Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule ! […] Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes, parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi, elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle, dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre !
Le protestant ne saurait avoir la grâce que donne Jésus-Christ. […] Après Lamartine, c’est du de Musset aux grâces charmantes : Tu m’avois demandé, mignonne, De Paris quelque nouveauté : Le nouveau plaist à ta beauté, C’est la nouveauté qui m’estonne !
Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vincennes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’empêche pas d’être un homme d’État, en terre de France : J’entends encor l’hymne infernal, (Il faut bien dire que c’était La Marseillaise pour ceux qui ne la reconnaîtraient pas à l’épithète). […] Brucker, c’est le moment béni où la Grâce, comme nous disons, nous autres chrétiens, s’empara de cet esprit rebelle, las des fausses théories et des menteuses lumières sous lesquelles il se débattait.
Grâce à une souplesse cultivée de clown, — car à ses facultés naturelles M. […] grâce à la misère du duc de La Tour-d’Embleuse et à la piété filiale de sa fille Germaine, Antigone sans fierté ; grâce surtout aux plaidoiries d’un médecin, espèce de Figaro soi-disant honnête dans toute cette intrigue, l’immonde mariage s’accomplit.
Or, je défie qu’on explique le capharnaüm diabolique et drolatique de Brueghel le Drôle autrement que par une espèce de grâce spéciale et satanique. Au mot grâce spéciale substituez, si vous voulez, le mot folie, ou hallucination ; mais le mystère restera presque aussi noir.
Près d’elle est la justice, dont le regard est à la fois imposant et doux ; le génie du gouvernement, attentif et sévère ; la paix qui sourit avec grâce, et la raison sage qui sert de ministre : et la loi en cheveux blancs, portant un sceptre d’or, et dont rien ne peut combattre la force. […] On trouvera depuis le même sentiment dans ce jeune Alexandre Sévère qui, empereur à treize ans, et mort à vingt-six, élevé par une mère qui était un grand homme, fut à la fois ferme et sensible, et joignit toutes les vertus avec toutes les grâces.
Quant à l’Italie, il a par moments la grâce sévère de certains maîtres de ce pays. […] Beauté de la forme poétique, grâce souveraine, lyriques élans, spacieuse rêverie, s’y trouvent avec l’intelligence de la nature et la pénétration du secret des nuits. […] George Sand a dit d’une de ses héroïnes qu’elle alliait le courage de l’homme à la grâce de la femme. […] Ces chansons trahissent encore une grâce indispensable aux poètes et dont Béranger a le secret, une grâce facile, légère, qui fait penser à la désinvolture de la Parisienne. […] Éloquent à propos, noble sans emphase, il déploie le sérieux aussi bien que la grâce et la fantaisie.
Grâce à elle on admirera, on comprendra d’autant mieux les chefs-d’œuvre du grand siècle qu’on se les représentera plus franchement à distance, dans le lointain où ils sont, et à leur vrai jour.
Toute volupté le trouble et l’attire, brutale ou subtile, furtive ou continue, et il a su exprimer avec une grâce pénétrante des réalités ou des rêves, — qu’importe !
-Ferdinand Hérold Mockel donna sa Chantefable un peu naïve, poème d’une grâce ingénue et compliquée à la fois ; la langue en est curieusement travaillée et les vers, très musicaux, y ont des sonorités expressives et des rythmes heureusement variés.
Il faut cependant reconnaître que, bien manié, il a du charme, de la grâce, une souplesse enveloppante.
, qu’on retrouvât pour ces sortes d’ouvrages les grâces que leur prêtaient les anciens.
Quand l’escarbot fait sa prière si touchante, demande grâce pour Jean Lapin, offre de mourir avec lui33, allègue qu’il est « son voisin, son compère », la « princesse des oiseaux » se soucie peu de ces tendresses populacières. […] Quand le rat sort de terre entre ses pattes, il n’attend pas comme dans Esope que la pauvre bête lui demande grâce ; « il montre ce qu’il est », il la fait d’abord et noblement. — Au dernier moment, le poëte se prend de compassion pour lui. […] Son office veut du tact, de la douceur, de la grâce, de la hauteur, tous les instincts et tous les talents de la noblesse de cour. […] Il me faut une grâce d’état spéciale, et je cours risque d’être un des personnages de mon auteur. […] Princesse des oiseaux, il vous est fort facile D’enlever malgré moi ce pauvre malheureux ; Mais ne me faites pas cet affront, je vous prie, Et, puisque Jean Lapin vous demande la vie, Donnez-la-lui, de grâce, ou l’ôtez à tous deux : C’est mon voisin, c’est mon compère.
Mais les grâces… mais le bon goût… Ne savez-vous pas que l’art doit rectifier la nature ? […] Dante n’aurait pas tant de grâce, s’il n’avait pas tant de force. […] Le premier type, dégagé de tout alliage impur, aura en apanage tous les charmes, toutes les grâces, toutes les beautés ; il faut qu’il puisse créer un jour Juliette, Desdémona, Ophélia. […] Grâce à lui, point d’impressions monotones. […] Grâce !
Ces princes, ces vieillards, ces femmes, ces courtisans, cette jeune noblesse, ces militaires, ces hommes de lettres, ces poètes expatriés, ces jeunes filles qui croissaient en âge et en grâce dans l’exil, pénétraient dans toutes les familles, y payaient l’hospitalité en enseignant la langue et les lettres de leur patrie aux enfants de leurs hôtes, racontaient leurs malheurs, intéressaient à leur ruine et naturalisaient en Europe une France errante et fugitive qui devenait plus chère par les asiles qu’on lui prodiguait. […] Cette concentration de ses pensées dans le ciel n’ôtait rien à sa tendresse pour sa famille et à sa grâce sérieuse pour les étrangers. […] Là s’asseyaient Hugo ; Alexandre Dumas, égal à tout ce qu’il tente ; Balzac, trop peu apprécié pendant qu’il vivait, et qui cachait, comme le premier Brutus, son génie à peine soupçonné sous un gros rire d’enfant ; Eugène Sue ; Jules Janin, après Diderot le seul critique lyrique, mais mille fois plus sensé, plus poète et plus improvisateur que Diderot ; Ponsard, qui retrouvait le neuf dans l’antique ; Théophile Gautier, Cabarrus, Morpurgo, le charmant d’Orsay, dont les grâces d’esprit surpassaient celles de la figure, et qui employait toute une vie à demander grâce pour un jour de jeunesse ; moi-même, enfin, silencieux au bruit de ces esprits entrechoqués dans de doux entretiens. […] Il en perçait à droite et à gauche les assemblées ; sur l’une était écrit raisonnement ; sur l’autre sarcasme ; sur celle-ci grâce ; sur celle-là passion ! […] … Grâce aux vaincus !
voilà un soleil qui est autrement occupé que celui de notre pâle été de l’an de grâce 1854 ! […] Cela est ingénieux et fin, éblouissant de grâce et de délicatesse. […] Nous avons tous commencé ainsi ; il n’y a nulle honte à en convenir de bonne grâce. […] Mais voyez donc comme ses coups sont portés avec grâce ! […] Il a la grâce, il a la force, il a le cœur, il a le style.
Charron est méthodique ; il choisit sa matière, il s’applique à l’épuiser, il ne se fait grâce d’aucune des conséquences de ses systèmes. […] Mais Moïse est averti qu’il n’entrera pas dans le pays de la promesse, et, comme accablé du poids de la mission divine, il implore de l’Éternel la grâce du repos. […] Elles sont à peine indiquées : point de grâce, peu de vivacité ni de véhémence, pas de netteté dans le style, pas de disposition savante des idées, point de proportion. […] Sollicité par la reine de rompre aussi avec elle, il s’y refusa : « Je demandai en grâce qu’il me fut permis de suivre mes premiers engagements. […] Celles-là, du moins, sont quelque chose, et j’espère que quelques-unes trouveront grâce devant vous.
Je prétends qu’il faut désormais faire des tragédies pour nous, jeunes gens raisonneurs, sérieux et un peu envieux de l’an de grâce 1823.
Jules Barbey d’Aurevilly Je connaissais le Monselet de tout le monde, le Monselet du journal, du théâtre, du café, du restaurant, le Monselet du boulevard et de Paris, le Monselet légendaire, celui qu’on a représenté les ailes au dos, comme Cupidon, parce qu’il a écrit Monsieur de Cupidon… Je connaissais le Monselet de la gaîté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles…, mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié… Un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui qui plaît davantage, le plus pénétrant et le plus pur… Certes, on savait bien, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie… Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place, parmi les touchants.
C’est l’Ange des saintes amours qui donne aux vierges un regard céleste, et c’est l’Ange des harmonies qui leur fait présent des grâces ; l’honnête homme doit son cœur à l’Ange de la vertu, et ses lèvres à celui de la persuasion.
Mais le charme simple de sa manière communique des grâces inconnues à l’histoire, et un genre de pathétique, naïf et réprimé en même temps, d’une incomparable noblesse.
On a récemment cherché, en réhabilitant l’hôtel de Rambouillet, à en montrer l’héritière accomplie et triomphante dans la personne de Mme de Maintenon ; un mot de Segrais trancherait plutôt en faveur de Mme de La Fayette pour cette filiation directe où tout le précieux avait disparu ; après un portrait assez étendu de Mme de Rambouillet, il ajoute incontinent : « Mme de La Fayette avoit beaucoup appris d’elle, mais Mme de La Fayette avoit l’esprit plus solide, etc. » Cette héritière perfectionnée de Mme de Rambouillet, cette amie de Mme de Sévigné toujours, de Mme de Maintenon longtemps, a son rang et sa date assurée en notre littérature, en ce qu’elle a réformé le roman, et qu’une part de cette divine raison qui était en elle, elle l’appliqua à ménager et à fixer un genre tendre où les excès avaient été grands, et auquel elle n’eu qu’à toucher pour lui faire trouver grâce auprès du goût sérieux qui semblait disposé à l’abolir. […] On a pour témoignages directs de cette éducation les transports de Ménage, qui d’ordinaire, comme on sait, tombait amoureux de ses belles élèves : il célébra, sous toutes les formes de vers latins, la beauté, les grâces, l’élégance du bien dire et du bien écrire de Mme de La Fayette ou de Mlle de La Vergne, Laverna, comme il disait102. […] Mme de La Fayette mourante était celle encore dont Mme Scarron, écrivant à Mme de Chantelou sur sa présentation à Mme de Montespan, avait dit en 1666 : « Mme de Thianges me présenta à sa sœur… Je peignis ma misère… sans me ravaler ;… enfin Mme de La Fayette auroit été contente du vrai de mes expressions et de la brièveté de mon récit. » En fait de société aimable et polie, unissant le sérieux et le vrai à la grâce, si j’avais été de M. […] La langue en est également délicieuse, exquise de choix118, avec des négligences et des irrégularités qui ont leur grâce et que Valincour n’a notées en détail qu’en les supposant dénoncées par un grammairien de sa connaissance, et avec une sorte de honte d’en faire un reproche trop direct à l’aimable auteur. […] … Elle a eu raison pendant sa vie, et elle a eu raison après sa mort, et jamais elle n’a été sans cette divine raison, qui étoit sa qualité principale… Elle n’a eu aucune connoissance pendant les quatre jours qu’elle a été malade… Pour notre consolation, Dieu lui a fait une grâce toute particulière, et qui marque une vraie prédestination : c’est qu’elle se confessa le jour de la petite Fête-Dieu, avec une exactitude et un sentiment qui ne pouvoient venir que de lui, et reçut Notre-Seigneur de la même manière.
Un mot historique de Racine dans une de ses lettres à madame de Maintenon caractérise mieux que mille pages l’excès véritablement impie et cependant consciencieux d’asservissement à la personne divinisée du prince dont on se glorifiait à cette époque : « Dieu m’a fait la grâce, Madame, de ne jamais rougir de l’Évangile ni du roi dans tout le cours de ma vie. » Ainsi Dieu et le prince étaient placés au même niveau d’adoration et d’adulation par ces sujets agenouillés devant les deux puissances. […] La pompe du grec, réimportée en Italie par Lascaris sous les premiers Médicis, et réimportée d’Italie en France par Ronsard et ses disciples, lui avait donné l’ampleur, l’image et la grâce refusées par la nature au latin. […] Du séjour bienheureux de la Divinité Je descends dans ce lieu par la Grâce habité ; L’Innocence s’y plaît, ma compagne éternelle, Et n’a point sous les cieux d’asile plus fidèle. […] Je ne trouve qu’en vous je ne sais quelle grâce Qui me charme toujours et jamais ne me lasse. […] Elle plaide en vers admirables la grâce de sa race.
