Mais attendez un peu. […] Attendez. […] Ce qu’on ne saurait plus en attendre, c’est une direction morale pour les âmes. […] Car la célébrité se fit attendre pendant des années ; elle se fit si bien attendre que l’un des deux frères perdit courage et mourut avant de l’avoir vue arriver. […] Mais il ne renonce pas ; il attend, il espère, il a confiance.
Il attendra la gloire et se passera de la vogue. […] Il oublie tous les plaisirs de la France, il oublie sa famille et la richesse qui l’attendait. […] Madeleine, qui l’attend sur le perron et lui dévoile le secret de sa ruse ingénieuse. […] L’étude de l’antiquité est trop négligée pour qu’il soit permis d’attendre de la foule un jugement clairvoyant dans ces questions délicates. […] Un jour, tandis que les évêques délibéraient, Philippe arriva sans être attendu, prit en croupe Ingeburge et disparut avec elle.
Elle ne l’aime plus, parce qu’il n’a pas fait ce qu’elle attendait de lui. […] J’attendais de vous du plaisir ; je ne sais si vous en attendiez de moi (pourquoi pas ? […] Qu’attend-il ? […] Et enfin le public est toujours là, qui attend. […] Nous sommes dans le salon où les invités devront attendre le départ du convoi.
Tout à fait libre alors, et prenant son grand vol, chantre adopté de la jeunesse et de la patrie, amoureux de ses gloires, attristé de ses deuils, la consolant par ses souvenirs et ses espérances, il ne voulut point d’autre rôle ; et, dans sa vieillesse, quand il vit s’accomplir plus d’événements qu’il n’en avait sans doute attendu, quand il se reconnut meilleur prophète encore qu’il ne l’avait pensé, il eut la sagesse, et de vouloir rester le même, le simple et grand chansonnier comme devant, et à la fois de ne point répudier les prodigieux résultats publics auxquels, pour sa part, il avait concouru.
La Grèce était sous ses yeux ; il ne pouvait ne pas y penser, « La Grèce attend un libérateur, a-t-il dit depuis ; ce serait une belle couronne de gloire !
Cette heureuse tendance, qui n’attendait qu’une occasion pour se produire, l’a trouvée dans notre révolution de juillet.
Ce qu’on attendait de M.
Héloïse aime, Héloïse brûle ; mais là s’élèvent des murs glacés ; là tout s’éteint sous des marbres insensibles ; là des flammes éternelles, ou des récompenses sans fin, attendent sa chute ou son triomphe.
Le voyageur s’assied sur le tronc d’un chêne, pour attendre le jour ; il regarde tour à tour l’astre des nuits, les ténèbres, le fleuve ; il se sent inquiet, agité, et, dans l’attente de quelque chose d’inconnu ; un plaisir inouï, une crainte extraordinaire font palpiter son sein, comme s’il allait être admis à quelque secret de la Divinité : il est seul au fond des forêts ; mais l’esprit de l’homme remplit aisément les espaces de la nature ; et toutes les solitudes de la terre sont moins vastes qu’une seule pensée de son cœur.
Ils disent que le St Victor a plus l’air d’un homme qui insulte, qui brave, que d’un homme ferme et tranquille qui ne craint rien et qui attend.
L’imprudence est grande d’attendre à demander avis sur un bâtiment, qu’il soit déja sorti de terre, et qu’on ne puisse plus rien changer dans l’essentiel de son plan sans renverser la moitié d’un édifice déja construit.
J’attends le Bulletin avec beaucoup d’impatience.
Il dut attendre encore deux ans avant que cette justice lui fût rendue (1832). […] Magnin des airs superbes, et il se sentait pour lui quelque dédain qu’il ne dissimulait pas ; il riait de lui voir des velléités de savoir en tous sens quand les instruments pour cela lui manquaient en partie ; il ne se prêtait pas toujours à le satisfaire, quand on le questionnait au nom de son curieux et friand collaborateur, sur les choses et les hommes d’au-delà du Rhin : « Ce sont des envies, des caprices d’érudition, disait-il ; il peut attendre. » Il triomphait avec supériorité de son accès aux hautes sources germaniques et de sa première nourriture de moelle de lion. […] Au lieu de cela, il mollit, il disserta agréablement, mais il ne dit pas le mot décisif qu’on attendait de lui.
Les paons familiers, perchés dès l’aurore sur ces parapets pour attendre le réveil des habitants du château, jettent par intervalles leurs cris rauques et sauvages pour demander les miettes de pain qu’on leur jette du haut des fenêtres ; les hennissements des poulains dans le pré, les gloussements des poules dans les basses-cours, les joyeux aboiements des chiens enchaînés dans leurs niches aux deux côtés du seuil, leur répondent. […] Mais, reniant alors le vrai beau qui m’attire, Je devrais, après l’ode, épouser la satire ; C’est la muse qu’il faut à ce monde vénal, Et l’ère des Césars attend son Juvénal. […] L’avenir les attend et va régler nos comptes.
Voici comment cela m’arriva, je ne dirai pas sans le vouloir (l’amour-propre n’a pas de ces hypocrisies), mais je dirai sans m’y attendre. […] IX Je relus vingt fois le billet du prince de Talleyrand, et je dis à la jeune fille qui attendait, en me regardant lire et relire, toute rouge de l’émotion qu’elle lisait de même sur mon visage sans le comprendre : « Viens que je t’embrasse, ma petite Lucy ! […] Je ne m’attendais pas à un rafraîchissement d’esprit si charmant, mais j’en avais besoin : « Ce n’était pas la saison des roses », comme dit le poète persan Saadi.
XVI Les anciens fermiers de la famille, toujours attachés au nom, propriété morale que rien ne peut acheter et vendre, étaient avertis de ma visite, et m’attendaient pour me donner l’hospitalité des chalets. […] Ces montagnes, comme entassées confusément par la main du Créateur, sont en général arrondies en forme de dômes, les unes noires des forêts de pins qui les tapissent de leurs ombres, les autres vertes des pâturages qui les veloutent ; celles-ci nues et grisâtres parce que leur pente plus rapide en a laissé glisser l’humus, que le soleil du soir en s’y répercutant à nu les fait blanches à l’œil comme des falaises lointaines au bord de la mer ; quelques-unes, derrière les autres, sont tachées au nord de quelques flaques de neige, restes de l’hiver dernier qui attendent un autre hiver ; phares de montagnes que les bergers regardent s’allumer ou s’éteindre selon que le soleil levant les frappe, ou que le soleil couchant leur retire ses derniers rayons en descendant du ciel. […] — Attendez !
J’allai au-devant d’eux dans une vaste enceinte, et, me plaçant devant une grande table qui rompait la colonne et qui m’empêchait d’en être submergé, j’attendis que la plénitude du lieu rendît la foule immobile, et, m’adressant aux premiers rangs, composés des chefs, au milieu desquels rayonnaient quelques belles figures d’artisans plus éclairées que les autres des rayons du bon sens qui transperce l’ignorance et la force brutale des masses : « — Que demandez-vous de nous ? […] XII Nous nous mîmes en marche à travers une foule innombrable vers la place de la Bastille ; deux millions d’hommes de Paris et des villes et villages nous y attendaient, les uns sous les armes, les autres désarmés. […] J’écrivis à Hugo pour lui dire « que je l’avais lu, que j’étais tour à tour ravi du talent, blessé du système ; que la critique radicale de la société, chose sacrée parce qu’elle est nécessaire, chose imparfaite parce qu’elle est humaine, m’était antipathique ; que, si j’écrivais sur son livre, je respecterais avant tout l’homme, l’amitié, le suprême talent, le génie, cette épopée du talent ; mais qu’en confessant mon admiration pour le talent, il me serait impossible de ne pas combattre à armes cordiales le système ; et qu’en combattant le système, je froisserais peut-être involontairement l’homme et l’œuvre ; que par conséquent j’attendrais sa réponse avant d’écrire une ligne de l’admiration et de la réprobation qui bouillonnaient en moi ; et que, s’il craignait que la condamnation des idées du livre ne blessât le moins du monde en lui l’homme et l’ami, je n’écrirais rien, car, même pour défendre la société, il ne faut jamais, comme un vil séide, enfoncer même une épingle au cœur d’un ami, et qu’il me répondît donc, s’il le jugeait à propos ; que, s’il ne me répondait pas, j’interpréterais son silence, et je n’écrirais rien ».
Je ne l’attendais pas sitôt, ni presque si aimable, quoique ce ne soit pas surprenant ; mais toute distinction qui me touche me surprend toujours un peu. […] Mais nous n’en faisons pas, et qui vient nous voir ne doit s’attendre qu’au gracieux accueil, le meilleur qu’il nous soit possible dans la plus simple expression de forme. […] Voilà le père revenant de ses champs pour l’heure des repas, et embrassant ses enfants qui l’attendent pour prendre avec lui le dîner frugal sur la table de la cuisine, au milieu de cinq ou six serviteurs respectueux quoique familiers.
Et en parlant ainsi avec un grand air de bonté, il s’arrêta pour attendre ma réponse. […] Pendant cette indécision, Murat se déclara, livra bataille aux Autrichiens, fut défait et se réfugia à Naples d’où il s’embarqua pour Toulon, puis pour la Calabre, où la mort l’attendait ; mort cruelle où un roi héroïque tombait sous la balle d’un roi à peine restauré ; tache de sang sur deux couronnes, qui tuait le vainqueur autant que le vaincu ! […] L’ingratitude l’avertit, il l’attendait, il dédaigna de se défendre contre elle ; il ne pouvait lui opposer que vingt ans d’heureux et fort gouvernement, la tranquillité à Rome, sa pauvreté volontaire et l’amitié de son maître.
Or, rien ne prouve qu’ils ne leur naîtront pas un jour ; et, puisque les Normands ont attendu pendant des siècles, les Gascons, et les Provençaux peuvent attendre encore, bien que M. […] Les gens des diverses provinces se mêlent depuis bien des siècles et n’ont pas attendu pour cela l’invention des chemins de fer.
Méthode attrayante, mêlée de tous les genres et de tous les tons ; le dogmatique arrêté à temps, coupé par des récits et de piquantes confidences sur lui-même, jamais pédantesque, même aux endroits où Montaigne paraît être le plus sérieusement de l’opinion qu’il professe la causerie jamais vaine ; l’auteur remplaçant à propos par un discours serré le laisser-aller du causeur ; tous les genres de style agréablement mêlés, depuis le plus relevé jusqu’au plus familier, sans attendre que le relevé ait trop tendu l’esprit du lecteur, ni que le familier l’ait relâché, toutes les formes du discours appelant toutes les ressources de la langue. […] Derrière lui, pas de modèle qui fît loi ; autour de lui, pas de critique qui l’accusât de violer la tradition, et qui lui opposât quelque vocabulaire officiel ; mais une nation avide de gloire littéraire, et qui attendait sa langue de ses grands écrivains. […] Montaigne n’a pas parlé de Plutarque d’un style plus vif, ni sous une impression plus forte et plus présente des fruits qu’il avait tirés de cette lecture : « M’amye, j’attendois d’heure à autre une lettre.
Aussi reçoit-elle, comme un inconnu, le soldat loyal qui lui revient les bras ouverts, plein d’amour et plein d’espérance, comme un fiancé longtemps attendu. […] » répondait le parterre. « Attendez donc, s’il vous plaît. » Sur quoi, le More allait, dans la coulisse, se munir de la vessie à sang de boeuf, qu’il devait écraser sur la poitrine d’Hédelmone au moment voulu. […] Augier l’honneur d’une tentative qui atteste en lui un respect profond de son art, et le public lui en tiendra compte, à la première revanche qu’il attend de son grand talent.
