaient la plus grande part, a donné en un pareil jugement la mesure et les bornes de sa perspicacité13. […] Marius Topin, auteur d’un livre intitulé un peu fastueusement : L’Europe et les Bourbons sous Louis XIV, et qui, neveu de M. 

1462. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Cet enfant que la vie effaçait de son livre, Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre, C’est moi. […] Longtemps mêlée à ces orages des partis, à ces cris d’enthousiasme ou d’anathème, sa jeunesse n’avait pourtant rien à rayer de son livre ni à désavouer de sa vie ; le témoignage qu’il se rendait dans la pièce citée plus haut, il peut le redire après comme avant ; nul ne lui contestera ce glorieux jugement porté par lui sur lui-même. […] Il passa cette année, non plus aux Feuillantines, mais rue Cherche-Midi, en face l’hôtel des Conseils de guerre, à étudier librement, à lire toute sorte de livres, même les Contemporaines de Rétif, à apprendre seul la géographie, à rêver et surtout à accompagner chaque soir sa mère dans la maison de la jeune fille qu’il épousa par la suite, et dont en secret son cœur était déjà violemment épris. […] Ce qui domine dans ce dernier et remarquable jugement, c’est un cri de surprise, un étonnement profond qu’un tel poëte s’élève, qu’un tel livre paraisse, un grain de sévérité littéraire et puriste, un sourire de pitié au siècle qui se dispose sans doute à railler le noble inconnu. […] … Je lus en entier ce livre singulier, je le relus encore, et, malgré les négligences, les néologismes, les répétitions et l’obscurité que je pus quelquefois y remarquer, je fus tenté de dire à l’auteur : « Courage, jeune homme !

1463. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Nos guerres dans ce pays nous apportèrent, avec le mal de l’imitation, les livres grecs et latins qui devaient nous en guérir. […] Deux causes nous en dérobaient depuis longtemps la vue : l’ignorance qui avait perdu le sens de ses monuments, et la scolastique, qui obstruait de sa fausse science la source même de la vraie science, c’est-à-dire les livres où elle est consignée. […] La Réforme, en leur prouvant qu’elle savait mieux lire qu’eux-mêmes dans leurs propres livres, les força d’y regarder ; et la science s’ajoutant à l’autorité de la possession et à l’habitude, ils furent désormais invincibles. […] Il faut s’en garder avec soin : cette langue enfante toutes les hérésies. » Un évêque de Mayence interdisait, sous peine d’amende, toute traduction en langue vulgaire d’une partie quelconque des livres sacrés. […] Guillaume Petit, évêque de Senlis, eut le bon goût de plaider pour le petit livre, qui fut acquitté.

1464. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Sur Malherbe, sur Boileau, sur Pope, sur Johnson, non content de les juger par leurs ouvrages, on a fait des livres, on a recueilli leurs moindres mots, on les a étudiés et poursuivis jusque dans le détail domestique de leur vie. […] Depuis quelques jours, j’avais lu les Psaumes, l’Évangile et quelques bons livres. […] J’avais sur ma table l’Imitation, et l’on m’avait dit que, dans cet excellent livre, je trouverais souvent la réponse à mes pensées. […] Ravenel : Dans le catalogue des livres de M.  […] Pour juger d’un livre, il y a une épreuve sûre : quand vous en avez retranché tous les défauts, s’il y reste de grandes beautés, l’ouvrage mérite de vivre.

1465. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Dès les premières années du règne de Louis XIV, Messieurs de Port-Royal avaient essayé de fonder un système d’éducation très chrétien encore et à la fois non gothique, s’accordant sur bien des points avec la raison et le bon sens délivrés des entraves de la routine : si ces écoles de Port-Royal, compromises par le jansénisme, avaient péri, les livres et les méthodes des maîtres subsistaient à défaut de leurs exemples. […] D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent. […] Ces livres de Rollin, c’est proprement l’histoire à lire pendant l’année de la première communion. […] C’est l’endroit de mon livre que j’ai travaillé avec le plus de plaisir. […] Mais on s’informe des livres où elles se trouvent… Il y a beaucoup de remarques curieuses dans les mémoires de l’Académie des sciences.