Ne goûterais-tu pas une grande joie en constatant que les effets de la grâce te rendent invincible à ses passions ? […] Fais-moi sentir encore davantage ma faiblesse et mon imperfection… Je vous rends grâces, ô mon Dieu, pour cette épreuve. […] C’est en vain qu’on les stimule ; ils n’ont plus qu’un objectif : végéter sur leur propre substance ou quémander les grâces du Dieu qu’ils se sont créé : l’État. […] Grâce ! grâce, cher Monstre !
. — Avant la fin du jour, un acte en vers, lumineux, souple, entraînant par la grâce des scènes et le cliquetis des gaîtés ironiques, vient d’être reçu aux « Escholiers » et sera joué au mois de février prochain.
Fleury, qui est parmi eux, donne un exemple de leur candeur et de leur grâce.
Que de naturel et de grâce dans Emma et Eginard !
Ce qui n’enlève rien à sa personnalité où la fraîcheur et la grâce se mêlent aux fortes inspirations.
Ces sortes de compositions, outre le technique général de l’art, ont une poétique qui leur est particulière ; on peut rendre raison du profil élégant d’un vase, de la grâce d’une guirlande.
Cela fait frissonner d’horreur ou soulever le cœur de dégoût à celui qui a le moindre sentiment de l’élégance, de la noblesse, de la grâce.
Grâce au concours bienveillant de M. le Gouverneur Clozel, que l’on trouve toujours disposé à favoriser toutes les publications d’ethnographie et de linguistique soudanaises, cette bibliothèque s’enrichit aujourd’hui d’une nouvelle série, due à M. l’administrateur Equilbecq, série dont le présent volume ne forme que le début et dont l’importance ni l’intérêt n’échapperont à personne.
Elle y était représentée dans toute la singularité de sa grâce de jeune femme à la mode d’avant 1900. […] Sa prose a l’élégance, la souplesse, la grâce, la vivacité et le mordant de son esprit. […] Ces mardis étaient aussi le jour de réception de Mme Rachilde qui accueillait les survenants avec une cordiale bonne grâce et une amicale camaraderie. […] Toutes n’ont-elles pas leur grâce et leur distinction ? […] Ni le poète, ni le romancier ne trouva grâce devant lui, si bien que j’eus un peu l’impression d’avoir usurpé le fauteuil que le vote de l’Académie m’avait admis à occuper.
Il conte avec une grâce moqueuse qui est un charme. […] L’art ainsi compris, comme il va des Florides aux Pyramides, va de la majesté à la grâce et de la sainteté au sourire. […] Il faut reconnaître qu’il y avait en lui de la fatuité dans beaucoup de générosité et de grâce. […] Rousseau est un mélange bien curieux de sensualité rude et de grâce tendre. […] Jours rayonnants de feu, nuits touchantes de grâce !
Arrêté dans ses locutions, dogmatique, sans grâce, sans un rayon, sans rien de ce qui caresse l’esprit, il jetait de la poudre aux yeux par ses défauts mêmes. […] On est femme après tout, et elle s’était persuadé d’après son ton que c’était un grand savant et qu’il lui dévoilerait les mystères de la langue : il lui a corrigé ses épreuves assez exactement, non pas sans lui retrancher quelques grâces. […] Appliquant son examen à quatre batailles exposées par Horace Vernet à ce Salon, Iéna, Friedland, Wagram et Fontenoy, il concluait en ces termes : « Certes, il n’y a pas là la conscience d’un Holbein, la couleur d’un Titien, la grâce d’un Vinci ; ce n’est ni flamand, ni italien, ni espagnol ; mais, à coup sûr, c’est français.
Mme Champagneux, qui avait conçu pour lui une grande estime d’après la lecture de certaines pages traitant de sujets religieux et tout à fait étrangères à l’histoire de la Révolution, avait fait acte d’amitié en lui confiant le manuscrit maternel qui, depuis la première édition des Mémoires par Rose, était rentré entre ses mains et était demeuré caché à tous les yeux dans les archives intimes de la famille : « Grâce à cette intéressante communication, nous dit M. […] » L’instant d’auparavant elle avait fait, pour ainsi dire, les honneurs de l’échafaud à ce compagnon de mort qui n’avait pas tout à fait autant de fermeté qu’elle, et elle lui avait dit avec grâce, en donnant la plus belle excuse à sa faiblesse : « Montez le premier, vous n’auriez pas la force de me voir mourir. » — Et à l’exécuteur qui hésitait à intervertir l’ordre des suppliciés : « Pouvez-vous refuser, avait-elle dit, la dernière prière d’une femme ? […] Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.
Il y a vingt-cinq ans environ, il mourait dans le canton de Vaud un homme du premier mérite comme intelligence religieuse, philosophique et littéraire, et aussi comme talent et grâce de parole, dans la conversation surtout. […] D’où je conclus que, puisqu’il en est ainsi, et que la littérature critique (car il s’agit d’elle surtout) se trouve en présence d’un monde nouveau et d’un public qui n’est plus dans les conditions d’autrefois, qui n’est plus un cercle d’amateurs studieux, vibrant aux impressions les plus fines et les plus fugitives ; puisqu’elle-même serait bien embarrassée à ressaisir cette légèreté et cette grâce fondues dans la magie unique du talent, il y a nécessité pour elle de se renouveler d’ailleurs, de se fortifier par d’autres côtés plus sûrs, de ceindre courageusement ses reins comme pour une suite de marches fermes et laborieuses. […] Chaque jour développe en lui de nouvelles grâces.
Jamais il n’a fait si bien qu’au début. » En 1818, les deux frères obtinrent du général Hugo la grâce de ne pas entrer à l’École polytechnique, bien qu’ils fussent prêts par leurs études. […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli. […] De Vigny, avec son beau et chaste génie, ne garda de la subtile mysticité d’alors que ce qui lui sied comme un faible et comme une grâce.
Ils ont, demi-formés des mains de la tendresse, La grâce et les défauts, enfants de la paresse. […] Il y a toutes sortes de grâces dignes du dix-septième siècle, d’un Bussy-Rabutin, moins bel esprit et plus poëte, et racontant à ses fils ses erreurs, son retour, avec repentance, avec goût ; il y a beaucoup du vicomte de Valmont, qui serait sincèrement devenu chrétien. […] » Arthur, qui n’est pas un ouvrage composé, ni qui sente le talent de profession, Arthur, qui n’est guère peut-être qu’une suite de débris, de soupirs, de souvenirs et d’espérances, mais où le souffle est le même d’un bout à l’autre, et où l’esprit, vrai parfum, unit tout, sera, nous le croyons, une lecture propice et saine, et reposante, à bien des âmes fatiguées, à bien des palais échauffés, un correctif, au moins d’un moment, à tant de talents plus brillants que sincères, à tant d’enthousiasmes dont la flamme est moins au cœur qu’au front ; Arthur, si l’amitié et trop de conformité intime ne nous abusent, Arthur vivra et conservera le nom de son auteur, qui n’a plus à se repentir littérairement de ses écarts, de sa venue hâtive, de ses plaisirs distrayants et de ses faiblesses paresseuses, puisque, de tant d’imperfections éparses, il lui a été donné un jour (ô nature douée avec grâce !)
Une ravissante actrice, miss Smithson, apportait et confondait, pour nous séduire, sa jeunesse, son talent, sa grâce idéale, et le charme de toutes ces beautés dramatiques si neuves qu’elle interprétait à nos eux pour la première fois. […] Il y a mieux : pour lui, si je ne me trompe, cette grâce, cette aisance de rédaction qui le distiguent, doivent quelquefois déterminer, inspirer, guider la recherche par l’idée d’en faire usage. […] Dans ce Huron devenu artilleur, il y eut de l’Alcibiade. » — Au sortir de Longus et entre deux pages d’Hérodote, il lui parut plaisant de prendre à partie un régime tracassier et hypocrite qui l’avait piqué ; la difficulté de tout dire et de bien dire était l’amorce tout à fait propre à tenter cet esprit rompu aux grâces.
Il reproche à tout moment à son auteur de n’avoir ni grâce, ni élégance, ni clarté : il mesure, plume en main, la hauteur des métaphores, et quand elles dépassent, il les trouve gigantesques. […] Voltaire a osé dire de cette belle épître : « Elle paraît écrite entièrement dans le style de Régnier, sans grâce, sans finesse, sans élégance, sans imagination ; mais on y voit de la facilité et de la naïveté. » Prusias, en parlant de son fils Nicomède que les victoires ont exalté, s’écrie : Il ne veut plus dépendre, et croit que ses conquêtes Au-dessus de son bras ne laissent point de têtes. […] Hors de là il valait peu : brusque, lourd, taciturne et mélancolique, son grand front ridé ne s’illuminait, son œil terne et voilé n’étincelait, sa voix sèche et sans grâce ne prenait de l’accent, que lorsqu’il parlait du théâtre, et surtout du sien.
Madame Guyon courut rendre grâces à sa libératrice qui, subissant la fascination générale, la rapprocha d’elle comme un foyer de piété, d’éloquence et de grâce. […] Il en coûte sans doute à s’humilier ; mais la moindre résistance coûterait cent fois davantage à mon cœur. » XXX Le lendemain, il publia une déclaration à ses diocésains, dans laquelle il s’accuse lui-même d’erreur dans son livre des Maximes des Saints. « Nous nous consolons, dit-il dans cette déclaration, de ce qui nous humilie, pourvu que le ministère de la parole que nous avons reçu du Seigneur pour votre sanctification n’en soit pas affaibli, et que l’humiliation du pasteur profite en grâce et en fidélité au troupeau. » Sans doute l’arrêt officiel de Rome ne changea pas au fond de son cœur ses sublimes convictions sur l’amour désintéressé et absolu de Dieu : il ne crut pas s’être trompé dans ce qu’il sentait ; mais il crut s’être égaré dans ce qu’il avait exprimé ; il crut surtout que l’Église voulait imposer le silence sur des subtilités qui peuvent troubler les âmes et embarrasser son gouvernement, et il acquiesça avec bonne foi et avec humilité à ce silence. […] Il les reçut avec cette grâce naturelle qui le faisait régner par anticipation sur les cœurs : il régnait, en effet, déjà dans ses pensées.
A l’apparition des Adages, tous les esprits qui cherchaient et attendaient se sentirent comme inondés de la grâce de l’antiquité. […] Il clarifia, affina, allégea le vieil esprit de Renart et de Rutebeuf ; il l’enrichit de finesse, de mesure, de grâce, pour le mettre d’accord avec la forme nouvelle des âmes, et même avec l’aspect des choses. […] Tout le monde connaît cette grâce malicieuse, cette très peu candide et très naturelle simplicité, ces jets imprévus d’imagination ou d’ironie, cet art de dire les choses en se jouant, sans appuyer, et d’enfoncer profondément le trait dont l’atteinte est si légère.
Lorsqu’il connaissait mal Dieu, Pauline était tout pour lui : l’œuvre de la grâce achevée, son amour est tout à Dieu, et ne retombe sur la créature que renvoyé sous forme de charité par l’amour même de Dieu. […] Aussi ne l’a-t-il pas fait, et cette interprétation de Polyeucte est un pur contresens : la pièce est plutôt moliniste ; et la grâce dont on parle est celle des jésuites, théologiens de la liberté, et anciens maîtres du poète. […] D’abord égaré dans les extravagances tragi-comiques, il s’est assagi327, mûri, élevé, grâce surtout aux exemples que lui fournissait son grand rival.
Tous deux font, à travers la lande, par le brouillard, une promenade sentimentale d’où elle rapporte une pleurésie, et Raoul, subitement touché de la grâce, met sur le front de la mourante le baiser des fiançailles. […] Mais est-ce ma faute si le plus aristocratique des romanciers est aussi un peintre de femmes des plus audacieux, je dirais presque des plus brutaux, en dépit de la parfaite politesse et des grâces de sa forme ? […] Et bien qu’une autre littérature m’ait fait connaître des plaisirs plus aigus, j’admire franchement de quelle grâce l’auteur du Roman d’un jeune homme pauvre a su manier le romanesque, quand je vois ce qu’est devenu ce vieil oiseau bleu entre certaines pattes.
Grâce à eux, par eux et en eux, le Romantisme évita le déclin des écoles vieillies et énervées. […] Il est fait de justesse, de simplicité, de grâce, de force naïve. […] Grâce à eux il a acquis une indéniable existence littéraire.
Molière écoute ; il se prépare à faire rire « des commodités de la conversation » et du « conseiller des grâces » ; et Boileau, son auxiliaire dans sa campagne en faveur du naturel, va bientôt poursuivre aussi de sa rude critique ce qu’il nommera « le galimatias double » : incompréhensible pour l’auteur et pour l’auditeur. […] Mais parfois aussi l’on y parle d’importants sujets qui passionnent le public, des querelles sur la grâce, de la philosophie de Descartes. […] Non, ce sont des fleurettes, délicates et fragiles, qui ont quelque chose de musqué et d’artificiel, mais qui, en certaines heures, à la clarté des bougies, dans la douce atmosphère d’une fête, ont leur grâce et leur charme.