Il n’y a point de pensées toutes faites dans le cerveau, pas d’images réelles, mais seulement des images virtuelles qui n’attendent qu’une excitation pour passer à l’acte. […] Je fais l’expérience : je fixe fortement ma pensée sur une des molaires de droite, je localise d’avance la douleur que je vais essayer d’évoquer ; puis j’attends. […] À une époque où elle ne se rappelait pas d’une heure à l’autre ce qu’elle avait fait, elle attendait anxieusement que la porte s’ouvrît à l’heure accoutumée, et, si l’amant ne venait pas, elle était de mauvaise humeur toute la soirée.
* * * — « J’attendrai ! […] J’attends. […] C’est le ministère qui tient notre pain… Et tout ce qu’il y aurait à faire, cependant, en dehors des commandes du gouvernement… la décoration picturale des cafés, des gares de chemins de fer surtout, de ces endroits où tout le monde attend et où on regarderait… On me dira qu’il y a des peintures à la bibliothèque de la Chambre des pairs.
Et maintenant, plus abandonné et plus tremblant que les derniers des malheureux, que les plus vils esclaves, que les prisonniers enfermés dans de noirs cachots, n’ayant devant les yeux que les épées préparées contre lui, que les tourments et les bourreaux, privé de la lumière du jour au milieu du jour même, il attend à chaque moment la mort, et ne la perd point de vue. […] Attendez au moins le jour de ma mort ; peut-être n’est-il pas éloigné. Ceux qui sont jeunes peuvent espérer de vieillir ; mais, à mon âge, je n’ai plus que la mort à attendre.
Il n’attendit pas sa renommée. […] En effet, lorsque la faute de grammaire ou d’intelligibilité n’est pas dans la langue de Villemain ; quand il a le hasard d’une pureté dont il semble avoir la recherche, il traîne toujours je ne sais quelle glaise visqueuse autour de sa pensée, et il nous empêtre dans des phrases de ce terne et de cette lourdeur : « La pensée toute française — dit-il au commencement d’un de ses rapports — qui, pour susciter d’éloquents travaux sur notre histoire, a réservé au talent une sorte de majorat annuellement électif, reçoit de nouveau la destination que lui avait indiquée dès les premiers jours le suffrage public. » On n’a jamais attendu en se travaillant davantage une éloquence qui ne veut pas venir ! […] Ces six cents pages ne sont pas même le tour de force sur le vent que nous attendions d’un si grand artiste en vide que Villemain ; car, au bout de quelques haleines, il clôt, épuisé, la dissertation sur Pindare, et se met à pourchasser la poésie lyrique partout où elle s’est montrée dans la littérature des peuples, afin de nous prouver (dit-il) qu’elle fut toujours en harmonie avec l’élévation morale et religieuse des nations !
C’est un tout petit blanchissage de son livre et de sa personne, que je n’attendais point de la part de ce Fendant. […] mais « un homme d’étude et d’art », et qu’il fallait attendre, pour le juger, que son œuvre fût finie. Comme si on ne pouvait pas lui rétorquer l’argument et lui dire : Et vous, si vous ne voulez pas qu’on vous juge, il fallait attendre que votre œuvre fût finie avant de la publier !
vous faites pour la seule justice, pour l’humanité seule, ce qu’à peine on aurait attendu de la plus ardente amitié ! […] Adieu, mon cher Fauriel ; j’attends votre décision pour vous aimer davantage si elle vous amène ici. […] Amaury Duval attendait probablement pour le prochain numéro de la Décade. […] J’attends avec la plus grande impatience l’échantillon que vous me faites espérer. […] J’attends avec impatience la troisième partie de cet extrait que je n’ai pas lue encore.
Une doctrine qui attend des purs mouvements de la sensibilité qu’ils nous élèvent si haut, au bien, à Dieu, est foncièrement optimiste. […] Les poètes du XVIIe siècle, qu’est-ce qu’attendaient d’eux leurs contemporains ? […] Je n’attends pas de cet auteur une littérature « intérieure ». […] C’étaient des familles d’ouvriers qui, encore en habit de travail, venaient attendre les permissionnaires militaires. […] Je l’attendais.
Il attendit qu’une voix alors toute-puissante3 franchît l’étendue des mers, et demandât une grâce qu’il ne pouvait lui refuser. […] La tâche du vainqueur était achevée ; on attendait encore l’œuvre du législateur. […] Hazael m’attend ; adieu, cher Télémaque. […] Le voyageur s’assied sur le tronc d’un chêne pour attendre le jour ; il regarde tour à tour l’astre des nuits, les ténèbres, le fleuve. […] Il laisse malheureusement imparfaits quelques ouvrages dont il attendait sa plus solide gloire, et qui seraient devenus ses premiers titres dans la postérité.
Toutefois il a fallu attendre l’an de grâce 1908 et le facsimilé de M. […] J’attends le jour des Rois avec impatience. […] Sa première, bienveillante mais réservée, était bien loin de me faire attendre celle-ci. […] Toujours attendre, et ne pas rencontrer ! […] À ne voir d’abord que ce qu’il a fait en faveur du premier, qui ne s’attend à voir le second sacrifié ?
Que faut-il attendre ? […] Et puis on l’attend ; qui ? […] C’est un art qui n’attend pas ; c’est un art qui n’a pas le loisir d’attendre. […] bien, ce que vous attendiez, le voici. […] On ne peut attendre mieux d’elles, car elles sont stupides.
Si vous n’aviez jamais vu un homme nager, vous me diriez peut-être que nager est chose impossible, attendu que, pour apprendre à nager, il faudrait commencer par se tenir sur l’eau, et par conséquent savoir nager déjà. […] Certes, il n’est pas nécessaire de penser en géomètre, ni même de penser du tout, pour attendre des mêmes conditions la répétition du même fait. […] Mais c’est l’ordre du premier genre que j’attends, l’ordre que met consciemment dans sa vie une personne rangée, l’ordre voulu enfin et non pas l’automatique. […] Mais, en réalité, le hasard ne fait qu’objectiver l’état d’âme de celui qui se serait attendu à l’une des deux espèces d’ordre, et qui rencontre l’autre. […] De l’aliment ingéré, car l’aliment est une espèce d’explosif, qui n’attend que l’étincelle pour se décharger de l’énergie qu’il emmagasine.
Sa carrière est assez difficile à remplir noblement, pour qu’il lui faille, dans les traverses qui l’attendent, une inflexible probité. […] On pourrait croire cette décomposition minutieuse, puisqu’en effet un cours de littérature n’enseigne pas à faire des ouvrages : ce serait trop en attendre ; mais il apprend à les apprécier : et ce n’est pas le moindre service qu’on ait à rendre aux écrivains que de multiplier dans le monde le nombre de leurs véritables juges. […] Le héros, vainqueur de Troie, est attendu par la vengeance : son épouse a promis et préparé sa mort : Cassandre prophétise la catastrophe : Atride est immolé par Clytemnestre, et l’adultère ne paraît avec Égisthe, au dénouement, que pour se vanter de son crime. […] Si l’exagération du pathétique outrepassait les limites que les anciens lui ont marquées, elle dégraderait la dignité de l’art : mais on peut, mais on doit même atteindre aux dernières bornes qu’ils ont posées à la pitié et à la terreur extrême, pour donner au public toutes les émotions qu’il a le droit d’attendre du vrai genre tragique.
. — Cas où la sensation est prochainement attendue. — Exemples pour les images qui correspondent à des sensations de la vue, de l’ouïe, du goût, du toucher. — Effets égaux et semblables de l’image et de la sensation correspondante. — En ce cas, l’image est prise, au moins pendant un instant, pour la sensation correspondante. […] Il a souvent fait des parties d’échecs mentales avec un de ses amis qui avait la même faculté que lui, en se promenant sur les quais et dans les rues. — Comme on s’y attend, une représentation si exacte et si intense se répète ou dure involontairement. […] Un gourmand assis devant un bon plat, dont il respire les émanations et dans lequel il plonge déjà sa fourchette, en sent d’avance le goût exquis, et les papilles de sa langue deviennent humides ; l’image de la saveur attendue équivaut à la sensation de la saveur présente ; la ressemblance va si loin que, dans les deux cas, les glandes salivaires suintent au même degré. […] « Alors je me suis levé et n’ai cessé de me promener, bien convaincu qu’on m’exécuterait le lendemain matin et que c’était pour cela que le lieutenant était attendu à Sancergues. » Il se lève de bonne heure, descend.
« Mais quand le petit houx devient rouge (de baies), que les journées se font hivernales et longues les veillées, autour de la braise à demi éteinte, pendant qu’au loquet siffle ou miaule quelque lutin, sans lumière et sans grandes paroles, il faut attendre le sommeil, moi tout seul avec lui ! […] ” — “Attends ! […] On sait que l’aloès ne fleurit que tous les vingt-cinq ans et qu’il meurt après avoir répandu dans un effort suprême son âme embaumée dans les airs ; il y en avait un dans ce petit jardin dont on attendait la floraison d’un moment à l’autre. Or, par une heureuse coïncidence, ce rare phénomène végétal semblait nous avoir attendus pour s’accomplir sous nos yeux.
Continuons. » Le professeur nous lut alors, sans l’interrompre, tout le premier chant ; on y voit avec plus de charme que de clarté comment Charlemagne, à la tête de l’armée d’Occident, attendait au pied des Pyrénées l’armée des Sarrasins commandée par Agramant ; comment le paladin Roland, neveu de Charlemagne et revenant des Indes avec Angélique, reine du Cathay, dont il était amoureux jusqu’au délire, arriva au camp de Charlemagne pour lui prêter son invincible épée ; comment Charlemagne, craignant que la passion de Roland pour Angélique ne lui fît oublier ses devoirs de chevalier et de chrétien, lui enleva Angélique, dont Renaud de Montauban, son autre neveu, était également épris ; comment Angélique fut confiée par Charlemagne au vieux duc de Bavière, afin de la donner comme prix de la valeur à celui de ses deux neveux qui aurait combattu avec le plus d’héroïsme ; comment les chrétiens sont défaits par les Sarrasins ; comment Angélique s’évade pendant la bataille à travers la forêt ; comment elle y aperçoit Renaud courant à pied après son cheval Bayard, qui s’était échappé ; comment Angélique, qui a Renaud en aversion alors, s’éloigne de lui à toute bride ; comment, arrivée au bord d’une rivière, elle est aperçue par le chevalier sarrasin Ferragus qui a laissé tomber son casque au fond de l’eau en buvant au courant du fleuve ; comment Ferragus, enflammé à l’instant par la merveilleuse beauté d’Angélique, tire l’épée pour la défendre contre Renaud ; comment Angélique profite de leur combat pour échapper à l’un et à l’autre ; comment Renaud et Ferragus, s’apercevant trop tard de sa fuite, montent sur le même cheval pour la poursuivre, l’un en selle, l’autre en croupe ; comment ils se séparent à un carrefour de la forêt pour chercher chacun de leur côté la trace d’Angélique ; comment Renaud retrouve son bon cheval ; comment Angélique, après une course effrénée de trois jours, descend de cheval dans une clairière obscure de la forêt. […] « S’il est ami ou ennemi, elle ne le sait pas ; la terreur et l’espérance agitent son cœur serré par le doute ; elle attend, immobile, la fin de cette aventure, sans ébranler de sa respiration l’air qui l’environne ; le chevalier se couche à demi sur le bord incliné du ruisseau, passe un de ses bras sous sa tête où s’appuie sa joue, et s’abîme tellement dans une profonde rêverie qu’il paraît transformé en une insensible pierre. […] Il monte Bayard, et, sous la conduite d’un guide, il chevauche à travers les chemins de traverse de la forêt vers la ville où Ginevra attend vainement un libérateur. […] Léna, qui était encore dans la fleur de la seconde jeunesse, quoique ayant porté déjà ce fruit de printemps, dans cette enfant, aurait pu lutter de candeur et de fraîcheur avec Thérésina ; en sorte que la fille, par sa précocité, atteignait la mère, et que la mère, par sa lenteur à prendre les années, attendait la fille pour ne former, pour ainsi dire, à elles deux qu’une image de ravissante beauté, répétée dans deux visages, et pour enivrer deux fois le regard.
