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890. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

. — D’accord ; mais si vous aviez un peu plus fréquenté l’artiste, il vous aurait peut-être appris à voir dans la nature ce que vous n’y voyez pas. […] — Je le crois. — Dites-moi donc comment il s’y prendrait pour l’embellir. — Je l’ignore, et si je le savais je serais plus grand poëte et plus grand peintre que lui ; mais, si Vernet vous eût appris à mieux voir la nature, la nature, de son côté, vous eût appris à bien voir Vernet. — Mais Vernet ne sera toujours que Vernet, un homme. — Et par cette raison, d’autant plus étonnant, et son ouvrage d’autant plus digne d’admiration. […] Nous ordonnâmes à nos enfans de s’asseoir et de nous attendre et pour nous assurer qu’ils n’abuseraient point de notre absence, le plus jeune eut pour tâche deux fables de Phèdre à apprendre par cœur, et l’aîné l’explication du premier livre des géorgiques à préparer ; ensuite nous nous mîmes à grimper par ce chemin difficile. […] Je vous jure que je le crois plus vrai et moins dangereux qu’un autre. — Je consulterai là-dessus leurs parens. — Leurs parens pensent bien et vous ordonneront d’apprendre à leurs enfans à penser mal. — Mais pourquoi ? […] Il observait, à cette occasion, que la plupart des jeunes élèves qui allaient à Rome copier d’après les anciens maîtres, y apprenaient l’art de faire de vieux tableaux : ils ne songeaient pas que, pour que leurs compositions gardassent au bout de cent ans la vigueur de celles qu’ils prenaient pour modèles, il fallait savoir apprécier l’effet d’un ou de deux siècles, et se précautionner contre l’action des causes qui détruisent.

891. (1888) Portraits de maîtres

Est-ce ainsi que l’on apprend à une nation à apprécier ses droits ?  […] Il apprit beaucoup d’histoire, contrairement aux habitudes de l’ancien enseignement. […] Il faut apprendre à l’homme à croire en ses aptitudes morales et à se sentir né pour la grandeur et pour le bien. […] Je m’appris à couver longtemps une pensée, à en attendre l’éclosion pour la saisir du côté le plus favorable. […] De 1831 à 1842, il ne cessa d’apprendre l’Allemagne à la France.

892. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Revenu à Paris, j’appris de M.  […] “Ces six mois célestes de ma vie”, comme je les appelle, ce mélange de sentiments tendres, fragiles et chrétiens, qui faisaient un charme, cela en effet ne pouvait durer ; et ceux de mes amis (il en est) qui auraient voulu me fixer et comme m’immobiliser dans cette nuance, oubliaient trop que ce n’était réellement qu’une nuance, aussi passagère et changeante que le reflet de la lumière sur des nuages ou dans un étang, à une certaine heure du matin, à une certaine inclinaison du soir. » II Mais ce que j’ignorais et ce que votre Préface m’apprend, c’est que le sceptique le plus résolu et le plus cynique du siècle, Beyle, l’auteur le plus spirituel de ces derniers temps, l’homme en apparence le plus antipathique à ce spiritualisme pieux dont les Consolations étaient débordantes, eut des rapports d’enthousiasme avec vous, et vous tendit les bras dès qu’il les eut lues. […] VI Ce fut alors que j’appris qu’il était poète jusqu’à l’adoration, et que le volume des Consolations de Sainte-Beuve, entre autres, tombé par hasard dans ses mains, lui avait donné tant d’enthousiasme qu’il lui avait écrit : « Je viens de passer trois heures entières à vous lire ; je pars pour l’Italie ; venez, il y aura toujours à votre service une chambre solitaire pour le travail, une liberté entière pour votre loisir, une admiration sincère et passionnée pour vous. […] Les noms de ces premiers patrons, et aussi celui de Varus, décorent les essais bucoliques du poète, leur impriment un caractère romain, avertissent de temps en temps qu’il convient que les forêts soient dignes d’un consul, et nous apprennent enfin à quelles épreuves pénibles fut soumise la jeunesse de celui qui eut tant de fois besoin d’être protégé. […] En partant de ce lieu pour aller à Mantoue, lorsqu’on arrivait à l’endroit où le Mincio s’étend en un lac uni, on était à mi-chemin ; c’est ce que nous apprend le Lycidas de la neuvième églogue, en s’adressant au vieux Mœris, qu’il invite à chanter : “Vois, le lac est là immobile, qui te fait silence ; tous les murmures des vents sont tombés ; d’ici, nous sommes déjà à moitié du chemin, car on commence à apercevoir le tombeau de Bianor.”

893. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

— Eh bien, dit Goethe, que quelques écoles se réunissent et fassent venir de Flandre ou de Brabant un bon archer ; ou bien qu’ils envoient en Brabant quelques-uns de leurs meilleurs élèves, jeunes et bien faits, qui deviendront là-bas de bons archers et apprendront aussi comment on taille un arc et fabrique une flèche. […] — J’apprends tout cela avec grand intérêt, dit Goethe. […] Le bois en est tendre. » Je vis alors qu’il y avait chênes et chênes, et j’appris beaucoup de détails sur la nature différente du même bois, suivant son exposition ; je vis que les fibres des arbres se dirigent toujours vers le soleil, et que si un arbre est exposé d’un côté au soleil, de l’autre à l’ombre, le centre des fibres n’est plus le centre de l’arbre ; le côté le plus large est du côté du soleil ; aussi les menuisiers et les charrons, s’ils ont besoin d’un bois fin et fort, choisissent plutôt le côté qui a été exposé au nord. […] Que saurais-je moi-même sur les plantes, sur les couleurs, si j’avais reçu ma science toute faite et si je l’avais apprise par cœur ? […] J’ai appris aujourd’hui par hasard que vous êtes de retour déjà depuis trois jours, et toute l’après-midi j’ai pleuré, croyant que vous m’aviez oubliée.

894. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il était d’un temps où les hommes d’Église faisaient brûler les hérétiques et les sorciers pour la gloire de Dieu : j’aurais peur d’apprendre sur son compte des choses qui me chagrineraient. […] Nous apprenons de lui, aujourd’hui encore, non pas à vivre en Dieu, mais à vivre en nous, et de façon à ne point souffrir des hommes. […] Pieux comme un ange, romanesque déjà, jusqu’à apprendre par coeur Théagène et Chariclée, très sensible à la beauté de la terre et du ciel : les sept Odes sur Port-Royal sont des paysages d’une forme puérile mais d’une émotion vraie. […] Il dit de Voltaire : « Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. » Il dit de Platon : « Platon se perd dans le vide, mais on voit le jeu de ses ailes, on en entend le bruit. » Il nous apprend que « Xénophon écrit avec une plume de cygne, Platon avec une plume d’or et Thucidyde avec un stylet d’airain ». […] Mais, au surplus, le conciliant félin nous a appris que le mysticisme se pouvait allier, très naturellement, à la plus vive gaillardise et à la sensualité la plus grecque.

895. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

On l’apprend assez vite. […] En sa candide ignorance elle ne savait pas, elle allait mourir sans le savoir, et il est urgent de le lui apprendre, que « l’air qui nous fait vivre est composé de vingt et une parties d’oxygène mêlées de soixante-dix-neuf parties d’azote et que la combustion du charbon, suivant qu’elle est plus ou moins active, donne de l’acide carbonique ou de l’oxyde de carbone ; … elle ignorait également le changement de composition que subit l’air par suite de l’oxygène remplacé dans l’atmosphère par les gaz carboniques » ! […] Or, quelques semaines après, la rédaction du journal apprenait à ses lecteurs que l’œuvre n’était nullement inédite, que M.  […] Mais ceux qui ont appris la vie dans le roman-feuilleton savent que les peuples, comme les individus, se divisent en bons et en méchants, en héros et en scélérats. […] Le Secolo de Milan, qui nous a débité en tranches l’œuvre de M. de Richebourg, nous a appris, pendant une série de jours et de mois, l’existence en Italie de crapules, traîtres, faussaires, escrocs et toutes sortes d’« Alphonse », dont le moindre défaut était qu’ils n’appartenaient à aucun pays et en tout cas n’avaient rien d’italien.

896. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Neumann, le directeur de l’Opéra Allemand, nous apprend qu’il est disposé à représenter, en août-septembre, le Hollandais, Tannhaeuser, Lohengrin, Tristan, les Maîtres, le Rheingold et la Walküre, si des auditeurs vont à Prague spécialement pour les entendre. […] Ce drame entier n’est qu’un dénoûment, Wotan, le centre de l’action psychologique, a disparu dès le début, les Nornes nous apprennent qu’il attend, silencieux, la Fin ; avec lui disparaît l’élément réfléchissant, la Pensée ; il ne reste que les émotions, la Passion, — ce que la musique exprime. […] Il apprit qu’entre elles il devait choisir l’immuable fiancée de sa virilité prochaine. […] Mais on raconte que le jeune Hercule, ce Siegfried des légendes plus lascives, ne fut point ému grandement par ces professions de foi : il s’était assis au bord du chemin, et il s’écria, regardant les deux jeunes femmes qui lui paraissaient maintenant plus séduisantes et jolies, sous une lueur tiède : « Hélas, je n’ai point appris les subtils symbolismes, à l’école d’où je viens. […] Puis l’on peut se défier d’une analyse qui trop souvent consiste en des interrogations au lecteur : le lecteur doit apprendre de l’auteur pourquoi se produit tel ou tel phénomène moral, et non entendre l’auteur le lui demander.

897. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Enchaîne ce malfaiteur aux roches escarpées… Châtie-le d’avoir outragé les dieux… Qu’il apprenne à respecter la tyrannie (Τυραννίδα) de Zeus, et à ne plus tant aimer les hommes. » — L’atroce vice-dieu cherche même à exciter bassement Héphestos contre le captif : — « Ne t’a-t-il pas volé ta fleur ? […] Quand elles apprennent que le Titan leur a fait présent de la flamme, elles se récrient comme si elles voyaient un roi couronner d’un diadème sans prix le front d’un esclave. — « Quoi ! […] Brisé sur cet écueil, Zeus apprendra quelle distance sépare la domination de l’esclavage. » — Cette fois, sa voix monte jusqu’à l’Olympe, elle le trouble dans sa victoire et l’ébranle dans sa certitude. […] » — Mais Prométhée lui répond gravement : — « Le Temps qui va toujours aura raison de toute chose. » — « Il ne t’a pas appris à être sage », reprend l’insulteur. […] Je veux souffrir avec celui-ci, souffrir tout ce qu’il souffrira, car j’ai appris à haïr les traîtres.

898. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Elle apprend que ses funérailles auront lieu le lendemain ; elle se promet de se trouver debout, chapeau bas, tout entière, dussent les rues être trop étroites, à la suite de son convoi, non pas pour que la famille du vieillard note la présence d’un million de visages anonymes dans le cortège, mais pour que le soleil la voie payer un tribut de conscience, de respect et de patriotisme à ce cercueil qui lui semble renfermer quelque chose de mort dans l’image de la patrie. […] Nous aimions ces Bourbons à cause de leurs malheurs et de leurs services ; nous avions dans les veines un sang qui avait coulé pour eux ; on nous avait appris leur histoire comme un catéchisme de famille ; nous avions dans l’âme un vif instinct de liberté presque républicaine qui trouvait sa satisfaction dans la presse démuselée, dans la tribune éclatante dans l’opinion cosouveraine avec la royauté ; nous faisions des vœux d’honnête jeunesse pour que les incitations du parti militaire d’alors ne parvinssent jamais à semer la zizanie entre les Bourbons légitimes et la liberté, plus légitime encore par son droit que les Bourbons ne l’étaient par nos sentiments. […] Rousseau l’établi de l’horloger, pour étendre et pour polir leur intelligence, et pour apprendre la langue du pays des idées, du beau, des arts, avant de parler, d’écrire ou de chanter pour l’univers pensant. […] L’air populaire qui court les rues en sortant du Vaudeville, et que les bornes apprennent d’elles-mêmes à force de l’entendre répéter par les orgues ambulants, est un véhicule nécessaire pour porter la poésie narquoise ou politique de porte en porte, comme le facteur quotidien y porte une lettre, à cent mille adresses. […] Le vrai nom de Béranger, selon moi, c’était PROGRES : progrès de la raison, progrès de la philosophie, progrès de la politique, progrès de la charité, progrès de la vérité dans un ami sincère du bien, progrès du peuple dont il était le symbole et à qui il devait apprendre à grandir en lui.

899. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Quelle que soit l’origine du cerveau humain, servons-nous-en de notre mieux pour apprendre et pour comprendre. […] Apprenons à voir, mais sans regarder les choses et les hommes de trop près : ils sont plus jolis de loin. […] Mais la finesse de la peau explique cela très bien, et franchement la science nous apprend là bien peu de chose. […] Il en apprend dix, bredouille quelques syllabes du reste : les dix c’est la gloire ; le reste, c’est l’histoire littéraire. […] Apprendre pour apprendre est peut-être aussi grossier que manger pour manger.

900. (1914) Une année de critique

Elle avait un jour entrevu l’impératrice Élisabeth, et eût pu apprendre d’elle comment une âme supérieure fait de la beauté avec de la douleur. […] Les théoriciens de l’époque nous apprennent que l’on se proposait de réintégrer l’idée dans l’art. […] La réalité n’est pas la sœur du rêve, il l’a appris — par cœur. […] C’est-à-dire qu’il ne nous en apprend pas grand-chose, les hommes demeurant, les uns pour les autres, des mystères. […] Quand Cécile apprend que Georges l’a trompée, la piqûre de la jalousie lui révèle que sa chair n’est pas insensible.

901. (1881) Le naturalisme au théatre

C’est une autre langue que l’on apprend à parler. […] Toi, tu as un père qui a volé ; apprends l’existence, impose-toi au respect. […] Sarcey se flatte d’apprendre chaque jour et de se laisser convaincre par les faits. […] Mais je doute qu’une fois les éléments appris, on tire un grand profit des leçons des maîtres. […] » Cela rappelle un peu les méthodes pour apprendre l’anglais en vingt-cinq leçons.

902. (1893) Alfred de Musset

Il vient d’apprendre la mort rapide de sa grand’mère, Mme Guyot-Desherbiers. […] Ensuite Mme de Musset serait au désespoir si elle apprenait la maladie de son fils, ainsi n’en soufflez mot. […] C’est tout ce que je désirais savoir et c’est ce que je puis apprendre de plus heureux. […] Il ne lui manquait que de savoir filer, et c’est ce que je lui ai appris. […] … Qui t’a appris à siffler ainsi contre tous les usages et toutes les règles ?

903. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Du temps de Charles-Quint, l’histoire nous apprend qu’il les menait tout aussi bien à la conquête du Mexique ou du Pérou ! […] Le roman réaliste s’est toujours volontiers attardé dans les cuisines et dans les antichambres, où d’ailleurs il n’est pas impossible que, comme Gil Blas lui-même, on en apprenne long sur les mœurs des maîtres. […] Morel-Fatio, laissant à d’autres les recherches de l’érudition, voulait bien nous apprendre, sur la littérature espagnole, puisqu’il la connaît comme personne, ce qu’il nous serait si précieux d’en savoir. […] On dirait, en vérité, que toutes les questions qui regardent la conduite n’ont pas d’importance à ses yeux ; que le bon usage de la volonté s’apprend par son seul exercice ; et que de méditer sur de pareils sujets ne peut servir qu’à les embrouiller. […] Et si nous osions encore y joindre ce que son ami Nicolas Bouchard en a dit, dans ses Confessions d’un bourgeois de Paris, c’est alors qu’on pourrait juger à quelle école, en sa vingtième année, Molière apprit la vie de garçon.

904. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Doué d’un goût musical très-vif et très-pur, comme l’atteste assez la mélodie toute racinienne de ses vers, mais de plus ayant cultivé ce talent naturel, il devint le maître de musique de la jeune créole qu’il a célébrée sous le nom d’Éléonore : O toi qui fus mon écolière En musique, et même en amour… Dans ce temps, il y avait à Bourbon une très-grande disette de professeurs en tout genre ; on était réduit à faire apprendre à lire et à écrire aux jeunes gens, même aux jeunes filles, par quelque lettré de régiment. […] Il n’apprit sans doute que plus tard, et peut-être à Paris même, le changement de destinée de celle qu’il avait quittée ; en effet, dans les premières éditions de ses poésies (1778-1779), l’on ne trouve rien ou presque rien encore de ce qui forme le quatrième livre des élégies, c’est-à-dire celui qui vient après le mariage et l’infidélité consommée d’Éléonore. […] Il est à supposer que Parny n’apprit que plus tard le mariage d’Éléonore, résultat de son absence. […] Quoi qu’il en soit, dans les belles élégies qu’il ajouta durant ces années suivantes, et qui sont celles du quatrième livre, Parny fit comme s’il était retourné en effet à Bourbon, et comme s’il avait appris son infortune sur les lieux mêmes.

905. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Que lui apprenait la philosophie de Descartes sur les vérités métaphysiques, qu’il ne put connaître plus sûrement par son seul instinct ? […] Et d’ailleurs, que m’apprend cette philosophie sur ma fin ? […] Descartes m’avait appris que j’existe, parce que je pense : Pascal va m’enseigner quel usage je dois faire de ma pensée. […] Je ne vois, en aucun endroit de leurs écrits, le doute qui m’apprendrait qu’ils ont eu à faire ce choix redoutable ; mais je les vois tout d’abord, et dans toute la vie, jouir pleinement, ceux-ci de la foi chrétienne, celui-là de ses croyances philosophiques.

906. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Ils m’apprirent les longues histoires de Cronos, qui a créé le monde, et de son fils, qui a, dit-on, accompli un voyage sur la terre. […] Législatrice, source des constitutions justes ; Démocratie 6, toi dont le dogme fondamental est que tout bien vient du peuple, et que, partout où il n’y a pas de peuple pour nourrir et inspirer le génie, il n’y a rien, apprends-nous à extraire le diamant des foules impures. […] Je vais apprendre ta langue, désapprendre le reste. […] Ce que j’appris cette année-là, c’est le prix de la méchanceté, c’est ce fait que l’aveu éhonté qu’on n’est ni sentimental, ni généreux, ni chevaleresque, plaît au monde, le fait sourire d’aise et réussit toujours.

907. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Van Dyck et Blauwaert, Mme Boidin-Puisais doivent à ce maître leur intelligence de l’œuvre, la belle netteté, si peu commune, de leur diction : mais le drame wagnérien n’est point appris facilement ; ces artistes avaient trop de choses à oublier encore pour s’y rendre parfaits. […] Walter réplique très mélodieusement qu’il sait ce que lui ont appris les brises, les feuillées, les oiseaux, les torrents, les saisons. […] Wagenseil, en effet, nous apprend qu’il y avait dans la guilde, quatre marqueurs qui se partageaient le soin de censurer les morceaux qu’on soumettait à l’appréciation de l’assemblée. […] Il nous apprend aussi que les architectes allemands commencent à s’inspirer du théâtre idéal, tel que Wagner l’a esquissé dans son « édifice provisoire ».

908. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Il ne se présentait qu’un seul moyen, celui d’apprendre la langue sanscrite, langue la plus admirable en effet, mais aussi la plus difficile de toutes les langues connues, et pour l’étude de laquelle il n’avait encore été publié, à cette époque, aucun ouvrage élémentaire. […] Il apprend qu’elle est de céleste origine par l’union d’un saint avec une divinité secondaire. […] Il apprend, de la bouche de son élève chérie Sacountala, la visite du héros, son amour, sa promesse de la couronne, quand elle viendra dans sa capitale lui présenter l’anneau nuptial. L’anachorète apprend d’elle-même qu’une union secrète, mais approuvée par la religion et les lois, l’unit au héros, et qu’elle porte dans son sein un gage de son union, roi futur du royaume.

909. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Relève-toi, relève-toi, et apprends que, dans l’excès de sa joie, le roi m’a chargé de te remettre cette somme, égale à la valeur de l’anneau que tu lui as retrouvé ; elle est toute pour toi. […] Une des femmes lui apprend qu’il est fils d’une nymphe réfugiée dans cet asile. […] Comment puis-je apprendre la vérité ? […] » lui dit le sage anachorète, « ne comprenez-vous pas qu’on vous apprend ici d’une manière détournée, en action et non en récit, la naissance de ces deux enfants vos fils ?

910. (1914) Boulevard et coulisses

Son nom ne vous apprendra pas grand’chose : il s’appelait Chabrillat. […] Je venais d’apprendre par un journal du soir la mort de Darwin, et à tout hasard j’essayai d’écrire un article sur le grand Anglais. […] Sur ma réponse négative, il me dit sévèrement : « Il faudra l’apprendre. » Alors, ayant corrigé mes épreuves, je sortis. […] Alors, elle achète des brochures, apprend des rôles, les récite devant sa glace.

911. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Janet nous a appris au sujet des psychasthéniques, nous n’en aurons pas moins à chercher une explication spéciale du phénomène proprement dit de la fausse reconnaissance 21. […] Il arrivera précisément ce qui arrive dans les cas où, après bien des années, nous voyons de nouveau des lieux ou des objets, nous entendons de nouveau des mélodies, que nous avons jadis connus mais que nous avons depuis longtemps oubliés… Or si, dans ces derniers cas, nous avons appris à interpréter la plus faible poussée des associations comme le signe d’expériences antérieures se rapportant aux mêmes objets que ceux d’à présent, on devine que, dans les autres cas aussi, dans les cas où, par suite d’une diminution de l’énergie psychique, l’entourage habituel déploie une efficacité associative très diminuée, nous aurons cette impression qu’en lui se répètent, identiquement, des événements personnels et des situations tirées du fond d’un passé nébuleux 51 » Enfin, dans un travail approfondi qui contient, sous forme d’auto-observation, une des plus pénétrantes analyses qu’on ait données de la fausse reconnaissance 52. […] C’est plutôt une oscillation de la personne entre deux points de vue sur elle-même, un va-et-vient de l’esprit entre la perception qui n’est que perception et la perception doublée de son propre souvenir : la première enveloppe le sentiment habituel que nous avons de notre liberté et s’insère tout naturellement dans le monde réel ; la seconde nous fait croire que nous répétons un rôle appris, nous convertit en automates, nous transporte dans un monde de théâtre ou de rêve. […] Seul, le souvenir du présent n’a rien à nous apprendre, n’étant que le double de la perception.

912. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Lorry qui l’accusaient de trop efféminer la science et d’amollir le caractère de la profession en vue du succès : Mais s’il ne devait cet accueil, remarquait-il, qu’aux impressions d’une âme douce et compatissante, à cette pénétration, à cette sagacité particulières qui font deviner aux uns ce que les autres n’apprennent que par de longs discours, à cet art d’interroger la nature sans soulever le voile de la décence et sans alarmer la pudeur, combien ces considérations ajouteraient à notre estime pour M.  […] En janvier 1790, Morris a-t-il à faire parvenir au roi un avis sur la marche à suivre, en désapprouvant son idée de se rendre à l’Assemblée pour y déclarer qu’il se met lui-même à la tête de la Révolution, ce qui paraît à Morris d’une faible et dangereuse politique : « Cette note, dit-il dans son Journal, fut remise à la reine par son médecin Vicq d’Azyr. » Deux ans après, en janvier 1792, Morris est-il sur le point de partir pour Londres : « Vicq d’Azyr, le médecin de la reine, est venu ce matin, dit-il encore, pour me demander de la part de Leurs Majestés de communiquer au roi et à la reine tout ce que je pourrai apprendre en Angleterre de nature à les intéresser. » Ce ne sont que des indications, mais qui donnent le sens de tout un rôle suivi que l’on peut assez conjecturer.

913. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

… Faut-il donc apprendre à M. du Camp, qui a voyagé dans l’Orient et peut-être en Grèce, que ce sujet de ΓAcropole dt Athènes a été proposé par l’Académie française à l’occasion de la découverte récente de M.  […] Je voudrais, en vérité, qu’un des amis particuliers de M. du Camp, Théophile Gautier, par exemple, fût un jour et dans quelque temps de l’Académie, pour lui apprendre comment les choses se passent dans cette abominable maison qu’il se figure comme une caverne et un repaire de Burgraves.

914. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

ce n’est pas seulement les honneurs de la réception qui m’ont charmé, et dont je conserverai toute ma vie le souvenir avec la reconnaissance, mais c’est bien plus ce beau modèle des prélats en qui j’ai vu et admiré plus de choses que la réputation ne m’en avait appris. Aussi suis-je revenu avec une plus grande envie qu’auparavant de retourner quelque jour, s’il plaît à Dieu, et si je puis en obtenir la permission, pour en apprendre davantage.

915. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Nous ne le voyons quasi qu’en buste, pas tellement en buste pourtant que nous n’apprenions de lui que jeune homme, avocat instruit et plein d’espérances, très grand et beau garçon (ce qui ne gâte rien), il eut l’agrément d’être sur le pied d’ami et de familier ou de chevalier auprès de cette fameuse comtesse de Lamotte, l’un de ces jolis et affreux monstres, de ces harpies à tête de sirène comme en engendra la corruption avancée du XVIIIe siècle. […] Beugnot ne se fait faute de nous apprendre qu’au premier moment de l’arrestation de Mme de Lamotte il n’eut qu’une pensée : c’était la peur d’être arrêté lui-même pour ses relations avec elle ; et il s’y attendait si bien, que pendant plusieurs jours il tint, nous dit-il, sa malle toute prête pour la Bastille.

916. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Un des épisodes de cette vie de Berny, et qui nous en apprend long sur les mœurs du temps et du lieu, est celui du petit comte de Billy. […] Le comte de Clermont était à table lorsqu’il apprit cette attaque de sa gauche.

917. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

J’ai souvent pensé à ce qu’il faut ainsi de force réelle, de force contenue et bien apprise, pour atteindre à une grâce nette, souple, déliée, à un tour découpé et décisif. […] Mais notre poëte, qui est au fond très-civilisé et très-probablement de la postérité de Callimaque et d’Horace, ayant appris le méfait, s’en fâcha, et écrivit de belle encre cette charmante lettre au chanteur du cru, pour le féliciter à la fois et le tancer, pour le remettre au pas et lui donner des conseils.

918. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Les trois quarts des textes du moyen âge, laborieusement établis et publiés par des hommes persévérants, distillent un insupportable ennui et nous apprennent moins de choses essentielles que le portail de Notre-Dame de Paris. […] Si quatre-vingt-dix-neuf inscriptions ne nous apprennent rien, la centième pourra fixer un point d’histoire important.

919. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Il avait l’honneur de l’accompagner le matin à la promenade : C’était, dit-il, à de semblables promenades à cheval, tout seul avec la reine, quoiqu’entouré de son fastueux cortège royal, qu’elle m’apprenait mille anecdotes intéressantes qui la regardaient et tous les pièges qu’on lui avait tendus pour lui donner des amants. […] C’est la plainte perpétuelle qui revient sous la plume du comte de La Marck dans la Correspondance secrète qu’on vient de publier : La reine, écrivait-il au comte de Mercy-Argenteau (30 décembre 1790), la reine a certainement l’esprit et la fermeté qui peuvent suffire à de grandes choses ; mais il faut avouer, et vous avez pu le remarquer mieux que moi, que, soit dans les affaires, soit même simplement dans la conversation, elle n’apporte pas toujours ce degré d’attention et cette suite qui sont indispensables pour apprendre à fond ce qu’on doit savoir pour prévenir les erreurs et pour assurer le succès.

920. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Ceux qui apprennent difficilement, mais qui composent avec facilité & avec génie, attireroient une foule d’auditeurs ; & ceux qui n’ont pour tout mérite que de la hardiesse & de la mémoire, qui prodiguent le dégoût & l’ennui, céderoient enfin au talent, & ne dégraderoient plus la dignité de la chaire. […] Quand M. de Moncrif conseille aux jeunes prédicateurs d’apprendre les plus beaux sermons & de les débiter, il ne parle point de ceux qui sont nés avec un talent décidé pour la chaire.

921. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Il songeait à passer en Angleterre ; il apprenait même la langue anglaise, lorsque les bienfaits de M. le duc de Bourgogne le retinrent en France, et sauvèrent à sa vieillesse les désagrémens de ce voyage. […] Ils n’avaient appris à connaître Que les hôtes des bois ; était-ce un si grand mal ?

922. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Enfin la renommée qui instruit le monde du merite de ces ouvrages, lui apprend en même-tems l’histoire que le peintre y peut avoir traitée. […] En étudiant ces auteurs, on se remplit la tête des fables et des histoires de leur païs, et l’on oublie difficilement tout ce qu’on peut avoir appris dans l’enfance.

923. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Il faut l’apprendre. […] On se borne, dans le cours des études, à mettre entre les mains des enfants un petit nombre d’auteurs, et même à ne leur en montrer pour l’ordinaire qu’une assez petite partie qu’on leur fait expliquer et apprendre : on charge indifféremment leur mémoire de ce que cette partie contient de bon, de médiocre et même de mauvais ; et grâces au peu de goût de la plupart des maîtres, les vraies beautés sont pour l’ordinaire celles qu’on leur fait remarquer le moins.

924. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir.

925. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

On vient de relever avec éclat dans Stockholm un monument érigé, il y a cent ans, en l’honneur de Descartes : et parmi nous une simple pierre dans une église apprend où il repose. […] Que lui apprenez-vous donc par un éloge ?

926. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Horace cependant nous apprend quelque part que, de son temps, à Rome le poëte grec avait d’autres émules. […] « La vierge nubile apprend avec joie les danses a ioniennes ; elle assouplit son corps avec art ; déjà, dans un âge tendre, elle médite d’incestueuses amours.

927. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

A force de répéter leur rôle et de s’en pénétrer, ils l’ont appris.

928. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Je le sais trop bien, et, si je l’avais ignoré, M. le pasteur Napoléon Peyrat, dans un livre de Souvenirs intitulé Béranger et La Mennais (1861), aurait pris soin de me l’apprendre.

929. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

tandis que don Juan, au contraire, désabusé de ses amours sans fin, renvoie à Faust ou à Salomon, et s’écrie : Étudiez, apprenez !

930. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

Livré à sa vocation naturelle, il apprit le dessin sous M. 

931. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XII. Demain »

Dans un livre écrit avant la vingtième année et dont la langue est d’une beauté précoce et sûre, Léon Vannoz hésite entre différentes noblesses apprises.

932. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Freron nous apprend, il est vrai, « qu’il avoit à craindre le mécontentement de plusieurs puissans Mécènes pleins d’entrailles pour leurs chers petits Rimailleurs, ou leurs insipides Romanciers ; que ses amis ont été cent fois le trouver lorsqu’il paroissoit un Ouvrage nouveau, pour l’engager à n’en pas dire du mal, parce que l’Auteur étoit vivement protégé par tel Prince, ou tel Duc, ou telle Dame, qui ne manqueroit pas d’employer contre sa personne & son Journal toutes les ressources du crédit* ».

933. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Nous n’avons pas besoin d’aller au spectacle pour y apprendre les secrets de notre famille ; la fiction ne peut nous plaire, quand la triste réalité habite sous notre toit.

934. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

Ainsi, à mesure que la société multiplia les besoins de la vie, les poètes apprirent qu’il ne fallait plus, comme par le passé, peindre tout aux yeux, mais voiler certaines parties du tableau.

935. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

C’est elle qui lui a appris à donner à l’aile du moulin l’inclinaison la plus favorable au mouvement de rotation.

936. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

Cadoret réfute ces opinions avec une clarté de bon sens et une simplicité d’interprétation qui frapperont toutes les intelligences à tous les niveaux, et détermineront le succès d’un livre qui apprendra à ceux qui l’ignorent, ou rappellera à ceux qui l’oublient, combien l’Église catholique fut toujours gouvernementale, et comme, à toutes les époques de sa glorieuse durée, elle condamna la révolte et appuya ou respecta les pouvoirs constitués, pour les raisons les plus profondes, les plus politiques et les plus saintes.

937. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre IV. De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages » pp. 168-173

En effet, chez toutes les nations, la piété a été généralement la mère des vertus domestiques et civiles ; la religion seule nous apprend à les observer, tandis que la philosophie nous met plutôt en état d’en discourir.

938. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Comment ne pas reconnoitre que le style est l’empreinte de l’âme, & qu’il ne s’apprend point, qu’il ne s’imite point. […] Je me crois dans les bosquets de Clarens, je lis le volume d’une halcine, & quand j’apprends qu’il y en a six, mon cœur palpite de joie & de plaisir, & je voudrois pouvoir prolonger à l’infini cette délicieuse lecture. […] Je le demande ; quelle est aujourd’hui la renommée de ceux qui ont voulu distribuer orgueilleusement les rangs & les places, qui ont voulu juger autrui sans avoir appris à se juger eux-mêmes ? […] Un jeune homme vint prier Timothée, de lui apprendre à jouer de la flûte […] Il voit différemment des autres hommes, qui n’apperçoivent guères dans l’objet que sa surface ; il leur apprend à voir, & à sentir d’une maniere plus vraie & plus profonde.

939. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Je m’en vais vous l’apprendre, car ceci en vaut la peine. […] Je ne suis ici que l’écho d’un homme aimé du pauvre mort, et je ne sais, de cette existence aventureuse, et par moments énigmatique, rien autre chose que ce que ses regrets ont bien voulu m’en apprendre. […] Un axiome, vermoulu et moisi par les bords, nous apprend que du choc des opinions jaillit la vérité ! […] Vous, qui avez écrit des ballets charmants, faut-il vous apprendre que celui-ci est délicieux ? […] Le Coq, supposant qu’une population de touristes est debout pour recueillir ses paroles avec avidité, veut bien nous apprendre que, dans la théogonie Hindoue, il existe des enfers de plusieurs sortes.

940. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Ses amis ne l’ignorent pas, et ont pris soin de nous l’apprendre. […] Je comprends donc très bien la colère de Régina lorsqu’elle apprend la résolution de Saluce. […] En la formulant, je n’apprendrais rien à personne. […] Est-il besoin de les apprendre pour s’en souvenir ? […] Hugo ne se donne pas la peine de nous l’apprendre.

941. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Une des fêtes de l’esprit, c’est d’aller, de venir, d’être écouté, d’être suivi, d’être obéi, applaudi, d’être débattu, c’est d’apprendre et de savoir, et de montrer ce qu’on sait. […] Un Comédien-Français eût appris plus facilement dix mille vers du premier venu, que Le Festin de Pierre, tel que l’écrivit Molière. […] À peine si l’oraison funèbre du prince de Condé s’apprend encore dans les collèges ! […] Dans une préface nº 4, l’auteur se plaint des comédiens, race inintelligente et mal apprise, qui n’ont pas assez indiqué ses intentions. […] Bragelone. — « Vous avez appris le métier de bonne heure.

942. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Les chefs-d’œuvre de Phidias, ceux de Sophocle et d’Aristophane étaient reçus, sans commission et sans jury, en pleine assemblée du peuple, qui, ayant appris à lire dans Homère, parlant sa langue mieux qu’Euripide, n’aurait pas souffert qu’un directeur des beaux-arts, à la nomination d’Aspasie, lui choisit ses déesses et ses courtisanes. […] Que le peuple, se reconnaissant à sa misère, apprenne à rougir de sa lâcheté et à détester ses tyrans ; que l’aristocratie exposée dans sa grasse et obscène nudité, reçoive sur chacun de ses muscles, la flagellation de son parasitisme, de son insolence et de ses corruptions1. Que le magistrat, le militaire, le marchand, le paysan, que toutes les conditions de la société, se voyant tour à tour dans l’idéalisme de leur dignité et de leur bassesse, apprennent, par la gloire et par la honte, à rectifier leurs idées, à corriger leurs mœurs et à perfectionner leurs institutions. […] Style, formes, images, couleur, figure, gris, plat, termes inutiles qui apprennent à douter, qui forment le bagage de l’homme qui n’a pas autre chose dans son sac. — Il n’y a rien de tel qu’un peuple sans académie, dit Mercier, pour avoir une langue forte, neuve, hardie, imagée. […] Champfleury apprenne à madame G. 

943. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Toutes les fois que nous en sommes sortis, nous avons perdu notre temps sans rien ajouter à notre considération. » « J’oublie en écrivant que je parle à un homme qui en sait autant que moi sur tous les points, et auquel, par conséquent, je n’ai rien à apprendre. […] On voulut croire tant qu’on le put à une convalescence ; mais des rechutes trop fréquentes et continuelles apprirent enfin qu’il n’y avait plus rien à espérer. […] Sire, je m’étais trompé ; j’avais cru que ce brave militaire, qui a les plus beaux états de service, avait la croix : je viens d’apprendre qu’il ne l’a pas, et je l’efface. » — « Eh bien !

944. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

pourquoi ne pas mettre en circulation jour par jour, pour ainsi dire, ce qui a instruit ou ému, ce qui a appris quelque chose sur l’état de la société ou sur la nature particulière d’un génie ? […] Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : « Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines ; au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. » — Ô mes compagnons d’infortune ! […] Mis au collége à Dol, où il apprend Bezout, où il sait par cœur toutes ses tables de logarithmes depuis 1 jusqu’à 10,000, où il fait des vers latins si coulamment que l’abbé Egault, son préfet, le surnomme l’Élégiaque, le chevalier revient passer ses vacances non plus à Saint-Malo, mais à Combourg.

945. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Ceux qui trouvent trop ardue la nouvelle géométrie politique en apprennent au moins les axiomes, et, si les axiomes rebutent, on en trouve les conséquences palpables, les équivalents commodes, la menue monnaie courante dans la littérature en vogue, théâtre, histoire et romans584. […] Ensuite, à l’Ecole de Droit, ils ont appris un droit abstrait, ou n’ont rien appris.

946. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Alors il prononça gravement et d’une voix haute ces deux vers de l’Iliade qu’on venait de lui donner à apprendre et à méditer pour sa leçon du lendemain : Ἀτρεἱδη, μἡ ψεὑδε’ ἐπιστἁμενος σἁφα εἰπειν, Οὐ γἁρ ἐπἱ ψεὑδεσσι πατἠρ Ζευς ἔσσετ’ ἁρωγὁς. — « Fils d’Atrée, ne mentez pas, vous qui savez si bien dire la vérité. — Car Dieu, notre père, ne sera jamais le soutien du mensonge. » « Et mon jeune lecteur, en épelant ces vers, se reprit, comme s’il eût été devant le pédagogue, pour me faire sentir l’accent du mot ψεὑδεσσι, mensonge, sur lequel d’abord il n’avait pas assez appuyé. […] J’apprenais alors ses odes pour me familiariser avec le grec moderne, et je recherchais sa conversation, qui n’était jamais sans profit pour moi. […] » Puis, se tournant vers moi, dit M. de Marcellus, il ajoute : « Les sentiments sont si naturels, le sens si clair, que celui de nous qui n’a pas appris le grec en naissant n’a nul besoin d’interprète.

947. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Ledru-Rollin, soit que madame d’*** désirât elle-même réunir chez elle les deux membres du gouvernement provisoire qui lui paraissaient les plus capables de fonder un système mixte de république, j’appris, le dimanche suivant, qu’elle avait invité M.  […] Ne trouvez donc pas étrange que je la reconnaisse à son armure, et qu’en voyant sa belle compagne anonyme, j’y devine madame la marquise de L… Notre reconnaissance dans ce désert ne peut leur faire aucun tort en France. » Les journaux suivants que nous trouvâmes à notre retour de Balbek, nous apprirent que j’avais eu raison. […] J’y étais alors et je l’appris par Janvier, à la Chambre.

948. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Le peu qu’il a d’idées générales, il les a apprises et les exprime dans la langue savante, la langue des clercs, le latin. […] Mais l’idiome se forme par les tentatives de quelques clercs pour communiquer à la foule dans la langue vulgaire ce qu’ils ont appris d’idées générales dans la langue savante, et par cet instinct de l’art à venir qui se révèle dans la vaine rhétorique et les grossiers latinismes de quelques écrivains. […] Je veux bien n’y pas voir un privilège ; mais si ce caractère n’est propre qu’à elle, et si d’ailleurs il n’a pas empêché que, depuis trois siècles, l’Europe politique et savante n’ait appris le français, il faut bien n’y pas voir une marque d’infériorité.

949. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Cet enjouement était dans le caractère du jeune Rabelais et son humeur joviale ne lui avait guère moins fait d’amis dès ce temps-là, que sa réputation de savoir et une mémoire immense, capable de recevoir et de garder tout ce que pouvait apprendre homme vivant. […] Je répugne à croire que tout ce que Rabelais a donné durant sa vie aux devoirs de sa profession religieuse ait été de pure comédie, et que le bon curé de Meudon, qui, dans sa vieillesse bienfaisante, dit-on, et honorée, apprenait le plain-chant aux enfants de sa paroisse et la lecture aux pauvres gens, n’ait été qu’un incrédule enseignant une superstition. […] Il en avait sans doute appris l’art dans les écrits des Grecs, où cette variété des pensées et des tours qui les expriment ce mélange d’expressions de tous les ordres, est une des grâces inimitables du génie grec.

950. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On apprend qu’il va se jouer au Théâtre-Français un Philopœmen, tragédie d’un jeune homme de dix-sept ans, et là-dessus une jeune fille s’est déjà montée la tête pour l’auteur. […] Il nous apprend ce qu’il y a de profitable et de salutaire à être parfaitement simple, à être parfaitement droit, à se contenter de la condition et de la proportion de talent qui nous est échue, à la compléter peu à peu, à la perfectionner tant que nous le pouvons, à l’appliquer, à remercier l’Auteur des dons naturels de ce qu’il nous a accordé de distingué, même quand ce distingué ne serait que secondaire. Il nous apprend à ne point accueillir, à ne point entretenir dans notre cœur ces passions amères qui, une fois qu’elles s’y sont logées, y deviennent maîtresses, y sévissent en furieuses et y corrompent ce qu’il y a de plus doux et de plus consolant au monde, et ce qui est recommandé par les sages comme le remède souverain des maux, je veux dire le sincère amour des lettres et le charme innocent des muses.

951. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Le lendemain de cette première représentation de Paris, elle dit devant tous les ambassadeurs qu’elle avait été la veille dans des transes, « dans l’état du métromane, jusqu’au moment où elle avait appris le succès ». […] Un vieillard, me trouvant trop sensible à je ne sais quelle injustice, me dit : « Mon cher enfant, il faut apprendre de la vie à souffrir la vie. […] Hetzel, je n’ai pas appris à les estimer ?

952. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Elle va accoucher chez une sage-femme qui la vend à un entrepreneur de maçonnerie qu’elle prend aussitôt en dégoût, et pour vivre, revient apprendre le métier de sage-femme, chez celle qui l’a accouchée. […] Alors on reprenait, dans les classes, l’étude de l’Évangile, et mon cousin lui disant : « Moi, je ne veux pas l’apprendre ! […] je t’en prie, apprends-le pour moi seulement le samedi.

953. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

D’après une théorie dont les partisans se recrutent dans les écoles les plus diverses, la science ne nous apprendrait rien sur ce que nous devons vouloir. […] Or, si la science ne peut nous aider dans le choix du but le meilleur, comment pourrait-elle nous apprendre quelle est la meilleure voie pour y parvenir ? […] L’esprit se trouve à l’aise en face du réel qui n’a pas grand’chose à lui apprendre ; il n’est plus contenu par la matière à laquelle il s’applique, puisque c’est lui, en quelque sorte, qui la détermine.

954. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Sainte-Beuve sur Daunou nous a appris à bien fixer nos idées sur un savant et un écrivain dont on avait beaucoup parlé dans ces derniers temps, depuis sa mort ; il en avait été fait tant d’éloges qu’on se demandait naturellement ce qui avait manqué à un homme qui avait été aussi profond érudit et aussi habile écrivain pour arriver à plus de célébrité et à plus de résultats notoires.

955. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Les lecteurs tout à fait contemporains de l’écrivain de Souvenirs aiment à refeuilleter avec lui au hasard quelques années de leur vie ; ceux qui sont venus plus tard, s’ils ont l’esprit curieux, ouvert, un peu oisif, pas trop échauffé à sa propre destinée, apprennent beaucoup de détails à ces causeries familières et devinent toute une société légèrement antérieure, au sein de laquelle ils s’imaginent volontiers avoir vécu.

956. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

Les indifférents, les connaissances intimes mêmes, vous représentent, par leurs manières avec vous, le tableau raccourci de vos infortunes : à chaque instant, les mots, les expressions les plus simples, vous apprennent de nouveau ce que vous savez déjà, mais ce qui frappe à chaque fois comme inattendu ; si vous faites des projets, ils retombent toujours sur la peine dominante ; elle est partout, il semble qu’elle rende impraticable les résolutions mêmes qui doivent y avoir le moins de rapport ; c’est contre cette peine alors qu’on dirige ses efforts, on adopte des plans insensés pour la surmonter, et l’impossibilité de chacun d’eux, démontrée par la réflexion, est un nouveau revers au-dedans de soi.

957. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

Elle étoit, selon lui, le seul guide qui pût apprendre à l’homme ce qu’il a été, ce qu’il est, & ce qui peut le rendre tel qu’il doit être.

958. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Lettre a monseigneur le duc de**. » pp. -

Ils ont compilé de volumes, pour apprendre au public que les Livres qu’il pouvoit lire, se réduisoient à un très-petit nombre.

959. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Un petit nombre peut apprendre cet art qui, pour me servir de l’expression d’Horace, fait vivre en amitié avec soi-même : quod te tibi reddat amicum.

960. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

On y apprend distinctement à quel point de merite chaque peintre dont il parle est parvenu en chacune des quatre parties dans lesquelles l’art de la peinture peut se diviser ; et ces parties sont la composition, le dessein, l’expression et le coloris.

961. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Mais les rélations particulieres que les jesuites portugais avoient envoïées à Rome, et ce qu’en avoient raconté ceux d’entr’eux qui étoient repassez en Europe, devoient y avoir appris déja aux curieux comment étoient faites les sources du Nil qu’on avoit enfin découvertes dans l’Abyssinie.

962. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Cette méthode apprendra-t-elle infailliblement à écrire ?

963. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Elle éclate dans leur prose, c’est là que nous avons appris à l’aimer, et c’est précisément ce genre d’originalité que nous recommandons.

964. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Charles Iteynaud nous l’apprendra : hélas ! […] « Qui donc a appris à M.  […] Je dirais volontiers : « Qui donc a appris à M.  […] Dumas n’a rien appris et a tout oublié, et que M. Janin n’a rien oublié et a tout appris.

965. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Au milieu de son agonie, il apprend que cet enfant tant souhaité, le but, l’excuse de son amour, est sur le point de naître. […] Elle a de beaux élans de cœur, de belles colères aussi, et, ayant appris à aimer le peuple, elle fait tous ses efforts pour ne le pas laisser confondre avec la populace. […] On lui apprit qu’on venait de renverser la monarchie de Louis-Philippe ; il dit : « C’est bien fait !  […] Une visite à l’Hôtel-Dieu lui apprend ce qu’il désirait savoir. […] L’initié, après ces révélations, devient, comme disait l’hiérophante, un ressuscité vivant ; il apprend qu’il y a deux clés principales de la science.

966. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Mime veut apprendre la peur à Siegfried, qui ne sait ce que c’est. […] Dans la littérature et la poésie, pour le théâtre, pour les arts plastiques, sculpture, peinture et architecture, nous n’avons rien à apprendre aux Anciens, nous avons au contraire tout appris d’eux. […] « Votre livre est immense, lui écrivait le Maître, au reçu l’ouvrage ; où avez-vous appris à me connaître aussi bien ?  […] Grand assimilateur qu’il était, il a appris à imiter beaucoup de choses allemandes, voilà tout. […] La langue musicale doit s’apprendre comme toute langue parlée ; ni plus ni moins.

967. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Quand son mari l’apprend, il en conclut qu’elle a été la maîtresse de ce monsieur. […] Voici tout ce qu’il en faut retenir et qu’on apprend, sans se donner de mal, un peu plus tard. […] La conversation de deux soldats avec un chanteur bohémien, Benko, nous apprend tout ce que nous avons besoin de savoir. […] Il m’a paru qu’il y avait comme des doubles emplois et que, ce que Rennequin apprend successivement du cocher, du masseur et de la manicure, il pouvait l’apprendre, beaucoup plus simplement, — et sans dommage pour l’intérêt dramatique, au contraire, — de sa sœur Catherine. […] Le Sauveur est venu nous apprendre à aimer.

968. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Nous verrons plus tard combien cela était vrai pour Lamartine ; il nous apprend qu’il en était de même pour Louis de Vignet. […] Ce fut la Julie de ce livre, la même qu’il a célébrée, et, je pourrais dire, immortalisée dans les Méditations sous le nom d’Elvire, qui lui apprit qu’il avait encore le cœur capable d’une grande passion. […] vous avez à peine quelques souvenirs fugitifs, et déjà vous trouvez qu’ils vous suffisent… Les livres seuls vous ont tout appris. […] « Les livres vous ont tout appris », disait Ballanche ; et en effet, les sentiments dont je viens de parler étaient trop précoces et trop outrés pour être parfaitement sincères. […] L’Histoire de sa vie dont nous tirons ces détails nous apprend que, pour réaliser ce sombre dessein, c’était l’eau surtout qui l’attirait.

969. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Il a bien voulu nous l’apprendre : il le tenait de M.  […] Nourrisson de me l’apprendre. […] Nous aussi, il a presque fallu que l’Europe, l’Angleterre et l’Italie surtout, nous apprissent à goûter Gil Blas, comme à l’Espagne à sentir tout le prix de Don Quichotte. […] Ils n’en demeuraient pas moins, et quand on avait, par sa propre expérience, appris et compris qu’ils étaient encore ce que les hommes avaient inventé de mieux pour le gouvernement de la vie, on s’y tenait. […] En vain, et pour ne pas se laisser dépasser, c’est Condorcet qui nous l’apprend, il opposa son Sermon des Cinquante à la Profession de foi du Vicaire savoyard.

970. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il lit Rousseau, visite les laboratoires, apprend la géologie et l’astronomie, et se trouve fort embarrassé. […] On n’apprend ces tristes vérités que par l’histoire ou le maniement des affaires. […] Chacun s’est piqué d’apprendre la grammaire avec Vaugelas, la rhétorique avec Balzac. […] Il y apprendrait une autre chose, perdue aussi, la dignité, qui est comme la rançon du rang. […] Il a été charpentier, il est fort ignorant, il méprise les sciences et dit qu’un quart d’heure de révélation en apprend plus que toutes les bibliothèques.

971. (1876) Romanciers contemporains

Tandis que l’histoire nous montre ce qu’ils ont fait, le roman nous apprend ce qu’ils ont rêvé. […] Où a-t-il appris à rendre si aimable, non le vice, mais, ce qui est plus difficile, la vertu ? […] Du même coup, Risler apprend le déshonneur de l’époux et la faillite prochaine du commerçant. […] Fouché lui montre alors une lettre ardente et passionnée, qui apprend au mari que sa femme s’est livrée à ce complice. […] Où pourraient-ils mieux apprendre la science des déductions, l’art de l’enchaînement des preuves ?

972. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Duncan, pour célébrer sa délivrance, ordonna de grandes processions ; mais, pendant qu’on les célébrait, on apprit le débarquement d’une armée de Danois, sous les ordres de Canut, roi d’Angleterre, qui venait venger son frère Suénon. […] Il en fit exécuter plusieurs, força les autres à se retirer en Irlande ou bien à apprendre quelque métier pour vivre. […] Au contraire, Nicuola revint à Erte toujours plus éprise, et apprit avec la plus vive douleur la nouvelle inclination de son amant. […] Bientôt elle apprit que le roi souffrait beaucoup d’une fistule déclarée incurable ; son père lui avait légué plusieurs secrets de son art, et Gillette conçut l’espoir de guérir le monarque. […] Cependant la tradition nous apprend que cette pièce, aujourd’hui repoussée de la scène, a excité à plusieurs reprises les applaudissements du parterre anglais.

973. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Ils ne se doutent pas, ces gens, qu’il y a cent cinquante ans, au moment où Marivaux publiait le roman de Marianne, on lui disait que les aventures de la noblesse pouvaient seules intéresser le public, et Marivaux était obligé d’écrire une préface, où il proclamait l’intérêt qu’il trouvait, dans ce que l’opinion publique dénommait l’ignoble des aventures bourgeoises, et affirmait que les gens qui étaient un peu philosophes et non dupes des distinctions sociales ne seraient pas fâchés d’apprendre ce qu’était la femme, chez une marchande de toile. […] La comtesse écrit une lettre de condoléances attendries au mari, et elle apprend qu’il a passé la nuit à se promener, sa lettre à la main. […] Et la comtesse apprend que, comme remerciement de sa lettre, il lui lègue dans son testament le fameux buste, dont il avait refusé cent mille francs. […] Halperine Kaminsky, le Russe traducteur de ses compatriotes, nous apprend que Dostoïevsky était épileptique, épileptique comme Flaubert. […] Le jeune homme, sans aucun amour pour elle, sans occupation dans sa vie, a l’idée, avec l’assentiment du mari, d’en faire quelque chose, de lui apprendre à lire, de lui donner quelque instruction, et là dans l’éclaircie de son intelligence, il songe à placer la phrase qu’il a entendu dire à la mère de Mistral, après une lecture de son fils : « Je n’ai pas tout compris, mais j’y ai vu une étoile. » Là-dessus arrive passer une semaine chez lui, une ancienne maîtresse, une actrice de boui-boui qui fait éclater la jalousie de la femme du garde de marais, qui aime inconsciemment, et un jour se refuse à préparer les plats du Nord que veut manger l’autre.

974. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Dans la conversation, d’ordinaire, on invente peu, on répète plus volontiers ce que l’on a déjà dit, appris ou pensé ; la parole intérieure, au contraire, est le langage de la pensée active, personnelle, qui cherche et qui trouve et s’enrichit par son propre travail ; elle a donc pour mesure chez la plupart des hommes l’énergie et la vivacité de la pensée. […] Il parle quelque part de la « présence des idées générales à notre esprit, présence qu’éveillent en nous les idées particulières51. » Pour lui, tout enseignement est une maïeutique52, et « le but de la philosophie morale est moins d’apprendre aux hommes ce qu’ils ignorent que de les faire convenir de ce qu’ils savent53. » Ce n’est pas tout : entre les idées et les réalités, il y a le même rapport qu’entre les mots et les idées ; à toute idée correspond un être ; le mot, en révélant l’idée, révèle l’être ; par exemple, Dieu existe, puisque nous le nommons. […] II, § 6 et 11 ; ch. 111. § 11] ; Damiron lui reproche, non pas d’employer mal ce procédé très légitime, mais de le substituer à l’observation de conscience : l’auteur des Recherches philosophiques, dit-il, « ne se fie pas au sens psychologique ; c’est dans les mots qu’il veut tout voir et tout apprendre ; … ce serait d’une analyse verbale qu’il tirerait toute la psychologie. » La critique est fondée ; mais Damiron n’a pas vu que la valeur du procédé reposait, dans la doctrine de Bonald, sur certains rapports du langage et de la pensée, dont quelques-uns avaient été reconnus par une observation psychologique directe et n’étaient nullement chimériques. […] Signalons deux objections vivantes au système de Maine de Biran : ce sont deux élèves de l’institution des sourds-muets à Paris, qui, par exception, sont muets de naissance, mais entendent parfaitement ; l’un, à seize ans, ne sait dire que papa et maman, « la parole n’a aucun attrait pour lui, et il ne fait aucun effort pour la conquérir » ; l’autre, à dix ans, ne prononce pas un seul mot ; on leur parle, ils comprennent, ils répondent par gestes ; ils ont appris à lire et à écrire ; ils ont donc la parole intérieure ; elle alterne chez eux, quand ils ne font pas conversation, avec la mimique intérieure. […] Il discute explicitement les thèses de Max Müller dans Max Müller and the science of language, a criticism, New York, 1892.], est moins satisfaisant encore : il ne connaît d’autre « langage interne » que les formes de pensée, les habitudes mentales, qui sont imposées à l’esprit par la langue maternelle, et qui changent, ou se multiplient lorsque nous apprenons à penser en une langue étrangère (La vie du langage, p. 18-19).

975. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

qu’il apprenne du moins auparavant que, moi, je suis bien loin de me réjouir de son affreux malheur !  […] ou bien a-t-elle appris quelque nouvelle fâcheuse ? […] Mais cela est plus utile à apprendre en morale qu’agréable à voir en poëme ; et d’ailleurs ici on n’entrevoit cette seconde destinée qu’incomplétement. […] Un germe de cette idée se trouverait dans la ive pythique de Pindare (vers 388), lorsque Vénus y apprend au fils d’Éson l’art des enchantements, « pour qu’il fasse perdre à Médée le respect de ses parents et que l’aimable Grèce ravisse ce cœur brûlant dans un tourbillon de séduction. » 113.

976. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

Grâce à cette aptitude, l’enfant de quinze mois apprend, en deux ou trois ans, les principaux mots de la langue usuelle et familière. — Notez la différence profonde qui sépare cette acquisition de l’acquisition parallèle que pourrait faire un perroquet. […] Cette reconnaissance toute spontanée lui appartient tout entière ; un perroquet n’applique pas le nom qu’on lui a appris ; dans sa cervelle d’oiseau, il reste isolé ; dans un cerveau d’enfant, il s’associe à la présence d’un caractère général, qui désormais n’a qu’à reparaître pour l’évoquer. […] « Mais bientôt l’esprit, grandissant, commença à généraliser, et nim en vint à signifier toute chose mangeable ; il y ajoutait, selon l’occasion, tantôt le mot bon, tantôt le mot mauvais, qu’il avait appris en même temps, et disait ainsi : nim bon et nim mauvais. […] Ce même petit garçon ayant appris les mots bon garçon les mettait toujours ensemble.

977. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« Ayant appris alors que j’étais dans l’antichambre, où il avait donné l’ordre qu’on ne me renvoyât pas, selon l’usage, si je venais, — parce qu’il désirait me voir, — il me fit entrer immédiatement. […] On ne parviendra jamais à décrire la stupeur de Braschi quand il apprit que l’on pensait à Chiaramonti. […] Il est impossible d’exprimer avec quelle joie Albani apprit cette nouvelle, lui qui avait une particulière estime pour Chiaramonti, et avec quel bonheur il se joignit à son collègue, dans le but de recueillir les votes des cardinaux de son parti. […] Bientôt Venise entière l’apprit.

978. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Cette horreur du pouvoir capable, cette folie de l’envie, cette médiocrité des présidents, cette vulgarité des élus dans le congrès et dans les chambres, jointes à une ambition de grandir sans morale et à une vanité de supériorité sans fondement, faisaient prévoir depuis longtemps aux esprits sains de l’Europe et même à Jefferson une catastrophe telle que Rome elle-même n’en avait pas présenté au monde dans ses craquements, une leçon aux peuples trop démocratiques, donnée par Dieu lui-même pour leur apprendre qu’il n’y a point d’avenir pour les nations qui croient à la seule force du nombre et à la brutalité de la conquête ! […] Ils nous ont trop appris depuis que nous ne faisions qu’accorder une prime à des usuriers de toutes les opinions. […] Le soleil reparaissait enfin ; quelques notes éparses, échappées aux habitants des bois, nous annonçaient l’éveil de la nature ; le daim traversait le courant et nous apprenait que bientôt la neige couvrirait les champs ; çà et là le toit bas et l’habitation isolée du colon révélaient une civilisation naissante. […] Un désir irrésistible d’en apprendre davantage me poussa à continuer mon expérience.

979. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

IX En arrivant à Rome, où je comptais m’arrêter moins de temps encore, j’appris la révolution qui venait d’éclater inopinément à Naples, et qui me força de suspendre mon voyage ; la route de Rome à Naples était interceptée, on ne passait plus. […] Tel était l’homme avec lequel j’avais à faire mon noviciat diplomatique dans une circonstance où l’on apprenait beaucoup en peu de temps. […] Je m’embarquais à Pouzzoles une ou deux fois par semaine, dans une de ces petites barques à un ou deux rameurs, que j’avais si bien appris à manier moi-même dans ma première jeunesse. […] Puissent ces lignes lui apprendre que l’amitié survit au-delà du bonheur et de la popularité pour les hommes dignes d’être aimés à tous les âges !

980. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Mais ce n’est pas ici la question ; et nous nous bornerons à dire que, si « tout l’art d’écrire, selon le mot de La Bruyère, consiste à bien définir et à bien peindre », la scolastique nous en a certainement appris une moitié. […] Mais, à coup sûr, nous ne pouvons pas ne pas lui être reconnaissants de nous avoir appris à « composer » ; et là, comme on le sait, dans cet équilibre de la composition, dans cette subordination du détail à l’idée de l’ensemble, dans cette juste proportion des parties, là sera l’un des traits éminents et caractéristiques de la littérature française. […] Clercs ou laïques, les auteurs de nos Mystères, que l’on en appellerait plus exactement les fournisseurs, ne se proposent seulement plus de nous conter le « drame de la Passion », ni d’apprendre à la foule des vérités nouvelles, ou de lui présenter sous une forme nouvelle des vérités anciennes, mais leur dessein ou plutôt leur fonction, tout ce qu’ils sont et ce qu’on leur demande, n’est que de tracer une espèce de scénario qui serve aux bourgeois de Tours ou d’Orléans de prétexte à monter sur les planches, vêtus d’oripeaux éclatants, — et à se procurer ainsi le même genre de plaisir que leur donne de nos jours une « cavalcade » soi-disant historique. […] Bédier pour la négative]. — Qu’il se peut qu’en effet quelques fabliaux nous soient venus de l’Inde ; — mais qu’en général on a de notre temps beaucoup abusé des « origines orientales » ; — et que la plupart de nos fabliaux, comme Brunain, La Vache au Prêtre, ou Le Vilain Mire, ou La Bourgeoise d’Orléans, ne supposent pas un effort d’invention qui passe la capacité de l’expérience la plus vulgaire. — Grossièreté des fabliaux ; — et difficulté d’en transcrire seulement les titres ; — pour cause d’obscénité. — De la portée satirique des fabliaux ; — et, à ce propos, qu’ils semblent avoir évité d’attaquer les puissants du monde. — Comment, en revanche, ils traitent le prêtre, le « curé de village », non le moine, ni l’évêque ; — et comment ils traitent la femme. — De la valeur « documentaire » des fabliaux ; — et s’ils nous apprennent quelque chose de plus que les Dits, par exemple ; — ou tant d’autres « documents » de tout ordre. — Fortune européenne des fabliaux ; — et, au cas que l’origine n’en soit pas française, — du peu de gré qu’il faut savoir à nos trouvères de la forme d’esprit que les fabliaux ont propagée dans le monde.

981. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Messieurs, ajouta-t-il, en parlant à tous, à l’Académie on fait un métier de la peinture, et on l’apprend comme un métier à ceux qui la fréquentent. […] Il partit de Paris pour Rome avec la ferme intention d’apprendre l’art, mais surtout de désapprendre (c’était son expression) les routines académiques. […] Le lendemain, les portiers fidèles à leurs maîtres, ce qui était rare, venaient leur annoncer ce qu’ils avaient appris sur l’arrestation de tel ou tel voisin. […] — Vous m’apprenez l’art de peindre, dit David, après cette observation. […] Les détails de son exécution n’apprendraient rien de nouveau sur les hautes combinaisons de l’art, puisque en cette occasion l’artiste se proposa particulièrement l’imitation simple de la nature.

982. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Et revenant aux peintres flamands, il s’attache à montrer que leur faire n’est pas, comme on l’a dit, toute réalité, mais bien plutôt tout expression ; que ce faire est « plus fin, plus accentué, plus figuré, plus poétique qu’aucun autre, et si éloigné d’être servilement imitatif de la nature, que c’est par lui au contraire que nous apprenons à voir, à sentir, à goûter dans une nature, d’ailleurs souvent ingrate, ce même charme que respirent les églogues de Théocrite et de Virgile ». […] Malherbe avait dit : « J’apprends tout mon français à la place Maubert. » Lui, Töpffer, il veut qu’à deux siècles de distance cette parole bien comprise signifie : Je rapprends et je retrempe mon français chez les gens simples, restés fidèles aux vieilles mœurs, comme il en est encore dans la Suisse romande, en Valais, en Savoie, en dessus de Romont, à Liddes, à Saint-Branchier, au bourg Saint-Pierre.

983. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Quoi qu’il en soit, en nous décrivant le tour d’esprit des convives, Marivaux va nous définir en perfection le genre qu’il préfère : Ce ne fut point, dit Marianne, à force de leur trouver de l’esprit que j’appris à les distinguer : pourtant il est certain qu’ils en avaient plus que d’autres et que je leur entendais dire d’excellentes choses ; mais ils les disaient avec si peu d’effort, ils y cherchaient si peu de façon, c’était d’un ton de conversation si aisé et si uni, qu’il ne tenait qu’à moi de croire qu’ils disaient les choses les plus communes. […] Comme dans la comédie de Marivaux, L’Heureux Stratagème, Marianne est tentée par moments d’user de représailles, d’aimer ou de faire semblant de se faire aimer par d’autres : « D’autres que lui m’aimeront, il le verra, et ils lui apprendront à estimer mon cœur… Un volage est un homme qui croit vous laisser comme solitaire ; se voit-il ensuite remplacé par d’autres, ce n’est plus là son compte, il ne l’entendait pas ainsi. » C’est assez montrer comment Marivaux, même quand il échappe au convenu du roman, au type de fidélité chevaleresque et pastorale, et quand il peint l’homme d’après le nu (éloge que lui donne Collé), nous le rend encore par un procédé artificiel et laisse trop voir son réseau de dissection au-dehors.

984. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Lorsque Fénelon, jeune, entendait les prédicateurs les plus célèbres de son temps, et Bourdaloue tout le premier, il n’était point entièrement satisfait ; il eût voulu en maint cas une manière de prêcher plus vive, plus courte, plus familière, plus nuancée ; il eût voulu qu’on ne pût en rien soupçonner que le discours qu’on écoutait était un discours écrit à l’avance, appris et retenu, mais qu’à de certaines inflexions, à de certaines marques involontaires et même à des négligences, on crût sentir que cela était dit de source et d’abondance de cœur, et que cette éloquence coulait de génie. […] Saint-Simon et Mme de Caylus nous apprennent tout cela, et ne nous laissent pas ignorer non plus les variations d’humeur et de caractère qui faisaient d’elle une personne encore plus agréable qu’aimable.

985. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Adam ne sait pas combien nous nous sommes donné de peine, M. de Laplace et moi, pour oublier ce qu’il nous a appris. » Après une certaine hésitation entre la carrière ecclésiastique et celle de la médecine, Vicq d’Azyr choisit cette dernière, et vint dès 1765 à Paris s’y dévouer avec ardeur. […] Jusqu’ici, en parlant des universités de la Péninsule, Vicq d’Azyr n’avait en vue que de loin l’université de Paris, bien autrement pratique et avancée pour la branche médicale ; mais il y songeait manifestement et il y faisait une allusion qui devait être sentie de tous, lorsqu’il ajoutait : Semblable aux vieillards qui racontent avec enthousiasme ce qu’ils ont vu dans leur jeunesse et qui refusent d’apprendre ce que les modernes ont découvert, la plupart des anciens corps enseignants prodiguent des éloges aux âges qui les ont précédés, et se traînent péniblement après le leur.

986. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On apprend, en le lisant, de quoi était doublé cet hôtel Rambouillet tout voisin de là, et dont on a tant reparlé de nos jours ; on a l’envers de cette préciosité, et souvent quel envers ! […] On y apprend que Tallemant des Réaux naquit à la Rochelle, le jeudi 7 novembre 1619 ; qu’il mourut à Paris dans sa maison, rue Neuve-Saint-Augustin, près la porte de Richelieu, le 10 novembre 1692, et qu’il avait fait abjuration entre les mains du père Rapin, le 17 juillet 1685.

987. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon haussait les épaules d’apprendre que le grand géomètre faisait ainsi le singe à ses dépens, et il méprisait ses attaques. « Nous n’avons pas assez d’amour-propre pour dédaigner le mépris d’autrui », a dit Vauvenargues. […] Flourens, et la Correspondance aujourd’hui publiée, nous apprennent là-dessus de curieuses choses.

988. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Né dans une ville où l’on ne savait ni l’allemand ni le français, je ne savais aucune langue ni même le latin, qu’il me fallut apprendre tout seul, quoiqu’une première éducation eût été, comme c’était l’usage, employée à ses tristes et inutiles rudiments. […] Dans ses promenades vagabondes il lui arriva plus d’une fois de rencontrer un homme « dont l’air pensif et le regard de feu le frappaient singulièrement » ; il apprit plus tard que c’était Jean-Jacques Rousseau, une de ses futures idoles.

989. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

C’est le présent dont nous sommes les témoins intelligents, qui éclaire pour nous le passé ; c’est la vie présente et que nous vivons, qui nous apprend à bien lire dans l’histoire, dans cette histoire humaine qui n’a été qu’un perpétuel mouvement. […] [NdA] À cet endroit je me suis rendu coupable, à ce que j’ai appris depuis, d’une bien grave omission ; car, quoiqu’en général il soit vrai de dire que le travail de M. 

990. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Nous apprenons tout d’abord qu’un notable changement s’opéra, au commencement du xviiie  siècle, dans l’atmosphère théologique de Genève ; il y eut une détente, et le climat moral s’adoucit. […] Chaque année l’élite du Nord y descend : c’est la station naturelle et presque obligée pour l’Italie ; on y est plus à portée qu’ailleurs de tout apprendre, de tout comparer, de tout élaborer.

991. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

On connaîtrait mal le duc de Bourgogne et ce naturel étrange, même quand on prête l’oreille de très près aux paroles de Fénelon, si l’on n’avait en face ce formidable et trahissant témoin, Saint-Simon : «  Il faut dire tout d’abord, nous apprend cet admirateur si fervent du même prince corrigé et morigéné, que Mgr le duc de Bourgogne était né avec un naturel à faire trembler. […] Tout cela était aiguisé par une vivacité de corps et d’esprit qui allait à l’impétuosité, et qui ne lui permit jamais dans ces premiers temps d’apprendre rien qu’en faisant deux choses à la fois.

992. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Cependant il y aura, en littérature, une chose bien essentielle, qu’on, ne lui aura pas apprise et qu’il ne saura jamais : c’est l’art d’écrire. […] Si soigneux de nous transmettre ce que David disait aux autres, Étienne a négligé toutefois de nous apprendre ce que le maître lui adressait à lui-même de vérités et de conseils.

993. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Il fallait être un bien mauvais païen, un vrai fils de Lucien et comme qui dirait de Voltaire, pour chercher chicane à un conteur dévot, de si bon goût en fait de superstitions et si bien appris. […] On a affaire, sans compter le jaloux, à un libertin et à un débauché de la ville, — de ces débauchés comme il n’est plus permis d’en montrer, — à une voisine comme on en voit encore, commère bien apprise et qui s’y entend.

994. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le poëte raconte que le cherchant à son arrivée à Paris, lors d’un premier voyage en juin 1832, et étant allé l’attendre au seuil de sa maison pour le voir au passage, il avait appris que l’illustre écrivain venait d’être condamné, mis en prison ; de là tout un éclat à la Némésis. […] La biographie n’a guère rien à y apprendre de particulier.

995. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

La coutume juive exigeait que l’homme voué aux travaux intellectuels apprît un état. […] Purifiez vos pensées ; cessez de mal faire, apprenez le bien, cherchez la justice, et venez alors 259. » Dans les derniers temps, quelques docteurs, Siméon le Juste 260, Jésus, fils de Sirach 261, Hillel 262, touchèrent presque le but, et déclarèrent que l’abrégé de la Loi était la justice.

996. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

L’esprit plié depuis longtemps aux belles-lettres s’y livre sans peine et sans effort, comme on parle facilement une langue qu’on a longtemps apprise, et comme la main du musicien se promène sans fatigue sur un clavecin. […] Si l’on se souciait de savoir comment Turgot connaissait si intimement Mme de Graffigny, l’abbé Morellet nous apprend que Turgot, du temps qu’il était en Sorbonne et abbé, s’était fait présenter chez elle, car elle réunissait beaucoup de gens de lettres.

997. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Les générations ne sont pas à la veille de tomber dans la barbarie parce qu’elles apprendront un peu plus de sciences et un peu moins de lettres proprement dites, parce qu’on saura des mathématiques, de l’astronomie physique, de la botanique et de la chimie, qu’on se rendra mieux compte de cet univers où l’on vit et qu’il était honteux d’ignorer. […] Je n’ai point appris dans vos écrits ni dans votre commerce à triompher de la chute des grands.

998. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Quand il apprend de lui que ce n’est point de Saléma, mais d’Odéide, que Pharasmin est amoureux, il y a un premier mot qui lui échappe et que Talma disait admirablement : « Tu ne me trompes pas ?  […] Un sentiment de famille se mêlait sans cesse à cette joie chrétienne du solitaire, et venait la tempérer par quelques regrets : il se reportait à son enfance, aux années meilleures, à ses jouissances de fils, de père et d’époux : Les mœurs ne s’apprennent pas, c’est la famille qui les inspire.

999. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Il s’adonne à un certain art, à un certain genre, à un certain procédé, en un mot, il fait une œuvre se distinguant de celles d’autrui par certains caractères, ceux-là mêmes que nous avons appris à dégager dans le précédent chapitre. […] Or, ce sont précisément ces facultés saillantes et sortant de l’ordinaire que nous donne l’analyse esthétique telle que nous l’avons indiquée et telle que nous avons appris à l’interpréter, traduites en indications mentales, ramenées à leur sens précis en termes de psychologie, ces données aboutissent à nous révéler le caractère essentiel et particulier de la nature de l’artiste étudié, l’élément même en excès ou en défaut11 par lequel il est à part des autres hommes en tant qu’artiste, et des artistes en général, en tant que tel artiste.

1000. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Rien n’est donc plus intéressant, non-seulement pour les philosophes et pour les savants, mais pour tous les esprits éclairés, que de voir un des maîtres de la science nous exposer les principes de sa méthode, les éclairer par de nombreux exemples empruntés à son expérience personnelle, nous faire assister avec ingénuité à toutes les opérations de son esprit, nous apprendre comment les erreurs mêmes peuvent être profitables et instructives, à quel prix enfin se font les découvertes et les solides progrès. […] On n’apprendra pas sans quelque intérêt que cette question de méthode a été agitée dans une école toute récente à laquelle on n’a pas l’habitude de demander des règles de logique : je veux dire l’école saint-simonienne.

1001. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Pour ce qui regarde ce dernier par exemple, il y a quelques années à peine que, par la publication du Journal de Maine de Biran, nous apprenions qu’Ampère était son collaborateur philosophique et qu’ils avaient une doctrine commune ; c’est d’hier seulement et par les soins de M.  […] C’est ce que l’intuition ne nous apprend pas, c’est ce qu’aucun témoignage humain ne peut nous révéler, c’est ce que nulle seconde vue ne peut pénétrer.

1002. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

En vain des expériences répétées lui ont appris que cette toute-puissance, dans l’illusion de laquelle il s’entretient avec complaisance, a toujours été pour lui une cause de faiblesse ; que son empire sur les choses n’a réellement commencé qu’à partir du moment où il reconnut qu’elles ont une nature propre, et où il se résigna à apprendre d’elles ce qu’elles sont.

1003. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

En 1857, un journal (Le Réalisme) fut créé tout exprès pour apprendre aux populations que V.  […] Personne ne s’est formalisé de cette prétention. « L’entrepreneur » n’a exigé aucun serment maçonnique de ma part, et l’on ne m’a point fait jurer sur les mânes de Basile d’exterminer la probité et le talent, partout où je les rencontrerais : ce qui n’a pas laissé de me surprendre un peu, après ce que vous m’aviez dit, toi et l’ami Jacques : il est vrai (je viens de l’apprendre) qu’on avait refusé trois ou quatre manuscrits de Jacques pour insuffisance d’orthographe.

1004. (1887) La banqueroute du naturalisme

Et on y apprend aussi, par occasion, des choses qu’en effet on ignorait, jusqu’à M.  […] Zola reconstruit la nature et l’ajuste aux exigences de ses propres hallucinations ; mais, dans ce roman de cinq ou six cents pages, on n’en signalerait pas une qui nous apprenne rien sur la campagne ou sur le paysan.

1005. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Qui leur a appris, en face des triomphes de la force, et dans l’oppression presque universelle de la faiblesse, que la force n’est pas tout, et qu’il y a des droits invisibles, mais sacrés, que le fort lui-même doit respecter dans le faible ? […] Cousin nous apprend sur M. 

1006. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

On disserte avec Mlle de Scudéri, on fait des portraits avec Mademoiselle, on apprend le pur français avec Vaugelas, et l’on se pique de bien parler et bien écrire. […] « Ce fut une sorte de joie publique lorsqu’on apprit que Mme de Longueville avait été épargnée, et que, si elle avait perdu la première fraîcheur de sa beauté, elle en avait conservé tout l’éclat. 

1007. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Il n’était pas très-riche, et une jolie pièce (insérée dans les Débats et le Siècle de dimanche dernier) apprend qu’il avait été obligé de vendre une campagne appelée la Madeleine, à laquelle il tenait.

1008. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Après sa retraite forcée, il se mit à enseigner la géographie dont il avait appris quelque chose à Cirey, et à rédiger ces souvenirs qu’on nous donne.

1009. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Plus tard, lorsqu’après être allé étudier en Suisse, il revint en France en qualité de ministre de l’Évangile, la première nouvelle qu’il apprit en remettant le pied dans sa patrie fut l’exécution du ministre Rochette, condamné à mort par le Parlement de Toulouse, pour avoir fait la cène, baptisé et marié des protestants ; il ne recula pas néanmoins devant le péril de son ministère, et se mit à prêcher dans les campagnes.

1010. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

On perdit de la sorte quatre séances, c’est-à-dire quinze jours, et l’on finissait à peine d’arrêter les mesures, lorsqu’on apprit l’invasion du duc de Brunswick, la terreur des Hollandais, la défection du prince de Salm, qui les commandait, la prise de leurs villes et l’achèvement complet d’une révolution qui livrait cette république au stathouder et à l’Angleterre.

1011. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Et chaque fois, bien qu’il n’ait peut-être nullement pensé à moi, je prends cela pour moi, je m’humilie, je rentre en moi-même… afin d’apprendre à en sortir, ou à faire semblant.

1012. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Molière n’eut garde de dédaigner les leçons de ces excellents praticiens : il apprit à leur école à traduire pour la perspective de la scène telle disposition de caractère, tel retour de sentiment, telle préoccupation d’esprit dans un personnage.

1013. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Rien ne m’a appris ce qui était arrivé au départ du roi pour l’armée de Flandre.

1014. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Introduction »

C’est, précisément ce qui fait que notre pensée enveloppe en elle de quoi comprendre la nature et tout ce qui nous est inférieur ; en ce sens, on peut dire que, pour apprendre, il suffit de nous souvenir, non pas, comme croyait Platon, d’un monde intelligible, mais du monde sensible.

1015. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

Sans compter les dérivés, la langue française contient environ quatre mille mots latins de formation populaire ; il n’y a qu’à contempler le Dictionnaire de Godefroy pour apprendre que ces quatre mille mots ne sont que des témoins échappés à un grand naufrage.

1016. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

L’espoir de ramener ses contemporains, de leur apprendre à penser, à distinguer les beautés réelles de ce qu’il jugeoit n’en avoir que l’apparence, lui fit interrompre les fonctions les plus graves, pour se jetter dans des discussions littéraires.

1017. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Apprenez que la licence poëtique a ses bornes, au-delà desquelles il n’est point permis de porter la fiction.

1018. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 6, que dans les écrits des anciens, le terme de chanter signifie souvent déclamer et même quelquefois parler » pp. 103-111

Section 6, que dans les écrits des anciens, le terme de chanter signifie souvent déclamer et même quelquefois parler Strabon qui a vécu sous le regne d’Auguste, nous apprend d’où procedoit la signification abusive que le mot de chant, celui de chanter et leurs dérivez avoient alors.

1019. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Assurément ce n’est pas pour le vain et cruel plaisir de troubler cette espèce de succès d’outre-tombe que nous venons parler des défauts d’un livre dont l’auteur n’a plus rien à apprendre.

1020. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

As-tu besoin de vains éloges et de panégyriques pour apprendre que tu nous rends heureux ?

1021. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Apprenez comment la chose s’est passée. […] On m’apprit, je ne m’en doutais pas, que j’avais eu beaucoup de courage. […] M. de Biré nous apprend que la prétendue huitième édition de Notre-Dame de Paris n’était en réalité que la seconde. […] Comment aurait-elle le temps de nous lire ou seulement la curiosité d’apprendre qu’un jour nous vécûmes et nous écrivîmes ? […] Quinze ans sont nécessaires, au calcul de Taine, pour apprendre à écrire « avec clarté, suite, sobriété et précision ».

1022. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

La pièce elle-même nous apprend, à mesure, ce que nous avons besoin de savoir. […] mais ce que Desroncerets a trouvé, c’est une méthode pour apprendre à lire en huit jours. […] Sur quoi Jorgan sort d’une cachette et nous apprend qu’il se vengera. […] Elle vient d’apprendre qu’un homme a été tué à cause d’elle : « Et qui ça ? […] Lorsqu’il apprend que sa femme se remarie, il est étonné, profondément étonné, et blessé au plus profond du cœur.

1023. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Mais apprenons déjà à connaître Piron : que ce fût le bon Dieu, un ami, un parent, n’importe qui, quand un bon mot lui venait au bout de la langue, il ne le retenait pas. […] Arrivé tard à Paris, fortement marqué du cachet de sa province, Piron ne le perdit pas ; il n’eut jamais le ton, les belles manières d’un homme à la mode, ni même les simples façons d’un homme du monde : où les aurait-il apprises ? […] Le commissaire demande à Piron qui il est ; celui-ci répond : « Le père des Fils ingrats. » Même question à l’acteur, qui répond qu’il est le tuteur des Fils ingrats ; — au maître à danser, au musicien, qui répondent, l’un qu’il apprend à danser, l’autre qu’il montre à chanter aux Fils ingrats. […] L’éclat de son esprit faisait alors l’effet du feu d’artifice qui semble éclipser les astres du firmament, et qui, dans le petit espace et dans l’instant rapide où il nous éblouit, brille plus que les flambeaux de l’univers. » Diderot, par la bouche du Neveu de Rameau, nous apprend que dans les maisons où vivait ce parasite et ce bohème, une des disputes littéraires les plus habituelles, après le café, était de savoir si Piron avait plus d’esprit que Voltaire ? […] Le réfugié berlinois, Jourdan, dans son Voyage littéraire en France (1733), y mentionne ceci comme une nouvelle : « Un de mes bons amis m’apprit que Piron, poëte de Paris fort estimé, était l’auteur de l’Ode à Priape. » Pour bien des gens, Piron est resté l’auteur de l’Ode à Priape, rien de plus.