C’est celle où Césarine, tombant aux pieds de son mari, lui demande grâce, pardon, indulgence plénière sur tous ses péchés, jusqu’à la minute où elle parle. […] Sa dernière espérance de grâce est éteinte ; elle n’a plus qu’à se dévouer à la haine, au vice, au mensonge, à l’impénitence finale, ces dieux infernaux des désespérés. […] Mais ces idées sont vraies et salubres, revêtues d’art et de vraisemblance, exprimées par des caractères d’une grâce charmante ou d’un relief vigoureux, attendries par une émotion pénétrante.
Frétillon nous rend la perfection de la verve purement égrillarde ; c’est la chose légère, le rien mutin et libertin dans toute sa grâce. […] Ce n’est pas une guerre de détail que je viens faire à un poète que j’admire ; mais cette guerre, cet examen de détail, veuillez le remarquer, on n’en a fait grâce pourtant jusqu’ici à aucun des poètes modernes, excepté Béranger. […] Souvent de la grâce, mais le jugement frêle. — Il n’a que peu d’invention et d’initiative ; mais qu’on lui donne un commencement d’idée ou les trois quarts d’une idée, il excelle à la pousser et à l’achever.
Grâce à des mérites si réels et si divers, à Châtenay, à Sceaux, à Saint-Maur, on requérait que le facétieux abbé fût de toutes les fêtes champêtres et bucoliques : Parmi les dieux des bois, surtout n’oubliez pas Celui vêtu de noir qui porte des rabats. […] On n’a jamais mieux compris qu’en lisant cette correspondance raffinée et quintessenciée, la fatigue de ceux qui, passant leur vie à Sceaux à faire de l’esprit soir et matin, ne pouvaient s’empêcher de crier grâce, et appelaient cette petite cour les galères du bel esprit 26. […] De grâce, faites-moi pécher : Après je ferai pénitence.
Cependant elle marquait de bonne heure le goût de l’esprit, du bel et fin esprit, de celui qui sert à la conversation ; son père y excellait : elle raconte comment à Tours, chaque soir, elle aimait à entendre Monsieur l’entretenir de toutes ses aventures passées, « et cela fort agréablement, comme l’homme du monde qui avait le plus de grâce et de facilité naturelle à bien parler ». […] De l’éclat, une fraîcheur Qui conservait des Lis la candide innocence disaient les poètes, de beaux yeux, des cheveux blonds et d’un beau cendré, une belle taille, tout cela couvrait ce qui lui manquait du côté de la délicatesse et de la grâce ; « elle avait tout à fait en elle l’air de la grande beauté », reconnaît Mme de Motteville. […] Ce qui manque à sa vie, à son caractère comme à son esprit, c’est le goût, c’est la grâce, c’est la justesse, ce qui devait précisément marquer la belle époque de Louis XIV.
La religion est un commerce établi entre Dieu et les hommes, par la grâce de Dieu aux hommes, et par le culte des hommes à Dieu. […] Mais comme elle avait eu une mère fort jolie, et qu’elle avait une fille à qui elle pouvait dire : « Vous n’êtes pas née sans agréments », il est à croire qu’elle n’avait pas été elle-même sans quelque grâce. […] Entre tant d’hommes d’esprit qui venaient chez elle, et parmi lesquels je citerai encore Mairan, l’abbé de Montgault, l’abbé de Choisy, l’abbé de Bragelonne, le père Buffier, le président Hénault, Mme de Lambert avait fait un second choix de préférence dans la personne de M. de Sacy, le traducteur élégant de Pline le Jeune, et en qui elle voyait la réunion de toutes les vertus et de tous les agréments, les mœurs et les grâces.
On peut juger un homme public, mort ou vivant, avec quelque rudesse ; mais il me semble qu’une femme, même morte, quand elle est restée femme par les qualités essentielles, est un peu notre contemporaine toujours ; elle l’est surtout quand elle n’a cessé de se continuer jusqu’à nous par une descendance de gloire, de vertu et de grâce. […] Sans goût dans sa parure, sans aisance dans son maintien, sans attrait dans sa politesse, son esprit, comme sa contenance, était trop ajusté pour avoir de la grâce. […] Aussi ce fut une consolation pour elle, au milieu de tant de sujets de douleur, de se retrouver en 1790 à Lausanne ou à Coppet, en vue de son beau lac, et non loin des tombeaux de ses parents : « Il semble, disait-elle à chaque retour en dégageant le sentiment moral qu’inspire cette nature de paysage, il semble que l’Être suprême s’est occupé ici plus particulièrement de sa créature, et qu’il l’oblige sans cesse à élever sa pensée jusqu’à lui. » Elle écrivait en ces années finales, et pendant que 93 étendait ses horreurs sur la France, un écrit touchant, et qui a trouvé grâce auprès de ceux mêmes qui se sont montrés le plus sévères pour le genre d’esprit de Mme Necker, je veux parler de ses Réflexions sur le divorce qui parurent au lendemain de sa mort.
Je fais grâce des pièces authentiques que chacun peut lire, et je ne vais qu’à l’esprit des choses. […] Notez que ces calomnies secrètes et dites à l’oreille de tant de gens n’empêchèrent pas, cinq ans après, Voltaire renouant avec M. de Brosses, devenu alors premier président du parlement de Bourgogne, de lui écrire au sujet de quelque affaire qu’il lui recommandait (novembre 1776) : « Pour moi, à l’âge où je suis, je n’ai d’autre intérêt que celui de mourir dans vos bonnes grâces. » Littérairement, de Brosses eut une fois à juger Voltaire ; c’est à la fin de sa Vie de Salluste, et il le fit avec équité, sans qu’on y puisse découvrir trace de ressentiment. […] Quant à Voltaire, il est impossible, lorsqu’on le connaît bien et qu’on l’a vu en ses divers accès, de le prendre pour autre chose que pour un démon de grâce, d’esprit, et bien souvent aussi (il faut le dire) de bon sens et de raison, pour un élément aveugle et brillant, souvent lumineux, un météore qui ne se conduit pas, plutôt que pour une personne humaine et morale.
Peyrot possesseur d’une précieuse collection sur la Révolution française l’a mise toute à notre disposition, avec un empressement et une grâce de bon office qui méritent qu’on n’en soit pas oublieux. […] Voilà que les plumes les plus illustres s’y associent ; voilà que les intelligences les plus sérieuses, séduites et gagnées par la fragilité même d’aimables figures, pratiquent, dans une amoureuse familiarité, et dans leurs grâces les plus secrètes, les âmes charmantes d’un grand siècle. […] Elle ressuscitera un monde disparu, avec ses misères et ses grandeurs, ses abaissements et ses grâces.
Il apportait à Paris les romances tendres, tristes et vagues que l’on chante de la Forêt Noire aux Alpes Tyroliennes ; il prit en France la souplesse et la prestesse d’intelligence, la grâce, la mesure et l’esprit que Beaumarchais a légués à ses petits-fils du boulevard. […] Dans ses vers d’amour, il ne reste rien de toute la gaieté, la grâce superficielle, les galants baisemains d’autrefois ; il a transposé en mineur de vieux motifs badins ; il en a fait des nocturnes, des valses lentes, des musiques aussi désespérées ou aussi rêveuses que celles de Chopin, et rompues souvent de même, par des dissonances subites, des finales ironiques, de violents rires sonnant faux et perçants. […] Il a passé ses dernières années à draper décemment autour de son pauvre corps les plis d’une tunique mortuaire, sans oublier jamais son rôle de malade spirituel, sans une lamentation, une demande de grâce, sans même la raideur théâtrale du stoïcien.
Quoi qu’il en soit, la dormeuse est sans grâce et sans intérêt. […] C’est une élégance, une grâce de la tête aux pieds qui enchantent, on ne se lasse point de la voir. […] Cette paix aurait tout aussi bien fait de rester où elle était que de s’en venir d’un air aussi maussade, aussi dépourvue de grâce qu’elle l’est dans ce plat tableau, soit dit en passant et par apostille.
Cet emprunt à la matière qu’affecte ici le poëte, pour nous éblouir des effets éclatants de son art, peut en être un symbole visible, mais n’en exprime pas toute la grandeur et la grâce parfois naïve. […] Ainsi parut épuisée cette littérature si forte dans sa surabondance, tour à tour enthousiaste et moqueuse, prodiguant à pleines mains la poésie et concentrant avec précision la pensée, capable de tout, même d’un correct et ingénieux bon sens, si aventureuse dans son théâtre, et classique avec tant de grâce dans les vers de don Luis de Léon, si admirable enfin, pour la peinture des mœurs et la vie de l’histoire, dans Cervantès, dans Quevedo, dans Hurtado de Mendoza. […] que l’astre de l’éternelle vérité t’illumine et que le ruisseau de la céleste grâce nourrisse ton immense racine !
Il a introduit dans sa pièce la doctrine de la grâce, et l’a fait paraître, avec intention, dès les scènes d’exposition, comme il devait la faire éclater en son dénouement. […] Au-dessus de tout plane la Grâce, puissance mystérieuse qui descend où elle veut et relève ceux qu’elle touche. […] Elle est de ceux que même la grâce ne touche pas. […] L’affection l’entraîne sur les pas du martyr ; la grâce fait le reste. […] Elle va le boire. — Un autre serviteur accourt avec la grâce de la reine.
Grâce à elles, a-t-on compris que l’intérêt principal d’un tel drame n’est pas surtout lyrique, mais psychologique d’abord ? […] Faites place à l’héroïsme dans la grâce que nous apporte un Nijinsky ! […] Grâce à un vœu d’accord constant, chaque moment de l’action fait tableau et comble l’attente. […] Grâce à cette évolution, il nous sera dans une certaine mesure permis de trouver ce repos lui aussi légitime. […] Grâce à lui, « le vers libre », selon MM.
Grâce à ce mélange de modestie et de noble confiance, qui forme comme le tempérament des intelligences à la fois supérieures et droites, M. […] Accuser presque de n’avoir « ni esprit ni grâce » celui qui, en créant cette adorable figure de la comtesse Mosca, semble avoir dérobé au chantre de Phèdre un reflet de son art divin ! […] Que, depuis Adam, nous sommes tous pécheurs ; que, même sous la loi de grâce, on ne finirait point de sonder l’abîme de la corruption humaine. […] Il ramasse les sentines et les égouts, il souille la grâce, la beauté, l’amour, la jeunesse, la fraîcheur, le printemps, et d’une voix rauque d’orgie, et cependant guillerette, il s’écrie : « Voilà l’homme ». […] Adieu alors les grâces et les ris !
Ponchon a aussi de Monselet certaines grâces, et c’est tout.
Il soutient avec une vive intelligence et une finesse habile au paradoxe des causes souvent bizarres, excessives, difficiles, et il voyage de l’audace à la routine, du subtil au violent, du précieux au déréglé, avec autorité parfois, avec grâce souvent, avec talent toujours.
Racine a été, selon les moments, considéré comme un poète merveilleux de grâce et de pénétration ou comme un auteur de tragédies aussi ennuyeuses que régulières.
Dans l’Élysée antique le fleuve du Léthé n’avait point été inventé sans beaucoup de grâce ; mais toutefois on ne saurait dire que les ombres qui renaissaient à la vie sur ses bords, présentassent la même progression poétique vers le bonheur que les âmes du purgatoire.
De grâce, laissez quelque chose à suppléer par mon imagination.
Elle est assise et de repos, la jambe droite croisée sur la jambe gauche, le bras gauche nu, tombant mollement, et la main allant se poser sur le bord de son bouclier ; le bras droit aussi nu, amené avec le même naturel, la même grâce, la même mollesse et presque parallèlement au premier, vers la cuisse où la main tient négligemment une couronne.
Et, dans ces grands sourimonos de femmes de cette année et des années qui vont suivre, Hokousaï échappe à la grâce mignarde, poupine, conventionnelle de ses premières années ; il arrive dans des créatures plus amples, plus en vraie chair, à la véritable grâce féminine donnée par l’étude d’après la nature. […] Un coup de vent forçant deux femmes à ramener sur elles leurs robes enroulées dans un enveloppement plein de grâce. […] Deux sœurs ont sollicité de danser devant Kiyomori et, par bienveillance pour leur jeunesse et leur grâce, elle a fait accueillir leur demande par son amant. […] Ce kakémono, où l’opposition est charmante entre la grâce d’Okamé et la hideur du diable épouvanté, est une des plus remarquables peintures du maître en Angleterre. […] Une femme surplombant un Téngou auquel elle indique quelque chose de la main, dessin où la tête de la femme a une grâce voluptueuse indicible.