Les filles pouvaient attendre un hasard heureux de mariage sans dot, avec quelque gentilhomme veuf ou suranné des environs, ou se vouer généreusement au célibat pour laisser à leur frère leur petite fortune après la mort de leurs parents. […] Il ne me reste que la prière du soir et le sommeil à attendre. […] « Adieu, mon confident, tu vas m’attendre dans mon bureau. […] Cela m’arrive lorsque le ciel est nébuleux, que je suis triste et que j’attends un peu de soleil ou quelque chose de rayonnant dans mon âme ; alors le temps est long.
Il arrive au camp un allié qui n’était guère attendu : c’est Genius, le chapelain de dame Nature. […] Des épithètes du même genre ne manquèrent ni au Champion des Dames de Martin Franc, ni aux Ballades de Philippe le Bon, duc de Bourgogne ni aux essais de comédie de Coquillart ; c’est un trait de l’histoire de notre poésie que les grandes admirations n’ont pas attendu les grands talents. […] Corps féminin, qui tant es tendre, Polli, souef si précieux Te faudra-t-il ces maux attendre ? […] Villon n’a pas su quelle destinée auraient ses vers mais il semble qu’il ait eu la pudeur de la gloire qui l’attendait.
Nous devions nous y attendre, la donnée artistique étant si différente. […] La sensation, même superficielle, de la musique de Parsifal nous amène devant un monde de douleur et de péché ; la teinte triste et recueillie du prélude, cet espoir, au milieu de la souffrance, d’un sauveur attendu nous donne déjà le sens général de l’œuvre. […] La femme, qui lui a donné la connaissance de la douleur, souffre aussi du désir, elle attend la délivrance de la malédiction qui pèse sur elle. […] Il se repose, avant de continuer sa-route, et la nature, « qui attend sa délivrance de l’homme » resplendit autour de lui — c’est le miracle du vendredi-saint, — « Toute créature, dit Gurnemar, se réjouit aujourd’hui : elle regarde vers l’homme délivré (nun freut sich aile Kreatur…) La femme pécheresse aux pieds de Parsifal a retrouvé enfin les larmes (ich sah sie welken, die mir lachten) : « je les vis pleurer elles qui autrefois riaient : aujourd’hui aspirent-elles enfin à la délivrance ?
Il nous fait des compliments sur notre Venise parue dans L’Artiste, nous disant que pour lui « c’est le plus fin bouquet de parfums de la ville des doges », et afin de nous prouver qu’il a tout senti, tout compris, nous décrit l’Osteria della Luna, sa situation, son architecture, sa couleur, enfin nous la fait revoir : « Mais, nous dit-il, ce ne sera pas compris, il faut tous y attendre. […] Nous sommes trop nerveux pour attendre tranquillement la réponse chez nous, et nous nous sauvons à la campagne, regardant bêtement à la portière du chemin de fer passer les maisons et les arbres. […] 4 décembre Beaufort, le nouveau directeur du Vaudeville, a dit à Saint-Victor que notre pièce n’est ni refusée ni acceptée, seulement il n’ose pas la jouer dans ce moment ; il y voit un danger et veut attendre. […] Permettez-moi de vous dire que je ne me serais jamais attendu de votre part à de pareils procédés de critique.
Il nous fait un peu attendre et paraît, nos cinq actes à la main, et passant ses mains dans son toupet d’homme d’affaires, et s’asseyant à la marche d’une estrade, qui est comme la marche de l’autel du drame, dominé par les Mousquetaires de Dumas père, en galvanoplastie, il nous dit : « Je vous ai lu avec beaucoup d’attention… Je vous ai reçus, aussi, soyez tranquilles, c’est convenu… J’ai voulu vous épargner l’émotion… Ma première impression est que la censure ne laissera jamais passer la pièce… Maintenant, vous me permettrez de vous parler au point de vue de mon théâtre… Il n’y a pas de drame dans vos cinq actes… il n’y a pas d’intérêt… C’est la Révolution dans les salons… Ça manque de mouvement… Non, tenez, mon public, il lui faut… il faut, à un moment, qu’il y ait un traître qui enjambe par la fenêtre… Vous verrez, quand vous travaillerez sérieusement pour ici… Vous ne venez pas souvent au Châtelet… Jamais, n’est-ce pas ? […] 8 octobre Nous attendions l’omnibus au Point-du-Jour, contre le terrain de Gavarni, au-dessous de l’écriteau portant : Sept mille mètres de terrain à vendre. […] * * * — On s’étonne de la conscience de la main-d’œuvre dans l’art et l’industrie au xviiie siècle, mais n’était-ce pas le temps où Mme de Pompadour rentait un ouvrier pour la sculpture d’une chaise percée, et où le dîner de M. de Kaunitz, qui n’attendait pas les ambassadeurs, attendait un artiste ?
Mais attendez un peu, et écoutez avec quelle amertume il accuse les lois du Destin et la lenteur des Parques à couper la trame de sa vie, quand il voit la chevelure de son cher Archiloque pétiller sous la flamme du bûcher funèbre ! […] Mais, après le repas des maîtres, un repas plus abondant attendait les frères aînés au retour de la vigne ou du sillon ; la bouillie fumait pour eux dans les vastes chaudières de cuivre. […] À l’exception de celles de Voltaire, nous n’avons rien dans la langue française d’aussi parfait dans le style tempéré que les belles épîtres de Boileau ; quelquefois même elles s’élèvent au sublime contemplatif ou descriptif, comme dans l’épître sur le passage du Rhin par l’armée de Louis XIV, ou comme dans l’épître vengeresse adressée à Racine, méconnu par son siècle et attendu par la postérité. […] Là, parmi les douceurs d’un tranquille silence, Règne sur le duvet une heureuse indolence ; C’est là que le prélat, muni d’un déjeuner, Dormant d’un léger somme, attendait le dîner.
Il y a néanmoins cette différence : c’est que l’intérêt est impossible dans le plan du Dante, attendu que son poème n’est qu’un spectacle auquel il assiste sans y prendre part, une espèce de revue rapide des supplices de quelques ombres de ses ennemis. […] Là, comme un voyageur attendu à l’arrivée, il rencontrait Béatrice, qui l’avait précédé de quelques jours ; il la voyait telle qu’il se l’était faite dans ses plus beaux rêves ; il la possédait dans son triomphe. […] Au moment de commencer sa carrière de gloire, le héros est ravi en songe en un lieu élevé du ciel, où son aïeul l’Africain, lui découvrant les honneurs, les périls et les devoirs qui l’attendent, le prépare à cette destinée par le spectacle de l’économie divine qui soutient l’univers, police les sociétés et dispose souverainement des hommes. […] Je ne sais quel sort attend ce livre, ni s’il s’achèvera, ni si j’atteindrai la fin de cette page qui fuit sous ma plume ; mais j’en sais assez pour y mettre le reste, quel qu’il soit, de mon ardeur et de mes jours.
Le séjour de Caïn, premier meurtrier de son frère, attend ici celui qui nous arracha à tous deux du même coup la vie.” […] XIV Et d’abord il faut renoncer à comprendre l’architecture fantastique de la montagne idéale sur laquelle le poète place son Purgatoire et où il est accueilli par Caton d’Utique, qu’on s’attend peu à trouver là. […] Ainsi il me sembla entendre le murmure d’un fleuve dont l’écume étincelle en courant de rocher en rocher, en témoignant de l’inépuisable fécondité de sa source ; et de même que le son prend sa forme et sa note dans le cou de la harpe, et de même que l’air sonore s’insinue par les trous du chalumeau attaché à la musette, ainsi ce murmure du fleuve monta par le cou de l’aigle comme s’il eût été creux ; et là il devint voix, et de son bec sortirent des paroles telles que les attendait mon cœur, où je les écrivis ! […] « Comme l’oiseau parmi les feuilles dont il aime l’ombre, étendu sur le nid de ses deux nouveau-nés pendant la nuit qui nous voile toute chose, pour jouir de la vue de ses chers petits, et pour chercher la nourriture dont il les embecque, soins qui lui font trouver douces les plus dures fatigues, devance l’heure matinale sur la plus haute branche nue et attend avec une ardente impatience le soleil, regardant fixement le côté où l’aube se lève… » C’est par ces vers qu’il prélude à l’apparition de la Vierge Marie, à laquelle il chante, dans le vingt-troisième chant, un Te Deum de l’amour.
Je m’attendais, hélas ! […] Mais le rossignol dédaigne de perdre sa voix au milieu de cette symphonie : il attend l’heure du recueillement et du repos, et se charge de cette partie de la fête qui se doit célébrer dans les ombres. » Ici nouveau silence de nos haleines à peine entendues ; puis vint la page du rossignol, aussi mélodieuse que l’oiseau. […] Et pourtant, tandis que les forêts se réjouissent en recevant leur nouvel hôte, un vieil oiseau qui se sent abandonné de ses ailes vient s’abattre auprès d’un courant d’eau ; là, résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort au bord du même fleuve où il chanta ses amours, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse. […] L’approche de la mort, qui attendait le poète à la porte de sa prison sur l’échafaud, avait changé le diapason de ce jeune Grec en diapason moderne.
Devant ces jeunes débauchés en qui fermentait déjà l’esprit du xviiie siècle, il pose en principe que « la source de toute incrédulité est le dérèglement du cœur » ; que « le grand effort du dérèglement est de conduire au désir de l’incrédulité » ; que c’est l’intérêt qu’ont les passions à ne point arriver à un avenir où la lumière et la condamnation les attendent, qui incline et oblige les esprits à ne pas y croire. […] Il est des heures où, après avoir longtemps attendu la fortune, on n’a plus qu’à la laisser faire.
Fénelon connaissait les hommes, et ne paraît pas avoir trop compté sur leur bonté ni sur leur reconnaissance ; il le dit en plus d’un endroit au duc de Bourgogne, et avec un accent singulièrement pénétré, qui montre qu’il ne se faisait aucune illusion en ce point : « Quand on est destiné à gouverner les hommes, il faut les aimer pour l’amour de Dieu, sans attendre d’être aimé d’eux… » Je renvoie au passage, il est pénible de transcrire au long de si laides vérités7. […] [NdA] Je ne dois pas, en écrivant, tout à fait oublier que Le Moniteur s’affiche au coin des rues ; voici toute la citation trop vraie ; je l’offre à ceux qui lisent dans la chambre : « Quand on est destiné à gouverner les hommes, il faut les aimer pour l’amour de Dieu, sans attendre d’être aimé d’eux, et se sacrifier pour leur faire du bien, quoiqu’on sache qu’ils disent du mal de celui qui les conduit avec bonté et modération. »
Cependant vers leur fin s’envolent ses années, Mais il attend sans peur des fières Destinées Le funeste décret ; Et quand l’heure est venue et que la mort l’appelle, Sans vouloir reculer et sans se plaindre d’elle, Dans la nuit éternelle il entre sans regret. […] C’est là qu’il recevait Boileau et Racine lorsque ceux-ci faisaient quelque voyage de ce côté à la suite du roi ; et, à l’époque de la mort de La Fontaine, Boileau rappelait à Maucroix le souvenir de ces visites dans une lettre touchante et plus sensible qu’on ne l’attendrait du sévère critique : … Le loisir que je me suis trouvé aujourd’hui à Auteuil m’a comme transporté à Reims, où je me suis imaginé que je vous entretenais dans votre jardin, et que je vous revoyais encore, comme autrefois, avec tous ces chers amis que nous avons perdus, et qui ont disparu velut somnium surgentis.