1024. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Mais, au lieu que, dans la réalité, ils se contenteraient d’user docilement des quelques locutions colorées et canailles qu’ils ont apprises, les personnages du Nouveau Jeu en trouvent continuellement d’inédites ; et leur langage est comme un tissu de métaphores cocasses, de synecdoches débraillées, et de familières et violentes hypotyposes. […] Et le projet paraît tout à fait drôle à cette bonne mère aux cheveux rouges, « gobée » de Bobette qui un jour, étant malade, a reçu d’elle un panier de vin. — Or, le lendemain, venu chez Labosse pour faire sa demande, qui est instantanément accueillie, Costard reconnaît dans son futur beau-père le vieux monsieur avec qui il a fraternisé l’autre nuit, chez Baratte, à quatre heures du matin : et de se taper sur le ventre, et de se rouler de rire, tant « elle leur semble bonne ». — Peu de mois après, l’idée d’être trompé par sa femme amuse tellement Costard, que Bobette ne peut se tenir de lui apprendre que « ça y est » en effet. « Tiens ! […] Et voilà qu’elle apprend de son père et de sa mère que M. le syndic s’était trompé sur ses sentiments, le pauvre homme ! […] Ce n’est pas dans mon cœur que je suis blessée, mais dans ma fierté la plus légitime, et très profondément, je l’avoue… » Mais que devient-elle, lorsqu’elle apprend que ce n’est pas tout, que Müller a demandé la main de Dorothée, et que M. et Mme Pétermann ont consenti à une substitution si naturelle ! […] Un conseil municipal apprend que la fièvre typhoïde sévit dans les casernes de la ville. « Ce ne sont que des soldats : qu’est-ce que ça nous fait ? 

1025. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Des dessins de Férogio, une charmante esquisse d’Hébert, un blond Baudry, une Nuit de Rousseau, qui est comme le « Songe d’une nuit d’été » de Fontainebleau, des Chassériau, des fleurs de Saint-Jean, une Macbeth de Delacroix ; enfin, deux petits tableaux de femmes nues, dont le faire va de Devosge à Devéria, — deux tableaux du maître, chez lequel Gautier apprit la peinture au faubourg Saint-Antoine. […] Et je l’ai entendu de mes oreilles, ces années-ci, demander chez Rochoux ce que c’était qu’une gravure avant les armes, et aujourd’hui, j’apprends qu’il pousse le goût de la propreté de l’art, jusqu’à faire gratter la patine des bronzes antiques de sa collection. […] Je veux savoir et je crains d’apprendre. […] Jeudi 21 août … Au milieu du dîner rendu tout triste par la causerie qui va et revient sur la morte, Maria, qui est venue dîner ce soir, après deux ou trois coups nerveux, du bout de ses doigts, sur le crêpage de ses blonds cheveux bouffants, s’écrie : « Mes amis, tant que la pauvre fille a vécu, j’ai gardé le secret professionnel de mon métier… Mais maintenant qu’elle est en terre, il faut que vous sachiez la vérité. » Et nous apprenons sur la malheureuse des choses qui nous coupent l’appétit, en nous mettant dans la bouche l’amertume acide d’un fruit, coupé avec un couteau d’acier. […] Mirès apprenait à Saint-Victor que dans l’école juive, où il avait été élevé à Bordeaux, on ne donnait pas de prix de calcul, — parce que tous l’auraient mérité.

1026. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Lundi 21 août La vieille Mme Clérambaud, la maîtresse de piano d’Edmée, qui a beaucoup vécu dans l’intimité de Rossini, nous apprend, ce matin, qu’il avait pris volontairement sa retraite, avant cinquante ans, disant, en faisant allusion aux opéras d’Halévy et de Meyerbeer : « Voilà l’invasion des Allemands !  […] Il m’apprenait que l’affirmation absolue chez les Japonais, leur paraît une impolitesse, qu’ils éludent autant qu’ils le peuvent le oui et le non, en sorte que si vous demandez à un Japonais votre chemin, ou n’importe quoi, s’il ne vous répond pas, c’est qu’il ne trouve pas un faux-fuyant, pour échapper à l’affirmation. […] Dimanche 24 septembre Le capitaine de l’Isle, le descendant du chevalier, du favori de Marie-Antoinette, m’apprend que la famille Diez, la famille dans laquelle mon grand-père avait pris sa femme, avait été anoblie au xviie  siècle, pour avoir fondé une messagerie, Laffitte et Caillard, qui allait de la Haute-Marne à Pont-à-Mousson. […] C’est du moins ce que m’apprend un reporter de L’Éclair, venant me demander, si j’avais reçu la lettre en question. […] Une notule, au sujet de la Femme adultère, nous apprend, que les femmes adultères étaient habituellement déshabillées au Temple, mais qu’elles ne l’étaient pas, quand leur corps était trop beau, de peur d’exciter les jeunes lévites.

1027. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Le Comédien : — Ma mie, vous êtes une fieffée gueuse à qui j’apprendrai à parler. […] On fait le même métier, on apprend ses rôles dans le tête-à-tête de chaque soir, on les répète dans le déshabillé du malin, à toutes les heures du jour ! […] Le moyen de leur demander une vertu qu’elles ignorent, un désintéressement que personne ne peut leur apprendre ? […] Tout informe qu’elle est encore, c’est la comédie la mieux intriguée de toutes les pièces d’Aristophane Strepsiade, c’est le Bourgeois gentilhomme qui s’y prend un peu tard pour apprendre la philosophie […] Apprenez, mon cher, que le joueur n’est un joueur que parce qu’il est incorrigible.

1028. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il les plaisanta sur l’orthographe enragée que leur avait apprise Leconte de Lisle. […] Ça n’est pas ainsi qu’on apprend quoi que ce soit à des enfants, et surtout à ses enfants. […] Il nous apprend comment le professeur René Cercleux instruit et éduque le jeune prince Alexandre de Styrie, garçon intelligent, très désireux d’apprendre les manières du beau monde et de s’initier au frisson de Paris. […] Elle apprend que Pierre et Olivier sont aussi liés l’un à l’autre que pouvaient l’être, aux temps mythologiques, Nisus et Euryale. […] Elle avait oublié l’enfant, parce qu’on venait de lui apprendre la mort de son époux, et qu’elle était dolente.

1029. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La brochure, que l’auteur fait précéder d’une longue préface explicative et suivre de notes fort nourries, nous apprend d’où viennent ces fragments et nous fait en quelque sorte leur biographie. […] Chevalier nous apprend même que Molière eut le bon esprit de trouver la plaisanterie charmante. […] Ce fut de lui peut-être que Le Boulanger, furieux qu’on lui eût refusé une pièce, L’Abjuration du Marquisat, au théâtre du Palais-Royal, apprit certaines particularités dont il se servit pour composer son pamphlet. […] Cléante n’eut pas plutôt appris que toute la compagnie avait pris place, qu’ayant pris une robe noire, il monta en chaise avec un sérieux qui fit rire toute l’assemblée. […] Seulement, le malheur nous a appris à nous serrer avec tant de soin contre la France, notre mère, que nous ne songeons plus maintenant (et nous faisons bien) à donner à Molière d’autre nom que ce nom seul de Français, d’autant plus aimé qu’il est plus battu du sort.

1030. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

D’autre part, Étienne Périer ne nous apprend-il pas qu’à Port-Royal même on avait tenté l’entreprise de « suppléer l’ouvrage que voulait faire M.  […] C’est qu’un document, à vrai dire, ne vaut pas tant par lui-même et par ce qu’il nous apprend de nouveau, que comme témoignage de tout un état de choses contemporain et souvent antérieur. […] Il voulut apprendre au rabais « l’élocution » de Voltaire. […] Et pourquoi l’écho ne s’en serait-il pas prolongé jusqu’à la cour, pour y apprendre à Trajan de quel serviteur il s’était sottement privé ? […] Les fables d’Arnault sont fort agréables ; — pour apprendre à sentir celles de La Fontaine.

1031. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

Est-il bien désintéressé de sa part de dire de mademoiselle de Necker, qu’elle apprit à parler vite et beaucoup, et que c’est ainsi qu’elle écrit ; qu’elle n’eut que peu d’instruction, qu’elle n’approndit rien, etc ; et n’eût-il pas été plus convenable et plus noble à elle de reconnaître naïvement une gloire rivale qui honore son sexe et la France ?

1032. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Le jeune et spirituel auteur a (c’est tout simple) beaucoup à apprendre de la pratique du métier et du jeu de la scène ; MM. 

1033. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

, les chercheurs et les inventeurs non estampillés à la marque de l’X, et tous ceux qui, pour apprendre à construire des machines ou à fabriquer des engrais, ont suivi des voies pratiques et n’ont eu besoin que d’un minimum de mathématiques pures ; enfin, de se tenir et soutenir entre eux, quoi qu’il arrive, et, s’il apparaît que l’un d’eux a bâti une digue incertaine ou un pont douteux, de proclamer en chœur que c’est le pont et la digue qui ont tort.

1034. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre V. Un livre de Renan et un livre sur Renan » pp. 53-59

La science a libéré l’esprit de Renan de sa discipline d’enfance ; elle lui a appris à douter pour la vérité.

1035. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Dès qu’on apprend la mort d’un artiste, ou d’un personnage considérable, et même insignifiant, immédiatement se modifie le jugement latent qu’on en portait.

1036. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Duchesne, qui m’apprirent les deux choses qui m’ont été les plus utiles, le latin et les mathématiques ; M. 

1037. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Dans la republique dont je parle, on fait apprendre à lire aux enfans dans des livres dont l’éloquence est à la portée de cet âge et remplis encore d’images qui répresentent des évenemens arrivez dans leur propre patrie, lesquels sont propres à leur inspirer de l’aversion contre la puissance de l’Europe qui dans le tems est la plus suspecte à la republique.

1038. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Quand un de ces esprits indéterminez, qui ne sont propres à tout que parce qu’ils ne sont propres à rien, est conduit sur le Parnasse par les conjonctures, il apprend les regles de la poësie, assez bien pour ne point faire des fautes grossieres.

1039. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Donat nous apprend qu’on se servoit de l’espece de flutes que les anciens appelloient tibiae dextrae, et dont le ton étoit très-bas, pour accompagner les endroits serieux de la comedie.

1040. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Comme Tite-Live ne fait que narrer l’origine de l’usage qui se pratiquoit de son temps, je ne songerois point à confirmer son récit par le témoignage d’autres auteurs, si la chose qu’il nous apprend, ne devoit point paroître extraordinaire.

1041. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Dubeux, à apprendre le portugais et ensuite le castillan. Il apprit aussi de l’anglais, il lisait de l’italien ; mais ici je tiens à être vrai et à bien marquer chez M.  […] Magnin, pas plus que Fauriel (et, s’il se peut, encore moins que lui), n’était né pour la chaire et l’enseignement oral ; il n’avait rien de ce qui fait l’orateur ni même le professeur, tel que des talents élevés et brillants nous ont appris de nos jours à le considérer.

1042. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Ce qui est certain, c’est que l’éducation de Louise fut fort soignée, qu’elle vécut dans les loisirs et les honnêtes passe-temps ; elle apprit la musique, le luth, les arts d’agrément, les belles-lettres, sans négliger pour cela les travaux d’aiguille, et enfin elle associait à ces goûts divers, déjà si complets chez une femme, les exercices de cheval et des inclinations passablement belliqueuses. […] Son mariage, qu’il ait eu lieu avant ou après la publication des poésies, n’y aurait apporté aucun obstacle, parce que ces poésies étaient connues depuis longtemps dans le cercle de Louise Labé, que ses amis en avaient soustrait des copies, comme l’allègue le privilége du roi de 1554, qu’ils en avaient même publié plusieurs pièces en divers endroits, et que son mari ne pouvait en apprendre rien qu’il ne sût déjà, ni en recevoir aucun déshonneur. […] Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton ! 

1043. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

C’est ton doigt maternel qui dirigea mes yeux Sur l’alphabet sacré des couleurs et des formes, Et, dans l’accent divers des sapins ou des ormes, M’apprit à pénétrer des mots mystérieux. […] J’appris des laboureurs et des batteurs de grain Ce rythme indéfini qui dans l’écho s’achève ; Que de soirs, j’ai trouvé, dans ce vague refrain, Enfant, un doux sommeil, jeune homme, un plus doux rêve ! […] et par le droit chemin, À mon chaste foyer j’apprends le cœur humain ; Et je lis mieux que vous dans ses pages suprêmes.

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