Mais avec un peu de réflexion, l’on verra que le héros de la pièce italienne, en passant en France, a pris cette grâce, cette amabilité, cette galanterie si naturelles à sa nouvelle patrie. […] en un mot, la grâce doit continuellement envelopper de ses formes la perfidie, la scélératesse de dom Juan. — Bah ! […] Cela est vrai ; mais la scène est si naturelle qu’elle conserve toutes les grâces de la nouveauté. […] de grâce laissez, je suis fort chatouilleuse. […] Grandval y joignait la grâce, l’amabilité, la décence, à l’expression de la tendresse la plus délicate, la plus vive.
Grâce à la science lucide et au talent probe de M. […] La citoyenne Beauharnais, sans être douée d’une vraie beauté, avait de la grâce. Et la grâce, plus forte que tous les autres dons de la nature, donne de l’agrément aux plus fastidieuses loquacités. […] Jamais l’enfantillage féminin n’eut des grâces plus gentilles ni mieux étudiées. […] Une fleur de corail, piquée dans les cheveux de jais, avive brusquement, d’un ton de pourpre ardente, la grâce des idoles jaunes.
. — De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret. […] Il verra comment, sous des querelles de couvent et des résistances de nonnes, on peut retrouver une grande province de psychologie humaine, comment cinquante caractères enfouis sous l’uniformité d’une narration décente, reparaissent au jour chacun avec sa saillie propre et ses diversités innombrables ; comment, sous des dissertations théologiques et des sermons monotones, on démêle les palpitations de cœurs toujours vivants, les accès et les affaissements de la vie religieuse, les retours imprévus et le pêle-mêle ondoyant de la nature, les infiltrations du monde environnant, les conquêtes intermittentes de la grâce, avec une telle variété de nuances, que la plus abondante description et le style le plus flexible parviennent à peine à recueillir la moisson inépuisable que la critique a fait germer dans ce champ abandonné. […] Elle-même provient d’une autre cause plus générale, l’idée de la conduite humaine tout entière, intérieure et extérieure, prières, actions, dispositions de tout genre auxquelles l’homme est tenu vis-à-vis de Dieu ; c’est celle-ci qui a intronisé la doctrine et la grâce, amoindri le clergé, transformé les sacrements, supprimé les pratiques, et changé la religion disciplinaire en religion morale.
Qui sait, si vous lui envoyiez Fior d’Aliza, avec un panier de figues et de châtaignes à son bras, lui demander la grâce du châtaignier et des figuiers, s’il ne vous accorderait pas à cause d’elle la vie de l’arbre et même la restitution du domaine tout entier de vos pères ? […] Allons, Fior d’Aliza, continua-t-il en s’adressant à la jeune et rougissante sposa, conte au seigneur ton idée en faisant ce que tu fis, et comment la grâce de Dieu a tout fait tourner, malgré tant de transes, au profit de l’amour. […] — Cette pensée, mais c’est une pensée du cœur, dit-il, il faut la lui laisser accomplir, car, quand la raison ne sait plus quoi conseiller aux hommes dans leur situation désespérée, il n’y a que le cœur qui ait quelquefois raison contre tout raisonnement ; laissez-le donc parler dans le cri de l’enfant, et qu’elle aille, à la grâce de Dieu, là où le cœur la pousse. […] Un malheur comme le sien (un guaï), cela doit faire bien du bruit dans le pays ; quand je saurai où on l’a jeté, soit dans les cachots, soit même dans les galères de Serra-Vezza, je finirai bien, par la grâce de Dieu, par me faire voir ou par me faire entendre de lui.
Le cardinal Borano lui commanda un groupe en marbre représentant le Christ mort descendu de la croix par les saintes femmes, œuvre que ne pensera jamais à rivaliser, dirent les artistes romains, aucun statuaire, en dessin, en grâce, en maniement assoupli du marbre. […] Vous savez comment mon pauvre Urbin est mort : ce qui a été tout à la fois pour moi une grande grâce de Dieu et une grande et infinie douleur. La grâce de Dieu a été que, puisqu’il veut que je vive encore ici-bas, il m’a enseigné par cette mort à mourir moi-même non-seulement sans regret, mais encore avec un immense désir de mourir. […] rends-moi le visage angélique dont la disparition a enlevé ta grâce et sa puissance à toute la nature.
Les démarches étaient remises, et il vient ce matin. » — « J’ai couru à l’Abbaye-au-Bois ; tout ce que tu peux rêver d’affable, de tendre, de bon, de grâce, c’est Mme Récamier. […] Dumas est plein de chaleur et de zèle, et sa femme m’a prise en goût tout à fait… J’ai vu Bocage chez Mlle Mars, il a été d’une grâce et d’une chaleur toutes romantiques… » Tout cela dans la même lettre ! […] … Il a toute la grâce d’un enfant. […] Cette Ondine avait bien de l’esprit et de la grâce, avec, peut-être, une pointe d’affectation.
Là grâce même d’Eschyle, cette grâce étrange et souveraine dont nous avons parlé, a quelque chose de cyclopéen. […] On lui imputait à crime tout, jusqu’à sa bonne grâce envers les jeunes poètes qui lui offraient respectueusement leurs premières couronnes ; il est curieux de voir ce reproche reparaître toujours ; Pezay et Saint-Lambert le répètent au dix-huitième siècle : Pourquoi, Voltaire, à ces auteurs Qui t’adressent des vers flatteurs, Répondre, en toutes les missives, Par des louanges excessives ? […] Grâce à Gutenberg, l’exemplaire n’est plus épuisable.
C’est un pays véritablement français ; ici je n’aurai pas à contredire Taine, c’est un paysage véritablement de notre pays central ; c’est un paysage qui n’a rien de grand, qui n’a rien d’imposant, qui n’a rien de tragique, c’est un paysage qui est une grâce légère, fine, intelligente et intellectuelle, pour ainsi parler, et qui était tout à fait de nature à former le génie que nous allons étudier. […] Ce n’est pas moi qui fais l’épigramme, c’est lui-même, car gentiment, spirituellement, avec toutes ses grâces délicieuses que La Fontaine a eues, même dans sa personne, quand il était encore jeune, il se plaint aimablement de cette servitude, et il présente Fouquet comme étant, lui, Fouquet, le pensionné de La Fontaine. […] Et il s’honora ensuite encore plus, à mon avis, en redoublant et en revenant à la charge, pour implorer encore la grâce de Fouquet. […] Remarquez que c’était grave, d’abord parce que le jeune roi s’annonçait comme un homme qui savait peu pardonner et qui n’aimait pas beaucoup qu’on lui demandât la grâce de quelqu’un.
Mais La Fontaine nous montre par là qu’il aime à discuter on le sait par ailleurs qu’il aime à exposer des thèses philosophiques ou scientifiques, et que peut-être il y avait un peu trop d’inclination même, puisqu’il s’attarde tellement sur de pareilles choses, qui parfois ne sont pas précisément très agréables pour le lecteur ; mais là où il montre que cette faculté de dialecticien il l’avait, éminemment et avec une souplesse, une aisance, avec une grâce tout à fait extraordinaires, c’est dans le passage suivant, que l’on trouve dans le Discours à Madame de La Sablière et que je vais vous lire. […] Le héron en eût fait aisément son profit : Tous approchaient du bord ; l’oiseau n’avait qu’à prendre… Voilà une description d’une délicieuse matinée de printemps avec cette même sérénité que nous avons remarquée au début de la fable de le Chêne et le Roseau, mais avec plus de grâce, plus de mollesse, plus de nonchalance. […] Ailleurs, il le félicitera de sa grâce à manier le vers facile, le vers libre, le vers irrégulier, de sa grâce souveraine dans ses vers. […] Car enfin, si l’on accepte cette définition du romantisme : « Le romantisme, c’est la prédominance de l’imagination », personne, je crois, n’a eu plus d’imagination, ni plus brillante, et plus abandonnée souvent, et souvent plus fantasque, mais avec des grâces infinies, que La Fontaine Si l’on accepte cette définition du romantisme : « Le romantisme, c’est la prédominance de la sensibilité », de tous ses contemporains (avec Racine) La Fontaine a été certainement le poète le plus doué de sensibilité, et vous savez de quelle nature charmante était cette sensibilité.
La grâce de l’image ne devait donc pas défendre le livre de Balzac, s’il tombait sous le reproche des esprits austères, et c’est en vain que, comme Alcibiade, il avait peint un enfant sur son bouclier. […] c’est le don le plus rare et le plus exquis que de grands génies, et de très grands, n’ont pas toujours trouvé dans leur talent et n’ont pas déposé dans leurs œuvres : je veux dire la naïveté, sans laquelle il n’y a pas de grâce toute-puissante et absolue dans les petites choses, et la bonhomie, sans laquelle, dans les grandes, il n’y a pas de complète grandeur. […] pas incapable de grâce et de mélancolie. L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur.
… Elle est fille d’une mère qui a été fort persécutée des tyrans, qui l’ont voulu étouffer dans le sang de ses martyrs, et encore des hérétiques, qui ont fait mille efforts à ce qu’elle ne mît point ce béni enfant au monde ; mais enfin elle s’est couronnée de lys aussi bien que de roses, portant en son sein des vierges et des martyrs… Cette excellente épouse n’a jamais été maltraitée de son mari, qui au contraire est mort pour elle… Et elle continue sur ce ton, multipliant, épuisant les images, les allusions emblématiques, s’y jouant plus que de raison, oubliant un peu le goût, mais faisant ses preuves en fait de grâce : je prends le mot dans le double sens, dans le sien et dans le nôtre. […] Il fallut toute la grâce et les gentillesses de la mère Agnès pour l’apaiser, pour la faire revenir de sa bouderie ; il fallut surtout ce post-scriptum rassurant, — car Mme de Sablé, en enfant gâté, ne se contentait pas de la promesse qu’on ne ferait plus de bougie, elle disait : Vous en ferez, vous en avez besoin, je veux que vous en fassiez, je ne veux pas vous gêner, mais je m’en irai ; il fallait donc lui prouver qu’on en pouvait faire sans que l’odeur lui en arrivât : « Depuis ma lettre écrite, lui disait la mère Agnès dans les dernières lignes, nos sœurs ont été faire la ronde pour chercher un lieu, s’il en faut un absolument pour vous satisfaire ; elles en ont trouvé un dans les derniers jardins, tout à l’autre bout, proche l’apothicairerie. » — Le choix de ce lieu-là hors de toute portée tranquillisa peut-être Mme de Sablé jusqu’à nouvel ordre et nouveau caprice, jusqu’à nouvelle lune.
Cette exclusion de l’abbé par ses confrères a été tant de fois racontée que j’en fais grâce. […] Il aimait et estimait le bon abbé et n’avait pas à un haut degré le culte de Louis XIV ; il aurait autant aimé que l’Académie revînt sur sa première décision ultra-royaliste sans le consulter, et qu’elle lui fit grâce de cette tracasserie mesquine. « Lavez votre linge sale en famille, messieurs » ; il ne dit pas la chose, mais c’était le sens.
Villemain savait la séduction insinuante et déployait les grâces. » Deux seuls alors étaient véritablement éloquents : le troisième, qui devait les surpasser un jour et arriver à l’excellence souveraine dans l'art de la parole, M. […] Les grâces de la femme chez elle ne souffraient pas des qualités sérieuses qu’elle possédait ; elle était la convenance même.
Il était lui-même le premier à sentir qu’il se livrait trop au plaisir de voir et d’apprendre indéfiniment, qu’il embrassait trop à la fois dans ses courses buissonnières à travers le monde, et il s’en confessait de bonne grâce, sauf à récidiver le lendemain. […] Dans le petit nombre des maîtres universellement salués et reconnus qui tiennent, à leur époque, le sceptre de l’esprit et qui pourraient être dans tous les sens les arbitres des grâces, il s’en est rencontré un (chose rare !)
La troisième partie de la Confession, qui contient les amours naissantes et les premiers épanchements d’Octave et de Mme Pierson, est d’une fraîcheur d’adolescence, d’une grâce délicate et amoureuse, qui montre à nu toutes les ressources du jeune talent de M. de Musset, et combien il lui sied d’ensevelir une certaine expérience corrompue. […] Si j’ai dit et redit de tant de manières le défaut qui me semble fondamental, j’ai trop peu loué le charme fréquent, la grâce, le pittoresque ou la profondeur des détails.
Il y raconte tout et peut-être au-delà ; il s’y montre à nu, sans façon et d’assez bonne grâce pour un vieillard ; épicurien comme Horace, qu’il aime à citer, sensualiste ouvertement, sans trop de cynisme, quelque peu chrétien par là-dessus, à ce qu’il dit, je ne me chargerai pas d’expliquer comment ; plein de regrets pour le passé, mais sans trace de repentir, il va, il déroule à plaisir, il recommence sa jeunesse. […] Le grand a Frédéric l’a conservé jusqu’à sa mort. » Nous avons voulu citer la peinture de cet iris, pour montrer avec quelle facilité lumineuse écrit notre Vénitien, et comme je ne sais quelle grâce des Sévigné, des Choisy et des Bussy a passé par là et voltige sous cette plume d’au-delà des monts.