De même dans l’ordre purement physique et en présence de la nature des montagnes, il va jusqu’au bout, il ne recule pas devant les sites bouleversés et désolés : mais il est surtout heureux si là où l’on s’y attendrait le moins, et en sortant des horreurs convulsives qui marquent les déchirements du globe, il retrouve tout d’un coup dans le spectacle de l’ensemble, et sous l’effet du soleil, de l’ombre et de la lumière, cette harmonie suprême qui fait le beau grandiose et le sublime. […] Ce premier volume, tout scientifique, contient les divers mémoires sur la Formule barométrique et les Nivellements : il attend et il appelle les volumes suivants, d’un intérêt plus général pour les divers ordres de lecteurs, et dont le digne fils de M.
Sur la fin de l’année 1543, M. de Botières, qui commandait un peu mollement en Piémont, fut remplacé par le comte d’Enghien, jeune prince de qui l’on attendait beaucoup et qui rendit à l’armée de vives espérances. […] C’est chose que nous attendons et désirons il y a longtemps… Croyez, Sire, qu’au monde il n’y a point de soldats plus résolus que ceux-là ; ils ne désirent que mener les mains.
De peur qu’elle ne tombât de si haut que le dos de ses bêtes, je le lui ai refusé… » On peut rapprocher ce passage d’un autre qui se lit dans une lettre par lui écrite à la même Mme de Grammont au lendemain des scènes ensanglantées de Blois (1er janvier 1589) : « … Je n’attends que l’heure de ouïr dire que l’on aura envoyé étrangler la feue reine de Navarre. […] Grand damné, je te veux bien garder le secret de ton cotillon d’Auch à ma cousine68 ; mais que mon faucheur ne me faille en si bonne partie, et ne s’aille amuser à la paille, quand je l’attends sur le pré. (11 mars 1586.)
Comme on le respecte beaucoup, on attend qu’il ait fini pour glisser un mot ; mais il a trouvé l’art de ne jamais finir ; car, ayant respiré en toute hâte au milieu d’une parenthèse, il repart et court de plus belle, si bien que la parole lui reste toujours, que sa phrase commencée dans un salon se continue dans un autre ; que dis-je ? […] Fénelon lui-même, Fénelon vieillissant, en sait autant que La Rochefoucauld et ne s’exprime pas autrement : Vous avez raison de dire et de croire, écrivait-il à un ami un an avant sa mort, que je demande peu de presque tous les hommes ; je tâche de leur rendre beaucoup et de n’en attendre rien.
Là-dessus, désespoir de Santeul, un désespoir naïf, sincère et légèrement comique : il s’attendait à une louange pure et simple ; en écrivant sur le coup à M. […] Santeul les attendait au passage, et, se jetant à la traverse, les poursuivait son apologie à la main jusqu’à la porte du collège exclusivement ; car je ne sais quelle terreur panique l’empêchait de passer outre.
Il servait en cette qualité en 1610, et il était l’un des principaux dans l’armée où l’on attendait Henri IV pour sa grande et mystérieuse entreprise dont, selon toute apparence, le siège de Juliers ne devait être que le signal : la plus brillante et la plus noble carrière s’ouvrait devant lui ; il avait trente et un ans, lorsque le coup de couteau de Ravaillac, en ôtant à la France un grand roi, enleva à tous les généreux courages leur vrai guide. […] Le peuple frémit déjà et semble prévoir son malheur ; les villes font garde, comme si elles attendaient le siège ; la noblesse cherche sa sûreté parmi les plus relevés de son corps, mais elle les trouve tous désunis, et y a toute occasion de crainte, et nulle apparence de sûreté.
Baudelaire gagne à être vu, que là où l’on s’attendait à voir entrer un homme étrange, excentrique, on se trouve en présence d’un candidat poli, respectueux, exemplaire, d’un gentil garçon, fin de langage et tout à fait classique dans les formes. […] Et quand même, après examen et franche discussion, « il ne sortirait pas de résultat bien différent de celui qu’on peut attendre du monde d’aujourd’hui, ce serait du moins une satisfaction accordée à la minorité de l’Académie ; car voir surgir sans cesse des candidats imprévus, qui ne relèvent que de leur caprice et du bon plaisir d’une majorité qui les suscite ou qui les adopte sans jamais donner de raisons ni d’explication ; subir ces choix de confrères nouveaux, sans avoir eu soi-même voix au chapitre (car un vote muet n’est pas une voix), sans avoir été mis préalablement à même de parler et de répondre, de dire ce qu’on pense et de faire dire aux autres ce qu’ils pensent aussi, sans avoir été bien et dûment vaincu ou (qui sait ?)
Mme de Staël prit dès lors la résolution de quitter Paris et de ne pas attendre le retour de l’Empereur : « Elle partit, dit M. de Lavalette, peu avant le 20 mars, et l’Empereur, à qui j’en parlai, parut contrarié de son éloignement. […] Je lis dans les Mémoires du duc de Rovigo, lequel ne s’attendait guère à la discussion soulevée aujourd’hui et qui vient y apporter son contingent, — je lis : « Les publicistes en étaient satisfaits (de l’Acte additionnel) ; Mme de Staël elle-même applaudissait aux garanties qu’il renfermait.
Ils m’avaient demandé quinze jours pour se faire instruire, mais c’était pour attendre le retour d’un courrier, qu’ils avaient envoyé à la Cour pour demander la liberté de faire l’exercice de leur religion. […] Il attendit vainement, et, après avoir cédé par faveur spéciale son intendance de Caen à ce fils trop peu digne qui ne sut pas la garder, il dut se résigner à n’être finalement que conseiller d’État, et de plus chef du Conseil de Madame, mère du Régent : ce furent ses derniers honneurs.
Bientôt on n’attend plus que le voisin soit mort pour le manger ; on le tue, si l’on est le plus fort. […] Une œuvre prochaine de lui, et qui se fasse moins attendre, nous est due.
C’est injuste, car si nous avions eu de quoi, nous aurions fait comme les autres ; et celui que vous me jetez sans cesse à la tête (ilium tu tuum, ce fils modèle élevé aux champs), si vous étiez homme, vous le laisseriez faire maintenant, tandis que l’âge le permet, plutôt que d’attendre qu’il ait mené votre convoi, trop tard à son gré, pour s’en aller faire après coup toutes ces mêmes choses, dans un âge moins propice. » Je paraphrase un peu ; chez Térence, chaque nuance et intention est indiquée par de simples mots bien jetés, bien placés et qui laissent à la pensée toute sa grâce (ubi te expectatum ejecisset foras, alienore ætate post faceret tamen). […] sinon que, présente avec ce soldat, tu sois comme absente ; que jour et nuit tu m’aimes, que tu me regrettes, que tu rêves de moi, n’attendes que moi, ne penses qu’à moi ; que tu m’espères, etc. » Ce qu’André Chénier a trouvé moyen, en transposant la situation, de traduire dans ces beaux vers d’élégie : Ce que je veux ?
Jésus-Christ est annoncé, il est attendu : il paraît que Le Dieu selon la Bible se complète, se corrige, s’attendrit, s’abaisse, s’humanise, se civilise, si j’ose dire, se met à la portée de tous les hommes et de toutes les races par le Dieu selon l’Évangile. […] l’attend-il ?
Le morose abbé de Mably, qui voyait tout en noir et ne pouvait surtout rien approuver dans un ministre, ne voulut jamais croire à l’heureuse solution de cette affaire qui avait eu, à l’origine, le caractère d’une machination, et il disait de son ton bourru à Malouet : « Monsieur, je me connais un peu mieux que vous en hommes et en ministres, attendu que je vous ai précédé dans le monde d’une quarantaine d’années ; je vous annonce donc nettement qu’avant deux ans vous êtes un homme perdu. » Malouet, loin de se perdre, sortit de là apprécié et prisé à sa vraie valeur. […] « Il m’avait reçu d’abord avec de grandes démonstrations de joie ; mais, lorsque je fus près de le quitter, son visage vénérable se couvrit de larmes ; il me retint par mon habit, et prenant ce ton de dignité qui sied si bien à la vieillesse, s’apercevant, malgré sa cécité, de ma grande émotion, il me dit : « Attendez » ; puis il se mit à genoux, pria Dieu, et, m’imposant ses mains sur la tète, il me donna sa bénédiction. » Ce vieux soldat, Jacques Des Sauts, comme on l’appelait (probablement parce qu’il habitait près de la chute de l’Oyapock), est-il réellement l’original qui a suggéré l’idée de Chactas, également aveugle, également contemporain du siècle de Louis xiv, et qui se souvenait toujours de Fénelon, « dont il avait été l’hôte ?
On dirait que le tempérament littéraire de l’époque sommeille, attend, se refait sourdement, qu’il passe par l’un de ces lents efforts de recomposition intérieure dans lequel il y a lieu d’agir, et plus lieu assurément qu’à aucun des instants qui ont couru durant ces dix dernières années. […] Qu’attendent-ils ?
Ceux qui s’attendaient d’abord à trouver dans ses Notes archéologiques une seule trace d’impressions de voyages, ont été bien surpris ; c’est qu’ils le connaissaient peu. […] Mais il leur faut du temps pour se rhabiller, et la femme du consul attend un instant à la porte des thermes.
Si faut-il qu’à la fin de tels pensers nous quittent ; Je ne vois plus d’instants qui ne m’en sollicitent : Je recule, et peut-être attendrai-je trop tard ; Car qui sait les moments prescrits à son départ ? […] N’en attends-je autre fruit que de les voir prisés ?
On ne les attendait pas ; ils viennent tout à coup rappeler l’intelligence au but moral de toute science, qui est de savoir pour mieux valoir. […] Se faire un plan, attendre, avant de prendre la plume, cette plénitude qui est l’inspiration des bons écrivains, rejeter les pensées isolées, les premières vues, se défier des traits, c’est œuvre d’homme ; si le style vient de là, je comprends que pour un style il faille un homme.
Cette terre verte me paraît un grand cimetière qui attend. » Bien plus ! […] Il attendait avec quelque impatience les corbeaux qui devaient le nourrir, comme ils firent pour saint Paul, ermite.
La réserve des mœurs ni celle du langage n’avaient pas attendu la sévérité des habitudes religieuses qui se déclarèrent plus tard, pour s’établir dans la bonne compagnie. […] N’en attends-je autre fruit que de les voir prisés ?
Quand on lit des comédies, la gaieté brille sur les visages, et, aux bons endroits, le rire ne se fait pas attendre. […] Elles n’ont eu jusqu’ici aucun inconvénient, et elles présentent déjà de bons résultats, qui ne sont qu’une promesse de ce qu’on pourrait en attendre.
S’il eût été homme appliqué et d’étude, il était d’âge à percer en plein règne de Louis XIV ; mais, son génie étant tout de hasard et de rencontre, il attendit les dernières années du règne et le commencement du xviiie siècle pour s’épanouir, pour se montrer tout entier lui-même ; on ne se le figure guère se couronnant de fleurs qu’en cheveux blancs, et à l’âge de près de quatre-vingts ans. […] Les ambitions trompées, ou celles qui attendaient, se dédommagèrent dans la liberté d’esprit et dans les plaisirs ; et ces plaisirs étaient ce qu’ils sont bien vite toujours, ce qu’ils devaient être surtout à une époque d’immense inégalité, et où le contrôle de la publicité était nul : c’étaient de véritables bacchanales.