1466. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Une autre correspondance publiée nous livre au naturel Bernardin depuis son séjour à Varsovie dans l’été de 1764 (il avait alors vingt-sept ans et demi) : c’est la correspondance qu’il entretint avec M.  […] Hennin lui obtient de M. de Vergennes (29 novembre 1780) une gratification de trois cents livres sur les fonds destinés aux gens de lettres : « C’est peu de chose, mais il s’agit de débuter. » D’ailleurs ces gratifications sur les fonds littéraires sont annuelles et équivalent à une pension à vie, quoiqu’on ne l’annonce pas formellement. […] Pourtant, tandis qu’il achève là son livre des Études, cette espèce de poème ou de concert rustique qu’il dédie à la nature, il a de doux sentiments, précurseurs des joies de la paternité ; il écrit à M.  […] La lettre du ministre, qui vous annonçait une gratification de 300 livres sur les fonds littéraires, ne pouvant partir jeudi, je me hâtai de vous mander le succès de mes soins. […] Quand 300 livres ne seraient rien pour vous, ne savez-vous pas qu’un bienfait en attire d’autres ; que, si vous vivez plus à l’aise, vous serez plus en état de travailler, de vous procurer une existence agréable ?

1467. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

. — Ce travail sur l’art est la suite naturelle du livre universellement admiré sur l’Irréligion de l’avenir. […] Guyau donne, dans son livre, une théorie plus sociologique du style, considéré comme instrument de « communication sympathique » et de « sociabilité esthétique » ; il a ainsi indiqué un aspect nouveau et intéressant de la question. […] Tout grand homme se sent providence, parce qu’il sent son propre génie. » On retrouvera dans ce livre les qualités maîtresses de Guyau : l’analyse pénétrante et en même temps la largeur des idées, un mélange de profondeur et de poésie, cette rectitude d’esprit jointe à la chaleur du cœur qui fait qu’on pourrait lui appliquer à lui-même ses deux beaux vers : Droit comme un rayon de lumière, Et comme lui vibrant et chaud. […] Nous avons vu que, selon lui, nous devons sympathiser avec l’œuvre d’art comme avec les œuvres de la nature, « car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise ;  » jusque dans la lecture d’un simple livre soyons donc de bonne volonté : « l’affection éclaire » ; et il ajoute ces belles paroles, qu’on peut appliquer à son propre ouvrage sur l’art : « Le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible, en un rayon de lumière, la pensée la plus profonde d’un être humain. » Alfred Fouillée 1. Voir notre livre intitulé : La morale, l’art et la religion selon Guyau.

1468. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Ce livre contient un poème intitulé : Aquarium mental, dont la lecture m’a secoué d’un frisson révélateur. […] L’homme qui dès lors, a l’âge de l’amour, se livre aux voluptés solitaires et s’enferme en son propre être, ne jouit que de lui-même, de son pauvre et triste moi. […] Panizza Poussé par un sentiment d’amertume à l’égard d’un groupe d’artistes, que je me permis de nommer, non sans flatterie pour eux, les Narcisse modernes, j’écrivis contre cette école bizarre un réquisitoire assez violent, dont un livre de vers m’avait fourni le thème. […] Je suis bien certain que mon livre aura un effet extraordinaire, et qu’immense sera la révolution morale et sociale qui en résultera ».‌ […] Mais après cette modeste remarque, entrons dans la pensée plus intime de l’auteur. « … L’homme est né pour l’idéal, dit un de ses critiques24 en résumant le thème général du livre, il a mission de travailler à l’amélioration de son espèce, et il s’en trouve empêché par ses instincts sexuels, source infinie d’abrutissement et de dégradation. « Il est temps, s’écrie M. 

1469. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — Le livre des jésuites     84 XXI. — Feuilleton de Jules Janin sur Les Demoiselles de Saint-Cyr. […] Arthur Ponroy. — Début des frère et sœur de mademoiselle Rachel. — L'esprit humain peu inventif. — Eve, par Léon Gozlan. — La fille d’Alexandre Soumet. — Un poëme de six mille vers     141 XXXV. — Vente des livres catholiques. — Lamennais. — Raphaël et Rébecca Félix, frère et sœur de mademoiselle Rachel. — Léon Gozlan. — Voyage de Chateaubriand à Londres. — Visite d’Eugène Sue à George Sand. — Béranger. — Quatre grandes puissances du jour. — Dupin     144 XXXVI. — Voyage du duc de Bordeaux en Angleterre. — Craintes de l’Université en face du clergé. — Montalembert. — Cousin sur Vanini. — Catholicisme et Éclectisme     147 XXXVII. — Parade et comédie légitimistes. — Chateaubriand vieux bonhomme. […] Vitet à l’Académie française     321 LXXXI. — Format des journaux quotidiens encore agrandi. . — Le livre de M. de Rémusat sur Abélard.