Je vous rends grâces ; en cherchant à me déshonorer, vous avez, à votre insu, glorifié le travail. […] Ces insectes, volant en essaim d’étincelles, Cachaient leur aiguillon sous l’éclair de leurs ailes ; À leur bourdonnement on souriait plutôt ; La grâce comme une huile y guérissait le mot !
Depuis qu’il eut disparu et Mlle de Mars après lui, on a pu dire que la Comédie-Française dégénérait ; et pourtant elle dure, elle s’est tout à coup rajeunie avec un jeune talent doué de grâce et de fierté1 ; elle a des retours inattendus de faveur et de vogue auprès d’un public qui y accourt au moindre signal et qui a le bon sens de lui demander beaucoup. […] Il y avait l’épreuve redoutable de Chantilly, où M. le Prince, le plus railleur des hommes, ne faisait grâce qu’à l’excellent ; l’épreuve de la cour de Madame, où la nouveauté était sûre de trouver faveur, à condition de satisfaire l’extrême délicatesse ; puis l’épreuve redoublée des cercles de M. de La Rochefoucauld, de Mme de La Fayette et de tant d’autres.
Grâce à une versification moins vaine, ils obtinrent certains effets heureux. […] Elles ont des qualités parallèles de clarté, de style net, de grâce, de pensée souriante.
Pour l’écrivain français, dont la plume pouvait universaliser le blâme ou l’éloge, la fine Russie avait pris son plus beau sourire grec et revêtu toutes ses grâces de Cléopâtre asiatique. […] si Catherine le Grand vivait en l’an de grâce 1854, que penserait-elle du mot flatteur des philosophes : C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la lumière, et qu’elle n’acceptait de son temps que comme une espérance, un chant du coq, un point du jour ?
Il montait un bel étalon noir plein de force et de grâce, calme, ruisselant d’or, inondé de longs crins luisants. […] Il avait vers le monde du sein de la solitude, et vers la solitude du milieu du monde, des aspirations pleines d’espérances inquiètes, de tristesses rêveuses, de prostrations attendries, qui se reproduisent avec des grâces poétiques et chastes dans ses compositions.
Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule ! […] Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre !
— une intelligence grêle, un esprit efflanqué qui a parfois de la grâce… pour un Yankee. […] Sans la rédemption, le Saint-Sépulcre, le prosélytisme de la foi et de l’amour qui brûlait dans ce vieux pilote, ayant passé déjà quarante ans de vie à la mer, et qui n’en portait pas moins le cordon de saint François autour des reins et vivait, à bord, de la contemplation séraphique autant que de la contemplation de la nature, sans le catholicisme enfin et sa grâce divine, Christophe Colomb n’aurait été qu’un rêveur de plus, parmi les marins qui rêvaient, car à son époque le vent des découvertes soufflait sur tous les fronts et agitait tous les esprits.
il ne croit pas à la Grâce, le gracieux Bonhomme. […] C’est cette inépuisable psychologie qui lui a fait redécouvrir dans l’amazone une sybarite, — une sybarite de nouvelle espèce, qui resta voluptueusement pendant dix-sept ans, et jusqu’à sa mort, sur la paillasse des Carmélites, — et non pas en vertu d’une grâce divine, comme nous dirions, nous autres imbéciles, mais en vertu de « l’essence des choses », comme il dit, ce philosophe, qui a sans doute dans sa poche un flacon de cette mystérieuse essence-là !
Grâce à Walter Scott, grâce à notre illustre et glorieux Balzac, le roman, cette épopée des vieilles civilisations, a tellement varié et élevé ses formes au xixe siècle, que les procédés du xviiie nous paraissent effroyablement surannés et presque toujours inférieurs. […] Telle est la donnée que Monselet a cru faire accepter à l’Imagination moderne, cette grande dégoûtée, mais, au demeurant, la meilleure fille du monde ; tel est le pivot sur lequel il s’amuse à faire tourner, et quelquefois avec beaucoup de souplesse de grâce, les divers épisodes d’une composition qui est au roman ce que la comédie à tiroirs est à la comédie de caractère.
Toutes les Odelettes de Théodore de Banville ont cette légèreté, ce linéament d’arabesque à peine appuyé, cette grâce de bulle de savon dans le vent, cette transparence de dentelle qui recouvre… absolument rien, et la petitesse du volume, précédé pourtant d’une dédicace solennelle à Sainte-Beuve, montre assez que le livre en question est chose grave et probante, non pas seulement dans l’amour-propre, mais dans les idées de l’auteur. […] Grâce à Dieu, sa santé se raffermit, dit-on, et, comme les malades qui se retrouvent vivants quand ils ont fait leur testament, Banville, plus poète et mieux portant que jamais, fera mentir le titre de son volume actuel en publiant d’autres ouvrages.
Il avait la grâce de savoir écouter longtemps, jusqu’au moment où, du fond de son silence attentif, partait le mot, l’éclair électrique, la balle d’argent de Robin des Bois ! […] Il était la grâce amoureuse furieuse de la force.
Croit-on, dit-il à Valentinien et à Valens, croit-on que ce soit en montant à cheval avec grâce, et en maniant les armes avec adresse, qu’un prince puisse imiter cet être sublime ? […] À ma voix se joindront, pour te former, celle de Platon et celle du précepteur d’Alexandre ; à l’école des sages, deviens le bienfaiteur du monde. » Je finirai cet extrait, déjà peut-être trop long, en citant encore un morceau où Thémiste implore la grâce, d’un philosophe, dont le crime était d’avoir été le favori de Julien ; il ne le nomme pas, mais c’était probablement Maxime.
Nul frisson ne court plus aux feuillages, Le soleil ne jette aucun rayon, Tout est calme… Et c’est bien, dite avec grâce par lui-même, l’impression finale que donne la poésie de M.
Ils sont beaux, mais sans le savoir ; il faut les regarder longtemps pour découvrir dans cette atmosphère élyséenne un charme qui se dérobe et une grâce pleine de scrupules.
Clovis Hugues est bien frappé, vigoureux, facile, richement rimé ; la pensée qui l’anime est généralement élevée, et nul n’a plus de grâce quand il s’agit de peindre le charme de la nature.
Verhaeren, ni les mousselines à pois de Jules Laforgue, et qui a ses procédés propres et son secret, C’est pourquoi son livre mérite, après qu’on l’a lu pour le plaisir, pour tout ce qu’il contient de mélancolie et de grâce fébrile, d’être relu et étudié.
Ce qu’il m’offrait me parut possible, et dès lors, lui aidant et Le Constitutionnel s’y prêtant en toute bonne grâce, j’entrai en matière résolument.
Grâce au génie du christianisme, nous allons montrer qu’en histoire l’esprit français a presque atteint la même perfection que dans les autres branches de la littérature.
Les flots de l’Égée, qui viennent expirer sous de croulants portiques, Philomèle qui se plaint, Alcyon qui gémit, Cadmus qui roule ses anneaux autour d’un autel, le cygne qui fait son nid dans le sein de quelque Léda, mille accidents, produits comme par les Grâces, enchantent ces poétiques débris : on dirait qu’un souffle divin anime encore la poussière des temples d’Apollon et des Muses ; et le paysage entier, baigné par la mer, ressemble à un tableau d’Apelles, consacré à Neptune et suspendu à ses rivages210.
Cette vogue, cette faveur, tant attendue, lui venait enfin, mais elle avait perdu de sa grâce. […] Amitié rare, née de la poésie et qui lui revient fidèlement, si ce n’était descendre trop près de nous, que ne dirait-on pas de ces délicates affections de femme, de ces grâces ingénieuses et souriantes qui consolaient Alfred de Musset sous les traits d’une marraine, et qui ne manquèrent pas au chevet de douleur et de mort d’un Henri Heine lui-même ! Alexandre de Humboldt, dans ses dernières années, et quand on sut que l’âge commençait à peser enfin à cette organisation si longtemps verte et vigoureuse, recevait de tous côtés des offres de dévouement, de service ; on lui demandait par grâce de le venir soigner, entourer d’attentions, d’être sa lectrice, sa garde-malade. […] Pour moi, grâces au Ciel, j’ai bien fait toutes mes épreuves ; je sais à quoi m’en tenir sur le cœur des autres et sur le mien. […] Quoi de plus doux et de plus innocent, en effet, que de s’occuper dans un détail exact et avec une attention comme affectueuse d’une existence disparue, de ressaisir une figure nette et distincte dans le passé, de donner tous ses soins, pour la recomposer et la montrer aux autres, à celle qui ne nous est de rien, de qui l’on n’attend rien, mais dont je ne sais quelle grâce, quelle bienveillance souriante nous attire et nous a charmés ?
Grâce à ces gravures, je contemplais chaque jour la place du Peuple, le Colisée, la place et l’église de Saint-Pierre. […] « Elle nous salua avec une grâce timide. […] Méphistophélès, c’est un personnage que les jeunes écrivains et les poètes de ces derniers temps en France ont beaucoup trop fréquenté, et qui donne à leur prose trop ricaneuse ou à leurs vers lestes et ingambes des grâces de mauvais aloi, aussi éloignées de la véritable grâce que le dénigrement est loin de l’enthousiasme. […] XXVIII À ce moment Méphistophélès apparaît sous le costume d’un étudiant allemand élégamment vêtu, l’épée au côté, le manteau rejeté avec grâce sur l’épaule, le sourire du sceptique sur les lèvres, le ricanement ironique dans l’accent, la physionomie indécise entre l’homme d’esprit moderne et le satyre antique ; ses gestes sont saccadés et forcés comme ceux de l’homme qui dit une chose et qui en pense une autre.
Grâce à cette étude approfondie de sa vie et grâce à sa correspondance, nous le connaissons comme s’il eût été un de nos collègues dans les affaires publiques ou un de nos amis dans la vie privée. […] Ses traits étaient sévères, nobles, purs, élégants, éclairés par l’intelligence intérieure qui les avait, pour ainsi dire, façonnés à son image ; le front, élevé, et poli comme une table de marbre destinée à recevoir et à effacer les mille impressions qui le traversaient ; le nez, aquilin, très resserré entre les yeux ; le regard, à la fois recueilli en lui-même, ferme et assuré sans provocation quand il s’ouvrait et se répandait sur la foule ; la bouche, fine, bien fendue des lèvres, sonore, passant aisément de la mélancolie des grandes préoccupations à la grâce détendue du sourire ; les joues, creuses, pâles, amaigries par les contentions de l’étude et par les fatigues de la tribune aux harangues. […] Invention des arguments, enchaînement des faits, conclusion des témoignages, élévation des pensées, puissance des raisonnements, harmonie des paroles, nouveauté et splendeur des images, conviction de l’esprit, pathétique du cœur, grâce et insinuation des exordes, force et foudre des péroraisons, beauté de la diction, majesté de la personne, dignité du geste, tout porta, en peu d’années, le jeune orateur au sommet de l’art et de la renommée. […] César s’excuse auprès de Cicéron de sa victoire ; il va lui-même le visiter dans sa retraite en Campanie ; il lui demande, pour ainsi dire, grâce pour son triomphe ; il ne croit pas le monde conquis, si Cicéron n’a pas ratifié la fortune. […] XXIX On sait que César se faisait pardonner la tyrannie par la grâce, et Cicéron, les regrets de la liberté perdue, par les complaisances.
Il s’y installe, grâce, dit-il, à ses obséquiosités un peu serviles auprès des cardinaux et des prêtres. « Le 12 mai suivant, Alfieri était auprès d’elle, et à force de sollicitations, de servilités, de petites ruses courtisanesques (c’est lui-même qui parle ainsi), à force de saluer les Éminences jusqu’à terre, comme un candidat qui veut se pousser dans la prélature, à force de flatter et de se plier à tout, lui qui jusque-là n’avait jamais su baisser la tête, toléré enfin par les cardinaux, soutenu même par ces prestolets qui se mêlaient à tort et à travers des affaires de la comtesse, il finit par obtenir la grâce d’habiter la même ville que la gentilissima signora , celle qu’il appelle sans cesse la donna mia , l’amata donna. » Cependant, bien que l’amant vécût toute la matinée très retiré dans le palais Strozzi, auprès des Thermes de Dioclétien, faubourg isolé de Rome, il passait toutes ses soirées au palais de la Cancellaria, chez son amie. […] Et cependant, moi, ce superbe Alfieri, me faisant précéder de l’offre de mon beau volume, que le Saint-Père reçut avec bienveillance, ouvrit et reposa sur sa petite table, avec beaucoup d’éloges et sans vouloir me laisser lui baiser le pied, mais me relevant au contraire lui-même, car j’étais à genoux ; dans cette humble posture il me caressait la joue avec une complaisance toute paternelle ; moi donc, ce même Alfieri, l’auteur de ce fier sonnet sur Rome, répliquant alors avec la grâce doucereuse d’un courtisan aux louanges que le pontife me donnait sur la composition et la représentation de l’Antigone, dont il avait, m’assurait-il, ouï dire merveille, et saisissant le moment où il me demandait si je ferais encore des tragédies, louant fort du reste un art si ingénieux et si noble, je lui répondis que j’en avais achevé beaucoup d’autres, et dans le nombre un Saül, dont le sujet, tiré de l’Écriture, m’enhardissait à en offrir la dédicace à Sa Sainteté, si elle daignait me le permettre. […] « Ce chapitre un peu long, que j’ai placé dans la suite parmi mes poésies, est le premier et à peu près l’unique essai que j’aie tenté dans le genre de Berni, dont je crois sentir toutes les grâces et la délicatesse, quoique la nature ne me porte pas de préférence vers ce genre. […] J’avais aussi corrigé ce morceau ; il était recopié, et je lui fis grâce.