D’autres hommages attendent encore sa mémoire au sein des académies dont il était membre. […] Il racontait souvent avec énergie l’impression qu’il reçut de l’état de terreur qui pesait alors sur la grande cité : « Cet état de prostration et de stupeur était tel (c’est lui qui parle), que si l’on avait dit à un condamné : Tu iras dans ta maison et là tu attendras que la charrette passe demain matin pour y monter, il serait allé et il y serait monté. » Ce qui n’est pas moins remarquable chez quelqu’un qui avait senti à ce degré l’horreur des crimes, il ne fut point dégoûté de la liberté ; il n’entra point, au sortir de là, dans la crainte et l’aversion des progrès modérés et des lumières.
Patru y insiste assez pour nous montrer que, malgré ses cinquante-quatre ans, il a fait bien réellement cette conquête : Le bruit de mon éloquence, vrai ou faux, dit-il, a formé cette galanterie ; et ce beau fruit de mes veilles, à te dire vrai, me charme un peu plus que toute la réputation que je puis attendre de mes études. […] Le poète Gombauld y vint sans savoir de quoi il s’agissait ; mais, dès qu’il eut appris qu’on attendait la princesse, il sortit ; car il avait contre elle une rancune de poète, de ce qu’ayant fait des vers où il louait le grand Gustave-Adolphe, père de Christine, elle ne lui avait pas écrit pour le complimenter : Le bonhomme que tu connais, écrit Patru, se fâche de cela tout de bon, quoiqu’il soit vrai qu’elle ait demandé de ses nouvelles plusieurs fois à ses deux voyages de Paris.
Portalis, accompagné de son fils, qui, dans toutes ses traverses, ne le quitta jamais, était près de passer en Italie et de se rendre à Venise, quand une lettre de Mathieu Dumas l’appela dans le Holstein, où l’attendait une hospitalité cordiale et sérieuse. […] On n’attend pas que je les analyse ici.
I Quelques jours après sa mort, Philarète Chasles eut sa minute de bruit ; mais les nécessiteux et les furieux d’actualité, comme ils disent, qui avaient attendu sa mort pour parler de lui, dont ils ne disaient pas grand-chose quand il était vivant et qu’il lançait quelque livre du fond de sa petite catacombe de la Bibliothèque Mazarine, ne s’occupèrent bientôt pas plus de sa personne que s’il n’avait jamais existé. […] Chasles, plus intelligent et plus impartial que je n’eusse attendu d’une sensibilité aussi vibrante que la sienne, a reconnu la supériorité du jugement de J. de Maistre dans son livre d’acharnement sublime contre Bacon, contre cet homme qui fut pis qu’un homme, car il fut l’Erreur vivante, féconde, centrifuge et malheureusement immortelle.
Or la poussée vitale est là, qui n’accepte pas d’attendre, qui n’admet pas l’obstacle. […] Placez une somme d’argent sur un numéro de la roulette, et attendez que la bille touche à la fin de sa course : au moment où elle va parvenir peut-être, malgré ses hésitations, au numéro de votre choix, votre main avance pour la pousser, puis pour l’arrêter ; c’est votre propre volonté, projetée hors de vous, qui doit combler ici l’intervalle entre la décision qu’elle a prise et le résultat qu’elle attend ; elle en chasse ainsi l’accident. […] Les primitifs qui ont été soignés par des médecins européens ne leur en savent aucun gré ; bien plus, ils attendent du médecin une rétribution, comme si c’étaient eux qui avaient rendu le service. […] Il avait attendu son heure ; et sans façon, familièrement, il s’asseyait à sa place. […] Refoulée par la science, l’inclination à la magie subsiste et attend son heure.
— Non ; attendez ! […] — Attendez ! […] — Attendez, dit Julie, c’est donc un poème historique ? […] Attends, infâme czar ! attends, Moscovite !
Chassé d’Anvers, de Bruxelles, de l’Électorat de Cologne, et finalement de tous les États de l’empereur, repoussé même de la Grande-Bretagne, Dumouriez arriva, après deux mois de dangers et de misères, sur le territoire de Venise, où de nouvelles tracasseries l’attendaient.
Il nous paraît de plus que le roman aurait gagné en vraisemblance, sans perdre en intérêt, si le corsaire avait été moins habile en déguisements ; s’il avait eu des distractions, et, comme on dit, des absences moins longues et moins fréquentes ; s’il n’avait pas été précisément le frère de mistress Wyllis, l’oncle de Henry, le parent de Gertrude ; si mistress Wyllis avait attendu un peu moins tard à le reconnaître, etc.
Il y a ceci de bon dans notre abaissement, que nul désordre en Europe, nulle éventualité orientale ne peut nous nuire, si nous savons croiser les bras, épier et attendre.
Dans le grand monde, tant de gens ont le désir de parler, tant de paroles attendent avec impatience le moment et l’occasion de se placer entre tant de paroles, qu’on fait taire ceux qui parlent longuement ou obscurément, en ne les écoutant pas.
Le lecteur trouvera certainement juste d’attendre, pour les apprécier définitivement, que la Légende des Siècles ait paru en entier.
Si je règne avec quelque gloire, je lui en ai toute l’obligation. » L’opposition de caractère & de génie, entre Aristote & Platon, produisit bientôt les effets qu’on devoit en attendre.
J’y cherche le censeur des lettres, le Caton et le Brutus de notre âge, je m’attendais à voir Epictete en habit négligé, en perruque ébouriffée, effrayant par son air sévère les littérateurs, les Grands et les gens du monde, et je n’y vois que l’auteur du Devin du village bien habillé, bien peigné, bien poudré et ridiculement assis sur une chaise de paille ; et il faut convenir que le vers de Marmontel dit très bien ce qu’est M.
Il semble que l’esprit oublie ce qu’il sçait des évenemens d’une tragedie dont il connoît parfaitement la fable, afin de mieux joüir du plaisir de la surprise que ces évenemens causent lorsqu’ils ne sont pas attendus.
Qu’on attende donc que la réputation d’un poete soit allée en augmentant d’âge en âge durant un siecle, pour décider qu’il mérite d’être placé à côté des auteurs grecs et romains, dont on dit communément que les ouvrages sont consacrez, parce qu’ils sont de ceux que Quintilien définit.
Elle attendit sans bouger.
Ahmed attend jusqu’à la nuit.
Il était bien trop dégoûté pour attendre rien d’excellent même de ce qu’il aimait. « Lorsque, sous l’influence d’un mauvais régime, un organisme a contracté un vice qui l’atteint jusque dans ses éléments, ce régime lui devient presque nécessaire ; en tout cas, il ne faut pas songer à le modifier tout d’un coup. » Soyons tranquilles là-dessus !
Si on en doute encore, qu’attend-on pour tenter l’épreuve ? […] Attend-on du vers classique intégral la restauration de la tragédie ? […] Pourtant, n’attendez pas du dramaturge l’abstrait dénudement de son sujet. […] Tant et tant, que le classicisme est venu — mais non point celui que nous attendions. […] Nous attendons son Hélène de Sparte impatiemment.
Parfois dominé par son illusion, il parlait à Laure comme si elle eût été près de lui, et il s’étonnait d’attendre inutilement sa réponse. […] Le bonheur de Laure ne peut être compris par l’intelligence humaine, et pourtant Laure attend son amant dans le ciel. […] C’est de vous seuls, après Dieu, que le peuple attend son repos. […] Il ne se prononçait ni pour l’autorité ni pour la liberté ; il n’essayait pas de les concilier : il attendait. Or, dans les assemblées politiques, ceux qui attendent et se taisent sont estimés à l’égal des momies ; ce sont des morts qui regardent les vivants.
Il n’y a pas de géants, il n’y a pas d’enchanteurs, il n’y a pas de Dulcinée ; mais il y a quelque part une île qui l’attend. […] n’avons-nous pas tous une île qui nous attend ? […] Son amour de la vie est énergique, car Werther aime la vie autant qu’on peut l’attendre d’une nature aussi riche, mais il ne peut en jouir. […] Les surprises les plus instructives et les plus émouvantes vous attendent à chaque détour de votre route. […] C’étaient deux pensionnats qui attendaient comme nous le bateau à vapeur pour s’en retourner à Coblentz.
Dans cette situation, toutefois, si l’on dépend de la fortune, on n’attend rien de l’opinion, de la volonté, des sentiments des hommes ; et sous ce rapport, comme on a plus de liberté, on devrait obtenir plus de bonheur ; néanmoins ces penchants avilissants ne valent aucune véritable jouissance ; ils livrent à un instinct grossier, et cependant exposent aux mêmes chances que des désirs plus relevés.
Exemple : « Plus j’acquiers l’expérience de la nature humaine, plus je pénètre ses profondeurs, plus je suis convaincu… » (vous vous attendez à recevoir un coup ?)
Ce qu’ils s’assuraient les uns aux autres par la mise en commun de leur pauvreté, ce n’était point leur part intégrale des jouissances terrestres, telle que la peut concevoir un ouvrier, et qui comporte, très naturellement, une nourriture copieuse et les plaisirs qu’on trouve chez le marchand de vin et ailleurs : ce n’était que quelques figues sèches et la douceur d’attendre ensemble le royaume de Dieu.
Certainement, nous sommes en droit d’attendre beaucoup de M.
Marsolleau, levé, quittait sa pipe, et récitait d’une voix dolente des vers charmants : MOI J’ai dans mon sang le sang des époques hautaines, Je suis le petit-fils des marquises lointaines Et des trouvères blonds, de grâce revêtus, Qui passaient — de châteaux en châteaux attendus Par le rêve espérant des vierges amoureuses — Et puis disparaissaient par les routes ombreuses, Comme un chant qui s’éteint que l’on n’entendra plus.
Mais nous avons vu que, malgré son peu de succès à Jérusalem, Jésus avait gagné la sympathie de quelques personnes considérables, qui attendaient le royaume de Dieu, et qui, sans s’avouer ses disciples, avaient pour lui un profond attachement.
Énée va consulter la Sibylle : arrêté au soupirail de l’antre, il attend les paroles de la prophétesse.
Un jour, un autre savant redressera l’innocente erreur qui peut attendre, mais l’histoire du pays, c’est l’Arche sainte, et nous souhaiterions que la première main qui s’étend vers elle ne pût la toucher !
Tacite nous montre très bien dans ses annales le progrès de cette funeste indifférence ; lorsqu’Auguste fut près de mourir, quelques-uns discouraient vainement sur le bonheur de la liberté, pauci bona libertatis incassum disserere ; Tibère arrive au pouvoir, et tous, les yeux fixés sur le prince, attendent pour obéir, omnes principis jussa adspectare .
Enfin, bien entendu, ou tout au moins nous pouvions nous y attendre, M. […] Quant à la mort elle-même de Ménécée, vous vous y attendez parfaitement, on nous la montrera. […] Certes, c’est, un fort beau coup de théâtre ; mais il est amené, il est déchaîné par un personnage un peu vulgaire, de qui l’on ne l’attend pas. […] Je me disais : Qu’attend-il ? […] Après quoi vous concluez, comme on peut s’y attendre, « qu’il n’y a donc guère d’action dans le Misanthrope et que cette pièce est bien plus un tableau qu’un drame ».