1470. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Son livre, en un mot, s’il l’avait exécuté comme il l’avait conçu, n’aurait pas été seulement destiné aux moralistes et aux penseurs ; il aurait eu pour objet d’acheminer et d’entraîner tout un peuple moins relevé de lecteurs par l’attrait, par le mouvement graduel et l’émotion presque dramatique d’une marche savamment concertée. […] La mienne s’attache à vous depuis longtemps, c’est-à-dire à vos ouvrages ; et quoique vous m’accusiez avec douceur de juger des hommes par leurs livres, je veux bien vous donner lieu de me le reprocher encore, et vous avouer que c’est votre pensée intime, votre vrai moi, qui m’attache souvent dans vos écrits. […] Oui, je désire être lu, et je vous remercie de m’avoir aidé à l’être ; il ne m’est pas permis d’être modeste aux dépens de la cause que je sers ; d’ailleurs on verra bientôt, si l’on y regarde, que ces doctrines, qui font la vraie valeur de mon livre, ne sont pas à moi.

1471. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Burnouf va faire pour Tacite, à en juger par les deux livres des Histoires qu’il vient de publier. […] Le culte d’admiration qui environna au XVIIIe siècle l’historien de Néron et de Tibère amena dans la lice des émules plus dignes de lui ; mais ils n’y tinrent pas longtemps : d’Alembert se borna à des morceaux de choix ; Rousseau n’acheva que le premier livre des Histoires, et il avoue qu’un si rude jouteur l’eût bientôt lassé. […] En examinant sous le rapport du style ce premier livre des Histoires, traduit par l’illustre auteur, nous l’avons trouvé plus digne qu’on ne croit de Tacite et de lui, par le ton libre et ferme qui y respire, et je ne sais quelle séve de grand écrivain qui y circule ; on sent qu’il y traite son émule d’égal à égal, et que même, au besoin, il s’inquiète assez peu de le brusquer.

1472. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

Bain a étudié les rapports du physique et du moral dans son récent livre l’Esprit et le Corps 189. […] Bain a publié un livre : On the study of character including an estimate of phrenology, 1861, dans le but de raviver les études analytiques sur le caractère humain, a qui semblent avoir suivi le déclin de la phrénologie. » Après avoir passé en revue les très rares travaux consacrés à la science du caractère avant Gall (Théophraste, la Bruyère, Fourier), et après avoir consacré une moitié de l’ouvrage à la critique détaillée et impartiale des classifications phrénologiques, M.  […] C’est un excellent manuel, un livre classique mis au courant des récentes découvertes, et qui contient, — chose rare — une application de la logique à chaque ordre de science prise en particulier (logique de la physique, de la médecine, de la biologie, etc. ;).

1473. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

On voit par les livres du Boccalin, qu’il sçavoit tout ce que les anciens et les modernes ont écrit de plus ingénieux sur le grand art de gouverner les peuples. […] Il fallut révoquer au bout de trois mois d’administration, l’auteur des commentaires politiques sur Tacite, et du fameux livre la pierre de touche. […] Les juges qui n’ont lû qu’un très-petit nombre de livres, mais à qui l’expérience journaliere a montré quels sont les motifs de décision qui déterminent les tribunaux dans le jugement des procez, ne se trompent presque jamais dans leurs prédictions sur l’évenement d’une cause.

1474. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Dans le premier livre des tusculanes, Ciceron, après avoir rapporté l’endroit d’une tragedie où l’ombre de Polydore supplie qu’on veuille donner la sepulture à son corps, pour faire finir les maux qu’elle endure, ajoute : je ne sçaurois concevoir que cette ombre soit aussi tourmentée qu’elle le dit, quand je l’entens reciter des vers dramatiques si corrects, et quand je la trouve si bien d’accord avec les instrumens. […] Dans le livre premier des loix, Ciceron se fait dire par Atticus. […] Tacite dit dans le seiziéme livre de ses annales.

1475. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ford Maddox Ford, il est presque certain que je n’aurais jamais eu l’idée d’écrire à mon tour ce petit livre. […] « Un grand livre, a dit M.  […] Il finit par faire des livres. […] Ce sont là, du moins, ceux de ses livres que j’aime le mieux. […] Edgar, Maxime, Gisèle sont des livres exquis.

1476. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Servières ne m’en voudra point de cette remarque, car sa religion a certainement été surprise sur ce point : il y a là moins une critique qu’un désir formulé en vue des éditions prochaines de son livre, éditions que ce livre mérite et que tous nous lui souhaitons. […] Et maintenant ou pourra revoir ces pages aimées : non point, comme les belles lithographies du livre de M.  […] Le buste que vient de terminer M. de Egusquiza, nous semble échapper aux inconvénients des autres ; il ne montre ni un Wagner béatement magnifié, ni une caricature comme celles qui remplissent le livre de M.  […] Jullien, dans son récent livre, montre jusqu’où peut mener une idée préconçue et superficielle. […] Jullien uniquement parce que son livre est le plus récent et que tout en y rassemblant de nombreux et intéressants documents, il y a rassemblé aussi la plupart des inepties qui se débitent sur Wagner.

/ 3475