Lisons-le donc un peu pour lui, un peu pour revenir, plus charmés par la comparaison, au divin poète chez qui la rime n’est qu’une grâce de plus qui nous invite à apprendre par cœur les vers que nous venons de lire. […] A ce prix-là, je me résigne volontiers à traverser, dans Marivaux, ses inventions de maîtres déguisés en valets, ses faux confidents, même son marivaudage, qui paraît la langue naturelle de ces invraisemblances, et dont il réserve d’ailleurs les grâces minaudières pour ses valets. […] Ce vers même de dix syllabes où il est si à l’aise, y est sans grâce et sans vivacité. […] Grâce à ces mélanges, la condition rajeunira le caractère, et, pour peu qu’on s’y entende, « on pourra faire, affirme Diderot, un Misanthrope nouveau tous les cinquante ans. » Nous sommes à deux cents ans du premier ; le second, nous l’attendons encore. […] Pour parler d’Almaviva, on en trouverait le caractère, moins les grâces, jusque dans les démocraties de notre temps.
Il n’entend pourtant pas rivaliser avec les peintres ; il critique même les images qu’ils hasardent de la Vierge, « lesquelles ressemblent, dit-il, à leurs idées, et non à elle. » Il n’eût pas dit cela des vierges de Raphaël ; car c’est d’après le même modèle, gravé au fond de leur cœur par la foi et le génie, que le prédicateur par la beauté de ses paroles, l’artiste par les grâces de son pinceau, ont su représenter l’idéal de la plus touchante des croyances catholiques. […] Enfin Marie, la médiatrice, il n’ose pas la contempler dans la dignité ineffable que le mystère lui a faite ; il ne la voit pas comme Bossuet, avec ses grâces qui rendent le mystère plus aimable ; il s’en fait des images sévères et tristes, et quand il parle « de son exacte régularité, de son attention à ne se relâcher jamais sur les moindres bienséances, de sa conduite à l’épreuve de la plus rigide censure », ne dirait-on pas qu’il s’agit de quelque pénitente ou d’une personne en religion ? […] Ajoutez-y les qualités personnelles de Massillon, surtout la facilité qui répand tant de grâce sur les parties solides de ses discours. […] Mais ce qui me fait croire que la grâce n’était pas près de parler, c’est que, dans un portrait qu’il a fait de lui, à une époque où l’approche des dernières souffrances avait dû achever d’épurer sa belle âme, s’il y a des paroles douces, vertueuses, généreuses, il n’y en a pas d’humbles77. […] « Un charme d’élocution continuel, une harmonie enchanteresse, un choix de mots qui vont tous au cœur, un pathétique entraînant, douceur, dignité, grâce, sévérité, onction, surprenante richesse de développements ; art de pénétrer dans les plus profonds replis du cœur humain ; le Racine de la chaire et le Cicéron de la France. » 72.
Sa grâce, tout indépendante, et figure vraie de la liberté, a des griffes ; elle apparaît tout à coup, égayant par on ne sait quelles souples et fières ondulations la majesté rectiligne de son hexamètre ; on croit voir le chat de Corinthe rôder sur le fronton du Parthénon. […] Comme tous les hommes de progrès, il parle avec restriction de la loi écrite ; il lui préfère la grâce, de même que nous lui préférons la justice. Qu’est-ce que la grâce ? […] La grâce est l’âme de la loi. […] Cela sauve la grâce de devenir gentillesse.
L’agriculture est une figure charmante ; mais tout à fait charmante, et par la grâce de son contour et par l’effet de la demie-teinte. […] Mon ami, tu es plein de grâce, tu peins, tu dessines à merveille ; mais tu n’as ni imagination ni esprit. […] Composition qui demandait de la finesse, de l’esprit, de la grâce, de la gentillesse, en un mot, tout ce qui peut faire valoir ces bagatelles. […] Ce Télémaque n’a pas quatre ans de moins que sa mère ; et puis, il est froid, plat, sans caractère, sans expression, sans grâce, sans noblesse, sans aucun mouvement. […] Renaud gros valet, jouflu, rebondi, sans grâce, sans finesse, sans expression que celle de ces drôles, de ces gros réjouis, qui rient par éclats, qui font tenir à nos filletes les côtes de rire, et qui les croquent tout en riant.
S. les évêques), que David, après avoir été un adolescent doué de grâce, de force et de vaillance, devint le modèle des rois. […] Grâce à lui, grâce à l’avant-propos qui précède le tome II du Régime moderne, nous avons un fil conducteur. […] Anatole France ait si longtemps regardé son moi et qu’il nous ait dévoilé de si bonne grâce ce qu’il découvrait dans ce microcosme ! […] Il n’est point de livre où il soit plus question de bonté, de charité, de douceur, d’actions de grâce, de piété. […] C’est, par endroits, le roman mondain dans toute sa grâce, dans toute son indiscrétion.
Le sénat répondit en votant des arcs de triomphe et des actions de grâces aux dieux. […] Il énerva par de fausses grâces un heureux naturel. […] Ces fables milésiennes étaient fort vantées pour les grâces et la naïveté du style. […] Que Virginie est touchante lorsqu’elle va demander à un maître barbare la grâce de la pauvre négresse ! […] Ce fatal dénouement du poème lui inspire encore des images, non plus animées d’une grâce majestueuse comme l’innocence, mais embellies d’une grâce touchante, comme la faiblesse unie à la beauté.
Depuis lors, et sous quelque forme qu’il l’ait retrouvée, il n’a cessé de guerroyer contre, de combattre cette lâche indifférence, et il ne lui fait pas plus de grâce sous sa lourde et matérielle enveloppe de 1847 que sous sa légèreté frivole de 1817. […] Quant aux pages de pronostic sur la révolution du théâtre, on y sent, à travers toutes les politesses, un témoin hardi et ennuyé qui, pour peu que cela traîne, est tout prêt à se mettre de la partie, et qui, en attendant, harcèle avec grâce les retardataires. […] Thiers dans le cabinet du 1er mars (1840), il est sorti de là de cet air de bonne grâce et d’aisance qui ne surprend personne, et on n’a pas même l’idée de louer en lui le désintéressement, tant cette élévation de cœur lui semble facile. […] Il eut, tant qu’il le fallut, de l’élévation, il eut de la grâce. […] On se remet à l’écouter, à lui découvrir des grâces nouvelles, quand on est las du convenu ou du trop connu.
mais il y a une bonhomie de supériorité qui est la grâce de la présomption. On la pardonne, parce qu’elle est naïve comme toute grâce et qu’elle n’humilie personne en s’exaltant elle-même. […] Et pourtant, regardez à toutes les heures du jour, et dites si tout fleuve, rivière ou ruisseau ne coule pas avec une certaine grâce naturelle ; si, à tel moment, en rencontrant tel coteau, en s’enfonçant à l’horizon derrière tel bouquet de bois, il n’a pas son effet heureux et saisissant ? […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses. […] « Joséphine Bonaparte, mariée d’abord au comte de Beauharnais, puis au jeune général qui avait sauvé la Convention au 13 vendémiaire, et maintenant partageant avec lui une place qui commençait à ressembler à un trône, était créole de naissance, et avait toutes les grâces, tous les défauts ordinaires aux femmes de cette origine.
Les filles de Gautier ont un charme singulier, une espèce de langueur orientale, des regards lents et profonds, voilés de l’ombre de belles paupières lourdes, une paresse et une cadence de gestes et de mouvements qu’elles tiennent de leur père, mais élégantifiées par la grâce de la femme : un charme qui n’est pas tout à fait français, mais mêlé de toutes sortes de choses françaises, de gamineries un peu masculines, de paroles garçonnières, de petites mines, de moues, de haussements d’épaules, d’ironies montrées avec les gestes parlants de l’enfance ; toutes choses qui en font des êtres tout différents des jeunes filles du monde, de jolis petits êtres personnels, d’où se dégagent franchement, et d’une manière presque transparente, les antipathies et les sympathies. […] Gautier est gai à la façon d’un enfant : une des grandes grâces de l’intelligence. […] en la pendant… Mais c’est désagréable, la Reine, au dernier moment, a fait grâce. » Donc aujourd’hui Saint-Victor m’introduit chez ce terrible original. […] Elle est petite, mal venue, avec une figure laide et tendre, une pauvre figure à la grâce de Dieu. […] Une conversation ingénieuse, spirituelle mais mince ; une conversation où il y a de la grâce, de l’épigramme, du gentil ronron, de la griffe et de la patte de velours.
Quant à Claire, malgré des grâces naïves ici et là et de jolies faiblesses de femme, c’est toujours la femme élémentaire, la femme à son premier degré, dont nous avons parlé déjà et que Gœthe campe partout. […] … Ni plus ni moins que les gravures représentant les Quatre Saisons, coloriées, que nous avons vues pendant vingt ans dans toutes les auberges de France, tous les Grévedons sur la Jeunesse, la Beauté, la Grâce, le Sourire, l’Amabilité, etc., avec des mièvreries, des mignardises, des affectations inconnues à Grévedon. […] Almanach en morale que ces Proverbes, comme les poésies lyriques sont des Almanachs des Muses ou des Grâces en vers. […] Seulement il n’avait de ce diable de Voltaire ni le mouvement, ni la souplesse, ni l’abondance, ni la facilité, ni la grâce de singe éparpillant la lumière, ni tout ce flou intellectuel qui distingue Voltaire et que n’eut jamais ce grand sec et pédant de Gœthe. […] Prudent, comme un serpent qui craint pour sa queue, il fermait la main sur la vérité quand parfois il en attrapait une, — espèce de Fontenelle, moins la grâce, avec un air de charlatan majestueux que le bonhomme Fontenelle n’avait pas.
Cette pensée, il voulait la revêtir de grâce et de charme, sachant bien que le but de la poésie c’est, avant tout, de satisfaire le besoin de la beauté ; mais il pensait, sans le dire, que le travail de la forme pour elle, même, permis aux arts plastiques, risque de réduire la poésie au rôle de simple amusement… Vers la lumière respire le bonheur partagé, mérité et permis.
J’ai ressenti une joie d’âme, une beauté de cœur, une sincérité de gestes, d’actes, de grâce devant ce petit livre qu’est Toi, de beauté et de bonté si pure, douce et grave… Si nous passons à la Légende blasphémée, le chant du poète se change en un cri d’orgueil et de gloire, en une force et une vaillance de son être rebelle aux codes, aux lois, aux disciplines.
La nature et les Grâces ont disposé de l’attitude de la statue.
Demandez même à ces familles dispersées, à ces amants que le sort ou le devoir sépare, combien la vue de quelques mots écrits leur porte de sécurité, de joie, ou de consolation, dans l’absence : ceux-là vous diront aussi ce que la grâce de l’expression ajoute de charme aux relations des sentiments. […] Aux bergers qui luttaient de grâce et de naïveté, en célébrant la vie champêtre, les plaisirs rustiques, et les nymphes des bois et des fontaines, succédèrent les mimes qui laissèrent leurs noms à un genre de dialogues satiriques. […] Habitué à traduire la latinité, sa plume en a emprunté la précision, la grâce, la pureté ; et, soit qu’il traite de la poésie, soit qu’il traite de l’art oratoire, on sent qu’il est toujours guidé par un goût sûr qui lui dicte ce qu’il écrit. […] Elle attacha les esprits les plus frivoles au charme des pensées sérieuses, et força les plus graves à dépouiller le langage scientifique de sa technicité, préjudiciable aux grâces du discours. […] Les mœurs des divinités agrestes, et des bergers fabuleux, prendraient une grâce parfaite sous une plume délicate.