C’est ce que j’attendrai de savoir pour reprendre ce thème ; — et, en vérité, tout ce que je crains, c’est que l’on ne me fasse pas attendre assez longtemps. […] « Va, va, Pascal, laisse-moi faire — écrivait Voltaire dans une lettre bien connue à son ami d’Argental, au lendemain même de la publication de ses Lettres philosophiques, — tu as un chapitre sur les prophéties où il n’y a pas l’ombre de bon sens ; … attends, attends ! […] — scandalisé les âmes pieuses, et moins indigné qu’encouragé dans leur libertinage tous ceux qui semblaient attendre que la religion se divisât une fois de plus contre elle-même. […] Nous sommes nés pour la société, pour en exercer les devoirs, sans en attendre, en les exerçant, d’autre récompense que d’en avoir, chacun pour notre part, entretenu le culte. […] Mais nous nous reprocherions d’attendre pour parler de l’ouvrage qu’il soit entièrement terminé, puisque aussi bien nous n’avons pas attendu jusque-là pour nous en servir ; et, parmi les questions qu’il décide, nous en avons choisi deux où l’on verra clairement, je pense, le genre d’intérêt qu’il y avait à l’écrire.
Qu’on attende ! — Oui, on attendra. […] madame, tout ce qu’il faut et tout ce qu’on n’attendait pas. […] Toutes les dignités et les plus hautes fonctions l’y attendaient. […] Mais attendez que l’AFFINITÉ NATURELLE DE LA RELIGION ET DE LA SCIENCE les réunisse dans la tête d’un seul homme de génie.
Mais l’habitude suffit, et nous n’avons le plus souvent qu’à nous laisser aller pour donner à la société ce qu’elle attend de nous. […] On peut d’ailleurs admettre qu’elle est encore là à l’état naissant ou plutôt évanouissant, et qu’elle guette seulement l’occasion de s’intensifier ; il faut en effet s’attendre à des crises quand on est rhumatisant. […] Mais chacun de nous, à des heures où ses maximes habituelles de conduite lui paraissaient insuffisantes, s’est demandé ce que tel ou tel eût attendu de lui en pareille occasion. […] On se rappelle la description de Lucrèce : l’illusion porte seulement ici sur les qualités de l’objet aimé, et non pas, comme l’illusion moderne, sur ce qu’on peut attendre de l’amour. […] Il fallut attendre jusqu’au christianisme pour que l’idée de fraternité universelle, laquelle implique l’égalité des droits et l’inviolabilité de la personne, devînt agissante.
Attendre ou tenter, selon les tempéraments. Moi, presque vieux, déjà j’attends, mon cher Raynaud. J’attends sans même conseiller, — mais non sans donner mon avis prudent, réservé, après avoir, comme on a bien voulu me le rappeler, poussé mon cri d’alarme contre la Rime abusive. […] Voilà un éloge auquel Gautier ne s’attendait guère, je gage, et qui n’a dû le toucher que médiocrement. […] Barbey d’Aurevilly, et, au fait, on devait s’y attendre.
Le pacha, ayant attendu vainement pendant un mois que le dadian vînt se rendre et recevoir ses ordres, envoya son armée en Mingrélie. […] Je demeurai tout le jour sur le bord de la mer: le patron de la chaloupe m’en pria ; il attendait encore deux esclaves qui devaient arriver sur le soir….. […] La demoiselle s’attendait fort d’être sa femme, étant une chose inouïe en ce pays-là de rompre un contrat de mariage. […] Il passa par les dehors, les astrologues ayant trouvé dans le mouvement des étoiles qu’il ne fallait pas passer dans la ville ; les Arméniens l’attendirent en corps sur le chemin, leur chef en tête, pour lui souhaiter un bon voyage ; et parce qu’il ne se faut jamais présenter devant le roi les mains vides, ils lui firent un présent de quatre cent cinquante pistoles. […] Je fus bien une heure à la porte, avec le grand maître, à attendre le roi.
Des hommes ont lutté héroïquement à Cuba et en Crète pour leur indépendance ; des Arméniens, par centaines de mille ont été massacrés, leurs villages pillés et incendiés ; des prisonniers, arrêtés pour leurs opinions, ont été épouvantablement torturés à Montjuich ; des Français, déportés à la Guyane, ont été exécutés en masse sous couleur de répression d’une révolte, révolte fomentée par des agitateurs louches ; les mécaniciens anglais ont attendu plusieurs mois qu’un secours leur vînt contre l’audacieuse férocité et leurs patrons ; enfin, la Grèce, cette Grèce dont tout homme ayant une âme ne peut prononcer le nom sans être remué d’une émotion presque sacrée, cette Grèce, notre mère vénérable, éternelle patrie de toute beauté, a été bâillonnée et enchaînée par les bandits de l’Europe financière, pendant que, riant de ses sursauts héroïques et désespérés, le Turc immonde la violait. […] L’évolution poursuit son rythme fatal, nous attendons avec confiance l’heure qui viendra, l’heure attendue par l’homme depuis que la première injustice fut perçue par la première conscience. […] Car vous supposez que les lettrés n’attendirent pas la mise en littérature du transformisme ou de l’évolutisme pour créer des courants d’idées nouvelles. […] Entre la tour d’ivoire de ces admirables maîtres que furent Vigny et Villiers de l’Isle-Adam, entre le mépris de Flaubert et le bannissement de Paul Verlaine, il y a place pour des hommes qui attendront que la foule se hausse à eux.
Eh bien, j’attends toujours cette semaine prochaine. » La princesse nous parle du prince impérial. […] nous y éprouvons un sentiment de délivrance, de légèreté de notre être, d’allégresse presque, que nous n’attendions pas. […] Sur des bancs, des files de paysans sauvages, de vrais pouilleux, un bec de gaz, au-dessus de leurs têtes dans l’ombre, qui ne montre de blanc que le col de leurs chemises ouvertes, — et leur dépiotant les bas, et leur lavant les pieds dans un baquet, des confrères de la Trinité, des pèlerins en rouge à rabats, et à tabliers blancs, avec des serviettes sous le bras, à l’instar des garçons de café, — des confrères qui sont des cardinaux, des princes, de jeunes gentilshommes, dont on voit les bottes vernies sous la robe du servant, et que leurs voitures attendent sur la place. […] Les dernières bandes sont arrachées, la toile est à son dernier bout, et voilà un morceau de chair, il est tout noir, et fait presque un étonnement, tant on s’attendait, sous ce linge si bien conservé, à trouver la vie de la mort et l’éternité du cadavre gardée. […] * * * — Un chalet d’opéra-comique et de vaudeville, sur le balcon duquel on s’attend toujours à voir des groupes chanter une ronde, comme au théâtre, en levant au ciel des flûtes de Champagne ; un jardin qui n’est presque qu’une salle à manger en treillage, avec des médaillons de célébrités en terre cuite, fouillés par Garrier-Belleuse : c’est le chalet de l’administrateur des eaux, C…, une maison dont on tourne sans cesse le bouton de cuivre, maison toujours mangeante, chantante, recueillant au passage toutes les notoriétés, et toutes les voix jeunes et vieilles : hier les frères Lionnet, aujourd’hui le vieux Tamburini !
VI Quand j’eus reposé la tête sur l’oreiller, j’attendis en vain le sommeil. […] C’est l’Exegi monumentum d’Horace ; c’est l’hymne de l’ouvrier de l’esprit qui s’assied sur sa tâche à la fin de sa journée et qui attend le soir sa solde de gloire des mains du temps. […] Nous nous assîmes sur nos talons pour attendre la fin de l’orage. […] Qui sait quelle métamorphose n’attend pas encore cet écrivain que les années transfigurent au lieu de le pétrifier ? […] nous t’attendons !
Je passe mes diverses affections en revue : il me semble que chacune d’elles contient à sa manière une invitation à agir, avec, en même temps, l’autorisation d’attendre et même de ne rien faire. […] Mais, même lorsque l’ébranlement reçu ne se prolonge pas tout de suite en mouvement accompli, il paraît simplement en attendre l’occasion, et la même impression qui transmet à l’organisme les modifications ambiantes le détermine ou le prépare à s’y adapter. […] Le cerveau ne doit donc pas être autre chose, à notre avis, qu’une espèce de bureau téléphonique central : son rôle est de « donner la communication », ou de la faire attendre. […] Dans le cas d’un organisme rudimentaire, il faudra, il est vrai, un contact immédiat de l’objet intéressant pour que l’ébranlement se produise, et alors la réaction ne peut guère se faire attendre. […] Il attendait, pour y croire, « que des ondes sonores donnassent à l’œil la sensation de lumière, ou que des vibrations lumineuses fissent entendre un son à l’oreille 4 ».
Mon but, dans cette introduction, sera surtout d’amener tous les esprits qui daigneront me suivre à comprendre que ces Mémoires sont tout à fait d’accord, et pour le fond et pour le ton, avec ce qu’on pouvait attendre de la jeunesse de Fléchier ; qu’ils ne la déparent en rien ; qu’ils font honneur à l’esprit de l’auteur, à sa politesse, sans faire aucun tort à ses mœurs, ni à sa prochaine et déjà commençante gravité ; que dans ce léger et innocent ouvrage, il a tout simplement le ton de la société choisie où il vivait ; et qu’on ne saurait, même au point de vue de la morale et de la religion, trouver cela plus étonnant que de voir saint François de Sales ouvrir son Introduction à la vie dévote en nous narrant de la bouquetière Glycera. […] À quoi, monsieur, ne servirait pas peu encore quelque autre ouvrage latin ou français sur la nouvelle largesse du roi dans la liberté qu’il a procurée par la terreur de ses armes et par l’effusion de ses trésors aux chrétiens captifs en Barbarie, qu’on n’attend que l’heure de voir revenir délivrés… L’estimable Chapelain suggérait là à son jeune ami un nouveau sujet de poème officiel et ennuyeux, pour trouver occasion de le faire valoir en Cour et auprès de Colbert. […] Gonod, m’affirmait qu’elle était de toute nécessité apocryphe, qu’elle ne pouvait être de Fléchier, attendu, disait-il que cela aurait fait de cet éloquent évêque « un homme lubrique. » Je restai muet et sans répondre.
Cours, ne tarde plus, vole… — Un instant, un instant encore, chère Dorcas, attends un peu ; pourquoi te hâter avant d’avoir tout entendu ? […] » Il n’est pas toujours jaloux du moucheron qui vole, il ne se courrouce pas toujours contre le cousin qui peut piquer la belle dormeuse ; il lui confie aussi au besoin de délicats messages : « Vole pour moi, Moucheron, léger messager, et, effleurant l’oreille de Zénophila, murmure-lui ces mots : « Tout éveillé il t’attend, et toi, oublieuse de ceux qui t’aiment, tu dors ! […] Ou peut-être veut-il dire simplement qu’elle ne l’attende point vers la haute mer, et qu’il arrivera par terre du côté de la Carie et d’Halicarnasse, qui n’était séparée de Cos que par un trajet.
Il est agile et infatigable, et l’on devine, en voyant ses membres alertes et dispos, qu’il n’attendra pas chez lui la fortune. […] 134 Il attend apparemment que les chiens viennent l’étrangler. « On assomme la pauvre bête » ; un manant lui coupe le pied droit et la tête ; on les cloue à la porte du seigneur, avec un avertissement en style picard, à l’usage « des biaux chires leups » encore novices, et qui apprennent leur métier aux dépens de leur peau. […] Enfin il répondit : Ami, je te conseille D’attendre que ton maître ait fini son sommeil.