Les assistants apercevaient de la grâce dans cette façon d’insinuer que l’adversaire était simoniaque. […] Le protestantisme n’avait ni altéré ni renouvelé la nature divine ; conservateur du symbole accepté et de l’ancienne légende, il n’avait transformé que la discipline ecclésiastique et le dogme de la grâce. […] Au temps du Christ, chaque imagination produisait une hiérarchie d’êtres surnaturels et une histoire du monde ; au temps de Milton, chaque cœur racontait la suite de ses tressaillements et l’histoire de la grâce. […] Des compliments philosophiques et des sourires moraux. « Je cédai, dit Ève, et depuis ce temps-là je sens combien la beauté est surpassée par la grâce virile et par la sagesse, qui seule est véritablement belle ! […] Que de grâces, que de grandeur !
Mais chez lui le vers est si nombreux, si long et si mélodieux que ces finales mêmes sont comme une grâce sobre et chaste de plus. […] Ce livre, intitulé Les Déliquescences, par Adoré Floupette, chez Léon Vanné, éditeur à Bysance, raille avec une grâce et une malice parfaites les prétentions quelque peu formidables des « réformateurs », leurs rhythmes abracadabrants et leurs rimes… ou leur manque prémédité de rimes allant sous le nom de « Vers Libre », le choix excessif de leurs vocables et le lâché ou le guindé de leurs tournures… Les Déliquescences firent fureur à leur époque : les poètes visés prirent en général bien la chose. […] Il y avait, passage La ferrière, un bouquiniste qui avait, de temps en temps, des lots de livres curieux et rares, et c’est ainsi que je dénichai, entre deux volumes (du temps) de Mme Putiphar, celui de Champavert ou les Contes immoraux d’un lycanthrope et celui des Rhapsodies, je dénichai, dis-je, et achetai, avec ces trois presque introuvables bouquins, la précieuse comédie que je dévorai et dont je raffole depuis, tant c’est un chef-d’œuvre de fantaisie gigantesque et de grâce hautaine. […] que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes. […] Redoux, du Jeu des Grâces, de ces admirables abominables Délices d’une bonne œuvre, de cet admirable affreux Mahoin, toutes choses infiniment supérieures à du Pétrus Borel avec, très supérieures, l’âme par instant du Lycanthrope qui fut, n’est-ce pas ?
Il est des formes d’argumens utilités que l’on emploie pour établir des sophismes brillans ; on cause avec feu & légèreté ; on n’est point dépourvû de connoissances ni de finesse ; on a discuté avec grâce : il ne manque à tout ce qu’on a dit, que le bon-sens & la vérité. […] Toutes les grâces du langage ne lui ont pas ôté sa petitesse & sa bisarrerie. […] Ils préféreront toujours une certaine abondance, une marche harmonieuse, des mots amples qui aient de la grâce & de la souplesse. […] Les cinq années Littéraires de Clément de Genève, me semblent un modele de critique, de raison, de grâces, de vivacité, d’esprit. […] Ces cris bientôt dégénèrent en convulsions ; ils annonçoient la grâce du Poète.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Bien qu’il soit très soucieux du rythme et qu’il ait réussi à merveille de rares et précieux essais, on ne peut considérer en Cros un virtuose en versification, mais sa langue très ferme, qui dit haut et loin ce qu’elle veut dire, la sobriété de son verbe et de son discours, le choix toujours rare d’épithètes jamais oiseuses, des rimes excellentes sans l’excès odieux, constituent en lui un versificateur irréprochable qui laisse au thème toute sa grâce ingénue ou perverse.
On mangera et on boira de la grâce et de la tendresse.
Une femme entre à l’église et prie en sa grâce de parisienne agenouillée : sait-elle, saura-t-elle jamais qu’un poète l’a vue ainsi et qu’il a pensé, en la voyant, à la divine douceur mystique de l’Évangile ?
Paul Léautaud Malgré tant de points parfaits où la modernité s’allie au grand passé que nous tous portons en nous, où « l’harmonie, la grâce du paysage, le charme virgilien, loin de nuire à l’originalité de l’auteur, y ajoutent encore », et qui sont d’une langue et d’un rythme admirables, c’est surtout comme poète satirique que M.
Ces deux caractères, ouvrages d’une nation tout entière, devaient nécessairement présenter dans leur conception une heureuse uniformité ; c’est dans cette uniformité, d’accord avec le sens commun d’une nation entière, que consiste toute la convenance, toute la grâce d’une fable.
Maurice Magre a de la grâce — une grâce un peu frêle mais exquise ; M. […] Unir ma voix au cantique des Ancêtres végétaux, je n’oserais ; ils savent mieux que moi rendre grâces au soleil. […] Je respire plus à l’aise, mon cœur oppressé se desserre, ma pensée vole vers le bouleau fraternel dont la grâce tranquille, parmi toutes ces roches écrasantes, me verse l’apaisement et la sérénité. […] Ce furent des instants de lucidité profonde, grâce auxquels je me sentais meilleur et plus fort, — confirmé dans l’idéal que j’ai conçu. […] Elle promulguait, pour sa Bible et son Coran, le Code, compendium des ruses grâce auxquelles on peut exploiter son prochain sans courir de risques.
Ce qu’il a amassé de documents doit passer en entier ; il ne fait grâce de rien. […] Grâce à elle, circule un souffle d’air pur dans ces miasmes. […] C’est la grâce que je nous souhaite. […] De grâce, monsieur Baju, édifiez-nous là-dessus ! […] mais, de grâce, qu’elle n’en tende pas.
« Enfant, tu es un bouton naissant, ma mignonne, tu as une grâce charmante ; si Dieu le veut, tu deviendras grandelette. […] D’ailleurs, n’est-ce pas là qu’est la grâce, et en poésie la grâce ne vaut-elle pas parfois la beauté, parce qu’elle est la beauté elle-même ? […] en qui existe seule la Grâce, — car la Chair n’y est plus… ou si peu. […] Il est donc bon de montrer qu’il sait entrelacer les rimes d’un pantoun avec tout autant de grâce que Théophile Gautier, sinon avec la même habileté de ciseleur impeccable. […] À tes pieds me voici toute ; allons, tue-moi, tu es le maître ; je n’ose plus me dire ta femme… Grâce, pour les enfants, grâce !
Je crains de ne pas savoir m’y prendre avec la grâce qu’il faudrait. […] Ortrude resta donc dans la demeure par la grâce d’Elsa. […] De grâce, ne me la nommez point. […] Teodor de Wyzewa a peint ces Iduméens avec une grâce rustique qui rappelle l’Eubéenne de Dion Chrysostome. […] qu’avec sa bonhomie, sa grâce ouverte, sa bonne humeur, son air simple et facile, il était l’hôte auguste, le demi-dieu mortel !
Ce n’était pas l’érudition qui le séduisait ; la grâce majestueuse du style n’était pour lui qu’une joie secondaire. […] C’était le coup de grâce, le dernier châtiment infligé au vaincu. […] Hors du culte romain, il n’admet ni grâce ni salut. […] Les caresses menteuses de cette courtisane couronnée ne signifient rien, si Lucrèce n’obtient la grâce de son fils. […] Ne détruisez pas notre architecture gothique ; grâce pour les vitraux tricolores !
Nous croyons qu’il y a dans la nature un reste de mal qu’il faut attaquer par le sacrifice, et contre lequel la nature elle-même est infirme sans une sorte de grâce. — Et puis, quand on aurait trouvé théoriquement quelle devrait être l’éducation des mères de famille, ne faudrait-il pas que cette éducation pût matériellement s’adresser à toutes ?
Grâce aux sentiments qu’elles m’ont inspirés, j’ai traversé de tristes jours sans maudire personne, plein de confiance dans la rectitude naturelle de l’esprit humain et dans sa tendance nécessaire à un état plus éclairé, plus moral et par là plus heureux.
Mme de Sévigné elle-même ne semble-t-elle pas se dédoubler dans ses enfants, donnant sa ferme raison à l’une, à Mme de Grignan, sa grâce d’imagination et toute la folle du logis à l’autre, à l’étourdi chevalier ? […] Renée a donc su rendre, par un agréable enchaînement de citations, d’extraits et d’observations rapides, l’existence et le caractère de la comtesse de Soissons, de la duchesse de Mazarin, de la duchesse de Bouillon ; il nous a introduits dans cette compagnie choisie de l’hôtel de Nevers, dans ce mystérieux ménage « qui joignait les grâces de Mortemart61 et l’imagination de Mancini ». […] Renée a rassemblé bien des témoignages de son esprit et de sa grâce, et à ce propos je rappellerai, un peu à sa décharge, que cette grande querelle à l’occasion de Phèdre fut provoquée peut-être, et certainement aggravée, par le procédé de Racine lors de la première représentation. […] On n’osait pas dire en face au duc de Nivernais : « Vous êtes trop heureux que nous ayons un ministère si inhabile » ; on lui disait du moins : « Vous êtes en ce moment plus habiles que nous. » Il touche et fait sentir cela avec beaucoup de tact et de bonne grâce dans un passage d’une de ses lettres, le dernier que nous citerons (toujours au comte de Choiseul) : Je dois vous dire, entre nous, que cette paix, qu’on critique peut-être à Paris, passe ici pour un chef-d’œuvre d’habileté de notre part.
Un chevalier ou une demoiselle ne traversent jamais une forêt que les oiseaux n’y gazouillent à ravir, et que la verdure n’y brille de toutes les grâces de mai. […] Le talent, je le sais, est bien à l’origine un talent gratuit, une sorte de prédestination non méritée, une grâce en un mot dans toute la rigueur du sens augustinien et janséniste, indépendamment de la volonté et des œuvres ordinaires de la vie. […] il tient la plume, la grâce céleste descend, la magie commence, la première beauté de cœur a brillé. […] S’il est insuffisant à remuer et, pour ainsi dire, à faire frémir avec grâce le voile de la nature, s’il lui est refusé de revêtir d’images transparentes, et accessibles à tous, les vérités qu’il médite, et s’il les ensevelit plutôt sous des clauses occultes, il contredit, sinon avec raison en principe (ce que je ne me permets pas de juger), du moins avec une portée bien supérieure, quelques-unes des douces persuasions propagées par Bernardin ; par exemple, que la nature, qui varie à chaque instant les formes des êtres, n’a de lois constantes que celles de leur bonheur
Ce site avait été, dès son enfance, propice au Tasse ; il y vit représenter l’Aminta avec les mêmes applaudissements qu’à Ferrare ; il y composa en l’honneur de Lucrézia, toujours belle dans sa maturité, ce fameux sonnet de la rose, devenu depuis le proverbe poétique et consolateur des beautés dont la fleur survit à leur printemps : « Dans l’âpre primeur de tes années, dit le poète à Lucrézia, tu ressemblais à la rose purpurine qui n’ouvre encore son sein ni aux tièdes rayons ni à la fraîche aurore, mais qui, pudique et virginale, s’enveloppe de son vert feuillage ; ou plutôt (car une chose mortelle ne peut souffrir la comparaison avec toi) tu étais pareille à l’aube céleste qui, brillante et humide dans un ciel serein, emperle de ses pleurs les campagnes et embaume les collines de ses senteurs ; et maintenant les années moins vertes de ta vie ne t’ont rien enlevé de tes charmes ; et bien qu’indifférente et négligée dans ta parure, aucune beauté puissante, parée de ses plus riches atours, ne peut s’égaler à toi : ainsi plus resplendissante est la fleur à l’heure où elle déplie ses feuilles odorantes ; ainsi le soleil, à la moitié de son cours, étincelle de plus d’éclat et brûle de plus de flamme qu’à son premier matin. » Le duc et la duchesse d’Urbin, sachant que les grâces faites au Tasse étaient les plus douces flatteries au cœur de Léonora, lui firent présent d’un anneau orné d’un magnifique rubis, qu’il vendit plus tard à Mantoue comme sa dernière ressource contre la faim, pendant ses misères. […] C’est quelques jours après avoir adressé ces vers à la comtesse de Scandiano, qu’il consentit, sur quelques scrupules des critiques romains qui examinaient son poème, à supprimer le bel épisode d’Olinde et de Sophronie, une des grâces les plus déplacées, mais les plus séduisantes, de son récit. […] Ces deux adolescents donnaient, depuis leur enfance, les signes de cette bonté de caractère et de cette grâce de manières qui les ont rendus depuis chers à tous les proches et à tous leurs compatriotes. » XIII « Cornélia, sa sœur, non contente d’entourer de ses soins et de sa tendresse le frère qui lui était rendu, voulut affermir encore sa convalescence par les soins des plus habiles médecins de Salerne et de Naples. […] XIV Le Tasse partit de Rome à cheval avec l’ambassadeur d’Alphonse, Gualengo, et fut accueilli à Ferrare comme un convalescent revenu à la santé, et non comme un coupable rentré en grâce.
Marie était évidemment la Béatrix de ce grand poëte : Au milieu du printemps entre les liz naquit Son corps qui de blancheur les liz mesmes vainquit, Et les roses, qui sont du sang d’Adonis teintes, Furent par sa couleur de leur vermeil dépeintes ; Amour de ses beaux traits lui composa les yeux, Et les Grâces, qui sont les trois filles des cieux, De leurs dons les plus beaux cette princesse ornèrent, Et pour mieux la servir les cieux abandonnèrent. […] Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse. […] ne sont plus icy ; quand tant de beautez rares Dont les grâces des cieux ne vous furent avares Abandonnant la France, ont d’un autre costé L’agréable sujet de nos vers emporté ; Comment pourroient chanter les bouches des poëtes, Quand par vostre départ les Muses sont muettes ? […] Ce conseil, de plus, ne pouvait qu’être bien accueilli par une jeune reine dont le cœur devait précéder la main, car le jeune Darnley, à la fleur de son adolescence, était un des plus beaux gentilshommes qui pussent captiver par les grâces de leur figure et de leur personne les yeux et le cour d’une jeune reine.
dans ton auguste temple, accompagné des Grâces ; viens dans ton temple maritime, avec un pied de bœuf ! […] La luxurieuse Astarté débauche l’aimable Cypris ; elle dénoue sa ceinture tissée par les Grâces, et lui fait tenir des lupanars dans ses temples. […] … Tes parfums sont agréables à respirer, ton nom est comme l’huile répandue ; c’est pourquoi les jeunes femmes t’aiment… Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe suspendu entre mes seins… L’odeur de ses vêtements est comme l’odeur du Liban… Fortifiez-moi avec des raisins, soutenez-moi avec des oranges, car je ne meurs d’amour », Les Adonies répétèrent les fêtes de Byblos, adoucies et enrichies par le goût attique : Cypris vint, à son tour, comme sa sœur de Syrie, prendre entre ses bras le corps de « l’Époux » : mais, au lieu de l’étreinte furieuse d’Astarté, c’était un enlacement plein de grâce. […] Son péplos, brodé par les Grâces, déroule l’univers entier dans ses plis ; son cratère est le creuset créateur où les éléments cosmiques opèrent leur mélange.
Augier et Sandeau, afin de mieux les féliciter du tact et de la bonne grâce qu’ils ont mis à les éluder. […] On l’avait à peine entrevue jusqu’ici, cette douce Antoinette, voilée qu’elle était par sa réserve modeste et toute pareille, en ses grâces ravies et timides, à une bergère de conte de fées qui vient d’épouser un fils de roi, et qui ne revient pas de sa haute fortune. […] Et, lorsque nous voyons le gentilhomme réduit à s’humilier devant ce pied plat pour sauver la femme qu’il a compromise et lui demander grâce d’une voix suppliante, il nous semble qu’une telle pénitence rachète tous ses torts, et que madame de Presles est bien cruelle de lui refuser son pardon. […] L’Indépendance, la Sérénité, la Fantaisie, ces trois Grâces de la vie terrestre, dansent, derrière elle, dans une active allégresse.
De sa légèreté ailée cette âme communique quelque chose au corps qu’elle anime : l’immatérialité qui passe ainsi dans la matière est ce qu’on appelle la grâce. […] Là où la matière réussit ainsi à épaissir extérieurement la vie de l’âme, à en figer le mouvement, à en contrarier enfin la grâce, elle obtient du corps un effet comique. Si donc on voulait définir ici le comique en le rapprochant de son contraire, il faudrait l’opposer à la grâce plus encore qu’à la beauté. […] Quand nous ne voyons dans le corps vivant que grâce et souplesse, c’est que nous négligeons ce qu’il y a en lui de pesant, de résistant, de matériel enfin ; nous oublions sa matérialité pour ne penser qu’à sa vitalité, vitalité que notre imagination attribue au principe même de la vie intellectuelle et morale.
En peu d’années, la première impulsion était devenue une habitude, une direction constante, une nécessité : nous cherchons bien des noms à ce que les chrétiens appellent d’un mot abrégé, une grâce. […] Ce spectacle même, à s’en donner un moment la vue, est consolant et beau : sur le trône la bonté dans sa magnanimité ou dans sa grâce ; sur les marches du trône et dans les plus hauts rangs de la société, intelligence, générosité, discernement et activité pour le bien, pour l’allégeance des misères ; à tous les degrés de l’échelle, des associations utiles et secourables : et malgré tout il y a des problèmes insolubles ou non résolus encore, des intérêts rivaux qui semblent ennemis, qui sont certainement contraires et qu’il n’est pas donné aux meilleures intentions, aux résolutions les plus louables, d’accommoder ni de trancher. […] Non, cela est impossible : la loi est juste, et la justice, en cette question, s’est introduite et s’est étendue, grâce surtout à la considération de la femme, de la veuve.
Sa grâce n’étant pas venue à temps, dans les premières années, il se dit que ce ne serait plus une grâce, et il en prit son parti, il en fit son deuil une fois pour toutes. […] La réponse, fort détaillée, est pleine de modération, de maturité et de grâce.
Dès 1807, nous voyons paraître de lui une traduction exquise du Guide spirituel, petit livre ascétique du bienheureux Louis de Blois ; la préface, aussi parfaite de style que tout ce que l’auteur a écrit plus tard, respire un parfum de grâce céleste, une ravissante fraîcheur de spiritualité. […] Le style de l’Essai sur l’indifférence, qui s’est épuré, affermi encore, s’il se peut, dans les deux écrits subséquents de l’auteur (la Religion considérée dans ses rapports, etc., et les Progrès de la Révolution), possède au plus haut degré la beauté propre, je dirai presque la vertu inhérente au sujet ; grave et nerveux, régulier et véhément, sans fausse parure ni grâce mondaine, style sérieux, convaincu, pressant, s’oubliant lui-même, qui n’obéit qu’à la pensée, y mesure paroles et couleurs, ne retentit que de l’enchaînement de son objet, ne reluit que d’une chaleur intérieure et sans cesse active. […] Pour plus de garantie contre le relâchement et par une sorte de sainte inquiétude, il s’est voué à un exercice infatigable dans la rude voie où la Grâce l’a glorifié ; c’est un trappiste de l’intelligence : l’application opiniâtre de la pensée catholique aux diverses portions du domaine scientifique et social, tel est le champ qu’il laboure chaque matin dès avant l’aurore.
Mais non : tout doit tendre au bon sens, cela veut dire que le poète n’écrit pas par fantaisie, pour se montrer, déployer son agilité ou ses grâces devant le public. […] Racine enfin jette au rebut les mannequins élégants de Quinault, et produit des hommes, de vraies âmes humaines, douloureuses et vivantes : si vrai, qu’avec sa grâce puissante, il fait parfois l’effet d’être brutal à ce beau monde, accoutumé à tout ennoblir et à tout affadir. […] Si ce vers et tout le contexte ont un sens, il faut entendre que tout ce qui est a sa grâce du fait de son existence, et que toute nature plaît, parce qu’elle est la nature.
Mais c’est dans la peinture que ce travestissement a toute sa grâce : et nos bavards mystères ne nous offrent rien qui ne soit cent fois plus charmant dans les tableaux des vieux maîtres allemands ou hollandais. […] Grâce sans doute aux membres communs qu’elles comptaient, les deux sociétés firent de bonne heure un accord pour mettre en commun leur répertoire. […] Mais, par une bien fine distinction, tandis que le boiteux, à qui l’on n’a enlevé que la souffrance et l’incommodité, peste toujours d’avoir désormais à travailler, l’aveugle, qui voit la lumière, sent qu’il naît à une vie nouvelle et sa paresse vaincue entonne un hymne d’action de grâces.
« Je prends de la fortune le premier argument : ils me sont également bons, et ne desseigne jamais de les traiter entiers : car je ne vois le tout de rien… De cent membres et visages qu’a chaque chose, j’en prends un, tantôt à lécher seulement, tantôt à effleurer, et parfois à pincer jusqu’à l’os : j’y donne une pointe, non pas le plus largement, mais le plus profondément que je sais, et aime plus souvent à les saisir par quelque lustre inusité233. » De cette libre allure vient cette fraicheur vive d’impression qui donne tant de grâce primesautière, tant de force pénétrante aussi à son expression. […] Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait. […] Avec toutes ses grâces, il ne faut pas hésiter à dire que cette règle de vie est mauvaise et fausse.
Les trois Dialogues platoniciens sur l’Éloquence sont pleins d’aisance, de grâce, d’esprit. […] Il nous découvre une délicatesse de goût sensible surtout à la couleur pittoresque et à la grâce élégiaque. […] Il a des ardeurs, des grâces féminines dans ses affections : ce sont des élans, des caresses impétueuses, et puis de douces coquetteries, des diminutifs amicaux, des surnoms familiers par lesquels sa tendresse s’approprie pour ainsi dire son objet.
Griffin infusa l’esprit même du peuple, et il en passa quelque chose dans la forme désormais plus aisée qui trouva des grâces nouvelles, comme « à la bonne franquette » parmi les vergers fleuris. […] L’armure du guerrier n’est pas faite à sa taille, pourtant il la meut sans fléchir, même avec grâce ; mais comme sa juvénile chanson ne passe qu’avec peine à travers le resplendissant grillage, voilà qu’il arrache son cimier, délace le gorgerin et respire ! […] La noblesse ineffable de ses musicales architectures, le jet tout puissant de sa pensée, la force et la grâce de son tour ont signé toutes ses œuvres sans qu’il eût besoin d’y ajouter la boucle d’un trait de plume.
Le cantique d’action de grâces s’arrête court et tourne à la plainte, l’acclamation expire en lamentation. […] La grâce des plus belles statues lui est odieuse ; leur beauté n’est plus, car elles n’ont pas d’yeux. » — Image touchante d’une inexprimable tendresse. […] Hélène arrache un cri d’envie à Électre ; on dirait une Euménide séduite par une Grâce. « Ô Beauté !
Au dîner où il la vit d’abord, Mirabeau, déjà tenté, après avoir causé avec Mme de Monnier, la pria de demander au commandant la permission pour lui de venir le lendemain à Pontarlier : « Je n’imaginais pas, écrivait-il plus tard à Sophie elle-même, qu’il fût possible de vous refuser, et je le craignais d’autant moins dans cette occasion que, peu de jours auparavant, Belinde avait obtenu cette grâce légère… M. de Saint-Mauris ne se rendit point aux instances que vous voulûtes bien lui faire, et cette espèce de brusquerie ne vous étonna pas ; pour moi, j’en fus offensé et surpris. » À quelques jours de là, Mirabeau ayant rencontré par hasard Mme de Monnier à la promenade, elle lui demanda s’il n’irait point à un bal, à une fête champêtre qui avait lieu à Montpetot, à une lieue de Pontarlier. […] Après Saint-Mauris, il y a un M. de Sandone, qui aurait bien pu devenir pour elle dangereux : il jouait avec elle Zaïre et faisait Orosmane : C’était un jeune homme de mon âge, beau, bien fait, et d’une modestie plus touchante que toutes les grâces d’un petit-maître. […] Toutes les adresses, toutes les audaces, il se les permettait : « Ce sont, disait-il, des ruses de bonne guerre ; mais trahir l’hospitalité, demander une grâce pour tromper son bienfaiteur, ce seraient d’horribles perfidies, et ce remords aurait empoisonné jusqu’à ses plaisirs. » Je donne ce sophisme de la passion pour ce qu’il vaut.
Il y avait pourtant toujours dans les prisons quelques malheureux condamnés vulgaires qui se promenaient dans les préaux depuis cinq ou six mois, respirant l’air, tranquilles désormais, sûrs de vivre, prenant leur sursis pour leur grâce. […] Le couteau remonta et retomba cinq fois, cinq fois il entama le condamné, cinq fois le condamné hurla sous le coup et secoua sa tête vivante en criant grâce ! […] Ce n’est pas à eux que nous nous adressons, mais aux hommes de loi proprement dits, aux dialecticiens, aux raisonneurs, à ceux qui aiment la peine de mort pour la peine de mort, pour sa beauté, pour sa bonté, pour sa grâce.
La légitimité, la grâce de Dieu, la monarchie pharamonde, les nations marquées à l’épaule de la fleur de lys, la possession des peuples par fait de naissance, la longue suite d’aïeux donnant droit sur les vivants, ces choses-là luttent encore sur quelques points, à Naples, en Prusse, etc., mais elles se débattent plutôt qu’elles ne luttent ; c’est de la mort qui s’efforce de vivre. […] La princesse Sanguzko est en larmes ; elle présente, prosternée, une supplique à Nicolas ; elle demande grâce pour son mari, elle conjure le maître d’épargner à Sanguzko (polonais coupable d’aimer la Pologne) l’épouvantable voyage de Sibérie ; Nicolas, muet, écoute, prend la supplique, et écrit au bas : A pied. […] La grâce de Dieu procrée le droit divin.