CXVIII Tout étourdis que nous étions par les événements de la journée, et tout abattus par la terreur qui nous enlevait jusqu’à la pensée du lendemain, cependant nous ne pouvions pas attendre le grand jour pour soustraire Hyeronimo au danger qui le menaçait et aux menaces que les sbires avaient proférées en s’éloignant. […] À peine avais-je posé le doigt sur le loquet et entrebâillé la porte, sans rien entendre, excepté le vent de l’aurore pleurant doucement dans les branches des sapins, que la porte, cédant violemment aux épaules de douze ou quinze soldats embusqués, muets autour de la cabane, me renversa tout meurtri jusque sur la cendre du foyer ; et ces soldats, s’engouffrant dans la chambre et faisant résonner les crosses de leurs carabines sur les dalles, se jetèrent sur Hyeronimo, le précipitèrent à leurs pieds dans la poussière, et lui lièrent les mains derrière le dos avec les courroies de leurs fusils ; ils lui attachèrent une longue chaînette de fer à une de ses jambes, comme on fait à la bête de somme aux bords des fossés pour la laisser paître sans qu’elle puisse pâturer plus loin que sa chaîne ; puis, le relevant de terre à coups de pieds et à coups de crosses : — Marche, brigand, lui crièrent-ils, on va te confronter avec le cadavre de ta victime, et tu ne pourriras pas longtemps dans le cachot qui t’attend. […] Le crépuscule, qui commençait à tomber et à assombrir l’air dans la cabane, la vêtissait d’une brume de Rembrandt, dans l’angle, entre l’âtre et la fenêtre ; ce demi-jour, presque nuit, rassurait sa timidité un peu sauvage ; et puis on voyait qu’elle attendait quelqu’un à chaque minute (c’était Hyeronimo), et qu’elle avait besoin de parler fiévreusement de lui et d’elle pour dévorer par des paroles l’amoureuse impatience de ce cher retour.
Il désire même ne plus la voir, sinon en passant. « … Si vous continuez à faire chaque jour vos trente visites nécessaires, indispensables, supposez-moi à Londres, et vous vous acquitterez de ces délicieux devoirs. » Ce qu’il attend d’elle, c’est, tout au plus, la dernière vision d’une forme agréable… Oui, sa mort sera bien la « Mort du Loup ». […] Liberté fière, ignorance de toute intrigue, nulle vanité, simplicité de mœurs, humeur un peu farouche, bienveillance de pessimiste pour les personnes… je ne dis point que ces vertus ou ces dispositions sont impliquées par son scrupuleux objectivisme critique ; mais, quand on connaît qu’il les a en effet, le souvenir de ses livres fait qu’on n’en est point étonné, et que l’on s’y attendait. […] Mais dans les endroits, plus nombreux, où il parlait au nom de la raison, il a montré une puissance que ses amis même attendaient à peine de lui.
Un homme se précipite du haut de la tour Eiffel… Une femme attend son mari infidèle sur la jetée… Opération de l’appendicite sur une midinette… Le roi d’Espagne sourit… Manteau de la reine d’Angleterre… Mannequins de la rue de la Paix… Les chiens de Colette Willy… Ministère glissant et tombant sur la peau d’un mandarin… Tout est spectacles, attitudes, poses, déclamations, proclamations, monômes, défilés de grévistes et d’enterrements, duels, missions humanitaires et chasses présidentielles ! […] Spéculez sur la larme à l’œil, la chair de poule ou la chair de p… Hormis cela, n’attendez nul succès. […] Attendons avec patience que les écoliers d’aujourd’hui, devenus des hommes nouveaux, écrivent des livres dignes de ceux que l’on écrivait hier.
Elle ne s’y fait pas longtemps attendre : car ne demandez pas à ce drame de réalité et de franchise les petits moyens et les petites illusions des œuvres vulgaires. […] Aubry que, s’il le retrouve jamais avec sa femme, il le tuera sans merci, et, comme on sent qu’il le fera ainsi qu’il le dit, le public frissonne et s’attend à tout. […] Comme on attendait l’auteur à cette seconde épreuve !
On s’était un peu grisé, et l’ivresse de tous s’entretenait de l’incertitude de la mort qui attendait chacun. […] Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau. […] Au fond les hommes d’imagination, quand ils ont quitté, un mois, leur domicile, s’attendent, en y rentrant, à y trouver de l’imprévu heureux, et cela n’est jamais.
Je m’attends à tout ce qu’on pourra dire. […] Voilà quels étaient les obstacles qui attendaient Racine après Andromaque ; et quand Britannicus parut, l’envie était sous les armes. […] On les a tant de fois comparés, et ce parallèle est si fécond, que peut-être l’attend-on du panégyriste de Racine.
Baudelaire, attendre l’impression du public. […] Quel profit Voltaire, eût-il eu tout le génie poétique qui lui manquait, pouvait-il attendre de sa Henriade alors que les mémoires sur la Ligue étaient déjà dans toutes les mains ? […] Mais non : le journal va chercher ses lecteurs, le livre attend les siens Et parce qu’on a publié Modeste Mignon dans le Journal des Débats et le Lis dans la vallée dans la Revue de Paris, faut-il ne pas écrire Splendeurs et Misères des courtisanes, un des plus beaux livres d’analyse sociale qui aient été écrits en langue française ?
Des fables de cette sorte je vous donnerai les exemples suivants : l’Homme qui court après la fortune et l’Homme qui l’attend dans son lit. Cette fable, a pour intérêt de bien nous montrer, une fois de plus, le caractère même de La Fontaine, qui s’est soucié comme vous le savez des avantages de la fortune et de ses préférences, et qui a été celui qui a toujours attendu la fortune dans son lit. […] Pour la troisième fois, le maître se souvint De visiter ses blés. « Notre erreur est extrême, Dit-il, de nous attendre à d’autres gens que nous.
Des œuvres plus grandes que ces Contes eux-mêmes n’ont pas eu immédiatement leur jour et l’ont attendu des années. […] Mais pourquoi flatterai-je Doré, de qui j’attends beaucoup, s’il ne veut pas s’abandonner à cet hippogriffe de la fantaisie, à tous crins qui n’est pas l’imagination féconde, laquelle plane comme une Muse et ne rebondit pas dans l’espace comme un monstre fabuleux : Clamera bombinans in vacuo , a dit le prince de toute sapience… Dévergondage n’est pas fécondité ! […] Tout ce qui a plume en a écrit, attendu que le privilège du génie est de faire jaser les hommes qui pensent, ou qui ne pensent pas, comme des portières, et même sur la manière dont il prend sa clé pour aller se coucher !
On ne s’attend pas à ce que j’entre dans l’examen du budget de Rosny. […] Par un examen exact et une application opiniâtre qu’on n’aurait jamais attendue d’un homme d’épée, il se rendit compte de toutes les branches les plus minces et les plus éloignées de recettes et de dépenses ; il allait rechercher chaque nature de denier dans ses sources et origines, et, le suivant dans son cours, ne le perdait point de vue jusqu’à sa destination et son emploi.
Quand on sut que le jour était fixé, le roi dit tout haut : « On reçoit M. de Noyon lundi à l’Académie, je m’attends à être seul ce jour-là. » M. de Noyon, qui voulut se surpasser dans sa harangue ou du moins se montrer égal à lui-même, commença par un exorde des plus singuliers et tout à fait amphigourique. […] Il dut attendre que l’archevêque de Paris, M. de Harlay, qui tenait à lui être désagréable, l’éclairât là-dessus, et lui fit tomber les écailles des yeux.
De même que dans ses lettres les plus ordinaires, il y a toujours un joli tour, un je ne sais quoi de piquant et de leste et un air d’agrément, de même dans ses meilleures pages, il y a presque toujours une pointe de licence, d’impiété, qui se glisse et qui se fait sentir, ne fût-ce qu’en jouant, et au moment où l’on s’y attend le moins. […] Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la Maison du roi, et surtout à la vérité, me force de vous écrire ainsi… Voltaire, absent de Paris depuis des années, et qui depuis sa première jeunesse n’y avait jamais, à l’en croire, demeuré deux ans de suite, avait contre ce monde parisien dont il était l’idole une prévention invétérée : « L’Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment ; je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun. » Il croyait sincèrement à la décadence des lettres, et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : « La littérature n’est à présent (mars 1760) qu’une espèce de brigandage.
Le reste des Œuvres : se fit longtemps attendre et ne fut recueilli et publié pour la première fois qu’en 1860 ; par les soins de M. […] Quand elle l’attend, quand elle l’espère au Cayla après cinq années d’absence, elle lui prépare des fleurs dans un gobelet : « J’en ai longtemps regardé deux, dit-elle, dont l’une penchait sur l’autre qui lui ouvrait son calice.
» Mais se serait-on attendu, je vous prie, que le peintre dont le crayon railleur a tant dévoilé de misères et de duplicités féminines dans un ordre vulgaire, nous conduirait à étudier sous sa plume discrète une telle femme, une telle distinction maladive de la sensibilité ? […] Et maintenant qu’on sait comment Gavarni entendait le sentiment dans sa jeunesse, lorsqu’on verra ensuite tel de ses dessins, et pour n’en citer qu’un seul, cette aquarelle, par exemple, — véritable élégie, — où une châtelaine penchée au bord d’une terrasse attend impatiemment et semble appeler une lettre, apportée par le messager qui s’avance à pas lents et lourds dans un chemin couvert ; à ce moment de fièvre et de désir où elle croit distinguer le bruit de ses pas sans l’apercevoir encore, et où visiblement elle hâte de ses vœux, de son geste et comme de toute l’attitude de son corps, la marche du bonhomme qui ne se presse guère, on comprendra qu’il ne faisait que rendre là une de ces images de tout temps familières à sa fantaisie et à sa sensibilité gracieuse.
« Le roi, après avoir entendu la lecture de votre lettre et après avoir fait la réflexion que je viens de vous marquer, m’a dit qu’il attendait votre courrier : ce ne sera pas sans quelque espèce d’inquiétude. » Il était impossible d’intimer plus nettement l’ordre de combattre, et de le faire sur l’heure. […] Montesquiou, chargé d’attaquer les retranchements, dut attendre, pour commencer, que Villars, qui était retourné aux ponts pour presser les troupes, l’eût rejoint.
Dans les pages d’adieux intitulées Mes dernières Pensées, et qu’elle écrivit à un moment où elle avait pris le parti de ne point attendre l’échafaud et de se donner la mort, après une apostrophe à son mari, à sa fille, elle continuait ainsi, à l’adresse de Buzot fugitif et persécuté : « Et toi que je n’ose nommer ! […] Je vais t’y attendre et m’y reposer ; reste encore ici-bas, s’il est un asile ouvert à l’honnêteté ; demeure pour accuser l’injustice qui t’a proscrit.
Mirabeau a été mis d’abord en rapport avec le comte de Mercy, qui m’a dit en avoir été complètement satisfait, et a même ajouté que depuis longtemps Mirabeau, dégoûté de la marche des affaires, se sentait en disposition de s’entendre avec la Cour et s’attendait à des ouvertures de ce genre ; qu’on pouvait voir d’ailleurs, par ses travaux dans l’Assemblée, qu’au fond il avait toujours été l’homme des principes monarchiques. […] Quand on a subi les horreurs des 5 et 6 octobre, on peut s’attendre à tout.
Il est à regretter que, s’il doit y avoir une réponse à leurs objections qui, à certains égards, semblent péremptoires, cette réponse se fasse tant attendre et semble hésiter. […] Elle néglige pourtant souvent les distinctions à l’égard de ceux qui sont le plus dans le cas d’en attendre, tels que les grands, les ministres, les ambassadeurs et ministres des Cours étrangères, et les étrangers particuliers, auxquels elle ne dit presque jamais rien.
Fournier en ceci a remarqué avec plus de justesse que La Bruyère attendit, pour mal parler des gens de finance et d’argent, jusqu’au moment où, ayant vendu sa charge, il était redevenu libre. […] Il devra surtout, dans la Notice qu’on attend de son savoir et de sa fermeté d’esprit, tenir compte de tous les travaux antérieurs, profiter des vues justes, faire justice des fausses, accueillir et rejeter avec choix dans ce qu’on propose, être un rapporteur enfin et même un juge en dernier ressort.
On raconte (et je mets le mot tel quel, sans autre explication) que quand le comte Pozzo di Borgo entra chez M. de Talleyrand, celui-ci se faisait friser : « Général, lui dit-il, à quoi pensiez-vous donc de vous faire ainsi attendre ? […] Il venait de rendre un grand service en imprimant en toute hâte la Déclaration de l’empereur Alexandre à la nation française ; mais en même temps il se présentait avec le poème de la Pitié de Delille sous le bras, et il tenait absolument à l’offrir en personne à l’empereur Alexandre au débotté, attendu que dans ce poème, qui datait de 1804, Delille avait adressé des vers prophétiques à ce même empereur. — On recevait les uns, on éconduisait les autres : les émissaires se succédaient à chaque minute ; Laborie, le secrétaire, l’homme affairé entre tous, y contractait cette agitation haletante et essoufflée qui ne l’a plus quitté depuis.
Dès le début, les aboiements des molosses nous ont reporté à l’arrivée d’Ulysse chez Eumée ; tous ces souvenirs s’entrelacent heureusement et se combinent. « Ne devait-on pas s’attendre au moins, s’écrie M. […] Le châtiment d’un jugement si faux et surtout si maussade ne s’est pas fait attendre, car, après avoir transcrit pour les blâmer les deux vers touchants, voici la phrase un peu étrange d’allure que M.
Cette voix psalmodie la belle prière : « Attende, Domine, et miserere, quia peccavimus tibi. […] Puis, devant ces apôtres bien élevés des cercles catholiques, une trentaine de prêtres viennent s’asseoir sur des chaises qui les attendent.
Car, si tout n’était pas vanité, si toute vie n’était attendue par la mort, il serait horrible de songer que nous ne connaissons qu’une vie médiocre, que nous n’avons pas de génie, que nous ne faisons rien de grand, que nous ignorons même à peu près la vie sensuelle et passionnelle et les « mille et trois » de don Juan, et que nous ne sommes pas « comme des dieux », ainsi que parlent les livres saints. […] Marc lui dit fort posément : « Je vous tiens ; je ne vous lâcherai pas comme cela ; attendons. » — Dans l’Amie, Germaine April, aimée de Maxime Rivols, raconte tout à sa femme, et celle-ci, de son côté, prévient le mari de Germaine, s’entend avec lui pour surveiller les deux autres ; et cette situation infiniment délicate, cet équilibre des plus instables se maintient pendant plus de cent pages.
J’attends avec impatience son prochain cauchemar. […] « Un jour Angélique alla à la cathédrale, et elle se cacha dans un petit coin pour attendre monseigneur, et quand elle le vit, elle se jeta à ses pieds et pleura beaucoup, et elle le supplia de permettre ce mariage.
Tantôt le juste devait attendre la résurrection 163 ; tantôt il était reçu dès le moment de sa mort dans le sein d’Abraham 164. […] Il retournait alors dans sa chère Galilée, et retrouvait son Père céleste, au milieu des vertes collines et des claires fontaines, parmi les troupes d’enfants et de femmes qui, l’âme joyeuse et le cantique des anges dans le cœur, attendaient le salut d’Israël.
J’ai vécu trente-cinq années dans la pauvreté, dans la misère et les fatigues, et pourtant tu m’avais fait espérer une autre récompense, et je m’attendais à autre chose de la part du maître du monde ! […] Attends qu’un autre se présente pour le combat, et apprête avec moi une fête.
J’oserai dire que le critique n’est que le secrétaire du public, mais un secrétaire qui n’attend pas qu’on lui dicte, et qui devine, qui démêle et rédige chaque matin la pensée de tout le monde. […] Menacé dans sa position d’administrateur au lendemain de la Révolution de février, et finalement frappé par M. de Falloux, de qui, moins que de tout autre, il devait attendre une telle mesure18, il a écrit à ce sujet, il a dicté plusieurs lettres pleines de dignité, de vigueur, de malice, qui n’annonçaient certes pas une pensée défaillante.
Mme Du Deffand, à peine arrivée, attend les lettres du président avec une impatience qui ne se peut imaginer, et elle lui déduit les preuves de ce goût qu’elle a pour lui, de peur qu’il n’en ignore : J’ai vu avec douleur que j’étais aussi susceptible d’ennui que je l’étais jadis ; j’ai seulement compris que la vie que je mène à Paris est encore plus agréable que je ne le pouvais croire, et que je serais infiniment malheureuse s’il m’y fallait renoncer. […] quel bien en peut-on attendre ou espérer ?
Ses Mémoires, dans leur partie politique, n’ont pas pris le temps de se calmer, de cuver leur rancune, pour ainsi dire, et d’attendre au moins, pour paraître, la parfaite tiédeur de l’avenir : ils ont gardé de la colère et de la flamme, du pamphlet. […] À travers cette contradiction de mouvements, il se dessine lui-même et se trahit dans sa nature secrète, mais il se fait connaître par le côté où il s’y attendait le moins, et on ne lui en sait pas gré.
Attendez ma mort et mes mémoires pour vous détromper. » — Un jour, on lui avait dit que quelqu’un avait parlé de lui avec intérêt, avec bienveillance. […] J’habite seul, pendant une absence, un grand appartement où je m’ennuie et attends vaguement je ne sais quoi que je ne désire pas et qui ne viendra jamais.
Qui surtout a plus délicieusement touché les duchesses et les vicomtesses de la fin de la Restauration, ces femmes de trente ans, et qui, déjà venues, attendaient leur peintre avec une anxiété vague, tellement que, quand lui et elles se sont rencontrés, ç’a été comme un mouvement électrique de reconnaissance ? […] Aussi les grands artistes, les poètes, n’attendent-ils ni les commandes, ni les chalands ; ils enfantent aujourd’hui, demain, toujours.
On aime à revoir les lieux qu’on a habités dans son enfance… Je crois rajeunir en quelque manière ; je crois voir renaître ces jours précieux, ces jours irréparables de la jeunesse… On est assez embarrassé d’avoir à citer avec d’Aguesseau, car rien en particulier n’est original, ni bien vif, ni bien neuf, et il convient d’attendre et de prolonger la lecture jusqu’à ce que l’affection dont j’ai parlé opère ; mais alors l’agrément se fait sentir, un agrément honnête et sûr, et salubre. […] Quelques ordonnances que le chancelier d’Aguesseau a fait rendre dans l’exercice de sa longue magistrature ont été justement célébrées ; on s’accorde en même temps à dire qu’il est loin d’avoir réalisé en législation tout ce qu’il concevait d’utile, et qu’on aurait pu naturellement attendre de sa haute capacité et de ses lumières.
En entrant en charge, Montaigne a bien soin de prévenir Messieurs de Bordeaux pour qu’ils ne s’attendent pas à trouver en lui plus qu’il n’y a en effet ; il s’expose à eux sans apprêt : « Je me déchiffrai fidèlement et consciencieusement, dit-il, tout tel que je me sens être ; sans mémoire, sans vigilance, sans expérience et sans vigueur ; sans haine aussi, sans ambition, sans avarice et sans violence. » Il serait bien fâché, tout en prenant en main les affaires de la ville, de les prendre si à cœur qu’il l’a vu faire autrefois à son digne père, lequel y perdit à la fin sa tranquillité et sa santé. […] Ainsi on est bien prévenu, il faut s’y attendre.
Dans une autre lettre, écrite au moment où Bernardin partait pour l’île de France, Rulhière, pour lui relever le courage, lui dit : Si vous ne faites pas, mon cher ami, la fortune que j’attends de vos talents et de votre âme, au moins ferez-vous un bon Journal (un journal de voyage), et c’est quelque chose. […] Aussi le peintre s’est-il étendu outre mesure dans les préambules ; il semble attendre, pour aborder son sujet, que ce sujet ait un dénouement, et ce dénouement recule sans cesse.
Il résulta toujours de cette situation personnelle et du sentiment très chatouilleux qu’elle avait créé en lui, une assez grande indulgence, plus grande qu’on ne l’aurait attendue de sa part, dans ses jugements sur les émigrés de couleurs différentes, pourvu qu’ils fussent braves et gens d’honneur. […] Je veux m’expliquer plus clairement : si un véritable homme de lettres, bien simple, bien modeste, bien consciencieux, mais étranger à l’action, mais ne sachant ni payer de sa personne, ni représenter en Cour des pairs ou en cour d’assises, ni tenir tête aux assaillants de tout genre et de tout bord, ni dessiner sa poitrine avec cette noblesse dans le danger, avait écrit du fond de son cabinet la plupart des choses excellentes que Carrel a écrites (j’entends excellentes, littérairement parlant), il ne passerait, selon moi, que pour un bon, un estimable, un ferme, un habile et véhément écrivain ; mais il n’eût jamais excité les transports et les ardeurs qui accueillirent les articles de Carrel : c’est qu’avec lui, en lisant et en jugeant l’écrivain, on songeait toujours à l’homme qu’on avait là en présence ou en espérance, à cette individualité forte, tenace, concentrée, courageuse, de laquelle on attendait beaucoup.
Chaque après-midi, vers la fin de la joyeuse séance, à quatre heures, la cloche sonne, qui avertit qu’il est temps d’aller aux vêpres ; la compagnie s’y rend, non sans avoir fait attendre quelquefois les religieux qui s’y prêtent de bonne grâce. […] Voire s’il peut, sans attendre à demain, Il vous priera d’une grâce lui faire, Qu’une heure avant eût désiré de taire, Feignant de peu se vouloir contenter.
La doctrine rationaliste s’enferme donc elle-même dans un cercle vicieux : la raison ne saurait engendrer la mémoire ni mouvoir les idées et produire leur rappel ; elle est obligée, pour entrer en exercice, d’attendre que le rappel ait eu lieu et que les deux termes soient amenés devant elle par quelque moteur différent d’elle-même ; semblable au prisonnier de la caverne, elle doit attendre que la procession des ombres se produise pour pouvoir spéculer sur leurs rapports77.
Mais faut-il donc attendre que la secte du Romantisme (car c’est ainsi qu’on l’appelle), entraînée elle-même au-delà du but où elle tend, si toutefois elle se propose un but, en vienne jusque-là, qu’elle mette en problème toutes nos règles, insulte à tous nos chefs-d’œuvre, et pervertisse, par d’illégitimes succès, cette masse flottante d’opinions dont toujours la fortune dispose ? […] Nous les attendons là.
Sa jeunesse n’attendit pas longtemps une renommée qui vient souvent si tard à ceux qui la méritent le plus, il fut célèbre dans un temps où la gloire était facile et coulait à pleins bords, à la portée de ceux qui en avaient soif et qui n’avaient qu’à se baisser pour prendre dans leur main de cette eau brillante qui passait. […] Mais les lettres que voici sont d’une telle platitude que le préjugé traditionnel en faveur de Mérimée ne résistera pas au soufflet de leur publication, VII On ne s’y attendait pas, mais c’est une destinée !
Mon crucifix devant moi, je prie et j’attends la volonté du Bon Dieu. […] Le tambour des marmites bat plus fort… « Attends une minute, pas maintenant !
Vous n’avez plus d’autre argument que de multiplier les ruines, en preuve de la destruction universelle qui nous attend, d’autre consolation que de nommer tour à tour les rois, les grands hommes, les poëtes, les sages, dont la mort a précédé celle que vous déclarez pour chacun de nous aussi absolue qu’elle est inévitable ; vous dites éloquemment : « Scipion, ce foudre de guerre, la terreur de Carthage, a laissé ses ossements à la terre comme le plus infime esclave. […] Ici, soit que l’hommage s’adresse à Manlius et à Julia, ou à d’autres grands noms de la noblesse romaine, on entend aussitôt la voix du chœur de jeunes hommes, auquel répond un chœur de jeunes filles : « L’étoile du soir approche, ô jeunes gens ; l’étoile du soir, dans l’Olympe, achève à peine de montrer sa lumière si fort attendue.